Jacques Halbronn Audit sur les carences du site du CURA dans le domaine « nostradamique »
Posté par nofim le 19 juillet 2021
Audit sur les carences du site du CURA dans le domaine « nostradamique »
Par Jacques Halbronn
Nous nous proposons ici de mettre en évidence, le laisser aller du responsable du site du CURA en ce qui concerne ses obligations à l’égard de ses utilisateurs qui lui font confiance. Un chercheur a la double charge de traiter des sources premières et des sources secondaires.
Nous illustrerons notre propos, en suivant la piste « Marcellin » en tant que révélateur de certains manquements en reproduisant notamment certaines études parues sur le dite site. C’est ainsi que si l’on recherche sur le site du CURA une référence à « Marcellin », on ne trouve que des références à la page de titre de la Pronostication pour 1555 à propos d’un certain Ammianus MarcelinusCORPUS NOSTRADAMUS 88 — par Patrice Guinard
Guinard aura entendu parler de la Reproduction de 1906 dont il reproduit la page de titre en troisième position ci-dessous mais il semble assez désabusé pour ne pas y avoir eu accès.
CORPUS NOSTRADAMUS 91 — par Patrice Guinard 2008-2020
La première édition de l’Orus Apollo de Nostradamus par Hector Rigaux (1907)
Parmi les ouvrages légués par Rigaux à son collègue, devaient figurer ses fameuses éditions d’opuscules rarissimes de Nostradamus, hélas tout aussi rares que les originaux. A ma connaissance, la bibliothèque d’Amiens n’en possède aucun exemplaire (à l’exception de la reproduction Chevillot de 1903 : cote 39192). La transcription de l’Orus serait le premier des textes de Nostradamus, réédités avec grand soin par Rigaux et confiés à son ami Henri Douchet, imprimeur de Méricourt-l’Abbé (au nord-est d’Amiens), bourgade parfois désignée sous le nom de « Mariebourg ». On n’en finit pas, décidément, avec les dédales hermétiques qui marquent les éditions des oeuvres de Nostradamus, même plusieurs siècles après !
Il y aurait trouvé la trace de ce « Macelin » qu’il associe, faute de mieux, dans son commentaire de la VIIIe Centurie à Cromwell et à Hitler, pour les quatrains 76 et 77 alors qu’il s’agit d’un personnage dont Nostradamus annonçait expressément la naissance imminente, prophétie non confirmée, apparemment.
Texte, variantes et interprétation de la huitième centurie des Prophéties
Cette édition de la huitième centurie des Prophéties contient le texte et les variantes des quatre éditions successives publiées par Benoît Rigaud sous la date de 1568, les éditions X, A, B et C (cf. CN 38, et pour les conventions adoptées lors de la transcription, CN 82). J’ajoute pour cette seconde version du texte (mai 2018) les pistes d’interprétation issues de mon ouvrage, « Nostradamus ou l’Éclat des Empires » (Avril 2011), auquel je renvoie pour l’analyse prosodique, lexicale et géographique des quatrains, ainsi que pour les explications et les éventuels précurseurs des solutions proposées en dernière colonne. J’ajoute encore de nouvelles pistes d’interprétation (aux quatrains 59 et 61), et pour cinq autres (les numéros 5, 15, 42, 81 et 96) quelques références oubliées ou ignorées qui corroborent mes analyses de 2011.
76 | Plus Macelin que roy en Angleterre Lieu obscur nay par force aura l’empire : Lasche sans foy, sans loy saignera terre, Son temps s’approche si pres que j’en sospire. |
C: macelin, Roy - - X: sapproche, X: jen, A/B/C: je souspire |
- Protectorat de Cromwell, 1649 |
77 | L’antechrist trois bien tost annichilez, Vingt & sept ans sang durera sa guerre, Les heretiques mortz, captifs, exilez, Sang corps humain eau rogie gresler terre. |
X: Lantechrist - C: morts, X: captif - |
- Adolf Hitler, 1925 |
Pourtant l’origine de Macelin était également accessible en Italien et dans des exemplaires conservées à la BNF.
