La remise en place d’éditions à dix centuries au cours des années 1590
Posté par nofim le 27 mai 2015
LA REMISE EN PLACE D’ÉDITIONS À DIX CENTURIES AU COURS DES ANNÉES 1590.
par Jacques Halbronn
Dans son article n ° 40 de son Corpus Nostradamus, Patrice Guinard, s’essaie à relier les quatre éditions Benoist Rigaud 1568 avec l’édition Antoine du Rosne 1557 Utrecht. Il observe des similitudes entre l’exemplaire Benoist Rigaud de la Bibliothèque Municipale de Grasse (qu’il signale par la lettre K) avec l’exemplaire hollandais.
Un tel exercice a ses limites en ce qu’il ne détermine aucunement les dates de publication mais simplement des similitudes structurelles qui sont intéressantes du moment que justement l’on n’en tire aucune conclusion exorbitante.
Nous profitons de l’occasion – d’autant que les travaux de P. Guinard ont été repris sur le forum anglais de la Bibliothèque Nostradamus, animé par Mario Gregorio et Peter Lemesurier, pour faire quelques mises au point méthodologiques.
Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises dans divers articles que nous avons consacré depuis six ans sur Internet (au CURA, sur Espace Nostradamus et dans Estudes nostrdamiennes), et précédemment dans notre communication « Les prophéties et la Ligue », aux Journées Verdun Saulnier de 1997, il est aussi important de se mouvoir en aval qu’en amont et la plupart des nostradamologues persistent à se situer en aval, refusant ainsi de relever des similitudes avec des éditions tardives sinon pour n’y voir que des copies d’éditions plus anciennes…. On regrettera ainsi que P. Guinard n’ait pas jugé bon de confronter son corpus tant avec les éditons Héritiers Benoist Rigaud de la fin du XVIe siècle qu’avec l’édition de Cahors 1590 ou encore avec l’édition Chevillot qui comporte bien des similitudes avec les éditions rigaldiennes, en dépit de certaines additions au-delà du second volet. Certes, ces éditions sont censées être plus tardives mais encore eût-il fallu s’assurer que certaines similitudes ne pourraient conforter la thèse d’éditions Benoist Rigaud antidatées. En s’abstenant de le faire, l’on évite d’avoir à se poser la question….
Curieusement, dans le corpus présenté par P. Guinard dans sa comparaison entre « 1557″ et « 1568′, il « oublie » l’édition Antoine du Rosne Budapest, car celle-ci doit le gêner. Or, cette édition qui ne compote pas l’avertissement latin entre VIe et VIIe centuries est très similaire à l’édition d’Anvers, parue chez François de Sainct Jaure, et portant la date de 1590 (Bibl. de l’Arsenal./ Paris). Mais cette similitude a ses limites, la première étant que les deux documents ne portent pas le même titre.
1 sur le titre
St Jaure: Grandes et Merveilleuses Prédictions
Budapest: Prophéties.
Ajoutons que l’édition St Jaure ne fait que reprendre un intitulé déjà attesté en 1588 et 1589 pour les éditions de Rouen, parues chez Raphaël du Petit Val, décrites par Daniel Ruzo.
On nous dira que l’on a jugé bon à Rouen et à Anvers de lancer un nouveau titre alors que l’ancien sera conservé dans les éditions parisiennes des mêmes années 1588-1589, avec d’ailleurs la même vignette que celles des éditions 1555 et 1557, du moins dans l’édition de la veuve de Nicolas Roffet (British Library). Dans le cas des éditions – l’une datée 1589, l’autre non datée – de Pierre Ménier, l’on a affaire à une vignette légèrement différente mais visiblement articulée sur la même matrice, laquelle vignette ne sera pas utilisée pour des éditions antidatées à la différence de l’édition Roffet. En revanche, les deux vignettes serviront pour la fabrication de publications annuelles antidatées attribuées à Nostradamus : pronostication 1562 (Bayerische Bibliothek, Vienne, almanach 1563 (Bibliothèque Municipale de Lille, pour la vignette Roffet, et almanach 1563, en anglais, pour la vignette Ménier ). En fait, il nous semble probable que les deux vignettes ont circulé parallèlement dans le circuit des contrefaçons – chaque libraire ayant ainsi sa griffe- mais que la vignette Roffet est mieux attestée au regard des éditions conservées. que la vignette Ménier). Ajoutons que les éditions conservées de la traduction française par Nostradamus de la Paraphrase de Galien sus l’cxortation de Menodoteaux estudes des bonnes Artz, mesmement Medicine, comportent aussi la vignette Roffet.
