Au sujet de la « Relation d’une pérégrination en anti-astrologie » (Patrice Guinard) -1996-1997
par Jacques Halbronn
Dans la revue trimestrielle L’Astrologue, dirigée par André Barbault, Patrice Guinard publia en feuilleton, sur six numéros (113 -118) un texte consacré à l’anti-astrologie. On notera que dans les numéros 114 et 115 son article était carrément en tête avant même tout éditorial. On s’interrogera sur ce qui occasionna un tel
phénoméne. On notera que dans ce travail érudit, qui parait ainsi à partir du début de l’année 196,
Guinard fait appel à des ouvrages qu’il a pu consulter à la
Bibliotheca Astrologica dont il fut un fidéle usager. On citera notamment parmi les ouvrages qui lui furent
fournis par cet établisssement que nous avons fondé en 1972 : Gassendi, Jean-Baptiste Morin, Eustache Le Noble, Tinélis-Castelet, Moody, Condren, Marin Mersenne etc
Mais notre nom ne figure nulle part au sein d’un tel ensemble et à aucun titrr. En 1993, Guinard avait soutenu à l’Universite Paris I Sorbonne une thèse de philosophie consacrée à l’astrologie (sous la direction de F. Bonnardel, Max Lejbowicz faisait partie du jury) Guinard explique le déclin de l’Astrologie au moyen de conjonctions planétaires (cf n° 114 p. 2 note 7)
A cette occasion, Patrice Guinard annonce dans la dernière livraison (n° 118) » qu’un centre de recherche en astrologie (techniques, interprétation, traductions, histoire culturelle, métaphysique) devrait être mis en place courant 1998″ Il signe ce dernier article « Dr H. Patrice Guinard ». Cela donnera le CURA en 1999. Le’ Manifeste’ de Guinard connaitra un certain succés et fin 2000 nous organisames ensemble le dernier Congrès astrologique du deuxiéme millénaire.(cf les
Actes sur le site du CURA) Sera mis en ligne sur le site en question notre CATAF.
Revenons sur certains arguments
n° 114 p. 3 La précession des équinoxes et le zodiaque
« Les obscurantistes qui utilisent l’argument selon lequel la signification symbolique du signe serait lié »e
à l’époque où la constellation a été pour la première fois circonscrite ignorent (…) que l’essentiel du
contenu sémantique des signes n’a été élaboré qu’assez tardivement, dans les milieux hermétiques
gréco-égyptiens des premiers siècles avant l’ère chrétienne à l’époque précisément où signes et
constellations coincidaient »
Ce que semble ignorer toutefois P. Guinard, c »est la genése même du zodiaque. Il semble qu’il adhère à
l’idée d’un zodiaque calqué sur le cycle des saisons. et qui ne subit donc pas les effets de la précession
des équinoxes dès lors qu’il est chaque fois recalculé à partir du 0° Bélier. Or, nous avons montré
qu’en ce qui concerne les signes fixes, ceux-ci sont associés aux saisons d’une certaine époque, ce qui nous reméne 12000 ans en arrière. Contrairement à ce que semble croire Guinard, il n’est nullement évident
d’associer le taureau au printemps et le symbolisme zodiacal n’est pas d’une seule pièce.
»
sur Gauquelin p. 9:
« Si la « courbe Gauquelin » n »‘est « vérifiée » que pour quatre ou cinq planétes, ce n’est pas qu’elles
auraient une « influence » qui ferait défaut aux autres mais plus certainement que la méthode est
inadéquate à son objet »
Guinard semble contrarié par le fait que Gauquelin ne trouve pas de résultat au delà de Saturne alors
que cela devrait être plutôt rassurant. Comment Gauquelin aurait-il pu trouver des résultats pour
des planétes invisibles à l’oeul nu? On notera d’ailleurs que ces statistiques ne viennent pas confirmer
Mercure, car trop proche du Soleil. Les travaux de Gauquelin nous apparaissent comme un garde-fou
quant à la tentation du tout astronomique.
n° 118 Le thème de conception P 42
« Le système nerveux et les mécanismes de réception et d’intégration des rythmes planétaires ne sont pas
formés à la conception et ce n’est qu’à la naissance que se déclenchent les fonctions nouvelles notamment
la respiration pulmonaire qui libèrent l’enfant de la matrice maternelle »
Toutefois, il n’en reste pas moins qu’il ne sert à rien de prévoir ce qui est déjà connu. A quoi bon décrire à quoi ressemblera l’enfant s’il est déjà né? Nous pensons que l’astrologie en question est axée sur l’enfance et ne fait sens qu’avant la naissance et dans les jours qui suivent la naissance. L’astrologie n’avait pas vocation
à nous dire ce que l’on savait déjà par ailleurs.
Etonamment, Guinard pose carrément le fait que nous disposerions de mécanismes d’intégration des
rythmes planétaires.