Catalogue BNF : : Il Vero Pronostico calcolato dall’ eccellmo astrologo et filosofo M. Michel Nostradamo Francese, il qual narra diligentemente tutte le perverse calamità, che deve incorrere l’anno 1566… Bologna : per Alessandro Benatio, 1566
Dans son étude ‘ Les Pronostications et Almanachs de Michel Nostradamus Robert Benazra note le lien avec le pape : « Voici une pronostication italienne : Pronosticon del l’anno 1563 coposto et calculato par M. Michele Nostradamo dottore in medicina di Salon di Craux in Provenza. [59] Cette pièce est dédiée au pape Pie IV avec privilège et contrôlée par le grand Inquisiteur. »
En fait, Patrice Guinard a connaissance de la production italienne à laquelle il consacre une étude documentée sans réaliser qu’il s’agit d’une traduction d’une épitre de Nostradamus à Pie IV : certes, ces publications sont des contrefaçons mais qui dérivent bel et bien de la production de Nostradamus pour les années précédentes. Dans
CORPUS NOSTRADAMUS 179 –
Les faux Nostradamus italiens des années 66-67 : il vero Giuditio, il vero Pronostico, li Presagi et Pronostici
Patrice guinard écrit :
« Après la mort de Nostradamus en juillet 66, la belle vie commence vraiment pour les usurpateurs de tous poils, imposteurs et faussaires des oeuvres et du patronyme du prophète salonnais, dont un certain Michel Nostradamus le Jeune qui signe aussi Mi. de Nostradamus (cf. CN 180). Une floraison de pronostics divers, mis au nom de Nostradamus, commence à envahir les foires et les étals de libraires, à commencer par deux pronostications italiennes parues dans diverses éditions, Il vero et universale giudicio et Li Presagi et Pronostici. () Au présage sommaire (« Presagio somario » pour « Presagio, et sommario »), on se contente de changer l’année 1566 en 1565 et de corriger la mention fautive « Nostrodamus ». Le reste du texte est inchangé. »
Tout indique que Guinard n’a jamais pris le temps, depuis 2007, date de la soutenance de notre post Doctorat, il y a donc 14 ans, de prendre connaissance d’un ensemble de près de mille pages (en ligne sur SCRIBD et déposé à la Bibliuothèque de Warbirg Institute de Londres entre autres)
Post – Doc Halbronn Last | Nostradamus | Pseudo-science
https://fr.scribd.com › document › Post-doc-Halbronn-Last
et notament des pages consacées à la « Constitution de l’Epitre à Pie IV » (pp 477-1487)
et qui prolongent notamment notre étude déjà ancienne (Une attaque réformée oubliée contre Nostradamu s(1561 ( Réforme Humanisme Renaissance n°33 décembre 1991) On y rappelle (pp. 652-653) que Nostradamus a rédigé deux épitres à Pie IV (mort e 1565)
Si l’on compare les épitres à Pie IV à l’épitre centurique à Henri II datée de 1558, l’on remarque que les échéances pour les années 1560 n’y figurent pas, ce qui montre que dans les années 1580-1590, qui sont celles des éditions centuriques antidatés l’on aura recyclé celles-ci sur des dates ultérieures, procédé assez classique (cf notre thèse d’Etat. Le texte prophétique en France, Formation et fortune. Presses Universitaires du Septentrion et notré étude sur la prophétie pour 1588 recyclée pour 1788 (Politica Hermetica. Révolution)
Mais venons –en à ce Macelin de la Centurie VIII dont on trouve la mention dans les éditions italienne « Marcelino » mais aussi dans la « Reproduction très fidéle d’un manuscrit inédit de LM. De Nostredame, Dédié à SS. Le Pape Pie IV, Mariebourg 1906 » que Guinard n’aurait pu consulter (p. 31) et sans lequel on ne peut comprendre le mot « macelin » dont Nostradamus nous explique que l’on peut en ôter la lettre R, ce qui donne macelin, ce qui signifie « boucher »
