jacques Halbronn
TEXTOLOGIE & ANTHROPOLOGIE
Etudes d’épistémologie
Tome I Critique biblique
Nous observons la coexistence de trois types de théologies au sein des religions dites du (même) Livre et nous nous efforcerons de les distinguer en dépit du mimétisme qui les relie, brouillant ainsi sensiblement les pistes et notamment.
Le premier verset de la Genèse serait fautif. On aurait dû trouver : Vayivra beréshith Elohim Et Hashamaym ve EtHaaretz, ce qui placerait la lettre Vav en tête et non la lettre Beith de Beréshith. En effet, comme nous le montrerons, le judaïsme ne serait pas la première mais la dernière formulation théologique des trois corpus, notamment, en ce qu’il proteste contre le dogme de l’Homo Deus, de l’Homme –Dieu, ce qui est selon nous le fondement du Christianisme.
Théologiquement parlant, il importe en effet d’étudier le contenu propre à chaque « confession » et non pas de se fier à cette « encyclopédie » que constituent les livres de la Bible. Et c’est alors que le véritable ordre des textes nous apparaît.
La théologie ne saurait en tout état de cause se réduire à l’observation ethnologique de telle ou telle communauté, de son « en soi », son accounting (Garfinkel), ce qu’elle raconte complaisamment d’elle-même à usage interne, car toute structure peut se corrompre et passer à un stade post-structurel, cristallisé, mimétisé.
C’est ainsi que repenser les relations judéo-chrétiennes exige de refonder et le judaïsme et le christianisme, au regard de leurs pratiques actuelles, de ce qu’ils sont devenus, c’est à dire ne pas se contenter des postures et positions en présence ici et maintenant. On notera que le terme même de christianisme ne fait sens que par rapport à une certaine lecture de l’Ancien Testament, puisque Christ (barbarisme venu du grec) signifie Messie (Mashiah) et c’est déjà en soi la marque d’un emprunt, l’affirmation d’une filiation – dans toutes ses acceptions tant sur le plan théologique que culturel- dont on peut penser qu’elle serait abusive.
Le théologique ne fait pas vraiment bon ménage avec l’ethnologique et le sociologique. Ce que les Juifs pensent aujourd’hui consensuellement ne saurait faire autorité pas plus que ce qu’il en est des Chrétiens. Nous nous voulons décidément nous situer en faveur d’une métaphysique, d’une théologie « vivante » et non d’ une sorte d’ethnologie se contentant de décrire en vrac diverses pratiques et rituels rassemblés dans un seul et même espace, propres à une population partageant un même contenant cristallisé, fossilisé sans que l’on sache séparer le bon grain de l’ivraie alors qu’il est temps de dénoncer le syncrétisme qui plombe les Ecritures, en mettant tout le monde dans le même sac, essayant de concilier voire d’occulter ce qui était auparavant un clivage majeur. Il nous importe de placer la Théologie au-delà de l’en soi des fidèles, des pratiquants des diverses obédiences.
On nous objectera, non sans une certaine dose de cynisme et de fatalisme, qu’il serait bien utopique de vouloir démêler l’écheveau de l’Histoire, selon quelle méthodologie, nous demandera-t -on?
Il ne s’agit nullement de favoriser un rapprochement au nom de la Bible entre tous ceux qui s’y référent mais bien au contraire de mettre fin à certains malentendus, à des méprises qui se sont pérennisés. C’est ainsi que les deux théologies en question s’opposent radicalement et nous irons jusqu’à dire que si les théologies différent, cela vaut pour les dieux concernés lesquels suivent des voies littéralement opposées et qu’il serait vain de vouloir concilier au nom de quelque tradition primordiale, comme le voudrait un René Guénon. Nous aborderons d’une part la question du clivage spatial entre Israélites et Judéens et de l’autre celle du clivage temporel, diachronique entre la deuxième et la troisième théologies, l’une étant associée pour nous au christianisme et l’autre au judaïsme, ce dernier correspondant à un stade plus tardif, en dépit de certaines artefacts « historiques ». C’est le Pentateuque qui aura été cause de confusion et nous montrons, plus loin (Partie II) qu’il aura été largement l’œuvre des Israélites et non des Judéens, à commencer par ses deux premiers livres, Genèse et Exode. Or, c’est bien ce Pentateuque qui est lu religieusement, chaque matin du shabbat, office par ailleurs marqué par une révérence appuyée à l’Ecoute Israël !
Le judaisme actuel est l’héritier d’un compromis historique mettant fin à une guerre civile de religion comme il y en eut en France, dans la seconde partie du XVIe siècle en France,. On connait l’édit de Nantes de 1598 visant à établir, selon Henri IV, un modus vivendi entre Catholiques et Protestants. Lors de la destruction du Royaume du Nord par les Assyriens en -722, il y eut un reflux de sa population vers le Sud, à savoir le Royaume de Judée, dont la capitale était Jérusalem. Cela conduisit à des formulations et à des solutions d’apaisement.
La thèse que nous soutenons ici est celle d’un double visage du culte judaïque, celui du vendredi soir et celui du samedi matin, l’un se déroulant à la tombée de la nuit avec l’allumage des bougies ;, l’autre en plein jour.. D’ailleurs, le culte du vendredi soir ne pouvait commencer qu’au vu des premières étoiles du ciel, rendues visibles du fait de la tombée de la nuit qui était saluée expressément avec la prière du soir « Maariv » , abréviation de la bénédiction » Béni sois tu Seigneur qui fait apparaitre la nuit » Hamaariv aravim », que l’on lit avant de réciterle « Shéma Israel ».
En fait, on prétend que le vendredi soir était le début du Shabbat mais pour nous le vendredi soir est lié au sixiéme jour et non au septième car la Création s’accomplit comme le note le premier Chapitre de la Genése en six et non en sept jours. Selon nous, l’office du samedi matin aura été un rajout tout comme la présentation du septiéme jour seulement au chapitre II de la Genése.. On notera que l’on ne sort et ne lit les rouleaux de la Tora que le samedi matin parce qu’il fait jour. La nuit, sans lumière, on ne peut lire, ce qui est le cas du vendredi soir, appelé « veille du Shabbat », le mot hébreu étant Erev : soir. Or, durant cette période, l’on n’est censé accomplir aucun travail ni même utiliser ce qui a été fabriqué, façonné de main d’homme. Il y a là un changement d’optique flagrant entre l’esprit du vendredi soir et celui du samedi matin. On passe de l’oralité à l’écriture et à la lecture du vendredi, sixième jour au samedi, septième jour. On notera que les Musulmans célébrent le sixième jour, probablement sous l’influence du judaisme davidien.
On voit donc que la synagogue est doublement un lieu de cohabitation dans des temps et des espaces séparés: les Judéens le vendredi soir et les Israélites (Israel étant le nom du Royaume du Nord) le samedi matin mais aussi les hommes séparés spatialement des femmes.
Une grande partie du Pentateuque est l’oeuvre des Israélites du Nord et d’ailleurs tout le livre de l’Exode ne désigne -t-il pas, à longueur de page, le peuple comme les fils d’Israel (Beney Israel) ? Ce peuple sécessionniste qui va adorer le Veau d’Or, lequel va marquer le territoire du Nord. Quant au Livre des Prophétes, il interpelle les Israélites, notamment dans le « Ecoute Israel », formule de mise en garde, prise de ce Livre. Ce que- le plus fréquemment- l’on croit être adressé à l’encontre des Juifs (Judéens) l’était en réalité à l’encontre des Israélites, d’où toutes sortes de malentendus. Que dira Jésus ? Qu’il est venu pour les brebis perdues d’Israel/ Le grand projet de Jésus fut, du moins initialement, de mettre fin à ce clivage historique et c’est pour cela qu’il aura surtout préché et guéri, sauvé en Galilée, autour du Lac de Tibériade.
Le débat sur le 6 et le 7 n’est nullement anodin, d’un point de vue théologique, Au regard du système solaire, Le Six s’arrête à Jupiter ‘Lune, Soleil, Mercure, Vénus, Mars) alors que le Sept va jusqu’à Saturne, la dernière planète connue dans l’Antiquité.. On trouve dans le Livre de le Genèse et de l’Exode outre la durée de la Création, le 7 dans le Songe de Pharaon autour des vaches grasses et des vaches maigres ce qui conduit à des périodes de 7 années. Mais il y est aussi question des 12 (6×2) fils de Jacob et des 12 Tribus sans parler des 12 mois. Signalons aussi l’étoile à six branches (Maguen David)matin, la lecture du Pentateuque est essentiellement
centrée sur les Enfants d’Israel ce qui ne pouvait convenir aux Judéens. Le nom d’Istarael
y est repris constamment durant l’Office:
Nombres XV,: « L’Eternel parla en ces termes à Moïse: Parle aux enfants d’Israel »
Exode XXXI : Les enfants d’Israel observeront les Shabbat (.) Ce sera entre Moi et les
enfants d’Israel le signe d’une alliance éternelle »
Il ne faut donc pas s’étonner que les Juifs soient assimilés aux « enfants d’Israel »
par les « Nations » puisqu eux mêmes ont entériné , par ignorance, cette pratique.
Il est donc souhaitable de distinguer entre le temps des Juifs et celui des Israélites.
Comme dit l’Ecclésiaste, il y a un temps pour chaque chose.
Quand au Sefer Yetsira (Libre de la Formation), il associe les sept planètes aux sept lettres « doubles » si ce n’est qu’il est aisé de montrer qu’il s’agit d’un ajout , vu qu’e hébreu il n’y a que six lettres ayant une double prononciation (Bagadkaphat) la lettre Resh ayant été rajoutée, prise au groupe des 4 lettres mères qui ne seront plus que trois.(cf Carlo Suarés. Le sepher yetsira ; ed Mont Blanc, 1968, p. 126)/ A priori, il n’y avait pas de raison d’exclure Saturne au regard d’une religion de la Nature, puisque l’astronomie attestait le 7 en incluant les luminaires, soleil et lune mais pour une religion reconnaissant l’intervention d’un dieu, la Nature ne devait pas servir de référence obligée. On voit donc là un conflit idéologique et théologiques.
Sur la question du peuple élu, nous dirons que le peuple en question du fait du choix dont il aura fait l’objet aura été ipso facto voué à une transformation en profondeur, lui conférant les compétences nécessaires à l’accomplissement de sa mission, du rôle qui lui aura été attribué; C’est donc un faux débat que de parler d’injustice puisque le peuple ainsi élu diffère singulièrement de ce qu’il pouvait avoir été à l’origine.
Selon nous, le dieu qui aura « élu » un tel peuple, l’aura reformaté, tout comme il aura reformaté notre système solaire, l’aura récréé, le mettant ainsi en mesure , lui conférant les moyens, la grâce – d’accomplir une charge consistant à protester contre ce que les hommes fabriquent, produisent et cela fait écho à nos préoccupations écologiques actuelles. Il s’agit avec la troisième création d’une divinité toute relative- assignant à ce peuple à reformater la tâche de réguler notre humanité en formant un « peuple de prêtres ». (mamlekhet Cohanim) On peut parler d’une ère adamique, ce qui implique l’émergence d’une nouvelle humanité, d’où tout un débat autour la formule « fils d’Adam » que d’aucuns entendent édulcorer en traduisant l’hébreu par « fils de l’homme « (cf infra) : Or, dans l’Évangile de Luc, en son chapitre II, il est bien fils d’Adam » et non « fils de l’homme ». Il est vrai que la formule « fils d’Adam » est souvent occultée, notamment dans le livre de l’Exode, par celle de « fils d’Israël » tout au long de la Sortie d’Égypte Quelle approche avoir du Livre de la Genèse? Nous pensons qu’il est en grande partie sur la même ligne que celui de l’Exode comme le montre l’impératif de la circoncision qui y est exposé et imposé comme signe de l’alliance alors qu’une telle opération est en infraction tout comme la fabrication d’idoles avec les valeurs de la Troisième Création.
Tout comme nous pensons que le dieu du premier chapitre de la Genèse n’est pas le dieu de toute l’humanité, de même Adam ne serait pas davantage le père d’un tel ensemble. Mais faut-il croire que ce chapitre II suivait logiquement le chapitre I ou bien faut-il y voir une interpolation tardive dictée par des enjeux politiques. ? En fait, le premier chapitre semble marqué , au premier abord, par la première théologie, celle qui sera reprise par l’Islam mais débuche très vite vers la troisième avec la création d’Adam, cet Adam dont l’Islam entend faire son « premier prophète » !.
PREMIER CHAPITRE
Le Pentateuque
La marque de plusieurs rédacteurs, qui plus est, antagonistes donc de plusieurs partis est manifeste à nos yeux. Et l’historien de l’époque d’Henri IV (cf Partie II), marqué par les Guerres de religion, que nous sommes est bien conscient de la différence entre les camps en présence. On pense au bricolage de l’édit de Nantes (1598)
L’issue ne serait donc pas de tout chercher à concilier -textologie apologétique) mais bien de faire le tri et de rendre à chacun sa part., de rendre à César ce qui revient à César.
Écoutons Malachie dont le nom même signifie « mon envoyé » (Ch. III). : le « messager de l’Alliance » (Malakh ha Brith) qui est attendu : ce messager prépare la venue de Yahvé, lui-même puisque c’est Yahvé qui parle et dit »devant/avant moi ». Le messager (celui qui est mandaté) n’est donc pas à confondre avec celui qui l’envoie.(expéditeur) Celui qui est attendu n »est pas un nouveau messager mais Dieu lui-même. Il y a là quelque abus de confiance.
א הִנְנִי שֹׁלֵחַ מַלְאָכִי, וּפִנָּה-דֶרֶךְ לְפָנָי; וּפִתְאֹם יָבוֹא אֶל-הֵיכָלוֹ הָאָדוֹן אֲשֶׁר-אַתֶּם מְבַקְשִׁים, וּמַלְאַךְ הַבְּרִית אֲשֶׁר-אַתֶּם חֲפֵצִים הִנֵּה-בָא–אָמַר, יְהוָה צְבָאוֹת.
|
1 Voici, je vais envoyer mon messager (Malakhi), pour qu’il déblaie la route devant moi.( Lefanay) Soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Maître (haAdon) dont vous souhaitez la venue, le messager de l’alliance (Malakh haBrith) que vous appelez de vos vœux: le voici qui vient, dit Yahvé Tsevaot (des Armées).
|
Encore conviendrait-il , en effet, de ne pas confondre, comme le font les Chrétiens, le messager et le message, les Juifs s’intéressant plus au message de Moise qu’à Moise et les Chrétiens plus à Jésus qu’à sa « Bonne Nouvelle ». Il y a ceux qui regardent le doigt et ceux qui observent ce qu’il désigne, ceux qui fixent l’archer et ceux qui considèrent la cible. Ni l’Islam ni le judaisme n’auront divinisé leurs envoyés, respectivement Mahomet et Moïse, ou tel ou tel prophète, même si ces personnages semblent avoir été dotés d’une aptitude à servir d’interface. Mais, qui sait, peut- être Jésus nous renvoie-t-il une image plus juste d’un Moïse comme celle d’un être d’une autre nature que celle des hommes ordinaires, ce qui permet à ce dernier d’approcher Dieu, au Sinaï, alors que c’est interdit au vulgum pecus ? Mais ce faisant, Jésus perdrait de son unicité et ne se différencierait-il plus guère d’un Moïse voire de tel ou tel Prophète (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, notamment). Quant à Mahomet, son « surnom » de « Loué » (Mahmoud), ne le met-il pas sur le même pied qu’un dieu ou en tout cas d’un « fils de dieu » ? Le Coran fait ainsi dire à Jésus « Je suis vraiment le messager de Dieu, qui vous est [envoyé] pour confirmer ce qui a été (révélé), avant ma venue, dans la Torah, et pour vous annoncer la bonne nouvelle d’un messager qui viendra après moi et dont le nom sera «Ahmed». (Sourate 61:6). Et de fait, Jésus ne nous apparaît pas comme la touche finale mais comme un relais en vue d’une échéance plus lointaine, donc à venir, d’où l’idée, d’ailleurs, de son « retour ». Un tel report est classique lorsqu’une prophétie semble devoir être reportée quant au temps de son « accomplissement ». La question de savoir si une certaine prophétie est déjà accomplie ou est à accomplir voire aura échoué (cf./ notre thèse d’Etat Le texte prophétique en France, 1999) est cruciale. D’aucuns cherchent à réactiver, à ranimer, à ressusciter des textes qui ont fait leur temps ou long feu, ce qui est le cas des Livres prophétiques dans le Premier Testament, pour conférer un fondement à la réalité du moment, sans se rendre compte que ce faisant, c’est cette réalité même qui devient suspecte de n’être qu’une imitation, une réédition, une récupération. C’est ainsi que Jésus à force d’être placé au carrefour de plusieurs textes vieux de plusieurs siècles tend à devenir un personnage virtuel. Le personnage de Jésus emprunte aux imageries des deux royaumes post-salomoniens : il est fils d’une Vierge mais Israël est appelé Vierge
Jérémie XXXI, 4
« Je te rétablirai encore, et tu seras rétablie, Vierge d’Israël! »
Mais cela n’empêchera pas qu’il soit aussi déclaré, (en même temps ) de la ligne judéenne de David, né lui-même à Bethléem
. Luc II,
« Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethlehem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David.
Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte. »
On est ici en face d’un corpus syncrétique auquel les rédacteurs empruntent indifféremment, qu’il s’agisse de documents authentiques ou de contrefaçons, de faux. Le temps passant, tous ces clivages ne sont plus sensibles pour le lecteur. Or l’historien doit resituer les textes dans leurs contextes politiques respectifs. On en arrive d’ailleurs à mettre sur le même plan des données historiques avérées comme le schisme à la mort de Salomon et des récits miraculeux tels que ceux qui émaillent la vie de Jésus.
Quant à l’avènement de Mahomet , il fut bel et bien suivi d’une expansion remarquable pour le peuple arabe alors que celle de Jésus (INRI), tout Messie que d’aucuns auraient voulu qu’il fût, ne parvint pas à instaurer un « royaume », du moins en ce monde. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Etudions Malachie III, 1 :
La prophétie dictée par Yahhwé à Malachie semble bien annoncer Elie précurseur de Yahwé, libérant le chemin. Or, elle est reprise dans les Evangiles au profit de Jésus, précédé par Jean (le Baptiste)
Jean I, 29-30
|
29 |
Le lendemain, il (Jean) vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. |
-30 |
C’est celui dont j’ai dit : Après moi vient un homme qui m’a précédé, car il était avant moi. |
Une trinité dans la Genèse
En tout état de cause, il nous semble abusif de parler du Messie alors qu’il ne saurait s’agir au mieux que d’un messie, d’un Christ et non du Christ, de messies, de Christs ! De la même façon, il semble que le pluriel soit recommandé dans Daniel VII : la formule « comme un fils d’homme », (Kebar Anach) montre bien doublement- par le « comme » et par le « un » – qu’il en existe de nombreux, quel que soit le sens que l’on puisse/veuille donner au texte araméen. C’est un élémént pris dans un ensemble.
יג חָזֵה הֲוֵית, בְּחֶזְוֵי לֵילְיָא, וַאֲרוּ עִם-עֲנָנֵי שְׁמַיָּא, כְּבַר אֱנָשׁ אָתֵה הֲוָא; וְעַד-עַתִּיק יוֹמַיָּא מְטָה, וּקְדָמוֹהִי הַקְרְבוּהִי.
|
13 Je regardai encore dans la vision nocturne, et voilà qu’au sein des nuages célestes survint quelqu’un qui était comme un fils d’homme; il arriva jusqu’à l’ancien des jours, et on le mit en sa présence.
|
Selon nous, le texte de Daniel est fautif vu que les autres occurrences en hébreu (notamment dans Ezéchiel) donnent toutes « ben Adam », ce qui ne doit pas être automatiquement rendu en araméen par « bar Anach », mais par « bar Adam » ! Les traductions sont bien souvent l’occasion de biaiser un texte comme nous le verrons à propos de la traductiion latine- à la fin du XVIe siècle, de quatrains nostradamiques Elles sont plus refoutables que des commentaires puisqu’elles dénaturent le texte de départ.
Il est possible certes que Bar Adam ait été compris comme « fils d’homme » mais la forme « bar Anach » modifie carrément la lettre du texte de départ, en hébreu, et aura fini par servir de référence (cf D.. Boyarin, Le Christ juif / ; traduit de l’anglais par Marc Rastoin ; avec la collaboration de Cécile Rastoin ; préface du cardinal Philippe Barbarin, Paris : les Éditions du Cerf, DL 2019 , Mireille Hadas Lebel, Une histoire du Messie, Paris : A. Michel,. 2014 )
Or, nous avons déjà signalé la présence dans Luc III, d’une formule particulièrement heureuse quant à la généalogie de Jésus laquelle se termine ainsi : « fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu ». . il n’est pas question ici de rendre Adam par homme ou fils d’Adam par fils d’homme et encore moins « fils de l’homme »/ Dans la généalogie de Luc, tous les personnages qui s’intercalent entre Jésus et Seth sont tout aussi bien « fils d’Adam » Par ailleurs, que signifie la formule « fils de l’homme » pour un Jésus né d’une vierge, sans intervention d’un homme ?
τοῦ Ἐνώς, τοῦ Σήθ, τοῦ Ἀδάμ, τοῦ θεοῦ. |
|
fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu. |
C’est Adam ici qui est dit fils de Dieu et non Jésus présenté ainsi dans la formule ICHTUS :
Θεοῦ υἱός, (Ἰησοῦς, Iēsoûs Χριστός, Khristós Θεοῦ, theoû υἱός, uiós σωτήρ, sōtḗr)
On ne saurait pour autant sauter un chainon : la trinité est constituée selon nous de Dieu, d’Adam et de Seth, lesquels sont l’expression d’un seul et même modèle puisque Adam a été conçu à l’image de Dieu et Seth à l’image d’Adam donc de Dieu. Notre humanité ne commence qu’avec Enosh (le Anach araméen אֱנָשׁ), fils de Seth. Il y a eu là confusion quand on a rendu Adam (Daniel VII) par אֱנָשׁ .
א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם: בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.
|
1 Ceci est l’histoire des générations de l’humanité. Lorsque Dieu créa Adam il le fit à sa propre ressemblance.
|
ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.
|
2 Il le créa mâle et femelle, le bénit et l’ appela Adam, le jour de sa création.
|
ג
|
3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.
|
6 Seth, ayant vécu cent cinq ans, engendra Énos.
On notera la tournure du verset 2 : il les appela (Vayikra) Adam. Autrement dit, il s’agit là d’un nom propre. Selon nous, Dieu ne pouvait créer directement l’homme, il devait passer par un tel processus virtuel pour parvenir à Enoch, le premier humain à notre image.
Où se situe Jésus au sein d’un tel schéma ? On notera qu’Ezéchiel est interpellé des dizaines de fois par Dieu en tant que ‘fils d’Adam » (Ben Adam), Si Jésus se veut l’égal d’Ezéchiel, il doit revendiquer une telle appellation, ce qui le place en troisième position dans notre Trinité, au même niveau que Seth, le fils d’Adam, dont il serait une sorte d’avatar. Par ailleurs, Isaie se présente comme un Messie sans qu’il se veuille, prétende, être « le» Messie attendu :
Ésaïe 61, 1
« L’esprit du Seigneur, l’ةéternel (Adonay Yahvé), est sur moi (Alay), Car l’Eternel m’a oint (mashah) pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la liberté, Et aux prisonniers la délivrance
et l’on sait qu’Esaïe est souvent mis à contribution dans les Evangiles, notamment pour ce qui est des chapitres 40 à 66 du Livre du Prophète lesquels sont une addition : le Deutéro Isaie (https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1594.html)
|
|
D’ailleurs, à Qumran, on a retrouvé 18 exemplaires d’Isaïe (dont un rouleau complet), mais seulement 4 de Jérémie et 6 d’Ézéchiel. Selon nous, on est en face de deux messianismes, l’un pour le royaume de Juda, l’autre pour celui d’Israël. Le messie de Juda est à l’évidence Cyrus qui permit aux Judéens de revenir à Jérusalem, la capitale de leur Etat et l’on peut supposer que cela tenait aux origines mêmes des Judéens, plus proches ethniquement des Perses que des populations sémitiques. Quant au messie d’Israël, cela pourrait bien être Jésus, en ce qu’il rassemble les « brebis perdues », « errantes » et réprouvées, dans son Eglise, ce à quoi fait écho le Livre d’Isaïe en son chapitre 53. D’aucuns pourraient vouloir croire que ce sont les Judéens qui sont ainsi désignés, comme quoi le recours à telle dénomination est loin d’être innocent !
Le Pentateuque, dont les emprunts divers – notamment dans le Livre de la Genèse- ont été largement répertoriés, est, selon nous, un tissu de références douteuses antidatées à commencer par l’affaire du péché originel associée à Adam et le nom d’Israel associé à celui de Jacob, à la suite de sa lutte// avec l’ange.. Quand un ouvrage est contrefait, il ressort que les emprunts et les plagiats sont multiples car cela permet de gagner du temps ; pour les besoins du remplissage (cf. nos travaux sur les Protocoles des Sages de Sion etc) C’est ainsi que la traversée de la mer Rouge serait calquée sur celle du Jourdain (par Josué, par Elie et Elisée) tout comme le changement de Pharaon serait calque sur le passage de Cyrus, le roi qui sauve les Juifs à son successeur Assuèrus qui les persécute (cf le Livre d’Esther)i
Exode Chapitre Ier
On est là face à une sorte de plagiat et il est clair que l’épisode égyptien est antidaté par rapport à l’épisode persan :
ח וַיָּקָם מֶלֶךְ-חָדָשׁ, עַל-מִצְרָיִם, אֲשֶׁר לֹא-יָדַע, אֶת-יוֹסֵף. |
8 Un roi nouveau s’יleva sur l’ֹEgypte, lequel n’avait point connu Joseph. |
ט וַיֹּאמֶר, אֶל-עַמּוֹ: הִנֵּה, עַם בְּנֵי יִשְׂרָאֵל–רַב וְעָצוּם, מִמֶּנּוּ. |
9 Il dit א son peuple: « Voyez, la population des enfants d’Israel surpasse et domine la nôtre . |
י הָבָה נִתְחַכְּמָה, לוֹ: פֶּן-יִרְבֶּה, וְהָיָה כִּי-תִקְרֶאנָה מִלְחָמָה וְנוֹסַף גַּם-הוּא עַל-שֹׂנְאֵינוּ, וְנִלְחַם-בָּנוּ, וְעָלָה מִן-הָאָרֶץ. |
10 Eh bien! usons d’expédients contre elle; autrement, elle s’accroitra encore et alors, survienne une guerre, ils pourraient se joindre à nos ennemis, nous combattre et sortir de la province. » |
Esther Ch. III
ה וַיַּרְא הָמָן–כִּי-אֵין מָרְדֳּכַי, כֹּרֵעַ וּמִשְׁתַּחֲוֶה לוֹ; וַיִּמָּלֵא הָמָן, חֵמָה. |
5 Aman, s’apercevant que Mardochיe ne s’agenouillait ni se prosternait devant lui, fut rempli d’une grande colère. |
ו וַיִּבֶז בְּעֵינָיו, לִשְׁלֹחַ יָד בְּמָרְדֳּכַי לְבַדּוֹ–כִּי-הִגִּידוּ לוֹ, אֶת-עַם מָרְדֳּכָי; וַיְבַקֵּשׁ הָמָן, לְהַשְׁמִיד אֶת-כָּל-הַיְּהוּדִים אֲשֶׁר בְּכָל-מַלְכוּת אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ–עַם מָרְדֳּכָי. |
6 Mais il jugea indigne de lui de s’en prendre au seul Mardochée, car on lui avait fait savoir de quelle nation il יtait. Aman résolut donc d’anéantir tous les juifs établis dans le royaume d’Assuèrus, la nation entière de Mardochèe. |
Il y a là une crise de la conscience familiale chez les membres de la maisonnée qui ont le sentiment de ne pas avoir le même statut que les personnes qui ont un emploi « à part entière ». N’oublions pas, cependant, qu’il y a ceux qui ont la grâce de pouvoir donner et ceux qui ont la grâce de pouvoir recevoir. Là où il y a problème, c’est lorsque celui qui a reçu nie ce qu’il doit, ne reconnaît pas l’arbre dont il a consommé les fruits. Toutefois, pour nous la famille (contrairement à ce que prétend la doctrine de l’Unification des christianismes fondée par Moon) ne saurait être une unité centrale de la société, ce rôle devrait être dévolu à la « tribu », au « clan », à la communauté. En tout état de cause, toute forme d’enseignement est régressif pour celui qui en a la charge en ce que cela le contraint à amorcer un processus d’involution, de retour en arrière alors que l’acquisition d’automatismes nous permet de dépasser la période d’apprentissage !
pensik
L’idée même de religion se transforme lors du passage d’une Alliance à l’autre en ce que l’on bascule de l’extériorité à l’intériorité, du culte collectif à la manifestation personnelle de son rapport à Dieu, de l’obéissance au commandement à l’affirmation symbolique – par le recours à des signes ostensibles- du lien, comme le propose le « crédo » israélite du Chéma Israël (reprenant des passages du Deutéronome, le cinquième et dernier livre du Pentateuque, celui qu’on lit donc à la fin de l’année juive), lequel s’inscrit, à l’évidence, dans l’esprit de l’ « Alliance Renouvelée », sans mentionner aucunement le Décalogue :
Écoute, Israël, l’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est UN. |
|
|
Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux. |
|
|
Tu aimeras l’éternel ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton âme
et de tous tes moyens |
|
|
Que les commandements que je te prescris aujourd’hui
soient gravés dans ton cœur |
|
|
tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras (constamment),
dans ta maison ou en voyage, en te couchant et en te levant. |
|
|
Attache-les en signe sur ta main,
et porte-les comme un fronteau entre tes yeux |
|
|
Écris-les sur les poteaux de ta maison et sur tes portes |
|
|
Le génie adamique est, selon nous, marqué par une certaine dualité intérieure, tout comme d’ailleurs le dieu de la Genèse à l’image duquel Adam aurait été créé et d’ailleurs comme ce dieu, Adam est lui aussi créateur, se remettant constamment en question, donc capable de regarder son œuvre avec une certaine distance, comme un objet séparé de son sujet.
Rappelons les premiers versets de Genèse I :
1Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
2
La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
3
Dieu dit: » Que la lumière soit! » et la lumière fut.
4
Et Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière et les ténèbres.
5
Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres Nuit. Et il y eut un soir, et il y eut un matin; ce fut le premier jour.
