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Le vav conversif en hébreu. Problémes de traduction.

Posté par nofim le 18 juillet 2015

Problémes de traduction de l’hebreu du fait du Vav  conversif

 

par  Jacques  Halbronn

Une des différences majeures entre hébreu biblique et  hébreu moderne tient à la fonction du Vav  conversif (ou inversif)  dont le principe est le suivant: la lettre Vav placée devant un futur  en fait un passé  et placée devant un passé en fait un futur.  Cela pose des problémes de traduction notamment en ce qui concerne les prénoms et leur étymologie.

Un des cas les plus remarquables est probablement le prénom du fils d’Abraham : Isaac (Yitshaq). Comment traduire ce prénom en français? Cetains proposent le futur alors que pour nous, c’est très certainement un passé, pourvu que l’on prenne la peine de se situer dans le bon contexte. Dans genése XVII, 17 on lit Abraham tomba sur sa face et  sourit (sic) trad du Rabbinat qui préfére rendre tshq par sourire au lieu  de rire, ce qui évite le rapprochement avec ce qui est dit  d’Isaac :                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Dès Genése  XVII, 19, on lit  à propos du fils : « tu le nommeras Isaac ».  Il ne saurait être question de dissocier le nom du fils Ytshaq du fait que son père a ri, Veyitshaq. Etrangement, on se référe le plus souvent au rire de Sarah  qui se manifeste un peu plus bas : et qui est cette fois au féminin  puisque le sujet est une femme : Vatitshaq et non plus Vayitshaq. XVIII. 12. (cf Ancien Testament Interlinéaire  hébreu-français. Alliance Biblique Universelle, 2007)

 Comment donc traduite le prénom  Isaac . Le texte biblique ne s’en explique pas directement mais le contexte nous conduit à un rapprochement avec ce qui s’est passé juste avant. Il faudrait donc traduire ce prénom  par « il a ri », sous entendu « son père, Abraham, a ri » et le moins que l’on puisse dire, c’est que la traduction du rabbinat ne nous y aide pas  et ne garde le verbe « rire » qu’à propos de Sarah alors que c’est le même verbe qui aura d’abord servi pour Abraham, quelques lignes plus haut. Certes, on peut vouloir s’en tenir à la traduction littérale sans sous entendu mais ce serait là commettre un contre-sens. On peut aussi vouloir rétablir le Vav et dira que le fils d’Abraham et de Sarah se nomme « Vayitshaq » !

Quels enseignements tirer de ces observations ? Qu’il existe d’autres cas de ce genre où le futur n’est en fait qu’un passé et cela vaut pour nombre de nom débutant par un Iod, souvent rendu par un I, un J ou un Y.  Le futur n’est selon nous guère de mise car cela évoque un passé à commencer par Israël. Génése XXXII, 29 : s’adressant  à  Jacob : «  ton nom sera Israel  car tu as lutté avec Dieu. » Cette fois, l’explication du prénom qui manquait- si l’on veut- pour Yitshaq est fournie directement mais l’on peut penser qu’elle devait avoir aussi figurer initialement pour Yitshaq.C’est donc  à une révision de toute une série de prénoms hébraïques que nous invitons qu’il convient de traduire par un passé et non par un futur, ce qui leur enléve de leur dimension prophétique pour ne plus concerner que des faits déjà accomplis.

Mais on peut aller plus loin et se demander si cela fait sens de nommer Yitshaq le fils d’Abram/Abraham et de Sarah/Saraï. Surtout si l’on compare avec le nom du premier fils d’Abraham (avec Agar), Ismaël, lequel nom signifie selon le même principe non pas il entendra mais il a entendu. Dieu a entendu, ce qui a quand même une autre allure que Il a ri

Genése  XVI,  11 :

A Abram :ton fils se nommera  « Ismaël parce que Dieu a entendu ton affliction ».  Entendu : Shama. Il n’y a pas ici de vav renversif comme dans le prénom  mais un  verbe au passé. On a donc là trois prénoms Yitshaq, Israel et Ismael qui correspondent à trois verbes qui en sont la clef si ce n’est que dans le cas de Yitshaq, le prénom ainsi proposé semble assez dérisoire, c’est le cas de le dire.  On peut se demander si ce prénom n’a pas été proposé ultérieurement en raison d’une lacune du texte biblique dans un souci de parallélisme. Ce qui voudrait dire que l’on ne connaitrait pas le vrai nom du fils d’Abraham et de Sarah.

