Les réactions perverses à l’antisémitisme et à la misogynie
Posté par nofim le 10 octobre 2013
Les réactions pathologiques à l’ »antisémitisme » et à la « misogynie »l
Par Jacques Halbronn
Il importe de distinguer entre les attaques concernant des catégories et celles qui visent telle personne en particulier. On s’intéresse certes aux antisémites, aux misogynes, aux homophobes, aux xénophobes, aux « anti-astrologues » etc. mais cela alimente souvent des formes de harcèlement s’adressant à une personne en particulier, et qui trouvent précisément prétexte du fait d’attaques proférées à l’’encontre de tel ou tel groupe. C’est le problème de la paille et de la poutre. (cf. l’article de Catherine Maillard, « Harcèlement moral »)
La thèse que nous défendons ici peut sembler paradoxale voire provocatrice en ce qu’elle met en garde contre les réactions à des textes qualifiés d’antisémites ou de misogynes et autres « anti » lesquels justifieraient certains passage à l’acte à l’encontre de leur auteur. Car a priori ceux qui s’attaquent à ces « anti » ont Bonn conscience, ils défendent une bonne cause et s’en prennent à des personnes dont elles supposent qu’elles ont « mauvaise conscience » de par le propos proférés sur tel ou tel groupe, y trouvant là des victimes toutes désignées pour subir un certain harcèlement moral..
.Il importe de signaler le décalage entre une attaque concernant un groupe et celle qui touche à une personne en particulier, l’une devenant le prétexte pour l’autre. La question est en effet : comment légitimer une attaque personnelle directe par le fait que telle personne s’en soit pris à une certaine population. On perçoit la dissymétrie des deux situations.
Dans un cas, on ne vise personne en particulier mais la personne qui va réagir ne s’en sent pas moins visée, du fait qu’elle appartient au groupe concerne. Elle s’ »en explique par un sophisme : ce texte s’attaque aux femmes, je suis une femme, donc ce texte s’attaque à moi, donc je réagis à l’encontre de l’auteur du texte « ad hominem ».
C’est ainsi que nous pensons que l’antisémitisme est l’occasion de libérer l’agressivité de certains Juifs à l’égard de telle ou telle personne, que la misogynie l’est pour justifier l’agressivité de certaines femmes et ainsi de suite. La position « anti » apparait donc comme un stigmate déterminant une sorte d’état de légitime défense, où tous les moyens sont permis. La stratégie est donc de se trouver des ennemis, du fait de notre appartenance identitaire. Telle personne qui a tenu tel ou tel propos va ainsi devenir notre cible qu’il n’y aura pas de raison de ménager alors que cette personne ignorait totalement notre existence et ne pouvait s’être pris à nous spécifiquement. C’est là qu’il y a une certaine perversité.
Au lieu de répondre aux arguments avancés par l’auteur des propos incriminés, on s’autorise à l’insulter, à le diffamer en en faisant une affaire personnelle. Cette agressivité que l’on peut ainsi assouvir impunément a besoin de s’adresser à une personne en particulier pour produire une certaine satisfaction chez le harceleur, dans un rapport qui s’apparente à une forme de sadomasochisme. On s’en prend à quelqu’un qui nous a, en quelque sorte, attaqués en tant que membre de tel groupe, donc en tant que victime, l’on réagit comme il se doit contre l’attaquant comme si celui-ci s’en était pris à nous personnellement. On introduit ainsi une forme d’intimité qui n’avait pas lieu d’être en basculant du général au particulier Et puis l’avantage de cette posture, c’est qu’elle ne se situe plus cette fois dans les généralités mais vise bien une personne clairement désignée et à laquelle on va s’intéresser de très près et sous tous le sangles possibles.On en fait une affaire personnelle.
Ce type de perversion consiste à s’en prendre à des personnes qui ont tendance à généraliser, à dépasser les cas particuliers et précisément, c’est un de ces cas particuliers qui se veut être un grain de sable pouvant enrayer la belle construction intellectuelle. Cela n’exclut pas d’ailleurs le rappel de telle ou telle appartenance jugée problématique de la victime. On signalera par exemple, en passant, qu’il est Juif ou homosexuel. On peut ainsi parler d’une instrumentalisation des textes d’ordre général à de fins de harcèlement moral personnel. Tout auteur de pamphlet contre telle ou telle catégorie peut ainsi devenir la proie d’une personne en particulier qui s’en prendra nommément à lui parce qu’elle se sera sentie attaquée. On peut imaginer le glissement : on écrit un texte qui vise des millions de personnes et l’on se trouve en face de quelques personnes faisant partie d’une large population et qui vous en veulent à mort dans un rapport de personne à personne, ce qui dénote d’ailleurs ce ces gens-là une certaine difficulté d’abstraction qui les aurait protégés contre de telles dérives !
Nous avons toujours pensé que les réactions aux mises en cause collectives pouvaient produire des comportements pathologiques au sein des populations visées. On pense tout particulièrement aux femmes face à des propos jugés misogynes, à tort ou à raison et qui se lâchent carrément face aux auteurs concernés, et d’une façon totalement disproportionnée. Il y a d’ailleurs une certaine logique à un tel comportement dans la mesure où l’on entend ainsi s’en prendre à la cause du « mal », qu’il importe de vilipender à n’importe quel prix. Notons que cela peut aboutir à des procès en diffamation à l’encontre de tel membre d’un groupe visé. Car comment pourrait-on juridiquement, mettre en parallèle une attaque contre un groupe et une attaque contre une personne ?
Les choses deviennent plus complexes à analyser quand les attaques contre un groupe visent un chef d’école dont le nom est prononcé. Mais dans ce cas, du moment que l’on s’en prend aux travaux sous-tendant le dit groupe, on ne saurait mettre ces attaques concernant tel auteur sur le même pied que les attaques personnelles qui ont été évoquées. Toute la différence est dans le recours à la diffamation, à l’insulte, à l’injure, à la calomnie qui tiennent lieu d’argumentation et qui débordent largement du domaine visé et concernent notamment sa vie privée ou son état mental dans le genre « ‘il faut être fou pour tenir de tels propos d’ordre général ». « L’auteur doit avoir été traumatisé » et ainsi de suite.
*JHB
10. 10 13
J
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