On notera que la formule « l’Esprit de Dieu » renvoie à ce qu’on appelle dans la Trinité Chrétienne, le Saint Esprit, ce qui correspond à notre sens (cf infra) à une interface, soit une position centrale, entre Dieu et sa Création, tout comme Jésus, d’ailleurs, est fils non pas de Dieu mais de l’Esprit Saint ayant fécondé sa mère, Marie, tout comme l’esprit anime la matière (Mater)
ב וְהָאָרֶץ, הָיְתָה תֹהוּ וָבֹהוּ, וְחֹשֶׁךְ, עַל-פְּנֵי תְהוֹם; וְרוּחַ אֱלֹהִים, מְרַחֶפֶת עַל-פְּנֵי הַמָּיִם.
|
2 Or la terre n’était que solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le souffle (l’esprit) de Dieu (Rouah Elohim) planait à la surface des eaux.
|
Mathieu, chapitre I
« Or la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’il eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit. »
Dans Isaïe XI, l’on trouve le mot ‘Rouach» repris 7 fois et l’on dit bien que l’esprit reposera (venaha alav) sur lui ‘(lignée de David), ce qui montre selon nous que le Saint Esprit est le deuxième personnage de la Trinité et non le troisième :
א וְיָצָא חֹטֶר, מִגֵּזַע יִשָׁי; וְנֵצֶר, מִשָּׁרָשָׁיו יִפְרֶה.
|
1 Or, un rameau sortira de la souche (tige ; guéza) de Jessé, un rejeton poussera de ses racines.
|
ב וְנָחָה עָלָיו, רוּחַ יְהוָה–רוּחַ חָכְמָה וּבִינָה, רוּחַ עֵצָה וּגְבוּרָה, רוּחַ דַּעַת, וְיִרְאַת יְהוָה.
|
2 Et sur lui reposera l’esprit (Rouach) du Seigneur: esprit (Rouach) de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte de Dieu.
|
Il faut comprendre que lorsque Dieu crée la lumière, ce n’est que dans un second temps qu’il pourra dire que « la lumière était bonne » et de même pour les autres « travaux » de la Création. Nous verrons qu’Adam n’est pas assimilable à l’homme ou à la femme du commun (Ish-Isha, Genèse II, III)
Selon nous, l’idée d’un Dieu Créateur concerne bien plus la Technique que la Nature : on parlera d’un dieu « horloger »,« grand architecte de l’Univers » (franc maçonnerie) et cette dialectique sera récurrente tout au long de notre exposé..
Nous utiliserons couramment ce terme d’élite que nous opposerons à celui de peuple mais plus largement à celui de maisonnée, en un temps où l’on parle de taxer les robots. La maisonnée englobe la machine mais aussi l’animal et l’androïde, l’humanoïde, et bien évidemment tout humain connecté à un appareil qui le complète et cela recoupe l’usage du mot hébreu « Bayit », qui est utilisé dans Exode XX, 17 (ce mot se retrouve dans « alphabet »)
« Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain : (c’est à dire que ) tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. »
Dans d’autres textes, la femme n’est pas citée dans la liste (cf. le Commandement du Shabbat ainsi que Lévitique XXV, 6-7).
On aura compris tout l’intérêt de situer la femme au sein de la maisonnée, le passage par la femme n’étant pas la seule option pour l’homme qui entend se démultiplier. D’ailleurs, l’on notera que dans le Pentateuque, il est question pour Adam de se « multiplier » et l’on peut se demander (Genèse I, 28) si cela ne vise pas le recours aux objets manufacturés et par la suite aux machines dont il est nullement question dans le récit de la Création, comme si ce domaine était réservé à l’homme et échappait à Elohim, c’est-à-dire aux dieux, puisque Elohim est un pluriel. (cf Tobie Nathan, Quand les dieux sont en guerre, Paris, Ed. La Découverte, 2015 ) Nous verrons à préciser cette différence (cf notre second tome) entre Elohim et Yahwé: les Elohim sont les créateurs de notre petit monde (la Terre et les étoiles qui jalonnent l’écliptique) alors que Yahwé est leur instrument et correspond à la planète Jupiter, dont le nom se rapproche de celui de Yahwé, ainsi pour l’adjectif « jovial » (en espagnol, jeudi, le jour de Jupiter se dit Jueves et en italien, Giovedi)
.Cette multiplication ne serait pas selon nous seulement au regard de la procréation mais plus largement de la création technique. La femme est un élément de la maisonnée mais elle peut se trouver en concurrence avec les animaux domestiques, les machines et d’ailleurs, la femme peut être jalouse de l’intérêt que l’homme porte par exemple à sa voiture ou à son ordinateur, à son bétail ou à son chien, fidèle compagnon sans parler de ses servantes. On pense aux imprimeries permettant de multiplier un même texte à des milliers d’exemplaire, ce qui est une toute autre échelle que la seule procréation. D’ailleurs, en Égypte, les Hébreux furent bel et bien affectés à la construction d’édifices. C’est bien ce à quoi se réfère le commandement de non convoitise sous le terme général de « biens » dont la femme, à l’évidence, fait partie intégrante, de par l’utilité dont elle peut faire preuve au même titre que les autres membres, composantes de la dite maisonnée.
En vérité, l’on pourrait se demander si le Décalogue, à l’origine, ne concernait pas la seule caste des maîtres, et instaurait en fait un certain ordre social dans le rapport avec les subalternes, tant mâle que femelle, tant homme qu’animal, comme cela ressort du récit de l’Arche de Noé :
Genèse VII, 1-4 :
« Entre dans l’arche, toi et toute ta famille, car je t’ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. De tous les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et la femelle; des animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un couple, le mâle et la femelle et aussi des oiseaux du ciel, sept paires, le mâle et la femelle, pour perpétuer la race sur toute la terre. Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits et j’effacerai de la surface du sol tous les êtres que j’ai faits »
Autrement dit, ce Déluge ne viserait pas Adam et ses fils, mais les êtres qui composent sa maisonnée, que l’on peut qualifier de prolétariat. On le voit en Europe, la communication se fait par le haut et non par le bas. Quand on s’attaque à la commission de Bruxelles, c’est bien les élites européennes, tous pays confondus, que l’on a dans le collimateur. Dieu se retire, remonte au Ciel et s’en désintéresse, ce qui peut conduire au Déluge. (cf. Genèse VI). Mais encore conviendrait-il de souligner qu’une élite implique un processus de formation, elle n’est un « fait acquis »,« accompli », qu’après coup et de la même façon, une élite peut se défaire, prendre conscience ou perdre conscience de sa nécessité d’exister.
L’imitation est une des clefs du lien social. Tantôt c’est le peuple qui adopte le langage, le parler de l’élite, de l’aristocratie – c’est ainsi que le peuple anglo-saxon intégra le français de l’envahisseur normand – que les gens s’appellent « monsieur », « madame », espagnol señor, señora, italien signor, signora (mais aussi pour les plus jeunes signorino/signorina(notre demoiselle), sir etc. sur le mode noble. Tantôt le peuple imite l’élite, tantôt c’est l’élite qui fait appel au peuple pour s’orienter. Encore convient-il de préciser qu’il y a des élites, à tous les niveaux de la hiérarchie sociale, ainsi des élites provinciales face à l’élite de la capitale nationale ou impériale. L’empire, quand il se constitue, conduit d’ailleurs des élites nationales à se provincialiser.
. . Selon nous, le christianisme aura été instrumentalisé par une révolution sociale, Saint Paul jouant le rôle d’un Spartacus libérant, sauvant de la servitude. Gibran a bien rendu l’effet de la présence de Jésus sur les esclaves des Juifs , dans son « Jésus fils de l’homme » (Paris, Albin Michel, 1990, p. 39) , faisant ainsi parler Caïphe le Grand Prêtre :: « Après l’avoir entendu parler sur la place du marché, mes propres esclaves, hommes et femmes, devinrent moroses et rebelles. Certains partirent de ma demeure etc ».
Attirons l’attention du lecteur sur le chapitre VIII de l’Évangile de Jean
31 Jésus dit donc aux Juifs qui avaient cru en lui: « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples;
32 Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
33 Il lui répondirent: « Nous sommes la race d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne; comment dites-vous: Vous deviendrez libres?
34 Jésus leur répondit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque se livre au péché est esclave du péché.
35 Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison; mais le fils y demeure toujours.
36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres.
On voit bien là à quel point le message christique s’adressait, au sens propre et non au sens figuré- aux esclaves et ne pouvait concerner les Juifs, sinon d’un point de vue ‘humanitaire » – comme le fera le Juif Saul (de Tarse) alias Paul dans l’Épître aux Éphésiens – à l’égard de leurs propres esclaves. Il conviendrait donc d’éviter de dire que les Hébreux étaient « esclaves » en Égypte puisque dans le texte de Jean, il est mis dans la bouche des Juifs) : « Nous sommes la race d’Abraham et nous n’avons jamais été esclaves de personne »/
D ‘ailleurs dans Exode III, il est question d’oppression et non d’esclavage. Cela dit, l’on peut aussi envisager une autre grille de lecture, à savoir que les populations du Royaume du Nord (Israël, Ephraïm, Jacob, Samarie etc.) auraient été en fait colonisées, soumises par le Royaume de Juda, la « Maison de David » et l’on sait qu’à la mort de Salomon, les gens du Nord feront sécession à la suite du refus du fils de Salomon de revoir leurs conditions.
En fait, sous le régne du roi David, la différence entre les tribus israélites et la maison de Juda était déjà manifeste(cf les Livres de Samuel et des Rois)
Le psaume 78 est assez édifiant quand il est dit par David lui-même que Yahvé aura préféré Juda et Sion à Joseph et Ephraim.
סז וַיִּמְאַס, בְּאֹהֶל יוֹסֵף; וּבְשֵׁבֶט אֶפְרַיִם, לֹא בָחָר.
|
67 Mais il (Yahvé) rejeta le tabernacle de Joseph, et cessa de préférer la tribu d’Ephraïm.
|
סח וַיִּבְחַר, אֶת-שֵׁבֶט יְהוּדָה; אֶת-הַר צִיּוֹן, אֲשֶׁר אָהֵב.
|
68 Il (Yahvé) porta son choix sur la tribu de Juda, sur le mont Sion, qu’il avait pris en affection;
|
סט וַיִּבֶן כְּמוֹ-רָמִים, מִקְדָּשׁוֹ; כְּאֶרֶץ, יְסָדָהּ לְעוֹלָם.
|
69 il bâtit son sanctuaire, [solide] comme les hauteurs célestes, comme la terre qu’il a fondée pour l’éternité.
|
ע וַיִּבְחַר, בְּדָוִד עַבְדּוֹ; וַיִּקָּחֵהוּ, מִמִּכְלְאֹת צֹאן.
|
70 Il élut David, son serviteur, et lui fit quitter les parcs des troupeaux.
|
עא מֵאַחַר עָלוֹת, הֱבִיאוֹ: לִרְעוֹת, בְּיַעֲקֹב עַמּוֹ; וּבְיִשְׂרָאֵל, נַחֲלָתוֹ.
|
71 Du milieu des brebis allaitant leurs petits, il l’amena pour être le pasteur de Jacob, son peuple, et d’Israël, son héritage.
|
עב וַיִּרְעֵם, כְּתֹם לְבָבוֹ; וּבִתְבוּנוֹת כַּפָּיו יַנְחֵם.
|
72 Et lui, [David], fut leur pasteur selon l’intégrité de son cœur, et les dirigea d’une main habile.
|
On peut même y lire que les gens du nord sont placés sous la coupe de ceux du Sud, la maison de David étant désignée comme « pasteur de Jacob et d’Israël », en un statut de mineur ;
עא , הֱבִיאוֹ: לִרְעוֹת, בְּיַעֲקֹב עַמּוֹ; וּבְיִשְׂרָאֵל, נַחֲלָתוֹ.
|
71, il l’amena pour être le pasteur (berger) de Jacob, son peuple, et d’Israël, son héritage.
|
Dans les psaumes 114 et 115 l’on associe Juda à la dimension religieuse, spirituelle et Israël à la dimension politique, temporelle En ce sens, Juda serait désigné en tant que maison d’Aaron, celle des prêtres :
Psaume 114
א בְּצֵאת יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם; בֵּית יַעֲקֹב, מֵעַם לֹעֵז.
|
1 Quand Israël sortit de l’Egypte, la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare,
|
ב הָיְתָה יְהוּדָה לְקָדְשׁוֹ; יִשְׂרָאֵל, מַמְשְׁלוֹתָיו.
|
2 Juda devint son sanctuaire, Israël, le domaine de son empire.
|
Psaume 115 établit un rigoureux parallèle (que l’on retrouve au psaume 118):
יִשְׂרָאֵל, בְּטַח בַּיהוָה; עֶזְרָם וּמָגִנָּם הוּא.
|
9 Israël, confie-toi à Dieu! Il est leur aide et leur bouclier.
|
י בֵּית אַהֲרֹן, בִּטְחוּ בַיהוָה; עֶזְרָם וּמָגִנָּם הוּא.
|
10 Maison d’Aaron, confie-toi à Dieu! Il est leur aide et leur bouclier
|
|
|
|
|
|
|
|
Psaume 118
ב יֹאמַר-נָא יִשְׂרָאֵל: כִּי לְעוֹלָם חַסְדּוֹ.
|
2 Qu’ainsi donc dise Israël, car sa grâce est éternelle;
|
ג יֹאמְרוּ-נָא בֵית-אַהֲרֹן: כִּי לְעוֹלָם חַסְדּוֹ.
|
3 qu’ainsi dise la maison d’Aaron, car sa grâce est éternelle;
|
Ici, le pouvoir politique est revendiqué pour Israël et le pouvoir religieux laissé à Juda./
Dans Isaïe ch 2. 3, l’on trouve la célébre formule :
ג וְהָלְכוּ עַמִּים רַבִּים, וְאָמְרוּ לְכוּ וְנַעֲלֶה אֶל-הַר-יְהוָה אֶל-בֵּית אֱלֹהֵי יַעֲקֹב, וְיֹרֵנוּ מִדְּרָכָיו, וְנֵלְכָה בְּאֹרְחֹתָיו: כִּי מִצִּיּוֹן תֵּצֵא תוֹרָה, וּדְבַר-יְהוָה מִירוּשָׁלִָם.
|
3 Et nombre de peuples iront en disant: « Or çà, gravissons la montagne de Yahvé pour gagner la maison du Dieu de Jacob, afin qu’il nous enseigne ses voies et que nous puissions suivre ses sentiers, car c’est de Sion que sort la doctrine et de Jérusalem la parole de Yahvé . »
|
« C’est de Sion que sort la Torah et de Jérusalem la parole du Seigneur. » Mais en même temps, il est question de « la maison du Dieu de Jacob », formule que l’on pourrait éventuellement entendre comme renvoyant à un autre dieu que Yahvé et l’on comprend alors tout l’enjeu de l’affirmation d’unité, du Ehad, dans le Shéma Israel repris de Deutéronome VI, 4 :
ד שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד.
|
4 Ecoute, Israël: Yahvé est notre Dieu, l’Éternel est un!
|
Mais la formulation est ambigüe : on y enjoint avec fermeté Israël, c’est-à-dire les tribus du Nord, de reconnaitre Yahvé comme le seul dieu possible pour tous les Hébreux. On ne dit pas que c’est le dieu de toute l’Humanité !
Le même message figure comme on verra plus loin dans Ezéchiel au chapitre 37 , 22
כב וְעָשִׂיתִי אֹתָם לְגוֹי אֶחָד בָּאָרֶץ, בְּהָרֵי יִשְׂרָאֵל, וּמֶלֶךְ אֶחָד יִהְיֶה לְכֻלָּם, לְמֶלֶךְ; וְלֹא יהיה- (יִהְיוּ-) עוֹד לִשְׁנֵי גוֹיִם, וְלֹא יֵחָצוּ עוֹד לִשְׁתֵּי מַמְלָכוֹת עוֹד.
|
Je les constituerai en nation unie (Ehad) dans le pays, sur les montagnes d’Israël; un seul (Ehad) roi sera le roi d’eux tous: ils ne formeront plus deux (Shnéi) peuples et ils ne seront plus, plus jamais, fractionnés en deux (Shnéi) royaumes.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
On oublie parfois que ces populations se sentent dominées par les gens du Sud, qu’ils attendent leur délivrance, ce qui aura lieu à la mort de Salomon, que l’on a pu assimiler à Pharaon et cela aura lieu puisqu’ils constitueront un nouveau Royaume. Nous pensons que l’idée du « Sauveur » peut être née chez les gens du Nord et non chez ceux du Sud. D’aucuns soutiendront que Jésus est venu pour « sauver », délivrer les tribus perdues du Nord.
