l’art du débat autour de l’astrologie
Posté par nofim le 30 octobre 2013
La crise des congrès astrologiques et ses conséquences
Par Jacques Halbronn
Nous avons déjà dénoncé l’incurie des organisateurs de congrès astrologiques mais celle-ci est particulièrement manifeste au sujet du statut des tables rondes.
Rappelons quelques définitions comme celle proposée sur un site universitaire de Montréal :
Une table ronde est une » réunion caractérisée par le principe d’égalité entre les participants, convoquée pour discuter d’un sujet précis. Le thème à discuter intéresse particulièrement les participants et ne fait pas l’accord de tous, sinon il n’y aurait aucun intérêt à organiser une table ronde. Il peut être stimulant pour les élèves de se préparer à ce genre d’activité lorsqu’ils réalisent qu’ils auront à donner leur opinion sur un sujet passionnant. »
Or, quelle est la pratique de la table ronde qui semble s’être généralisée – (et nous en avons filmé un certain nombre pour tel providence). ? Elle consiste à faire poser des questions par la «salle » et non pas, comme cela devrait être le cas, à permettre aux membres de la table ronde de discuter entre eux. On ne voit d’ailleurs pas ce que la salle a à voir dans cette affaire. On a impérativement besoin d’un meneur de jeu responsable/ Mais le vrai problème, comme le dit le texte cité, c’est de faire apparaitre une certaine diversité voire une certaine divergence entre les orateurs et c’est d’ailleurs au meneur de jeu de s’en assurer, ce qui ne doit pas l’empêcher a contrario de montrer que certains clivages peuvent être résorbés en reformulant quelque peu les choses ;
Mais encore faut-il que l’on ait invité à participer des gens ayant des opinions suffisamment distinctes, ce qui est loin d’être toujours le cas.On a l’impression que ces congrès ont au contraire pour raison d’être de montrer à quel point tout le monde est d’accord. C’est là trahir la fonction et la mission de ces manifestations et cela a un coût pour le niveau général de la communauté astrologique qui ne cesse de décliner et se ferme de plus en plus au débat…. La tendance est à un certain unanimisme qui ne permet pas aux idées nouvelles d’émerger et de circuler.
Les congrès sont des espaces interactifs. Un intervenant ne peut se contenter de se répéter d’une fois sur l’autre mais doit se situer sinon pat rapport au public qu’il ne peut connaitre a priori du moins par rapport aux autres intervenants dont il aura pris le temps de connaitre les travaux. Cela peut certes « tourner » à la polémique mais il revient au « modérateur » de calmer le jeu et d’élever le débat.
Le congrès est un espace-temps vécu ensemble où chacun doit réagir et interagir et ne pas monologuer sans tenir compte des positions en présence, même si c’est pour s’en démarquer.
Mais il faut insister sur ce point, le débat n’est pas tant entre les intervenants et la salle qu’entre les orateurs entre eux. C’est en tout cas-là la priorité et c’est ce qui aura du justifier le « casting ». Nous pouvons en tout cas témoigner pour notre part que nous n’avons pas depuis plus de 20 ans, depuis 92 exactement, été invités à prendre la parole, sauf bien entendu dans les nombreux colloques que nous avons nous-même organisés/
Que savent de nos jours les astrologues des lignes de clivage, des alternatives qui s’offrent à l’astrologie, des arguments en faveur de telle ou telle ligne, de telle ou telle école ?
On nous dira que certains astrologues ne désirent pas être confrontés à d’autres et que cela explique sinon justifie l’absence de vrais débats, d’autant que si l’on ne pratique pas la même astrologie, on n’est pas « astrologue ».
Certes, pour la grande majorité du public, certaines questions ne se posent pas et n’ont pas à se poser. Mais c’est justement pour cette même raison qu’il convient d’éduquer, de former le dit public. Et c’est là la tâce des responsable d’associations qui organisent ces congrès. On s’étonera d’ailleurs de voir la FDAF ne pas tenir de colloques depuis celui de 1996 qui avait été d’ailleurs assez bien conçu, sur Nantes. L’animation d’un site et les informaytions sur la vie astrologique des uns et des autres ne garantit nullemet un quelconque brassage d’idées.
Le problème, c’est que ce public est majoritairement constitué actuellement d’élèves en astrologie que l’on ne juge pas assez mûrs pour prendre connaissance des doutes et des clivages, de la diversité des options.
Certains mettent d’ailleurs en avant l’image de l’astrologie qui souffrirait, à les entendre, des dissensions comme si dans les milieux scientifiques, tout le monde était d’accord.
Si l’on demande à ce public, à quoi ressemblera l’astrologie de demain, il est à parier que pour eux l’astrologie ne bougera plus, sinon au niveau informatique. A la rigueur, d’aucuns attendent que l’on fasse des avancées au niveau astronomique. Mais au niveau du savoir astrologique proprement dit aucune perspective. De quoi l’astrolologie devrait se délester ou au contraire, qu’est ce qu’elle aurait perdu en cours de roure ? Quelles nouvelles voies à explorer ?.
