Le tribiblos de Claude Ptolémée. Le dernier livre divisé en deux.
par Jacques Halbronn
En 2104 nous avions publié un texte sur le même sité, intitulé « La réception en français de la Tétrabible au XVIIe siècle ». Nous avons pensé interessant de noter que la Tétrbible, ouvrage maintes fois commenté et notamment en France par des astrologues. Nous montererons que la Tétrabible fut en réalité à l’origine une « Tribible » étant donné que le Livre III aura été artificielleemnt coupé en deux, ce qui n’aura pas été sans conséquence sur le fond dans la mesure où l’on aura évacué de la pensée astrologique la partie consacrée au thème de conception, laquelle constitue la première partie du Livre III et non sa totalité.
Le début du Livre IV aurait pourtant du mettre la puce à l’oreille:
« Nous venons de présenter les données susceptibles d’être considérées avant la naissance ». Cela résume le précédent livre, le troisiéme.
Comment les commentateurs et traducteurs du XXe siècle ont-ils résumé le dit Livre III dans leur chapeau introductif
Le Livre unique de l’astrologie (Nil Ed. 2000) rendu par Pascal Charvet (avec la collaboration scientifique de Robert Nadal, Yves Lenoble et Jean-Marie Kowalski) « :
« Thèmes de naissance individuels : prévisions concernant la naissance, la durée de la vie, le corps et le tempérament, les maladies et les caractéristiques de l’âme ». Pas un mot sur le « thème de conception » qui est le cœur même du Livre III. D’où les rubriques toutes liées directement au milieu familial: les parents, les frères, les garçons et les filles, les jumeaux, les êtres difformes, les enfants que l’on ne peut élever, la durée de la vie (en fait dans les premières années), la conformation du corps et du tempérament, les maux dans leur forme aigue et les pathologies chronique du coros, les caractéristiques de l’âme., les pathologies mentales,
En note, on peut lire ‘n° 192) « A la différence de l’astrologie universelle, l’astrologie généthliaque bénéficie de la connaissance de la date de naissance de l’individu ». Un tel commentaire vaut pour le livre IV mais non pour le Livre III. Ce qu’on appelle « astrologie généthliaque » recouvre non seulement le thème de naissance mais aussi le thème de conception. Cette astrologie se diviserait donc en deux volets bien distincts, l’un axé sur le thème de conception(dee génération en quelque sorte) et l’autre sur le thème de naissance.
Le fait que l’astrologie actuelle ignore le thème de conception conduit à un grave contre-sens dans la compréhension de la Tétrabible, d’où le probléme qu’il y a à demander à des astrologues de se pencher sur la Tétrabible, avec le risque évident d’anachronismes.
Pourtant, le début du Livre III est sans équivoque : » Le point de départ de la connaissance de l’homme est par nature le moment précis où la conception a lieu ». Certes on reconnait que l’on ne dispose pas toujours du moment de la conception mais c’est bien à cette étude et à elle seule qu’est consacré le dit Livre III « au cas où » cette information serait disonible. Si d’aventure, elle ne l’était pas, il conviendrait, nous semble-t-il, que l’on ne se servît point du dit Livre III qui y est consacré, ce qui tombe sous le sens et on l’a vu, le début du Livre IV est très explicite à ce propos. Signalons la traduction latine du début du Livre IV « ante nativitatem » ce qui renvoie au thème de conception et « post nativitatem », ce qui renvoie au thème natal.(cf Ptolemy’s Tetabiblos in the translation of William of Moerbecke,.^ed. G. Vuillemin-Diem, et C. Steel, Leuwen University Press, Louvain, 2015)
La façon dont l’édition Charvet découpe le Livre III ne peut que créer de la confusion: » 4. Subdivisions de l’astrologie des thèmes de naissance (sic)’ On rappellera que les prévisions prévues dans ce Livre ne font guère sens une fois que la naissance a déjà eu lieu. Le but du Livre III consiste à préparer les parents à tout ce qui peut survenir lors de la naissance et en son lendemain. Autrement dit, cela ne vaut que pour l’enfant en son état d’enfance et cela concerne l’enfantement. Ni plus ni moins. Le Livre IV prend le relais de ce premier stade qui mérite à lui seul tout un Livre. au regard de l’utilité que l’on attendait alors de l’astrologie. La mentalité actuelle des astrologues est décalée car étant sur la défensive, ils entendent montrer que l’astrologie confirme ce que l’on sait déjà par ailleurs. Mais telle n »était pas la position des astrologues d’autrefois qui se limitaient à prédire, donc à dire ce que l’on ne savait pas encore.
