Poésie et philosophie: deux espaces de liberté
Posté par nofim le 7 juillet 2014
Le Surmoi linguistique et ses antidotes: philosophie et/ou poésie
par Jacques Halbronn
La faculté d’improvisation collective est de plus en plus
compromise ou de plus en plus défaillante, même en musique,
en sport d’équipe (foot ball) et dans les cafés philo et autres colloques. Les gens
n’ont plus l’esprit créatif d »équipe et ne parviennent pas à
conjuguer leurs efforts, à produire une véritable synergie.
Autrement dit, sans un puissant Surmoi, le groupe semble
impuissant à réaliser une performance intéressante et sans
le Surmoi, chacun joue « perso » et le résultat d’ensemble est
cacophonique. Tout se passe comme si nous ne savions plus
harmonser les actions des uns et des autres, à coordonner
heureusement les initiatives.
En phase initiale d’un cycle, le Surmoi joue un rôle formateur
(formatage) -apprentissage du langage, intégration sociale
normative- c’est un temps que nous qualifierons de féminin.
En phase de maturité d’un cycle, le Moi doit se dégager du
joug du Surmoi en se ménageant des espaces de liberté et de
contestation des régles, des clivages. Il ne s’agit plus notamment
d’apprendre à distinguer les mots, les sons, les sens – comme
le reléve la phonologie- mais au contraire à les rapprocher, à les
« synonymiser », en les considérant comme des équivalents.
C »est là un exercice plus propre aux hommes. Bien
des synonymes sont en effet liés à des emprunts linguistiques et
vouloir à tout pric distinguer un mot d’un autre est un exercice
assez vain, visant à légitimer après coup la diversité. On est
dans une sorte de rationnement qui conduit à ce que chaque
mot ne recouvre plus qu’un segment de plus en plus étroit. On
a pu observer le phénoméne en astrologie où l’intégration
de nouvelles planétes à partir du XIXe siècle a conduit à
rogner sur la répartition préexistante. Plus il y a de convives,
plus les parts seront petites.
Poésie et philosophie ont justement pour mission de limiter
le nombre de parts de façon à ce que chaque part soit plus
grosse. A la limite, si je dis que le monde se divise en deux,
cela produira des parts énormes mais cela implique que
toutes sortes de mots soient considérés comme équivalents,
interchangeables au sein d’un ensemble plus vaste et face à
un autre ensemble. D’où la différence entre philosophie et
psychologie laquelle va jouer sur la charge de tel ou tel
mot ou nom pour telle ou telle personne.
Il y a un temps pour les philosophes et les poétes, qui est celui
de la maturité, quand les choses se décantent et se simplifient,
où l’on prend de la hauteur (à l’instar d’un aigle) et il y a un
temps de la diversité qui est lié à l’absence de lumière, au
rétrécissement des perspectives. (à l’instar de la vache dans son
pré, son lopin de terre). Quand on n’ a pas de vue d’ensemble,
on n’a d’autre choix que de passer par la parole et cela fait
perdre beaucoup de temps car avec la vue, au contraire, un
« coup d’oeil » suffit (c’est l’Augenblick allemand qui
signifie instant)
Le poéte qui fait ses rimes doit embrasser la totalité de
sa langue pour rapprocher des mots qui se ressemblent
par leurs finales (rimes) mais dont les significations semblent
peu compatibles. Inversement, le philosophe -et on aura
compris que pour nous la philosophie se rattache à la
linguistique, à la sémantique’- aura à rapprocher des mots
qui ne se ressemblent pas formellement mais dont les
significations se recoupent.
Un bon politique doit être un bon philosophe comme
disaient les anciens Grecs. En ce sens, qu’il doit rapprocher
les points de vue mais aussi savoir dialectiser là où l’on
pensait qu’il n’y avait pas débat, doute. Un publiciste, quant
à lui, devra être un bon poéte en reliant des mots qui n’ont
aucun rapport mais qui parce qu’ils se ressemblent dans leur
forme n’en interagissent pas moins dans l’esprit du public.
Voilà pourquoi il y a peu de femmes parmi les grands
poétes, les grands philosophes mais aussi les grands
politiques car elles sont par trop prisonnières des
définitions, des étiquettes. En fait, elles ne sont à leur place
qu’en début de cycle, dans les petites entités et dès que
l’espace s’élargit, elles sont déstabilisées. En ce sens, les femmess
sont dans le centrifuge et non le centripéte, sauf dans un
seul cas emblématique, quand elles revendiquent
l »égalité des hommes et des femmes.
Cette revendication nous semble en réalité totalement
étrangère à l’esprit féminin et c’est probablement une
invention des hommes dont on a dit qu’ils tendent à
relativiser toutes les différences, les cloisonnements. C’est
dire que les femmes sont en porte à faux par rapport
à cette exigence de « synonymie »,elles qui sont si
sensibles aux moindres différences. D’où des revendications
égalitaristes maladroites et confuses où les femmes jouent
à contre -emploi un rôle qu’on veut leur faire jouer, où elles
sont instrumentalisées . En outre, la philosophie ne
saurait passer outre le principe de dualité. On ne peut aller
au delà du deux qui est le point d’achopement.Sinon on
se fait plus philosophe que les philosophes et l’on jette
le bébé avec l’eau du bain.
Dans le domaine scientifique »dur », il en est de même, la
plupart des clivages sont un frein pour la pensée et ce sont
des verrous qu’il faut faire sauter. Mais cette fois, cela
passe notamment par la question des atomes qui unifient
le champ des objets. Le numérique, également, a vocation
à unifier le monde matériel, au niveau des avancées
techniques. .
Tout le génie humain, dans tous les domaines, passe
par la « synonymie », l’équivalence, la sensation des doubles
emplois et cela vaut aussi dans le domaine économique.
Les femmes réagissent frileusement face à de telles
« contractions » qui augmentent certes la taille des parts mais
limitent d’autant le nombre de convives, d’emplois. Or, en
début de cycle, les femmes reprennent leurs droits car
chaque enfant a besoin d’une mère (sauf pour les
jumeaux, les triplées) à la différence d’autres espéces qui
pondent d’innombrables oeufs. En fait, c’est la naissance
qui crée de l’absurde et non la mort car pour se reproduire
les hommes doivent se diversifier, au regard du nombre de
femmes même s’il faut peu d’hommes pour produire beaucoup
d’enfants. La procréation constitue un extraordinaire
goulot d’étranglement qui conduit tout processus d’ouverture
à revenir vers la fermeture, le temps d’un nouveau processus
cyclique..
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