Mais en fait, le grand espoir du milieu astrologique est que l’astrologie soit acceptée « telle quelle », qu’elle soit ‘reconnue » par la société, que le statut professionnel des astrologues s’améliore mais sans que l’astrologie, en elle-même, n’ait à se réformer en profondeur puisque chacun sait qu’elle « marche » du moins parmi les astrologues. Comment cette reconnaissance pourrait-elle s’opérer ? Les astrologues attendent que la Science découvre des preuves nouvelles de l’influence astrale. Peut-être de nouvelles statistiques, peut-être des prévisions percutantes et incontestables mais souvent incompréhensibles au regard d’un modèle cohérent et crédible ? Mais croient-il pour autant un instant que cela viendrait valider toute la tradition astrologique en bloc ?
Et puis dans ces congrès, quelle est la composition du public ? Nous pensons pour notre part qu’il y a de quoi sérieusement s’inquiéter, s’alarmer mais on pratique la politique de l’autruche, on fait comme si de rien n’était t que l’énorme majorité de femmes de plus de 50 ans n’a rien d’anormal. Pour nous au contraire, c’est là un symptôme à appréhender avec la plus grande attention et qui indique surtout un rejet de la part des absents (qui n’ont pas toujours tort). Nous allons mettre en ligne dans quelques jours un reportage que nous avons réalisé à Paris (Sorbonne-Malesherbes) du second forum sur ‘l’évolution de la conscience qui s’est tenu début octobre (sur tel providence) et chacun pourra comparer la composition du public avec celle des meetings astrologiques. C’est édifiant et pourtant, on est aussi dans le domaine de la spiritualité mais il semble que l’astrologie soit trop dans le domaine de la science et pas assez dans celui de la conscience, c’est-à-dire d’une expérience à mener avant tout avec soi-même sans passer par le filtre d’un lourd apprentissage. Dans les salons du Bien Etre, l’astrologie est le parent pauvre que l’on ne montre pas ‘(cf. nos reportages sur le Salon Zen). Elle n’est même pas non plus tant à l’honneur dans le Salon Parapsy. Elle est devenue une sorte d’OVNI inclassable, parce qu’elle ne parvient pas à un nouveau consensus libérateur. Elle ne sait que ressasser les mêmes notions. Or, ce nouveau consensus il ne sera possible que dans le cadre de tables rondes, de par l’agitation des idées. donc par de vrais colloques –c’est-à-dire un parler ensemble – et non de « congrès » où l’on se rassemblée pour se rassurer et se conforter dans ses croyances et dans ses pratiques.
Il est vrai que durant la période où tenait le Salon de l’Astrologue, soit plus d’une décennie (les années 90 et au-delà), quand tout le milieu astrologique se réunissait à Paris, rien n’a été fait pour organiser des débats, développer des résolutions. Chacun était derrière son petit stand mais il n’y a pas eu de travail de réflexion en commun. Une occasion ratée et qui a fini par avorter.
Nous savons de quoi nous parlons car le climat astrologique était bien différent notamment dans cet âge d’or de l’astrologie française que furent les années 1974-1993- les Vingt glorieuses - qui fut suivi d’une sorte de chape de plomb dont le stable rondes actuelles sont l’expression la plus attristante.
Pour notre part, nous devons beaucoup aux vrais congrès en ce qu’ils obligent à argumenter, à développer nos positions. De nos jours, les astrologues ne sont même plus capables d’étayer les éléments dont ils se servent du fait de l’absence d’habitude t de pratique du débat. C’est ainsi que la question posée par l’astrologie sidéraliste nous aura certainement permis de réfléchir sur toutes sortes de notions. Il ne suffit pas nécessairement d’adhèrer aux idées qui sont exposées mais d’apprendre à écouter autrui et à trouver des failles dans son raisonnement. C’est certainement en nous aguerrissant alors de tant de joutes verbales que nous avons pu avancer dans notre travail. S’il y a une gymnastique de l’interprétation des thèmes, il y en a une, fort précieuse, du fait de la discussion et de la disputation. Au Moyen Age, les tenants de diverses religions du Livre – (Islam, Chrétienté, Judaïsme) s rencontraient, notamment en Espagne, pour confronter leurs points de vue. Il est bon aussi que dans une communauté, il existe une majorité et une minorité qui a le droit de se faire entendre voire de constituer une alternative, une alternance. Or, la société astrologique nous semble de plus en plus totalitaire et ne supporte plus guère le vrais débats, ce qui n’est pas sain et la rend de moins en moins apte à échanger avec le monde extérieur. Actuellement, à de rares exceptions, face à des thèses différentes des leurs, les astrologues ne prennent même plus la peine de répliquer. Il faut remonter la pente et ouvrir le débat entre les astrologues, dans le cadre de tables rondes authentiques et non de simulacres. On sait d’ailleurs que les astrologues cherchent désormais avant tout à se cultiver au dehors de l’astrologie tant le propos astrologique proprement dit est devenu prévisible et convenu, ce qui évite évidemment toute explication. L’astrologie est de plus ne plus capable d’expliquer le monde extérieur et de moins en moins capable de s’expliquer elle-même. Le temps des praticiens et des répétiteurs a remplacé celui des théoriciens et des réformateurs.
JHB
29.10.13
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