Pour un nouvau modéle diachronique du langage
Posté par nofim le 17 mai 2014
Hommes et femmes face au langage
par Jacques Halbronn
Notre civilisation est malade de sa propre ingéniosité à trouver des solutions qui ne tardent pas à devenir des problèmes, ce qui
conduit à un nivellement par le bas/ Ces solutions correspondent presque toujours à des adjonctions qui se produisent à l’extérieur de
nous mêmes et rarement à un progrès organique, interne. Il fut un temps où l’Humanité évoluait de l’intérieur qui laissa la place
à un temps où le progrès se situait en externe. Il est vrai que ce changement ne date pas d’hier. On a d’ailleurs tendance à oppposer
ces deux stades en qualifiant l’un de « naturel » et l’autre de « technique ». Or, selon nous, il serait préférable de qualifier le premier de
biotechnologique et de considérer que la voie biotechnologique a été abandonnée depuis belle lurette mais que l’on pourrait un jour
y revenir si tant qu’il ne soit pas trop tard. Faute de quoi, l’Humanité sera à la merci des machines tant les gens tendent à ne plus pouvoir se dissocier de leur appareillage externe. On passe ainsi de l’être à l’avoir. Ce que nous sommes serait sans importance, ce qui compterait
serait ce que l’on nous a greffé, attribué. L’être se voit ainsi refoulé notamment par les femmes qui ont opté pour le critère de l’avoir, de la
possession. Mais avoir une main, un coeur est-ce la même chose que d’avoir une voiture ou un ordinateur même si dans les deux cas
on se sert du même verbe avoir. D’ailleurs, dans certaines langues, il n’y a pas de verbe avoir comme en arabe, en hébreu ou en russe. On
dit « c’est à moi » et non ‘j’ai ».
Nous voudrions mettre l’accent dans le présent texte sur la dialectique de l’oral et de l’écrit qui se situe, selon nous, au coeur de notre
problématique et qui revêt une certaine valeur matricielle qui s’applique à bien des domaines. Nous renvoyons à nos récents textes d’ordre linguistique à ce propos dont nous allons résumer la substance. Selon nous, le fait de prononcer les signes (signifiants) est
tardif et serait une « invention » biotechnologique puisque cela implique que nous puissions organiquement articuler des sons, ce qui ne
se fait pas en se servant d’un apport extérieur, si ce n’est que toute langue doit s’apprendre et est un apport externe à la personne même si
elle se l’approprie. (langue dite maternelle). Mais le langage des signe est lui aussi tardif. Nous avons donc trois stades:
1 pas de signes, pas de sons, ce qui tient à l’absence de lumière, donc de visibilité.
2 des signes, pas de sons, la maitrise des signes implique une visibilité liée au mode de vie (vie en plein jour, maitrise du feu)
3 des signes et des sons, on parvient à rendre sonores les signes à destination de populations non voyantes. C’est le stade de la
sonorisation des signes qu’a bien étudié la phonologie (phonémes)
Que concluons-nous d’un tel modéle? Que les humains n’avaient pas besoin de « sonoriser » leurs signes pour communiquer et
que la vue jouait un rôle majeur pour eux. Ce qui les aura conduit à cette « sonorisation » est le contact avec une autre humanité ayant vécu
dans des conditions différentes, sans visibilité et ayant développé une certaine forme d’oralité en contre-partie. Pour faciliter la
symbiose, il sera nécessaire d’associer des sons aux signes, ce qui recouvre peu ou prou la dialectique du signifiant et du signifié
si ce n’est que le signifié nous dit comment doit se prononcer le signifiant et non ce qu’il signifie. Mais par la suite, il y eut un shift, un
glissement et ce sera le signifié qui déterminera ce que signifie le signifiant et non seulement comment il est rendu oralement.
En l’occurence, au départ, les signes étaient liés aux mouvements des membres extérieures et notamment des mains qui étaient
la base même du langage, ce qui est la vraie raison de la formule « L’homme pense parce qu’il a une main » (Anaxagore). L’autre
humanité « souterraine » (caverne, obscurité, ce qui renvoie à l’Enfer ‘(inférieur) aura développé la faculté à produire des sons du fait de
sa cécité. Selon nous, ce clivage se retrouve avec les hommes et les femmes dans leurs rapports respectifs à l’écrit et à l’oral. Les femmes
perpétuent des comportements qui ne font sens que dans l’obscurité, à savoir la parole qui témoigne d’une présence quand l’autre n’est
pas visible et ne peut donc communiquer silencieusement. La lecture à voix haute se situe à l’interface entre ces deux mondes et cela vaut
aussi en musique pour le déchiffrement des partitions.(chant, musique instrumentale).
Encore faut-il distinguer entre les signes produits par le corps humain (mime, mimique, gestuelle, danse)
et ceux qui sont inscrits sur un support matériel externe ( tablettes, papyrus, parchemin; manuscrit, imprimé etc) Ce support permet
aux hommes une certaine ubiquité, puisque leur présence n’est pas requise devant les femmes, si le support y suffit. Autrement dit,
les signes « corporels » sont doublement traduits: d’une part,par le son interne, de l’autre, par le support matériel externe qui recueille le
discours. Là encore, les femmes semblent accorder la plus grande importance au texte écrit tout comme on l’a dit à la parole orale. Ce qui leur parlerait moins serait le langage du corps non formalisé par le son ni par l’écrit.
Selon nous, aussi bien le son que le texte sont tributaires de signes corporels qui sont le propre des hommes. Ce qui exige d’eux
un don particulier d’observation du monde alors que le son et le texte ne sont que des dérivés, des prolongements liés à la domination
masculine.
JHB
17 05 14
.
le passage de l’écrit à l’oral
la concession qui devient la norme.
les prothèses, les succédanés.
les pis allers.
Publié dans ECONOMIE, FEMMES, HISTOIRE, POLITIQUE, SOCIETE | Pas de Commentaire »