Les origines de l’astrologie par Robert Hand

Posté par nofim le 12 mars 2015

Les Origines de l’Astrologie

Une perspective différente

de Robert Hand

Copyright 1996 par Robert Hand, www.robhand.com
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Introduction

Le matériel présenté ici était à l’origine une introduction que j’ai rédigée pour un livre de traduction intitulé The Record of the Early Sages in Ancient Greek dans le cadre du Project Hindsight.

Le livre était composé de fragments et de citations qui remontent directement aux plus anciennes sources de l’astrologie du Moyen Orient et de l’Occident, ou se voulait des paraphrases du matériel tiré de ces sources. Au moment de la rédaction originale de cette version de l’article, le forum de discussion alt.astrologie venait de publier un article intitulé « A brief introduction to the History of Astrology » (Brève introduction à l’histoire de l’astrologie) qui contenait, selon moi, un grand nombre d’erreurs factuelles. J’ai donc pensé qu’il serait bon de présenter un point de vue différent. Nous ne nous attendons pas à ce que tous acceptent les idées présentées dans cet article, mais les lecteurs devraient savoir que ces idées se rapprochent de celles partagées par la plus grande partie des bons historiens de l’astrologie. (Non, je ne traite pas d’irresponsables tous ceux qui ne partagent pas ces idées, bien qu’il s’en trouve sûrement quelques-uns parmi eux).

Ayant participé à un programme exhaustif de traduction d’anciens textes astrologiques en anglais moderne, et continuant ce travail avec l’ARHAT (Archives pour la récupération de textes astrologiques historiques), je pense donc savoir de quoi je parle tout en reconnaissant que la science occidentale devra peut-être changer ses idées (et moi les miennes) selon ce que les futures recherches nous révéleront.

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Compte-rendu

Le compte-rendu que je présente ici est tiré principalement des sources académiques ordinaires, bien que je formule également certaines hypothèses là où il n’existe aucune preuve concluante. Je n’offre pas ces hypothèses partout pour le plaisir de la chose, mais seulement là où des preuves internes semblent les justifier. Elles seront de plus toujours accompagnées d’indications claires qu’il s’agit bien de conjectures.

D’un autre côté, parce que nous avons puisé à des sources académiques occidentales, certains pourraient faire valoir que cet article ne tient pas compte des idées différentes que l’on pourrait tirer, par exemple, de l’étude des astrologies de l’Inde. Ce pourrait être là une objection valable, mais nous aimerions rassurer le lecteur que nous n’acceptons pas d’emblée les positions académiques sur l’histoire de l’astrologie. Nous tentons de n’accepter que ce qui est conforme aux preuves internes des textes eux-mêmes. Nous reconnaissons de plus que ce que nous disons ici ne doit pas être tenu pour définitif. Il y a beaucoup à apprendre sur l’histoire de l’astrologie, surtout qu’elle est désormais soigneusement étudiée par des personnes qui n’y sont pas hostiles.

En nous basant sur ce qui précède, cet auteur soutient que l’astrologie telle que nous la connaissons n’a pris naissance qu’à un moment et qu’à un endroit, cet endroit étant la Mésopotamie (correspondant à peu près à l’Iraq moderne) et ce moment faisant l’objet d’une discussion ci-dessous. Ceci dit, nous devons clarifier un autre point; ce que nous entendons par « l’astrologie telle que nous la connaissons » est l’astrologie horoscopique, c’est-à-dire l’astrologie qui permet de déterminer des moments favorables pour faire des choses, de répondre à des questions, de prédire des événements et d’analyser la destinée individuelle, tous des éléments basés sur un instrument étrange, soit le thème, la genèse ou la carte du ciel. Cette carte a de plus un degré ou un signe particulier qui marque le point de départ de l’analyse. Il s’agit en général du degré ou du signe ascendant, bien que le Soleil, la Lune ou la Part de Fortune puisse également être utilisé(e) à des fins particulières.

Nous offrons cette définition très spécifique de l’astrologie telle que nous la connaissons parce que, dans un sens large, l’astrologie, sous une forme ou une autre, est presque universelle chez les peuples anciens et son origine n’est pas cantonnée à un moment ou à un endroit précis. Presque tous les anciens peuples possédaient une méthode pour observer les cieux à des fins divinatoires. Les autochtones américains, les Grecs (longtemps avant de connaître l’astrologie de la Mésopotamie), les peuples de l’Inde, le peuple, quel qu’il soit, qui a construit Stonehenge et NewGrange dans les Îles britanniques, et les anciens peuples nordiques, pour ne nommer que ceux-là. Une bonne partie de la controverse sur l’âge des diverses astrologies de ces peuples provient de la confusion qui existe sur ce point même. L’étude des signes célestes ne constitue pas l’astrologie telle que nous la connaissons.

