Jacques HALBRONN
Histoire du fédéralisme en milieu astrologique IIe Partie. Le facteur juif.
Le lecteur sera peut être surpris que l’auteur se positionne à la fois comme observateur et comme acteur, ce qui tient à sa démarche ethnologique, consistant à être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du terrain étudié, dans les affaires contemporaines. Ne pas le faire serait d’ailleurs se condamner à effectuer un travail de seconde main lequel n’évite aucunement les positions partisanes.
On ne peut appréhender la vie astrologique dans l’Europe du XXe siècle sans tenir compte des structures supranationales. Avant la Première Guerre Mondiale, la France fut sous influence britannique avec la parution des petits volumes du groupe d’Alan Leo, traduits en français (‘Reprint Trédaniel 1987, à notre initiative) et on lira à ce sujet notre étude consacrée à la Société Astrologique de France (en ligne sur SCRIBD et La Vie Astrologique il y a 100 ans, Trédaniel 1992. Après la « Grande Guerre », c’est l’Allemagne qui va prendre le leadership notamment à partir des années Trente et spécialement pendant la période nazie. C’est ainsi que les congrès de Bruxelles 1935 et de Paris 1937 (à la Mutualité) s’inscriront dans le cadre d’une Fédération Internationale des Astrologues Scientifiques contrôlée par le Dr Hubert Korsch depuis Dusseldorf (cf Herbais de Thun Encyclopédie du Mouvement Astrologique de langue française.(Bruxelles 1944) d’où leur intitulé de II et IVe Congrès Internationaux (cf la revue Zenit, à la Bibliotheca Astrologica, bientôt en ligne sur la Bibliothèque Astrologique numérisée et les Actes des Colloques de 1935-37 dans les mêmes conditions). La découverte de Pluton en 1930 excitera les esprits des astrologues allemands, Pluton annonçant un nouvel ordre du monde! . Le texte de Brunhubner paraitra dès 1937 en français et ressortira en 1953, l’année du congrès de Paris présidée par la Comtesse autrichienne Wassilko Serecki (cf La Vie Astrologique. Années trente cinquante, Ed Trédaniel 1995)
On s’intéressera surtout ici à la situation au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale à commence par la situation liée aux congrès de Paris et de Strasbourg 1953-54. Il apparait en effet que l’influence allemande aura perduré jusque dans les années Cinquante comme en témoigne le Congrès de Paris qui s’intitule VIIeCongrès International d’Astrologie. Paris, Centre International d’Astrologie. Pierre Rouland éditeur) Dans leur présentation André Barbault et Roger Knable précisent d’entrée de jeu « Nous rappelons qu’il fut organisé par le Centre international d’Astrologie , l’Oesterreischische Astrologische Gesellachatt et la Federation für klassische Astrologie »(cf Astrologie Moderne n°10), cette dernière étant parfaitement allemande née en 1951 ( https dans la continuité d’une lignée remontant au début du siècle (://www.astrologenverband.de/ Il reste que la septième édition reprenait la suite des congrès des années Trente. étant entendu que l’on est ici dans une optique fédérale et international avec pour précédent le congrès de Paris de 1937, en pleine période nazie, le souvenir de la guerre n’étant pas très lointain en 1953. Et cella vaudra pour celui de Strasbourg dans la foulée, ville qui avait été annexée quelques années plus tôt. D’ailleurs, une grande part des participants étaient germanophones.. Rappelons que nous sommes à l’époque de la création du Marché Commun à six membres (France, Allemagne, Italie, BENELUX), avec en perspective le Traité de Rome de 1957. Autrement dit, on est ici en présence d’une série de Congrès à initiative allemande puis austro-allemande, entre 1931 et 1954,. ( sur le nazisme et les astrologues, cf Georges Antarés. Ce que peut l’astrologie pour l’Humanité. Ed Flandre), pp. 185 et seq, Ellic Howe Le monde étrange des astrologues, trad. de l’anglais, Paris, Robert Laffont)
Il semble que ce processus fédérale ait fait long feu par la suite, malgré la réitèrration à Strasbourg d’une Fédération Intetnationale des Astrologues Scientifiques soit dans les mêmes termes qu’avant guerre. Il serait intéressant d’étudier les filiations autour des associations allemandes en activité par la suite sises à Wuppertal et à Aalen, et des astrologues qui participèrent à leurs congrès et publications.. Le fait est que l’on ne trouve plus d’interférence manifeste de leur part dans le monde francophone, dans les années soixante et suivantes.