Quand on lit le psaume 22, comment ne pas observer que cela s’adresse aux gens du Nord, avant ou après le schisme : « descendants (Zéra, semence) de Jacob, « postérité (Zéra) d’Israël » ?
כד יִרְאֵי יְהוָה, הַלְלוּהוּ– כָּל-זֶרַע יַעֲקֹב כַּבְּדוּהוּ;
וְגוּרוּ מִמֶּנּוּ, כָּל-זֶרַע יִשְׂרָאֵל.
|
24 « Adorateurs de l’Eternel (Yahvé), louez-le vous tous, descendants de Jacob, honorez-le; révérez-le, vous tous, postérité d’Israël!
|
Dès lors, vu que l’on sait que les textes intégrés dans le canon vétérotestamentaire ont été en partie influencés par une sensibilité« israélite » et pas seulement « judéenne », on est tenté de penser que circule, de façon plus ou moins subliminale, un discours de libération par rapport au joug imposé par le Sud et Jérusalem. Pourquoi, dans ce cas, ne pas lire la narration de la Sortie d’Égypte (reprise dans le rituel de Pessah/Pâques) comme une sorte de parabole liée à l’émancipation des peuplades septentrionales, avec l’attente d’un « Messie » qui viendrait délivrer les dites peuplades soumises à la dynastie méridionale ? Et qui sait si le christianisme n’aurait pas exploité, en son temps, de telles attentes existant dans la classe opprimée de l’empire judéen englobant des populations vassalisées ? Même la formule « Ecoute Israel, Yahwé est notre dieu » devrait être revisitée. D’une part, le « Ecoute Israël » ne saurait s’adresser qu’à un monde à la fois proche et tenu à distance et qui s’est approprié indument le nom d’Israël, lors du schisme du Xe siècle avant l’ère chrétienne mais d’autre part « ; Yahvé est notre dieu » rappelle que Yahvé n’est pas le dieu des autres, des gens de la maison d’Ephraïm et qu’il ne fait vraiment sens que pour les Judéens.
En fait, le schisme était déjà latent sous le régne de David et l’on trouve notamment la formule « à ses tentes, ô Israel » au Livre de Samuel II, ch XX On y voit que « tout Israel (Kol Israel) abandonna le parti de David » Cela signifie que le clivage entre Israélites et Judéens était fort ancien et que l’on tenta de l’occulter au nom d’une certaine « unité » de façade, ce qui ressortira de nos théses autour du Aleph (de Adam) et du Shin.(d’Israel)
א וְשָׁם נִקְרָא אִישׁ בְּלִיַּעַל, וּשְׁמוֹ שֶׁבַע בֶּן-בִּכְרִי–אִישׁ יְמִינִי; וַיִּתְקַע בַּשֹּׁפָר, וַיֹּאמֶר אֵין-לָנוּ חֵלֶק בְּדָוִד וְלֹא נַחֲלָה-לָנוּ בְּבֶן-יִשַׁי–אִישׁ לְאֹהָלָיו, יִשְׂרָאֵל. |
1 Or, il se trouva lא un misטrable du nom de Chיba, fils de Bikhri, Benjamite; il sonna du cor et proclama: « Nous n’avons aucune part א David, aucune communautי א revendiquer avec le fils de Jesséי; chacun א ses tentes, פ Israט! » |
ב וַיַּעַל כָּל-אִישׁ יִשְׂרָאֵל, מֵאַחֲרֵי דָוִד, אַחֲרֵי, שֶׁבַע בֶּן-בִּכְרִי; וְאִישׁ יְהוּדָה דָּבְקוּ בְמַלְכָּם, מִן-הַיַּרְדֵּן וְעַד-יְרוּשָׁלִָם. |
2 Et tout Israטl abandonna le parti de David pour suivre Chיba, tandis que les hommes de Juda, depuis le Jourdain jusqu’א Jיrusalem, restטrent attachיs à leur roi. |
Il importe en effet de distinguer celui qui parle et celui à qui l’on parle, le nous et le vous. Ce nom d’Israël désignait – parmi bien d’autres conquêtes- une tribu de la région comme le montre la stèle dite de la Victoire du pharaon Mérenptah ou Mineptah, datant du XIIIe siècle avant JC et découverte tout à la fin du XIXe siècle : ce document ne prouve nullement que le nom d’Israël désignait alors les Hébreux. Cela montre au contraire qu’il y a eu interpolation dans le texte de la Genèse notamment quand Jacob prend ou reçoit le nom d’Israël. « Ces villes sont habitées de nouveau et celui qui laboure en vue de la moisson, c’est celui qui la mangera.
Rê s’est tournéי vers l’Égypte, tandis qu’a été mis au monde, gràce au destin, son protecteur, le roi de Haute et de Basse-Égypte, Baenrê, le fils de Rך, Meיrenptah.
Les chefs tombent en disant : Paix ! Pas un seul ne relève la tete parmi les Neuf Arcs.
Défait est le pays des Tjehenou.
Le Ḫatti est paisible.
Kana`an est dיpouillי de tout ce qu’il avait de mauvais.
Ašqalon est emmenéי.
Gezer est saisie.
Yenoam devient comme si elle n’avait jamais existéי.
Isra’el est dיtruit, sa semence mךme n’est plus.
Hourrou (la Syrie) est devenue une veuve pour l’ֹEgypte.
Tous les pays sont unis ; ils sont en paix.
(Chacun de) ceux qui erraient sont maintenant liיs par le roi de Haute et Basse ֹEgypte, Baenrך, le fils de Raך, Mérenptah, douéי de vie, comme Rê, chaque jour »
En tout état de cause, la leçon « Israel » est remise en question : (cf Joseph Davidovits De cette fresque naquit la Bible De cette fresque naquit la Bible, Paris, Jean-Cyrille Godefroy, 2009 ; https://www.davidovits.info/falsification-de-la-stele-de-merneptah-dite-disrael/
Notons que le nom de Joseph (radical : hossef) indique un ajout et que celui de Jacob (radical Eqev) correspond à une suite (on talonne quelqu’un) Rappelons qu’une parabole met en scène des situations qui n’ont pas eu lieu ponctuellement ou qui sont la matrice de toute une série de cas. On pense aux Fables de La Fontaine qui ont l’avantage de ne pas camper des humains mais des animaux, ce qui a le mérite d’éviter toute extrapolation à prétention historique. Or, l’on aura bien souvent cru bon de situer de telles allégories dans un passé historique réel, ce qui génère un processus de contrefaçon antidatée. En fait, l’on passerait ainsi d’une approche censée s’inscrire dans une chronologie à une approche sociologique intemporelle.
En ce qui concerne le passage de Yahoud à Yahvé, on est quand même en droit de se demander si cela ne serait pas le fait des Israélites (les gens du Nord) refusant de voir le nom de Dieu associé à la tribu de Juda (Yehouda). Rappelons que le nom « Yahvé » est récurrent dans tout le Pentateuque, avec des centaines d’occurrences! D’aucuns objecteront que la surreprésentation d’Israël dans le dit Pentateuque ainsi que la disparition de telles références à Juda, auraient été dénoncées depuis belle lurette Or, toute la question est de savoir à quelle date l’Ancien Testament sous la forme que nous lui connaissons, qui nous est parvenue,, aura été établi et fixé. Selon nous, cela se sera produit à une époque où le conflit en question était déjà fort lointain dans le temps tant et si bien que les esprits n’auraient plus guère prêté attention à de tels « détails », leur mettant la puce à l’oreille. A n’en pas douter, les questions politiques auront interféré avec les questions religieuses et il nous semble inconcevable de traiter des Ecritures en faisant abstraction d’une telle grille de lecture. On rencontrera un cas assez semblable, lui aussi lié à la mort d’un souverain, non plus Salomon mais Henri IIII de Valois, ancien roi de Pologne (en fait de son frère le duc d’Alençon en 1584, laissant la place de prétendant à Henri de Bourbon, le futur Henri IV)., cela donna naissance à la « Ligue ».. Comme au lendemain de la mort de Salomon, la France se trouvera, en quelque sorte, coupée en deux, à l’instar du royaume hébraïque. Quand on a en mémoire cette scission l’on ne peut que trouver des allusions dans les Centuries attribuées à Nostradamus (cf. notre tome III). Mais si le lecteur n’a pas cela à l’esprit, persuadé qui est que les Centuries ont dû être rédigées trente ans avant l’émergence de la Ligue, comment serait-il dès lors en mesure d’effectuer un tel constat? Toute la question, on l’aura compris, est liée au contexte de rédaction du corpus considéré mais aussi à la connaissance et la conscience du dit contexte par la suite. L’anachronisme, c’est aussi fonction de l’ignorance contextuelle. autrement dit, le passage de Yahoud à Yahvé correspondrait à une déjudaïsation du Pentateuque par les sectateurs du Royaume du Nord à l’encontre du Royaume du Sud, que l’on ait tenté de faire passer le nom de Dieu -celui qu’on loue- par un expédient lexical : Yahvé signifierait celui qui est – ne saurait faire illusion. Nous dirons que pour nous, c’est souvent le texte qui nous aide à restituer le contexte et non le contexte à appréhender le texte car dans bien des cas, un texte aura été placé au sein d’un contexte qui n’était pas le sien au départ, soit en ce qu’il aura été antidaté soit au contraire qu’on l’aura recyclé à une date ultérieure. Il nous semble que Yahwé n’est nullement le nom de ce Dieu, mais le surnom qu’on lui donne pour lui rendre grâce meme si dans Exode XX, il se présente ainsi. D’ailleurs, dans un des commandements (verset 6), il est dit « Tu n’invoqueras point le nom de Yahwé Eloheikha… » traduit généralement par l’ « Eternel ton Dieu « Mais nous comprenons cette formule comme référant à un nom qui n’est pas fourni, la forme Yahwé Eloheikha étant des plus vagues d’autant que plus haut au verset 2 il est indiqué de ne pas invoquer d’autres dieux en reprenant la même expression: Elohim aherim:
לֹא תִשָּׂא אֶת-שֵׁם-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, לַשָּׁוְא: כִּי לֹא יְנַקֶּה יְהוָה, אֵת אֲשֶׁר-יִשָּׂא אֶת-שְׁמוֹ לַשָּׁוְא. {פ} |
6 (3) « Tu n’invoqueras point le nom de lYahwé Eloheikha à l’appui du mensonge; car l’Éternel ne laisse pas impuni celui qui invoque son nom pour le mensonge. |
ב אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים: לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי. |
2 (1) « Je suis Yahwé Eloheikha qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage. (2) « Tu n’auras point d’autres dieux (Elohim aherim) que moi |
La comparaison entre Jésus et Yahvé nous semble assez édifiante. Rappelons que Yahvé se sert de Moïse pour communiquer avec les Hébreux. Quat à Jésus, il s’entoure d’apôtres au nombre de 12 ce qu’illustre la séquence de la Cène (selon Leonard de Vinci), à la veille de sa mort. Le problème, c’est que Jésus est bien plus proche des gens que ne l’est Yahvé comme si ses disciples ne jouaient pas leur rôle d’interface, ce qui l’exposerait singulièrement à moins que Jésus ne soit assimilable à Moïse mais il n’y a pas avec Jésus- du moins en ce qu’on nous en relate dans les Evangiles canoniques, de scène du « Buisson Ardent ».
Que Jésus se dise « Fils de Dieu » ne fait pas problème en soi, pour un familier de la Mythologie gréco-romaine, puisque Jupiter est fils de Saturne (cf. notre tome III) mais on ne voit pas pourquoi Yahvé serait assimilé à un « père », lui dont le nom se rapproche sensiblement de Jove, de Jupiter. Le Père pour nous est lié à la « première Création » alors que Yahvé est l’acteur/auteur de la « seconde création ». Il ne faudrait pas que les Juifs se fassent piéger par l’image d’un Yahvé en tant que « père » sous prétexte que leur religion serait antérieure à l’émergence du christianisme ! Quid d’Adam, conçu à l’image d’Elohim ? Mais une autre grille de lecture ferait de Jésus, le vecteur d’une Troisième Création, axée cette fois sur l’Homme, l’anthropocéne. (cf notre tome III). D’où la forme « Ecce Homo » dans l’Evangile pour désigner Jésus. En ce sens, Jésus ne serait-iil pas le fils se dressant devant le Père en prenant le parti de l’homme ?
Est-ce que cela n’en fait pas un « fils » ? En fait, Yahvé et Adam ne feraient qu’un, l’un et l’autre « fils de dieu », à son image et cela pourrait être le cas de Jésus lequel se substitue à Yahvé, dans l’interprétation de Malachie III, Jean le Baptiste lui ouvrant la voie :
א הִנְנִי שֹׁלֵחַ מַלְאָכִי, וּפִנָּה-דֶרֶךְ לְפָנָי; וּפִתְאֹם יָבוֹא אֶל-הֵיכָלוֹ הָאָדוֹן אֲשֶׁר-אַתֶּם מְבַקְשִׁים, וּמַלְאַךְ הַבְּרִית אֲשֶׁר-אַתֶּם חֲפֵצִים הִנֵּה-בָא–אָמַר, יְהוָה צְבָאוֹת.
|
1 Voici, je vais envoyer mon mandataire, pour qu’il déblaie la route devant moi. Soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Maître dont vous souhaitez la venue, le messager de l’alliance que vous appelez de vos vœux: le voici qui vient, dit l’Eternel-Cebaot.
|
Mathieu XI avec une référence littérale à Malachie III :
Jésus à propos de Jean :
« Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
10 C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi ».
Mais ici Jésus s’identifie à Yahvé. Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
Un thème central du présent essai est bien le rapport du créateur à sa création étant entendu que tout oppose ce qui est train de se créer et ce qui a été créé, comme la vie à la mort, le passé et le futur, la lecture et l’écriture. Étrangement, la mort peut apparaître comme le prolongement de la vie ; tout comme l’interprète le prolongement de l’auteur alors qu’il n’en est finalement que la trace, l’empreinte. On notera que le mot même de création est ambivalent en français, en ce qu’il désigne indifféremment la cause et l’effet, le sujet et l’objet, lequel objet échappe nécessairement au sujet dont il est issu.. Dès que l’objet est séparé de son sujet, ne lui est plus relié (par la main qui le tient ou le bagage ou l’espace (privé, la chambre/cambriolage) qui le contiennent,, il devient autonome et n’appartient plus expressément à personne en particulier, jusqu’à preuve du contraire.. Cela vaut sur le plan juridique quand il est stipulé que « possession vaut titre. » . Le passage de l’oral à l’écrit correspond à la dialectique du sujet et de l’objet, et recoupe le clivage entre droit pénal et droit civil.
Le créateur ne se reconnaît pas nécessairement dans sa création tout comme Dieu se réserve de rejeter ce qu’il a créé (bara) ou formé (Yatsar) ou tel artiste telle œuvre de son cru. Mais l’on se demandera si le mot créer doit automatiquement signifier « ex nihilo ». Nous ne le pensons pas : créer, c’est transformer, transmuter, une matière « première’ et finalement l’instrumentaliser au risque de la dénaturer. Cela est source de conflits entre l’amont et l’aval, entre la puissance et l’acte lequel passe par des choix toujours arbitraires et discutables.. Tout ce qui est englobé sous un même terme peut prendre des sens très divers, à commencer par le mot «homme ».On peut dire alors que les singes et les hommes sont égaux puisqu’on les inclue au sein d’une même catégorie ! Le fait que le langage puisse servir à désigner des réalités extrêmement diverses ne doit pas être prétexte à un discours égalitaire de nivellement tant par le haut que par le bas. Nous serions tous très grands ou très petits, à l’avenant !
Selon nous, les premiers Chrétiens païens n ‘étaient autres que les esclaves des Hébreux, faisant partie intégrante de leur « maisonnée », et étaient notamment visés notamment dans les Dix Commandements :
« Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui réside dans ta ville. (…)Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient ».