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Origines mésopotamiennes

La Mésopotamie, cette « terre entre les deux rivières », est un des présumés « berceaux » de la civilisation, avec l’Égypte, la Chine et la Vallée de l’Indus. Elle semble être l’un des plus vieux de ces berceaux. Des signes montrent une civilisation urbaine qui remonterait aussi loin que 4000 ans avant notre ère. Le premier peuple de cette région était connu sous le nom des Ubaidiens. Nous ne connaissons à peu près rien d’eux, sauf qu’à une époque très ancienne, un autre peuple s’est installé dans la région et les membres des deux peuples ont commencé à se marier entre eux. Il s’agissait des Sumériens, qui furent bientôt dominants et dont la langue a remplacé la langue des Ubaidiens. Les Sumériens inventèrent la plus vieille forme d’écriture connue, les cunéiformes, qui sont produits en pressant des coins dans de l’argile molle.

Plus tard, les peuples sémites ont commencé eux aussi à s’installer dans la région. Le premier de ceux-ci était les Akkadiens, concentrés autour de leur ville d’Akkad. Vers environ 2330 avant notre ère, Sargon d’Akkad a conquis les Sumériens et constitué le premier de plusieurs empires sémites qui allaient dominer non seulement la Mésopotamie, mais également la côte méditerranéenne et, éventuellement, l’Égypte elle-même. La langue des Akkadiens était l’ancêtre direct des langues d’Assyrie et de Babylonie, ces dernières étant en fait des dialectes de l’akkadien.

L’empire akkadien est tombé vers 2218 avant notre ère. Ensuite, divers peuples, sémites et autres, ont lutté pour le contrôle de la région. De fait, cette lutte constante entre les peuples souligne la différence importante entre la civilisation mésopotamienne et celle de l’Égypte. L’Égypte a connu plusieurs siècles de paix relative marquée de périodes occasionnelles de perturbation, mais rien de comparable au chaos de la Mésopotamie.

Plus tard, au cours du second millénaire avant notre ère, deux peuples ont commencé à assumer le contrôle, les Babyloniens au sud, qui avaient dominé la culture pendant plusieurs siècles, et les Assyriens au nord. En bout de compte, bien que les deux peuples aient dominé par moments sur le plan politique, on peut dire que les Assyriens dominaient en général sur le plan politique tandis que les Babyloniens dominaient sur le plan culturel. Les Assyriens utilisaient même un dialecte babylonien de l’akkadien pour leurs propres registres officiels.

Voici des dates importantes de l’histoire mésopotamienne à compter de cette époque. Toutes les dates ont été converties en notre système moderne de chronologie. Toutefois, même dans les sources modernes, ces dates varient. Les dates ci-dessous sont tirées de la version 1994 de Encarta de Microsoft.

1792-1750 avant notre ère. Hammourabi unifie la région autour de Babylone.

1350 avant notre ère. Montée de l’empire assyrien.

730-650 avant notre ère. L’empire assyrien couvre toute la Mésopotamie, des parties de la Perse, de la Syrie, de la Palestine et de l’Égypte. Il vaut la peine de noter que l’Égypte et Babylone sont sous le même régime pour la première fois.

612 avant notre ère. Chute de l’Assyrie et montée du second empire babylonien. Le peuple babylonien qui entraîna cette montée était également connu sous le nom de Chaldéens, d’où l’expression Empire chaldéen.

539 avant notre ère. Conquête de la Babylonie par la Perse. Pour la deuxième fois, l’Égype et Babylone sont sous le même régime.

331 avant notre ère. Conquête de la Mésopotamie par Alexandre le Grand. Toute la région est dominée par la langue et la culture grecques. La dynastie séleucide était composée des descendants de Séleucos, un général d’Alexandre, qui gouverna sur une région qui incluait la Mésopotamie.

126 avant notre ère. Les Parthes, une tribu perse, conquièrent la Mésopotamie.

227 E.C. – Les Sassanides, un peuple de la région centrale de la Perse, renversent les Parthes et fondent le deuxième empire persan ou l’empire sassanide.

