La question du Mal
Posté par nofim le 16 mai 2014
La problématique du Plaisir
par Jacques Halbronn
Dans la ligne de nos textes sur la fonction sensorielle, nous voudrions que l’on comprenne
que le role des sens n’est pas de nous apporter du plaisir mais de nous indiquer le
déplaisir.
Croire que nous avons des sens en vue de « jouir » de la vie est un contre-sens. Si l’humanité
a survécu, ce n’est pas du fait de sa recherche du plaisir mais parce que les cinq sens dont
nous sommes pourvus nous signalent des dysfonctionnements, des dégradations. Nuance!
Dans une maison, tout est censé concourir à nous protéger, à toutes sortes de niveaux. La
toilette, la lessive, la vaisselle, ont pour objet d’éliminer certaines risques. On est dans la
prophylaxie, l’hygiène, la prévention sans parler d’une mise à distances des intrus; ce qui
implique diverses mesures. La quiétude, c’est avant tout l’absence d’inquiétude.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire grammaticalement, le positif tient
à l’absence du négatif et non l’inverse. Le possible est le manque d’impossible et ainsi
de suite. Le beau est l’absence de laid et non le laid l’absence de beauté. Le bonheur est
l’absence de malheur et non l’inverse. Etes vous heureux signifie en réalité, est-ce que
rien ne vient assombrit votre vie?.Est-ce que tous vos problémes sont réglés?
Disons les choses autrement: est-ce que le plaisir que l’on s’accorde en un point A
va faire disparaitre les soucis que nous avons en un point B? Tout est solidaire car
il faut surveiller le maillon faible dont tout le reste dépend.
La vigilance est une condition de survie pour l’individu, le groupe, l’entreprise
la société, la nation etc. On attend d’un leader qu’il fasse preuve de vigilance et de
prévoyance, donc qu’il voie le danger, le péril longtemps à l’avance. C’est à cela que
nos sens, notre ressenti doivent en priorité servir. A voir ce qui va « mal » plutôt qu’à
se faire du bien.
Certes, c’est une bonne chose si nous prenons du plaisir à combattre les maux qui nous
menacent/ Par exemple, c’est bien d’aimer faire du sport car cela évite un certain
dépérissement. Il est bien d’avoir la conscience tranquille mais cela ne peut faire sens
que si l’on a fait tout ce qu’il fallait pour mériter cela. Et est-on,jamais certain de ne pas
avoir été négligent, c’est à dire de ne pas avoir manqué de vigilance, quelque part?
A la question que nous poserons le dimanche 18 mai à 18h au Falstaff; ‘Est ce que le
plaisir peut nous guider? nous répondrons que le plaisir peut surtout nous égarer, nous
fourvoyer, bref nous leurrer, nous tromper.
Un des principaux périls qui nous assaillent est le manque que ce soit physiquement ou
mentalement. Qu’est ce ainsi que de mal se nourrir et de mal nourrir ses proches? Ce n’est
même pas leur donner des produits qui ont mauvais goût car cela suffira à les en détourner.
C’est de leur faire manger des produits qui ne vont pas leur apporter ce dont ils ont besoin, ce
qui est plus insidieux et qui à la longue génére du dépérissement du fait d’un manque de
calories, de vitamines. Cela peut compromettre la croissance, la tonicité. Mais qu’est ce
qui pourrait nous inciter à consommet des produits qui ne nous font pas du bien? Réponse:
le plaisir.
On connait toutes les astuces visant à maquiller les choses en leur ajoutant ce qui va
nous attirer vers eux en dépit de la médiocrité de leur apport nutritif , aussi bien
matériel qu’intellectuel. C’est alors une question d’habillage.
La cuisine est souvent une école du Plaisir qui vient tromper sur la marchandise mais
même un sandwich insignifiant nous apparait comme une imposture. On mange du
pain qui est un produit assez quelconque parce que l’on y aura mis un peu de jambon
ou de confiture. Que perçoit notre corps quand il absorbe une telle mixture? Qu’il a mangé
du pain et non quelques grammes de tel ou tel ingrédient qu’on y aura ajouté. Ce sont là
d’ailleurs des stratagémes dictés par une situation de pénurie. Il en est de même quand
nous passons des heures à lire un livre qui ne nous apporte rien mais qui comporte un
élément d’excitation qui nous tient en haleine. A force, l’on ne peut plus se passer de tels
excitants. C’est l’addiction évidemment liée au plaisir qui nous divertit, nous distrait, nous
détourne de la conscience du Mal, puisque ce faisant nous nous maltraitons et/ou nous
maltraitons ceux qui dépendent de nous. Mais cette maltraitance ne peut se dépoyer
que sous couvert d’un certain plaisir sinon elle ne serait pas supporter. C’est ce qu’on
appelle faire passer la pilule, mettre du baume
D’ailleurs, le plaisir peut aisément nous faire du mal comme lorsque l’on fume ou l’on boit
ou que l’on se drogue.
Que tout serait plus simple, si le plaisir nous indiquait à coup sûr que nous sommes sur
la « bonne » voie? Mais est-ce vraiment le cas? C’est bien le déplaisir qui doit nous guider
et non le plaisir. Etre géné par quelque chose est salutaire. Cela nous met en garde. Avoir
du plaisir ne nous protége pas, en revanche, des dangers que nous risquons, auxquels
nous nous exposons par ailleurs ou ipso facto.
Un chercheur qui est intrigué, alarmé, par un facteur qui lui semble anormal, éprouve-t-il
du plaisir? Il peut se réjouir d’avoir prété attention à tel ou tel point et donc après coup se
dire qu’il l’ a échappé belle. Mais ce plaisir est lié à la détection d’un mal. On peut être
sado-masochiste et aimer souffrir et c’est souvent le cas du chercheur qui s’en serait voulu
de ne pas s’être inquiété, d’être passé à côté du « probleme ».
Nous dirons donc que c’est la perception du Mal qui peut nous guider bien plutôt que
la sensation de Plaisir. C’est bien là tout l’enjeu qui fait que nous élévons des statues à ceux
qui ont su corriger nos erreurs de jugement plutôt qu’à ceux qui ont endormi le dit
jugement.
JHB
16 05 14
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JHB
16. 05. 14
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