Un autre cas, particulièrement célébre concerne le nom même du dieu d’Israël, à savoir le tétragramme qui commence également par un Iod, soit un marqueur de la troisiéme personne du singulier au futur mais devenant un passé s’il y a un vav renversif.

Or, les toutes premières phrases du livre de la Genése comportent la forme « Vayehi » compatible avec le Youd Hé Vab Hé d’autant que la plupart des commentateurs rapprochent le tétragramme du verbe être en hébreu.

Genése I,  3 :  Dieu dit « Que la lumière soit » Et la lumière fut » Yehi Or Vayehi Or. (Fiat Lux)  Le premier Yehi Or est un impératif, le second un constat de ce qui a eu lieu.

On peut se demander si l’origine du tétragramme donc du nom de ce dieu d’Israel n’est pas dans ce passage de la Création où l’on trouve déjà Elohim pour désigner le dit dieu. Vayomer Elohim : Et Dieu dit . Une fois de plus un vav renversif : Vayomer : « et il a dit « alors que l’on a affaire à un futur précédé de la lettre Vav. Il semble d’ailleurs que l’on devrait utiliser la conjonction « et » puisqu’il s’agit du vav renversif. Mais pourquoi si l’on dispose de Elohim faudrait-il que l’on ait aussi  le tétragramme ? Par ailleurs,  le pluriel Elohim devrait correspondre à un tétragramme également au pluriel. Or, la troisiéme personne en hébreu au futur commence par un yod tant au singulier qu’au pluriel. On pourrait donc prononcer « Yahou » le tétragramme, le « hou » étant la marque de la troisiéme personne du pluriel tant au passé qu’au futur, d’ailleurs. De nombreux prénoms attestent de cette forme « yahou »:  Jérémie, Isaïe qui se disent en hébreu  Iérémyahou,  Yeshayahou. D’autant que les Juifs lisent le tétragramme par une forme de substitution « Adonay » qui est également un pluriel et qui signifie « mes seigneurs ». On ne peut donc dire que le tétragramme ne figure pas dans le premier chapitre de la Génése dès lors que l’on trouve « Yehi » qui en serait la clef.

Ajoutons que l’usage du tétragramme n’est jamais vraiment explicité alors qu’il est récurrent. On n’en trouve un semblant d’explication dans le Livre de l’Exode (III, 15) lors de la rencontre du dieu des Hébreux avec Moïse lequel demande sous quel nom présenter le dit dieu  à son peuple (celui de Moïse et celui de ce dieu) . Il lui est répondu. Tu  diras « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob m’envoie vers vous ». Tel est mon nom est-il ajouté. Mais un peu  plus haut on a une autre version (Exode III, 14) : dis leur  » C’est l’Etre invariable  qui m’a délégué auprès de vous ». Ce qui donne en  hébreu « Ehyé asher Ehyé », soit le verbe être à la première personne. Le aleph ici a remplacé le Yod et cette fois on n’est plus au passé mais au présent aussi bien qu’au futur de la première personne du singulier. Ce n’est donc pas ici un pluriel! D’ailleurs, on notera que la forme Yod n’est jamais utilisée quand c’est le dieu d’Israel qui parle mais uniquement quand on parle de lui. Autrement dit,  jamais ce dieu ne se présente comme se nommant à la troisiéme personne, que ce soit du singulier ou du pluriel.  Le tétragramme Iod Hé Vav Hé n’aura donc jamais été explicité, il est la conjugaison  à la troisiéme  personne d’une forme à la première personne dont on ne trouve qu’une seule occurence et ce passage est suivi d’un autre où il est demandé à Moïse de présenter ce dieu comme celui d’Abraham, d’Isaac et Jacob, c’est à dire en se référant à une précédente alliance marquée par la circoncision alors que l’alliance avec Moïse, comme il est indiqué dans le décalogue,  concerne le respect hébdomadaire du Shabbat. On notera que tant la circoncision que le Shabbat s’articulent autour du 7. Signalons que la lettre ‘yod » en hébreu est avant tout un marqueur de la troisiéme personne du singulier (masculin) et du pluriel et qu’elle ne fait donc pas partie du radical. En début de mot, le yod joue le plus souvent  un rôle morphologique tout comme, d’ailleurs, le Thav pour marquer le féminin singulier et pluriel, en tant que préfixe.