635 E.C. – Les Arabes musulmans renversent l’empire sassanide. La Mésopotamie tombe sous la règle de divers califes.

Avant de discuter de l’évolution de l’astrologie et de la région où cette évolution s’est déroulée, permettez-moi de présenter une chronologie similaire pour l’Égypte.

3200 avant notre ère – Premiers signes de grandes forces politiques dans le bassin du Nil. Les premiers hiéroglyphes font leur apparition. Il y a des indices qu’une culture assez développée dans la région est antérieure de plusieurs siècles à ces signes.

c.2755-2255 avant notre ère – Le Vieux Royaume. Les pyramides remontent à cette époque. Le premier calendrier solaire est mis au point.

c.2255-2134 avant notre ère – Interrègne.

c.2134-1668 avant notre ère – Le Royaume intermédiaire

c.1668-1570 avant notre ère – Second interrègne. La période des Hyksos, une race probablement sémite qui a dominé l’Égypte pendant cette période.

1570-1070 avant notre ère – Le Nouveau Royaume. C’est l’époque des Rois Amenhotep, Akhnaton, Toutankhamon et des divers rois Ramsès. On croit que l’exode des Israélites s’est déroulé pendant cette période.

1070 – 671 avant notre ère – Troisième interrègne. Diverses dynasties régionales ont gouverné. En 671 avant notre ère, les Assyriens ont conquis l’Égypte pendant un moment.

525 avant notre ère – Les Perses renversent le dernier gouverneur indigène de l’Égypte.

332 avant notre ère – Alexandre le Grand conquiert l’Égypte. Le pays tombe ensuite sous la règle des Ptolémées, descendants de Ptolémée I, un autre des généraux d’Alexandre.

30 avant notre ère – Cléopâtre, la dernière des Ptolémées, meurt et les Romains saisissent le contrôle.

Plus tard, l’Égypte tomba sous la règle arabe lorsque l’empire sassanide fut renversé.

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Premiers pas de l’astrologie mésopotamienne

Au début, l’astrologie de la Mésopotamie ressemblait beaucoup à celle des autres cultures, soit une simple observation des cieux pour y déceler des signes qui pourraient affecter le royaume. Ces signes étaient souvent des phénomènes météorologiques mêlés à de réels phénomènes astronomiques. Les Mésopotamiens ont été différents en ce sens qu’ils ont commencé tôt à faire des observations systématiques de ces phénomènes en vue de trouver des motifs réguliers dans les cieux qui pourraient correspondre à des événements humains.

Selon Van der Waerden (Science Awakening, Vol. II, Oxford Univ.Press), les textes astronomiques les plus anciens connus en Mésopotamie sont de la vieille période babylonienne, soit à peu près de l’époque d’Hammourabi. On ne sait pas si les Sumériens faisaient ou non des études astronomiques, mais il semble plausible qu’ils en aient fait. Certains textes pouvant remonter à environ 2300 avant notre ère réfèrent également à la période akkadienne. Voici un exemple de ces premiers textes:

« Si Vénus apparaît à l’est pendant le mois d’Airu et que les Grands et les Petits Jumeaux l’entourent tous les quatre et qu’elle est occultée, alors le Roi d’Élam tombera malade et ne restera pas vivant.»