Les maîtrises n° 118 p. 43
« La théorie des Maîtrises n’illustre pas de simples correspondances sémantiques entre signes zodiacaux
et planétes : elle est la théorie unifiante de l’astrologie en tant que les structures zodiacales; planétaire, et
ausso sectorielle sont des différenciations d’une même matrice archétypale »
L’approche de guinard est délibérément synchronique. Elle considére que le savoir astrologique tel qu’il nous
est parvenu ne fait qu’un et a toujours existé tel quel. En réalité, cette unité dont parle Guinard reléve
d’ajustements syncrétiques tardifs visant notamment à « unifier » l’astrologie autour du 12, c’est à dire des
12 lunaisons.
En fait, Guinard semble croire que les maitrises concernent dès le départ les planétes alors que cela ne
concerne que les divinités, comme cela ressort de l’étude de l’Astronomicon de Manilius. Ce n’est que dans un deuxiéme temps, que s’est produit une planétarisation des dieux associés aux signes zodiacaux.
les points fictifs n°118 p. 43
HG
« En acceptant des pratiques utilisant des points fictifs (noeuds lunaires, parts, mi-points, planétes
hypothétiques,) ainsi que des étoiles fixes, cométes et éclipsdes, l’astrologue oublie souvent que le
modéle impliqué doit respecter une triple exigence: l’adéquation des facteurs à la réalité physique et
astronomique, la nécessité de leur périodicité, laquelle conditionne leur intégration par l’organisme, la cohérence de l’ensemble et l’absence de redondance des opérateurs envisagés. Le thème est assez
complxes pour qu’il soit nécessaire d’en rajouter »
JH Guinard défend l’idée du « thème » incluant tous les astres du systéme solaire. Nous pensons qu’il n’y
a aucune obligation à ce faire et que l’astrologie ne fait qu’instrumentaliser les données astronomiques
selon les besoins organisationnels dont elle a la charge. Quant à évacuer les étoiles fixes, c’est là une
erreur de première grandeur à condition de ne pas confondre la question des étoiles et celle des
constellations. Il semble en effet que l’astrologie se soit initialement organisée autour de la relation
des planétes aux étoiles fixes, ce qui transposait le rapport de la Lune au Soleil. Guinard ne parvient pas
à distinguer la question des étoiles de celle des constellations.(cf n° 114, p. 5). « Les étoiles sidéralistes
accroisssent, dit-il, inutilement le désordre au sein de l’astrologie et sont aussi les plus exposés à
l’argumentation insidieuse des scientistes pour qui elles se présentent comme une aubaine ». Guinard
semble ignorer notamment le dispositif des 4 Etoiles fixes « royales » qui permet de baliser le cours d’une
planéte. Guinard détourne ainsi les astrologues du XXIe siècle de la voie la plus saine à suivre et qui ne
dépend aucunement de la précession des équinoxes si ce n’est que l’on doit tenir compte du fait que
les éphémérides actuelleement disponibles situent les planétes selon le systéme « tropical ».
On chercherait vainement chez Guinard une quelconque tentative pour déterminer l’objet de l’astrologie.
Il semble qu’il veuille expliquer tout l’humain au moyen du systéme solaire prise comme globalité, à
l’instar de son maître Jean-Pierre Nicola (RET). Il apparait que l’avenir de l’astrologie passe par
une focalisation sur le domaine propre qui est le sien et qui ne saurait faire double emploi avec d’autres
domaines.
Etonamment, Guinard disqualifie les astronomes (L’Astrolouie n°114 p. 1) quant à leur compétence à traiter
de l’astrologie mais en même temps il leur donne tout pouvoir quant à la description des outils
planétaires dont l’astrologie serait censée se servir, à savoir notamment les planétes au delà de
Saturne dont Guinard ne voit pas d’inconvévient à charger la dite astrologie alors que ces astres
étaient invisibles et inconnus de l’Antiquité. C’est pourquoi Guinard insiste sur le fait que l’astrologie
n’est pas un savoir figé. L’approche de Guinard n’accorde aucune importance au fait que ce sont les hommes qui ont fabriqué l’astrologie en n’en retenant que ce qui leur semblait utile. Croire que des astres
inconnus puissent agir sur nous, c’est priver l’astrologie de son droit de regard sur ce qu’elle prend ou ne
prend pas de l’astronomie. C’est défendre la thèse selon laquelle les astres agissent sur nous à notre insu.
Le rejet du « dualisme » (n° 114 p.8)
« La méthode dualiste (est) en contradiction absolue avec la logique plurielle de l’astrologie. » Guinard
rejette « une relation binaire, bijective, qui est censée faire correspondre la série des facteurs
astrologiques à la grille empirique ». L’astrologie aurait selon Guinard vocation « à éveiller l’esprit à
des distinctions non- dualistes »
Autrement dit selon Guinard, c »est peine perdue que de tenter da valider l’astrologie au prisme de ce
que l’on peut observer dans le monde. Il en fait une sorte d’objet non identifié qui planerait sur le monde.