 

JHB

18 07. 15

Publié dans POLITIQUE | Pas de Commentaire »

La promiscuité judéo-arabe en France.

Posté par nofim le 16 juillet 2015

L’identité  des  Juifs et des Arabes en France  face  au phénoméne de diaspora

par  Jacques  Halbronn

 

 

I Le déni des Juifs de France quant à leurs origines  migratoires

 

 

On lit souvent que la présence juive en France est très ancienne et qu’elle l’est bien davantage que celle des Arabes. Mais les Juifs qui vivent aujourd’hui  en France sont-ils pour autant culturellement  les descendants de ces Juifs de « souche »  française  auxquels ils  affirment   se rattacher? On est un peu dans le gag de Nos ancêtres les Gaulois.

Tout le monde sait que la communauté juive de France est très largement constituées d’immigrés issus de l’Est de l’Europe et d’Afrique du Nord, c’est à dire d’ environnements culturels, linguistiques, politiques  très différents de ceux  qui concerne la France métropolitaine et la politique de conquête, de colonisation ne transforme pas en Juifs français  des juifs maghrébins même si en effet ces immigrés juifs trouvent en France un noyau juif très anciennement à demeure,  s’exprimant dans la même langue qu’eux le français. .Mais la pratique d’une même langue ne signifie pas le partage d’une même culture, d’une même mentalité. L’apprentissage d’une langue ne suffit pas à garantir  l’intégration pas plus d’ailleurs que l’obtention d’un même statut  juridique ou le fait  de cohabiter dans une même ville dont on sait par ailleurs qu’elle comporte des facteurs de différenciation sociale..

Dans ce même ordre d’idée l’on pourrait  dire que les Juifs qui viennent à présent s’installer en Allemagne ne font que perpétuer une présence juive  séculaire dans ce pays alors que les Juifs de souche allemande ont quasiment disparu de la dite Allemagne, pour les raisons que l’on sait.   Force est donc de parler d’une diaspora judéo-maghrébine en France à l’instar d’une diaspora islamo- maghrébine. De même, on pourrait parler de la diaspora judéo-polonaise en France mais aussi en Israël, ce qui vaut d’ailleurs également pour la diaspora judéo-maghrébine en Israël. On noter qu’en Israël, le poids des origines  diasporiques est considérable.

Il serait donc heureux que l’on commençât – mieux vaut tard que jamais ! -  à reconnaitre la centralité, la prééminence  des Juifs de souche française en France, lesquels constitue un noyau dur, correspondant à une réalité objective, à une filiation et non à un choix personnel, subjectif, celui de l’immigrant. Le juif arrivé en  France, récemment, se situerait dans un processus de conversion et d’appropriation qui ne correspondrait pas vraiment à une image clair de l’être juif.

Nous trouvons pathétique qu’un leader censé représenter la communauté juive de France évoque  des ascendants étrangers. Si encore, ces Juifs de souche française (les « Israélites ») avaient disparu, on pourrait à a rigueur admettre un tel tour de passe-passe. Mais ce n’est pas le cas et le fait que ces Juifs soient ne minorité n’y change strictement rien à moins que l’on prenne le mot « représenter » pour indiquer à l’image de la communauté juive  actuelle. Mais est-ce là une approche bien raisonnable quand on revendique une ancienneté de plusieurs siècles pour les Juifs de France? Il serait plus sage de traiter cette « minorité » des Juifs de souche française (alsacienne, comtadine notamment) comme une aristocratie. Nous pensons qu’un certain accent mis sur le sionisme  tend à  évacuer la question de ces israélites français, d’en miner la légitimité  à gouverner la communauté juive de France. Il y a là une conflictualité non avoué. Il est vrai que les Juifs étrangers sont  venus en France au nom d’une certaine idée de la France bien plus que pour venir rejoindre leurs coreligionnaires déjà installés.

