jacques halbronn Linguistique comparée. Méthodologie. La dégérmanisation de l’anglais
Posté par nofim le 20 mai 2022
jacques halbronn Linguistique comparée. Méthodologie. La dégérmanisation de l’anglais
La meilleure façon de mettre en évidence le fait qu’une langue aura été victime d’emprunt à une autre langue consiste à comparer celle-ci avec les langues de la même famille en mettant en évidence la mesure du remplacement. C’est ainsi que l’anglais aura perdu, au cours des siècles, un grand nombre de termes qu’il avait initialement en commun avec l’allemand.
Entendons par là non pas nécessairement les mêmes mots, stricto sensu, mais des mots ayant le même profil. Ainsi Day pour Tag reste bien dans le champ germanique, tout comme say pour sagen.
Mais la liste est longue de présence en anglais de mots d’origine française à la place de leur équivalent germanique. C’est ainsi que lorsque l’on recherche la traduction « anglaise » de l’allemand Bauer, on trouve « peasant », de l’allemand « wenig », on trouve « few » qui vient du français « peu », de l’allemand Fluss, on trouve river, de l’allemand Macht, on trouve power (du français pouvoir), de l’allemand Wagen, on trouve car, de l’allemand bezahlen, on trouve en « anglais » pay, wichtig donne important, Zweifel, donne doubt, möglich donne possible et ainsi de suite sans parler de la série pork, mutton, veal, beef qui dérive du français.
Cela dit, l’allemand aura également beaucoup emprunté au français et si l’on trouve « fruit » en anglais pour l’allemand ‘Frucht », cela tient à une influence du français sur ces deux langues.
On pourrait appliquer une telle méthodologie pour la famille des langues dites sémitiques en montrant que dans plusieurs cas, l’équivalent du mot arabe en hébreu est un terme d’origine française, ce qui peut se présenter en sens inverse, avec un terme sémitique en hébreu correspondant en « arabe » à un terme français, puisque ces deux langues sémitiques ont été, chacune à sa façon, par le français. Dans le cas de la famille slave, la comparaison entre le russe et le polonais ferait également apparaitre des décalages entre ces deux langues, en raison des différences d’impact du français; On pourrait également étudier le turc à la lumière de la famille des langues altaïques.
C’est ainsi que le français de par la fascination qu’il aura exercer -ce qui n’exclue nullement le piratage du français par les dites langues – aura contribué à générer une certaine hétérogénéité lexicale au sein de diverses familles de langues. Les emprunts au français auront pu, en effet, favoriser le recul de l’apprentissage du français.
Par ailleurs, il importe de comprendre que le français aura germanisé le latin et en cela il diffère singulièrement des autres langues latines. Le non recours aux marqueurs de genre en « o » et « a » tout comme la non utilisation du « o » comme marqueur de la première personne du singulier devraient nous interroger.
JHB 20 05 22
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