Des causes formelles de la malbouffe
Posté par nofim le 30 juin 2014
L’esthétique comme prétexte à la malculture
par Jacques Halbronn
Nous soutiendrons dans ce texte une thèse selon laquelle
la malculture et plus spécialement la malbouffe seraient
dues à des exigences esthétiques mal placées, à une certaine
confusion des genres, l’accent étant souvent mis sur
la « présentation », le « savoir vivre » qui sont les habits
et les prétextes de la malculture….
Il y a là en effet un certain paradoxe: manger correctement
peut renvoyer tantôt au contenu, tantôt au contenant.On
peut ainsi manger très proprement un hamburger et moins
élégamment une livre de cerises.Or, en principe, le hamburger
est plus à classer dans la malbouffe que les cerises. Mais ces
dernières générnt des déchets, ce qui n’est pas le cas
du sandwich où « tout est bon à manger ». Avec les fruits, on
a des « peaux » (de banane), de noyaux, des pépins qu’il faut
éjecter de sa bouche, ce qui n’est pas forcément un geste
des plus gracieux. Manger « comme un porc » n’est nullement
synonyme de malbouffe! Mais on a scrupule dans des cocktails
à offrir des mets qui exigent que l’on se salisse les mains
sans parler de la menace sur les vêtements. Offrir des cerises
donnerait lieu à un spectacle de gens crachant à qui mieux
mieux leurs noyaux, plus ou moins discrétement! Dès lors
la malbouffe va reprendre ses droits sous la forme de
gâteaux, de biscuits, de jus de fruits, de fruits secs (attention
aux dattes, toutefois qui ont des noyaux)
Quant aux mets salés, on évitera ce qui comporte des os (cuisses
de poulet, cotelettes etc ) et on préférera des « canapés » qui se
consomment en une seule bouchée et sans laisser de traces.
C’est donc au nom d’une certaine esthétique du « bon goût », au
nom des « manières de table » que l’on basculera vers des
produits empruntés à une économie de pénurie, d’ersatz.
Mais qu’en est-il plus généraement pour ce que nous avons
nommé « malculture », y retrouve–on la marque d’un certain
esthétisme bon chic bon genre?
Bien des gens préférent assister à un spectacle ou regarder la télévision- soit des produits bas de
gamme mais qui ne font pas de vagues au sein d’un groupe que de se lancer dans des discussions
qui peuvent dégénérer et ainsi ne pas donner une très bonne image des participants. On préfére quelque
chose de « lisse », bien emballé! Une telle « nourriture » n’est guère revigorante !
On voit donc que les exigences de « bonne tenue » peuvent parfaitement être responsable de la détérioration
de ce que nous ingurgitons ou faisons ingurgiter à nos invités ou à nos proches.
Pour éviter les problémes, les dérapages au propre comme au figuré, nombreux ceux qui choisissent
la facilité et notamment les mères qui craignent que leurs jeunes enfants se salissent ou sallisent les lieux qu’il faudra ensuite
nettoyer derrière eux et quant aux « loisirs », la « télé » apparait comme une solution commode qui évite les cris, les disputes.
Autrement dit, les femmes sont probablement responsables de la malbouffe et de la malculture. Combien de fois ne voit-on
pas des enfants manger un gateau plutôt qu’un fruit. Ce qui est vivant est généralement plus perturbateur que ce qui est mort. Un fruit
sec tâche moins qu’un fruit frais. Et n’oublions pas les considérations budgétaires, les problémes de stockage qui conduisent à
des options économiques. Et cela vaut aussi dans le domaine de la culture : un spectacle live coute plus cher qu’un film! Le théatre, le concert seront sacrifiés au profit des enregistrements. Mais ce faisant, les enfants se feront une fausse idée de l’accés à la culture, une idée en quelque sorte déshumanisée, mécanisée qui ne les conduira pas à developper leurs propres aptitudes.
Malbouffe et malculture ont en effet pour caractéristique de donner à consommer des produits que l’on ne voit pas pousser, croitre comme lorsque l’on cueille des fruits sur un arbre ou que l’on assiste à une rencontre comportant une certaine spontanéité et
imprévisibilité/ En ce sens, le sport d ‘équipe ou en face à face nous apparait comme un spectacle plus tonifiant que le « concert » où tout est déjà prévu, à chaque instant Mais tant qu’à faire, autant jouer soi -même et se dépenser plutôt que de rester devant son poste.
On voit que l’enfer est pavé de bonnes intentions!
JHB
30. 06. 14
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.