Le non dualisme,c’est notamment le refus de prendre en compte la « dualité » hommes- femmes en
lui substituant le thème natal, la division en 12, les planétes qui sont une sorte de fuite en avant
par rapport justement au dualisme. Guinard n’hésite pas à déclarer (Astrologue n°114 p. 7) « L’astrologie
n’a pas à être « prouvée » parce qu’elle n’a aucun besoin de justification extérieure pour exister »
Guinard s’en prend aux statistiques astrologiques qu’il aurait tendance à assimiler à de l’anti-astrologie
ne serait-ce que parce qu’elles en délimitent le champ : « Le choix de la notion de « catégorie
professionnelle » est hasardeux : la consécration sociale ne saurait être considérée comme le seul
critère de référence d’une tendance potentielle. Par ailleurs, qui est musicien? Le compositeur, l’interprète, ou le mélomane? (…) Le choix d’une profession dépend de nombreux facteurs autres qu’astrologiques »
Mais dans ce cas, est-ce à dire que Guinard réfute par avance la « validité » des résultats Gauquelin? Il se
comporte ce faisant comme tout anti-astrologue qui nous explique que l’astrologie ne peut « marcher », a priori.
Un certain antisémitisme (n°115 p. 1-2, note 2)
« Les juifs (dixit Nieztsche dans l’Antéchrist) « se sont transformés en vivante antithèse des
conditions naturelles. Ils ont successivement retourné de manière irrémédiable la religion, le culte, la
morale, l’histoire, la psychologie en l’exact opposé de leurs valeurs naturelles » et plus loin Guinard de citer
complaisamment : » Le symbolisme du christianisme repose sur le symbolisme judaïque qui avait déjà
dissous toute la réalité en une non-nature et une irréalité sainte ». Au fond, à entendre Guinard,
l’astrophobie serait d’inspiration judéo-chrétienne, ce qui justifierait, en retour, une certaine
judéophobie. (cf Richard Noll. Jung le Christ Aryen, Les secrets d’une vie, Plon 1999). On pourrait au demeurant s’interroger autour d’un paralléle entre judaïsme et astrologie, du fait d’une mise en cause qui
s’est perpétuée,dans les deux cas, depuis l’Antiquité.
L’astromantie L’Astrologue n° 115 p. 4
« Les adversaires de l’astrologie (…) ont poussé l’astrologie à la prédiction et pu ainsi s’attaquer plus
aisément à cet ersatz astromantique qui n’est pas de l’astrologie »
JH On saisit mal où Guinard place la ligne de démarcation entre astrologie et astromancie. A quoi sert
donc tout l’arsenal astrologique que Guinard entend préserver? Celui-ci reconnait in finé (n°118, pp. 44-45)) que l’anti-astrologie est en deça d’un certain réformisme astrologique qui ne ménage guère l’astrologie.
Guinard nous apparait comme un tenant du thème astral. C’est là pour lui un postulat que tout
astrologue se doit d’accepter et d’assumer. Or, il est tout à fait possible de penser une astrologie qui ne se fonde
pas sur un tel dispositif, à savoir la « carte du ciel » pour un instant T, ce qui nous semble caractériser
précisément cette « astromancie » – ce qui en fait une généthliomancie- dont il ne cesse de vouloir se
démarquer.
L’astrologie a du notamment relever le défi de l’astronomie galiléenne qui ouvrait la porte à la découverte
de nouveaux corps célestes. « Le Septénaire des Anciens s’est fissuré » Il est intéressant de noter que
précisément les astrologues se sont rendus aux arguments des astroscéptiques comme Alexandre
Tinélis (Le Messager Céleste 1681) en se décidant à intégrer au fur et à mesure les nouvelles découvertes.
Guinard écrit avant le déclassement de Pluton, dix ans plus tard, qui montre à quel point une telle stratégie fait probléme.
Notons que le texte de guinard a pu inspirer Elizbeth Teissier qui soutiendra peu après , elle aussi, une thèse en Sorbonne en 2001 consacré notamment à la fascination et au rejet de l’Astrologie (Plon). Guinard notamment s’interroger sur les raisons du « rejet » de l’astrologie (L’Astrologue, n°115 1996 p. 1), il entend « tenter de comprendre les véritables enjeux de son rejet » .
Guinard a-t-il vraiment explicité les raisons d’une telle ambivalence? Selon nous, l’astrologie serait
associée à un traumatisme très ancien qu’aurait vécu l’Humanité du fait d’une emprise qui pourrait bien être
d’origine extra-terrestre, comme l’indiquerait une certaine lecture de la Bible (cf l’oeuvre de Jean Sendy) d’où le recours à une technologie très avancée qui aurait seule permis à l’astrologie
d’exister. Contrairement à ce que laisse entendre Guinard, l’astrologie serait le fruit de la Technique
plutôt que de la Science. Ces « dieux » venus d’ailleurs auraient ainsi instauré des « guides », des « gouverneurs »
obéissant à certains signaux cosmiques. On pense aux accords entre Pluton et Cérés se répartissant
le temps à parts égales. Ce serait le rejet de cette présence « étrangère » qui serait en fait à la base
de ce phénoméne de rejet.
JHB
30. 10 14