Autour d’une présentation de l’astrologie de 1940 par Néroman
Posté par nofim le 1 août 2014
L’astrologie « renaissante » de Néroman et les Années Trente
par Jacques Halbronn
Quand Néroman, en 1940, publie Grandeur et Pitié de
l’Astrologie, il est persuadé que l’astrologie, en plein
« renouveau » se trouve à un tournant qui
est lié à l’entrée dans l’ère du Verseau qui
aura été la grande affaire des années trente avec l’ouvrage
de Paul Le Cour en 37 (Ganyméde) avec la découverte
longtemps attendue en 1930 de Pluton- dont on parlait (cf
Percival Lowell) déjà en 1897 dans le manuel
de Fomalhaut qui ressort en 33 chez Vigot.
(cf La vie astrologique en deux volumes 1992 et 1995 chez
Trédaniel)
Le passage fort connu – il est repris en 1902 par Vanki dans son
Histoire de l’Astrologie (Ed Chacornac) se place dans les toutes dernières pages de
l’ouvrage, visant à répliquer à « La grand objection moderne tirée du nombre des planétes »!
« On soupçonne vaguement l’existence d’une planéte au delà de Neptune et d’une autre nommée
Vulcain entre Mercure et le Soleil. » et quelques lignes plus bas: « La planéte au delà de Neptune existe, elle
se nomme Pluton. La réalité de Vulcain est aussi admise ».
Rappelons que l’ouvrage de Brunhübner, dont
la traduction française date du milieu des années trente
signale que le nom de Pluton est sorti à la suite d’un
concours remporté par une petite fille répondant au nom
de Venitia Burney.
L’ouvrage parait chez (Fernand) Sorlot -(Nouvelles Editions Latines, cf notre récent interview avec l’un des fils de l »éditeur, François (Ed Lanore) et nous avons publié Aquarius et la Nouvelle Ere du Verseau chez un autre de ses fils, Bertrand (Ed L’Albatros)
l’éditeur qui a publié entre 35 et 39 le Mein Kampf d’un certain Adolf Hiler , devenu en 33 Chancelier,
ainsi que divers commentaires (cf catalogue en 4e de couverture) Mais force est de constater que l’éditeur met en garde les lecteurs
contre le danger représenté par une telle idéologie dans sa collection « Allemagne ».
. L’ouvrage de F. Brunhübner est en allemand et est traduit en français. Pluton y est interprété en rapport avec le projet nazi et d’ailleurs la vie
astrologique de l’époque est dominée par les Allemands (le Dr H. Korsch organise des congrès à
Bruxelles et à Paris)/
Néroman accorde une grande importance aux deux congrès qui
se sont tenus en 1937 à Paris (dans le cadre de l’Exposition Universelle/ Rappelons qu’un autre congrès astrologique
eut lieu à quelques semaines d’intervalle dans ce même cadre. On a les Actes de ces deux manifestations
concurrentes) et en 1938 à Nice. (Cosmobiologie, cf La Presse Médicale 17 Août 1938, et Actes in Revue de Cosmobiologie, Recvue
Internationale des Sciences Anciennes et Modernes concernant les relations de l’Univers et de la Vie, Nice (Cote BNF 4° R 4590, pp. 318 et seq ) Ce Congrès peu signalé par les historiens de la vie astrologique du XXe siècle se tint dans trois villes de la
Côte d’Azur (Nice; Monaco, Menton). Il est vrai qu’il n’y est pas traité stricto sensu d’astrologie mais de tout le domaine des
corrélations générales mais cela peut apparaitre comme apportant de l’eau au moulin de l’astrologie.
A en croire le fondateur du Collége Astrologique de France qui
est apparu sur la scéne astrologique au cours de cette
décennie, il y a un réel engouement pour l’Astrologie en
cette fin des années trente. Notons aussi que c’est au cours
de cette même décennie que l’astrologie envahit la presse..
En 1943, parait son magnum opus, le Traité d’Astrologie
Rationnelle.
Dans Grandeur et Pitié de l’Astrologie,
Néroman met en cause un certain nombre de ses collégues
en se servant d’anagrammes: c’est ainsi que Léon Lasson
devint Sanlos, Louis Gastin Tignas. Il s’en prend aussi à
Volguine alias Levingov à propos de ce qu’il écrit sur Moïse.
Quant à Rastaban dont parle Néroman, qui est-il (p. 139)?
Son ouvrage montre l’intérêt de Maurice Rougié alias
Néroman (d’abord Dom Necroman!) pour une astrologie des
jours de la semaine et des heures planétaires, sans rapport
direct avec la réalité astronomique mais qui a le mérite de
constituer des divisions égales. Il montre que l’ordre des
planétes selon les jours de la semaine n’est qu’une projection
de l’ordre astronomique prôné dans la Tétrabible de
Ptolémée (cf nos Clefs pour l’Astrologie Seghers 1976 et
Mathématiques Divinatoires, Ed Trédaniel 1983).
Sur les Quatre Eléments, Néroman écrit que sont « des
symboles qui représentent les phases de l’évolution » (p. 64).
Autrement dit, ce sont surtout des symboles qui sont mis
en avant mais qui n’ont pas d’assise scientifique, ce qui ne nuit
en rien à leur valeur.
