Les électrices et les élus. La force des réseaux
Posté par nofim le 11 février 2015
La rapport du peuple à ses leaders au prisme du clivage
hommes/femmes
par Jacques Halbronn
Il y a beaucoup d’appelés et peu d »élus, dit-on. La thèse
que nous défendrons ici veut que l’on distingue les
électeurs et les éligibles et que les uns ne puissent être
les autres. Ce n’est pas la première fois que l’on distingue
ceux qui peuvent élire de ceux qui peuvent être élus et
d’ailleurs-in fine,toute élection revient à cela: faire élire
par le plus grand nombre quelques personnages,eux mêmes
passés, le cas échéant, par des primaires.
Ce qui n’avait pas été dit, en revanche, c’est que les
électeurs devraient être des femmes et les éligibles, les
élus des hommes. Un tel principe n’a pas été respecté ne
serait-ce que lorsque les femmes ne pouvaient voter
(en France avant 1944) si bien que des hommes élisaient
des hommes. Mais la situation hybride, mixte, actuelle est loin
d’être à recommander. Ce qui est clair, en revanche, c’est
que le plus souvent, les élus sont bel et bien des hommes,
alors même que les femmes votent
On aura compris qu’un électeur isolé ne fait pas sens alors
qu’un éligible peut être un homme seul. Soit deux destins
différents,deux histoires différentes, celle des hommes et
celle des femmes, cette dernière étant collective. D’ailleurs,
les femmes qui militent pour la cause des femmes savent
pertinemment qu’elle doivent se rassembler, que c’est
leur union qui fait leur force.
Ce n’est pas une mince responsabilité que d’avoir à choisir
à élire, on l’admettra mais il nous apparait que le fait pour une
population de converger vers une même personne,
une même oeuvre, est une affaire assez mystérieuse qui
est au coeur de l’idée démocratique.
Les femmes peuvent être des leaders d’opinion, qui
entrainent, mobilisent, motivent beaucoup de monde mais
elles n’en deviennent point pour autant éligibles.
Une femme seule ne fait pas le poids devant un homme.
Il lui faut rassembler autour d’elle, servir de porte-parole
quitte à répéter des consignes, à reprendre des slogans.
Nous avons souligné dans d’autres textes l’importance
de l’élection. Dieu choisit Israël parmi tous les peuples;
Est-ce à dire que Dieu est Femme? On notera en tout cas
le pluriel « Elohim » (Adonaï, mes seigneurs – ce sont des
marqueurs de pluriel)
Les femmes ont un talent pour propager des rumeurs,
créer du « buzz », c »est là leur force. Mais une femme
seule est démunie, elle doit persuader, convaincre,
entrainer.
Mais quel talent si particulier auraient les hommes pour
avoir ainsi le privilége de l’éligibilité? Il y a une fragilité
chez l’homme seul, celui qui n’est pas suivi, et cela tient
à la nature même de toute créativité authentique qui ne
saurait dans un premier temps, s’imposer sans trouver
des soutiens, ce qui n’est pas la même chose que des accords.
Celui qui innove permet au groupe de dépasser, de
transcender ses différences internes et donc pour
survivre un groupe doit se donner de nouveaux défis.
Un groupe qui se sclérose du fait de la routine est voué
à échouer dans son processus d’intégration des nouveaux
éléments, à commencer par sa propre jeunesse sans
parler des nouveaux immigrants.- les deux peuvent se
recouper. Il n’y a pas d’équité sociale sans une nouveauté
pour tous et c’est cela que garantit l’innovation, la remise
en question des anciens schémas..
Nous dirons que les homme ont accés à la Subconscience,
ce qui est une affaire individuelle alors que les femmes
s’inscrivent dans des objectifs à atteindre collectivement
Il convient, en conclusion de resituer les vrais enjeux :
le paralléle entre femmes et machines nous semble
pertinent surtout si l’on prend en compte le cas des
animaux dits domestiques : le cheval (vapeur) ne sert il pas encore
à déterminer la puissance d’un véhicule (cf la Deux CV
(Deuch)? Il y a là une instrumentalisation par les hommes
(au sens de vir, de mâle) de son environnement et l’on
peut certes s’extasier des performances de tel ou tel
appareil, de tel ou tel animal, de telle ou telle femme mais
il ne s’agit jamais que d’un probléme de dressage qui a
ses limites à la façon- au XVIIIe siècle, de cet automate joueur d’échecsqui dissimulait en son sein un homme. De nos jours,
d’ailleurs, l’ordinateur n’a plus besoin de ce stratagéme.