Mais ce qui est grave ici, c’est le cas de Patrice Guinard non pas en tant que chercheur mais en tant que responsable du site du CURA. Celui-ci était moralement obligé d’avertir ses lecteurs des travaux menés par les uns et par les autres, dès lors qu’ils s’appuient sur des éléments importants. Autrement dit, Guinard, soit délibérément, soit pas négligence ou désinvolture, ne sera pas parvenu au cours des 15 dernières années à signaler notre post-doctorat, ce qui entache sensiblement la valeur des informations qui figurent sur son site. Son étude consacrée à la Centurie VIII compense ses lacunes bibliographiques par un commentaire faisant de Nostradamus un prophète du long terme. On assiste là un un mélange des genres avec un Guinard hybride tantôt avec sa casquette de « seiziémiste » qui ne prend pas la mesure des Epitres de Nostradamus au pape Pie IV- et tantôt avec celle d’un interprète avisé des Centuries censées couvrir jusqu’à notre temps/ Mais, soulignons-le, quelles que soiient les limites de Guinard chercheur, il aurait du faire l’effort de fournir à ses lecteurs des informations à jour alors que par incurie, le responsable du CURA les aura laissé dans l’ignorance depuis une bonne vingtaine d’années, voire en leur déconseillant d’aller prendre connaissance de certains travaux universitaires.
Lire : nos Quelques observations sur les travaux de Patrice Guinard concernant le Corpus Nostradamus
En conclusion, voilà plus de 15 ans que la clef du quatrain « macelin » que nous avions signalée n’aura pas été référée sur le site du CURA, ce qui le condamne à une certaine provincialisation, à un sérieux décalage entre Paris et Toulouse. D’une part, il est clair que la chronologie du premier volet des éditons centuriques ne saurait s’arrêter à 1557 comme le note judicieusement Benazra (RCN) au vu des éditions mentionnant l’an 1561, le choix de cette année est nettement lié à l’épitre à Pie IV et non à quelque aléa comme on voudrait nous le faire croire.
Benazra p/ 52) : Si cette édition a réellement vu le jour, il apparait que l’éditeur parisien n’a point connu l’édition lyonnaise d’ Antoine du Rosne (1557) puisque les copies de 1588 et 1589 ne nous donnent que 74 quatrains pour la Vie centurie. De là à penser qu’il n’a point connu l’édition lyonnaise de 1558 avec la préface à Henri II –que les copies de 1588 et 1589 ne reproduisent pas- il n’y a qu’un pas que nous sommes tenus de franchir » Ajoutons que l’étude des titres montre qu’il n’y a pas de rapport nécessaire avec le contenu des éditions comportant les dits titres. En fait, les 39 article ajoutés à la « dernière centurie » devaient correspondre à ce qui deviendra la VIIe centurie. D’autre part, en ce qui concerne la genése du second volet, la présence de « macelin » montre bien que ses rédacteurs avaient connaissance directement ou indirectement de l’Epitre au pape autour de la prophétie « marcelinienne » de Nostradamus. Tout se passe comme si la récupération de documents à caractère nostradamique aura englobé des quatrains ou en tout cas des versets inspirés par la dite épitre au pape. L’Epitre à Henri II de 1558 est un mix de la première épitre au roi de 1556, de l’epitre au pape et d’éléments puisés chez Richard Roussat ou dans sa sphère consacrés à la fin du XVIIIe siècle. On a ainsi la conjonction syncrétique de plusieurs calendriers antéchristiques, celui de Nostradamus (cf notre étude Nostradamus et l’Antéchrist) pour les années 1560 et celui de Pierre d’Ailly (cf notre étude, Colloque de Compiégne, Denis Labouré Astrologie et Religion au Moyen Age) pour 1789.
JHB21 06 21
Publié dans NOSTRADAMUS, prophétisme | Pas de Commentaire »