Jacques Halbronn Le genre du roman et la dialectique matière-forme. Manifeste de la culture vivante.
Posté par nofim le 25 septembre 2021
Jacques Halbronn Le genre du roman et la dialectique matière-forme . Manifeste de la Culture vivante
Au prisme de ce que nous appelons « culture vivante », le genre du roman nous apparait comme marqué d’une puissant formalisme qui ne laisse guère de liberté de manoeuvre au lecteur lequel ne peut se permettre de sauter des pages sans risquer de
se perdre. Cela tient au fait que l’auteur fait jouer son « autorité » en ce qu’il est seul à connaitre le « fil de l’histoire », le « mot de la fin », à gérer le « suspense », ce qui vaut notamment pour le roman policier. Seul l’auteur a les clefs de son roman.
A l’opposé, l’essai s’appuie, se référe des données qui ne dépendent pas de son auteur. mais que l’auteur partage avec son lecteur, ce qui accorde davantage de liberté de manoeuvre à ce dernier. Or, un essai ne se présente pas comme un objet unique en son genre, un monde à part, ni dans le temps, ni dans l’espace. Le philosophe ne prétend pas être le seul à savoir de quoi il traite. Chacun de ses lecteurs est en principe en mesure de compléter, de prolonger l’essai au moyen d’autres textes du même auteur ou d’un autre auteur. On parlera de l’oeuvre d’un auteur englobant tout ce qui émane de lui et qu’il convient d’aborder comme un puzzle dont l’auteur lui même n’a pas la maitrise. C’est pourquoi le roman peut être qualifié d’autoritaire, dans tous les sens du mot.
Pour la culture vivante, une oeuvre ne peut être que diffuse, et chaque lecteur pourra « composer » son « anthologie » à son aise, ce que facilitent désormais les moteurs de recherche qui permettent de capter la diversité des textes dus à un auteur donné
et en faire une re-composition, une réinterprétation, ce qui donne lieu à un processus de création en aval. On retrouve la même problématique en peinture ou en musique. Au sein d’une oeuvre, chaque pièce n’est qu’un élément d’un ensemble. L’on reconnait tel compositeur à travers la diversité de ses productions et le consommateur de culure, s’il est connaisseur, retrouvera le fil sans avoir besoin du secours d’un encadrement rigide.
Seul l’auteur aurait le droit de faire jouer sa propre fantaisie et c’est cette fantaisie qui rend le roman imprévisible et donc inaliénable. On pense à une personne qui relaterait un événement auquel elle seule aurait assisté, ce qui ne donnerait aucun droit au chapitre à ses lecteurs, à ses
auditeurs alors qu’en philosophie, il est question d’une expérience commune, accessible à tous et donc chorale.
Par culture vivante, on entendra à la fois une oeuvre dont chacun peut s’emparer et dont les contours sont flous puisque non circonscrits par le cadre d’un livre bien défini mais relevant d’une constellation de textes, de pièces pouvant s’assembler
diversement. C’est la force d’une oeuvre, sa puissance de rayonnement qui comptera et non une mainmise de l’auteur sur son « ouvrage », par opposition à son « oeuvre. Cultture vivante (et non zombie) cela signifie ici de privilégier l’oeuvre contemporaine et ne pas s’en tenir à des oeuvres déjà pleinement reconnues, ce qui donne peu de mérite à celui qui emboite le pas des générations précédentes. Or, force est de constater que les concerts, les musées, les bibliothèques vont mettre en avant des auteurs déjà anciens,. La Culture vivante entend redonner au « consommateur » de culture un rôle plus actif, plus libre.
L’oeuvre est la matière, c’est à dire une coulée de lave vouée à se refroidir par le biais de la forme.
La définion du « roman » dans un article de Wikipedia est la suivante: « Le terme commence alors à se rapprocher de son sens moderne, celui de récit fictif à épisodes centré autour d’un ou de plusieurs personnages.
Le roman a tout d’abord été le récit d’une aventure fantastique, comprenant un personnage idéal vivant une aventure idyllique elle-même. »
Pour nous, le roman est en affinité avec le féminin -F comme forme- et c »est d’ailleurs dans ce genre, que les femmes auront pu jouer un role marquant bien plus que dans d’autres domaines/ L’auteur de roman entend garder le contrôle de bout en bout de ce qu’il produit et la fantaisie le protége en quelque sorte contre toute intervention extérieure. Il est soi disant le seul à pouvoir raconter ce qu’il raconte, puisqu’il s’agit d’un constat dont il aura été le seul témoin présent, les autres se trouvant ipso facto disqualifiés. Les rencontres entre femmes se font entre personnes « autoritaires », jalouses de leur pré carré sur lequel il ne faudrait pas empiéter alors que les conversations entre hommes se référent à un savoir partagé dont nul n’aurait le monopole..
Chaque lecteur a le droit de composer son menu littéraire ou musical à sa guise mais cela ne saurait avoir de valeur scientifique, ce qui exigerait une approche aussi exhausttve et critique que possible. On ne saurait réduire un auteur à l’une ou l’autre de ses productions/ Il reste que le roman est un vecteur autoritaire qui ne permet pas à son lecteur de faire preuve d’esprit critique sur le fond lequel est fonction du « bon plaisir » de l’auteur. Autrement dit, la lecture des romans génére une population formatée pour se plier à une autorité à la différence des essais.
JHB
25 09 21
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