Les astrologues et l’anarchie
Posté par nofim le 12 janvier 2014
Portrait d’une astrologie anarchiste.
Par Jacques Halbronn
Certains astrologues apparemment dénués de toute capacité de » digestion » et qui ne comprennent pas que les êtres humains ont le don de transformer le matériau brut en un produit normalisé, continuent à prôner la plus grande précision prévisionnelle dans leur domaine. L’étude du corps humain témoigne à quel point la réalité extérieure est transformée par notre corps, retraitée par nos organes. Est-ce que notre cerveau n’aurait aucune de ces aptitudes et ne comporterait pas de mode recyclage ? En réalité, il n’y aurait pas de science, pas de philosophie, si l’on s’en tenait au matériau brut. Ce qu’on appelle un « fait » est déjà une interprétation de données poussée plus ou moins loin, en profondeur.
Il est vrai qu’il faut bien trouver un emploi à toutes ces planètes qui se croisent et s’entrechoquent, à des moments que l’on peut calculer effectivement avec la plus grande précision et sans trop de peine grâce à l’informatique. C’est ainsi que l’astrologue peut programmer son travail de façon à ce que lui soit servi sur un plateau les principales configurations mois par mois qu’il ne reste plus qu’à « interpréter » ou si l’on préfère à « interpréter », à « commenter », chaque astrologue y ajoutant sa propre sauce, sa « philosophie », ses « valeurs ». (cf. l’exercice auquel s’est prêté Jacky Alaïz le 10 01 14 pour notre chaîne sur You Tube)
Autrement dit, on a changé d’astrologie. Les configurations astrales ne découpent plus des phases mais fixent des dates et il suffit donc désormais de décrypter chaque configuration parmi tant d’autres pour donner la tonalité du moment, à quelques jours près étant donné que telle configuration sera suivie de très près par une autre, ce qui avait conduit Haquet à prôner une astrologie au quotidien, (ACB) en mettant a point un système de directions.
Le raisonnement suivi par ces chercheurs qui sont nés dans les années cinquante du siècle dernier est qu’il faut partir de l’objet astrologique et se demander à quoi il sert. Or, puisque cet objet est des plus complexes dans ses manifestations successives, n’est-ce pas la preuve nous dira-t-on que l’astrologie a vocation à traiter de la complexité et pendant qu’on y est avec une certaine précision puisque les données astronomiques sont traduisibles dans notre calendrier ? .
Le défaut de ce type de raisonnement tient à ce que rien ne prouve que nos astrologues décrivent correctement le dit objet astrologique. Certes, ils s’en tiennent à l’enseignement qu’ils ont reçu et ne vont pas chercher plus loin si ce n’est par une fuite en avant où ils ne craignent pas de rajouter encore plus de complexité et donc de précision. Car comme on l’ dit, il y a surcharge et donc le gâteau du temps doit être réparti en des portions toujours plus petites. On bascule dans une astrologie de la pénurie. Trop de planètes pour trop peu de temps et donc il faut rationner le temps d’où l’exigence d’une certaine rigueur pout que chaque configuration ait son lot, aussi minime soit-il !
Dans un tel système, la vitesse de révolution n’a évidemment plus aucune importance. Le temps planétaire est le grand sacrifié dans l’opération. Une configuration entre deux planètes rapides aura les mêmes droits – au regard du rationnement institué- que celle entre deux planètes lentes (Pluton a une révolution de près de 2 siècles et demi et Mars d’environ 2 ans par exemple, soit plus de cent fois moins. En fait le temps imparti est délimité par la configuration suivante même si l’on peut admettre des empiétements même si l’on peut admettre des empiétements d’une configuration sur une autre mais cela devient alors assez vite ingérable.
Dans un tel système, les échéances se contredisent à court terme, une fois cela va dans un sens, une autre fois, à quelque temps d’intervalle, dans un autre. Or, l’astrologie de phase, a contrario, garantit une continuité, une progression. Tout cela est démantelé par une telle anarchie.
En fait, on pourrait parler d’une astrologie anarchique d’ailleurs pratiquée par des personnes qui sont souvent marquées idéologiquement par une certaine idéologique anarchiste. Cela part dans tous les sens ! D’ailleurs, cette astrologie qui entérine l’individualisme par le biais du thème astral est viscéralement et instinctivement anarchiste et anarchique, laissant à chaque astrologue le loisir de travailler sans un modèle commun. Car dire que le thème astral est un modèle partage par tous les astrologues est une farce puisque le propre de ce modèle est de varier en permanence sous prétexte que le monde ne cesse de changer. Or, l’enjeu véritable de l’astrologie est précisément de digérer des données diverses pour les réduire à des notions simples, comme le fait notre appareil digestif en rappelant que si l’on peut passer du complexe au simple, on ne peut repartir du simple vers le complexe en passant par le même processus. Expliquer astrologiquement quelque chose ne signifie donc aucunement que l’on puisse annoncer par avance quoi que ce soit sinon en recourant à un langage totalement différent et beaucoup plus abstrait que les données concrètes de départ. Je peux faire faire du vin avec du raisin mais pas du raisin avec du vin. Expliquer et prévoit sont des entreprises fort différentes à moins de comprendre que toute prévision ne peut qu’être générale, ce que exclut la « précision » de ce qui nous arrive dans notre vie. Si l’astrologie est cyclique, elle ne l’est que par un processus de réduction tant du plan terrestre que du plan céleste. Il n’y a pas de cyclicité avec un ciel brut et un monde brut. Notre corps est une véritable raffinerie, qui produit de la quintessence et donc il n’y a pas d’aller-retour au niveau des modèles. Si l’aller est marqué par une réduction, un broyage, en revanche, le retour vers le réel est à comparer à ce qu’il faut ajouter à un produit déshydraté pour pouvoir le consommer, ce qui vaut aussi pour la semoule et les pâtes ou la purée de pommes de terre en sachet.
Pour en rester à des images alimentaires, on retiendra notre formule : le cosmos est un gâteau. Plus il y a d’invités et plus les portions seront petites. En multipliant le nombre de configurations astrales, on en arrive à une astrologie qui découpe le temps en segments de plus en plus fins, ce qui condamne l’astrologie à se contenter d’une prévision en miettes, à la petite semaine, sinon au jour le jour, ce qui correspond à un rapport anarchique au temps qui n’a plus aucune ligne directrice.
. JHB
12 01 14
Publié dans ASTROLOGIE, FEMMES, HISTOIRE, POLITIQUE, SOCIETE | Pas de Commentaire »