La question au centre de notre étude concerne la prise de relais fédéraliste et international au cours des soixante dernières années en Europe et particulièrement dans le monde francophone, d’où le titre de notre travail qui pourra intriguer. Rappelons tout de même que le second conflit mondial fut souvent présenté fans la perspective d’une confrontation entre nazisme et judaisme.(cf certaine couverture de la revue belge Demain)
Force, en tout cas, est de constater que durant une vingtaine d’années, en gros entre 1954 et 1974 aucun congrès national ou international ne se tint à Paris, ce qui montre bien que sans le support germanique, les congrès susnommés n’auraient probablement pas eu lieu! Il convient ici en effet de préciser que si ces congrès bénéficièrent d’une logistique locale, il n’en reste pas moins que celle-ci devait avoir été mobilisée pour la circonstance, la preuve étant que le Congrès de Paris de la fin d’année 1953 ne connut pas d’autre édition, ce qui tendra à se vérifier pour les décennies suivantes
La thèse que nous soutiendrons ci après concerne le rôle judaique dans la poursuite d’un certain fédéralisme à partir des années soixante dix et plus précisément à partir de 1973, lorsque Jacques Halbronn accéda au poste de Vice-Président du Centre International d’Astrologie (CIA), du fait de certains troubles au sein de cette association parisienne liés à la démission en 68 d’André Barbault du bureau du CIA, au sort de la revue L’Astrologue etc. A partir de cette date, Halbronn, âgé de 25 ans, lors de son entrée en fonction, prenant la direction de la revue Trigone, va devenir un élément essentiel de la vie astrologique francophone voire européenne. Or, Halbronn est comme on dit d’origine juive et avait effectué un important séjour en Israel dans les années 67-69, au point de devenir quasiment bilingue français hébreu. Dès le début des années 70, il avait fréquenté les congrès astrologiques, en Angleterre, en Allemagne (Aalen), en Belgique (Bruxelles) et aux Pays Bas et c’est ainsi qu’il avait pris contact avec l’ISAR, International Society for Asytological Research pour que se tienne en 1974 à Paris, un congrès international. Mais cette fois, cet événement ne fut nullement sans lendemain!
C’est ainsi qu’Halbronn, au sein d’une nouvelle structure dès juin 1975 lancera la date d’ un nouveau congrès parisien pour le mpos de décembre de la cette même année, suivi d’autre tout au long de l’année 1976 (cf la liste in Guide de la Vie Astrologique. Trédaniel 1984)., à Paris mais aussi à Reims en novembre. On trouvera la liste des participanyts ans l’ouvrage susnommé et on renverra à l’Enquéte de Victot Bouvies, parue dans des numéros des Cahiers Astrologiques de 1976, auprès des astrologues gravitant autour des dites rencontres. On y notera la présence de Gustave Lambert Brahy, animateur du Congrès de Bruxelles 1935, et responsable de la revue Demain comme un marqueur de continuité ainsi qu’Adolfo Lopez, représentant d’une astrologie espagnole sortant à peine du franquisme et d’ailleurs la revue de Halbronn, Grande Conjonction, comportera un volet en langue espagnole.. Halbtonn maitrisait d’ailleurs aussi bien l’anglais et l’allemand que l’italien et l’espagnol. Le Congrès de Lille, en 1978, près de la frontière belge mais aussi à proximité de l’Angleterre, verra la création d’une Fédération Internationale regroupant l’INAC (Institut Ntaional d’Anthropocosmologie de Liége, une délégation espagnole, le GERASH représenté par sons président en exercice Denis Labouré (cf la photo de groupe dans le Guide de la Vie Astrologique), le Collége Astrologique de Metz de Pierre Heckel, et la présence de l’Anglais Geoffrey Cornelius et la responsable de la Kosmobosophische Gessellschaft dEdith Wangemann. Certes, Halbronn avait -il obtenu , comme il se devaitt l’appui d’un groupe local (CERCLE de Egé) mais il ne s’agissait plus du tout d’une initiative étrangère comme par le passé. Un tel scénario devait se répéter maintes et maintes fois jusqu’en 2016, qui voit la fin (provisoire) des rencontres du MAU tant en France en un grand nombre de villes, qu’en Belgique, en Suisse, en Grèce, en Israel, en Angleterre, au Luxembourg, en Argentine (pays de naissance de sa mère), jusqu’au Québec. (cf les Guides successifs jusqu’en 2006 et les vidéos en ligne sur la chaine You Tube Teléprovidence Subconscience) Ajoutons à partir de 1978, une synergie de fait entre la British Association et le MAU, ce dernier organisant le plus souvent un congrès juste avant ou juste après celui des Britanniques; ce qui permettait aux astrologues américains de faire coup double. Furent ainsi diffusées le week end suivant, outre Manche, les résolutions sur l’enseignement astrologique prises à Paris, et en 1981, le MAU organisera un Congrès à Londres.
