L’Allemagne et la réforme de l’astrologie de Kepler à Brunhübner
Posté par nofim le 7 août 2014
Les astronomes et la réforme de l’astrologie en Allemagne de Kepler à Brunhübner (1618-1937)
par Jacques Halbronn
Quelles sont les causes des réformes de l’astrologie? Sont-elles
internes ou externes? Nous prendrons deux exemples
distants de 300 ans environ l’un de l’autre, celui
Johannes Kepler et celui de F. Brunhübner.
Kepler (cf Gérard Simon, Kepler astrologue astronome, Ed Gallimard 1979) est crédité à juste titre d’avoir utilisé des aspects comme le semi-sextile, le quintile et le biquintile comme il apparait dans
son « Neu und Alter Schreib Calender » pour 1618; paru à Linz. (cf fac simile in Gesasmmelte Werke Band XI, 2, Muncich 1993). On note un absent de marque à savoir le’ quinconce alors que le dodectile (ou semi-sextile) qui en est le complément (30° + 150°= 180°) On les désigne sous le terme
d’aspects mineurs. En revanche, il n’y est question ni de semi-carré, ni de sesqui-carré. (45° + 135°)
alors que le semi-carré est la division en 8 de 360° tout comme le quintile est la division en 5 (72° et 144° pour le bi-quintile).
Nous pensons avoir trouvé la clef du système des aspects selon
Kepler et de fait nous nous sommes faits une spécialité de
déterminer la rationalité des divers dispositifs (cf nos
Mathématiques Divinatoires). En fait, quand bien même nous
n’avons pu trouver de confirmation, cela nous semble aller
sous le sens. Kepler aura voulu qu’il y ait autant d’aspects que
de planétes et que chaque planéte ait « son » aspect. Il a
pris une série – au niveau de la division du cercle-
2-2,5-3 et en divisant par 2 cela donne 4-5-6 plus un septiéme
aspect qui est la division en 2 du 6 ce qui donne 12 . On
retrouve ainsi les aspects suivants 180-144- 120 puis
90-72- 60 et enfin 30. On ignore selon quel argument tel
aspect pourrait être associé à telle planéte mais de même
qu’il y a des planétes « bénéfiques » (Vénus -Jupiter) ou fortunes
et d’autres « maléfiques » ou infortunes (Mars-Saturne), ce qui
a joué aussi sur les « bonnes » et « mauvaises » maisons selon
le dispositif des « joies » (V et XI, positives (associées à Vénus
et Jupiter respectivement), VI et XII, négatives
associées respectivement à Mars et Saturne). Or, on considére
traditionnellement que le carré et l’opposition sont « dissonants)
et le trigone et le sextile sont « harmoniques », on peut donc
penser que le quintile et le biquintile sont » neutres » un peu
à la façon de Mercure.
Se limitant à 7, Kepler n’avait pas besoin de plus d’aspects
quand bien même pouvait-on en concevoir d’autres .
Cette recherche autour des aspects témoigne en tout état de cause d’une certaine insatisfaction par rapport à l’outil astrologique comme s’il lui manquait quelque chose mais quoi? That is the question! L’Histoire de l’astrologie ne se comprend pas si l’on n’a pas conscience
de certains manques à pallier. Cela peut sembler étrange au premier abord tant on sait qu’il existe toutes sortes de moyens à la disposition de l’astrologue pour expliquer les choses/ D’ailleurs on notera que de nos jours, les astrologues ne se plaignent guère des
lacune de l’astrologie/ Il est vrai qu’entre temps ils ont été gâtés par les astronomes qui leur ont donné du grain à moudre avec leurs
nouvelles planétes mais même au début du XXe siècle, les astrologues allemands n’ont pas hésité à supposer l’existence de
planétes « hypothétiques » (Ecole « Uranus » de Hambourg) ou encore de mi-points à égale distance entre deux astres.
Mais Kepler entendait une astrologie délestée de ses diverses subdivisions (signes, maisons) et en cela il nous semble qu’il était dans la
ligne d’un Ptolémée qui provilégiait les combinaisons entre planétes. Mais dans la Tétrabible, les « aspects » se limitaient à des ententes entre signes et non à des degrés comme chez Kepler
Dans ce même document pour 1618 (il y a donc environ 400 ans), Kepler considére 4 lunes différentes avec 4 icones différents : la nouvelle lune, le premier quartier, la pleine lune et le dernier quartier. C’est dire toute l’importance qu’il accorde à la Lune, ce qui était dejà le cas dans les almanachs de Nostradamus dans les années 1550-1560. Kepler s’intéresse aussi à la tête et à la queue du Dragon (noeuds de la Lune) et il emploie le terme « Planeten » indifféremment pour les luminaires, les noeuds de la Lune et les planétes proprement dites. Mais à d’autres endroits Kepler distingue la Lune et les planétes. La Lune joue donc bel et bien un rôle omniprésent, ce qui correspond à un très ancien statut qui lui confère un rôle de lien entre les planétes. En revanche, pas un mot sur les étoiles fixes, même royales. En revanche, les éclipses l’intéressent.