Les connaissances les plus complètes étaient contenues dans une compilation qu’on appelait Enuma Any Enlil. Elles ont été rassemblées à une certaine époque au cours du second millénaire avant notre ère. Une autre collection de signes constitue une œuvre importante dont la date est extrêmement controversée, les Tables de Vénus de Ammizaduga. La collection consiste en observations systématiques des phases de Vénus, combinées à leur signification, les significations étant clairement fondées sur des observations antérieures. La croyance générale est que ces tables remontent au règne de Ammizaduga, environ 146 ans après Hammourabi. En se fondant sur l’astronomie, van der Waerden attribue les années suivantes comme dates possibles des observations, 1702, 1646,1638 et 1582 avant notre ère. Une des raisons qui contribuent au débat entourant ces dates dans certains cercles est que si elles s’avèrent justes, Velikovsky s’est gravement trompé. Cette controverse dépasse toutefois le cadre de cet article et nous continuerons dans ce sens en présumant que les académiciens orthodoxes ont au moins en partie raison. J’encourage tout de même les lecteurs à traiter ces dates avec beaucoup de prudence. Les Babyloniens eux-mêmes, tout comme les Hindous modernes, s’attribuent et attribuent à leurs observations un âge de centaines de milliers ou même de millions d’années que nous, avec nos normes occidentales, trouvons plutôt fantaisiste. Un tel âge ne survit pas aux preuves académiques, mais nous devons garder notre esprit un peu ouvert. Les académiciens sont souvent limités par leur spécialité même, avec le résultat qu’une discipline, telle l’astronomie moderne, a souvent des influences importantes sur une autre discipline, telle l’archéologie, par exemple. Rappelons le travail de Gérald Hawkins sur Stonehenge. Il faut d’abord que quelqu’un réunisse les deux disciplines. Il est possible que cela se produise pour les études mésopotamiennes et que notre compréhension historique en soit complètement modifiée. Van der Waerden a conclu que les tables de Vénus avaient été compilées et préservées pour des raisons de religion astrale, c’est-à-dire, les Mésopotamiens croyaient que les étoiles et les planètes étaient liées aux dieux ou étaient elles-mêmes des déesses. Ishtar-Vénus était l’une des divinités les plus importantes des populations mésopotamiennes. Plusieurs autres anciens peuples possédaient des notions similaires. Les Égyptiens ont attribué la constellation d’Orion à Osiris. Osiris était toutefois un dieu mort qui régnait sur les enfers. Son ascension aux cieux a été très similaire aux autres ascensions racontées dans la mythologie classique. Les Mésopotamiens semblent avoir été les seuls à attacher de l’importance aux étoiles et aux planètes comme premiers indicateurs de la volonté divine dans l’ici et maintenant. C’est là la raison probable des études qui ont mené à l’astrologie. Au cours des siècles suivants, les Mésopotamiens, surtout les Babyloniens, ont continué d’observer les phénomènes et d’en compiler des listes, et sont arrivés au point où, en se fondant sur leurs observations des cycles récurrents des planètes, ils pouvaient estimer avec une précision raisonnable la position des planètes pour n’importe quel moment dans l’avenir. Les archives de Ptolémée et la science moderne ne disputent pas le fait que des registres d’éclipse précis et systématiques aient été conservés à partir de 747 avant notre ère jusqu’au cours de la période helléniste qui a suivi les conquêtes d’Alexandre le Grand.

Le type de zodiaque utilisé par les Mésopotamiens est une question intéressante qui suscite beaucoup de controverse. Dans leurs premiers textes, ils ont tout simplement enregistré les planètes comme étant à tant de degrés d’une étoile.

« 19 de la Lune aux Pléiades;
17 des Pléiades à Orion;
14 d’Orion à Sirius. . . »

Il s’agit là d’une observation sidérale factuelle, mais ce n’est pas un zodiaque! Un zodiaque a besoin d’un cadre de référence, d’un point sur le cercle à partir duquel les mesures sont prises. De plus, un zodiaque possède normalement un nombre fixe de divisions régulières, tel les douze signes des zodiaques modernes, les 27 maisons du zodiaque lunaire hindou, etc. Toutes ces premières observations sont toutefois comme celle reproduite ci-haut et utilisent des étoiles individuelles comme repères.

Van der Waerden soutient que l’évolution de l’astrologie a traversé trois phases. La première consiste en la tradition des signes que nous venons de décrire. La deuxième s’approche beaucoup de la première, mais possède un zodiaque moderne, soit 12 signes de 30 degrés. Il n’existe aucun horoscope personnel à cette époque, mais on accorde beaucoup d’attention aux transits de Jupiter au rythme d’environ un signe par année. De là vient la pratique clairement chinoise d’attribuer chaque année à un signe du zodiaque et, plus tard, probablement aussi le système des profections annuelles en astrologie horoscopique. Bien sûr, il n’y a aucune domification de quelque type que ce soit. Van der Waerden croit que cette phase moyenne va d’environ 630 à 450 avant notre ère. À cette époque, le zodiaque est clairement sidéral et son ayanamsha est au moins proche de la valeur attribuée par Fagan-Allen.

La troisième phase est l’astrologie horoscopique. Diverses sources anciennes mentionnent les Chaldéens, qui ont fait la carte du ciel de plusieurs personnes, dont Diogène Laertius, qui a dit, selon Aristote, qu’un Chaldéen a prédit la mort de Socrate à partir de sa carte du ciel et que le père d’Euripide a également fait faire la carte du ciel de son fils et a reçu une prédiction de son brillant avenir. La référence aux Chaldéens est bien sûr une référence aux astrologues et démontre clairement que, pendant cette période, cet art était complètement associé aux derniers Babyloniens, soit les Chaldéens.