2 sur le sous-titre
Les deux éditions Antoine du Rosne comportent un sous titre qui est identique à celui de l’ édition susmentionnée de Rouen de 1589 à savoir: « dont il en y a » au lieu de « dont il y en a » que l’on trouve notamment chez Benoist Rigaud, dans les quatre éditions étudiées par P. Guinard. Est-ce que la dite édition normande aurait emprunté son sous titre – mais non son titre principal comme on l’a vu – à une édition Antoine du Rosne 1557?
3 sur l’agencement de la IVe Centurie
Les éditions Antoine du Rosne, tout comme l’édition d’Anvers, comportent une IVe centurie bien lissée, où l’on passe sans prévenir du 53e au 54e quatrain alors même que les éditions de la fin des années 1580 marquent une coupure au sein de la dite Centurie IV.
Voilà, décidément, le monde à l’envers! Une vénérable édition 1557 sans aucune indication à la IV et trente ans plus tard le rappel d’une solution de continuité en la dite centurie et qui plus est justifiée par l’édition Macé Bonhomme 1555, à 53 quatrains en cette même centurie, censée parue deux ans seulement avant les éditions datées de 1557.
Mais revenons sur ce qui distingue les deux éditions Antoine du Rosne dont celle de la Bibliothèque de l’Université d’Utrecht a les préférences de P. Guinard.
L’édition 1557-Utrecht – - et cela se retrouve dans les éditions Benoist Rigaud recensées par P. Guinard – à 42 quatrains à la VII au lieu de 40 et a un avertissement latin à la fin de la VIe centurie qui « manque » à l’autre édition 1557 Budapest. Faut-il quand même rappeler que le Janus Gallicus (1594) atteste de l’existence d’un centième quatrain à la fin de la VIe centurie? Est-ce que ce quatrain a été rajouté ou bien supprimé à un certain stade? P. Guinard présente ainsi l’affaire : « Toutes les ditions de 1568 reprennent le quatrain latin non numrot [VI 100] « .,. Cette thèse du « quatrain latin », surmonté d’un chapeau, ce qui est parfaitement atypique vise avant tout à masquer bien maladroitement l’absence du centième quatrain.
Passons à la description des quatre exemplaires dont P. Guinard fournir les pages de titres – au demeurant dotées de vignettes fort différentes des éditions 1555, 1557 , 1588, 1589 et 1590 – des deux volets. Force est de constater que dans trois cas sur quatre, la présentation de l’indication de libraire diffère sensiblement d’un volet à l’autre. Une seule édition offre une homogénéité de présentation entre les deux volets, celle de la Bibliothèque du Musée Paul Arbaud d’Aix en Provence. Elle est la seule édition parmi les quatre à avoir un second volet dont le bas de la page de titre est justifié par rapport à la vignette, comme c’est le cas pour le premier volet des quatre éditions. Est-ce pour autant la plus ancienne du lot ou au contraire la plus tardive? Si l’on doit en croire Guinard, c’est l’édition de la Bibliothèque de Grasse qui est la plus ancienne parce que la plus proche de l’édition Antoine du Rosne Utrecht, selon d’autres critères à savoir au niveau de certains passages du corps de l’ouvrage…..
Cela dit, les trois éditions comportant un second volet sans similitude avec le premier volet offrent entre elles des recoupements frappants dans la disposition de leur titre. Ajoutons que les dites éditions se répartissent à elles trois deux vignettes, celle de la Bibliothèque de Stockolm étant seule dans son genre face aux trois autres éditions.
Maintenant, lorsque P. Guinard établit des similitudes entre l’exemplaire « 1568″ de Grasse et l’exemplaire « 1557″ d’Utrecht, faut-il pour autant concevoir que le second aura servi au premier?
