Un des gros problèmes qui se pose à l’acceptation intellectuelle de l’astrologie est l’affirmation par celle-ci que les astres agissent sur nous même quand nous n’en connaissons quasiment rien. Il est clair que si nos sociétés étaient plus averties des choses célestes, dans la vie quotidienne et citoyenne, l’idée astrologique pourrait mieux passer. Autrement dit, cette idée présuppose que nous connaissions instinctivement le ciel et qu’il ne s’agit pas là d’un simple acquis culturel et existentiel. D’aucuns, parmi les astrologues, ont cru trouver la « solution » à ce casse-tête en partant du principe que les hommes et les astres participent d’un même ensemble depuis la nuit des temps. Cela les conduit à appréhender le système solaire comme une totalité indivisible puisqu’il n’y a aucune raison pour que la Nature opère des tris si ce n’est par élimination radicale. Entendons par là que l’on admet le tri diachronique, à savoir que certaines choses se perpétuent, survivent et d’autres non, mais on a du mal à imaginer un tri synchronique, à savoir que telle planéte existante soit agissante et pas les autres. C’est pourquoi l’on entend tel ou tel nous dire qu’il n’y a pas de raison que telle planéte agisse et pas telle autre. Mais un tel argument ne prend pas en compte le facteur humain qui sous-tend certains choix au sein d’un ensemble plus vaste.
Les astrologues doivent se placer tour à tour du point de vue des cieux et du point de vue des hommes et apprendre à les distinguer. Il faut aussi garder à l’esprit le fait que la naissance de l’astrologie en tant qu’instauration d’une sorte de symbiose et la restauration du savoir astrologique qui est censé rendre compte de celle-ci, de son timing, en est une autre.
Si effectivement, certaines structures terrestres coïncident avec certaines structures célestes, on est conduit à supposer l’existence d’un certain Inconscient Collectif, c’est-à-dire du passage du conscient au subconscient, à l’Inconscient. Le mot Collectif est ici déterminant car pour nous la conscience astrologique est collective ou elle n’est pas. Astrologie et individualité ne font pas bon ménage.
L’hypothèse la plus probable serait que nous soyons programmés à réagir à certains signaux cosmiques au sens pavlovien du terme, c’est-à-dire des signaux qui se forment progressivement jusqu’à atteindre leur forme « parfaite » puis se dénouent petit à petit. Pour nous, l’Inconscient Collectif porte sur des modèles hypersimples, de préférence binaires, il doit communiquer comme le font les ordinateurs. Donc une astrologie trop alambiquée, aux signaux trop nombreux sera par le fait irrecevable…
Une astrologie inscrite dans notre Inconscient Collectif est née d’un stade où les comportements étaient beaucoup plus conscients. Il y a eu une dégradation progressive avec le temps et un glissement d’un savoir conscient et partagé à un savoir inconscient et revécu individuellement et dans l’intersubjectivité. On ne peut donc dire que telle configuration faisant sens dans notre Inconscient Collectif n’était pas perceptible par les yeux de nos aïeux.
Quand nous parlons de configuration, il faut prendre garde : l’astrologie n’est pas une affaire liée à un facteur isolé, elle est configurationnelle. C’est le choix de la configuration qui constitue le signal. Les astrologues modernes ne semblent pas avoir compris cette vérité. Ils nous parlent de la signification de telle ou telle planéte alors qu’il faudrait parler en termes de configurations, de binôme comme dans le cas de Saturne avec les 4 étoiles fixes royales.
On ne confondra pas la configuration structurelle qui fixe parmi toutes les autres combinatoires possibles les deux astres, ainsi mis en rapport pour faire signal et qui se rejoindront ou se sépareront selon les cas, à l’instar d’un couple humain et la configuration conjoncturelle qui est l’étude des relations entre les deux astres concernés, ce qui nous donnera une idée de la puissance du signal tout au long du cycle considéré. Il faudrait que les astrologues finissent par comprendre que le nombre de configurations célestes, même en se limitant chaque fois à deux facteurs (de préférence une planéte et une étoile) est assez colossal. Quelle est la ‘bonne » configuration, non pas celle qui a des effets bénéfiques mais celle qui « marche » parmi toutes les autres combinatoires ? Il n’est évidemment pas question, en effet, d’adopter toutes les configurations éventuelles comme semblent tendre à le faire tant d’astrologues notamment autour de la notion de thème qui introduit une forte promiscuité entre tous les astres. Or, un signal formé d’autant de possibilités ne sera pas un « bon » signal, pour le récepteur et portera à une multitude d’interprétations, qui ne feront pas l’unanimité.
