L’astrologie, de la cyclicité à la typologie
Posté par nofim le 3 décembre 2013
L’astrologie en quête, en perte d’elle-même.
Par Jacques Halbronn
On connait ces « démonstrations » d’astrologues qui vous explique, thème à l’appui, que la maison V est liée à la maison X parce que Mars est « maître » de la dite maison V du fait que la pointe (cuspide) de la V est en bélier et tout à l’avenant ; Cela veut nous expliquer que le domaine de la Ve maison est intimement lié à celui de la Xe. Or, un tel procédé dépend en amont de la théorie des « Dignités » planétaires (domiciles, exaltations) qui associe les planètes et les signes. On a donc là un triptyque maisons-planètes-signes qui se passe d’ailleurs tout à fait des aspects. C’est en quelque sorte un système parallèle de connexion des facteurs du thème entre eux. Il va de soi que ce qui valide toute cette imbrication, c’est, nous dit-on, que « ça marche », sans que l’on sache très bien ce qu’une telle formule peut vouloir signifier. Comme si le thème marchait comme marchent, fonctionnent, un appareil, une machine, étant entendu qu’on est dans le domaine du psychologique, de l’humain, ce qui n’est pas forcément le cas de la technique même si elle dépend de l’ingéniosité des hommes. Mais ce qui émane des hommes est-il nécessairement « humain » ? Quelque part, la technique remplace l’humain, s’y substitue, est déshumanisée.
On sait que le thème brasse un grand nombre de données et il est donc bien aléatoire de pouvoir les isoler les unes des autres, d’autant qu’il y a divers doubles emplois. Mais comme on se l’est demandé, quelle est la fonctionnalité du thème ? Que nous répondent les astrologues quand on leur pose une telle question ? Certains disent, du côté des « humanistes » (Ruperti) que le thème est notre « dharma » ce que nous devons accomplir au cours de notre vie. Nous avons déjà, à maintes reprises, mis en garde contre toute forme d’astrologie rétrospective qui dépasserait certaines bornes et qui serait totalement décalée par rapport à une astrologie prospective où l’astrologue devient soudainement beaucoup plus humble.
Tout se passe d’ailleurs comme si les outils de l’astrologie explicative n’étaient pas les mêmes que ceux de l’astrologie « prédictive » (‘au sens anglo-saxon de predict). On dirait que l’astrologie quand elle étudie le passé cherche à compenser l’austérité qui lui est imposée en matière prévisionnelle. On pense à un monsieur qui devrait faire très attention à son régime et qui compenserait de temps à autre par une « grande bouffe ». Les réunions astrologiques se distinguent en cela carrément de l’ambiance des consultations astrologiques ‘ »à l’aveugle ». La consultation offre une facette beaucoup plus raisonnable que la conférence laquelle encourage tous les débordements. On croit souvent que c’est l’inverse, bien à tort. C’est en conférence publique, en congrès, que les astrologues montrent d’eux une image caricaturale. Très peu de conférenciers échappent à un tel travers explicatif et démonstratif, ce qui confine à de la publicité mensongère puisque ces mêmes conférenciers seraient bien incapables d’en faire autant pour traiter du futur, sauf à recourir à des techniques extra-astrologiques (voyance avec ou sans support). L’astrologie prédictive est « sans filet ».
Cette astrologie rétrospective s’apparente à de la peinture. L’astrologue dispose d’une palette en laquelle il puise. Il « traduit » certaines données qui lui sont fournies par la partie de lui-même qui n’est pas astrologique dans un jargon astrologique. D’une certaine façon l’astrologie lui aura été greffée pour pallier certaines déficiences cognitives.
Paradoxalement, ces astrologues dès lors qu’ils ne sont pas dotés d’un certain esprit d’abstraction risquent fort d’être de médiocres prévisionnistes. Car prévoir, c’est rester dans les généralités et montrer que la diversité des choses est un leurre. Or, bien des astrologues nous sont apparus comme faiblement dotés du côté de l’abstraction, sauf s’ils sont aidés de l’astrologie qui leur « mâche » le travail. Ces astrologues sont à leur aise tant qu’il s’agit d’un cas mais dès qu’il y en a plusieurs, ils ont du mal à en extraire le point commun sauf à s’en tenir à certaines étiquettes. Par exemple, on étudie une série de « criminels », de « musiciens », de « peintres », le travail de « définition » est déjà fait. D’ailleurs, le statisticien Michel Gauquelin n’a pas procédé autrement, en recourant à des catégories professionnelles. Barbault dans les années cinquante état un grand adepte des collectons de thèmes par profession. (cf. son recueil sur la profession musicale, Ed CIA) pour l’avancement de la recherche astrologique. En mondiale, Barbault appréciait aussi la possibilité de disposer de séries d’événements ayant été qualifiés par les mêmes termes, comme « guerre mondiale ». Il était alors tentant de montrer qu’à une même qualification de personne ou d’événement correspondait un même type de configuration.
