Jacques Halbronn De l’urgence de redéfinir la signification de la polarité Jupiter-Saturne
Posté par nofim le 31 mai 2021
De l’urgence de redéfinir la signification de la polarité Jupiter-Saturne
Par Jacques Halbronn
La recherche en astrologie est inévitablement interdisciplinaire puisqu’il s’agit en quelque sorte d’un processus de traduction , d’équivalence de données astronomiques en données psycho-sociologiques, philosophiques, politiques, historiques et autres, exercice auquel se livrèrent dans les années Cinquante-soixante du siècle dernier un André Barbault et un Jean-Pierre Nicola, chacun à leur manière voire un Michel Gauquelin quand il présente des corrélations entre positions planétaires à la naissance et parcours professionnels.
Mais dans quelle mesure l’astrologie a-t-elle vraiment vocation à prendre comme base de travail toutes sortes de représentations courantes comme les deux guerres mondiales, les révolutions, les dates historiques des manuels scolaires, les biographies, les catégories professionnelles et autres classements conceptuels plus ou moins consensuels comme la Gauche et la Droite, le communisme et le capitalisme etc ? C’est bien là l’écueil de toute forme d’interdiciplinarité lorsque l’on fige les savoir aux fins de les coordonner ce qui entérine surtout des clichés plus ou moins éculés. Attention, on ne bouge plus !Or, tout manque d’esprit critique – au sens cartésien du terme – aura un coût, hypothéquera, minera la construction ainsi engagée.
Quels rapprochements opérer avec les catégories astrologiques ? Et puis, en tout état de cause, est ce que les astrologues sont ils si attentifs que cela à se faire bien comprendre par leurs interlocuteurs (clients) ou bien spéculent ils sur d’heureux malentendus qui leur permettront de tirer leur épingle du jeu ? Comme nous l’écrivions dans une brochure, parue en 1994 « L’astrologue face à son client. Les ficelles du métier » – avec de dessins évocateurs(Ed de la Grande Conjonction- il y a une traduction anglaise en ligne de cet ouvrage due à Geoffrey Dean), l »astrologue compte sur son client pour donner du sens aux propos qu’il lui tient.
Notre position est la suivante, l’astrologie traite d’un certain ordre du monde qui a pu être instauré à un certain moment de l’Histoire mais il semble bien que cet ordre ait pu être sensiblement altérée avec le temps, notamment du fait d’emprunts, d’imitations, d’interactions qui viennent brouiller les lignes. Autrement dit, l’astrologie ne correspondrait-elle pas à une société idéale, introuvable ?. On pense notamment au débat nature/culture où l’on observe toutes sortes d’interactions, ce qui est de l’ordre de la nature étant qualifie de purement culturel, ce qui est de l’ordre de la culture étant qualifié de « naturel ».
Mais venons en au cœur de notre sujet à savoir les descriptions de Jupiter et de Saturne, ce qui pourrait faire l’objet d’un Colloque tant ces points se révèlent cruciaux. Peut-on se fier vraiment à la mythologie ou bien aux résultats statistiques de Michel Gauquelin ou encore à une certaine tradition astrologique, assez largement enseignée, tant à l’oral qu’à l’écrit. Comment doit-on s’y prendre pour circonscrire des définitions viables de ces deux « influences » ? On se demandera ainsi face à la dialectique Nature-Culture, quel pole correspond à l’une ou à l’autre de ce « couple » planétaire dont les glyphes sont inversés ?