On lira dans le Lévitique, un des livres du Pentateuque, ce texte hautement significatif :
Ch. XXV
« 44 Les esclaves, hommes ou femmes, qui vous appartiendront, proviendront des peuples étrangers qui vous entourent. C’est d’eux que vous pourrez acquérir des esclaves et des servantes. 45 De plus, vous pourrez acheter des étrangers résidant chez vous et des membres de leurs familles qui vivent parmi vous et qui sont nés dans votre pays, et ils deviendront votre propriété. 46 Vous pourrez les léguer en héritage à vos enfants pour qu’ils en aient la propriété. Ils seront vos esclaves à perpétuité; mais vous ne traiterez pas avec brutalité vos compatriotes, les Israélites. »
Nous avons consacré de nombreux travaux à l’étude des recueils, ce qui s’apparente à des contenants dont l’unité offre nécessairement une dimension artificielle par-delà l’apparence, voire l’illusion d’unité. Le cas des Centuries est emblématique en ce que la forme du quatrain aura permis d’intégrer au sein d’un seul et même ensemble des éléments au départ disparates. Il en est de même d’ailleurs pour la Bible, elle -même quadrillée en chapitres et versets comme les Prophéties de Nostradamus le sont en centuries quatrains. Le piège est chaque fois le même : on interprète un texte que l’on a sous les yeux, appartenant à un certain contexte historique que l’on connaît souvent très mal au prisme d’un contexte qui nous est familier. Insistons aussi sur le fait qu’il existe deux modes de (re)contextualisation : situer un texte dans son temps mais aussi au sein d’un continuum évolutif, en évitant dans tous les cas l’anachronisme, étant entendu qu’une telle entreprise n’est pas à la portée du premier venu et exige énormément de travail d’investigation et la constitution de corpus importants..
C’est d’autant plus tentant lorsque les mêmes entités se sont perpétuées à travers les siècles. Pourquoi, demande-t-on, l’Israël dont parle tel prophète de la Bible ne serait pas concerné voire impliqué par les enjeux propres à l’État d’Israël actuel ou en tout cas par ceux d’un peuple Juif qui est toujours présent ? On fait ainsi le grand écart sur des siècles voire des millénaires !
Tout se passe comme si l’événement Shoah ne collait pas avec l’idée d’un peuple Juif « dominateur » et la Guerre des Six Jours a pu faire douter de la Shoah tant elle semble bien en être le contre-exemple, un quart de siècle plus tard. Il fallait donc que la Shoah fût le résultat d’une manœuvre victimaire de la part des Juifs tout comme pour les Musulmans, au dire du Coran, il ne fait pas sens que Jésus ait pu se laisser crucifier ! Cela dit, il est un fait que les critères utilisés par les nazis pour déterminer qui était Juif )peuvent être discutés et aient grossi le nombre de Juifs déportés. Bien des victimes ne seraient pas juives, selon la définition du judaisme orthodoxe.(cf Yossef Mizrahi,) qui n’aboutit qu’à un million de Juifs authentiques exterminés, les autres « Juifs » l’ayant été en quelque sorte par erreur). On notera les effets pervers de présenter Jésus comme « Dieu », d’où notamment la formule « Marie, mère (sic) de Dieu), car cela permet de se servir de l’Ancien Testament et notamment des Livres des Prophètes, quand Dieu reproche aux gens du Royaume du Nord (Israël) de ne pas le reconnaître, pour y voir la préfiguration du refus des Juifs de reconnaître Jésus, puisque Dieu et Jésus c’est pareil! Dans bien des cas, les enfants du catéchisme se persuadent que les Juifs ne croient pas en Dieu puisqu’ils ne croient pas en Jésus. De la sorte, chaque fois qu’il est question de Dieu dans l’Ancien Testament, le Chrétien serait en droit de comprendre qu’il est question de « Jésus »!
Osée V :
« …3Je connais Ephraïm, Et Israël ne m’est point caché; Car maintenant, Ephraïm, tu t’es prostitué, Et Israël s’est souillé. 4Leurs œuvres ne leur permettent pas de revenir à leur Dieu, Parce que l’esprit de prostitution est au milieu d’eux, Et parce qu’ils ne connaissent pas l’Éternel. 5L’orgueil d’Israël témoigne contre lui; Israël et Ephraïm tomberont par leur iniquité »
On aura compris que stricto sensu, ce texte certainement écrit post eventum -ne concerne pas la lignée de David, ni Jérusalem, ni donc les Judéens mais bien cette population spécifique du Royaume du Nord qui n’aura pas la chance de se rétablir par la suite, à la différence du royaume de Judah et ce n’est d’ailleurs probablement pas par hasard que Jésus est dit le Galiléen, qu’il n’est pas un habitant de Jérusalem mais de Nazareth.(le nom de cette ville est à rapprocher de Nagar, le menuisier-charpentier) Notons que Jésus est censé avoir été annoncé et conçu en Galilée, le lieu de sa naissance étant somme toute secondaire et aléatoire voire anecdotique :
Evangile de Luc, Chapitre Ier :
26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
Ce premier tome -fait largement appel aux Ecritures « Saintes » autour de deux grands thèmes, les femmes et les Juifs, ce qui nous renvoie aux origines de l’Humanité, bien mal connues il est vrai si ce n’est par le biais des mythes et des religions, des récits de genèse. Y a-t-il un christianisme sans référence au judaïsme et les femmes font-elles sens sans passer par les hommes ? Ces deux sujets, les femmes et les Juifs sont de nos jours fort mal appréhendés et se trouvent relégués dans une sorte de « no man’s land » alors que selon nous dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’enjeux capitaux.
La question de l’Amour est au cœur de notre problématique : l’on rappellera que les Juifs insistent spécialement sur l’Amour qu’ils doivent à leur dieu plutôt que sur l’amour de Dieu pour eux ou encore quant à l’amour que l’on est censé porté pour son prochain.( On s’expose à ne pas comprendre ce qui est attendu des Hébreux par leur Dieu si l’on en reste à l’idée d’un « peuple élu » tandis qu’il s’agirait bien plutôt d’un « dieu élu », d’où l’idée même d’Amour de Dieu ( cf. Georges Vajda, L’Amour de Dieu dans la théologie juive du Moyen âge, Paris : J. Vrin, 1957 ; pp/295 et seq ). Comme il est dit au début de la profession de foi judaïque, le Shéma Israël : « Tu aimeras Yahvé ton dieu de tout ton cœur ». Il n’y est d’ailleurs pas question de l’amour de Dieu pour Israël ni d’ailleurs de l’amour de son prochain. Certes, Israël semble bel et bien attendre que son Dieu le délivre de la servitude mais nous verrons que la véritable servitude est marquée par l’infidélité –plutôt que par la désobéissance, comme on l’entend trop souvent. Il est clair que l’enjeu théologique crucial est celui de ne pas servir d’autres dieux et non pas de respecter tel ou tel commandement. en dehors de celui exigeant la fidélité à ce dieu. Il semble que les rabbins aient voulu avant tout renforcer la question des mœurs – notamment après la destruction du Temple- tout en affirmant que de toute façon, il n’existait pas d’autre dieu, dans l’absolu, que Yahwé assimilé à Elohim En tout état de cause rendre Yahwé ou Elohim par « Dieu » ou par « L »Eternel », comme cela se pratique souvent est inadmissible et se prête à toutes les dérives et déviances. Yahwé est un nom propre et ne saurait se rendre par quelque concept que ce soit, comme l’aurait souhaité un Spinoza. Adorer un dieu universel ce n’est certainement pas rester fidèle à Yahwé et c’est donc ne pas respecter le premier et principal commandement du Décalogue:
א וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֵת כָּל-הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה לֵאמֹר. {ס}
|
1 Alors Elohim prononça toutes ces paroles, savoir:
|
ב אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים: לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי.
|
2 (1) « Je suis Yahwé ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage. (2) « Tu n’auras point d’autre dieu que moi.
|
On notera que d’un verset à l’autre, on est passé de Elohim à Yahwé !
Or, l’enjeu reste bel et bien la fidélité à un certain dieu, ayant pour nom Yahvé – issu d’un « père » -Elohim. lequel pourrait d’ailleurs avoir eu d’autres fils. C’est d’ailleurs sur ce point que le débat a pu exister du temps de Jésus et la portée de la Nouvelle alliance au sens de Jérémie XXXI. (cf. sur les passages relatifs au polythéisme dans la Bible https://bible.knowing-jesus.com)
Une question récurrente sera celle du mode d’emploi : nous sommes en présence de certains concepts mais savons-nous comment les manier ? Que faut-il entendre par « Dieu », quel est la place de la femme dans la société ? Comment fonctionne le couple ? Nous dirons que les hommes sont des dieux pour les femmes, ce qui correspond à l’idée de Panthéon parisien : Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Il n’y a d’élection que du bas vers le haut et ne ce sens, il est absurde de parler d’un peuple qui serait élu par Dieu. C’est bien plutôt un peuple qui choisit son dieu, ce qui implique un pluralisme des candidats.
Certes, l’on trouve dans le Décalogue des « commandements « qui concerne notre rapport à son prochain mais cela nous apparait comme une sorte d’ajout face au préambule du dit Décalogue :
« Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude.
3 Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.
4 Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
5 Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point »
C’est après que l’on parle du prochain ( resh ayin Khaf) sans que l’on y trouve la formule « tu aimeras ton prochain comme toi-même » laquelle figure, noyée parmi toutes sortes de commandements, dans Lévitique XIX, 18, donc nullement mise en exergue :
Exode 20
יג לֹא תַחְמֹד, בֵּית רֵעֶךָ; {ס} לֹא-תַחְמֹד אֵשֶׁת רֵעֶךָ, וְעַבְדּוֹ וַאֲמָתוֹ וְשׁוֹרוֹ וַחֲמֹרוֹ, וְכֹל, אֲשֶׁר לְרֵעֶךָ. {פ}
|
13 (10) »Ne convoite pas la maison de ton prochain (Rehekha); Ne convoite pas la femme de ton prochain, son esclave ni sa servante, son bœuf ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain. »
|
Lévitique XIX
יח לֹא-תִקֹּם וְלֹא-תִטֹּר אֶת-בְּנֵי עַמֶּךָ, וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ: .
|
18 Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime (Veahavta) ton prochain comme toi-même:.
|
Exode XX (Décalogue)
ד כִּי אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֵל קַנָּא–פֹּקֵד עֲון אָבֹת עַל-בָּנִים עַל-שִׁלֵּשִׁים וְעַל-רִבֵּעִים, לְשֹׂנְאָי.
|
4 car moi, Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu (El) jaloux, qui poursuis le crime des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et aux quatrièmes générations, pour ceux qui m’offensent;
|
Il reste que la forme adoptée est la même que dans le Shéma si ce n’est que le « Veahavta » n’est plus destiné à Dieu mais au prochain. Lequel semble bien être celui qui appartient au même peuple :
Selin nous, on ne saurait mettre les deux injonctions sur le même plan. Le Dieu en question reprochera-t-il jamais aux Hébreux de ne pas s’aimer entre eux ? Il se présente comme un dieu (El) jaloux (Kanaï). On notera cette expression « un dieu » . On est loin ici de la présentation d’un dieu unique, si ce n’est par rapport au seul Israël. Il ne s’agit donc pas ici du respect de tel ou tel commandement mais bien de la seule chose importante, qui compte : un amour exclusif exigé des Hébreux à l’égard de ce dieu qu’ils se sont choisi, ce qui est tout à fait applicable au couple homme-femme, la femme étant placée ici dans la même position que le peuple hébreu par rapport à son dieu. Femme qu’il est toujours loisible de répudier et l’on sait le sort réservé à la femme adultère donc infidèle. (Evangile de Jean VIII, 11) et au bâtard. Dans le Décalogue, cela concerne le commandement sur le fait de ne pas convoiter la femme de son prochain et cela s’adresse à l’homme, comme d’ailleurs tout le Décalogue.
Mais, ne peut-on dire que croire en un dieu « universel » ne saurait être assimilé au culte d’un dieu artisan de notre Humanité ? En ce sens, l’évolution du judaïsme vers l’idée d’un dieu « maître de l’univers » nous apparait comme bien problématique. Le mieux est l’ennemi du bien. En voulant encenser leur dieu, les Juifs n’auraient-ils pas forgé une autre idée de Dieu et donc enclenché un culte qui lui serait devenu étranger ?
Mais, in fine, nous pencherons pour la thèse suivante, à savoir que le Décalogue serait comme une sorte de règlement s’adressant à des délinquants et nullement à une population ayant un comportement « normal ». On ne recommande pas à des fidèles de ne pas adorer un autre dieu, ni à une communauté normalement constituée de ne pas voler ou de ne pas tuer. De tels propos visent une population pécheresse comme celle du Royaume d’Israël, d’où l’injonction « Ecoute Israël » et il est donc fâcheux que les Juifs récitent ce « Shéma Israël », confondant, ce faisant, l’Israël d’avant la Royauté et celui du Schisme du Xe siècle !
Le Décalogue nous fait penser à l’épisode de Sodome et Gomorrhe :
Genèse XVIII
כ וַיֹּאמֶר יְהוָה, זַעֲקַת סְדֹם וַעֲמֹרָה כִּי-רָבָּה; וְחַטָּאתָם–כִּי כָבְדָה, מְאֹד.
|
20 Yahwé dit: « Comme le décri de Sodome et de Gomorrhe est grand, comme leur perversité est excessive !
|
כא אֵרְדָה-נָּא וְאֶרְאֶה, הַכְּצַעֲקָתָהּ הַבָּאָה אֵלַי עָשׂוּ כָּלָה; וְאִם-לֹא, אֵדָעָה.
|
21 je veux y descendre; je veux voir si, comme la plainte en est venue jusqu’à moi, ils se sont livrés aux derniers excès; si cela n’est pas, j’aviserai. »
|
Pour nous, la dualité divine n’a strictement rien à voir avec le couple homme-femme voulu par « dieu » au chapitre suivant. Nous dirons que l’on aura voulu selon un procédé bien connu évacuer l’addition, l’ajout dans un deuxième temps, de la femme en laissant entendre, dans certains traductions biaisées, que l’homme et la femme avaient été créés de concert, simultanément.
La dualité, ici, c’ est le doute : l’allemand a zweifel, ce qui correspond au zwei, au deux. D’ailleurs, le récit de la Création est marqué en permanence par une telle attitude : Dieu veut créer ceci puis juge –dans un deuxieme temps- que ceci était bon, ce qui laisse entendre que ce n’est qu’après coup que l’on pourra dire que c’était « bon » (tov) Tout se fait en deux temps!
Génése I
ג וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, יְהִי אוֹר; וַיְהִי-אוֹר.
|
3 Dieu dit: « Que la lumière soit! » Et la lumière fut.
|
ד וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת-הָאוֹר, כִּי-טוֹב; וַיַּבְדֵּל אֱלֹהִים, בֵּין הָאוֹר וּבֵין הַחֹשֶׁךְ.
|
4 Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres.
|
Le Deus Faber. Théologie restreinte
Selon nous, le judaisme doit s’appréhender au prisme d’une idée limitée de la divinité : on pourrait parler d’une théologie du « petit dieu », c’est à dire qui se démarque d’un dieu universel, total, initial, un dieu qui s’inscrit dans l’Histoire de l’Humanité et non dans une quelconque métaphysique. Laissons ce « grand dieu » aux Chrétiens et aux Musulmans. Au fond, ne s’agirait-il pas d’un dieu « à l’image de l’homme » , pour retourner la formule du premier chapitre du Livre de la Genèse ?
