L’impératif de la gestuelle au niveau du langage
Posté par nofim le 1 juin 2014
La dimension visuelle du langage.
par Jacques Halbronn
Celui qui lit un écrit à voix haute introduit ipso facto du
passé dans le présent. Or, cela ne se conçoit que si le passé
est en phase avec le présent, au niveau d’un certain retour
cyclique. Mais ce qui est lu par diverses personnes ne l’est
pas à l’unisson, c’est que ce n’est pas le cas, pour le moins, de
tous et quand cela l’est, cela peut être le fait du hasard et
non en pleine conscience.
Comme nous l’avons signalé et souligné dans de précédents
articles, on ne peut utiliser un savoir dans sa globalité et dans
l’intemporalité mais on doit prendre, « tirer », extraire du
dit savoir uniquement ce qui correspond au stade d’une
cyclicité sous-jacente (cf l’Astrocyclon) porteuse d’une
dualité fondamentalle (Eros et Thanatos). Comme dit
l’Ecclésiaste, il y a un temps pour chaque chose et donc
on ne peut pas faire tout et n’importe quoi en tout temps.
Or, force est de constater que trop souvent, nous
infligeons à notre prochain des signaux qui ne sont
pas de mise, qui ne sont pas en phase, d’où la cacophonie
des égos non branchés sur un même longueur d’onde.
Les savoirs eux-mêmes ne sont dans bien des cas plus
conscients des phases auxquelles ils correspondent et
se présentent comme des totalités indivisibles et d’un
seul tenant alors qu’ils doivent impérativement être porteurs
de dualités, de dialectiques, que ce soit le langage, la musique
et a fortiori tout savoir divinatoire qui entend nous mettre en
relation avec l’esprit du temps (Zeitgeist), du fait d’un tirage.
(tarot, géomancie, astrologie etc), ce qui est attendu d’eux.
L’improvisation est la meilleure façon d’être pleinement
dans le présent. Celui qui lit un texte ou interpréte une
partition (musique) peut certes soutenir qu’il le fait dans
l’ici et maintenant, ce qui vaut mieux que quelque chose
d’enregistré, comme dans le cas d’un film à la télévision par
exemple. Le « live »est de loin préférable mais cela a un coût
bien plus élevé tout comme le fait de se nourrir de produits
frais et non de conserves ou de céréales (pain, gâteaux etc),
de fruits secs, jus, confitures qui constituent la « table du
pauvre », la malbouffe qui affecte aussi bien le physique que le
psychique.
Il nous faut ici apprendre à distinguer le signifié et le
signifiant. Ce qui est essentiel, selon nous, c’est d’abord
la forme des choses, le visuel. Même la musique a une
dimension visuelle quand nous voyons jouer quelqu’un
devant nous et a fortiori dans le cas d’un orchestre, d’un
quatuor, ce qui est rapprocher d’une sorte de ballet, de
chorégraphie, le chef d’orchestre ne produisant d’ailleurs
pas de son et faisant autrefois face au public, pour marquer les
temps de son bâton.(baguette). Les mots sur une page sont
également des signes et c’est souvent la mémoire visuelle
qui nous permet de les identifier très vite. C’est encore plus
vrai pour les langues sémitiques qui s’écrivent sans marquer
les voyelles.(hébreu, arabe).
Nous pensons que ces signes doivent être structurés
spontanément dans l’ici et maintenant et il est important
que le langage soit accompagné d’une gestuelle, ce qui est
plus marqué dans certaines pratiques langagières -(comme
en italien) que dans d’autres et c’est bien la gestuelle qui
nous inscrit dans le présent même quand le son en est
le prolongement et en quelque sorte la traduction.
C’est pourquoi, autant que faire se peut, il conviendra
d’éviter d’utiliser des formes anciennes dans notre rapport
à autrui car ce n’est pas bien le traiter mais lui offrir des restes
que l’on aura réchauffé, comme une femme qui se montrerait
au travers de photos anciennes de sa jeunesse.. La musique
improvisée et vécue en live devant soi (et non enregistrée)
est celle qui a le plus de chances d’être
totalement dans le présent d’autant que l’on joue avec tout
son corps. Une ancienne improvisation risque fort d’être
décalée dans le temps. Le test, c’est que tout ce que l’on nous
présente soit dans le présent et c’est alors que tout doit
converger formellement. En ce qui concerne, ce qu’on
appelle le signifié, il est clair que s’il ne comporte pas une
dimension visuelle, il n’est pas capté par nos yeux mais
seulement par nos oreilles et encore faut-il que nous
connaissions la langue utilisée alors que le visuel est
universel et que l’écrit, l’inscrit, valent par eux-mêmes et
se rapprochent des arts plastiques (arabesques). La musique
et la peinture ne doivent faire qu’un car toute musique a une
dimension picturale, de spectacle (de ce qui se donne à voir).
Cependant, nous avons par ailleurs, traité de la question de
la cécité chez ceux qui vivent dans l’obscurité ou du moins
dont les aieux ont été les habitants des cavernes (Platon).
Pour ces populations (femmes), le visuel ne fait guère sens,
il doit être traduit, mis impérativement en sons. La dimension
visuelle leur échappe avec tout ce que cela implique
d’observation, de réflexion (miroir) et le cadre d’expression
est condamné à être beaucoup plus restreint, à portée de
voix. D’où la création de petites entités qui vivent chacune
dans leur propre temporalité, dans une idiosyncrasie,
peu propres à accéder à l’universel. Dans bien des cas, ces
populations ne sont pas maitresses du signifiant visuel mais
seulement du signifié oral. Pour elles, la priorité est de donner
signe de vie à l’autre en produisant du son, en rompant le
silence alors que pour les populations ancrées sur le visuel,
le son n’est qu’un prolongement le plus souvent inutile, une
alternative en cas d’échec de la communication visuelle, d’où
l’importance accordée au silence. La guerre des sexes est
selon nous largement liée à la question du silence en tout
cas à l’absence de mots mais par delà ce point, on ne doit
pas utiliser n’importe quel signe à n’importe quel moment
car c’est alors le régne de la confusion des genres. La
communion ne peut avoir lieu que dans une véritable
présence au présent et par le respect des lois cycliques
qui sont à redécouvrir dans le cadre des sciences sociales..
JHB
02 06 14
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