Zodiaque et Société
Posté par nofim le 15 juin 2014
Zodiaque et anthropologie
par Jacques Halbronn
L’erreur commise par la plupart des commentateurs du
Zodiaque (cercle des animaux) tient au fait qu’ils s’imaginent*
que le choix des animaux, notamment, serait d’ordre
allégorique.
On entend ainsi (cf Véronique Agranier, sur You Tube,
15 06 14) dire que le bélier est l’expression du début du
printemps. En réalité, ce qui importe, c’est ce que font les
hommes de cet animal qui n’a d’ailleurs nullement vocation
à représnter cette saison. Le bélier, ou le mouton ou mieux
encore l’agneau (cf la fable de La Fontaine « le loup et
l’agneau) est voué à l’immolation sur l’autel, à la mort, au
sacrifice. Evidemment de nos jours, nous sommes moins
familiarisés avec de telles pratiques mais il est clair que
le bélier, l’ovin, appartient non pas au printemps mais bien
à l’hiver. Il n’est pas le premier signe du printemps mais bien
le dernier de l’hiver. Il n’est pas étonnant que deux signes
« armés », le scorpion (qui désigne à Babylone l’archer et non
l’animal) et le sagittaire soient des signes d’automne, saison des
mises à mort (cf les Travaux d’Hercule, comme le Sanglier
d’Erymanthe, les oiseaux du Lac de Stymphale etc). Les signes
humains dans le Zodiaque, a contrario, ne sont jamais liés à
des mises à mort si ce n’est du côté du bourreau. C’est ainsi
que le signe des Gémeaux ne décrit aucunement le cycle
saisonnier en soi mais le fait que ce soit en Mai que les
sociétés aient instauré les rencontres entre jeunes gens. Mai,
le mois des amours, des amoureux. Les Gémeaux qui sont
souvent représentés comme un couple enlacé sexuellement;
(cf les enfants des planétes, en l’occurrence de Vénus)
.Il est donc tout à fait vain de voir dans le Zodiaque une
représentation de la Nature en soi alors qu’il s’agit d’une
cyclicité des pratiques sociales, socio-économiques.
(cf aussi Didier Colin, Manuel Pratique d’astrologie, Ed
Hachette 1998). Les cathédrales reprennent ces « travaux »
successifs dont les signes zodiacaux sont isssus.(cf.Christian
Fages sur Zodiaque et Chrétienté). L’animal
n’est pas là pour incarner une saison en soi mais ce qui
correspond dans les activités humains à une saison. Le
taureau (bovin, boeuf, vache, veau) n’est pas censé
représenter ce qui se passe dans la nature au printemps mais
l’usage que les hommes en fonest alors.
Rappelons que le fait que l’astrologie fasse appel à un tel
symbolisme n’implique pas nécessairement qu’elle soit dans
son mode de repérage à caractère tropicaliste. Il s’agit avant
tout d’un mode de signalisation cyclique parmi tant d’autres,
d’un « exemple » ni plus ni moins à ne pas prendre à la
lettre..
Un autre exemple concerne le Feu que nombre d’astrologues
associent volontiers à l’Eté. Or les hommes n’ont pas besoin
de feu en cette période de l’année. Et l’iconographie des
mois place le feu en hiver avec notamment des cheminées.
Didier Colin a donc tort d’associer le Feu à l’Eté et non à
l’Hiver car toute l’iconographies des mois (cf Les Très Riches
Heures du Duc de Berry mais aussi le mois de janvier dans
le Kalendrier des Bergers) situe le feu en hiver car c’est en
hiver que les hommes en ont besoin et non en Eté, le feu n’est
pas le soleil mais un substitut au Soleil en exil.
En fait, il n’est guère conseillé aux astrologues (exercice
auquel se livre Véronique Agranier) de commenter le
Zodiaque. On peut penser d’ailleurs que le signe du Taureau
ou celui des Poissons ou de la Vierge sont, quant à eux, des
allégories des dieux , respectivement Apollon (avec le
culte de Mithra), de Neptune et de Cérés, deux divinités ne
correspondant à aucune planéte du Septénaire, connu dans
l’Antiquité (cf Manilius). De même, le syncrétisme du
Zodiaque est -il aggravé par la présence du tétramorphe
dont fait d »ailleurs partie le taureau mais aussi le lion, l’aigle
(cf le Symbolisme de l’Aigle, Volguine), remplacé par le
Scorpion (ce qui vient brouiller les pistes, cf supra) et
l’Homme (le Verseur d’Eau mais aussi lié à la scéne du
banquer hivernal, que l’on retrouve dans l’arcane I du
Bateleur). En effet, le début de l’année ici n’est pas tant situé
à l’équinoxe de printemps qu’au solstice d’Hiver (Noël) qui
correspond à une reprise après cette nuit la plus longue.
Quant à la question des aspects, on a du mal à comprendre
comment les signes cardinaux pourraient-ils être en
conflit entre eux (cf Colin, op. cit, p. 255)/ Dire que le sextile
et le trigone sont des « bons » aspects mériterait une
explication. Nous pensons qu’il s’agit là d’une théorie
tardive liée à la permutation de l’exaltation des luminaires due
à la précession des équinoxes. Croyant bien faire, certains
astrologues auront déplacé le soleil initialement exalté en
taureau dans le signe précédent du bélier et par voie de
conséquence, ils mirent la Lune en taureau, à la place, d’où
une permutation. Ils auraient du poursuive lorsque le point
vernal n’était plus dans la constellation du bélier mais
entre temps, la tradition s’était cristallisée et figée et on
en resta là.
Or, cette permutation aura eu des effets considérables
puisque l’aspect de carré qui séparait les deux positions du
soleil en taureau et en lion et les deux positions de la Lune
en bélier et en cancer, va aboutir à un aspect de trigone
(Bélier-Lion, 90 plus 30) et de sextile (Taureau-cancer,
90 moins 30). Ce nouveau état va contaminer par la suite
tout le systéme des aspects et se figer alors même que la
précession demanderait de nos jours un nouvel ajustement
et donc l’abandon du sextile et du trigone qui ne sont
que des déviances par rapport au carré. En ce sens, il y a
là une pathologie de l’épistémé, une dégénerescence du
savoir.
Un autre point nous frappe à savoir le hiatus entre le
discours sur la cyclicité saisonnière qui implique un vécu
partagé dans la synchronicité et la théorie du thème natal
qui déconnecte de facto l’individu du collectif. L’astrologie
joue ainsi sur deux discours, sur deux tableaux. D’une part
une représentation du monde qui délivre un message de mise
en accord de l’homme avec la Nature et de l’autre la pratique
tardive du thème natal qui va « mixer » les signes, les planétes,
les maisons, qui sont à la base sous-tendus par des cyclicités
pour en faire un brouet immonde.
JHB
15 06 14
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JHB
15 06 14
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