Le syncrétisme stellaro-tropical en astrologie
Posté par nofim le 16 septembre 2014
La combinatoire stellaro-saisonnière en astrologie et
les emprunts de l’astronomie à l’astrologie.
par Jacques Halbronn
L’astrologie est fondamentalement marquée par une
combinatoire stellaro-saisonnière plus encore que par
une combinatoire stellaro-planétaire. Encore récemment,
les astrologues en adoptant la théorie des ères
précessionnelles ( y compris chez André Barbault), ont
montré qu’ils étaient disposés à combiner le point vernal
donc un critère saisonnier et une étoile fixe correspondant
à celui-ci, en un instant T.
En relisant le Centiloque (attribué à Ptolémée), nous rencontrons
cette sentence (la 46e):
« Les grandes félicités dans les naissances sont données
tantôt par les étoiles fixes tantôt par les angles des
nouvelles lunes, tantôt par les lieux de la Part de fortune
lorsque l’Ascendant s’y rencontrera »
Morin de Villefranche commente ainsi dans ses Remarques
Astrologiques : »trois causes de bonheur par l’Ascendant de la
nativité »
Or, l’Ascendant est tyîquement un mélange de stellarisme
et de référentiel terrestre puisque symboliquement il renvoie
au Zodiaque: on dit qu’on a tel signe à l’ascendant.Rappelons
que c’est à partir de l’ascendant que l’on met en place
les maisons astrologiques, par delà la question du « signe
ascendant », ce qui compte alors c’est surtout le « degré »
qui est déterminé par le fragment de constellation qui
apparait à l’horizon.
En ne respectant pas cette combinatoire du stellaire et
des référentiels terrestres (horizon, saisons) l’astrologie
contemporaine allait se déséquilibrer et se condamner à
adopter des modéles peu viables ni enviables comme ces
myriades de cycles planétaires qui partent dans tous les
sens (cf Yves Lenoble. Initiation à la pratique des cycles
planétaires, 1996)
Le cas du Zodiaque est emblématique d’un tel syncrétisme
en ce que les signes fixes correspondent, selon nous, à
des étoiles fixes alors que les signes mutables correspondent
à des saisons tout comme les signes cardinaux correspondent
aux équinoxes et aux solstices sur le plan symbolique.
Autrement dit, les signes fixes sont tributaires de la
précession des équinoxes et les autres signes s’ajustent
naturellement sur le cycle saisonnier en vigueur à un instant
T. Ce qui nous a conduit à soutenir que l’instauration du
zodiaque des fixes au départ calé sur les saisons
avait du avoir lieu il y a 12000 ans environ quand l’Aigle
était au printemps, dans l’hémisphère nord et non pas
comme de nos jours à l’automne.
En 1624, Antoine de Villon, dans son Usage des Ephémérides (pp. 645 et seq)
dans la partie consacrée à l’Astrologie généthliaque écrit : « Il ne faut pas négliger
(..) les étoiles fixes qui se trouvent logées dans l’horoscope. » Il situe les étoiles en tropical
« Le coeur du Lion ou basilic au 24° du Lion ». Mais l’Ascendant est particulièrement impliqué en
matière d’étoiles fixes, ce qui est logique vu que faute de planétes, le plus souvent -on n’en connait à l’époque que 5 plus les luminaires-
la plupart des corps célestes ne peuvent être en la circonstance que des étoiles fixes.
C’est pourquoi, nous pensons qu’il importe de repenser complétement toute la construction du thème natal, d’une part, parce que
nous penons que l’observation la plus commode se situe non pas à l’ascendant mais au descendant puisque c’est à la tombée du jour
et non au lever du soleil que les étoiles et les planétes apparaissent. Mais nous pensons aussi que cela ne fait guère sens de faire
le thème pour le moment de naissance quand il fait jour (ce qui est actuellement la régle puisque la plupart des naissances se
font de jour pour des raisons fonctionnelles). Il semble préférable de se contenter d’un thème toutes les 24 heures, à la tombée de
la nuit et qui vaudrait pour toutes les naissances se produisant dans cet intervalle. Par ailleurs, nous pensons que c’est l’étoile fixe qui
se léve au coucher qui doit servir de base au calcul des maisons astrologiques. Les Anciens avaient élaboré un systéme permettant
de déterminer le degré de l’ascendant à partir de la constellation, en numérotant les différentes composantes de la dite
constellation.
