Avatars de l’astrologie post-Gauquelin au XXIe siècle
Posté par nofim le 24 juillet 2014
La convivialité en milieu astrologique autour des thèmes de naissance
par Jacques Halbronn
Il est un exercice que les astrologues aiment pratiquer
en commun et qui connait un certain succés, c’est l’exercice
du thème en aveugle (cf E. Teissier L’Astrologie science du XXIe siècle, Ed Europe 1, 1988, pp. 123 et seq)
. Il s’agit de donner un thème natal
à un groupe d’astrologues assez avancés et de les inviter
à « deviner » collectivement ou individuellement de qui il
peut bien s’agir. Il y a trente ans, on avait ce genre de
séance à l’Espace Bleu (Evelyne Faure) avec la personnalité concernée
intervenant à la fin et réagissant. De nos jours, sur Paris, Didier Geslain a tenté
de relancer la formule dans ses Dimanche Liberté, hebddomadaires mais cette
fois, tout le monde peut intervenir et pas seulement une brochette d’astrologue et la personnalité
n’est présente qu’une fois par mois.(cf nos enregistrements sur You Tube).
Que nous inspire un tel exercice et est-il conduit dans des conditions
pertinentes au regard de ce qu’on peut attendre de l’Astrologie?
Signalons aussi un autre exercice, pratiqué dans d’autres cénacles, où le conférencier (par exemple
à l’asssociation Source, aussi sur Paris) présente une série de personnages en principe assez connus et offrant certaines similitudes
entre eux du point de vue de leurs astralités repectives.
Quelque part, on se situe ici dans une astrologie post-Gauquelin vu que l’accent est le plus souvent mis
sur les activités professionnelles et implique une heure de naissance aussi précise que possible pour situer l’horizon et le
méridien. Mais par ailleurs, la prise en compte des dates marquantes de la vie des personnes semble une sorte de parent pauvre, de corvée à laquelle on s’efforce d’échapper et qui serait réservée au secret de la consultation, sous la pression de la clientèle. L’avantage d’avoir
le client en face de soi ou au bout du fil, c’est que c’est lui qui fait tout le travail de recensement des données chronologiques alors que si cela incombe à l’astrologue, il lui faut plancher sur des biographies. En effet, le travail chronlogique comporte une double contrainte :
d’une part, il faut connaitre les dates de la vie de la personne et on ne saurait en circonscrire le nombre et d’autre part, il faut calculer
les dates des rendez-vous cosmiques correspondants au moyen des diverses techniques prévisionnelles (transits, directions,
révolution solaire, retour d’une planéte par rapport à sa position natale etc). En pratique, cela signifie que l’on se dispsensera d’un tel
travail – au sens étymologique du terme et que l’on essaiera de faire sans.
Cela peut sembler quelque peu paradoxal que de se montrer pointilleux sur l’heure de naissance et donc sur les degrés des pointes
(cuspides) des maisons et de ne pas faire de prévisionnel, de façon rétrospective dans le cas des biographies. En effet, une des raisons
pour lesquelles, il peut sembler important sinon crucial de calculer correctement les « maisons de l’horoscope », c’est que cela pouvait
affecter la précision de la prévision, notamment avec les directions dites primaires. C’est d’ailleurs ainsi que l’on « rectifiait » l’heure de
naissance il y a un siècle. Mais de nos jours, l’on s’appuie sur l’état civil, ce qui dispense, apparemment, de toute vérification. On peut
dire que les astrologues actuels ne se cassent pas trop la tête et même ont un poil dans la main, d’autant que par ailleurs, ils ont
toute une logistique informatique à leur disposition sans parler de tout ce qu’Internet peut fournir comme informations sur la
carrière de telle ou telle personne. Ajoutons que les banques de données de naissance permettent de choisir les cas qui « marchent »
quand on veut réunir une brochette de thèmes. Il est clair que Didier Geslain va choisir des thèmes qui « collent » avec les personnalités
concernées.
Mais peut ête cette frilosité prévisionellle est-elle une réaction de protection contre un risque de saturation? Une autre explication s’offre à nous, à savoir que le maniement des techniques prévisionnelles est en plein déclin et se limite le plus souvent au climat
astral au moment de la consultation; Cette astrologie natale, généthliaque, sert en fait d’astrologie « horaire » mais c’est là un « non dit »
(selon l’ethno-méthodologie de Garfinkel), un « allant de soi » qui passe par une certaien langue de bois.
