jacques Halbronn Manifeste pour une praxis de l’écriture

Posté par nofim le 5 mars 2021

 

 

Manifeste pour une praxis de l’écriture

par  Jacques  Halbronn

En hommage à  Ernest  Florian Parmentier (1879-1951), auteur du Manifeste de l’Impulsionnisme (1904)

 

Nous pronons  l’utilisation d’archives  plutôt que de souvenirs. Entendons par archives  des lettres, des journaux  écrits sur le vif, dans l’impulsion et la volonté d’interpeller  l’autre ou soi-même  et non réchauffés par la mémoire.

Il y a, selon nous, quelque différence entre adresser une lettre et de nos jours un courriel, un SMS et  raconter  le passé au prisme du présent et alors que les enjeux ont disparu ou sont devenus d’un autre ordre

Une chose, en effet, d’adresser une missive à une femme, par exemple, pour la fréquenter, pour la revoir, pour une raison ou pour une autre, avec en vue un objectif à court terme, une autre de se rappeler quelque moment d’un passé révolu. Nous ne pensons pas que l’écriture soit, dans les deux cas, tout à fait la même, ait la même densité,la même intensité. Et pour le journal, l’analyse sera du même ordre. Quand on écrit  à soi même, pour soi même, c’est quelque part dans un certain état d’urgence, ne serait-ce que pour faire le point, dialoguer avec soi-même. C’est ainsi que nous venons de terminer un recueil de lettres et de journaux s’étalant sur une bonne  cinquantaine d’années et cela n’aurait évidemment pas la même teneur si nous avions évoqué ce demi-siècle au prisme de notre mémoire actuelle!.

Voilà pourquoi nous parlerons d’une « praxis » de l’écriture et d’un Manifeste dans ce sens. En relisant ces quelques 500 pages, nous avons la certitude que nous n’aurions, d’aucune manière, été en mesure de les recréer  avec le recul, ce qui ne signifie pas que l’entreprise n’eut représenté aucun intérêt littéraire et même il n’est pas impossible que le recueil que nous présentons ne dispose pas de certaines qualités propres au genre du roman, avec ce que cela implique de décantation. Mais n’est il pas temps de repenser certaines formes d’expression prenant le contre pied de ce « nouveau roman » que nous avons fréquenté dans les années 60 et auquel nous avions consacré un mémoire, à l’Université Hébraique de Jérusalem en 68-69  dans la classe de littérature  française  de Jean Poliatschek, aux antipodes  de l’esprit du présent Manifeste. Dans notre entourage, on nous avait découragé alors  de reproduire sous forme théatrale,  des scènes  auxquelles nous avions assisté . Finalement, nous  avions renoncé à opter pour une carrière littéraire ne trouvant pas la bonne approche. Mais nous allions faire de la littérature sans le savoir, sans le vouloir en rédigeant des lettres, en écrivant dans notre journal « intime » ou du moins est-ce ce que nous prétendons  avoir accompli. D’où ce Manifeste qui vient justifier et valider la publication (prévue) d’ un tel volume avec un recul qui n’est pas celui de la mémoire mais au contraire de l’oubli.

En parlant de Manifeste, nous ne pensons pas à celui du Surréalisme mais à celui produit par le second mari de notre grand mère, qui prit le nom de plume de Claude Jonquière (du nom de la rue du même nom dans le XVIIe arrondissement de Paris, où se trouve une piscine). L’auteur Ernest Florian Parmentier, né à Valenciennes, d’un Manifeste de l’Impulsionisme le fit connaitre en 1904 à l’âge de 25 ans.  Decaudin écrit à ce sujet  » Son Manifeste de 1904 aspirait à donner à la pensée sa forme la plus élevée lorsque l’intuition de l’essence infinie, « saisie par la conscience devient mouvement, créateur, impulsion »,  Il devint éditeur et notamment celui de notre grand mère, avec les Editions du Fauconnier qui succédèrent, nous semble-t-il, aux Editions de l’Impulsionnisme. Par une étrange coincidence,  ces Editions étaient établies au 71, rue Vasco de Gama, dans le XVe arrondissement de Paris. Or, cette rue nous état devenue familière dès les années 90 du fait d’un de nos amis,  touché d’ailleurs par l’écriture autobiographique mais plutôt sur le mode du souvenir – né le même jour de la même année que nous – qui habitait et habite toujours,  au numéro  65!

Au fond, il s’agirait de créer une collection d’ouvrages  suivant le même principe que  pour le notre, à savoir ayant recueilli  et conservé une somme de documents échelonnés sur des décennies. Manifeste  pour une « praxis », comme nous nous en sommes déjà peu ou prou expliqués, dans le sens d’une volonté d’agir, d’obtenir un effet sur autrui ou/et sur soi même, ce qui pouvait comporter également des textes reçus de la part  des correspondants. On connait l’histoire de ce genre littéraire des « Lettres » mais il s’agit généralement, d’une fiction alors qu’ici nous sommes confrontés en temps réel à des situations en train ou sur le point d’être vécues ou dans la perspective de l’être. Ici, tout est vrai, a vraiment été écrit et adressé à la date indiquée. Nous préconisons toutefois de changer les prénoms des intéressé(e)s. Signalons  notre activité par ailleurs dans le champ de l’improvisation musicale,ce qui fait pendant, nous semble-t-il , avec cette « praxis » littéraire dans la mesure où nous accordons la plus grande place à la spontanéité  et là encore l’on pourra nous objecter que cela pourrait nuire à la qualité artistique et en quelque sorte artisanale de l’oeuvre. Il est possible,il est vrai, que le côté « brut », « amateur » de ce type de « travail » puisse heurter ceux qui aiment retravailler leur production Mais  il se trouve que nous nous méfions, du moins dans le domaine artistique et littéraire, de tout ce qui aura été trop préparé, arrangé, ce qui  pourrait bien être le signe d’une volonté de masquer une certaine insuffisance comme lorsque l’on ajoute quelque ingrédient à un produit insipide ou gâté.
Il est vrai qu’en tant qu’historien,  le goût de l’exploitation et l’exploration des documents est comme une seconde nature. Le fait de fournir au lecteur un ensemble de  pièces datées « pour de vrai » convient à notre méthode de travail. Enfin, nous dirons que la vie est un roman et qu’il y a des façons romanesques de vivre sa vie sans qu’il soit besoin d’en rajouter.  On notera l’opposition entre le souvenir qui relève de la subjectivité  et les souvenirs qui sont des objets et on aura compris que nous sommes en faveur d’une littérature des souvenirs et non du souvenir.

En ce qui concerne notre propre ouvrage, il s’apparente  quelque part, dans sa thématique,   à  l’Histoire de Jacques Casanova de Seingalt vénitien, écrite par lui-même à Dux, en Bohême,  écrit  en  français à partir de  1789 et poursuivi juqu’à  sa mort survenue en 1798 et il est possible  que ce soit dans le domaine des relations amoureuses qu’un tel Manifeste fasse le plus sens.

 

JHB

05. 03 21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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