Le signifiant comme contenant.
Posté par nofim le 16 décembre 2014
Esthétique de la production de contenants/signifiants. La question de l’intercompréhension linguistique en Europe.
par Jacques Halbronn
A Louis-Jean Calvet, qui dirigea mes deux mémoires non soutenus. Paris V 1985-1989)
Nous voudrions insister ici sur le fait que le signifiant n’est jamais qu’un contenant tout comme le signifié n’est qu’un contenu. Le
signifiant est voué à s’emplir et à se remplir. On peut comparer un signifiant avec un vase. On peut apprécier un vase par delà son contenu.
Un beau vase ne se définit pas par les fleurs qu’on y met ni une belle boîte par les objets que l’on y place. On se’ procure ainsi toutes sortes
de « contenants » sans que la question de ce qu’on y mettra soit vraiment déterminante. En ce sens, le domaine de la langue se trouve désenclavé. Les mots ne seraient donc que des contenants au même titre que toutes sortes d’objets susceptibles d’accueullir non pas un contenu donné mais toutes sortes de contenus, à travers le temps : une maison, une église, un château, une voiture, une valise, un champ, voire un Etat.
A partir de là, on se demandera si l’influence de la langue française pour les langues et les cultures du Nord de l’Europe, de Londres à Moscou, ne tient pas à l’élégance de ses « signifiants », c’est à dire de ses contenants, par delà, encore une fois, les contenus ponctuels susceptibles de les remplir , lesquels sont en quelque sorte interchangeables.
En ce sens, la production par la culture française- et donc la société française- d’une quantité considérable de signifiants perçus comme distincts du latin fait de cette langue ou du moins de ses mots, un ciment pour toute l’Europe, puisque par la force des choses, cela
concerne aussi les langues latines qui se retrouvent dans le français du fait de l’origine latine commune. En ce sens Paris, une des villes les plus visitées au monde ne se conçoit pas sans la langue française si l’on entend par là non pas la connaissance du français en tant
que tel mais la « ‘reconnaissance » des mots française du fait des similitudes avec la langue d’origine considérée, qu’il s’agisse du
portugais, du néerlandais ou du russe! Une telle identification-soulignons-le – passe plus aisément par l’écrit que par l’oral; plus par les textes que par les personnes, notamment du fait de la variété des prononciations.
Mais ce qui nous semble essentiel, ici, tient à ce que de la sorte, il devient possible de connecter le domaine linguistique avec
le domaine musical, le domaine technique etc, puisqu’il s’agit, dans tous les cas de figure, de la production d »‘objets voués à contenir, à
accueillir tout contenu qui se présentera. On est ici en face d’outils dont on pourra faire l’usage que l’on voudra.
Cela dit, il nous revient à présent de réfléchir sur la dialectique émetteur/récepteur notamment au regard de la création et de la
procréation, ce qui pose la question de l’identité du producteur de signifiants/contenants.
Au regard de la question du « créateur » (génie), nous dirons que les plus grands créateurs ont généré des contenants et pas seulement des contenus puisque le nombre de contenants est censé être très inférieur au nombre de contenus (cf supra)
Contrairement à l’image habituellement répandue, nous dirons que le compositeur produit des signifiants et non du signifié. Il est vrai que l’on confond si souvent le compositeur et l’intérprère alors que leurs rôles sont complémentaires. Le compositeur produit des sons, est en quéte de nouvelles sonorités et celles-ci pourront être le réceptacle de toutes sortes de significations. Le signifiant/contenant est
par principe ouvert et ne saurait être plein sinon ponctuellement, ce qui ne laisse à terme de le souiller. Il lui faut périodiquement se vider, se nettoyer comme on le ferait d’un plat, d’une assiette. Le rôle de l’interprète nous apparait dès lors comme devant renouveler le contenu du signifiant musical, comme on changerait l’eau d’un vase.
La femme serait ainsi un contenant « porteur » pouvant accueillir une très grande diversité de semences masculines. Mais rappelons que
le créateur n’est pas un récepteur mais un producteur de récepteurs tout comme le compositeur n’est pas réductible à son oeuvre mais celui qui la génére. On est globalement dans une forme d’artisanat que l’on soit compositeut ou potier! Mais le potier n’est pas le pot et il n’a même pas à s’en servir. Il lui incombe simplement d’en concevoir. En ce sens Dieu nous apparait à l’image d’un potier. (cf la création de la femme dans le chapitre II de la Génèse).
Bibliographie
Claudia Media La linguistique diachronique: le projet saussurien Genéve, Droz 1998
E. F. K. Koerner Contribution au débat post-saussurien sur le signe linguistique Ed Mouton 1972
Peter Wunderli Principes de diachronie. Contribution à l’exégèse du « Cours de linguistique générale » de Ferdinand de Saussure ed Peter Lang 1990
Maurice Pergnier De Saussure à Saussure ed L’Age d’homme 2012
|
||||||
|
|
|||||
|
|
|||||
|
|
|||||
|
|
JHB
18 12 14
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.