On ajoutera que l’antisémitisme est en partie lié à une présence juive perçue  comme étrangère qui vient remettre en question –ce qu’avait bien compris  Théodor Herzl- un certain modus vivendi  de la coexistence des Juifs et des Non Juifs en un lieu donné. Ce que les gens appellent « juif » est en fait une certaine façon de vivre en un lieu donné et qui n’est pas nécessairement exportable. En ce sens,  la judéophobie se confond avec la xénophobie et il est peu souhaitable de compliquer les choses, tout comme la judéité est  inévitablement marquée par la culture familiale d’origine. Les Juifs  assument-ils vraiment l’idée d’un peuple qui n’a pas besoin d’une terre  mais qui dispose d’un dieu alors que certains peuples ont une terre mais point de dieu qui leur soit propre ? On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ?

 

II  La question du parallèle entre communautés  juives et musulmanes

 

Le terme de diaspora serait donc  assez illusoire dans le cas juif et il est en fait anachronique et ne faisait véritablement  sens que dans l’Antiquité mais il a été  réactivé anachroniquement dans une perspective sioniste.  Il est donc bien plus aisé pour les Juifs de ne  pas  se référer à une origine commune et c’est bien la France qui est leur véritable dénominateur commun par-delà leurs différences/  En revanche, pour les Musulmans – et notamment les personnes issues de l’immigration maghrébine, sur deux ou trois générations- la notion de diaspora et de langue d’origine est bien plus prégnante.  Certes, il s’est créé artificiellement un parallèle  avec la référence à l’Etat d’Israël qui parfois tend à devenir un nouveau ciment pour les Juifs de France. Le parallèle est certes renforcé par l’existence d’une « loi du retour » permettant à chaque juif  de demander la nationalité israélienne. Le problème de la langue est révélateur d’un certain artifice car pour la plupart des juifs de France, l’hébreu n’est pas une langue qui se pratique, qui se parle,  au quotidien mais qui relève d’une référence que l’on pourrait qualifier de liturgique, d’artistique, de liturgique. L’hébreu des Juifs de France en reste au stade d’un signifiant quasiment vide (vidé)  de tout signifié et qui se perpétue intangible ment, sans changer un iota.  Le prix à payer pour vivre sous le régime de laïcité sera donc bien plus faible pour les Juifs que pour les Musulmans, ce dont les Musulmans n’ont pas forcément conscience.

Les événements de l’Eté 2014  lors de l’intervention israélienne à  Gaza ont établi un faux parallèle entre les manifestations  juives et arabes dans Paris qui explique ce qui s’est passé  au début de 2015. On peut en effet se demander si les Juifs de France n’ont pas du fait de leur attachement affiché pour Israël déclenché un processus parallèle  de la part des Maghrébins de France,

Et en même temps,  le comportement des Juifs par rapport à Israël aurait pu être influencé par celui des Maghrébins en voulant donner un sens au mot diaspora. Il suffit cependant d’aller sur les radios liées à ces deux « communautés » pour que la différence saute aux yeux. L’idéologie sioniste conduit à  une telle représentation  anachronique de la diaspora juive. De nos jours, il y a des  diasporas juives issues de toutes sortes de lieux, parfois d’Israël (les « Yordim », par opposition aux Olim, ceux qui sont montés (Alya) et non descendus (Yerida), parfois de France ou d’ailleurs .

Sur la  « fréquence juive », l’hébreu joue un rôle quasiment décoratif – des chants comme d’ailleurs à la synagogue  sauf que ce ne sont pas les mêmes-  alors que sur « Radio Orient », les auditeurs s’expriment de préférence en arabe (dialectal ou pas) et sont tous peu ou prou bilingues.

Actuellement, il serait bon que ceux qui parlent au nom de la communauté juive de France réévaluent leur ordre de priorité et modèrent des propos qui ne peuvent que faire empirer les relations judéo-arabes en France tant en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien qu’en ce qui concerne les exigences de la laïcité.

