Anthropologie du visuel

Posté par nofim le 20 décembre 2014

Pour une nouveau regard sur le visuel.

par  Jacques  Halbronn

 

Il nous semble que nous nourrissons psychiquement par le biais du visuel . Etrangement on  insiste actuellement sur le rôle de l’estomac en tant que second cerveau.  Le regard est une source majeure pour alimenter notre plaisir.  Et en ce sens, l’on comprend

l’idée de la femme voilée. On regrettera que l’on n’ait pas compris en Occident les enjeux liés au fait d’empêcher les hommes de regarder les femmes. Cela montre bien que les sciences humaines ne sont pas parvenues à appréhender toutes les implications liées à notre

sensoriaité et notamment à la vue. ll semble par ailleurs que Freud ait sous-estimé le rôle de la vue pour la vie sexuelle. Or, il est clair que l’enfant sexualise son rapport à autrui par le biais du  regard et que sa sexualité est d’abord visuelle et concerne non pas le sexe mais le visage de l’autre.

D’où un nouveau regard sur la problématique de l’abandon. Se refuser au regard de l’autre,  lui interdire sa présence est un acte grave et

pouvant être terriblement frustrant.  Loin des yeux, loin du coeur.

Or, paradoxalement,  voir ne coûte rien, est rarement facturé surtout si cela ne prend que quelques secondes car l’acte de vision peut êtres des plus brefs et n’en être pas moins intense/ Cela ne couté rien de regarder, de « lécher les vitrines ».

Notre humanité fonctionne essentiellement sur le visuel et ce n’est que lorsque le visuel est déficient que l’on se met en quéte de solutions de rechange, de continuité.

On  pourra certes objecter qu’avec le visuel, l’on reste à la surface des choses. Les objets ne nous intéressaeraient que pourvu d’être instrumentalisés. Nous ne cherchons pas à savoir ce qu’ils sont « en soi » puisque ces objets ne sont que des « contenants » (des

signifiants dirait  Ferdinand de Saussure) que l’on peut remplir à notre guise et dont nous pouvons changer le contenu le cas échéant. On y verra certainement un paralléle avec le double « statut » de la femme, à la foi objet à contempler  par les yeux mais aussi à remplir par la semence.

Que les objets soient dotés d’un nom n’est là que pour les désigner mais ce nom ne doit pas préjuger de leur contenu, c’est à dire de leur

signifié. D’où tout un débat autour  du nom des astres au début de la Logique de Port Royal.(fin XVIIe siècle)

On sait que la Science ne se contente pas d’une telle approche contenant/contenu, qu’elle n’entend pas dissocier. Pour l’homme de science, il importe de connaitre l’objet  »en soi » et non « pour soi », objectivement et non subjectivement. C’est  ce qui ,selon nous, d

distingue l’épistémologie des sciences « dures » de celle des sciences « humaines  » et en quelque sorte « humanistes »; c’est  à dire centrées sur le regard que les hommes « posent » sur le monde. D’où le débat entre astronomes et astrologues si celui-ci était, toutefois, bien posé.

La femme est par excellence objet et objectif du visuel de l’homme et cela signifie aussi, ipso facto, que ce qu’elle a à dire ne nous intéresse guère et que cela peut varier sans rien changer comme on change l’eau et les fleurs d’un vase, lequel, quant à lui, ne change pas tout comme le signifiant n’a pas à varier selon le signifié qu’on y associé ponctuellement, en un instant T.  Le signifiant est fixe, le signifié qu’on lui attribue est mobile, fluctuant. Du moins devrait-il en être  ainsi!

Nous intéresse ici prioritairement le regard de l’homme, l’homme et son regard sur le monde et nous aimons l’idée que les objets nous

parlent même s’ils ne disent rien tout comme un visage silencieux nous interpelle. C’est avec la destruction de la Tour de Babel que les humains se sont mis à parler du fait même qu’ils se dispersaient car toute prise de distance est un atteinte au visuel. Le ciel,  aussi

distant soit-il, en termes d’éloignement, nous reste extrémement proche visuellement et ce précisément la nuit, quand le visuel est

privé de la lumière solaire et parfois lunaire (nouvelle lune). Avec Babel, c’est la multiplication des langues alors que le message du visuel est universel, tout comme celui de la danse qui est en l’expression. Même la musique comporte  une dimension visuelle que l’on tend à oublier: spectacle d’un orchestre avec ses divers instruments.

S’il  y a malbouffe quand nous nourrissons médiocrement, de même notre visuel peut-il être affecté psychiquement, spirituellement quand le regard ne peut se poser sur du beau, du sensible. L’enfer serait la privation du visuel par la cécité ou par l’omniprésence de la laideur incarnée par une vieille femme, au sens où l »entendait Ronsard. Quand vous serez bien vieille, le soir à la chandelle… »"

Les femmes, selon nous, n’auraient pas le même rapportr au visuel et ne s’intéresseraient à cet aspect que pour séduire les hommes lesquels ne seraient portés sur le rapport proprement sexuel que pour séduire les femmes.  Selon nous, la sexualité masculine transcende la question spécifique des organes sexuels. Elle passe d’abord et avant tout par la vue, la vision et donc commence au plus jêune âge sans qu’il soit aucunement nécessaire de supposer une quelconque activité  au niveau des organes génitaux. Le fait que cette

sexualité évolue le plus souvent vers une relation en quelque sorte obligée avec l’autre « sexe » ne serait qu’un épiphénoméne, lié notamment aux besoins de la procréation dont les femmes seraient les agents.

 

Bibliographie

Jean-Christophe Bailly. Les cinq sens  Ed Bayard  2014

Claude Foucher Vécu identitaire et cécité tardivve.  La vie associative comme restauration du lien social. Ed  L’Harmattan 1997

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JHB

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