L’automutilation par les cheveux
Posté par nofim le 2 août 2014
Les cheveux comme objet d’auto-mutilation
par Jacques Halbronn
Il y a actuellement une mode chez les femmes, à Parisn, à se raser une tempe. On peut se
demander s’il ne s’agit pas d’une forme d’auto-mutilation « soft ». (
Certes, les cheveux, cela repousse mais sur le moment c’est bel et bien vécu comme une forme
d’agression, de maltraitance contre soi-même, comme pourrait aussi l’être l »excés de ce que nous
ingurgitons par la bouche (boissons, tabac, nourriture) sans parler d’une certaine forme
d’abrutissement sonore (CD, télévision etc). On pourrait aussi citer le piercing, le tatouage.
Mais l’atteinte aux cheveux offre certaines particularités assez remarquables au niveau du ressenti
immédiat. Cela peut se faire en quelques secondes, ce qui n’est pas le cas des autres pratiques
signalées plus haut qui correspondent à des effets à plus ou moins long terme.
Les cheveux font bel et bien partie de notre « look », bien plus qu’un vêtement et ils nous
appartiennent plus que quelque appareil (téléphone, ordinateur). On parle de « couper » les
cheveux et les ciseaux ressemblent d’assez près à un poignard. On peut aller chez un coiffeur,
se « faire couper les cheveux » mais le nec plus ultra est, en l’occurence, de se les couper
soi-même, ce qui rattache bel et bien l’acte à une forme d’auto-mutilstation qui a été
étudiée assez largement par divers auteurs (-cf M Desseilles, B. Grosjean, N. Perroud, Manuel du border line, Ed Eyrolles 2014). D’ailleurs, l’on y parle de « se couper » pour désigner le fait d’appliquer un
couteau sur une partie de son propre corps (scarification). Il est clair que ce « passage à l’acte »
soulage. (p. 106, Manuel op. cit), ce qui correspond éventuellement à une forme de punition
que l’on s’inflige, en prenant la place d’un autre absent.
A l’origine de cette mutilation par les cheveux, il peut y avoir eu une forme de maltraitance
par la famille. En effet, intervenir sur la coupe des cheveux est une façon autorisée de porter
atteinte à l’intégrité d’autrui, au nom de quelque norme que l’on brandit. Pendant longtemps,
les hommes étaient beaucoup plus sous pression « capillaire » que les femmes. Il fallait que
périodiquement ils « sacrifient » leur chevelure, ce qui ne peut se faire qu’en recourant à des
« instruments » coupants. A force d’insister dans ce sens, on peut concevoir que l’auto-mutilation
corresponde à un besoin d’amour passant par une certaine forme d’obéissance à une telle
requéte.
La coupe des cheveux – (on pense aux Misérables de Hugo, où Cosette vend ses cheveux) se situe
entre le vol et le viol. Les cheveux nous appartiennent et en même temps il n’en est pas
vraiment ainsi. Il importe en tout cas de distinguer entre ces deux plans: ce qui est vraiment à nous
est ce que l’on ne peut nous enlever sans nous blesser (code pénal) et ce qui ne l’est pas vraiment
est ce que l’on peut nous prendre (code civil). Comme nous l’avons dit ailleurs, l’absence
d’éléments extérieurs garantit une certaine authenticité. Si j’interdis à quelqu’un de lire un texte,
d’interpréter une partition, je m’assure qu’il n’y aura pas de substitution, de trucage. Cela vaut
aussi pour les postiches, les perruques. On s’interrogera
aussi sur cette mode des crânes rasés.
Pour en revenir à la pratique d’automutilation par la coupe des cheveux, elle peut tout à fait
produire de la souffrance plus psychique que physique. Paradoxalement, il est plus facile de
dissimuler une scarification qu’une atteinte aux cheveux. Ajoutons que toute forme
d’automutilation suppose une certaine tendance à la schizophrénie dans la mesure où celui qui se
coupe les cheveux à lui-même, joue le rôle de l’autre.
Il serait intéressant de connaitre les motivations et les rituels qui président à cette
automutilation capillaire que les jeunes femmes s’infligent à moins qu’il ne s’agisse d’une
forme de revendication d’androgynat.
Mais on ouvrira un peu plus encore le débat en ce qui
concerne le port des lunettes. Quelle est la part d’une
certaine maltraitance des yeux (lecture dans des endroits
trop sombres par exemple mais aussi recours prématuré à
des lunettes)?
JHB
03 07 14
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