On a trouvé plusieurs cartes du ciel écrites en cunéiformes. La plupart remontent à l’ère helléniste, mais la plus vieille a été datée par A. Sachs et remonterait au 29 avril 410 avant notre ère. Voici la traduction qu’en offre Fagan:

« 1 Mois (?) Nisan (?) nuit (?)du (?)le (?) 14e (?). . .
2 le fils de Shuma-usur, fils de Shumaiddina, descendant de Deke est né
3 à l’heure où la Lune était sous la « Corne » du Scorpion
4 Jupiter en Poissons, Vénus
5 en Taureau, Saturne en Cancer
6 Mars en Gémeaux, Mercure qui s’était couché (pour la dernière fois) était (encore) in(visible).
7 . . . etc., etc. »

Comme le lecteur peut le constater, il s’agit d’une carte très sommaire qui ne donne que la position par signe et n’offre aucune délimitation. Les autres cartes en cunéiformes, quoique beaucoup plus tardives, sont presque aussi laconiques, malgré que les positions sont données avec beaucoup plus de précision.
Comme Cyril Fagan le fait remarquer avec justesse, les positions dans les cartes correspondent mieux à celles du zodiaque sidéral en utilisant l’ayanamsha de Fagan-Allen plutôt que les positions tropicales.

Avons-nous toutefois à cette époque quelque chose qui ressemble à l’astrologie horoscopique complexe de la période helléniste? Non, pas du tout. Bien que les historiens académiques n’aient pas découvert beaucoup d’informations concrètes sur l’évolution de l’astrologie après les premières cartes babyloniennes, de nombreuses sources indiquent l’origine de ces premiers textes. Plusieurs de ces vieux textes existent en grec. Selon ces textes, la naissance de l’astrologie telle que nous la connaissons est survenue en Égypte.

Cyril Fagan n’en aurait pas été surpris. Il a été presque le seul à croire que l’Égypte avait été le berceau de l’astrologie horoscopique. Le problème de sa théorie, toutefois, est qu’il croyait que l’astrologie horoscopique provenait de l’Égypte des pharaons. Il y a très peu de preuves à cet égard, mises à part les interprétations plutôt suspectes de Fagan de ces preuves. C’est une Égypte ultérieure qui a donné naissance à l’astrologie horoscopique, une Égypte qui s’était beaucoup rapprochée des idées des Babyloniens.

L’Égypte pharaonique s’intéressait beaucoup à l’astronomie. Les signes sont trop nombreux pour être mentionnés. Il s’agissait toutefois d’une sorte d’astronomie qui tenait compte des étoiles plutôt que des planètes. Les Égyptiens avaient maîtrisé l’art d’orienter leurs édifices, leurs temples et, en particulier, leurs pyramides aux étoiles fixes, semble-t-il dans le but de créer une symétrie entre les structures terrestres et les étoiles auxquelles elles étaient associées. Ils avaient l’habileté de mesurer et d’aligner les édifices aux étoiles avec une précision étonnante, souvent à quelques minutes d’arc de l’alignement parfait. Ils ne semblaient pas cependant avoir quelque théorie planétaire que ce soit, ni ne possédaient-ils les bonnes techniques mathématiques.

Les Mésopotamiens ont hérité du système numérique sexagésimal des Sumériens, un système de numérotation positionnelle, tout comme notre système décimal moderne, et qui possède des fractions sexagésimales d’un type très semblable à nos fractions décimales. Ce système a permis aux Mésopotamiens de faire des calculs complexes qui auraient été difficiles avec tout autre système ancien de notation numérique. Les autres peuples anciens ont rendu au système de notation mésopotamien le plus grand des hommages: Ils l’ont utilisé pour procéder à leurs propres calculs. Les Égyptiens n’avaient rien de semblable, mais ils éprouvaient un grand besoin de synchroniser les événements terrestres aux cieux.
L’élément clé de la fusion des idées égyptiennes et de l’astronomie babylonienne est lié à un ou deux événements historiques (ou les deux), soit la conquête de l’Égypte par la Perse et la conquête de la Perse et de l’Égypte par Alexandre le Grand. Au cours de ces deux époques, l’Égypte a été soumise au même régime que les Babyloniens. Dans le cas de l’empire perse, les Perses eux-mêmes sont devenus d’ardents pratiquants de l’astrologie, ce qui a sans doute contribué à la diffusion des idées astrologiques en Égypte.