Le défaut de cette méthode tient au fait que ces qualifications n’ont pas de pertinence astrologique. Or, une science doit déterminer ses propres critères et non emprunter des repérages profanes.
Le problème, c’est que cela fait belle lurette que l’astrologie est à la dérive et est bien incapable de préciser son champ d’investigation et les problématiques qui relèvent véritablement de sa compétence. Bien plus, l’astrologie elle-même, du fait qu’elle s’est décentrée, a intégré en son propre sein des éléments qui lui sont étrangers. C’est un cercle vicieux ! Autrement dit, en science, on se méfiera du prêt à porter et préférera du sur-mesure. Attention au socio-morphisme : La société est-elle censée délivrer à l’astrologie les catégories et les classements qui lui conviennent. ? On peut en douter.
Pour notre part, nous préférons, avec l’Astrocyclon, définir nos propres règles du jeu et les fournir à la société que l’inverse. Il vaut mieux être le préteur que l’emprunteur. Et pour en revenir aux maisons astrologiques, il nous semble assez clair (voir nos récentes études à ce sujet, blog nofim, sur teleprovidence) qu’il s’agit là d’un emprunt à une représentation du cycle de vie, avec ce qui attend une personne au cours de son existence sociale tout comme le Zodiaque est constitué ç la base à partir du cycle annuel des activités d’une société rurale, dont le temps est structuré par la météorologie. Ce type d’emprunt n’est que d’un médiocre intérêt pour l’astrologie et on pourrait en dire autant pour les divinités mythologiques qui expriment aussi, tout comme les Quatre Eléments, une forme ou une autre de cyclicité. La dernière en date des cyclicités auxquelles l’astrologie ait fait appel est celle du calendrier électoral dont les dates, fixées bien à l’avance, sont devenues la base même de l’astrologie mondiale actuelle, tout simplement parce que désormais l’astrologie est incapable de disposer de son propre calendrier. C’est une astrologie coucou, qui n’a pas son propre nid. Ce diagnostic est amplement confirmé par le fait que de plus en plus les astrologues dans leur conférence et dans leurs consultations se servent de plus en plus de données extra-astrologiques pour étoffer un discours exsangue. Par exemple, lors d’une récente conférence sur astrologie et criminalité, dont déjà le propos pouvait faire problème, du fait du mode de qualification social du corpus, le conférencier a longuement parlé de criminologie au point d’oublier d’étudier les périodes où les crimes ont été commis. Il a déclaré qu’il n’avait pas eu le temps ! De qui se moque-t-on ?
Ce qui aggrave les choses, si c »était encore possible, tient au fait que ces différents cycles perdent largement leur vertu cyclique en cours de route et qu’à force de vouloir distinguer une étape d’une autre, on finit par générer de la discontinuité et des contrastes tout à fait excessifs entre un signe et le signe suivant, entre une maison et la maison suivante (cf. Robert Dax. Psychologie zodiacale. Ed Arista). Au nom d’un souci de « précision », notamment pour déterminer le signe ascendant, voire pour rectifier l’heure de naissance à partir de « faits » de vie- et pour recouper tel ou tel point, l’on en arrive à désarticuler les cycles, ce qui aboutit à une typologie spatiale (genre les douze signes) du fait que la cyclicité sous-jacente a perdu de sa lisibilité. Il est plus facile en effet d’énumérer une série de types qu’une série de phases. Ce qui explique que l’astrologie ait reconverti ses emprunts cycliques en classements typologiques dans le genre Caractères de La Bruyère..
Jhb
03 12 13
Publié dans ASTROLOGIE, HISTOIRE, PSYCHOLOGIE, RELIGION, SOCIETE | Pas de Commentaire »