Néroman présente les domiciles et les exaltions, (il parle de
« pulsations » pour désigner le rapport entre les deux positions
Il propose Mercure exalté en sagittaire à l’opposé de son trône en Gémeau, ce qui est
assez insolite si ce n’est que l’opposition comporte deux signes
de même genre. C’est là une anomalie de son systéme d’autant
qu’il souligne que les positions négatives (chute, exil)
sont à l’opposé des positives. Notre auteur place le domicile de Vénus
« céleste » en Gémeaux, donc au trigone de son domicile en
balance. Il place une exaltation de Jupiter en Verseau au sextile
du trône en Sagittaire, une exaltation de Saturne en scorpion
au sextile de son trône en Capricorne et ainsi de suite -p. 76)
Le principe sous-jacent ce sont les aspects entre signes de même
genre pour le trône et l’exaltation, avec d’un côté en « céleste »
des signes masculins et en « terrestre » des signes féminins.
On notera que Néroman n’introduit pas ici, en 1940,
les planétes au delà de Saturne, ce qui est en accord avec son travail
sur les jours de la semaine. Soulignons-le Néroman ne se
référe bien souvent à l’astronomie qu’à un niveau
symbolique, analogique. Au niveau prévisionnel, il préfére
partir du -thème natal (sensitif dans son jargon)
et le faire « évoluer » (en direction) que de regarder les transits
en consultant les éphémérides. Pour ce faire il propose des
directions évolutives tenant compte de la vitesse
décroissante de cicatrisation du corps.
Néroman s’en prend à Ptolémée, mais c’est surtout les sentences
du Centiloque qui sont dans son colimateur, dont
l’attribution au dit Ptolémée fait débat.
Néroman prône par ailleurs une « astro-radiesthésie » (p. 175)
et sa revue portera par la suite référence à la radiesthésie
qui se voit ainsi associée à l’astrologie.
Néroman se veut l’apôtre en ce début de décennie, d’une
‘astrologie renaissante « (p 203)
Pas un mot de Néroman sur les planétes au delà de
Saturne alors que celles-ci sont abordées dans ses autres
ouvrages. Tout se passe comme si Néroman se méfiait des
apports de l’astronomie, ce en quoi nous sommes parfaitement
en phase avec lui. Il n’y touche qu’avec des pincettes.
Comparons l’ouvrage paru en 1940 avec le gros volume de 1943, le
Traité d’Astrologie Rationnelle. (réédité en 1982 (Table d’Emeraude) et en 2008
chez Arma Artis) Les planétes transsaturniennes y jouent ( cf pp./ 67 et seq.) un rôle dont il n’avait pas
été question trois ans plus tôt. Le cas de Mercure est toujours aussi particulier: Néroman a jugé bon d’établir des
doubles exaltations sur le modéle des doubles domiciles et c’est ce qui le conduit à placer ses deux exaltations en vierge et
en gémeaux avec en trônes vierge et sagittaire, ce qui donne deux anomalies: la vierge est à la fois trône et exaltation de Mercure et
Mercure exalté en sagittaire est opposé à Mercure en trône en gémeaux! Mais Néroman n’a pas le choix sur le plan structurel. C’est ce
qu’il appelle l’Astrologie « rationnelle ». Mais son intérêt pour les doubles domiciles et les doubles exaltations concernant le
Septénaire est mis en échec par un nouveau projet qui se développe d’intégrer de nouvelles planétes et d’en revenir à un seul
trône et une seule exaltation par planéte sur le modéle des luminaires.
Dix ans plus tôt, en 1933, Néroman (alias Maurice Rougié) avait publié (Ed Maurice d’Hartoy) Planètes et Destins (1934). Les vérités
millénaires retrouvées et Planétes et dieux(1933). il est patent que l’auteur intègre dans son systéme de nouvelles planétes inconnues de
l’Antiquité (Junon (astéroïdes), Uranus, Neptune, Pluton)
Que s’est-il donc passé à la fin des années trente pour que Néroman en revienne au seul septénaire dans Grandeur et Pitié de
l’Astrologie et encore pour peu de temps? On note qu’en 1940, l’auteur se dénomme « Dom Néroman » et non plus « Dom Nécroman »(il
gardera désormais ce pseudonyme corrigé) et il ne revendique pas son titre d’Ingénieur civil des mines qu’il utilise en 33-34 puis en 43.
(cf Didier Racaud. L’astrologie des Initiés selon Dom Neroman,, 1983) En fait, il arrive qu’un auteur emprunte une nouvelle voie puis
revienne à l’ ancienne. En 1940, Néroman avait, apparememnt, jugé préférable de se démarquer de l’astronomie moderne, renouant
ainsi avec la littérature astrologique française du XIXe siècle. En tout cas, en 1940, l’intérêt des astrologues pour les nouvelles
planétes est particulièrement net et l’on a du mal à comprendre comment Néroman qui j,usteement parle d’un « renouveau » de
l’astrologie ne dise pas un mot de Pluton en 1940. Dans Planétes et Dieux, Néroman situe l’action à l’automne 1927 donc avant
la découverte de Pluton pour justement qu’un Sage en annonce la prochaine découverte en 1930. On se perd donc en
conjectures sur cette omission, à moins que l’ouvrage n’ait été censuré ou n’ait été publié que partiellement.
JHB
01 08 14
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