Si vous analysiez les textes contenus dans le volume des Sages, vous découvririez une chose qui n’est pas du tout évidente dans les textes historiques qui traitent de l’astrologie. Les anciens savaient pertinemment que l’astrologie avait quelque chose à voir avec Babylone (après tout, ils appelaient les astrologues les Chaldéens), mais sa provenance a été attribuée aux Égyptiens. Les académiciens ont habituellement tendance à croire qu’il ne s’agissait que d’une mode parmi les anciens auteurs, sans base historique réelle. De fait, les anciens auteurs ont souvent attribué l’astrologie à des personnes qui remontaient aux pharaons, tels Nechepso et Petosiris.

Néanmoins, il n’y a aucune raison de présumer que les anciens se trompaient en disant que l’Égypte était la première source de l’astrologie horoscopique, cela s’est simplement produit plus tard qu’ils ne le croyaient.

Qu’est-ce que les Égyptiens ont ajouté à l’astrologie babylonienne? Nous ne le savons pas avec certitude, mais des preuves internes indiquent ce qui suit: L’utilisation d’un degré ascendant peut ou non avoir été trouvée dans l’astrologie babylonienne pré-helléniste. Toutefois, les auteurs hellénistes attribuent à Hermès l’utilisation des maisons ou des signes utilisés comme maisons. Par Hermès, il faut entendre une référence aux sources égyptiennes hellénistes. Il est probable que les aspects sont également égyptiens, mais nous ne pouvons en être sûrs. Les parts sont presque certainement égyptiennes, de même que la plupart des systèmes de maîtrise. Seules les exaltations ont une origine clairement mésopotamienne.

De toute façon, il est très probable que tout l’appareil de l’astrologie horoscopique était en place dès l’an 1 E.C., peut-être même plusieurs siècles auparavant. Entre autres choses, nous avons découvert de nos études des auteurs grecs ultérieurs qu’ils traitaient déjà avec une astrologie d’une ère plus tardive. Ils avaient leurs « anciens » et avaient déjà commencé à ne plus comprendre certains des anciens enseignements. Un de ces auteurs, Vettius Valens, a voyagé à travers l’Égypte à la recherche des maîtres des vieilles doctrines, tout comme les Américains modernes sont allés en Inde pour étudier l’astrologie et d’autres doctrines sacrées. Bien que la plupart des auteurs grecs semblent avoir étudié à partir de livres, Valens a étudié avec au moins quelques-uns des professeurs vivants de ces vieilles doctrines. Il ressort clairement de son travail que sans Valens, une grande partie de cet enseignement n’aurait jamais été écrite.

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Ce qui s’est passé par la suite

Quelle qu’ait été la langue de l’astrologie égyptienne au début de son existence, elle était grecque dès l’an 1 E.C. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu de textes astrologiques écrits en copte, la dernière langue de l’Égypte ancienne, mais il n’existe aucune référence précise indiquant que ces textes ont survécu. Tous les textes égyptiens auxquels il est fait référence dans les textes ultérieurs semblent avoir été écrits en grec. Certains d’entre eux peuvent avoir été traduits du copte.

L’utilisation de la langue grecque a eu des conséquences importantes. Bien que l’empire perse ait été un empire cosmopolite présentant un niveau considérable d’égalité entre les races qui le composaient, aucune langue ne prédominait. Le persan était sans doute utilisé à des fins officielles, mais le babylonien et l’égyptien ont été préférés au persan dans certains domaines. Toutefois, quand Alexandre le Grand a conquis toute la Perse et l’Égypte et s’est avancé jusqu’au nord-ouest de l’Inde, le grec est devenu la langue dominante non seulement pour les affaires officielles, mais aussi pour toute la communication entre les zones ethniques. Les langues originales ont continué d’être utilisées à des fins locales, telles l’araméen (qui a complètement supplanté le babylonien) et le copte. Toutefois, un scientifique ou un voyageur pouvait aller partout de la Grèce à l’ouest de l’inde dans l’est, aussi loin que l’Égypte au sud, et se faire comprendre. Toute idée exprimée en grec pouvait jouir d’une portée de diffusion similaire.