L’argumentation de P. Guinard se fonde sur l’idée que certaines orthographes relevées au début de la Préface à César indiqueraient une plus grande ancienneté et que, a contrario, certaines coquilles seraient la marque d’un caractère plus tardif. comme dans le cas de « futeur » qui aurait remplacé malencontreusement « futur ».
« L’erreur typographique (futeur pour futur), introduite par l’édition X, n’a pas été corrigée dans les éditions ultérieures. ».
En conclusion de son 40° article, P Guinard en arrive, chemin faisant, sans nous citer, à écrire :
. » On peut donc légitimement supposer l’existence d’une édition Alpha, parue en 1568, et dont toutes les éditions postérieures seraient dépendantes. Il en résulte aussi qu’aucune des quatre éditions dont une quinzaine d’exemplaires sont aujourd’hui accessibles, n’a peut-être t imprime en 1568, mais une date légèrement postérieure. Les éditions X, A, B et C, dites de 1568, seraient par conséquent des retirages parus vraisemblablement entre 1568 et 1580″; ce qui fait craindre à ¨Peter Lemesurier, sur le forum signalé plus haut, que l’on en arrive ainsi basculer dans la démarche de… Halbronn… En outre P. Guinard, outre qu’il accepte le principe d’éditions antidatées, et tend désormai à relatriviser la portée des dates indiquées au titre, parait désormais reconnaitre, dans ce même passage, la nécessité d’ademettre l’existence d’éditions manquantes – ce qu’il dénomme l’édition Alpha – ce qui rejoint également notre méthodologie. L’on peut d’ailleurs penser qu’il a probablement renoncé à considérer les deux éditions Antoine du Rosne 1557 comme parues la même année…..A force de vouloir réunir et comparer plusieurs éditions se présentant comme identiques mais comportant moult variantes, reconnaissons-le que le doute peut se manifester….
La question récurrente est bien, en effet, la suivante: est-ce qu’une édition comportant une certaine hétérogénéité dans sa présentation, la trace de divers ajustements est par là même plus tardive? Nous aurions plutôt tendance à croire le contraire même si l’on peut certes admettre un certain processus de corruption.
Selon nous, l’on ne peut expliquer les similitudes que nous avons relevées entre les éditions 1557 et les éditions de la fin des années 1580 et de la décennie suivante qu’en admettant qu’elles ont été produites au cours de cette période d’une quinzaine d’années -étant entendu que nous ne disposons pas des toutes premières éditions parues entre 1580 et 1585 alors même que Guinard, tout en acceptant de ne pas se fier aux dates indiquées situe son corpus au plus tard en 1580, pour des raisons qu’il ne précise d’ailleurs pas et qui sont probablement dues à une volonté de laisser entendre que les éditions centuriques n’ont jamais cessé de paraître et qu’elles ont circulé au cours des années 1570…..
Il n’est nullement inconcevable qu’une édition datée de 1557 ait servi pour une édition Benoist Rigaud 1568 mais cela ne s’est pas produit entre 1557 et 1568 – avec le relais de quelque édition intermédiaire datée de 1558 – mais bien au cours des années 1580. Il suffit d’ailleurs de comparer les textes consacrés à Nostradamus – et qui sont les premiers à mentionner les quatrains centuriques – en 1584 chez La Croix du Maine et en 1585 chez Du Verdier pour s’en convaincre….L’un parle d’une édition de quatrains – sans autre précision – datée de 1556 alors que l’autre, un an plus tard, signale une édition à dix centuries datée de 1568 et se présentant comme parue à Lyon, chez Benoist Rigaud. Tout se passe comme si l’édition « 1568″ avait souhaité rassembler tout un ensemble de textes se prévalant de Nostradamus, eux-mêmes d’ailleurs empruntant lourdement à la mouvance néonostradamique et notamment- mais pas exclusivement – à Antoine Crespin et à Mi. de Nostradamus le Jeune qui le précéda, dès avant la mort de Michel de Nostredame.
Faut-il rappeler qu’une telle collection qui sera commentée dans le Janus Gallicus – lequel prend aussi en compte les Présages – n’excluait nullement que continuent à circuler des parutions séparées et c’est bien ce qui semble s’être produit puisque dès les années 1588-1590; l’on ne publie plus que les sept premières centuries et la seule Préface à César.
