jacques halbronn Réflexions autour de L’Etre Cosmique de Solange de Mailly Nesle 1985 (flammarion)
Dans son ouvrage paru il y a près de 40 ans, L’Etre cosmique Dialogues entre l’astrologie et la Science, Solange de Mailly considère que l’Astrologie appartient à un registre différent de celui de la Science. Mais où se situe précisément un tel clivage? Et d’ailleurs de quelle astrologie est-il question? Il est possible que la lecture de cet ouvrage ait inspiré sur ‘La pensée astrologique », qui paraitra en 1ç86 (avecla réédition de l’HIstoire de l’Astrologie de Serge Hutin (Ed Artefact) Pour nous, il existe deux stades de l’astrologie, l’un fondé sur un savoir astronomique rudimentaire – la Lune et le mouvement diurne de certains astres, au cours d’une journée., dont on ne connaissait même pas les durées de révolution, ce qui eut exigé de les situer en rapport avec les étoiles fixes au cours de leur périple. Cette proto-astrologie aura été fabriquée par les humains selon un processus d’instrumentalisation donc de projection d’un ordre social sur le monde céleste, ce qui passait aussi par la mythologie. Par la suite émergea une autre astrologie, d’un niveau de savoir technoscientifique bien supérieur à ce que notre Humanté était en mesure de mettre en place et en oeuvre. Cette nouvelle astrologie se sera inspirée de la première en alignant les données d’un astre (qui prendra le nom de Saturne) sur celles de la Lune, à savoir 28 jours terrestres et 28 années terrestres. On n’est plus dès lors dans une simple observation du ciel mais réellement dans un processus de formation, de formatag qui a fort bien pu déboucher sur un ordre mis en évidence par la « Loi de Bode » (1772) (cf p. 215) Triomphe de la Technique sur la Science, laquelle se voit décantée, réduite à un schéma extrémement simple. Il pourra sembler paradoxal que cette astrologie ne tienne pas compte de tous les astres visibles depuis la Terre mais se contente de se servir d’une seule planéte, à savoir Saturne, établie en tant qu’octave supérieure de la Lune. Les autres astres visibles se verraient instrumentalisés pour représenter une division en 4, propre à la fois au cycle lunaire (nouvelle Lune etc) et au cycle saisonnier, lié à l’inclinaison de l’axe de la Terre, fixé en conséquence grâce à une forte maitrise technologique. Autrement dit, entre la Lune et Saturne, l’on disposait d’un quatuor, Mercure, Vénus, mars, Jupiter lequel n’avait aucun rôle cyclique à jouer dans cette nouvelle donne et dont le nombre avait été déterminé en conséquence. Rien à voir, donc, avec cette proto-astrologie, si bien dévoilée par Michel Gauquelin à partir de 1955 autour de la Lune, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne dont les mouvements seront déterminants à la différence de leur statut dans l’autre systéme. Dans tous les cas de figure, on aura compris que les « influences » seraient établie, déterminées par les récepteurs humains et non par la Nature. Et c’est cette idée d’instrumentalistaion qui était, dans les deux cas, au coeur de notre texte de 1986. Il ne s’agit donc pas, selon nous, d’essayer de montrer que l’astrologie aurait été le fait d’une observation de ses effets « naturels » comme l’ont présenté tant d’astrologues qui refusaient de voir dans l’astrologie une création en quelque sorte artistique, une architecture. Et c’est probablement là que nous différerons de la problématique de Solange de Mailly Nesle. Mais, le propos liminaire de l’auteur à teneur religieuse nous convient assez car il faut bien admettre une intervention venue d’ailleurs pour sous tendre notre propos. Que par la suite, l’astrologie ait été découverte par l’observation n’est pas contradictoire mais cette observation n’aura pas fondé l’astrologie mais aura révélé un « plan divin » déjà en place. En ce sens, la problématique de sa validation, une fois une telle structure constituée, ne saurait échapper aux exigences méthodologiques du milieu scientifique. En effet, cette autre astrologie n’aura eu que faire du thème de naissance propre à la proto-astrologie mais reléve d’une approche collective, – propre à une astrologie « mondial » et nullement individuelle. Comme nous l’écrivions dès 1976, près de dix ans avant la parution de l’ouvrage de l’auteur, le thème astral nous apparaissait comme une dérive divinatoire, une « astromancie » articulée sur un certain état du ciel à décoder. Comme le notait déjà Gauquelin, l’influence n’était perceptible que sur des groupes socioprofessionnels et