Epistémologie de la science historique
Posté par nofim le 5 août 2014
La dimension spéculative de la recherche historique et le genre du roman
par Jacques Halbronn
L’historien à l’instar du romancier -ou vice versa- tente d’élaborer un certain passé à partir d’un certain nombre de données. La
recherche des causalités responsables des dites donnée constitue le tissu historique tout comme le point de départ d’un fait divers peut
inspirer un roman, donc une « histoire » ( avc un petit h) en remontant vers ce qui a pu aboutir au dit point de départ. Dans bien des cas, ce
qui s’est passé aurait pu se passer autrement tout comme le futur peut lui aussi se dérouler autrement et l’on peut imaginer d’autres solutions
et résolutions. (cf Collectif, Les historiens de la Garde; De Lorant Deutch à Patric Buisson, la résurgence du romn national, Ed Inculte 2013)
Il est loisible à chacun de concevoir des scénarios plus ou moins probables si ce n’est que certains peuvent prévaloir sur d’autres et s’y
substituer comme étant plus logiques, comme intégrant davantage de paramétres, de données. Un modéle est falsifiable. Cela ne
signifie pas que l’un l’emporte sur l’autre parce qu’il est « prouvé » mais ce qu’il est plus probbable ou moins improbable. La recherche
hisrorique exige des démonstrations, des argumentations.
Nos travaux concernant la génése du symbolisme zodiacal, par exemple, et notamment celui du tétramorphe (Taureau, Lion Aigle
Homme) comportent certes une dimension spéculative mais nous pensons qu’ils conduisent à une représentation plus satisfaisante
pour l’esprit que les seules données « traditionnelles » brutes qui ne s’inscrivent même pas dans une approche scientifique car
l’Histoire ne saurait se limiter à un caractère « factuel ».(cf notre vidéo du 2 août sur le même sujet, sur You Tube). Ce que nous avons écrit
récemment sur l’émergence du « peuple » juif est également spéculatif mais se fonde sur une histoire comparée des invasions, des
« têtes de pont », ce qui confère à notre propos une certaine probabilité plus grande que le simple « constat » historique. On pourrait en
dire de même de nos travaux sur Nostradamus. En fait, nous dirons que le métier d’historien consiste à établir des chronologies, à
reconstituer un état antérieur à celui qui nous est connu. C’est cela la recherche historique.
L’historien ne réalise pas une opération foncièrement difféente de celle du romancier. On est toujours dans le »comment en est-on
arrivé là? » La seule différence, c’est peut être qu’il est difficile de dire à un auteur qu’il aurait pu raconter une autre histoire alors que le
débat peut tout à fait se concevoir entre historiens/ Le débat, quant au roman, se limite à une discussion « intérieure », quand l’auteur
lui-même aura hésité entre plusieurs scénarios. On ajoutera une autre différence concernant le futur. Le romancier aurait le droit de
se projeter dans l’avenir et pas l ‘Historien. Mais l’historien peut se faire prophéte dès lors qu’il a découvert certaines « lois »qui valent
autant pour le passé que pour l’avenir, étant entendu que de telles « prévisions » ne sauraient aller au delà d’un certain seuil de précision.
Non pas que l’on ne puisse pas annoncer certaines choses mais certainement pas le résultat global. L’historien aurait une obligation
à cerner les moyens mais non les fins. En ce sens, le regard de l’historien sur le passé ne diffère pas vraiment de son regard vers l’avenir,
c’est à dire que son discours restera marqué par une certaine forme d’abstraction.
La question des facteurs de perturbation caractérise plus les sciences humaines que les sciences dures en ce sens que le présent
n’y correspond pas autant au passé. C’est en cela que l’épistémologie de la science historique diffère. On peut certes admettre que certaines graves perturbations aient pu affecter le relief ou le climat mais dans le domaine des sciences de l’Homme, c’est une
problématique bien plus récurrente et incontournable d’autant que les dites perturbations eussent pu ne pas se produire. Donc
le scénario élaboré par l’historien doit intégrer de possibles perturbations qui auront crée un décalage non seulement diachronique
mais synchronique avec le présent, qui est le moment où le travail de réflexion et de recherche a été engagé.
Encore faut-il ajouter qu’il existe plusieus plans qui se chevauchent: il ya ce qui est et sa représentation. C’est le plus souvent
la représetation qui est perturbée. Si l’on prend le cas du symbolisme saisonnier, il y a des textes qui ont pu se corrompre, « évoluer » sans
que la réalité représentée ait changé. Les saisons sont les mêmes saisons grosso modo qu’il y a des millénaires mais certains discours
les concernant peuvent avoir sensiblement changé. On pense ainsi aux rapports
entre le français et l’anglais : si le phénoméne est resté
peu ou prou le même, la conscience du dit phénoméne peut être toute autre.
Selon nous, le présent est « gros » du passé et donc il est essentiel pour l’historien
d’apprendre à lire le passé dans le présent, ce qui relativise la question d’un passé
que l’on ne pourrait retrouver tel quel. Il faut s’habituer à l’idée que le passé est
indissociable du présent et vice versa, qu’il est « portéé par le présent. On ne peut
donc effacer; « tuer » le passé puisqu’il survit dans le présent. Le succés des séries
policières illustre bien cette fascination pour celui qui exhume le passé en fouillant
le présent, à la façon d’un archéologue. C’est aussi une problématique importante
en psychanalyse. Certes, il y a un temps où l’on fait des hypothèses mais celles-ci
sont vouées à être affinées, précisées. Mieux vaut, en définitive, un discours
cohérent et logique qu’une accumulation de données qui ne font pas sens.
JHB
05. 08 14
Publié dans ASTROLOGIE, HISTOIRE, LINGUISTIQUE, prophétisme, symbolisme | Pas de Commentaire »