Hybridité de l’écriture et de la musique instrumentale
Posté par nofim le 11 juillet 2014
Le caractère hybride du langage et de la musique
par Jacques Halbronn
Le cas de l’hébreu risque d’induire en erreur car on nous
dit que c’est une langue qu’il faut savoir parler (‘oral) avant
de pouvoir la lire. Or, nous allons montrer que l’oralité
n’advient dans le rapport des humains à la langue que
dans un deuxiéme temps même si ceux-ci étaient en mesure
de proférer des sons, ce qui n’est jamais au départ qu’une
matière première qui ne constitue pas à proprement parler
un langage mais un pré-langage comme le bloc de marbre
est une pré-sculpture.
Selon nous, le langage originel ne passe aucunement par
l Ȏcriture qui implique ce que nous appelons un usage
« externe » impliquant d’inscrire (même racine qu’écrire)
un message sur quelque support (médium).
Nous avons d’abord parlé avec nos mains à la manière des
sourds muets en n’attachant que peu d’importance aux sons.
Nos mains ne servirent pas seulement à saisir des objets mais à
les désigner, à les mimer, par une gestuelle imagée. Entre
prendre un objet et le montrer, il y a une grande différence
qui est le passage de ce que nous avons appelé la technologie
organique, interne (montrer) et la technologie externe
(prendre). On notera que le verbe comprendre signifie
que l’on intégre une information sans la saisir matériellement.
Comprendre le cosmos – l’apprendre- n’est donc pas le prendre,
par exemple, d’où les préfixes devant le radical
On pourrait fort bien concevoir une humanité muette et
l’essor actuel d’Internet et des SMS nous confirme dans ce
sens alors que l’on pouvait s’attendre une prédominance
de l’oralité au XXIe siècle, ce qui a pu sembler être le cas
lors de l’essor du disque (audio) et de la radio.. Mais au XXIe
siècle l’image marque des points notamment par le biais
des icones et de toute la technologie du visuel.
Comment se fait-il alors que l’oralité soit entrée dans nos
moeurs? Quid de la lecture, de la prononciation qui est
le passage du visuel vers l’auditif, l’audible?
Selon nous, cela tient à la rencontre de l’homo sapiens avec
l’humanité du Neanderthal lequel devait être privé de
lumière dans son mode de vie (cavernes obscures) et
fonctionnait beaucoup par le toucher, d’où l’importance des
mains mais aussi de la bouche pour saisir les choses sans
parler du rôle des organes sexuels, bien évidemment. Le
monde de la nuit est typiquement néanderthalien et c’est
généralement quand la nuit tombe que les rapports
sexuels se produisent.
Donc, pour que l’homo sapiens puisse communiquer
avec le néanderthalien, il a fallu « traduire » le visuel en
auditif, d’où la lecture à voix haute impliquant un encodage
du son ( jusque là phénoméne second chez l’homo sapiens
et probablement plus développé chez le néanderthalien)
par rapport au visuel..
Bien évidemment, seul l’homo sapiens pouvait traduire
le visuel en son puisqu’il fallait pourc cela voir.En sens
inverse, le néanderthalien pouvait produire un langage
sonore -tel que fixé dans ce cadre- <que l’homo sapiens
captait bien que ses facultés auditives étaient initialement
moins débeloppées. L’un dans l’autre, l’homo sapiens
apprit à entendre et le néanderthalien à voir pour parvenir
à une symbiose qui est l’ »état de notre humanité actuelle.
Mais les séquelles des états premiers persistent, selon
un modéle que nous avons élaboré, à savoir que les
mâles sont les héritiers de l’homo sapiens et les
femmes du néanderthalien, au regard de notre
propre anthropologie.
D’où la prédominance de la parole dans les groupes
féminins (femmes entre elles), comme si le fait de séparer
les sexes réactivait les réflexes anciens et la parole réduite
à la portion congrue par exemple au sein d’une équipe de
foot ball, durant le match, avec prédominance d’hommes sur
le terrain mais aussi dans le public, présent comme devant
son poste (malgré les commentaires) où la gestuelle sert de mode
d’expression principal (carton jaune, rouge etc)
et l’oralité se réduit à une forme assez peu sophistiquée
(hurlements, cris, applaudissements, sifflets etc).