Le Livre III ne couvre donc que ce qui a trait au milieu familial, aux maladies pouvant affecter l’enfant etc.ce qui correspond en gros auc premières maisons astrologiques mais ici point question des dites maisons!
le Livre IV quant à lui précise, a contrario, son objet: « ‘parmi les sujets accidentels et extérieurs à lindividu qui doivent être traités maintenant, celui de la fortune matérielle et des honneurs vient en premier etc » On perçooit là un distinguo épistémologique: le Livre III serait plus lié à la médecine et le Livre IV pencherait plutôt vers la divination et concernerait les thématiques des maisons qui suivent celle relatives à la famille. Soulignons que si les thématiques recoupent celles des maisons, la méthode de travail recourt à d’autres outils et notamment aux aspects. Tout se passe comme si la thématique des maisons astrologiques avait emprunté à l’astrologie exposée dans la Tétrabible aux Livres III et IV ( avec l’horizon séparant les deux registres), ce qui nous intéresse au prisme de l’Histoire de l’Astrologie, les maisons astrologiques, absentes de la Tétrabible prétendant parvenir aux mêmes résultats par d’autres moyens
Il convient toutefois de signaler une anomalie au sein du Livre III, à savoir le chapitre consacré à l’Ascendant.(De gradu horoscopi, dans la trad. latine sus mentionnée).
On lit « Une difficulté surgit souvent au sujet de la donnée première et la plus importante: l’heure exacte de naissance ». On voit bien que ce chapitre n’est en fait pas à sa place au Livre III.
En réalité, le préambule du Livre III couvre à la fois le Livre III et le Livre IV, d’où le développement sur l’ascendant et l’on peut d’ailleurs se demander pourquoi on a 4 livres et pas seulement 3. D’ailleurs, le « livre IV » ne comporte pas, quant à lui, de préambule à la différence des trois « premiers »
Il est assez évident qu’il n’est que la suite du Livre III. Autrement dit, on aura artificiellement coupé le Livre III et en fait dernier en deux parties. On ne peut nullement exclure que l’original ne comportait que trois Livres et non quatre, ik faudrait donc débaptiser l’ouvrage en conséquence et le nommer Tribiblos au lieu de Tetrabiblos.
On se perd en conjectures sur cette division du Livre III . Paradoxalement, une telle division aurait du précisément souligner la différence de contenu entre les deux volets. Or, il ne semble pas que cela ait été le cas, du moins depuis déjà un certain temps. Est-ce que cette division n’aurait pas été liée à une volonté de distinguer les deux volets du Livre III et dernier, dans les siècles qui suivirent cette intervention. Encore conviendrait-ill d’examiner les manuscrits qui nous sont parvenus.
En tout état de cause, comme on l’a montré dans un autre article; il apparait que le dispositif mis en place dans cet ouvrage ait servi à détermùiner les signufications des maisons astrologiques qui finiront par s’imposer mais qui n’étaient pas encore de mise dans le dit ouvrage.
Bibliographie complémentaire
toutes ces éditions relévent de la traduction de Nicolas Bourdin (1640), auteur que nous avons abordé à deux reprises, avec les Remarques Astrologiques de Jean-Baptiste Morin, Ed Retz 1975 et avec le Commentaire du Centilogue (sic). Ed Trédaniel, 1993
1974 La Tétrabible ou les Quatre livres des jugements des astres ; (suivi de) Le Centiloque ou les Cent sentences / Claude Ptolémée ; [trad. par N. Bourdin] ; [notes de René Alleau et Sylvain Matton] , Paris Culture, art, loisirs
Elisabeth Teissier Ptolémée Manuel d’astrologie. La Tétrabible. Paris, Les Belles Lettres, 1993
Denis Labouré Ed Loge Astrologique de France 1985
André Barbault Tetrabiblos. Le livre fondamental de l’astrologie Ed Oxus 2007
JHB
02 06 16