Le rapport des juifs à la question du Foyer (Home) Juif qui prendra en 1948 le nom d’Israël et qui précédemment était désigné par les Juifs sous celui de Palestine doit être resitué historiquement, à savoir avant ou après cette création . Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Israélites  de France) fut fondé en 1943-44  soit quatre ans avant la création proprement dite de l’Etat d’Israël.  Il était bien normal à l’époque de placer cette question en bonne place dans les objectifs à atteindre.  Il en est de même de l’hymne israélien (Hatikva, l’espérance) bien antérieur  (1878) à la création de l’Etat ou même à l’instauration d’un Foyer Juif sous mandat britannique. Mais une fois cet Etat fondé, les priorités auraient dû évoluer. Or 70 ans plus tard, cette question occupe encore l’horizon du CRIF alors même qu’il n’encourage pas pour autant l’émigration (Alya) vers Israël mais qu’il prend tout de même  des positions susceptibles de provoquer des tensions avec la communauté arabo-musulmane. Là encore,  force est de constater comme sur le plan religieux des positionnements assez peu cohérents.

On a l’impression que le judaïsme contemporain à la française est constitué  de divers ingrédients, à la façon d’une salade niçoise. Un peu d’Israël, ; un peu de Kashrouth,  un peu d’hébreu (que l’on sait tout juste lire avec les voyelles ajoutées),  un peu de prières et de bénédictions,  un peu  d’histoire de France,  un peu de laïcité et de diaspora, au nom d’une tradition fourre-tout , fourbis,  un patchwork- jugée indivisible, à prendre ou à laisser. Cela fait un peu désordre.

Il a manqué au judaïsme une contre-réforme face au christianisme et c’est précisément ce que nous tentons ici d’établir et cela passe par  une réflexion sur  le distinguo entre le contextuel et le structurel, et c’est ce qui manque cruellement à ceux qui prétendent aujourd’hui en être les porte-paroles.

 

 

III La différence identitaire  entre Juifs et Arabes.

 

Il ne faut pas  se voiler la face, l’identité  juive est  quand même plus complexe que l’identité arabo-musulmane et paradoxalement  cela explique la faveur dont jouit le régime assez ambigu  de la laïcité  auprès  des  Juifs  de France.

Les arabo-musulmans n’ont certes  pas en effet à endosser  le lourd passé de persécutions qui est le lot de tant de Juifs, et n’ont pas connu le marranisme lequel n’est   d’ailleurs sans s’apparenter au laïcisme à la française. Leur rapport à la France est sensiblement différent : pour les maghrébins (arabes et kabyles), la France a été  l’ennemie, le colonisateur alors que pour les Juifs, elle apparait comme un havre, un refuge, en concurrence avec Israël d’ailleurs. Cette France qui a fait des juifs  d’Algérie  des citoyens français à part entière dès 1870

On comprend l’incompréhension des  immigrés maghrébins,  quelle que soit leur génération, pour une certaine forme de dissimulation qui passe aussi par une stratégie d’assimilation.  On parlait autrefois de « Juifs assimilés »  et l’on se disait  pudiquement  Français « d’origine juive ». . En ce sens, nous pensons que la laïcité pourrait être qualifiée de déni identitaire. Nous ne voyons pas pourquoi n’existerait pas un certain communautarisme plutôt que de fausses ressemblances, notamment autour de la question de « Dieu ».  Ce n’est pas tant aux musulmans de se mettre en retrait qu’aux Juifs de se mettre plus en avant en prenant, selon nous, leurs distances, par ailleurs, avec  les enjeux du Proche Orient., en  cessant de se présenter comme une Diaspora au même titre que celle des Maghrébins, ce qui est une pure fiction parfaitement anachronique qui nie l’histoire réelle de la communauté juive de France laquelle, pour la plus grande part,  ne concerne ni la France ni la Palestine en rappelant que les Juifs français ne parlent pas l’hébreu moderne mais  balbutient dans un hébreu archaïque et intemporel, ce qui n’incline pas vraiment à analyser les textes en profondeur.