Comment, par la suite, en est-on revenu à un ensemble à 10 centuries et à deux Epîtres? Il semblerait que l’on se soit contenté, d’abord, d’ajouter un second volet, ce qui explique la différence de présentation qui est tout à fait sensible, notamment au niveau du statut de l’italique dans les deux Epîtres. Seule l’édition conservée à Aix en Provence - et qu’il nous faudrait consulter – semble se rapprocher de la présentation initiale à dix Centuries, en tout cas c’est la seule à offrir une belle symétrie des pages de titre des deux volets. Dans ce cas, l’on voit que l’imperfection de la présentation des trois autres exemplaires abordés par P Guinard militerait en faveur de leur caractère plus tardif. Encore, faut-il rappeler que l’édition Pierre Chevillot 1611, par ailleurs fort proche des éditions rigaldiennes, présente à nouveau les deux volets selon une seule et même conception. Il semble donc qu’inlassablement- jusqu’à la fin du XVIIe siècle – le corpus centurique se forme et se déforme puis se reforme…..
Comment expliquer la disparité entre les deux volets de trois des quatre éditions? P. Guinard se contente de noter: « Même s’il n’est pas totalement exclu qu’il soit paru une dition complte des Prophties ds 1558 (cf. le bibliographe Alfred Cartier, 1937), les deux parties distinctes et non uniformises du texte plaident en faveur de l’assemblage, en 1568, des deux parties d’un texte, lesquelles n’auraient donc jamais t runies avant le dcs de leur auteur en 1566. ». Or, s’il y eut une période où le second volet ne fut plus utilisé dans nombre d’éditions, c’est bien dans les années 1588-1590 et ce pour des raisons politiques., ce qui explique qu’il fallut ensuite le réintroduire : pour des raisons de commodité, l’on préféra ajouter un second volet à un stock non encore épuisé d’éditions à 7 centuries, ce qui rend fort probable que plusieurs années passèrent avant que le second volet soit remis en circulation?.
Il semble que l’on ait eu parallèlement deux présentations des éditions centuriques: l’une visant à vendre un stock de premiers volets en y adjoignant un second volet composé sépârément et ultérieurement et l’autre, quand les libraires comme celui de Cahors n’avaient pas de stock, à composer conjointement les deux volets. Quand le stock de premiers volets fut épuisé, l’on passa à l’édition correspondant à l’exemplaire d’Aix, puis à celui paru chez les Héritiers Benoist Rigaud, en remplaçant simplement la mention « par Benoist Rigaud » par celle de « Par les héritiers Benoist Rigaud mais cette fois sans la mention » 1568′, référence devenue inacceptable à la mort de Benoist Rigaud en 1594, mais qui était restée plausible tant qu’il vivait puisqu ‘il exerçait déjà en 1568. L’on notera qu’à l’instar de l’édition d’Aix, le bas de la page de titre du second volet Héritiers Benoist Rigaud ne dépasse en largeur la dimension de la vignette placée au dessus, et ce en dépit de la longueur accrue de l’adresse du libraire. Notons cependant que l’édition « Héritiers » dispose, en la page de titre du premier volet, son sous-titre italique sur deux lignes au lieu de trois pour les éditions antérieures.
« Dont il y en a trois cens qui n’ont
encores iamais esté imprimees »
au lieu de
« Dont il y en a trois cens qui
n’ont encores iamais esté imprimées »
On notera une variante avec « cents » au lieu de « cens » dans l’exemplaire de la Bibliothèque de Grenoble que l’on retrouve dans les éditions 1557-Budapest et Utrecht. Quant à la disposition des sous titres, l’édition Utrecht est conforme à la présentation à trois niveaux ci-dessus tandis que l’édition Budapest offre encore un autre agencement:
« Dont il en y à (sic) trois cents qui
n’ont encores iamais
esté imprimées »
Ce sous titre est littéralement – à l’exception de cent au lieu de cents – celui de l’édition Raphaël du Petit Val de 1589. Le sous titre des éditions parisiennes est quant à lui: « Dont il y en a trois cens qui n’ont encores esté imprimées , lesquels (sic) sont en ceste présente édition », ce qui nous semble être un titre plus complet que celui du groupe Petit Val 1589-Antoine du Rosne 1557.