Certes, l’on peut toujours isoler chaque cas comme relevant chaque fois de quelque initiative locale dont aurait profité Halbronn mais qui ne voit la mise en oeuvre d’un plan général, dont le centre décisionnaire est bien ce Juif et ce des décennies durant d’autant que le plus souvent rien ne sera plus organisé dans les lieux en question, du moins pour ce qui est de la province française écumée de façon systématique et en quelque sorte cartographique. dans tout l’hexagone y compris les zones francophones limitrophes, de Lille à Nice, de Toulouse à Rennes, de Montluçon à Dijon, de Tournai à Lausanne, d’Angoulème à Metz., du Havre à Strasbourg, de Reims à Rouen , de Nantes à Saint Maximin, d’Orléans à Lyon. de Toulon à Amiens etc..sans oublier les rencontres parisiennes comme celles qui associa le MAU au CURA de Patrice Guinard , en l’an 2000 -lequel avait mis en ligne son CATAF (le catalogue alphabétique des textes astrologiques français) ou celles de 2004 dont le caractère fédéral était évident, même si cela ne fit pas l’objet de déclarations formelles tant il semble que la fédération doit être un fait observable et non un projet sans véritable contenu. Chaque fois, comme par hasard, comme dénominateur commun à un tel pluralisme le même personnage,le Juif jacques Halbronn.. Il importe de signaler en parallèle l’existence de réseaux, comme le RAH (Réseau d’Astrologie Humaiste) ou le COMAC (Centre d’Organisation du Mouvement d’Astrologie Conditionaliste) qui diffusent une certaine pensée en divers centres locaux -avec la tenue de congrès à Paris), ce qui ne correspond pas à ce que nous entendons par fédéralisme . Pour nous, il ne s’agit pas tant de créer des structures que d’intégrer celles qui existent. Signalons aussi la Fédération des Astrologues Sidéralistes (FAS) de Marie Delclos.
De facto, l’oeuvre fédérale d ‘un Korsch avait bel et bien rouvé son relais à partir des années soixante dix en ce personnage qui, par ailleurs avait publié dès 1976 le volume Astrologie dans la Collection Clefs de Seghers mais aussi l’article Astrologie de l’Encyclopaedia Universalis. Son rapport au judaisme est par ailleurs indéniable : en 1977, Halbronn publie les traités d’Abraham Ibn Ezra, chez Retz, en 1985 Le Monde Juif et l’Astrologie, chez Arché, qui est sa thèse en Etudes Orientales soutenue en 1979 En 1978, Halbronn fonde le Cercle d’Etudes et de Recherche sur l’Identité Juive (cf la collection numérisée sur la plateforme SCRIBD), En 2002, il publie un diptyque Prophetica Judaica Aleph sur Nostradamus et Beith sur les Protocles des Sages de Sion.. (Ed Ramkat, Feyzin 69) à partir de sa thèse d’Etat, Le texte prophétique en France (Presses Universitaires du Septentrion, 1999) D’ailleurs, Halbronn passa le premier semestre de 1976, en Israel, dans le cadre de la préparation de son doctorat et anima le MAU à distance, depuis Jérusalem, en sa première année d’existence. Toutes proportions gardées, l’on pense au rôle majeur du juif américain Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1975. Il ne s’agit pas ici de dire si cet impact aura été ou non positif mais d’observer qu’il aura exercé un effet socialement structurant car rien n’est pire que le morcellement lorsqu’il perdure.
