La nourriture de substitution/ Le provisoire qui perdure
Posté par nofim le 6 janvier 2015
Une culture de l’imitation: la malbouffe, comme ennemi de la fraîcheur.
par Jacques Halbronn
On ne répétera jamais assez que les pratiques alimentaires tendent à s’aligner sur les comportements sociaux et comportent
assurément une dimension mimétique. Ce qui est en bas de l’échelle sociale imite ce qui est en haut en recourant à des modes de
substitution. On trouve ce phénoméne assez bien décrit dans le monde vétérinaire. (cf Françoise Fiocre-Issartel
Conséquences économiques de la substitution du manioc aux céréales dans l’alimentation des porcins, Thèse vétérinaire, 1981. Créteil et
Alain Cornille Protéines de substitution et alimentation du veau de boucherie. Thèse vétérinaire, 1977 Créteil) et les considérations économiques n’y sont nullement négligeables.
Une grande part de ce que nous mangeons n’est jamais qu’un succédané ayant pour principale « vertu » de ne pas couter cher, tentation qui est d’autant plus grande lorsqu’il s’agit de nourrir un grand nombre de convives. C’est la quantité qui pése sur la qualité.
Selon nous, une tranche de pain n’est jamais qu’un substitut à une tranche de viande et le péché originel du végétarisme tient au fait qu’il ne fait sens que par rapport à un modéle carné. Le falafel que l’on consomme largement dans la rue du Moyen Orient, ne fait qu’imiter
les boulettes de viande en se servant de pois chiche, aliment bien moins couteux et plus facile à conserver.
Ce qui est étrange, c’est que même dans les sociétés qui en auraient les moyens, de telles pratiques de pénurie tendent à se perpétuer et même à s’imposer! Les produits frais sont d’office remplacés sur les tables par des « conserves » ou par des produits que l’on peut stocker
indéfiniment comme les céréales. Ce ne sont là par conséquent que des pis-allers.
L’obésité dont on se plaint est largement dû à une telle substitution alimentaire.
Nous préconisons donc dans les réceptions, les cocktails, de présenter de fines tranches de viande que l’on peut saisir avec les mains à la place de toutes sortes de canapés, de petits fours et autres « gourmandises ». Chez les Juifs, le probléme s’aggrave du fait que l’on évite parfois de servir de la viande pour qu’il n’y ait pas de probléme de kashrout.
Mais l’on sait que la gastronomie ne vient pas d’en haut mais d’en bas de l’échelle sociale. On peut ici parler de nivellement par le bas et il est vrai que l’on doit faire preuve de plus de savoir faire pour préparer une nourriture palliative que pour servir des choses simples qui se suffisent à elles-mêmes comme des fruits et des grillades. Toutes ces « préparations » exigent de recourir notamment à des graisses, à de la pâte, mal assimilables par l’organisme, ce qui génère une surcharge.
Nous pensons que la France- par exemple- devrait exporter massivement ses céréales vers les zones menacées de famine et importer de la viande en échange pour sa population. On connait le cas de ces Polonais arrivant en France il y a quelque décennies, et se refusant à abandonner une nourriture lourde qui « tient au ventre » plutôt que de manger des steacks.
Il est scandaleux de voir que les enfants actuellement s’habituent à manger des viennoiseries plutôt que des fruits parce que cela complique moins la vie des mères. Or, de nos jours, quand on se rend à une « table ouverte », apporter une nourriture emballée est mieux apprécié que de venir avec des fruits. Les « gâteaux » sont plus de l’ordre de la fête!
Nous pensons qu’il serait bon d’ouvrir des restaurants d’un nouveau genre de type barbecue, d’autant qu’il est bon de saisir les aliments
avec les mains, de les toucher et même de les manger sans se servir ni d’assiettes, ni de couverts. Tous les aliments seraient frais, c’est à dire que leur date de consommation est déterminée. Or, l’on sait qu’à l’approche des dates de péremption, le prix des produits est souvent divisé par deux, ce qui fait singulièrement baisser le prix de revient. De même pour les fruits, l’on peut trouver à la fin des marchés des
produits à bas prix. Il faut donc cesser de dire que l’on n’a pas les moyens de manger de la viande ou des fruits!
Bien entendu, ce qui est vrai pour la malbouffe- comme cela a déjà été dit ailleurs- vaut aussi pour la « culture ». Il est clair que le cinéma est le théatre du pauvre, qu’il ne consomme pas de « produits » frais(c’est à dire les comédiens), que ce n’est que du réchauffé. On est là dans une consommation en boucle et là encore, il conviendrait d’exporter de tels produits et de définir les termes d’une consommation
intérieure de haute qualité, ce qui exigerait d’ailleurs d’être plus attentif aux créateurs vivants.
Car là est bien le probléme, on a l’impression que l’on sacrifie ce qui est frais à ce qui est sec, ce qui est vivant à ce qui est mort. On se contente de redonner vie à ce qui est figé sur le papier. On crie au miracle quand on fait revivre un auteur d’il y a deux siècles. C’est ce que nous appellerons volontiers, une mentalité décadente.
JHB
06 01 15
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