Il ressort, selon nous, de ces observations d’ordre iconographique, que les éditions Du Rosne sont constituées grosso modo d’un croisement entre l’édition Petit Val 1589 – pour le sous-titre – et l’édition Veuve Nicolas Roffet 1588, pour le titre principal et la vignette.
Pour notre part, la raison principale qui nous fait rejeter à la fin des années 1570, au plus tôt, la mise en place d’une toute première édition centurique, vraisemblablement à trois centuries -édition non conservée – bientôt suivie d’une édition augmentée à quatre centuries, tient au fait que nous n’acceptons pas la thèse selon laquelle les noéonostradamistes auraient pillé des Centuries précédemment parues alors que selon nous c’est exactement le contraire qui s’est produit. On passa ensuite à une édition à six centuries se terminant par le quatrain latin, à la suite du centième quatrain français – édition non conservée - puis à une édition augmentée à 7 centuries laquelle devait comporter – si l’on en croit le titre – 300 quatrains au-delà du 53e de la centurie IV- édition non conservée à moins d’admettre que la IVe centurie ne comporta tout d’abord qu’une trentaine de quatrains avant de passer à 53, de sorte que l’addition de 300 quatrains conduisait à un même nombre de quatrains à la VIIe centuries: or, on a 35 quatrains dans l’édition d’Anvers, il est question de 39 « articles » dans les éditions parisiennes de 1588 et 1589. Le cas de l’édition de Rouen, (1588) à « quarte (sic) centuries » ne comportant pas non plus 53 quatrains à la IVe Centurie va dans ce sens. Il y eut un stade où l’on préféra supprimer le quatrain latin puisqu’il existait une centurie VII, cela donna l’édition d’Anvers et celle d’Antoine du Rosne-Budapest. Mais le gros des éditions centuriques ne suivit pas cet exemple et l’on préféra maintenir le texte latin. L’édition 1557-Budapest est ainsi la mieux élaguée de toutes les strates intermédiaires – pas de trace à la IVe centurie, pas de trace à la VIe centurie, ce qui donne un ensemble de sept centuries d’un seul tenant. Il ne faudrait pas s’imaginer que parce que l’avertissement latin n’y figure pas qu’elle serait antérieure aux éditions le comportant….Avec ses 40 quatrains à la VII – au lieu des 42 de la plupart des éditions centuriques conservées, elle est augmentée par rapport à l’édition d’Anvers. Dès lors, ne conviendrait-il pas de situer les éditions à 42 quatrains postérieurement aux dites éditions n’atteignant pas ce nombre de 42? Nous ne pensons pas qu’une édition à 42 quatrains à la VII soit parue avant 1590, le premier cas qui nous ait été conservé étant l’édition de Cahors datée de 1590 en son premier volet, donc contemporaine de l’édition d’Anvers et de l’édition 1557-Budapest. Les éditions Benoist Rigaud premier volet sont conformes à l’édition de Cahors et ont conservé l’avertissement latin, disparu dans l’édition d’Anvers.. Le fait que cette édition de Cahors -telle qu’elle est conservée à Rodez – comporte deux volets assortis nous conduit à penser qu’elle est probablement une refonte d’une précédente édition et est donc contemporaine de l’exemplaire d’Aix en Provence voire de l’édition Héritiers Benoist Rigaud (conservée à Londres, à la University Library, collection Harry Price)
On aura compris que les éditions centuriques connurent au cours des années 1580-1590 un grand nombre de modifications, se succédant parfois à quelques mois de distance mais ne relevant pas nécessairement d’un schéma directif unique. C’est ainsi que le premier volet Benoist Rigaud à 42 quatrains à la VIIe centurie, doit être placé au début des années 1590, le second, – l’exemplaire d’Aix, légèrement plus tardif – en 1593, lorsque Henri IV est sacré roi de France à Chartres. L’on comprend mieux dès lors que le Janus Gallicus de 1594 comporte des quatrains des dix centuries et soit en fait un commentaire des éditions centuriques qui paraissent alors, tout en se servant d’une édition non conservée comportant le centième quatrain de la VIe centurie.
JH
12. 12. 06
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