Monde vénusien et monde martien
Posté par nofim le 8 mai 2014
Psychopathologie de la consultation, au prisme de l’astrologie
par Jacques Halbronn
L’important pour l »astrologie est qu’elle sorte de son ghetto
bien plus que les rellations au sein du milieu astrologique.
Et sous cet angle, force est de constater l’échec de toutes
les initiatives prises dans le domaine astrologique au regard
de son acceptation et de sa reconnaissance. Est-ce que les
travaux d’André Barbault ont été acceptés par les
politologues, les historiens, les économistes et ce en dépit
du « succés » prévisionnel de 1989, que ce soit en France ou
ailleurs car nul n’est prophéte, dit-on, en son pays? Il ne
le semble pas. Même les résultats de Gauquelin ne font
référence en dehors du milieu astrologique et encore. Le
bilan général de l’astrologie du XXe siècle est maigré sous
l’ angle de son rayonnement. C’est pourquoi nous pensons
qu’il convient d’approcher la réforme de l’astrologie autrement
et de voir ce qui se passe actuellement dans les milieux
astrologiques comme un cul de sac, la fin d’une ère.
Il est clair notamment que l’astrologie ne peut pas se
contenter de dépendre des praticiens qui n’ont qu’un mot
à la bouche: « puisque ça marche ». Or, l’on sait fort bien
que le sort de l’astrologie se joue en amont bien plus qu’en
aval. D’ailleurs, il y a un demi-siècle, le milieu astrologique
était conscient de cet enjeu et un Nicola s’efforça de
toiletter l’astrologie comme l’avaient tenté aussi un
Michel Gauquelin, un Barbaut, à la suite de Néroman, dès
les années Trente. Mais de nos jours, on est dans le « vrac »
et l’idée de restructurer l’astrologie semble ne plus être à
l’ordre du jour. L’astrologie est la mal aimée des
astrologues qui la maltraitent et la négligent, l’instrumentalisentt
Quand on visite le savoir astrologique actuellement en vigueur
ce ne sont que des décombres, des taudis . On pense à ces
villages Potemkine qui faisaient illusion aux visiteurs
de l »ex URSS sous Staline.
On en finit par se demander à quoi servent les écoles
d’astrologie dont récemment une astrologue, lors d’un
entretien pour teleprovidence (avec Sylvie Ollivier)
reconnaissait qu’elle était la seule de sa classe à s’être installée
comme astrologue et elle reconnaissait qu’elle bénéficiait
pour ce faire d’une certaine intuition sinon d’une certaine forme
de voyance.
Comment un savoir astrologique, incohérent, inconsistant
pourrait-il servir de garant à une pratique? Cela montre bien
que les gens sont doublement bien disposés à l’égard de
l’astrologie, d’une part en ne tiquant pas sur les carences
des explications qui sont fournies aux éléves et d’autre
part en ne tiquant pas sur les invraisemblances
psychologiques qu’on leur sert en consultation. Les
astrologues bénéficient à l’évidence d’une telle bienveillance
de la part des intéressés qui, visiblement, veulent croire à
tout prix à la valeur de l’Astrologie de sorte qu’effectivement
cela « marche » parce qu’ils veulent bien que cela marche. Car
l’astrologie ne marche que parce qu’on le veut bien.
La double attente par rapport à l’astrologie semble être la
suivante, celle d’un double cloisonnement tant dans le temps
que dans l’espace. Prévoir, en effet, c’est « fixer » des dates,
des échéances tout comme l’astropsychologie définit
notamment des orientations professionnelles qui permettent
de se canaliser d’où la nécessité d’une typologie (zodiacale,
planétaire) et d’un calendrier ( cycles, phases, dates). Or
le thème astral des astrologues « sérieux », ne repond clairement à aucune de ces attentes,
de par son caractère diffus tant sur le plan psychologique
que prévisionnel à cette double attente, l’astrologue de
service se limitant à un descriptif du moment qui n’exige
évidemment aucune faculté de dépasser la perception
immédiate des choses, ce dont le client moyen est capable
de faire sans le recours d’un astrologue. Un peu de bon sens
suffit à la tâche et donc les cours d’astrologie ne servent
pas à grand chose sinon à l’astrologue lui-meme qui a ainsi
des choses à dire.