Mais revenons à notre jeu de salon, de société auquel se prétent docilement les « convives » de ces réunions astrologiques? Le thème en
aveugle implique donc que tout le monde a le thème, la date de naissance, le sexe (né ou née?) mais pas l’identité. Quel est l’enjeu d’un
tel exercice?
Quelque part, il est (sous) entendu que l’on est censé ainsi assister et participer à une démonstration de la valeur de l’Astrologie. Les
statistiques sont à l’arrière-plan. En fait, il s »‘agit d’un jeu qui a ses régles.
Il y a les maisons astrologiques et chaque maison recouvre un certain domaine d’activités mais aussi des personnages comme les frères
et soeurs, les parents, les enfants, le conjoint ou des situations comme la maladie, la mort, les richesses, les honneurs.
Il y a les liens entre planétes et signes qui sont déjà établis et attestés depuis
2000 ans au moins et restés inchangés (sauf en ce qui concerne les nouvelles planétes, depuis 1781)
Ces deux ensembles sont articulés l’un par rapport à l’autre de sorte que les significations des maisons
astrologiques peuvent ainsi se connecter, la mort et les frères et soeurs, la maladie et les parents, les richesses et le mariage et
ainsi de suite.
Il revient à chacun des « joueurs » de « faire parler » le « thème » mais le meneur de jeu a pour fonction de distiller au compte gouttes des
informations sur la personnalité dont c’est le thème et qu’il est le seul à connaitre. On retrouve ainsi peu ou prou l’ambiguité de
la consultation: l’astrologue doit susciter des réactions de la part de son client qui le mettront sur la voie. En fait, le meneur de jeu
joue le rôle du client qui sait de quoi il parle alors que l’astrologue ne le sait pas. Mais peu à peu, au fur et à mesure que le client
« lâche » des infos, l’astrologue prend de l’assurance. C »est une sorte de jeu de rôle, où le meneur de jeu qui est le plus souvent
l’astrologue le plus chevronné joue le rôle du client dans son « dialiogue » avec le praticien sauf que le dit astrologue ne connait pas
grand chose en ce qui concerne le titulaire du thème si ce n’est quelques clichés. Il est donc demandé aux joueurs de s’en tenir
au profil « socioprofessionnel » du client à moins qu’il ne s’agisse de quelque célébre criminel et dans ce cas, il faudra impérativement
que les joueurs trouvent une correspondance dans le thème en passant par les régles posées ci-dessus, et que nous avons quelque
peu simplifiées. On pourrait ajouter par exemple que l’on part du principe que le troisiéme signe du zodiaque vaut pour la troisiéme
maison, ce qui donne une plus grande marge de manoeuvre. On peut donc penser qu’un tel exercice est tout à fait formateur pour se
préparer à la consultation astrologique.
L’astrologue se situe dans une certaine ambiguité/ambivalence: à la fois il doit deviner ce qu’on ne lui dit pas (ou pas encore)
et à la fois il doit confirmer ce qu’on lui dit. Cela fait penser au jeu du cache-tampon; où l’on « brûle » ou au contraire « refroidit ».
Toute l’astuce tient aux indices que l’animateur parvient à exfiltrer et qui vont persuader les joueurs sans qu’ils s’en rendent
toujours bien compte, qu’ils ont « deviné » et que s’ils y sont parvenus, c’est, ma foi, parce que l’astrologie « marche ». Excusez du peu!
Quelque part, on en est à se demander si ce n’est pas le client qui manipule l’astrologue en l’aidant à dire certaines choses sur lui
qui sont supposées venir de sa lecture du thème mais qui en fait émanent du client qui en arrive à se révéler sans en avoir l’air.
Pourquoi le client serait-il » complice » de l’astrologue? Parce que le client – et c’est même là tout son transfert- est le premier
intéressé à ce que le thème soit porteur, dès la naissance, de ce qu’il est devenu, le thème montrant ainsi que le client ne pouvait faire
autre chose de sa vie que ce qu’il en a fait.
JHB
24 07 14
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