Nous recevons ce mail de Franck Nguyen :
« Encore un effort Mr Halbronn et nous allons être presque d’accord.
En lieu et place des mots « généalogique » génétique », je propose « inconscient collectif ». Nos ancêtres nous ont légué, une subjectivation inconsciente de portions de temps. C’est pourquoi je suis partisan d’utiliser le terme de « chronomancie ». Cette imprégnation du psychisme de l’homme moderne par nos ancêtres prend la forme de périodes de temps subjectivées »
. Certes, à condition, toutefois, d’articuler sur l’Inconscient Collectif une idée de signal constitué de deux facteurs, l’un fixe, l’autre mobile, le mobile rejoignant périodiquement le mobile, s’unissant à lui en quelque sorte en vue d’une fécondation. L’Inconscient est fortement structuré et il n’est pas limité à la seule Astrologie. Selon nous, le rapport 4×7 est- c’est le cas de le dire, crucial dans le psychisme de l’Humanité, d’où nos 4 semaines soli-lunaires et nos 4 « semaines » saturno-stellaires qui en sont dérivées. Le 4×7 est plus important que le 4×3. Mais en tout cas, tout semble devoir passer par le 4, comme le tétragramme. Un cycle doit impérativement se diviser en 4 temps, ce qui confère au carré et au semi-carré (sesqui-carré) un rôle majeur. On rappellera que de 4 on passe à 8 puis à 16 et non à 12.
L’objection habituelle adressé à ce qui est simple en Astrologie, c’est que c’est « réducteur ». On pourrait dire à l’inverse que passer du général au particulier, de la puissance à l’acte est « réducteur » en ce que cela limite le nombre des possibles. On nous dit que l’astrologie ne saurait se limiter à une seule configuration. D’où vient une telle certitude ? De quel postulat reçu ?
Est-ce que ce postulat c’est que l’astrologie doit tout expliquer dans ses moindres détails ? Une telle approche est improbable car elle manque de visibilité. L’astrologie ne se reconstruira, comme l’avaient compris Gauquelin et André Barbault, chacun à sa façon, qu’à partir de regroupements professionnels, événementiels ou autres. Or, si l’on aborde le cosmos sans disposer de certaines clefs, on se perd dans le labyrinthe. Dans le débat sur théorie et pratique, il faut savoir que dans une recherche, la théorie commence par structurer le terrain, autrement dit la pratique précédé la théorie et la conditionne. Ceux qui soutiennent qu’une théorie doit être validée par une pratique avouent ainsi que leur théorie n’est pas née de l’observation mais est une pure spéculation qu’il faudra « vérifier » par la pratique. Or, celui qui ne part pas de l’observation de l’humain pour décrypter le ciel se condamne à l’impuissance ou à la folie. Malheureusement, nous avons pu remarquer à quel point la plupart des astrologues étaient réticents face à toute généralisation concernant les humains, à toute hiérarchisation. Or, c’est là la voie royale pour décrypter le cosmos astrologique. Si l’on refuse cette voie, il y a celle de gauche qui conduit à partir du cosmos pour descendre vers l’humain et ce cosmos là est chaotique et ne nous renvoie qu’une image chaotique de l’humain, à commencer par l’éparpillement en cas particuliers qui n’est pas digne de l’astrologie et qu’il faut laisser aux « psy » ordinaires qui ont les outils et les méthodes pour ce faire . Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.
Nous ne croyons pas une seconde que le lien entre les hommes et les astres se situe au moment de la naissance ni d’ailleurs à aucun moment. Nous pensons que les hommes sont sensibles en permanence à l’évolution de certaines configurations, au demeurant fort peu nombreuses mais passant par des stades fortement contrastés. Ce qui est constant chez eux n’est pas de l’ordre de l’astrologie mais l’astrologie interfère avec ce qu’ils sont, ce qui conduit d’ailleurs à unifier et à réguler le comportement collectif.
.
JHB
06.08.13