Il reste que les femmes semblent fonctionner en réseau,
ce qui leur permet de peser sur le cours des choses à
un niveau quantitatif. Mais la question qui se pose
alors sera la suivante : est-ce que les femmes dont on
sait qu’elles sont marquées par une certaine cyclicité
(menstruation et donc ménopause) ne feraient-elles pas
partie intégrante d’un systéme social tel que nous l’avons
décrit par ailleurs dans nos travaux de cyclologie (cf sur
la disjonction)?
Il y aurait donc une phase favorable à la mise en avant
de leaders (cf le post 2011) et une autre de relais qui la précéde
et qui la suit qui s’en passerait provisoirement.(type
printemps arabe)
En termes de falsifiabilité, il est essentiel que l’on ne soit
pas à la merci de processus de manipulation, de suggestion
pouvant se produire à une petite échelle mais non à une
grande échelle et dans des contextes par ailleurs très
différents les uns des autres. C’est d’ailleurs une question
fondamentale que de définir le champ possible de
l’imposture dans le cadre poppérien. Plus il sera possible
de falsifier, plus la question de la falsification devra être
reformulée en connaissance de cause.
Revenons sur certaines observations de l’ouvrage « Le
principe Démocratie », le terme démocratie désignant
ici l’idée d’un processus émanant de la base. Les
auteurs distinguent la « carte du collectif » (p274) et
le recours à une « figure charismatique »
En fait lorsque cette « figure » ne parvient pas ou plus
à s’imposer (cf 2011), qu’est ce qui prend le relais et est-ce
là un pis aller, une solution d’attente,une politique du
pauvre substituant la quantité à la qualité (cf nos travaux
sur la cuisine) ?
Faut-il dès lors parler d » implosion » ou bien de relais?
Dans le premier cas, cela se produirait en rupture avec
le système alors que dans l’autre, il s’agirait d’une forme
de « nuit », d’hibernation dont on percevrait la nécessité/
Crise inhérente à la structure ou crise conjoncturelle?
Il est vrai que ces deux lectures tendent à se superposer.
La faillite du leader sera vécue comme une crise mais n’est
ce pas aussi le cas du coucher du soleil? On retrouve là
une dialectique Soleil-Lune dans la mesure où la Lune ne
se voit qu’en l’absence du Soleil et vice versa même si
la Lune n’est aucunement cause de la nuit à la différence
du soleil pour ce qui est du jour.
On nous relate ainsi le fil des événements (pp 35
et seq) : « Tout a débuté le 14 janvier 2011 avec la chute
de (…) Ben Ali suivie de celle de Hosni Moubarak en
Egypte le 11 février. Ces deux renversements
consécutifs ont subitement redonné vie à une idée
dont on pensait qu’elle était définitivement révolue :
le fait qu’un peuple qui se réunit de sa seule initiative
pour faire valoir sa souveraineté absolue parvient à
reprendre son destin en main et à chasser des
dirigeants tyranniques et corrompus sans faire
actede violence directe et organisée »
Il est remarquable que les auteurs du Principe
Démocratie intitulent un chapitre « 1968,1989,2011″ car
pour nous ces trois dates correspondent aux mêmes
moments d’une cyclicité que nous avons établie ailleurs
Dans les trois cas, la « rue » se sera fait entendre et en de
multiples « places ». On peut parler d’une « nuit » du pouvoir
lorsque le pluriel remplace le singulier – et l’on notera
que nos grammaires, nos langues font état de cette dualité-
Dans nos travaux relatifs au Droit constitutionnel nous
avons suggéré que toute constitution s’ancre sur une telle
cyclicité et non sur des points de départ parfaitement
arbitraires et artificiels. L’élection doit avoir lieu au moment
où symboliquement le « soleil » se lève, où la nuit s’achève,
où le peuple passe le relais à ceux qu’il élit et qui auront
pour tâche non plus de souder le consensus mais bien
d’en préparer un nouveau. On ne peut pas être au four
et au moulin et il est un temps pour chaque chose
(Ecclésiaste) sans oublier qu’il n’y a « rien de nouveau
sous le soleil ». C’est cette quéte d’un nouveau consensus
qui permet d’éviter à une société de se scléroser et de
se fermer à ceux qui la rejoignent soit par la naissance,
soit par l’immigration et ce nouvel horizon ne peut être
que le fait d’un petit nombre, d’une avant-garde et
c’est quand ce nouveau consensus est mis en place que
le soleil peut enfin se coucher en passant le relais au
plus grand nombre.
.
JHB
22 02 15
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