Le probléme des nouvelles planètes en astrologie
Posté par nofim le 28 février 2014
Nouvelles planètes et mysticisme : l’étrange mélange
Par Jacques Halbronn
De nos jours, la plupart des astrologues francophones ont tendance à croire que le recours aux planètes nouvellement découvertes et inconnues de la tradition antique et médiévale sont un gage de modernité voire de scientificité. Or, l’histoire de l’adoption des dites planètes- et les discours sur la portée symbolique de leur découvert nous amène à penser que ce sont plutôt les milieux ésotériques voire occultistes qui leur auront d’abord accordé quelque attention. Par ailleurs, ce flirt de l’astrologie avec l’astronomie contemporaine ne se sera pas déroulé sans encombre comme en témoigne le récent épisode Pluton et un siècle plus tôt l’affaire Vulcain.
Les astrologues d’aujourd’hui ont la mémoire courte ou si l’on préfère ne connaissent pas trop bien l’histoire d l’astrologie des XIX et XXe siècles si bien que le nom de Vulcain ne leur dit pas grand-chose à moins d’être des lecteurs d’Alice Bailey (dont Rudhyar fut proche dans les années trente du siècle dernier- il publie son Astrology of Personality aux ed. Lucis) ou d’Alan Leo.
Dans son traité sur les Sept Rayons, Alice Bailet donne la liste des sept « planètes sacrées » en commençant par Vulcain réputée être une planéte encore plus proche du Soleil que Mercure. Quant à Alan Leo, dams Esoteric Astrology. A study in Human Nature, il donne la même liste (incluant la Terre) avec Vulcain en tête et il insiste sur le fait que le système solair est un organisme, ce qui rejoint le point de vue d’un Jean-Pierre Nicola (Pour une astrologie Moderne, Seuil, 1977) aux antipodes de toute spiritualité ou révélation en matière astrologique. Dans les Cahiers Astrologiques, Volguine lance encore à la fin des années trente une enquête sur Vulcain. (cf. un épisode de la série « Arthur C. Clarke’s Mysterious World » dans les années 80. Source Wikipedia) Or, de nos jours, l’idée d’une planéte intramercurielle semble avoir fait long feu et les astrologues eux-mêmes en ont fait leur deuil, sauf les aspects de Bailey. Rappelons que le nom de Vulcain sera recyclé dans les années soixante par Jean Carteret pour désigne avec Proserpine l’une des deux transplutoniennes (et c’est à ce titre qu’on les trouve dans le Traité d’Astrologie Pratique d’André Barbault. Vulcain dont le nom même (le dieu forgeron) était censé désigner un astre brulant en sera arrivé à désigner un astre singulièrement éloigné du soleil mais tout aussi invisible. Le nom de Vulkanus aura également été utilisé pour désigner une « transneptunienne » par les astrologues de l’Ecole de Hambourg, il y a une centaine d’années.
On ne reviendra pas sur le récit tant de fois ressassé de la découverte des trois Trans saturniennes censées avoir été découvertes à de moments clef de l’Histoire contemporaine (1781 1846 et 1930). Mais Pluton a récemment perdu son statut de « planéte » à part entière. Notons toutefois qu’au XVIIe siècle, les satellites étaient désignés comme « planètes ». (Planètes Médicis autour de Jupiter, etc.).
Or, force est de constater que la très grand majorité des astrologies dans le monde n’a pas fait mine, depuis 2006 – date du déclassement de Pluton- de renoncer à se servir de Pluton. Pas plus que ces astrologues ne se sont décidées à intégrer les autres planètes de la famille à laquelle désormais Pluton est associé, d’ailleurs.
On sait que ces nouvelles planètes – y compris les astéroïdes (entre Mars et Jupiter) ont excité les esprits de certains astrologues (de Léon Lasson à Roger- Benoist Jourlin en passant par les Italiennes Lisa Morpurgo et Carla Prietto (cf les interviews sur You Tube) qui se sont mis à penser que les douze signes du zodiaque devaient indiquer qu’il existait de tout temps douze planètes dans le système solaire. On sait aussi que ces nouvelles planètes ont été introduites dans le dispositif présent dans la Tétrabible de Ptolémée (IIe siècle de notre ère) non sans de sévères perturbations alors même qu’en 2014, l’on n’est toujours pas parvenu à un quelconque consensus entre les astrologues sur l’affectation d’une planéte pour chaque signe. (cf. nos propres recherches in Mathématiques divinatoires, Ed. La Grande Conjonction-Guy Trédaniel, 1983).
Le problème posé par les tentatives d’intégration de planètes inconnues des Anciens affecte l’idée même que l’on se fait de la genèse de l’Astrologie. Jusqu’alors, l’idée d’une « astrologia perennis » pratiquée depuis les âges les plus reculés était sous –jacente. Avec la découverte d’Uranus (à la limite du visible) et plus encore de Neptune, l’on allait basculer de facto dans une théorie bien différente à savoir que les anciens astrologues ne disposaient pas d tout le savoir astronomique nécessaire pour décrypter cet ensemble constitué par le système solaire. C’est ce que laisse entendre, notamment le RET de Jean-Pierre Nicola – exposé il y a 50 ans (in La Condition Solaire)- dont les trois planètes du groupe T (pour Transcendance) sont les trois transsaturniennes.
Plus que jamais, en tout état de cause, domine en astrologie contemporaine le multi-planétarisme. On a dit plus haut que les nouvelles planètes (cf. déjà Néroman, dans les années Trente) avaient été associées à certains signes (comme Uranus avec le signe du Verseau, Neptune avec celui des Poissons etc.). Or, quand l’historien réfléchit sut la raison d’être de cette mise en corrélation signes –planètes ; il est contraint de penser qu’un tel dispositif aura été conçu autour du parcours d’un seul astre à travers le zodiaque, cet astre s’imprégnant successivement des significations de chaque signe lui-même associé à un dieu plutôt qu’à une planète. (cf. à ce sujet l’Astronomicon de Manilius, poème astrologique latin). L’idée d’associer un dieu – (lié ou non à un astre) fait sens et visait d’ailleurs à évacuer le symbolisme zodiacal (ou en tout cas à le marginaliser) en faveur d’un symbolisme mythologique dont Nicola a d’ailleurs montré qu’il obéissait à une certaine logique évolutive (cf. sa Théorie des Ages).La découverte de nouvelles planètes aura d’ailleurs permis aux dieux qui n’avaient pas été sélectionnés par les astronomes de prendre leur revanche en intégrant désormais pleinement le discours astrologique, et en ce sens, il importe peu que Pluton ou Vulcain aient pu être disqualifiés en tant que planètes, dès lors que leur portée symbolique est flagrante. Le couple Pluton-Proserpine (Perséphone, épouse du dieu des Enfers) notamment est un exemple remarquable d’une dualité masculin-féminin mais aussi Eté-Hiver (avec l’intervention de Déméter- Cérès face à Hadès-Pluton) et l’on peut regretter que du fait des aléas astronomiques, l’astrologie n’ait pas encore intégré la déesse Proserpine – (sauf notamment dans le cas de l’Astrologie de Jacky Alaïz, cf. nos enregistrements sur You Tube et sur le blog Facultelibredastrologiedeparis)
JHB
28. 02. 13
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