Le paralléle Eve/Marie au regard de leur grossesse
Posté par nofim le 6 février 2015
La question du couple et de l’accouplement dans le
Livre de la Genése.
par Jacques Halbronn
Dans l’Evangile de Luc, il est narré l’annonce à Marie qui
évoque celle faite à Sarah, épouse d’Abraham mais bien
plus encore la grossesse d’Eve. (cf Alberto Manguel. Une
histoire de la lecture, Paris, Actes Sud 1998)
Le chapitre IV de la Genése commence ainsi:
« Or l’homme s’était uni à Eve sa femme. Elle conçut et
enfanta Caïn en disant » J’ai fait naitre un homme,
conjointement avec l’Eternel (« Qaniti Ish Et Yahvé ».)
Elle enfanta ensuite son frère Abel » qui sera tué par son
ainé. » On note que les consonnes formant le nom de Caïn en
hébreu sont Quf Noun qui sont les mêmes que celle du
verbe utilisé Qaniti et rendu par « fait naitre » (version du
Rabbinat (Ed Colbo). Caïn serait donc lié à l’idée de naissance.
Ne serait-ce pas proche de ce qui arriva à Marie, épouse de
Joseph?
On trouve sur le site bibliques.com le commentaire suivant:
Un enfant avec Dieu « Or, l’homme s’était uni à Ève, sa femme.Elle conçut et enfanta Caïn, en disant : » J’ai fait naître un homme, conjointement avec l’Éternel ! » » (Genèse 4.1 ~ Traduction du rabbinat) |
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Le nom de Caïn, ou » Qayin « en hébreu, signifie » parce que j’ai acquis « .
» J’ai acquis « (qanithi en hébreu) peut aussi se traduire par » j’ai fait naître « ou » j’ai procréé « .
Le texte hébreu mot à mot fait peser une ambigüité du fait de sa sobriété :
« J’ai acquis un homme avec YHVH ».
La traduction du rabbinat introduit l’adverbe » conjointement « ce qui laisse supposer que la femme fit un enfant » avec « Dieu.
Pour nuancer cette approche, la traduction Segond préfère : « J’ai formé un homme avec l’aide de l’Eternel ».
Que faut-il en penser ?
Le Dieu de la Bible ne nous a pas habitués à descendre sur terre pour s’accoupler avec des femmes.
Il diffère sur ce point fondamentalement des divinités de différentes mythologies qui se livrent à ce type de » croisements « .
Héraclès, notamment, était un » demi-dieu « , fils de Zeus et d’une mortelle nommée Alcmène.
Cette croyance, voire cette espérance que la femme puisse enfanter un enfant avec une divinité, n’est pas neutre.
Elle donne à l’enfant-dieu une toute autre dimension que n’importe quel fils d’homme.
Avoir un enfant exceptionnel, n’est-ce-pas le rêve de nombreux parents ?
Il semble bien que la première femme, Eve, soit à l’origine de cette fabuleuse espérance.
Certes, le Dieu de la Bible n’a nullement procréé avec Eve.
Mais cela n’empêche pas la femme de le croire ou de le laisser croire.
Il peut être intéressant d’envisager un parallèle entre Eve et Marie avec la conception virginale de l’enfant Jésus.
Mais la suite des évènements nous écarte de cette hypothèse d’une préfiguration : la vie de Jésus est bien différente de celle de Caïn.
De plus, Marie reçut la visite d’un ange venu lui annoncer cette conception par l’Esprit Saint. Il n’y a rien de tel pour Eve.
Enfin, Eve semble se vanter d’avoir conçu un enfant avec Dieu tandis que Marie, loin de toute vantardise, est remplie d’humilité :
« Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! » (Luc 1.38)
Certes, le personnage de Caîn semble singulièrement
différer de celui de Jésus mais les plagiats conservent la
forme et pas nécessairement le fonds, le signifant et pas
toujours le signifié.
