L’imaginaire de la résurrection dans le monde chrétien
Posté par nofim le 21 novembre 2014
La lecture comme acte de résurrection. Une fonction féminine.
par Jacques Halbronn
Nos récentes recherches sur les livres de prières du culte « israélite »nous ont
conduit à une approche comparative des corpus et il est clair que bien des formules
des recueils juifs sont calquées dans les recueils chrétiens, à l’instar du Pater Noster
qui n’est que la transposition du « Avinou » hébraïque.
Mais des différences importantes apparaissent également notamment autour
de la question de la Mort qui hante les « missels » chrétiens.
Prenons la Liturgie de la Messe ( texte bilingue français
/latin ed Mediaspaul & Editions pauliniennes)
p. 14 J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir
p 36 Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus
nous célébrons ta résurrection
Grâce à toi qui étais mort
Gloire à toi qui es vivant
p/ 55 Vous ferez cela en mémoire de moi
p.56 Voilà pourquoi Seigneur
nous célébrons aujourd’hui le mémorial de notre rédamption
en rappelant la mort de Jésus-Christ et sa descente au séjour des
morts, en proclamant sa résurrection »
On pourrait allonger la liste de tels passages que l’on pourrait résumer par la
formule Mort et Résurrection.
Nous pensons qu’il y a là une clef pour comprendre un comportement visant
notamment à ressusciter des oeuvres du passé. Rejouer une sonate de Beethoven,
par exemple, c’est la ramener en quelque sorte à la vie. On assisterait ainsi au
miracle de la résurrection. Il y a là une sorte de culte des morts qui tend à envahir
l’espace culturel actuel et qui passe notamment par l’écrit, par la lecture qui est devenue
une priorité notamment dans l »éducation féminine et d’ailleurs l’accés à la lecture et à
l’écriture semble bien avoir été la revendication la plus importante au regard de
l’intégration sociale des femmes. D’où le personnage emblématique de la
sténo-dactylo qui a longtemps correspondu à la fonction privilégiée des femmes avant
qu’elle ne soit abolie par le perfectionnement de la technique.
Savoir lire à voix haute, interpréter une partition, c’est ressusciter le passé que l’on
pouvait croire révolu, forclos. Et d’ailleurs,dans les églises et les temples, la lecture joue
un rôle éminent, d’où l’importance des « livres de prières ».
L’historien du féminisme, avec le recul, sera conduit à constater que l’émancipation
des femmes se sera avant tout concrétisée, sur deux cents ans, par la disparition
de l’analphabétisme féminin. Et de fait, priver la société de l’apport des femmes
au regard de la fonction de scribe était effectivement une grave erreur qui aura été
corrigée.
Cela dit, il ne faudrait pas pour autant extrapoler : il y a là certes une progression
mais elle a de toute évidence ses limites du fait même qu’elle se déploie sur une voie
paralléle à celle de la création – et l’on sait que deux paralléles ne se rejoignent pas
du moins en géométrie euclidienne. En fait, l’investissement des femmes dans la
lecture aurait du conduire à mieux cerner la place des femmes dans la société mais
comme on l’a dit, les femmes ont été largement remplacées – et cela ne fera que
s’aggraver au cours des prochaines décennies- par la machine, et notamment par
les « lecteurs » , les scanners..
Mais dans une optique chrétienne, on l’a vu, lire c’est faire revivre ce qui était
mort/ Or, il nous apparait que la machine est par excellence l’ »être » que l’on peut
réparer et c’est ce qui la distingue de l’Homme. Comme dirait Camus, la mort
marque le destin des hommes. En ce sens, toute idée de résurrection a pour nous
des résonances technologiques qui préfigurent un monde complétement mécanisé.
JHB
21 11 14
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.