En effet, la sociologie des praticiens en tout genre nous
apprend que ceux-ci se transforment de par une telle
acquisition de connaissance. Souvent, ces praticiens n’ont
pas au départ la parole facile, ils se sentent comme vides et
ils ont besoin d’un apport extérieur qui les remplisse. Cela
peut être l’astrologie, la religion, la « secte », tout ce qui peut
à terme les mettre en position de parler et de se faire entendre.
Il y a là un besoin d’émettre et de transmettre. Mais au
lieu d’éveiller en eux memes des facultés, ils se contentent
d’une certaine forme de prothèse.
Notre diagnostic concernant cette population de praticiens
du verbe est assez cruel et dépasse très largement le cas
des astrologues.Quand on va les consulter, on les met en
valeur et en plus on les paie. Comme au spectacle. Ce qu’ils ont
à dire est assez secondaire et peut relever d’ailleurs d’un
certain rapport sado-masochiste qui fait songer au « lit de
Procuste ». On peut toujours dire à la personne qu’on lui
parle de son « vrai » moi quand elle ne se reconnait pas dans
ce qu’on lui dit (c’est ce que suggèrait Dan Rudhyar). On peut
l’encourager à faire telle ou telle chose dans tel laps de temps.
Et on ne saurait sous estimer la part de la suggestion. Si
l’astrologue n’a pas de pouvoirs, il a assurément du pouvoir,
celui que lui accorde son client..Mais il faut aussi faire la
part du contre-transfert qui conduit le praticien à affirmer
que la consultation vient prouver la valeur du supposé
savoir qui sous -tend le transfert, d’où cette formule
incantatoire du « mais ça marche », « ça a marché » et
surtout pour le praticien lui-même qui a pu ainsi parler
et se faire entendre sans qu’on lui dise qu’il dit n’importe
quoi, ce dont il a pu souffrir dans son enfance.
Or, là où le bât blesse, c’est qu’un tel positionnement
d’autosatisfaction nuit à la recherche fondamentale en
astrologie et ce d’autant que le dit savoir astrologique sert
de ciment identitaire, de lien social à toute une communauté.
C’est pourquoi nous pensons qu’il faut reconstituer une
vraie dynamique de recherche en astrologie qui ne passe
pas par l’enseignement ni la consultation en interne mais qui
fournisse des outils sur le plan transdisciplinaire. En réalité
comme dans bien des domaines, le probléme est pécunaire.
On peut vivre de l’astrologie par les cours et /ou les
consultations mais point par la recherche, à moins que
des revues, des colloques n’existent qui rétribuent
généreusement les auteurs de contributions, ce qui ne
semble nullement être le cas en donnant la priorité aux vrais
chercheurs. Cela ne se fait pas pour l’excellente raison que
ces enseignants-praticiens n’ont aucunement envie de
changer leurs habitudes et leurs pratiques qui leur donnent
des « éléments de langage » qui leur permettent d’accéder au
verbe dont ils ont été privés, frustrés du fait de leur
timidité, de leurs blocages avant d’avoir rencontré
l’astrologie ou tout autre enseignement venant compenser
un certain vide intérieur, ne serait-ce que parce que
l’astrologie leur permet de dépasser leur névrose, en
leur permettant de s’exprimer mais sous couvert d’un savoir
alibi, prétexte dont finalement ils n’ont que faire. (cf notre brochure
« L’astrologue face à son client ») et c’est d’ailleurs tant mieux.
Car en définitive, l’astrologue se substitue de facto à
l’astrologie, par delà une certaine mise en scéne et s’appuie
sur son propre vécu et sa propre expérience de la vie. D’où
son ambivalence ( je t’aime moi non plus) envers l’astrologie
qui n’est, pour lui, qu’un faire-valoir, ce qui fait pendant
aux motivations du client qui lui aussi est dans une névrose
qui lui fait aller vers l’autre tout en s’en défiant, l’astrologie
permettant de résoudre ce conflit du fait qu’elle est à la
fois un savoir extérieur à une Humanité avec laquelle le
patient est en porte à faux, en délicatesse et à la fois qu’elle
émane d’une personne qui le conseille avec le bon sens
qui est le sien, tout en s’en défendant..
JHB
08 04 14.
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