 

 

 

 

IV Les arabes et le spectacle  de  la réussite  juive

 

La judéophobie arabo-musulmane  se plait – se complait- à dresser  la liste des Juifs  qui ont accès à des postes de pouvoir. Il y a en effet deux modes d’intégration, l’une quantitative, l’autre qualitative   ()  Les arabo-maghrébins ont  été plus effectifs  au prisme de la première que de la seconde et sont  cinq ou six fois plus nombreux que les juifs issus de l’immigration, leur communauté est bien plus homogène. culturellement et ses repères sont plus  réels.  En revanche, ils ne sont pas montés aussi haut que les Juifs dans la hiérarchie sociale. On parlera d’intégration féminine et masculine, l’une visant à se conformer aux normes, l’autre à  les déborder par le haut et non par le bas. Rappelons par ailleurs que notre société  est plus  opérationnelle pour veiller aux minima sociaux qu’aux maxima, les uns étant normatifs alors que les autres impliquent un certain dépassement. Force est de constater que les franco-arabes profitent davantage des minima que des maxima.

Il ne  faudrait pas réduire  l’ascension sociale à l’obtention de postes et confondre la cause et l’effet.  Il ne s’agit pas de s’assurer d’un certain quota de postes à tel ou tel niveau, comme le soutiennent  notamment des féministes. La véritable hiérarchie ne fonctionne pas sur la base de postes et les postes ne font que sanctionner une certaine qualité. Un tel procès de la part des arabes à l’encontre des Juif, en France,  doit cesser ! Mais cela passe par la reconnaissance d’une certaine exception juive qui n’est pas ici  une question  de pratique communautaire  mais  tient à de  fortes  personnalités, dans les domaines les plus divers,  qui constituent un atout majeur pour la France du XXIe siècle, qui dispose de la plus forte présence juive en Europe (Russie comprise), une Europe qui  a bien failli faire ou laisser disparaitre tous ses Juifs, il  y a un peu plus d’un demi-siècle, ce qui fait des Juifs  qui y vivent de nos jours  des survivants, des rescapés, y compris pour ceux qui sont nés après la Shoah. Signalons en passant que les Juifs sont aussi encombrants  aux yeux des féministes. Alors qu’ils ne représentent qu’une toute petite portion  de la société, le nombre de fortes individualités  issues de leur  rang, connues  depuis le XIXe siècle dépasse très largement  celui des femmes lesquelles constituent une bonne moitié de l’Humanité !

Il nous apparait que les arguments mis en avant au nom de l’égalité – c’est le Démos – alimentent  un certain antisémitisme. On passe en effet  aisément des protestations quant à la suprématie   jugée inadmissible des  hommes (par opposition aux femmes), en termes de postes, de promotions à celle des Juifs.  On l’observe notamment sur Internet sur le  thème « les juifs à la télévision » avec des documents qui sont l’occasion d’une judéophobie débridée. Au nom de la lutte contre le ‘racialisme » (sic), l’on voudrait établir un numerus clausus dans les média. Etrangement, ces musulmans qui revendiquent le droit d’afficher  leur appartenance religieuse  instrumentalisent la laïcité comme un moyen de se protéger du pouvoir juif.

On s’interrogera par ailleurs sur la possibilité pour un Musulman de vivre dans un milieu qui ne le serait pas.  On peut se faire plusieurs idées de la tolérance : une chose est d’accepter que l’autre ne suive pas la même religion que nous, une autre d’accepter qu’il n’ait pas les mêmes pratiques que nous, comme de manger du porc ou de boire du vin. Faut-il, comme semblent le souhaiter certains musulmans, que l’on s’abstienne de boire du vin en leur présence, par exemple, alors qu’ils se trouvent dans un lieu public ? Si certains pratiquants ont une sensibilité exacerbée, ils risquent de se sentir agressés par le seul fait d’un non respect de tel ou tel interdit. La notion de blasphéme ne vaut selon nous qu’à l’encontre du membre de telle ou telle communauté religieuse. Un  non juif qui ne respecte pas le Shabbat ne risque pas l’excommunication et un non Musulman n’a aucun devoir au regard du ramadan. Traiter un non musulman de blasphémateur, c’est le traiter comme s’il s’agissait d’un Musulman renégat.

 

V

Les Hébreux  et le déni de l’engagement  sioniste

 

Dans le débat sur l’insécurité des  Hébreux  en France, on évite complétement de se demander si ceux-ci devraient se dispenser de certaines provocations, d’une part en ce qui concerne Israël, de l’autre la laïcité.

