Jacques Halbronn Linguistique. Repenser la notion grammaticale de conjugaison
Posté par nofim le 9 septembre 2021
Jacques Halbronn Linguistique. Repenser la notion grammaticale de conjugaison
Qu’entend -on – généralement- de nos jours par « conjugaison »
En voici un exemple de définition :
« Conjugaison, du latin coniugatĭo, c’est l’action et l’effet de conjuguer (énoncer les différentes formes d’un verbe en fonction du mode, du temps, de la personne et du nombre ; combiner plusieurs choses les unes avec les autres ; comparer une chose à une autre). En grammaire, par conséquent, la conjugaison est la série ordonnée des différentes formes d’un même verbe. Le concept est également utilisé pour désigner les groupes dans lesquels les verbes du même d’un même groupe sont classés. »
Pourtant, le mot « conjuguer » est étymologiquement porteur d ‘un autre sens comme d’ailleurs avec le mot « conjonction » qui signifie « relier ».. On parlera de conjonction de coordination.
Intéressons -nous au mot « syntaxe », le préfixe syn du grec équivalant au préfixe cum du latin. « Partie de la grammaire traditionnelle qui étudie les relations entre les mots constituant une proposition ou une phrase, leurs combinaisons, et les règles qui président à ces relations, à ces combinaisons. »
Dans conjugaison, on trouve le mot « joug ». A rapprocher de (con) jonction, conjoint, conjugal. C’est l’acte de joindre, d’adjoindre.
Or, dans nos récents travaux relatifs à la description de la langue française, nous avons mis en évidence une autre idée de la conjugaison à savoir la « jonction » des consonnes et des voyelles. visant à produire des sons nouveaux dans ces deux registres et ce processus ne nous semble pas avoir été pris en compte comme pouvant relever de la conjugaison, ce qui serait, à nos yeux, une lacune.
Par exemple, la « liaison » entre deux mots- comme cela se pratique couramment en français – relèverait pour nous d’une forme de conjugaison. « Je suis – idiot » s’étendra » je suizidiot »/ Nous avons déjà signalé le phénoméne qui conduit à produire des alliances particulières des consonnes entre elles ou des sonorités qui ne se réduisent pas à leurs composantes : an, in, on, ce à quoi ne sont pas préparés des locuteurs étrangers qui passeront à côté de ces procédures constitutives de la phonologie du français.
On peut se demander d’ailleurs si le fait de « conjuguer » ne visait pas au départ la pratique d’un tel exercice/ Qu’entend-on, au demeurant, en général, par « conjugaison », qu’est ce qui serait à « joindre »? S’agit-il d’adjoindre un suffixe spécifique au verbe en passant d’ »une « personne » à l’autre, du singulier au pluriel, d’ »un temps, d’un mode à un autre? On pourrait parler des déclinaisons qui sont également des « adjonctions ».(nominatif, accusatif, génitif etc) qui ont disparu en français mais pas en latin, en allemand ou en russe.
Pour nous, la conjugaison « à la française » consisterait à souder(en faire une seule et même entité sonore) les phrases en en reliant les mots constitutifs en un seul et même « bloc ». Cela ne fait pas vraiment l’objet d’un enseignement officiel, à notre connaissance. On est dans le « non dit », dans l’allant de soi, selon l’éthnométhodologie.
JHB
09 09 21
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