Il est clair que le dieu d’Israël se consacré à des objectifs relativement restreints : notre Terre, sur laquelle nous vivons, notre « ciel »- celui que nous percevons depuis notre Terre et ce qui est central plus particulièrement, à savoir un certain peuple que l’on désigne actuellement comme « juif » et qui n’a pas disparu, Une Alliance renouvelée lie ce peuple à ce dieu face au « grand dieu », qui serait celui de toute l’Humanité et auquel adhère le christianisme, terme qui dépasse largement la personne du Christ, lequel correspond à une approche certainement plus modeste qui aura fini par basculer dans l’emphase. Il est vrai que le dieu d’Israël avait été déjà bien avant le temps de Jésus victime de la même dérive quand on s’adresse à lui comme « seigneur de l’univers » (Olam) et la tendance actuelle du judaïsme semble bien être aussi celle de la « démesure » et de la surenchère, ce contre quoi nous nous battons…
Avouons que nous avons du mal à accepter une dualité qui ferait d’Esaü –la Chrétienté- le père d’un autre « peuple » que Jacob pas plus d’ailleurs, à la générations précédente le processus qui ferait d’Ismaël la matrice d’un autre peuple (les arabes) qu’Isaac ! ( cf Jacqueline Chabbi, Le Coran décrypté. Figures bibliques en Arabie, Paris, Fayard, 2008, pp. 49 et seq, et Le Seigneur des tribus ; L’Islam de Mahomet, CNRS Editions 2010) En fait, Esaû est Adam(Edom s’écrit avec les mêmes consonnes qu’Adam) tout comme Jacob est Israël, d’où les deux formules : fils d’Adam et fils d’Israël Les Israélites auraient selon nous mis en scéne dans le livre de la Genése la « chute » d’Adam et c’est une erreur que de rendre Adam par « Homme » alors qu’il incarne une certaine « humanité « , celles des « fils d’Adam » à ne pas confondre avec celles des «fils d’Israël » qui sont soumis aux premiers. Notons que déjà sous le régne de David, l’on distinguait nettement entre ces deux lignages ; ce qui ne fit que se confirmer à la mort de Salomon.(cf Livre des Rois)
Le chapitre XXV de la Genése est à ce titre incontournable quant aux versets 25 et 30 (avec le « plat de lentilles): on y trouve d’abord l’adjectif « Admoni », dérivé de Adom
כד וַיִּמְלְאוּ יָמֶיהָ, לָלֶדֶת; וְהִנֵּה תוֹמִם, בְּבִטְנָהּ. |
24 L’époque de sa dיlivrance arrivיe, il se trouva qu’elle portait des jumeaux. |
כה וַיֵּצֵא הָרִאשׁוֹן אַדְמוֹנִי, כֻּלּוֹ כְּאַדֶּרֶת שֵׂעָר; וַיִּקְרְאוּ שְׁמוֹ, עֵשָׂו. |
25 Le premier qui sortit יtait roux (admoni) et tout son corps pareil א une pelisse; on lui donna le nom d’Eֹsau. |
כו וְאַחֲרֵי-כֵן יָצָא אָחִיו, וְיָדוֹ אֹחֶזֶת בַּעֲקֵב עֵשָׂו, וַיִּקְרָא שְׁמוֹ, יַעֲקֹב; וְיִצְחָק בֶּן-שִׁשִּׁים שָׁנָה, בְּלֶדֶת אֹתָם. |
26 Ensuite naquit son frère tenant de la main le talon d’ֹEsau et on le nomma Jacob. Isaac avait soixante ans lors de leur naissance. |
כז וַיִּגְדְּלוּ, הַנְּעָרִים, וַיְהִי עֵשָׂו אִישׁ יֹדֵעַ צַיִד, אִישׁ שָׂדֶה; וְיַעֲקֹב אִישׁ תָּם, יֹשֵׁב אֹהָלִים. |
27 Les enfants ayant grandi, ֹsa devint un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob, homme inoffensif, vיcut sous la tente. |
כח וַיֶּאֱהַב יִצְחָק אֶת-עֵשָׂו, כִּי-צַיִד בְּפִיו; וְרִבְקָה, אֹהֶבֶת אֶת-יַעֲקֹב. |
28 lsaac préférait Esau parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche;Rebecca préférait Jacob. |
כט וַיָּזֶד יַעֲקֹב, נָזִיד; וַיָּבֹא עֵשָׂו מִן-הַשָּׂדֶה, וְהוּא עָיֵף. |
29 Un jour Jacob faisait cuire un potage quand ֹEsau revint des champs, fatiguי. |
ל וַיֹּאמֶר עֵשָׂו אֶל-יַעֲקֹב, הַלְעִיטֵנִי נָא מִן-הָאָדֹם הָאָדֹם הַזֶּה–כִּי עָיֵף, אָנֹכִי; עַל-כֵּן קָרָא-שְׁמוֹ, אֱדוֹם. |
30 ֹEsai dit à Jacob: « Laisse-moi avaler, je te prie, de ce roug (Adom), de ce mets rouge (Adom), car je suis fatiguéי. » C’est א ce propos qu’on le nomma Eֹdom. |
Selon nous, les fils d’Adam étaient roux et c’est ainsi qu’on les reconnaissait. Comment comprendre autrement la formule « il était semblable à un fils d’Adam » que l’on trouve souvent rendu par erreur comme « fils d’homme » ou pis encore « fils de l’homme » ?
Et l’on pourrait retrouver ce même clivage entre Abel et son aîné Caïn – d’où la formule « Suis- je le gardien de mon frère ? » (cf. l’interprétation qu’en donne l’Eglise Unificationniste Moon). Le Livre de l’Exode (ch. III) entérine cette lecture en présentant Yahvé à Moise comme « le dieu d’Abraham, Isaac et Jacob » On se demandera toutefois s’il ne convient pas de voir dans ces fratries divisées une influence due à la sécession du Royaume du Nord par rapport à celui du Sud. On s’inscrit ici dans une approche anthropologique du texte biblique(cf Jacqueline Chabbi. Les trois piliers de l’Islam ; Lecture anthropologique du Coran, Paris, Seuil, 2018)
Rappelons que Jacob prendra le nom d’Israël, qui est aussi le nom du Royaume du Nord et nous y voyons une interpolation d’autant que par la suite, bien plus tard, Jacob, quand il bénira ses fils (à la fin du Livre de la Genèse) ne reprendra pas le nom d’Israël. Ce Jacob qui ravira à Ésaü son droit d’ainesse, tout comme le Royaume d’Israël s’en prendra au Royaume de Judée et à sa prétendue suprématie royale, à la mort de Salomon. Quant à Ismaël, revendiqué par les Arabo-musulmans, c’est encore une fois l’aîné qui perd ses droits (cf Claudine Korall « La famille de Jacob à l’épreuve du pouvoir « in Pardès 2006/1-2 (N° 40-41) , ce qui annonce, au demeurant, la thèse selon laquelle le peuple hébreu, aux dires des Chrétiens, aurait lui aussi, à l’instar d’Ismaël et d’Esaü, dû laisser la place, d’où cette affirmation chrétienne d’être le « Nouvel Israël ».. Rappelons que dans le Coran, c’est Ismaël qui est promis au sacrifice et non Isaac (cf. la fête de lAïd al Ada, plus connu sous l’appellation Aïd el Khébir), On pourrait se demander si les tenants du Royaume d’Israël n’auraient pas inventé Isaac pour détrôner Ismaël de sa « primauté » en recourant à une intervention miraculeuse, ressemblant à un Deus ex machina..
Or, une autre explication du nom d’Isaac peut être proposée à la lumière du chapitre XXI du Livre de la Genèse : Ismaël « grandit et fut sevré . Le jour où (son frère) Isaac fut sevré, Abraham prépara un grand festin. Mais Sarah voyait que le fils d’Agar, l’Egyptienne, fils qu’elle avait donné à Abraham, se moquait d’Isaac. Elle dit donc à Abraham « Chasse cette esclave et son fils car le fils de cette esclave ne va pas hériter avec mon fils, avec Isaac. Mais cette parole déplut beaucoup à Abraham »
Or, l’original hébreu comporte à la fois le nom de Yitshaq (Iod Tsadé Heith Qoph) et la forme verbale (temps « présent) « metsaheq » (Mem tsadé, Heith, Qoph) pour désigner la « moquerie », la ‘ »raillerie » d’Ismaël à l’encontre d’Isaac (Yitshaq)
טוַתֵּרֶא שָׂרָה אֶת-בֶּן-הָגָר הַמִּצְרִית, אֲשֶׁר-יָלְדָה לְאַבְרָהָם–מְצַחֵק.
|
9 Sara vit le fils d’Agar l’Egyptienne, que celle-ci avait enfanté à Abraham, se livrer à des railleries »
|
On notera bien des traductions inexactes de ce passage, ce qui rend le cours des choses incompréhensibles ; C’est ainsi que dans l’article de Wikipédia ; l’on résume la scène de la sorte : « Alors qu’on fête le sevrage d’Isaac, Sarah demande à Abraham de chasser Ismaël » ou encore on se contente de rendre le passage par « il jouait » au lieu de « il se moquait », mais André Chouraqui rend bien l’hébreu (La Bible, Desclée de Brouwer, 1989, p . 46) « Sara voit rire le fils qu’Agar avait enfanté à Abraham. Elle dit à Abraham « Répudie cette servante et son fils » . Rappelons que le sevrage correspond au moment où l’enfant ne reçoit plus le lait maternel (de nos jours autour de l’âge de six mois), ce qui peut indisposer le dit enfant
Selon nous, on a là un exemple de la « chute » du premier né, phénomène ô combien récurrent dans le Pentateuque. Le « crime » d’Ismaël aura donc été le « rire », ce qui provoquera son départ, tout comme cela avait été notamment le cas pour Adam, « chassé du paradis terrestre » et le nom d’Isaac ne viendrait pas de l’effet de surprise de l’annonce d’une nouvelle naissance mais bien de la conduite malencontreuse de l’aîné alors qu’au départ, il était bien indiqué « fils qu’elle avait donné à Abraham » en parlant d’Ismaël, sans oublier le bannissement de l’aîné Caïn face à son cadet Abel qu’il aura tué. Mais trop c’est trop, et l’on est conduit à penser que le Pentateuque est porteur d’une idéologie visant à détrôner l’aîné, le prétendant légitime. Or, l’on ne peut s’empêcher de se demander si Satan ne serait pas de la partie pour faire chuter le personnage gênant, dont on convoite de prendre la place, tant le dit Satan semble la cause des erreurs, des fautes fatales, et à commencer avec Adam et le serpent. (Genèse III)
10 |
Adam à Yahweh :« J’ai entendu ta voix, dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu; et je me suis caché. « |
11 |
Et Yahweh Dieu dit: » Qui t’a appris que tu es nu? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger? « |
12 |
L’homme répondit: » La femme que vous avez mise avec moi m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » Yahweh Dieu dit à la femme: |
13 |
» Pourquoi as-tu fait cela? » La femme répondit: » Le serpent m’a trompée, et j’en ai mangé. » |
14 |
Yahweh Dieu dit au serpent: » Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux domestiques et toutes les bêtes des champs; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie. |
15 |
Et je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité; celle-ci te meurtrira à la tête, et tu la meurtriras au talon. » |
La grande tentation des opprimés n’est-elle pas de conclure quelque alliance faustienne avec le diable ? N’est-ce pas là toute l’ambigüité de ceux qui spéculent sur la chute d’autrui ? Que dire ainsi de cette exégèse du chapitre XV de la Gènes(cf. le commentaire de Moon) qui voudrait qu’Abraham aurait ainsi faite en « ratant » son sacrifice, – il avait omis de partager les oiseaux- ce qui aurait conduit à l’errance de ses descendants dans le désert C’est ainsi qu’Ismaël sera banni pour avoir « ri
7 L’Eternel lui dit encore ( à Abraham): «Je suis l’Eternel qui t’ai fait sortir d’Ur en Chaldée pour te donner ce pays en possession.» 8 Abram répondit: «Seigneur Eternel, à quoi reconnaîtrai-je que je le posséderai?» 9 L’Eternel lui dit: «Prends une génisse de 3 ans, une chèvre de 3 ans, un bélier de 3 ans, une tourterelle et une jeune colombe.» 10 Abram prit tous ces animaux, les coupa par le milieu et mit chaque morceau l’un vis-à-vis de l’autre, mais il ne partagea pas les oiseaux.
11 Les oiseaux de proie s’abattirent sur les cadavres, mais Abram les chassa.
12 Au coucher du soleil, un profond sommeil tomba sur Abram, et voici qu’il fut assailli par la terreur et une grande obscurité.
13 L’Eternel dit à Abram: «Sache que *tes descendants seront étrangers dans un pays qui ne sera pas à eux. On les réduira en esclavage et on les opprimera pendant 400 ans.
Ceux d’en haut semblent constamment guettés par ceux d’en bas pout la moindre faute, le plus petit faux pas- qu’ils pourraient commette. Autrement dit, Satan serait l’allié objectif de tous ceux qui souffrent de leur condition subalterne.
Autrement dit, le Pentateuque serait porteur littéralement d’antijudaïsme et se révélera aisément instrumentalisable, le temps venu, par le christianisme. Dès lors, quelle attitude les Juifs doivent-ils adopter par rapport à un tel texte élaboré, « trafiqué » par les scribes du Royaume du Nord et comment se fait-il que le dit texte n’ait pas été par la suite, expurgé, débarrassé de telles interpolations, dont la plus marquante concerne selon nous le rapport Ismaël/Israël ? Il nous semble qu’un tel syncrétisme aura fini par ne plus être perceptible, en raison même d’une sacralisation de la lettre du texte- tout comme bien des clivages finissent par ne plus être identifiés comme tels (cf. tome III sur les Centuries de Nostradamus, marquées par les guerres de religion) Croire que le Pentateuque est d’un seul tenant serait dès lors bien naïf. Au bout du compte, la question se pose : les Juifs –c’est-à-dire descendants des Judéens- sont-ils les fils d’Israël (alias Jacob) ou d’Ismaël ? Ne pourrait-on envisager un renouveau de a critiqué biblique, autour de l’idée d’un remaniement du texte d’origine, le cas d’Ismaël attestant, selon nous, de l’existence, d’une mouture plus ancienne du Pentateuque, antérieure à son « israélisation » ?
Ce qui vient singulièrement consolider notre thèse tient au rôle de la vielle de Samarie dans l’histoire de Jacob.
Genèse XXXIII, 20: A son retour (…) Jacob arriva sans encombre à la ville de Sichem, dans le pays de Canaan et il installa son camp devant cette ville. (..) Il construisit un autel qu’il appela El-Elohei-Israel
וַיַּצֶּב-שָׁם, מִזְבֵּחַ; וַיִּקְרָא-לוֹ–אֵל, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל. {ס}
|
C’est là la toute première mention du nom d’Israel – nom qui sera adopté par le Royaume du Nord – et cela précéde de peu le chapitre XXXV, 10 dans lequel jacob se voit attribuer ce même nom, celui du dit autel :
וַיֹּאמֶר-לוֹ אֱלֹהִים, שִׁמְךָ יַעֲקֹב: לֹא-יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב, כִּי אִם-יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, יִשְׂרָאֵל.
|
10 Dieu lui dit: « Tu te nommes Jacob; mais ton nom, désormais, ne sera plus Jacob, ton nom sera Israël »; il lui donna ainsi le nom d’Israël »
|
Or, Sichem comme Bethel sont des lieux religieux marquants pour le Royaume d’Israël, Bethel se trouvant à l’extrémité sud du dit Royaume, à peu de distance de Jérusalem. Bethel est même le lieu du songe de l’Echelle où Jacob aurait reçu le surnom d’Israël.
