Féminisme et sionisme : le mythe et la manipulation.
Par Jacques Halbronn
Dans la présente étude, nous établissons un parallèle entre l’histoire du sionisme et celle du féminisme, deux sujets que nous avions jusque-là traité séparément. Selon nous, ces deux populations ont été manipulées et quelque part mystifiées, au point d’épouser totalement les thèses développées par certains utopistes à leur sujet, dans le cours du XIX e siècle et dans la foulée de la Révolution de 1789…
On notera que le couple Sartre-Beauvoir a traité de ces deux « questions » au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Le premier dans ses Réflexions sur la Question Juive et la seconde dans Le Deuxième sexe. Dans les deux cas, on a l’impression que tant le juif que la femme sont des êtres en devenir qui n’existent que par le regard de l’autre et donc aptes à assumer et à s’identifier à tout projet qui se présenterait à eux.
Il est difficile, comme dit la chanson, d’être femme de nos jours sans être un tantinet schizophrène tant le décalage est grand entre l’idéologie et la réalité et il ne semble pas que les femmes puissent, toutes seules, se tirer de ce mauvais pas qui a tout d’une chimère. En quittant la proie pour l’ombre, les femmes risquent gros tout comme les Juifs en se rassemblant – ce qui a donné les camps de concentration tout comme l’Etat d’Israël.
Les femmes peuvent raisonnablement se demander si elles n’ont pas été manipulées par certains hommes. On donnera l’exemple des sionistes qui ont probablement, il y a une centaine d’années, été « coachés » par les millénaristes chrétiens pour mener à bien leur « retour » en Palestine alors qu’eux-mêmes n’en demandaient pas tant, comme l’a montré Herzl lors de sa mort envisageant sérieusement la proposition britannique, autour de 1904, concernant l’Ouganda (cf. notre ouvrage Le sionisme et ses avatars. Ed Ramkat, 2002). Herzl lui-même, dans son Etat Juif (1896-97) signalait la solution argentine comme une option parallèlement à la solution « palestiniennes ». Installer les Juifs ailleurs qu’en Palestine aurait évidemment contrarié les « sionistes chrétiens » dont le scénario de fin des temps exigeait que les Juifs retournent à Jérusalem. Et d’ailleurs, les Juifs religieux auraient mieux admis une installation ailleurs car elle aurait été, à leurs yeux, moins sacrilège. Mais au cours de la Première Guerre Mondiale, les Anglais parvinrent à prendre pied au Moyen Orient et à la fin de 1917, la Déclaration Balfour formalisait le projet d’installation d’un Foyer Juif en Palestine. On sait, d’ailleurs, que ce processus de retour à Sion n’est pas totalement étranger à la Shoah et en tout cas n’a pas été en mesure de l’éviter, de prévenir l’holocauste.
En ce qui concerne la promotion des femmes, il est assez clair que nombre d’hommes avancèrent l’idée que le « progrès » passait en particulier par l’amélioration de la condition féminine, qu’il pouvait servir de critère de modernité de sorte que le monde de demain soit sensiblement différent de celui d’hier. On voit que ceux qui poussaient les Juifs comme ceux qui poussaient les femmes avaient en tête de créer un monde nouveau, de produire une « révolution » au sens d’un recommencement, d’une redistribution des cartes, d’un New Deal. Juifs et Femmes devenaient les gages, les otages d’un nouvel Age.
L’autre jour, nous regardions une émission de télévision où il n’y avait que des hommes qui débâtaient et à un moment donné, l’animateur a demandé que l’on lût un passage d’un livre et alors une femme est arrivée pour faire la lecture et aucun des mots qu’elle a prononcés n’était de son cru. Elle avait simplement le « droit » de lire ce qui était marqué et elle s’en contentait, y trouvait son bonheur en y apportant sa petite touche. Cette scène se déroule en 2013, elle est révélatrice de certaines contradictions majeures au regard de la condition féminine. On a parfois l’impression qu’il y a une pression qui s’exerce sur les femmes pour dépasser leur condition et qu’elles n’y parviennent que très marginalement, alors même qu’elles tendent à déserter ce qu’elles savent faire avec talent. On peut parler dans les deux cas d’une certaine « haine de soi «, une volonté de devenir l’autre, de passer de l’autre côté de la barrière, ce que les Israéliens ont réussi à leur façon. Mais comme on dit, rien n’est parfois pire que la réalisation de ses attentes et de ses rêves.