Sautons 3 siècles et arrivons -en à 1937 date à laquelle parait en France la traduction du traité d’un autre astrologue allemand, Brunhubner. (La nouvelle planéte Pluton). A. Kotulla, le traducteur écrit : » Cette première théorie sur Pluton comblera (sur l’astrologie sous Hitler, cf E. Howe, Le
monde étarnge des astrologues Paris, R. Laffont, 1968, pp. 141 et seq)
parfaitement certaines lacunes dans l’interprétation des horoscopes de nativités etc (…) ce que les théories des meilleurs auteurs anciens et modernes ne pouvaient mathématiquement m’expliquer, je le découvris dans l’oeuvre de M. Brunhübner » (p.7). On nous déclare « un nouveau chapitre a été ouvert dans l’histoire de l’astrologie » / Brunhübner écrivait en 1934 mais était déjà intervenu sur
ce sujet l’année précédente lors d’un Congrès (cf La vie astrologique années trente-cinquante, Ed Trédaniel, 1995). Il est assez clair que le nom de Pluton avait été mis en avant dès la fin du XIXe siècle (cf Vanki. Histoire de l’Astrologie, 1902) La découverte de
Pluton va contraindre à une révision des domiciles des planétes, car il fallait lui attribuer un des deux signes de Mars, comme on
l’avait fait pour Uranus avec Saturne et pour Neptune avec Jupite (pp. 22 et seq)
Brunhubner n’hésite d’ailleurs pas à extrapoler: ‘ Mercure (..) cédera le signe d’air les Gémeaux à la douziéme planéte au cas où celle-ci serait découverte, ce dont je ne doute pas d’ailleurs » Il poursuit » Les anciennes planétes ne doivent pas être éliminées des signe
qu’elles cédent. mais on doit les garder comme co-gouverneurs. Lorsque plus tard les 12 planéte seront connues on attribuera
définitivement un seul signe à chacune d’elle car à ce moment, il y aura pour un Zodiauqe de 12 parties un cercle de 12 planétes. » (p. 24) Brunhübner pense d’ailleurs qu’il eut mieux valu baptisre cet astre « Janus » plutôt que Pluton/On note que le texte de
Brunhübner parait dans une Allemagne dirigée par Hitler.
Mais quel est le « message de Pluton »? Cela annonce une « ère nouvelle ». (p. 136)
Alors même que Brunhübner annnonce deux nouvelles planétes à venir, il ne peut s’empêcher d’accorder à Pluton un rôle clef « Pluton
est le prophéte et le messager d’un temps nouveau ». Il est « la fin d’un ancien monde et le début d’un nouveau » Et l’on passe au
changement de 1933 qui « représente un des centres des événéments révolutionnaires du monde » En fait, Pluton est lié au Troisiéme
Reich. « Que l’Allemagne actuelle soit influencée par Pluton est incontestable ».
On sait que 80 ans plus tard, l’on n’est toujours pas fixé au sujet des 12 planétes et que le cas de Pluton, entre temps, a été revu à la baisse.
Nous avons depuis longtemps explicité le raisonnement qui
aura conduit à l’intégration des trois transsaturniennes au sein
d’un dispositif qui aura connnu des transformations
successives, passant d’un diptyque domiciles/exaltations
autour du septénaire à un autre diptyque, celui dit des
« doubles domiciles » permettant d’ajuster le septénaire sur le
12 Et par la suite, au XIXe siècle, on remet en question
les doubles domiciles – et on a vu comment Brunhübner
traitait de ce nouvel ajustement. Uranus qui se situe
au delà de la sphère de Saturne va prendre un des signes
de Saturne, Neptune fera de même à la suite, en
remontant pour Jupiter. En revanche, au lieu de continuer
avec pluton en bélier succédant à Neptune en poissons et
Uranus en verseau, on va préférer, comme l’affirme
l’astrologue allemand nazi, associer Pluton à l’autre domicile
de Mars, le Scorpion. Mais il existe une autre tradition
qui tend à associer Uranus avec Mercure et Neptune avec
Vénus en partant d’en haut du dispositif et non d’en bas.
En fait, de nos jours, il serait raisonnable de finaliser un
dispositif qui reste en rade depuis 1930 au vu des manuels
d’astrologie. On proposera de généraliser les doubles
domiciles au lieu de les supprimer. Uranus serait domicilié
à la fois dans un des signes de Saturne et dans un des signes
de Mercure, Neptune dans un des signes de Jupiter et un des
signes de Vénus, Saturne et Jupiter gardant par ailleurs leurs
doubles domiciles. La combinatoire de chaque planéte au
vu de leurs domiciles reste ainsi différente de l’une à l’autre.