Mais quid de son impact au niveau international.? En 1979, Halbronn lance la Fédération International Méditerranéenne d’Astrologe (FMA), à Nice, à 1980, dont le siège est fixé à Milan,. Citons aussi Bruxelles, où nait une Fédération Internationale d’Astrologues de Langue française (FIALF) avec Charles Aubert (Suisse) Jacques de Lescaut (Belgique) , Jacques Halbron et Denis Labouré (france), Jean-Nicolad Scheuer -Luxembourg qui réunira l’année suivante notamment les représentants du GERASH (Labopuré, Charvet) du MASR (Mouvement Astrologique de Suisse Romande (Francine Mercier)., Collége Astrologique de Metz (Heckel) Tut cela aura été enregistré, photographié, filmé (cf la Collection sur Face Book Album photo des astrologues, à partir des archives de la Bibliotheca Astrologica) Halbronn coache également Denise Daprey pour sa Fédération des Enseignants en Astrologie (FEA, 1985). En 1978, Halbronn avait organisé un congrès international de l’enseignement astrologique, à Paris avec le soutien du Congress of Astrological Organisations de l’Américain Al Morrison ( cf la revue CAO Times, à la Biblioteca Astrologica)), dont il sortira une résolution reproduite dans le Guide de la Vie Astrologique tout comme la réponse du Congrès de Paris de 1975 au Manifeste des 186 rédigé par Brahy et Ruperti.
Halbronn organise ainsi le premier congrès helvétique d’astrologie, avant les Congrès de Lucerne et de Zurich. des années 80 animés par un Claude Weiss qui avait participé aux rencontres de Genéve. et franchit carrément la Manche en 1981 pour réunir l’élite britannique à Londres avec John Addey et Julia Parker. En 1984, Halbronn organise avec un support local un colloque en Histoire de l’Astrologie dans le cadre du prestigieux Warburg Institute, il publie à cette occasion un Répertoire des historiens de la question. Comment, par ailleurs, ne pas percevoir des calques de l’oeuvre organisatrice de Halbronn chez certains leaders du milieu astrologique dans les années 90? Rappelons que très tôt le Mouvement Astrologique Universitaire va se changer en Mouvement Astrologique Unifié et Union et Fédération sont synonymes. De fait, on ne saurait juger le MAU en tant qu’association parmi d’autres mais bien comme une structure fédérale coiffant toutes sortes de mouvements locaux. En ce sens, il est vrai, le MAU ferait quelque peu penser au FBI (Federal Bureau of Investigations) luttant contre l »enclavement de telle ou telle association, ce qui a pu le conduire à des effets de déstabilisation. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Avec la parution de ses Guides entre 1981 et 2006, Halbronn rassemblait l’ensemble de ses activités et de ceux qui y participèrent, et constitua une mémoire précieuse relayée par une considérable somme de vidéos en ligne sur la chaine You Tube citée, à partir de 2008, concrétisant la dynamique de TV Urania de Roger Héquet auquel il avait fourni toute une série de films dont le congrès de 2004..
D’aucuns diront que nous avons exagéré la dimension judaique de l’action fédérale de Jacques Halbronn. De fait, avant lui, les Juifs auront été fort peu nombreux à investir le milieu astrologique. On pense à un Henri Selva (alias Vlés) au début du XXe siècle? Incontestablement l’on a avec Halbronn un exemple emblématique de l’apport d’un seul élément juif au sein d’un milieu professionnel, ce qui se caractérise par un refus des limites spatiales.. On a du mal à imaginer ce qui se serait passé si le jeune Halbronn âgé de 20 ans, n’avait pas atterri dans les années soixante dans ce milieu. On nous objecter qu’une hirondelle ne fait pas le printemps et que toute notre démonstration repose sur un seul personnage mais tel est justement tout l’enjeu et ce qui rend le phénomène particulièrement repérable.
Le coup de pied de l’âne, Patrice Guinard ‘CURA: dans son Manifeste sur l’Astrologie : « Il est donc inutile de singer les modes d’organisation des savoirs institutionnalisés et de revendiquer une reconnaissance de pratiques douteuses par les autorités socio-culturelles, au moyen d’assemblées, de colloques, d’associations, de fédérations et de « codes de déontologie », qui favorisent par ailleurs la prolifération de petits jeux de pouvoir. »
JHB 14. 01 21