Quant à la formule « El-Elohei Israel », elle n’est pas sans évoquer la forme « Elohim » (cf. dans le Shéma Israël, la forme Elohéinou associée d’ailleurs syncrétiquement à la présence de Yahvé. Il apparait donc que l’on aura voulu unifier les deux cultes, celui d’Elohim et celui de Yahvé, celui du Royaume d’Israël et celui du Royaume de Juda, comme il ressort de la prière de l’Ecoute Israël, quand on proclame l’unité Yahvé-Elohim On notera que le nom d’Israël apparait avant l’épisode de l’Echelle de Jacob et donc ne s’explique pas du fait de sa lutte avec l’ange. En outre, un passage du Livre du prophète Osée nous interpelle au verset 5 du Chapitre XII
La forme « Yissar » – futur qui devient passé du fait du vav conversif qui le précéde- est la même que pour Israel alors que le nom même d’Israel n’est pas fourni en tant que tel Dans Genése XXXII, on trouve « sarita », tu as lutté.
|
|
|
|
ה וַיָּשַׂר אֶל-מַלְאָךְ וַיֻּכָל, בָּכָה וַיִּתְחַנֶּן-לוֹ; בֵּית-אֵל, יִמְצָאֶנּוּ, וְשָׁם, יְדַבֵּר עִמָּנוּ.
|
5 Il (Jacob) lutta (VaYissar) contre un ange et fut vainqueur, et celui-ci pleura et demanda grâce: il devait le retrouver à Béthel, et là, il parla en notre faveur.
|
|
|
On comparera ce passage d’Osée XII avec Genèse XXXII
|
|
|
|
|
|
כח וַיֹּאמֶר אֵלָיו, מַה-שְּׁמֶךָ; וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב.
|
28 Il lui dit alors: « Quel est ton nom? » Il répondit: « Jacob. »
|
כט וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ–כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל: כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל.
|
29 Il reprit: « Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; car tu as jouté lutté avec Elohim et des humains et tu es resté fort. »
|
|
|
|
On peut se demander si le passage du Livre de la Genèse n’aurait pas été repris du Livre d’Osée, selon la thèse que nous défendons, celle d’une influence des Livres Prophétiques, marqués par le schisme entre Israël et Juda sur la rédaction de livres du Pentateuque.
On notera aussi que si l’Exode est axé sur la Sortie d’Egypte, au sud de la Terre de Canaan, vers laquelle il faut monter, le livre de la Genèse, quant à lui, correspond à une descente- une autre « sortie » depuis la Chaldée jusqu’à la dite terre, en passant par Harran.et d’ailleurs dans Exode III, Yahvé se réfère à ce qui est raconté dans la Genèse, instaurant ainsi un parallèle, la Sortie d’Egypte étant présentée en quelque sorte comme la réplique de celle d’Ur (Genèse XI).
Genèse XII 1
« Or l’Eternel avait dit à Abram : Sors de ton pays, et d’avec ta parenté, et de la maison de ton père, [et viens] au pays que je te montrerai. » le texte hébreu donne la forme Lekh Lekha, ce qui signifie « pars» , « quitte littéralement « va-t-en ! »
Les patriarches sont marqués par le Nord et non par le Sud et l’on peut penser que cela s’explique par une rédaction scripturaire liée au Royaume d’Israël ; Ajoutons qu’aussi bien Isaac que Jacob seront conduits à remonter vers le Nord, en vue de trouver une épouse. (Genèse XXIV), ce qui renforce le tropisme septentrional.
Dès lors, comment aborder le texte du Pentateuque sans le relier aux enjeux plus tardifs faisant suite à la mort du roi Salomon ? De la même façon (cf. notre tome III), il importera de mettre en perspective les Centuries de Nostradamus, mort en 1566, avec la période plus tardive de la ligue et ce sont les événements les plus récents qui éclairent les plus anciens, du fait d’un processus d’antidatation.
On en arrive ainsi à se demander si ce n’est pas un tel enjeu politique –ce qui correspond bel et bien à un schisme que l’on situe généralement autour de -928, soit au dixième siècle avant l’ère vulgaire – qui aurait conduit à l’idée de monothéisme, lequel ne ferait sens que du fait d’un déni de la réalité de ces deux dieux ? On aura considérablement souligné l’importance de l’émergence du monothéisme. Selon nous, c’est bel et bien la reconnaissance de ce que notre Humanité doit à un certain dieu- Yahwé- qui est ici affirmée, ce qui est la base de ce que nous appelons pour notre part la deuxième théologie laquelle s’oppose à la première théologie, polythéiste. Et il est clair que ceux qui ne reconnaissent pas l’exclusivité d’ une telle alliance sont condamnés par le Décalogue. « Tu n’aimeras point d’autres dieux que moi »
On sait que toute affirmation unitaire(le « Ehad ») a pour corollaire la division tout comme une interdiction est révélatrice d’une pratique existante Autrement dit, l’affirmation unitaire ne ferait sens que par rapport à ce qu’il faut bien appeler un schisme et cela n’aurait qu’une portée théologique limitée à un enjeu politique, tout comme le messianisme prophétique se réduirait à l’attente d’une réunification, comme on peut l’observer avec Moon et son Eglise de l’Unification, fondée en 1954 (à ne pas confondre avec le Président de la Corée du Sud) à propos de la Corée, le terme unification pouvant aussi bien revêtir une dimension politique que religieuse. On pense aussi, pour la France, au climat qui présida à l’Edit de Nantes de 1598 (cf. notre tome III) Il ne faudrait pas non plus oublier l’opposition à partir du XVIe siècle entre les gens du Nord, à majorité « protestants » – comme l’étaient les Hébreux du Royaume d’Ephraïm- et les gens du Sud, liés à Rome, nouvelle Jérusalem.
On comprend que les tenants de la Trinité, aient été tentés
de se servir du Ehad du Shéma Israel, pour valider leur approche, à savoir que ce qui est divers est compatible avec l’idée d’unité. Or, nous avons montré qu’il s’agit là d’un empiétement du politique sur le théologique, à savoir les conflits entre les royaumes d’Israël et de Juda mais aussi le rôle de Cyrus le Perse pour ramener les Hébreux sur la terre dont ils avaient été arrachés quelque temps plus tôt, ce qui aura conduit à l’idée de Messie, d’un envoyé non juif , étranger, de Yahvé chargé de conduire le peuple hébreu, avec de façon emblématique une réécriture de la Sortie d’Egypte sous la guidance d’un Moïse, visiblement, à la lecture d’Exode III, censé ne pas appartenir au dit peuple. On retrouve un tel scénario dans la saga « Dune » de Frank Herbert (cf. le film de David Lynch), quand Paul Atreides (devenu Muad dib) est chargé de libérer les « Freemen » , les habitants de la planète Dune, d’où est issu une précieuse épice En fait, le cas de Cyrus ressemble singulièrement à celui de Moïse et il est tout à fait concevable que le récit de l’Exode sur la Sortie d’Egypte et le « retour » en Canaan ait été calqué sur le retour de l’exil de Babylone, lui-même ayant fait l’objet de prophéties. On trouve dans le Livre d’Osée , au chapitre IX des références à la Sortie d’Egypte qui nous interpellent
01 Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance, et, pour le faire sortir d’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Que faut-il comprendre : que Moïse, l’envoyé de Yahvé est son fils ou bien que Yahvé aimait appeler Israël son fils ? Nous penchons pour la seconde leçon :
: Yahvé désigne ici selon nous Israël mais aussi Ephraïm – une autre façon de désigner le Royaume du Nord- comme « mon fils » Le texte hébreu comporte une lacune ; קראתי לו בני,
Chapitre XII
א כִּי נַעַר יִשְׂרָאֵל, וָאֹהֲבֵהוּ; וּמִמִּצְרַיִם, קָרָאתִי לִבְנִי.
|
1 Quand Israël était jeune, je l’avais pris en affection; du fond de l’Egypte je l’ai appelé mon fils. (Qarati (lo) Lebni)
|
ב קָרְאוּ, לָהֶם; כֵּן, הָלְכוּ מִפְּנֵיהֶם–לַבְּעָלִים יְזַבֵּחוּ, וְלַפְּסִלִים יְקַטֵּרוּן.
|
2 [D'autres] les ont appelés: aussitôt ils sont allés à eux, sacrifiant aux Baals, offrant de l’encens aux idoles.
|
ג וְאָנֹכִי תִרְגַּלְתִּי לְאֶפְרַיִם, קָחָם עַל-זְרוֹעֹתָיו; וְלֹא יָדְעוּ, כִּי רְפָאתִים.
|
3 Pourtant, c’est moi qui ai dirigé les pas d’Ephraïm. Je les ai pris sur les bras! Mais ils n’ont pas voulu savoir que je leur apportais la guérison.
|
Soulignions que l’adoration des idoles fabriquées par l’homme n’’est nullement du même ordre que celles des astres ou même d’autres divinitésne relevant pas de la création par l’homme. Le chapitre VIII du prophéte Osée nous semble particulièrement éclairant à ce propos tout comme le rapport d’Abraham avec les idoles :
Osée, chapitre V III s’adressant aux gens du Royaume d’Israël
ה זָנַח עֶגְלֵךְ שֹׁמְרוֹן, חָרָה אַפִּי בָּם; עַד-מָתַי, לֹא יוּכְלוּ נִקָּיֹן.
|
5 Ton veau (Eguelkha), ô Samarie, a cédé la place, ma colère s’est allumée contre eux: jusqu’à quand seront-ils incapables de pureté? |
ו כִּי מִיִּשְׂרָאֵל, וְהוּא–חָרָשׁ עָשָׂהוּ, וְלֹא אֱלֹהִים הוּא: כִּי-שְׁבָבִים יִהְיֶה, עֵגֶל שֹׁמְרוֹן.
|
6 Il est bien l’œuvre d’Israël; un artisan l’a confectionné (Assahou), et il n’est pas un dieu (Elohim) certes, le veau (Eguel) de Samarie sera réduit en menus morceaux. |
On pense aussi au Veau d’Or du Livre de l’Exode, œuvre des scribes du Royaum d’Israel, culte qui apparait comme la tentation récurrente de la maison d’Israël
Abraham et les idoles :
Midrash Bereshit Rabba 38:19 |
|
« Une femme vint un jour, avec un panier de farine. Elle dit: « Voici pour tes dieux. »Abraham prit un bâton, et fracassa toutes les idoles, à l’exception de la plus grande, dans la main de laquelle il mit le bâton.
Son père revint et demanda ce qui s’était passé. [Abraham] répondit: « Cacherais-je quoi que ce fût à mon père ? Une femme est venue avec un panier de farine et m’a demandé de les donner à ces dieux. » Lorsque je l’ai offerte, un dieu a dit : »Moi d’abord ! », un autre « Non, moi d’abord ! » Alors, le plus grand s’est levé et a brisé toutes les autres.
[Son père] lui dit : « Te moques-tu de moi ? Comment pourraient-elles faire quoi que ce soit ? » |
|
Mais une autre question se pose, à savoir l’hypothèse d’une appropriation de la Sortie d’Egypte par le royaume d’Israël, d’où dans le Livre de l’Exode la formule récurrente des « fils d’Israel » (Beney Israel) et l’épisode du Veau d’Or va dans ce sens. « Le roi fondateur du royaume d’Israël, Jéroboam Ier, après le schisme politique qu’il a provoqué, avait fait ériger à Dan et Béthel, aux deux extrémités de son nouveau royaume, des veaux d’or en tant que symboles de Dieu » (Wikipedia) Rappelons la formule du préambule du Décalogue qu’il faut comprendre comme rédigé à l’adresse du Royaume d’Israël et toute la mission de Jésus aura consisté, selon nous, à obtenir un tel pardon de la part de ce Dieu vindicatif , traitant différemment les deux Royaumes d’où l’émergence d’une protestation qui débouchera sur le christianisme, à savoir le passage d’un Dieu créateur et à un homme créateur, soit la transition de la Deuxiéme vers la Troisiéme Création, laquelle est manifestée dès le deuxiéme chapitre du Livre de la Genése.
5 Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,
6 et qui fais miséricorde jusqu’en mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.
7 Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
Selon nous, les rédacteurs à la solde du Royaume d’Ephraïm –Israël voulurent mettre en place un récit consacré aux « Israélites », précédant celui concernant les Judéens, rendus à leur terre par Cyrus ! Signalons qu’il est probable qu’au temps présumé de la Sortie d’Egypte, la Palestine aurait été controlée par l’Egypte, ce qui aurait rendu l’entreprise assez vaine !
Notons que dans Exode III, Episode du Buisson Ardent, Jacob n’est pas désigné sous le nom d’Israël alors même qu’il est dit « Parle aux enfants d’Israël ». En revanche, on trouve la formule « Elohei Israël » dans le Deutéro Isaïe :
Exode III
טו וַיֹּאמֶר עוֹד אֱלֹהִים אֶל-מֹשֶׁה, כֹּה-תֹאמַר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב, שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם; זֶה-שְּׁמִי לְעֹלָם, וְזֶה זִכְרִי לְדֹר דֹּר.
|
15 Dieu dit encore à Moïse: « Parle ainsi aux enfants d’Israël (sic): ‘Yahwé, le Dieu (Elohei) de vos pères, le Dieu (Elohei) d’Abraham, Elohei d’Isaac et Elohei
de Jacob, m’envoie vers vous.’ Tel est mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges.
|
Isaie XLV
א כֹּה-אָמַר יְהוָה, לִמְשִׁיחוֹ לְכוֹרֶשׁ אֲשֶׁר-הֶחֱזַקְתִּי בִימִינוֹ לְרַד-לְפָנָיו גּוֹיִם, וּמָתְנֵי מְלָכִים, אֲפַתֵּחַ–לִפְתֹּחַ לְפָנָיו דְּלָתַיִם, וּשְׁעָרִים לֹא יִסָּגֵרוּ.
|
1 Ainsi parle l’Eternel à son Oint, à Cyrus je l’ai pris par la main pour mettre les nations à ses pieds et délier les ceintures des rois, pour ouvrir devant lui les battants et empêcher que les portes lui soient fermées :
|
|
|
ג וְנָתַתִּי לְךָ אוֹצְרוֹת חֹשֶׁךְ, וּמַטְמֻנֵי מִסְתָּרִים: לְמַעַן תֵּדַע, כִּי-אֲנִי יְהוָה הַקּוֹרֵא בְשִׁמְךָ–אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל.
|
3 Je te donnerai des trésors enfouis dans les ténèbres, des richesses cachées dans des lieux secrets, pour que tu saches que je suis Yahwé, le Dieu d’Israël (Elohei Israel), qui t’appelle par ton nom.
|
Au début du livre d’Esdras (chapitre I), il est clair que la cible de Cyrus est bien Jérusalem et les Judéens (si ce n’est la présence tout à fait incongrue de la référence au Dieu d’Israël, c’est-à-dire de Jacob, le royaume perdu du Nord, au troisième verset
La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s’accomplît la parole de l’Éternel prononcée par la bouche de Jérémie, l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume:
2
Ainsi parle Cyrus, roi des Perses: L’Éternel, le Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la terre, et il m’a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda.
3
Qui d’entre vous est de son peuple? Que son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem en Juda et bâtisse la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël! C’est le Dieu qui est à Jérusalem.
4
Dans tout lieu où séjournent des restes du peuple de l’Éternel, les gens du lieu leur donneront de l’argent, de l’or, des effets, et du bétail, avec des offrandes volontaires pour la maison de Dieu qui est à Jérusalem.
5
Les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les sacrificateurs et les Lévites, tous ceux dont Dieu réveilla l’esprit, se levèrent pour aller bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem.