Si l’on en croit les travaux de Gauquelin, Saturne marquerait le monde scientifique, celui de la transcendance et Jupiter le monde politique, celui de la représentation (pour reprendre les termes du système RET (représentation – existence – transcendance) de l’astrologie conditionnaliste). Or, nos propres recherches semblent conduire au résultat inverse. La science serait pour nous du côté de Jupiter et les enjeux sociétaux du coté de Saturne ! Le portrait que nous avons eu l’occasion, par ailleurs, de dresser du jupitérien correspondent à un personnage assez solitaire, capable d’aller à contre courant de l’opinion générale, faisant contre poids aux comportements collectifs qui seraient propres au Saturnien D’ailleurs, André Barbault comme nous mêmes avons associé Saturne aux « mouvements sociaux » (cf notre « Astrologie selon Saturne’, Paris, 1994, Ed. De la Grande Conjonction où nous avions annoncé les événements de la fin 1995. Chez Barbault, dans son astrologie mondiale notamment, cela se complique du fait qu’il étudie le cycle Saturne-Neptune, cf son article numérisé paru le Ier janvier 1953 dans l’Yonne Républicaine) Certes, dans l’enseignement astrologique « classique » , il est de bon ton de rappeler la rigueur saturnienne face à l’emphase jupitérienne et c’est en cela d’ailleurs que les travaux Gauquelin viennent converger comme il le reconnaît lui même avec son ex épouse Françoise Schneider Gauquelin et cela vaut aussi, peu ou prou, chez les conditionnalistes..C’est pourquoi nous associons Jupiter, Uranus et le soleil et Saturne avec Neptune et la Lune. Cela dit, le chercheur exprime des doutes alors que le peuple a des certitudes mais rigueur et rigidité ne sauraient se confondre. On voit que de telles considérations et attributions risquent fort de dépendre de certaines idées toutes faites dont on ne parvient pas aisément à se départir. Mais cela conduit à un cercle vicieux et à des effets pervers au niveau prévisionnel. Le temps jupitérien fait sauter les clivages, les barrières qui ne sont souvent que des constructions superficielles alors que le temps saturnien s’échinerait à les défendre et à les maintenir traitant le culturel comme du naturel d’où la création par Jupiter d’empires supranationaux qui relativisent les différences et les frontières. Il est clair que si l’on n’arrive pas à penser le fait jupitérien, pour des raisons idéologiques – du fait notamment d’une certaine influence communiste-, l’on risque fort de fausser sa perception de l’Astrologie avec les conséquences déséquilibrantes que l’on imagine.. Il nous apparaît que la Gauche serait plutôt liée à Jupiter qui serait dans le déni des différences au nom de la Science et la Droite à Saturne en ce qu’elle prendrait très ( trop?) au sérieux les clivages existants, au nom de l’Histoire, de la Culture, de la langue, de la religion, ce qui conduit au « souverainisme ».
A la lumière de ces réflexions, les travaux Gauquelin pourraient devoir être réexaminés car l’astrologie ne peut se permettre de refléter des représentations discutables. Or, l’on sait que Michel Gauquelin se forma très tôt à l’astrologie, s’en imprégna sans l’approfondir vraiment et qu’il n’aura pu échapper totalement à son emprise en termes de définitions planétaires. Autrement dit, il semble que Gauquelin n’ait pas remis en question les dites définitions récurrentes dans la littérature astrologique. Il se sera donc attendu à trouver les résultats auxquels il va parvenir. En tout cas, ses résultats vont bel et bien dans le même sens, et sur ce point, il n’est pas en décalage avec le consensus astrologique. Certes, Gauquelin ne valide pas toute l’astrologie, loin de là mais il en valide tout de même certains pans, ce qui suffit pour défendre a minima les bases de la cause astrologique. De la sorte, Gauquelin maintenait une sorte d’équilibre entre les astrophiles et les astrosceptiques, dans le style de la chauve-souris. Ce qui est un peu dommage car cela risque de glisser vers un registre apologétique, ce qui constitue un obstacle épistémologique de première grandeur, comme dirait Gaston Bachelard.. Certes, ses résultats recoupent ils la triade des castes de l’Inde – bien étudiée par un Georges Dumézil- mais ces castes n’étaient pas en rapport avec des planètes spécifiques. Pour nous, Jupiter correspondrait aux Brahmanes alors que Saturne serait en correspondance avec le peuple. Rappelons d’ailleurs que dans la mythologie grecque, Saturne -Kronos sera fortement marqué par des histoires familiales au point de devoir éliminer les enfants-sauf dans le cas de Zeus Jupiter précisément – qu’il aura avec Rhéa, lesquels il finira par recracher -cf le tableau de Goya.
Pour nous, les empires sont jupitériens et leur dislocation est saturnienne, lorsque les différences marginales- les divers « en soi » remontent à la surface..En ce sens, la phase solsticiale – ce qui correspond à une radicalisation – serait saturnienne et la phase équinoxiale (égalité du jour et de la nuit) jupitérienne quand les reliefs s’aplanissent. Depuis un certain temps, Saturne est en phase solsticiale, depuis qu’il est entré, fin 2017, dans le signe du Capricorne – ce qui ouvrait une période de 7 ans qui se prolongera donc jusqu’en 2024 quand il passera en phase équinoxiale qui devrait renforcer l’impact de Jupiter dans un sens impérial, fédéral. C’est ainsi que cette période solsticiale aura déjà été marqué par l’accomplissement du Brexit, ce qui ébranla à la fois l’Union Européenne et le Royaume Uni tout comme en 1989, cela avait ébranlé le bloc soviétique et l’URSS, sous les mêmes auspices, avec Saturne en Capricorne (solstice d’Hiver) Un Saturne puissant fragilise les réalisations unitaires équinoxiales (axe Bélier-Balance) de Jupiter.. Bien entendu, dans bien des cas, Saturne prend les apparences de Jupiter et vice versa mais le masque finit par tomber. Derrière le masque de l’URSS, il y a la réalité russe tout comme derrière un patriotisme affiché se met en place une stratégie mondialiste. Ce sont de telles ambiguïtés qui sont susceptibles d’égarer la recherche en astrologie.
JHB
31. 05 21
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