Même après la résurgence perse commencée par les Parthes et continuée par les Sassanides (voir la chronologie présentée ci-haut), les peuples bactriens de la région qui est maintenant l’Afghanistan et le Pakistan ont continué d’avoir des gouverneurs parlant grec jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Ainsi, les méthodes babyloniennes incarnées dans l’astrologie égyptienne, de même que les méthodes égyptiennes elles-mêmes, pouvaient se répandre en Inde sans problème. Ceci explique le fait que tous les mots techniques de l’astrologie indienne dont les origines peuvent être retracées à une autre langue sont grecs, pas babyloniens, pas coptes, pas en égyptien ancien. Il est tout aussi intéressant de constater qu’il semble y avoir peu de mots techniques (s’il en est) dans l‘astrologie grecque dont l’origine remonte à une autre langue.

Voici une liste partielle de certains mots de l’astrologie hindoue qui semblent avoir une origine grecque:
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Tableau 1. Signes du zodiaque

Sanskrit Greek Français Sanskrit Greek Français
Kriya Krios Bélier spacer... Juka Zugos Balance
Tavura Taurus Taureau Kaurpi Skorpios Scorpion
Jituma Didumoi Gémeau Taukshika Toxotes Sagittaire
Kulira Karkinos Cancer Akokera Aigokeres Capricorne
Leya Leon Lion Hridroga Hudrochoos Verseau
Pathona Parthenos Vierge Chettha Ichthues Poissons

Tableau 2. Planètes

Sanskrit Greek Français Sanskrit Greek Français
Hermnan Hermes Mercure spacer... Ara Ares Mars
Asphujit Aphrodite Vénus Jeeva Zeus Jupiter
Heli Helios Soleil Kona Kronos Saturne

Tous ces mots avaient des équivalents sanscrits qui ont probablement précédé l’arrivée des mots ci-dessus en Inde et qui ont peu à peu entièrement remplacé ces mots d’origine grecque. Les mots suivants n’ont pas de racines sanscrites antérieures et semblent venir entièrement du grec. Ces mots demeurent des mots astrologiques courants en Inde à ce jour.

Tableau 3. Lexique des maisons et des aspects

Sanskrit Greek Français Sanskrit Greek Français
Hora Hora Heure spacer... Kendra Kentron Angle
Liptaka Lepta Minute Panaphara Epanaphora Succédent
Hiptaka Hupogeion Imum Coeli Apoklima Apoklima Cadent
Jamitra Diametros Diamètre Drekana Dekanos Décan
Mesurana Mesoura-nema Milieu du ciel Sunapha Sunaphe Appliquant
Menyaiva Meniaios Pas d’équi-
valence
Anaphara Anaphora Séparant
Trikona Trigonon Trigone Dauradhura Doruphoria Doryphorie
Dyuna Dunon Couchant Kemadruma Kenodromia [hors parcours]

Comme le titre du Tableau 3 l’indique, il s’agit là de tous les noms de maison et d’aspects, ce qui démontre que l’astrologie helléniste a eu une grande influence sur cette partie de l’astrologie hindoue. La question de la dette de l’astrologie hindoue envers l’astrologie helléniste soulève une très vive controverse. Plusieurs auteurs de l’école hindoue aimeraient nier l’existence d’une telle dette. Cette position est un peu difficile à soutenir compte tenu de ce qui précède et compte tenu des références très fréquentes aux « Yavanas », qui étaient les Grecs ou, plus précisément, des Grecs de diverses origines ethniques.

D’un autre côté, les Occidentaux, dont cet auteur ne fait pas partie, croient que l’astrologie hindoue provient entièrement de l’Ouest (ou plus précisément du Moyen-Orient). David Pingree, dans son étude du Yavanajataka, procède à un catalogage très complet des parallèles entre l’astrologie de cette école et de l’école des Grecs, et il est lui-même obligé d’admettre qu’il y a de nombreuses différences. Toutefois, de telles différences ne signifient pas qu’il y a deux origines différentes. Il ne faut qu’une période d’isolement entre deux branches d’une tradition après une période antérieure d’unité, pour que les deux branches divergent et que l’une, l’orientale, se fusionne à des traditions indigènes déjà en place. Bien que nous n’insistions pas pour dire que l’astrologie hindoue est entièrement ou même principalement une branche de l’astrologie helléniste, nous devons admettre qu’il y a eu une période d’isolement qui aurait pu causer une division au sein d’une tradition unique.