Quant à Pluton, il pourrait tout simplement ne plus être retenu
du fait de son changement de statut astronomique et Mars
garderait ses deux domiciles en bélier et scorpion. Seuls les
luminaires n’auraient chacun qu’un domicile mais si on
les considére comme une entité globale, ils ont aussi un
double domicile. en cancer et en lion. Il semble en effet
qu’il faille se faire une raison, Neptune est bien la dernière
planéte à part entière du systéme solaire, les autres astres
étant des nano-planétes comme Pluton et les astéroïdes sur
lequel certains astrologues avaient émis des doutes dès sa
découverte. Inutile de dire que l’argument selon lequel Pluton
agirait à coup sûr est spécieux car il est parfaitement impossible
-et tout le monde le sait- d’isoler un facteur de l’ensemble d’un
thème. On a vu que les propositions d’aspects de Kepler
n’avaient en fait rien à voir avec une quelconque pratique
mais relevait d’une recherche purement structurelle.
Quant au moine italien Didacus Placide deTitis, il pensait à la fin du XVI e siècle, que le salut de l’astrologie viendrait d’une nouvelle forme de
domification qui est encore de nos jours la plus répandue (Placidus). car comme il pratiquait les directions, il lui fallait revoir la position des cuspides des maisons (intermédiaires). Là encore, manifestation d’une certaine insatisfaction, d’un sentiment de manque, sous diverses formes. (cf l’éd française de 1998 du Primum Mobile de Placidus)
On ne peut s’empêcher de penser à un paralléle entre la Réforme qui s’initie en Allemagne concernant le christianisme et l’idée de réforme de l’astrologie en Allemagne, ce qui n’est pas sans faire songer à une sorte de traitement médical à un corps malade.
Cela dit, dans le cas des aspects,, il s’agit d’abord, on l’a vu,
d’une exigence structurelle: sept aspects pour sept astres et
dans le cas des domiciles d’une nécessité d’intégrer les
nouvelles découvertes astronomiques. L’argument consistant
à pallier certaines insuffisances semble purement être de
l’ordre d’une justification après coup et il apparait que ce sont
des exigences plus théoriques que pratiques, plus
structurelles que conjoncturelles qui aient joué dans la
réforme de l’Astrologie. Si notre hypothèse concernant
la théorie générale des aspects de Kepler est juste, il ressort
que l’astrologie contrairement à ce qui est souvent affirmé
ne prend du cosmos que si les données qui lui sont utiles.
Il est clair aussi que si Kepler avait eu connaissance de
l’existence de nouvelles planétes, il eut augmenté le nombre
des aspects avec un diviseur en 3, 5 et 7, soit un demi-septile
et un septile pour poursuivre la série de raison
0,5 puis 4 et 8, ce qui aurait donné 45° et 22,5°, soit
un semi-carré et un octile. Ce qui donne onze aspects..
En fait, le bi-quintile et le quinconce correspondent au
même cas de figure. Le quinconce à 150° est intermédiaire
entre les 120° du trigone et les 180° de l’opposition (diamétre),
donc correspond à 2,5 comme le biquintile, mais en
procédant différemment. De même le quintile à 72° est-il
proche du demi-quinconce à 75°/il semble que le choix du
quinconce par Kepler eut été plus heureux car c’est un
multiple de 30° et le semi-quinconce à 75° équivaut à 45° + 30.
On notera que l’on retrouve la même racine « quin » dans
quinconce et quintile, ce qui correspond au 5 de 2,5, c’est à
dire la demie.
Rappelons que la découverte de nouvelles planétes n’est
pas sans lien avec la « loi » de (Titius) Bode – laquelle prévoyait
un corps céleste entre Mars et Jupiter (que d’aucuns
appelèrent Junon et qui aura donné des milliers
d’astéroïdes) et que Neptune fut découverte par le calcul
du fait des perturbations d’Uranus par rapport aux lois
de la gravitation ( Urbain Le Verrier, Couch Adams en
1846), processus déjà engagé par la lunette de Galilée, du
temps de Kepler. On dit même que Galilée aurait noté
de son temps la présence de ce qui serait connu par la suite
sous le nom de Neptune.
Notre grand-mère maternelle était institutrice et poéte
(sous le pseudo de Claude Jonquière) et elle
forgeait des formules mnémotechniques du type
« la circonférence est fière d’être égale à 2 Pi R
Et le cercle est tout heureux d’être égal à Pi R2
Quant à la sphère, quoi qu’elle puisse faire elle sera
toujours égale à. 3 Pi R » Le présent article nous aura plongé
dans les arcanes de Pi . »
JHB
08. 08. 14
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.