Les expédients prévisionnels des astrologues
Posté par nofim le 29 octobre 2013
L’astrologie par le petit bout de la lorgnette
Par Jacques Halbronn
Il y a un paradoxe en astrologie à savoir que ce que nous connaissons au plus près n’offre qu’un intérêt limité pour l’astrologie et que ce qui est le plus important concerne ce que nous connaissons le plus mal. En effet, le point de vue de l’astrologie est peu ou prou celui de Sirius, c’est-à-dire de très haut et de très loin. Il serait absurde de chercher à connaitre ce qui est très près en interrogeant ce qui est le plus éloigné ! Joli paradoxe en effet ! En astrologie, il faut impérativement prendre du champ, voire les choses en perspective, sur une certaine durée. Mais une telle déontologie n’est guère respectée car elle est hors de portée de l’astrologue moyen qui devra donc faire de nécessité vertu et présenter comme idéal ce qui n’est qu’un pis-aller, faute de mieux
Nous avons envisagé de demander aux astrologues comment ils « voient » les sept prochaines années, tout en sachant que c’est un exercice au-dessus de leurs forces, à moins d’user d’expédients.
On les imagine au mieux, en effet, s’accrocher au calendrier électoral fixé à l’avance en se limitant évidemment à la France car tenir compte de ce qui se passe à l’étranger ce serait trop attendre de leur part, même pour les données extra-astrologiques. On risque donc de se trouver limité au domaine hexagonal des dernières années, toujours selon ce principe que l’on parle de ce qu’on connait le mieux en voulant croire que c’est forcément ce qui est le plus important. C’est humain !
Donc, inévitablement, tous nos astrologues vont se polariser sur 2017, Date fixée de la prochaine élection tant de l’Assemblée Nationale que du Président de la République. Au fond, c’est comme pour une naissance, est-ce que l’astrologue choisit la date d’une venue au monde ? Non, il prend et travaille avec ce qu’on lui donne ! Et c’est bien cela l’horrible détail (selon l’ethnométhodologie, c’est-à-dire l’étude des vraies méthodes de travail d’une communauté, d’un « village ») que l’on veut nous cacher. L’astrologue ne donne pas de dates, il se sert des dates qu’on lui donne et se contente de « prévoir » ce qui est « porté’, recélé par cette information. Autrement dit, il a renoncé, notre astrologue de 2013, à avancer des dates de son cru ou du moins s’il s’avance, il le fera à partir des dates qu’il a obtenues hors de l’astrologie et à partir desquels il se hasardera, se risquera éventuellement à extrapoler. Autrement dit, cet astrologue ne s’appuie pas sur l’astrologie et appuie son astrologie sur autre chose. Il est tombé bien bas ! On a déjà dit que ce n’est plus le contexte qui nourrit l’astrologie, comme cela devrait être le cas, mais l’astrologie qui se référe au contexte et qui n’existe que par lui, qui le parasite en quelque sorte.
Qu’a à gagner notre astrologue à s’intéresser aux élections ? Déjà, il n’aura même pas le mérite d’en avoir déterminé la date à moins bien entendu qu’il n’annonce qu’elles n’auront pas lieu à l’heure indiquée, « prévue ». On aura noté l’évolution sémantique du mot « prévoir » : quand on dit : ce n’est pas prévu, cela ne signifie plus que cela n’a pas été programmé, planifié comme lorsque l’on dit « j’ai prévu de faire ceci ou cela la semaine prochaine », « nous avons prévu de partir pour l’Espagne au mois d’août etc. ». Autrement dit, tout le monde « prévoit », dans ces conditions. Le mot est galvaudé et a perdu de sa dimension subconsciente car ce qu’est censée annoncer l’astrologie, ce sont bien les programmations subconscientes et non les conscientes.