On reste avec deux humanités, l’une à tendance mutique,
friande d »une gestuelle, de mimiques (pied de nez, langue
tirée, bras d’honneur etc) et l’autre qui capte le monde
par le biais des mots et qui met sur un même pied les
mots qui désignent des objets concrets (mais invisibles
au non voyant) et abstraits. L
Selon nous, le langage tel que nous le connaissons s’origine
dans le visuel lequel offre un champ très ouvert sur le monde
car l’homo sapiens n’a pas vécu dans un espace confiné
comme le néanderthalien. Les conditions de vie qui
s’imposèrent au néanderthalien étaient peu propices à une
certaine ouverture vers le monde concret dans sa diversité. Par
le truchement de l’homo sapiens, le néanderthalien découvrit
le monde mais il ne le fit que par le biais du langage et donc
par ce qu’on lui en disait, d’où un surinvestissement des mots
par les femmes dont on a dit la filiation (cf supra) avec
le néanderthalien. Cette médiation que l’homo sapiens a
instauré pour communiquer avec le néanderthalien
explique qu’encore de nos jours, les femmes aient besoin
de l »écrit et n’aient pas un contact direct avec le monde
extérieur, d’où de médiocres facultés d »‘observation en
dehors de l’étude des textes… Il est clair par ailleurs
que les femmes sont marquées par la demande de visuel
des hommes (couture, coiffure) et les hommes par la
demande d’oralité des femmes ( troubadours, chanteurs de
charme)
Pour en revenir au cas de l’hébreu évoqué plus haut, il apparait
en effet que les femmes connectent leur oralité à l »écrit mais
on soulignera que dans toute langue, il y a deux facettes :
d’une part, la désignation des objets qui concerne donc avant
tout une population qui ne les voit pas et de l’autre
l’expression de la relation à ces objets, ce qu’on en fait qui est le coeur
grammatical et morphologique de la langue, et qui passe
par un certain manichéisme, de ce qui est bien ou mal, de
ce qu’on aime ou n’aime pas..
Pour nous, le langage tel que nous le connaissons est un
phénoméne hybride, un compromis entre une humanité
du visuel et une autre de l’auditif. On dira que ce qu’on
apppelle langage est un visuel pouvant se translater en
auditif et conçu dans ce sens. Pour en revenir à la musique
où la dialectique est du même ordre, c’est à dire un genre
hybride : à la limite un orchestre est d’abord un visuel où
le son musical est secondaire. L’idée , c’est de parvenir à
produire du son à destination des non voyants. Le rôle
des instruments de musique consiste à réaliser une telle
transmutation. Prenons le cas du piano, c’est un système qui
permet de produire du son en faisant danser les mains
sur un clavier relié à des cordes.
Vu sous cet angle, les interprétes compteraient davantage
que l’oeuvre jouée. Ce qui compterait serait le spectacle
visuel qu’ils offrent in situ et la musiqe au sens sonore du
terme ne serait que prétexte. Le médium importerait plus
que le message et en fait serait déjà et d’abord le message.
C’est au fond, peut être, la leçon qu’il faudrait tirer du
désintérêt du public pour des oeuvres musicales
contemporaines, l’essentiel étant la gestuelle des musiciens
et non le son produit. On pourrait d’ailleurs couper le son
sauf pour les aveugles tout comme on donne des émissions
accompagnées du langage des signes. Deux sociétés
cohabitent ainsi: le monde des sourds et celui des aveugles.
Mais on peut aussi penser que le spectacle de l’improvisation
tant sur le plan sonore que visuel offre une qualité
supérieure par la qualité de l’impulsion.
Le geste est une interface entre le visuel et le sonore dans la
mesure où le geste, le mouvement se donnent aussi bien
à voir qu’à entendre comme dans le cas du piano où la danse
des mains sur le clavier produit aussi du son, d’où deux
approches, deux ressentis différents d’un même phénoméne.
Pour en revenir à l’hébreu, nous pensons que cela nous renvoie
à un temps où une humanité émergeant d’un monde où les
échanges étaient sonores se mit à apprendre à relier les sons
à des formes. A contrario, les langues qui peuvent directement
passer du visuel au sonore, du fait que tout y est noté- aussi
bien les voyelles que les consonnes- témoigneraient d’un
processus en sens inverse. On ne confondra pas l’écrit et le
visuel. L’écrit est l’interface entre la forme et le son., il
apparait donc tardivement lors du rapprochement entre les
deux humanités ayant évcolué parallélement et diversement.
13. 07 14
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