jacques Halbronn Epistémologie de l’anthropologie : se référer aux siècles précédents plutôt qu’au temps présent. Culture interne versus externe
Posté par nofim le 23 août 2022
jacques Halbronn Epistémologie de l’anthropologie : se référer aux siècles précédents plutôt qu’au temps présent. Culture interne versus externe
Nous avions encore récemment l’idée selon laquelle l’observation de notre époque proche permettait d’éclairer le passé lointain mais c’était ignorer à quel point nous avions de nos jours affaire à de faux semblants, à des trompe l’oeil/
Il apparait en vérit éque les dernières décennies auront contribué à fausser la perception des différences, si bien qu’il est préférable de travailler sur des périodes plus anciennes. Michel Gauquelin (1928-1991) se plaignait de l’incidence des accouchements provoqués sur ses résultats statistiques en matière d’astrologie. De nos jours, la machine n’aura cessé de gagner du terrain, avec notamment la mode de téléphones portables et des applications et informations qui y sont véhiculées. En phase solsticiale, qui est une phase unitaire, la machine contribue à unifier la société mais en phase équinoxiale, elle risque fort de produire un certain nivellement des aptitudes au point de générer de l’indifférenciation, donc de la confusion.
C’est en ce sens que nous soutiendrons que le sociologue a tout intérêt à mener ses recherches sur des temps relativement éloignés où le relief social est encore suffisamment net. Quant à la tentation de laisser croire que l’absence de visibilité de perception des différences indiquerait la disparition même des dites perceptions, il serait bon de s’efforcer d’y résister.
En effet, il y a un prix à payer à se complaire dans le déni en croyant que les gens seraient interchangeables car cela menace directement la bonne organisation de la société. Nous croyons à ce précepte : the right man, at the right place, at the right time qui se voit présentement bafoué du fait d’un refus ou d’une incapacité à distinguer les différences dans le temps et dans l’espace et nous précipite dans un monde d’aveuglement. C’est en étudiant les sociétés d’autrefois que l’on sera désormais en mesure de se prémunir contre les mirages de la machine au nom d’une certaine constance des structures sous-jacentes à travers les âges.
De nos jours, on nous parle de l’égalité des sexes sur la base d’une société assistée par ordinateur. L’intégration sociale est désormais réduite à l’usage de tel ou tel appareil. Mais en réalité, il s’agit de la mise en place d’une culture externe se substituant à une culture interne. Entendons par là que ce que nous appelons culture externe n’implique pas une capacité à connecter les informations, cette capacité étant dévolue à des réseaux informatiques et non à des humains. A contrario, par culture interne, nous pensons à ce que nous sommes aptes à puiser et à relier dans notre mémoire.
Tout cela conduit à des dysfonctionnements dès lors que l’on ne repére pas les « bonnes personnes », les plus douées et que non sans un certain cynisme, on se dit que qui que ce soit, cela fera bien l’affaire. C’est bien là un probléme écologique qui mine nos sociétés et la fausse monnaie risque fort de chasser la bonne. Déjà le passage de l’oral à l’écrit(notamment avec l’invention de l’imprimerie à la fin du XVe siècle) aura certainement contribué à encourager certaines formes d’imposture car en apprenant à lire, on apprend, par là même, à tromper son monde, à se payer d’artifices, et cela vaut aussi pour la musique. Quant aux élections, l’on peut raisonnablement se demander si elles ne créent pas artificiellement une élite. Nivellement par le bas.
JHB 23 08 22
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