Jacques Halbronn Réflexions actuelles autour de Michel Gauquelin (1928-1991° et de son oeuvre astrologique.
Posté par nofim le 16 avril 2021
Réflexions actuelles autour de Michel Gauquelin (1928-1991) et de son oeuvre astrologique.
par Jacques Halbronn
En 1991, l’annonce de la mort de Gauquelin, dont on célébre cette année le
trentième anniversaire de l’événement, nous plaça dans une situation embarrassante du fait qu’un de ses livres était en voie de parution dans le cadre des accords de co-édition entre les Ed. de la Maisnie
Guy Trédaniel et celles de la Grande Conjonction que nous avions fondées en 1979. Nous primes la
décision, avec Guy Leclercq, de joindre à l’ouvrage « Les personnalités planétaires »
des « Etudes sur l’oeuvre et la pensée de l’auteur. Nous avions déjà en 1986 (La
pensée astrologique en prélude à une rééditions de l’Histoire de l’Astrologie
de Serge Hutin (Ed Artefact, 1986), le texte de Hutin ayant emprunté assez
nettement à l’ouvrage de Wilhelm Knappich lequel d’ailleurs paraitra la même année
1986 aux ed. du Félin) mené un travail assez conséquent sur cette oeuvre, notamment en développant la
thèse de l’instrumentalisation du cosmos par les sociétés humaines (cf Suzel
Fuzeau Braesch. Astrologie. La preuve par deux. Paris, R. Laffont 1992)
L’ouvrage parut en 1992, voilà bientôt trente ans. Cet ajout ne fut guère apprécié de la famille Gauquelin qui nous reprocha une entreprise de dégradation de son image, ce qui à leur yeux était un comble
de la part d’un éditeur.
On rééxaminera avec le recul le dossier Gauquelin et les appréciations que Leclercq et
et nous avions jugé bon d’apporter. Nous avons déjà évoqué dans une précédente
étude les conditions assez étranges de ce qui s’avèra n’être qu’une réédition
de la Cosmopsychologie., ouvrage paru en 1974, 18 ans plus tôt (Ed CEPL), et
traduit en anglais avec quelques ajustements. ( The Spheres of Destiny. Your personality
and the planets, 1980) titre qui avait inspiré celui des « Personnalités planétaires »
que nous avions choisi.
La quatrième de couverture est d’ailleurs assez explicite; on y lit à propos de notre
contribution : »un travail de réflexion (..) sur les fondements anthropologiques sur
lesquels les résultats de Gauquelin pourraient reposer » On y lit également « La
dominante planétaire remplace avantageusement l’Ascendant ». Nos études
commencent ainsi « La dette des astrologues à l’égard de Michel Gauquein est
immens mais le cadeau est peut être empoisonné »On aura compris que le livre
en question est marqué par l’état d’avancement de Gauquelin au début des
années 70 mais est-ce que cela correspondait à ce qu’il en était dans son esprit
20 ans plus tard? Nous avions eu l’occasion de débattre avec Gauquelin lors des
colloques où nous l’avions invité en 1987 et 1988 mais nous fréquentions aussi sa
première épouse avec laquelle nous avions publié un ouvrage sur les régimes
horaires (cf les congrès de 1993 à Dijon et 1995 et 2000 à Paris – ce qui la mit en contact
avec Patrice Guinard).
Michel Gauquelin semble avoir été marqué par un certain obstacle
épistémologique partagé avec la plupart des astrologues selon lequel
ce ne serait pas une bonne chose que de faire de la relation hommes-astres le
résultat d’une entreprise humaine., ce qui était le propos central de notre texte
sur la Pensée Astrologique (1986), déjà cité. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’une
telle posture anthropocentrée était perçus comme anti-astrologique, pour un Patrice
Guinard avec lequel nous étions entretenus à l’époque alors que , selon nous, il
s »agissait d’une voie à explorer et à approfondir. En bref, Gauquelin rejoignait les
astrologues dans l’idée que les Anciens seraient parvenus à déchiffrer un cosmos
relevant de la Nature, ce qui, selon nous, ne permettait pas, paradoxalement, de
clarifier le débat Astrologie/Astronomie. Pourquoi ne pas, au contraire, montrer
à quel point l’Humanité était capable d’instrumentaliser le monde autour d’elle,
c’est à dire à doter ce monde de capacités qui n’y existaient pas au départ, même
si l’on pouvait parler de repli stratégique?