Signalons les propos d’Eustache Le Noble dans son traité astrologique de 1697 sur la précession des équinoxes:
« L’Etoile qui est il y a 1800 ans dans le point précis où le Soleil pour parler vulgairement coupoit la ligne & entroit au Bélier en sorte
que dans ce moment il se trouvoit en conjnction précise avec cette estoile » Cette même étoile se trouve désormais « à la fin du bélier ». Le Noble mentionne un cycle de 25.000 ans. On en arrive à l’époque à un écart de 28° selon Eustache Le Noble.
Mais Le Noble expose les choses avec beaucoup de bon sens (pp. 60-62):
« Ce n’est point ce lieu imaginaire nommé le Bélier qui influt mais ce sont les estoiles elles mêmes qui se trouvant
en conjonction avec le Soleil ou les Planétes, leur unissent leurs influences (…) répandent leurs vertus à l’aide de leur lumière; sur les
corps disposés à la recevoir (…) « . On met donc ainsi fin à un faux probléme.
On notera qu’il est extrémement facile de déterminer un aspect entre une planéte et une étoile et d’ailleurs selon nous, la raison d »‘être
des aspects est fonction des écarts entre planétes et étoiles.
Ce qui est essentiel, c’est le point de départ, après tout n’est plus que mathématique.
Ce sont les astronomes qui ont jugé bon de nommer des ensembles d’étoiles selon les signes du zodiaque mais cela
ne remet nullement en cause l’importance des étoiles fixes que l’on a assimilées au probléme des constellations.
En fait, on a éliminé les étoiles parce que l’on n’en voyait pas l’utilité!!!!!
Avec l’ascendant, l’important n’est pas la constellation qui se léve mais l’étoile qui sert de point de départ à tout l’horoscope.
L’historien de l’astrologie ne saurait ignorer les emprunts
de l’astronomie à l’astrologie tant en ce qui concerne les noms
des dieux que celui des signes.L’astrologie elle-même
a au demeurant emprunté à la mythologie et à la symbolique
saisonnière .Mais au départ, ces noms de dieux, comme on
le voit chez Manilius, ne concernent pas les planétes pas plus que
ces signes zodiacaux ne désignent les constellations. Selon
nous, ce sont les astronomes qui auront jugé bon de récupérer
ce « jargon » pour désigner tant des corps célestes – tradition
qu’ils poursuivront au XIX e siècle- que des ensembles
d’étoiles.
A l’historien de clarifier une telle évolution, ce qui permettra
aux astrologues de se détacher du joug de l’astronomie. En
effet de tels procédés auront contribué à un certain
fusionnement de l’astrologe et de l’astronomie débouchant
sur des amours malheureuses.
Comme le dit fort bien Le Noble, l’astrologie aurait du
garder les étoiles fixes en renonçant aux constellations mais
elle aura préféré jeter le bébé des étoiles fixes avec l’eau
(sale) du bain, à savoir les constellations. L’adoption,
notamment, d’une symbolique mythologique par les
astronomes aura abouti à ce que les astrologues se croient
obligés de prendre en compte toutes les planétes ainsi
ornées d’atours olympiens. Autrement dit, l’astrologie aura
fait le mauvais choix, renonçant aux étoiles fixes et adoptant
la totalité des planétes du systéme solaire.
Au niveau des aspects, on peut aussi penser que l’astrologie
aura perdu en cours de route le semi-octile, qui correspond
au quart de 90°, soit 22°30′. On sait l’importance du nombre 22
avec les 22 lettres de l’alphabet hébraïque qui en quelque
sorte assigne une lettre à chaque degré (cf aussi les 22 arcanes
majeurs du Tarot). On est là dans une division en 8 qui
est certainement plus « astrologique » que la division en
douze qui reléverait plutôt d’un emprunt. Or, les aspects n’ont
aucunement vocation à relier les astres entre eux au sein
du ‘ »thème » mais bien de ponctuer le déroulement des
cycles. Selon nous, il y autant de zodiaques que de cycles et
chaque cycle établit sa conjonction comme point de départ
de « son » zodiaque.
JHB
16 09 14
Publié dans ASTROLOGIE, divination, HISTOIRE, POLITIQUE, RELIGION, symbolisme | Pas de Commentaire »