Jacques Halbronn La vie astrologique De la revue au Colloque. L’ère Volguine jusqu’en 1975 et l’ère Halbronn, depuis.
Jusqu’en 1975, la France vécut à l’ère des revues astrologiques -cf les collections de la BINA, Bibliothèque Internationale de Numérisation Astrologique, depuis le début du XXe siècle: Modern Astrology, Influence Astrale, Déterminisme Astral, Bulletin de la Société Astrologique de France, les Cahiers Astrologiques, Sous le Ciel, Destinées Fraternelles, L’Astrologue, Trigone, Astrolabe, Astralis Grande Conjonction etc NOus avons à partir de 1974-75 ouvert une autre voie, celle des Congrès/colloques. En quoi cela changea-t-il la vie astrologique? Commençons par mettre en évidence la différence entre la réalisation d’une revue et l’organisation d’un congrès. On notera que dans le cadre d’une revue, les astrologues n’ont pas à se rencontrer ni à se déplacer tout en partageant le même espace matériel d’une façon que l’on pourrait qualifier de fictive. Plusieurs rédacteurs en chef excellèrent dans cet exercice, de Volguine à Barbault en passant par Charvet et l’on peut prendre connaissance de leurs réalisations grâce au dépot légal de la BNF.
Qu’en est il du Congrès? Les participants auront convergé vers tel lieu pour y passer un certain temps, ensemble, faisant connaissance à cette occasion. Il y a là une dynamique que l’on ne retrouve pas pour une revue d’autant que la parution d’un article dans une revue peut être sensiblement décalée. Le sentiment d’appartenir à une même communauté est le privilége du Congrès. D’ailleurs, la question se pose: pourquoi les astrologues fournissent-ils un tel effort surtout s’ils ont du se déplacer parfois de centaines de kilométres, qu’est ce qui les aura motivés? , qu’est ce qu’ils y trouvent donc? On pense à un Gustave Lambert Brahy allant de Bruxelles à Saint Maximin (près d’Aix en Provence) en 1978. On dira que le Congrès fait société, c’est un rassemblement à l’appel d’un leader charismatique. C’est là une fort vieille tradition quand le suzerain,le seigneur convoquait ses vassaux, les réunissait.
Or, une chose est de faire cohabiter des textes, une autre, des personnes, on l’avouera. Cela ne correspond pas au même profil de leader. Faire cohabiter, cela signifie les faire débattre, les amener à s »écouter mutuellement, ce qui n’est pas le cas pour une revue. Car on ne vient pas à un Colloque pour ne donner que « sa » communication, l’on partage un espace et un temps, bien au delà d’autant qu’outre sa communication, on pourra poser des questions en diverses occasions, y compris pendant les pauses, les repas. Il est possible que les intervenants fassent route ensemble. Cela tisse des liens humains d’une autre qualité que d’avoir figuré dans un même numéro de revue, des souvenirs. Et puis il y a une expérience, une atmosphère qui n’est pas vraiment transmissible à ceux qui n’étaient pas présents, ce qui n’est pas le cas pour une revue que l’on peut lite dans un espace temps à géométrie variable. CE n’est pas en relisant des « actes » de colloques » que l’on parviendra vraiment. Ajoutons qu’une communication orale n’est pas semblable à un article, ne serait-ce que parce qu’ l’on capte le public auquel on s’adresse et qui réagit. Il reste à l’organisateur qui fixe les horaires, qui décide de l’ordre des prises, des plages de parole de le faire avec intelligence. On donnera comme exemple notre Colloque ‘L’astrologie et le monde » (Paris; novembre 2004 lors du 30e anniversaire de notre premier Colloque, Paris septembre 1974). et que l’on peut retrouver filmé intégralement, sur notre chaine You Tube Teleprovidence-Subconscience.
A partir de 1990, Yves Lenoble se lança dans une série de congrès annuels, pendant une bonne douzaine d’années, sur Paris. Le probléme,c’est que cela rassembla fort peu d’astrologues et une quanité d’éléves en astrologie.(AGAPE etc) qui venaient entendre une suite de « cours magistraux » d’une certaine durée. Les seuls astrologues présents dans la salle étaient les intervenants du programme.-On ne parle pas ici du Salon de l’Astrologue qui avait lieu en paralléle. Lenoble publiera chaque année les communications mais ne fera pas filmer ces sessions. Et puis, en 2004, les astrologues accueillirent dans une certaine euphorie la nouvelle d’un « vrai’ colloque sans éléves à ménager,pouvant enfin se retrouver entre eux, dont nous fûmes le concepteur. Pour notre part, nous avons évité de mélangern dès 1975, nos activités d’enseignement (FLAP) et celle de Colloques.