leurs représentants les plus doués. De la même façon, cette nouvelle astrologie n’agirait que sur une élite, des « chefs » capables d’entrainer les masses, ce qui renvoie à la notion de prophéte voire de peuple élu. Mais cette nouvelle astrologie, en dépit de ses origines étrangères à notre Humanité, nous semble parfaitement vérifiable, au sens de Popper (principe de réfutabilité). Les périodes saturniennes de 7 ans (28/4) se limitent à une alternance entre un temps féminin (solsticial) et un temps masculin (équinoxial). étant entendu que le féminin est la matrice du masculin lequel le structure et le formate. Après ce préambule, intéressons nous d’abord à l’entretien de SMN avec Daniel Verney( pp. 198 et seq) en dénonçant son approche de l’aspect d’opposition qui lui fait considérer le cancer et le capricorne comme antagonistes (p; 216) alors que c’est l’aspect de carré qui souligne les tensions, l’axe équinoxial est en carré avec l’axe solsticial alors que l’opposition met en rapport des facteurs placés sur un même axe/ Il y a là un contre sens qui risque de fausser complétement toute forme de prévision. D’ailleurs, l’astrologie aura beaucoup souffert d’une déficience concernant les phases contraires C’est ainsi que Barbault fait de la conjonction des planétes une position diamétralement opposé à celles de l’opposition, ce qui le conduit à placer les conjonctions en bas de sa courbe (tension) et les oppositions au sommet (détente) SMN ne reléve pas une telle bévue. Il est vrai que Lune et Saturne sont associés à des signes opposés, cancer et capricorne mais l’on sait à quel point ces deux astres présentent des analogies numériques (28/4=7) Daniel Verney affirme dans son entretien à quel point le thème natal occupe une place centrale pour l’Astrologie, ce qui montre qu’il n’a pas été sevré d’une première approche de l’astrologie.
Voyons à présent ce qui est dit dans l’ouvrage à propos de Gauquelin.(pp 192 et seq) SMN affirme « Le statistiques de M. Gauqueli relévent du quantitatif tandis que l’astrologie fait appel à un ordre qualitatif ». La statistique permet de regrouper des données éparses en un nombre limité de catégories. Pour nous, l’astrologie est le pôle masculin face à l’astronomie qui est le pôle masculin. En ce sens, l’astronomie correspondrait à une « matière » première que l’astrologie aurait à décanter, à réduire alchimiquement; SMN ne capte pas cette fonction réductrice et formatrice de l’Astrologie. En ce qui concerne la question causale, nous avons déjà expliqué que la Technique instrumentalise la Science, n’en retient que ce dont elle a besoin. On ne mange pas tout ce qui se présente dans une carte de restaurant, on opére des choix. Toute la question est de savoir si le choix qui est effectué produit une nouvelle réalité, par dessus la réalité première, matricielle, ce qui renvoie à l’humanisme. Au risque d’etre accusé de misogynie, SMN adopte un point de vue féminin et ne parvient pas à comprendre le rôle de l’humain dans la Création, ce qui affaiblit considérablement sa position face à la Science. En 1986, nous avons développe un commentaire dans la Pensée Astrologique, sur l’instrumentalisation arbitraire -dans une démarche d’autodétermination- par les humains mais aussi par d’autres animaux et végétaux de leur environnement De la même façon que le calendrier électoral qui est instauré par telle ou telle Constitution devient une réalité tangible. Le probléme, c’est que l’Astrologie semble ne relever ni d’une réalité « objective » ni d’un consensus « subjectif » mais d’un entre deux, une subjectivité objectivée par la technologie, entre Nature et Culture; A propos des rapports Astronomie/astrologie, nous pensons qu’il est question d’un couple et que l’astronomie est le facteur féminin qui fournir un matériau au facteur masculin qu’est l’astrologie. On parle souvent d’un divorce entre ces deux domaines, cela tient au non respect des rôles respectifs, et l’astronomie a pris le dessus sur ‘l’astrologie en lui imposant notamment, comme dans la Tétrabible de Ptolémée, de se servir de la totalité des planétes connues. Par ailleurs, quand l’autrice parle des rapports entre planétes et zodiaque, elle n’est pas au courant du fait que le symbolisme zodiacal est issu du symbolisme mythologique, mais le dispositif des maitrises a été décalée(cf notre article Astrologie, in Encyclopaedia Universalis, 1994) Mais comment reprocher à un auteur l’ignorance de recherches postérieurs à la publication de son travail?
JHB 04 05 24