Un autre rapprochement déjà signalé concerne le sacrifice
d’Isaac (Ismaël dans certaines lectures islamiques) par son père et de Jésus fils de Dieu et son « Lama
sabachtani? » -(pourquoi m’as tu abandonné?) Cette fois, Isaac est épargné et pas Jésus.
Et si Jésus était un mélange de Cain et de Abel? Dans ce
cas Cain serait Israël le « maudit », le premier né rejeté pour avoir
tué son frère puiné.-Il faudrait se demander en outre
si le serpent n’est pas celui qui féconde celle qui prendra
le nom d’Eve (Hava), celle qui donne vie.(Haïm)
Rappelons le récit de Luc (chapitre I):
» 1:30 L’ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.
1:31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.
1:32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
1:33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin.
1:34 Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme?
1:35 L’ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.
1:36 Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.
1:37 Car rien n’est impossible à Dieu.
1:38 Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole! Et l’ange la quitta.
Même Marie, par la suite sera dite née dans une
« immaculée conception » On peut voir un lien entre
Eve, porteuse de la vie -dont le « travail » est souffrance
et Marie, la (Sainte) Vierge, à rapprocher de Mater.
On dit que l’homme fut crée à l’image de Dieu, mâle et
femelle (Genése I) .Or, si Dieu fait un enfant avec une femme,
il devient à l’image de l’Homme
Revenons un instant sur le chapitre II de la Genése et
cette problématique ish/isha/ Au verset 22, il est dit
que Dieu fit d’une cote d’Adam une « isha ». La traduction
du rabbinat rend justement : » organisa en une femme »"/
On notera l’article indéfini. il faudrait -mieux encore-
rendre « isha » par une femelle (en anglais female)/Le
verset suivant (23) éclipse souvent le précédent :
« celle-ci sera nommée isha parce qu’elle a été prise de ish. »
C’est là une interpolation – probablement un commentaire
qui a fini par s’inscrire dans le texte même- et nous
conseillons de relier le verset II 22 au verset II 24:
« c’est pourquoi l’homme (…) s’unit à sa femme et ils
deviennent une seule chair » (après la séparation, la réunion)
Là encore on lit « sa femme » (Ishto), lui même étant en
quelque sorte son « mari » (Ish). Le mot femme ici en
français désigne bel et bien l’épouse et non une femme
quelconque. (double sens du mot femme en français)
D’ailleurs la traduction du rabbinat rend bien « ton épouse » (Ishtekha
III, 17)
On verra plus loin au chapitre suivant (III, 7) la forme « isha »
désignant non pas la femme mais « son » homme, donc son
mari, la finale « a » ici étant un possessif (ish shéla)
« en donna à son époux » (isha).
Il est donc clair si l’on fait abstraction de l’interpolation
II, 23 que les formes ish et isha désignent un couple et
l’épouse d’Adam n’est pas nommée autrement qu’en
sa qualité de conjointe et Adam quand il est désigné
comme « ish » l’est en sa qualité de conjoint. Ce n’est
qu’ensuite au début du chapitre IV qu’elle reçoit le nom
d’Eve, alors que le couple a été jugé solidairement coupable
d’avoir enfreint la loi..
Revenons sur II, 23 qui a tant polarisé les esprits (cf la
critique biblique) : ici la traduction du Rabbinat se contente de restituer les termes
hébraïques sans les traduire – alors que ces formes
avaient été traduites au verset précédent – comme si Ish était la
catégorie à laquelle appartenait Adam qui serait un Ish
et dont la Isha serait issue, comme étant grammaticalement
le féminin de Ish. On pourrait dire, dans ce registre
grammatical, que la forme « Isha » a été littéralement
extraite de Ish, comme le genre grammatical féminin
-en hébreu mais aussi en français et en latin ( pulcher donne
pulchra) (mais non dans les autres langues latines ni en
anglais)- dérive et prolonge le genre masculin (petit/petite)..
Autrement dit, cette description de l’extraction de
Isha à partir de Ish pourrait n’avoir été qu’une parabole
grammaticale mais il reste que l’épouse, par analogie,
n’existe que par son époux.
JHB
01 03 15
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