Nous lisons actuellement des ouvrages sur l’histoire de la peinture et nous sommes frappés par l’absence des femmes aussi frappante et flagrante que dans le domaine de la Science ou de la Philosophie, même quand l’ouvrage, excellent, est rédigé par une femme. (cf. Françoise Barbe- Gall. Comment regarder un tableau. Ed. Chéne, 2008). Quelque part, c’est normal si l’on s’en tient à un certain paradigme que nous défendons. Qui mieux qu’une femme peut apprécier le génie masculin ? Et on l’a vu plus haut pour cette lectrice qui rendait si bien ce texte d’un homme. L’autre soir, nous assistions à une soirée en l’honneur du compositeur Camille Saint Saëns. Deux femmes assuraient le spectacle, jouant sa musique, chantant ses textes mais aussi lisant ses notes personnelles. Cela ne leur faisait aucun problème que de se mettre dans la peau de cet homme et quelque part c’était, en effet, assez naturel. Mais de là à revendiquer que les femmes doivent conquérir le terrain des hommes, il y a quand même un certain fossé, si l’on va au-delà d’un prolongement, d’une imitation formelle, ce qui est tout à fait différent de la possibilité de jouer un rôle comparable à celui des hommes, notamment en termes d’influence, comme nous le notions pour la peinture. Mais désormais vouloir limiter et préciser la place des femmes dans notre monde ne peut plus, au regard d’une certaine idéologie féministe volontariste et révisionniste, voire négationniste, que paraitre assez choquant voire révoltant et on nous sort la thèse d’un complot contre les femmes, thèse qui est rarement rejetée par les femmes et qui conduit à exiger des réparations du fait d’une culpabilité masculine qui aurait, par ailleurs, à son passif l’esclavage et le colonialisme.
Comment les femmes se sont-elles laissé ainsi manipuler par quelques Pygmalions les prenant comme cobayes en jouant aux apprentis sorciers ? Dans nos précédentes études, nous avons montré que les femmes étaient marquées par leur milieu, leur époque et qu’elles avaient une propension à s’approprier les choses, les idées des autres comme si leur moi était une sorte de trou noir aspirant inlassablement ce qui passait à proximité (cf.l’Etre et le Néant de Sartre). Le mimétisme féminin ne pouvait d’ailleurs qu’être sensible à tout discours égalitaire, à la poursuite de tout projet de « normalisation », d’assimilation (terme très usité dans le monde juif diasporique), d’intégration, d’ascension sociale. Quelque part, on peut penser que les Juifs qui viennent, qui « montent » (Alya), en Israël ont été manipulés, qu’on leur a fait miroiter des perspectives qui mettraient fin à la condition juive comme les femmes veulent échapper à la condition féminine.
Libération « du » Juif, libération de « la » femme. Deux singuliers, deux concepts.….
Dès que l’on émet des doutes sur le sionisme, on est traité d’antisémite et dès que l’on s’interroge sur la vraisemblance d’un certain prophétisme féminin, on est traité de misogyne. La question qui se pose est effectivement de définir quelle est la place des femmes dans notre société ainsi que celle des Juifs. Pour ce qui est des femmes, nous pensons qu’elles ont vocation à « porter » à leur terme les projets masculins et elles le font instinctivement. En fait, le problème, c’est l’interprétation de leurs actes et non pas leurs actes en tant que tels. Il est fréquent en effet, dans de nombreux domaines, que le discours soit décalé par rapport à la réalité. Pour ce qui est des Juifs, le problème se situe en quelque sorte à l’autre extrémité du spectre. Ils nous paraissent incarner une certaine masculinité par leur capacité à marquer les esprits, par l’influence qu’ils exercent dans le monde, et il en serait ainsi même si l’Etat d’Israël n’existait pas. Il est d’ailleurs possible que les Juifs apparaissent comme un obstacle à la victoire du féminisme, tant les Juifs illustrent la faculté de certains hommes à montrer le chemin alors que les femmes sont plutôt en position de suiveuses. Avant-garde contre arrière garde. Nous dirons plutôt que ce ne sont pas tant les femmes qui en veulent aux Juifs que ceux qui manipulent celles-ci. Dans les années soixante, le sociologue Georges Friedmann avait publié Fin du peuple juif ? à propos du destin des Juifs en Israël. Les Juifs ont vocation à être très minoritaires car les meilleurs d’entre eux sont de fortes individualités qui rayonnent sur un environnement non juif alors que les femmes ont vocation à être très majoritaires tant à partir d’une seule et même impulsion, il est possible de donner naissance à un grand nombre de réalisations.
La démarche des femmes et des Juifs engagés dans certains mouvements messianiques nous semble voué à provoquer le rejet et donc pourrait se révéler contre-productrice, ce que l’on a déjà pu observer mais ce n’est encore qu’un début. Ce rejet est dû à une réaction viscérale de l’ADN humain – on peut parler d’anticorps- à réagir face aux contre-vérités qu’on voudrait lui infliger. Il ne faudrait pas que l’exaltation de quelques ultras aboutît à des « solutions finales ». Ces populations par trop influençables collectivement sont des proies toutes trouvées pour ceux qui veulent accélérer artificiellement le cours de l’Histoire en raison d’une croyance en la fin des Temps ou à l’avènement d’une Ere nouvelle dont le statut des Juifs et des Femmes serait le signe avant-coureur..
JHB
24. 05.13