Nostradamus et Shakespeare
Posté par nofim le 19 juillet 2014
La filiation burlesque entre Nostradamus et Shakespeare
par Jacques Halbronn
Ces derniers jours, France Culture a consacré certains programmes à Shakespeare (Looking for Shakespeare) et certains propos
nous ont inspiré la thèse d’une filiation entre ces deux auteurs européens majeurs, quant à la fortune de leurs oeuvres, à laquelle nous n’avions pas songé jusques alors. Il apparait en effet que dans certaines pièces, (comme dans Falstaff) la langue anglaise est singulièrement pervertie ou plutôt subvertie.
Or, n’est-ce pas le cas des quatrains des almanachs et des centuries , publiés sous le nom de Nostradamus, qui bouleversent
sans vegogne la prose d’origine de Michel de Nostredame?
Si l’on s’en tient à la chronologie, l’idée d’une filiation n’offre rien d’inconcevable. Shakespeare naquit deux ans avant la mort de
Nostradamus/
D’une part, certains almanachs de Nostradamus
sont traduits de son vivant en anglais, accompgnés de leurs quatrains (vers 1559 notamment), d’autre part, les Centuries ont
certainement été lues en Angleterre dans leur original français, étant donné la parenté lexicale entre l’anglais et le français. (cf notre
DEA à Lille III en littérature anglaise sur la traduction anglaise du traité astrologique d’Auger Ferrier)
Ce rapprochement permet d’ailleurs de mieux comprendre la fortune des Centuries dont la publication posthume, selon nous, doit se situer à partir de années 1585-1595 donc à une époque créative pour Shakespeare Hamlert esr représenté entre 1598 et 1601
(. Le texte fut publié en 1601)/ donc à l »époque où les Centuries atteignent leur expression terminale (cf R. Benazra, Répertoire
Chronologique Nostradamique, Ed Trédaniel 1990)
Il conviendrait en tout état de cause de s’interroger sur une telle mode ayant pu marquer divers auteurs.
On peut penser que le succés initial des Centuries n’aurait pas été à caractère prophétique si ce n’est sous une forme satirique, burlesque
avant de réintégrer avec le Janus Gallicus (1594) une
dimension plus historique que prophétique/ Mais là
encore, on nous montre une Histoire de France réduite
à quelques quatrains étranges, comme une sorte de miroir
déformant.
Un autre point commun entre Nostradamus et Shakespeare,
c’est évidemment les doutes sur la paternité de leurs
oeuvres respectives. Serge Hutin nous rappelle l’hypothèse
Francis Bacon à propos de la composition des pièces de
Shakespeare. Quant au véritable auteur des Centuries, nous
ne hasarderons pas ici à faire des propositions. Il aura
utilisé le matériau constitué par des imprimés mais aussi
probablement des manuscrits de Nostradamus pour le
transmuter à un galimatias qui ne s’en prête pas moins
au commentaire ou qui s’y préte d’autant plus.
Ni l’existence de Michel de Nostredame
ni celle de William Shakespeare ne sont mises en dout, c’est
ce qu’on leur attribue qui fait probléme dans un cas
comme dans l’autre.
C’est ainsi que non seulement le texte se voit distordu mais
aussi l’identité de l’auteur est mise à mal.
En jouant sur les mots, l’on pourrait mettre comme
dénominateur commun le concept même
d’interprétation qui se préte aussi bien au rapport avec
les quatrains qu’avec les pièces de théatre.
Nous n’exclurons donc pas, pour notre part, l’idée que les
quatrains des almanachs constituaient une sorte de
charade, d’amusement (entertainment), de loufoquerie.Et
le genre sera illustré largement dans le domaine des
almanachs sous toutes sortes de noms avant de donner lieu
à des centuries de quatrains, sorte de poésie burlesque,
bouffonne, ubuesque que l’on retrouve notamment dans
le Falstaff de Shakespeare.
JHB
19 07 14
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JHB
18 07 14
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