Dans le premier cas,  l’attachement affiché de diverses structures juives à l’Etat d’Israël ne peut que jeter de l’huile sur le feu. Et après les Juifs viennent  se plaindre d’un amalgame entre antijudaïsme et antisionisme! Mais ne prêtent-ils pas le flanc à la critique, ne donnent-ils pas de verges pour se faire fouetter? Dans les années Cinquante, la question des musulmans restait assez secondaire et on était avant la Guerre des Six Jours qui allait créer le problème palestinien du fait des ‘ »territoires occupés » et ranimer la blessure des réfugiés de 1948 lors du partage de la Palestine.  Cette « partition »  fut déterminée selon des critères d’occupation. Là où il y avait une majorité de Juifs, on aurait l’Etat juif  et là où il y aurait une majorité d’arabes (chrétiens ou musulmans), on aurait l’Etat Arabe. Or, les « colons » juifs avaient négligé d’occuper les lieux bibliques comme Jéricho ou Hébron, lesquels furent attribué au secteur « arabe », d’où par la suite le probléme des colons religieux désireux de se fixer dans une terre « biblique ». Cette partition avait d’ailleurs le tort de fixer un certain statu quo alors qu’il s’agissait d »accueillir de nouveaux immigrants juifs. C’était déjà en soi un contre-sens au regard de la logique du projet visant à trouver une « bonne » solution à la question juive.

Notons que les effets de cette guerre seront également déterminants aux  USA et perturberont durablement les relations – jusque-là  heureuses- entre Juifs et noirs, à partir des années soixante-dix.

En effet, les processus ne sont pas linéaires mais cycliques et certains acquis peuvent être remis en question par la suite.  Or, force est de constater que la situation a évolué et que ce qui était possible hier ne l’est plus cinquante ans plus tard du fait de la montée en puissance de la communauté musulmane et de la focalisation du monde arabe sur la Palestine. Autrement dit, on ne peut plus parler chez les Juifs de leur rapport à Israël comme cela pouvait se faire autrefois, avant la Guerre des Six Jours.

Dans le second cas,  celui de la laïcité,  les Juifs restent attachés à une certaine idée de la laïcité qui ne semble plus possible et cela aussi est devenu une pomme de discorde entre Juifs et musulmans qui exacerbe et exaspéré les esprits.  Rappelons tout de même que l’instauration de la laïcité  ne prévoyait pas un afflux d’étrangers mais la cohabitation entre des populations déjà présentes sur le sol français et donc déjà largement intégrées. En ce sens, la laïcité n’était pas conçue pour accueillir des étrangers.

On ne peut comparer en tout état de cause le rapport des Juifs de France  à Israël et celui des arabes en  France au monde arabe. Le lien au religieux, à la langue n’est pas du même ordre/ Chez les Juifs, il reste plus virtuel, plus discret.  La laïcité n’a donc pas le même impact pour les deux communautés.  Que les Juifs réussissent mieux socialement soient mieux intégrés que les Arabes est déjà en soi une satisfaction  et que les attaches des Arabes à leur culture d’origine les stigmatise est le prix qu’ils acceptent de payer.  De toute façon,  tout se paie, ce n’est pas la peine d’en rajouter par des procès en laïcité. Les arabes se condamnent ainsi à une certaine marginalité et selon nous, une société n’a pas à être homogène car elle n’est pas égalitaire, ne serait-ce que du fait de l’âge qui ne joue pas le même rôle chez les hommes et les femmes, que ce soit dans la prime enfance ou au « troisième âge ». Autrement dit, celui qui assume sa marginalité n’a pas à être stigmatisé puisqu’il assume déjà existentiellement sa condition. On peut vivre en étranger dans la cité et dans une certaine transparence. Entendons par là que dans une société, chacun est libre d’agir à sa guise- tant que cela ne porte pas atteinte à l’intégrité  physique d’autrui.  Mais qu’il ne vienne pas  ensuite se plaindre d’être victime d’ostracisme ! On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. L’ascension sociale exige d’adopter un certain profil et il y a là des lois comparables à celles du marché.

 

 

 

 

 

 

JHB

15 07 15

 

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