Après 126 avant notre ère, les Parthes, un peuple persan, se sont soulevés contre les Séleucides qui avaient succédé à Alexandre le Grand et ont reconquis la plus grande partie du vieil empire perse, à l’exception de la portion près de la Méditerranée et de celle du nord-ouest de l’inde. Les Parthes nourrissaient une grande hostilité envers les Grecs (et plus tard envers les Romains) et ils ont entièrement coupé la communication (ou à tout le moins l’ont réduite à un minimum) entre la plupart des peuples hellénistes vers l’ouest et les Grecs Bactriens en Afghanistan et au Pakistan, qui, à leur tour, ont conservé le pouvoir jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Les Grecs Bactriens se sont convertis à l’hindouisme et leur langue a disparu. Toutefois, à compter d’environ 200 E.C., ils formaient encore un groupe identifiable. Ce sont les Yavanas de la Yavanajataka.

Plus tard encore, l’historien Kay cite des archives hindoues des 4e et 5e siècles E.C. traitant du nouveau culte pour un dieu solaire en provenance de l’Ouest. Comme la Chrétienté a fait disparaître le culte de Sol Invictus, le Soleil Invaincu, il est tentant de postuler que l’astrologie hindoue a reçu une deuxième vague de données d’un nouveau groupe de Yavanas qui fuyaient les persécutions chrétiennes de l’Ouest.

Le cœur du problème est de départager l’apport de l’astrologie hindoue de celui de l’Ouest. En dehors des quelques suggestions présentées ici, je ne tenterai pas d’y répondre. De toute façon, il est très clair que, quelle que soit la contribution de l’Ouest aux Hindous, ces derniers ne l’ont pas simplement acceptée et appliquée passivement. Ils ont changé, modifié, et peut-être même amélioré ce qu’ils ont reçu de l’Ouest et l’ont incorporé à leurs propres traditions.

Il y a eu une autre conséquence à la séparation des Parthes. Les peuples perses avaient toujours été d’ardents astrologues. Il semble logique de conclure qu’ils doivent avoir élaboré leurs propres traditions astrologiques de celles héritées des Mésopotamiens et des Grecs. Ensuite, en 27 E.C., ils ont été renversés par les Perses sassanides qui auraient continué l’élaboration des traditions astrologiques perses. Malheureusement, à l’arrivé des Arabes, presque toute la littérature des Sassanides zoroastriens a été détruite, y compris leurs travaux astrologiques. Toutefois, nous disposons d’un gros indice sur l’état de leur astrologie. La plupart des plus grands astrologues de l’ère arabe étaient Perses! De plus, l’astrologie qu’ils enseignaient était très différente de celle des Hindous et des Grecs. Elle avait des orbes d’aspects, les grands cycles de Jupiter et de Saturne, tous les systèmes complexes d’interaction planétaire tels que la réfranation, la frustration, l’abscission, la translation de lumière, etc. Bien que l’astrologie de l’ère arabe doive manifestement une dette importante à l’astrologie helléniste, il est également évident que pendant les deux ou trois siècles écoulés entre les derniers astrologues hellénistes connus et les premiers astrologues de l’ère arabe, il s’est produit quelque chose de nouveau. Il pourrait s’agir, et il s’agit probablement, du volet astrologique persan. De plus, l’astrologie de l’ère arabe est l’ancêtre direct de l’astrologie occidentale d’aujourd’hui. Notre astrologie pourrait bien être le successeur de ce troisième volet des anciennes astrologies.

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Dernière remarque sur les zodiaques

Plus haut dans cet article, nous avons dit que les premières cartes du ciel babyloniennes avaient un zodiaque sidéral (consulter notre article On the Invariance of the Tropical Zodiac). De plus, les astrologues hindous utilisaient traditionnellement l’un ou l’autre des zodiaques sidéraux. Cette question est aussi controversée que celle de la dette – ou de son absence – de l’astrologie hindoue envers l’astrologie du Moyen-Orient. Nous manquons toutefois d’espace dans cet article pour en discuter plus longuement. Dans nos écrits antérieurs (consulter le Project Hindsight), nous avons dit que le zodiaque ne semble pas avoir été d’une grande importance aux anciens peuples. Nous sommes toujours du même avis. Toutefois, dans une future dissertation introductive, nous examinerons cette question en profondeur. Pour l’instant, contentons-nous de dire que le sujet est loin d’être clos en faveur d’un zodiaque ou d’un autre.

Traduit par Ghislaine Delorme, trad.a., Montréal, Canada
Avec la gracieuse collaboration technique de Axel Harvey, Montréal, Canada

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