Puis, ce fut le temps de Téléprovidence, depuis 2008, qui permit de mettre en ligne des archives audio et vidéo remontant à 1978 . Quant à Maurice Charvet (CEDRA, il préféra s’en tenir tout comme Alain de Chivré (FDAF) à transmettre des informations sur les réunions organisées par les uns et les autres. Quant à André Barbault, il n’anima aucun congrès si ce n’est en 1953-54, expérience qu’il ne réédita point pendant un demi-siècle.
Il faudrait également signaler sur Lyon les congrès de Gilles Verneret puis ceux du RAO, sur une base locale annuelle tout comme ceux, sur Bordeaux, de l’Atelier d’Astrologie d’Aquitaine de Josette Bétaiolle, que nous eumes l’occasion de filmer, jusqu’en 2013.
Pour notre part, nous avons toujours pris plaisir à faire discuter les astrologues entre eux. Mais avouons que c’est là un talent assez rare et qui exige de signaler, de mettre en évidence, les lignes de clivage les plus remarquables en temps réel.. Certains de nos colloques furent l’occasion de rédiger en commun des résolutions, notamment en 1975 et 1978 ainsi que de constituer des fédérations, des alliances ( de 1978 à 1993). Le vrai leader en astrologie doit être à la fois quelqu’un qui sait faire se rencontrer les personnalités les plus diverses, il est souhaitable qu’il soit polyglotte mais il lui faut aussi avoir une certaine autorité lui permettant d’intervenir dans le déroulé d’un exposé, en évitant que cela se réduise à une lecture de texte, le contenu complet pouvant être diffusé par ailleurs. Il est clair que lorsque tant d’astrologues sont réunis, il est souhaitable que les prises de parole soient bréves mais pouvant se représenter tout au long du Colloque. Il nous faut cependant mentionner les conférences pouvant se tenir régulièrement tout au long de l’année. Nous pensons notamment à celles qui se tinrent au Musée Social, rue Las Cases, et que nous suivimes entre 1967 et 1974 et notamment durant la période où nous fumes Vice Président du CIA (à partir de 1973) à la tribune, aux cotés de Paul Colombet.. C’est un peu l’ambiance de ces réunions que nous chercherons à faire revivre à partir de 1974-75 dans le cadre du MAU.
Fin 1975 Volguine nous convoqua en pensant que nous pourrions prendre la reléve pour ses Cahiers Astrologiques. Mais nous étions déjà engagés dans une autre entreprise, celle des Colloques depuis 1974 et en décembre 75, notre Colloque réunissait à Paris une belle brochette de personnalités pour répondre notamment au Manifeste anti-astrologique des 186 de la Revue The Humanist. Volguine décédera peu après. En ce qui nous concerne, nous nous trouvons dans une situation double qui nous permet de nous faire une idée globale, panoramique de la situation. Entendons par là que nous avons été aux premières loges de la plupart des entreprises et des événements qui ont jalonnés la vie astrologique depuis plus d’un demi-siècle. Rappelons qu’en 1973, nous avons été élu Vice président du CIA et que nous avons été mêlés de près ou de loin à tout ce qui eut lieu depuis à la différence d’Yves Lenoble qui se lança en 2019 dans un narratif extrémement lacunaire, parce qu’il n’avait pas été partie prenante et dans les coulisses de ce qui s’organisa en France, sauf en de rares occasions ( COMAC,FFA, FAES, MAU) Nous avons eu cette double casquette d’observateur (Guide de la Vie Astrologique) et acteur, initiateur et de fait, nous avons le sentiment qu’en notre absence, la recension des protagonistes, tant individuels que collectifs, aurait été tout à fait médiocres et que le nombre d’événements impactants aurait été bien plus limité. Il est vrai qu’en dehors des gens du milieu astrologique, l’intérêt pour ce qui s’y joue est très faible et cela vaut aussi pour la recherche astrologique à laquelle nous avons participé dès nos Clefs pour l’Astrologie (Seghers, 1976) car il importe de signaler les travaux en cours, par delà leur impact sur les praticiens de l’astrologie, c’est à dire de ceux qui sont susceptibles de marquer l’Astrologie des prochaines décennies. On attend la venue de sociologues et d’ethnologues de la vie astrologique qui ne soient pas marqués par quelque forme de ressentiment.
Selon nous, il y a carence de la présence féminine en tant que témoin objectif de ce qui se passe dans ce milieu. Objectif parce que les femmes ont instinctivement une volonté de tout connaitre de ce qui se passe dans un domaine donné, d’être bien informées grâce à une curiosité naturelle. Un monde sans femmes est condamné à la loi de la jungle, chacun luttant pour la cause qui est la sienne. Inversement, une société sans hommes risquerait fort de vivre une certaine forme d’inertie. Il y a là un équilibre à trouver, si chacun joue le rôle qui lui est imparti depuis des millénaires mais qui aura été perturbé par des phénoménes de mimétisme chez les femmes. Il est bon que chacun reste à sa place.
JHB 23 02 12