En fait, dès qu’il s’agit de prévisions sur l’avenir l’astrologue se noie littéralement dans son astrologie, il lui faut saisir une perche de quelqu’un qui est resté au bord. Sur le passé, évidemment, le problème ne se pose pas puisque les dates à étudier sont fournies et il n’a plus qu’à appliquer sa grille horoscopique dont la complexité n’a rien à envier à celle d’une usine à gaz. Nouveau paradoxe : plus on dispose d’un boite à outils bien achalandée, plus il est difficile de faire des choix et on sera tenté de recourir tour à tour à tout ce qui s’y trouve. Tantôt ceci, tantôt cela. Cette complexité interdit de faire apparaitre des lignes de force. On est condamné à de la discontinuité. un coup par ci, un coup par là. Mais pour sa défense, notre astrologue répondra qu’ainsi en est-il de la vie qui n’est pas un long fleuve tranquille. Au fond, au lieu de prendre exemple sur une astrologie « pure » ou « purifiée », notre astrologue préfère contaminer l’astrologie et la rendre à son image. La nature a horreur du vide. Mais méfions-nous de ces astrologues qui arguent de leur « expérience » personnelle extra-astrologique et la projettent sur le monde.
On est en fait dans un cercle vicieux : car avant d’applique l’astrologie au monde, il faut bien avoir détermine ce qu’est le monde pour structurer astrologiquement le cosmos sinon on est forcé d’accepter en vrac et indistinctement tout ce qui traine dans la littérature astrologique. Mais quand nous conseillons aux astrologues d’observer le monde autour d’eux, ‘c’est parce qu’il faut bien commencer par faire le tri non pas de ce qui est à expliquer du monde mais de ce que l’on doit garder de l’astrologie et l’on sait que nombreux sont ceux qui ont décidé de ne rien jeter car cela peut toujours servir, qui sait. Mais ceci accompli, il importe de s’en tenir au modèle astrologique ainsi établi car chaque chose en son temps. Pour ce faire, l’astrologue doit méditer sur ce qui se passe dans le monde et en saisir les récurrences, les répétiyions. S’il en est incapable il ne pourra jamais faire apparaitre la vraie astrologie. C’est pourquoi nous parlons d’astrocyclogie : il faut disposer d’une cyclologie avant de regarder le ciel et non d’emblée voire le monde avec les lunettes de l’astrologie car cette astrologie ne peut être utilisée en l’état. Et cette cyclologie, soulignons-le, n’est pas nécessairement fournie par les historiens, ce serait trop beau ! Contrairement à ce que d’aucuns imaginent, les historiens ne sont pas obnubilés par la notion de cycle et d’ailleurs cela exigerait de leur part de décanter le matériau brut qu’ils accumulent pour en faire apparaitre des lignes de force, ce qui est peut être beaucoup leur demander. La tentation n’en est pas moins grande pour l’astrologue de s’appuyer, de s’accrocher aux basques de l’Historien, à ses risques et périls. C’est ce qu’a cru pouvoir faire Barbault à propos d’un fait qu’il pensait dur comme le roc en matière de répartition, à savoir les deux guerres mondiales. L’astrologue est tellement mal dans sa peau qu’il est prêt à accorder à ce qui n’est pas astrologique une véracité plus grande qu’à ce que proposent les chercheurs en astrologie. Bonjour l’ambiance !
Pour en revenir à notre invitation à baliser astrologiquement les sept prochaines années, il faut bien comprendre qu’il faut fournir une courbe, un graphique, un indice, un coefficient, une sinusoïde, ce qui implique quelque chose qui progresse, qui monte, qui descende et non pas un propos discontinu. Or, celui qui travaille avec la technique « horoscopique » des thèmes est condamné à la discontinuité et la discontinuité, c’est de l’astrologie en miettes, sans colonne vertébrale, qui part dans tous les sens. Mais celui qui œuvre avec une cyclologie brouillonne ne sera pas plus avancé car trop de cycles tuent la cyclicité, c’est comme la tapisserie de Pénélope, un cycle défait ce qu’un autre cycle a fait, Uranus sera en telle phase alors que Neptune sera en telle autre : c’est de la cacophonie et Barbault aurait voulu que tous les cycles parlassent d’une seule et même voix mais son grand projet n’appartient plus qu’à l »histoire de l’astrologie. Comme Moïse, il ne pénétrera pas en terre promise mais aura été un visionnaire de l’astrologie du XXIe siècle. Encore serait-il bon qu’avant de nous quitter, il désignât son successeur.
JHB
29. 10 13
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