Un autre tort de Gauquelin, que nous avons eu l’occasion de signaler dans un
précédent texte, c’est de ne pas avoir su circonscrire ses résultats lesquels
ne concernaient que l’astronomie liée à la rotation de la Terre et au mouvement
diurne étant donné que tout se jouait sur quelques heures alors que le reste de
l’astrologie se situait à une toute autre échelle de temps. Le temps pour une
planète de passer d’une position à une autre (en maison) n’avait rien de
comparable au temps nécessaire pour passer d’un signe zodiacal à un autre
Gauquelin aurait du reconnaitre une différence majeure entre les deux
approches et s’en tenir à ses résultats sans extrapoler sur l’ensemble de
l’astrologie. Là encore, Gauquelin n’aura pas su se situer heureusement, ni
par rapport à l’astronomie ni par rapport à l’astrologie, alors qu’il eut fallu
reconnaitre la spécificité radicale de ce qu’il avait mis en évidence.
Mais revenons au débat autour des traits de caractère et des structures sociales,
entre psychologie et sociologie. Pourtant Gauquelin était parti d’une approche
fort intéressante: montrer qu’une certaine élite professionnelle relevait d’un
certain lien avec le système solaire. Cela lui était dicté, à vrai dire, par la
facilité qu’il y avait à consulter des annuaires forcément concentrés sur la
réussite, un peu à la façon de nos guides des astrologues parus entre 1981 et
2006, pendant un quart de siècle. Mais Gauquelin ne disposait apparemment
pas des paradigmes adéquats pour interpréter correctement ses propres
résultats, ce qui renvoie à nos études autour du rôle du leader lequel serait
programmé pour structurer la société et non pour s’y intégrer, ce qui eut exigé
de distinguer entre l’élite et le vulgum pecus. Une fois de plus, Gauquelin ne
sera pas parvenu à bien circonscrire son sujet en cherchant à tout loger à la
même enseigne, ce qui est probablement lié, quelque part, à l’influence
idéologique de sa femme. Avec la position psychologique, tout dépend de l’individu et non
de la stratification sociale, ce qui rejoint une certaine posture féministe. On
comprend l’arrivée de Vénus dans le corpus gauquelinien par un refus
d’exclusion vécue comme insupportable, injuste., de mise à l’écart de telle planète..
Voyons à présent ce qu’écrivait le belge Guy Le Clercq, dans cette même entreprise
de décodage des résultats Gauquelin.Il s’arrête sur l’absence de connexion zodiacale
alors que lui envisageait d’utiliser les données de naissance collectées par
Gauquelin au prisme du zodiaque. Le Clercq s’interroge sur le fait que la
symbolique planétaire de Gauquelin rejoint la tradition astrologique. ( p.317) Il
conclut : « après avoir rejeté l’astrologie en bloc, il y a découvert ce qu »il appelle un
grain d’or (..)Mes propres recherches m’ont convaincu qu’il y a d’autres grains
d’or à y découvrir et qu’il y aura probablement plus encore de vérité dans
l’astrologie que ce que Michel Gauquelin a pu admettre dans son oeuvre »
En conclusion, revenons sur les explications liées à la façon dont la naissance
a lieu en rapport avec la position en mouvement diurne de telle ou telle planète.
Gauquelin reconnaissait que les accouchements provoqués brouillaient ses
statistiques, ce qui laissait entendre que l’enfant n’était marqué par les
configurations lors de sa naissance que si on laissait le processus se dérouler
normalement, « naturellement ». Le petit Martien tendrait donc bien à naitre
de préférence sous Mars, ce qui impliquait qu’il en suivit le parcours, alors même
qu’il n’avait encore pas la moindre visibilité, n’étant pas sorti du ventre
maternel. Mais un tel phénoméne est certainement le résultat d’une pratique sociale sr
la très longue durée, générant une sorte de surdéterminisme, à rapprocher de
la question de la transmission des caractères acquis, on parle d’épigénétique. Quant
à la question soulevée plus haut de la convergence entre les résultats
Gauquelin et l’enseignement de la tradition astrologique à propos notamment
de Mars, Jupiter et Saturne, l’on peut supposer que s’était mis en place un certain*
codage de ces trois planètes qui aura été repris syncrétiqueement. Pour notre
part, nous n’interprétons aucunement ces planètes, en astrologie « relativiste » selon le schéma gauquelinien d’autant plus que nous n’acceptons pas d’autre psycho-typologie planétaire que celle
mise en évidence par Gauquelin. Pour nous, Saturne concerne l’état de la société
et Jupiter celui des leaders et on oubliera pas que l’un des principaux
enseignements du « premier » Gauquelin » tient au fait que seule l’élite serat mue
par les astres et capable de les capter, de les scanner, grâce à une sensorialité tout
à fait particulière.. Il est fâcheux que la mise en avant à partir des années 70
des traits de caractère ait ôté au travail de Gauquelin son apport anthropologique
le plus remarquable, celui de l’impact social.. Mais là encore, nouvel
obstacle épistémologique: était-il possible de dire que l’astrologie ne valait
que pour une certaine catégorie de la population?
.
JHB
17 04 21
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