En fait, selon nous, les tribus du Royaume d’Israël étant soumises à la maison de David ne comportaient pas des Hébreux mais des populations asservies, colonisées et éventuellement judaisées, supportant mal un tel joug de la part de la « maison de David », au sein d’un empire pluriethnique. On sait que cela fut le cas de différents peuples placés dans un état de dépendance, tributaires par rapport à un ensemble plus puissant. A certaines époques, Edom fut vassal de Juda, Moab fut vassal d’Israël etc
En fait, selon nous, David est étranger aux dites populations et c’est d’ailleurs une condition nécessaire pour qu’il puise les guider, comme ce fut le cas d’un Joseph en Egypte, par la grâce du Pharaon ou d’un Cyrus . Fondamentalement, le chef est censé être (un) étranger au groupe qu’il va conduire, le terme étranger devant être prise au sens le plus large, à savoir éventuellement issu d’une autre classe, d’une autre caste ‘(cf notre tome II) En ce sens, l’alliance de Dieu ne peut exister qu’avec des individus et non avec un peuple
טו וַיֹּאמֶר עוֹד אֱלֹהִים אֶל-מֹשֶׁה, כֹּה-תֹאמַר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב, שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם; זֶה-שְּׁמִי לְעֹלָם, וְזֶה זִכְרִי לְדֹר דֹּר.
|
15 Elohim dit encore à Moïse: « Parle ainsi aux enfants d’Israël: ‘Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’envoie vers vous.’ Tel est mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges. |
Le terme « maison de David » traite d’une question de dynastie : on a d’un côté un peuple, relevant de la Troisiéme Création et de l’autre, une famille de chefs, relevant de la Deuxiéme Création, dont la mission est d’encadrer et de conduire les peuples. L’on comprend que lors du Schisme, la masse du peuple se soit séparée de la maison de David. Mais dans l’Evangile de Mathieu, en son premier chapitre, la généalogie de Jésus est une série de personnage, ce qui nous montre la dimension individuelle des chefs, d’où le nombre de noms propres au début du Livre de la Genése.
Genése chapitre V
ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.
|
3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth. |
ו וַיְחִי-שֵׁת, חָמֵשׁ שָׁנִים וּמְאַת שָׁנָה; וַיּוֹלֶד, אֶת-אֱנוֹשׁ.
|
6 Seth, ayant vécu cent cinq ans, engendra ةnos. |
ז וַיְחִי-שֵׁת, אַחֲרֵי הוֹלִידוֹ אֶת-אֱנוֹשׁ, שֶׁבַע שָׁנִים, וּשְׁמֹנֶה מֵאוֹת שָׁנָה; וַיּוֹלֶד בָּנִים, וּבָנוֹת.
|
7 Après avoir engendré ةnos, Seth vécut huit cent sept ans, engendrant des fils et des filles. |
ח וַיִּהְיוּ, כָּל-יְמֵי-שֵׁת, שְׁתֵּים עֶשְׂרֵה שָׁנָה, וּתְשַׁע מֵאוֹת שָׁנָה; וַיָּמֹת. {ס}
|
8 Tous les jours de Seth furent de neuf cent douze ans, après quoi il mourut. |
ט וַיְחִי אֱנוֹשׁ, תִּשְׁעִים שָׁנָה; וַיּוֹלֶד, אֶת-קֵינָן.
|
9 ةnos vécut quatre-vingt-dix ans, et engendra Kênân |
Evangile de JC selon Mathieu, Chapitre I
01 GENEALOGIE DE JESUS, CHRIST, fils de David, fils d’Abraham.
02 Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères,
03 Juda, de son union avec Thamar, engendra Pharès et Zara, Pharès engendra Esrom, Esrom engendra Aram,
04 Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassone engendra Salmone,
05 Salmone, de son union avec Rahab, engendra Booz, Booz, de son union avec Ruth, engendra Jobed, Jobed engendra Jessé,
06 Jessé engendra le roi David. David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon, etc
II Rois XVII
וַיִּמְאַס יְהוָה בְּכָל-זֶרַע יִשְׂרָאֵל, וַיְעַנֵּם, וַיִּתְּנֵם, בְּיַד-שֹׁסִים–עַד אֲשֶׁר הִשְׁלִיכָם, מִפָּנָיו.
|
20 Voilà pourquoi Dieu rejeta toute la race d’Israël, qu’il rendit malheureuse et livra au pouvoir des pillards; il alla même jusqu’à les chasser de devant lui.
|
כא כִּי-קָרַע יִשְׂרָאֵל, מֵעַל בֵּית דָּוִד, וַיַּמְלִיכוּ, אֶת-יָרָבְעָם בֶּן-נְבָט; וידא (וַיַּדַּח) יָרָבְעָם אֶת-יִשְׂרָאֵל מֵאַחֲרֵי יְהוָה, וְהֶחֱטִיאָם חֲטָאָה גְדוֹלָה.
|
21 C’est qu’Israël avait déchiré le pacte qui l’unissait à la maison de David et pris pour roi Jéroboam, fils de Nebat. Celui-ci avait éloigné Israël de Yahwé et lui avait fait commettre de grands péchés.
|
Allons plus loin, Il semble bien que le christianisme soit lié au Royaume d’Israël et que les Chrétiens se retrouvèrent peu ou prou dans la même situation, des siècles plus tard. Dans l’Evangile de Luc (I, 33) », qui nous semble le plus vraisemblable, il est dit que Jésus « régnera sur la maison de Jacob » c’est-à-dire celle qui s’oppose à la maison de Juda.
Mathieu XV, 24
Jésus « répondit: Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël »
Jésus réunit sur sa personne pas moins de trois messianismes , celui virtuel de l’attente du Messie fils de Joseph et du Messie fils de David mais aussi celui bien réel de l’intervention providentielle de Cyrus ce qui générera l’histoire de Moïse, ce qui annihile les deux autres messianismes.
Isaïe 45, 1-4 ; 8
א כֹּה-אָמַר יְהוָה, לִמְשִׁיחוֹ לְכוֹרֶשׁ אֲשֶׁר-הֶחֱזַקְתִּי בִימִינוֹ לְרַד-לְפָנָיו גּוֹיִם, וּמָתְנֵי מְלָכִים, אֲפַתֵּחַ–לִפְתֹּחַ לְפָנָיו דְּלָתַיִם, וּשְׁעָרִים לֹא יִסָּגֵרוּ.
|
1 Ainsi parle Yahvé à son Messie, à Cyrus je l’ai pris par la main pour mettre les nations à ses pieds et délier les ceintures des rois, pour ouvrir devant lui les battants et empêcher que les portes lui soient fermées
|
On note que Moïse dans Exode III n’est pas présenté comme un Hébreu, pas plus que ne l’est le roi de Perse Cyrus ou Joseph et quant à Jésus, sa dimension divine, déjà attestée dans Mathieu I, le place en marge du peuple juif, ce qui le fait correspondre virtuellement au modèle « Cyrus ».
Mais pourquoi le Deutéro-Isaïe, en son chapitre 45, où il est question du roi de Perse qui va reconduire les Judéens dans leur « patrie » fait-il référence à Israël ? Il y a là quelque forme d’anachronisme et on flaire une interpolation. Selon nous, ce serait la preuve que les Livres Prophétiques auraient été retouchés au profit du Royaume du Nord ou en tout cas cela vaut pour les additions au Livre d’Isaïe à partir du chapitre 40. En fait, tout indique que le Deutéro Isaie est marqué par le Royaume d’Ephraïm (un des fils de Joseph) et non par celui de Juda . Le Deutéro Isaie met en orbite, selon nous, le « Messie fils de Joseph » et Jésus semble avoir voulu correspondre à un tel profil lié à la résurgence des « tribus (brebis) perdues »
Le Deutéro-Isaie –qui vient se greffer sur les 39 premiers chapitres du Livre d’Isaie – comme le Nouveau Testament sur le « Premier »- nous apparait comme une clef essentielle pour circonscrire le personnage de Jésus.
Il y est question de « ramener Jacob et grouper Israël autour de lui (..) relever les tribus de Jacob et rétablir les ruines d’Israel » On devine que celui qui aura pour tâche de mener à bien une telle mission est un Messie/ Il s’agit de « libérer Israël ».
Isaie chapitre 49
ג וַיֹּאמֶר לִי, עַבְדִּי-אָתָּה–יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר-בְּךָ אֶתְפָּאָר.
|
3 Et il m’a dit: « Tu es mon serviteur; Israël, c’est par toi que je me couvre de gloire. »
|
ד וַאֲנִי אָמַרְתִּי לְרִיק יָגַעְתִּי, לְתֹהוּ וְהֶבֶל כֹּחִי כִלֵּיתִי; אָכֵן מִשְׁפָּטִי אֶת-יְהוָה, וּפְעֻלָּתִי אֶת-אֱלֹהָי. {ס}
|
4 Cependant moi je pensais: « En vain je me suis fatigué, c’est pour le vide et le néant que j’ai dépensé ma force. » Mais non, mon droit est auprès de l’Eternel, et ma récompense auprès de mon Dieu.(Elohay)
|
ה וְעַתָּה אָמַר יְהוָה, יוֹצְרִי מִבֶּטֶן לְעֶבֶד לוֹ, לְשׁוֹבֵב יַעֲקֹב אֵלָיו, וְיִשְׂרָאֵל לא (לוֹ) יֵאָסֵף; וְאֶכָּבֵד בְּעֵינֵי יְהוָה, וֵאלֹהַי הָיָה עֻזִּי.
|
5 Et maintenant, s’adressant à moi, l’Eternel qui m’a créé pour être son serviteur, pour lui ramener Jacob et grouper Israël autour de lui car grand est mon prix aux yeux de Yahwé et mon Dieu (Elohei) est ma force,
|
ו וַיֹּאמֶר, נָקֵל מִהְיוֹתְךָ לִי עֶבֶד, לְהָקִים אֶת-שִׁבְטֵי יַעֲקֹב, ונצירי (וּנְצוּרֵי) יִשְׂרָאֵל לְהָשִׁיב; וּנְתַתִּיךָ לְאוֹר גּוֹיִם, לִהְיוֹת יְשׁוּעָתִי עַד-קְצֵה הָאָרֶץ. {ס}
|
6 (Yahwé) me dit: « C’est trop peu que tu sois mon serviteur, pour relever les tribus de Jacob et rétablir les ruines d’Israël; je veux faire de toi la lumière des nations, mon instrument de salut jusqu’aux confins de la terre. »
|
ז כֹּה אָמַר-יְהוָה גֹּאֵל יִשְׂרָאֵל קְדוֹשׁוֹ, לִבְזֹה-נֶפֶשׁ לִמְתָעֵב גּוֹי לְעֶבֶד מֹשְׁלִים, מְלָכִים יִרְאוּ וָקָמוּ, שָׂרִים וְיִשְׁתַּחֲווּ–לְמַעַן יְהוָה אֲשֶׁר נֶאֱמָן, קְדֹשׁ יִשְׂרָאֵל וַיִּבְחָרֶךָּ. {ס}
|
7 Ainsi parle Yahwé, le libérateur d’Israël, son Saint, à celui qui est un objet de mépris pour les hommes, de répulsion pour les peuples, à l’esclave des puissants: « Des rois, en le voyant, se lèveront, des princes se prosterneront, par égard pour Yahwé qui est fidèle à ses promesses, du Saint d’Israël qui t’a élu. »
|
. En ce sens l’empire britannique ferait pendant pour la maison d’Israel à l’empire perse pour les Judéens. En ce qu’il ramène les Hébreux -cf la Déclaration Balgour comparable à l’édit de Cyrus- vers leur Terre à l’instar d’un Cyrus et de son calque Moïse.
Le Deutéro Isaie est à relier au Deutéronome tout comme au Nouveau Testament, qui ne serait en fait qu’un Deutéro-Testament.
N’est ce point dans le Deutéronome que l’on trouve la formule « Shéma Israel » au chapitre VI. ?
Deutéro Isaie ch 41
ח וְאַתָּה יִשְׂרָאֵל עַבְדִּי, יַעֲקֹב אֲשֶׁר בְּחַרְתִּיךָ; זֶרַע, אַבְרָהָם אֹהֲבִי.
|
8 Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob, mon élu, postérité d’Abraham qui m’aimait,
|
Deutéronome VI
ג וְשָׁמַעְתָּ יִשְׂרָאֵל, וְשָׁמַרְתָּ לַעֲשׂוֹת, אֲשֶׁר יִיטַב לְךָ, וַאֲשֶׁר תִּרְבּוּן מְאֹד: כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֶיךָ, לָךְ–אֶרֶץ זָבַת חָלָב, וּדְבָשׁ. {פ}
|
3 Tu écouteras( Veshemata) donc, Israël, et tu observeras avec soin, afin de prospérer et de multiplier sans mesure, ainsi que l’Éternel, Dieu de tes pères, te l’a promis, dans ce pays ruisselant de lait et de miel.
|
ד שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד.
|
4 Ecoute, Israël: (Shéma Israel) l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un (Ehad)!
|
Cette affirmation d’unité vise selon nous à valider l’idée que le Dieu de Juda ne ferait qu’un avec celui d’Israël, ce qui annonce les revendications chrétiennes de l’Epitre de Paul aux Ephésiens. En vérité, on ne trouve point dans les 39 premiers chapitres d’Isaïe de telles références à Israël et c’est d’ailleurs, ce qui a conduit les historiens à parler d’un Deutéro-Isaïe. La question de l’alliance se pose donc à la fois au niveau diachronique –par le biais de la Nouvelle Alliance – mais aussi au niveau synchronique quant aux populations qui sont concernées. Or, selon nous, les populations d’Israël n’ont pas le même statut que celles de Juda lesquelles ont été sauvées à la différence de celles d’Israël.
Mais revenons sur l’occurrence du Livre de la Genèse, où Jacob devient Israël
כח וַיֹּאמֶר אֵלָיו, מַה-שְּׁמֶךָ; וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב.
|
28 Il lui dit alors: « Quel est ton nom? » Il répondit: « Jacob. »
|
כט וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ–כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל: כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל.
|
29 Il reprit: « Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines et tu es resté fort. »
|
Or, l’on nous explique que ce surnom est donné à Jacob parce qu’il est « resté fort ». Le nom même d’Israël correspond à une racine fort peu usitée. A contrario, le nom du prophète Ezéchiel est constitué du mot » Hazak » חזק qui signifie « fort » et de EL, Dieu. D’où Iehezkiel, יְחֶזְקֵאל ; Or, le Livre d’Ezéchiel annonce la restauration d’Israël
Chapitre XI d’Ezéchiel :
Ezéchiel
Ch. XXXVI
א וְאַתָּה בֶן-אָדָם, הִנָּבֵא אֶל-הָרֵי יִשְׂרָאֵל; וְאָמַרְתָּ–הָרֵי יִשְׂרָאֵל, שִׁמְעוּ דְּבַר-יְהוָה.
|
1 Or toi, fils de l’homme, prophétise sur les montagnes d’Israël (Harey Israel) et dis-leur: Montagnes d’Israël, écoutez la parole de l’Eternel!
|
On retrouve ici le pluriel du « Shéma Israël », Ecoute Israël. En fait, le personnage d’Ezéchiel est missionné pour mettre en garde les gens du Royaume d’Israël Un autre prophète porte le nom de « El », c’est Daniel., ce qui n’est le cas ni d’Isaïe, ni de Jérémie qui comportent « Iahou » (Yahwé)
Ch. XXXVII
יא וַיֹּאמֶר, אֵלַי, בֶּן-אָדָם, הָעֲצָמוֹת הָאֵלֶּה כָּל-בֵּית יִשְׂרָאֵל.
|
11 Alors il (Yahvé) me dit: « Fils de l’homme, (Ben Adam) ces ossements, c’est toute la maison d’Israël (Beyt Israël).
|
Or, on trouve des similitudes entre les deux livres, notamment à propos des « Hayoth » au chapitre VII de Daniel (en araméen) : on note que dans certaines bibles (cf. Société Biblique de Genève), le livre de Daniel suit immédiatement celui d’Ezéchiel.
ג וְאַרְבַּע חֵיוָן רַבְרְבָן, סָלְקָן מִן-יַמָּא, שָׁנְיָן, דָּא מִן-דָּא.
|
3 Et quatre bêtes énormes surgirent du fond de la mer, différentes l’une de l’autre.
|
ד קַדְמָיְתָא כְאַרְיֵה, וְגַפִּין דִּי-נְשַׁר לַהּ; חָזֵה הֲוֵית עַד דִּי-מְּרִיטוּ גפיה (גַפַּהּ) וּנְטִילַת מִן-אַרְעָא, וְעַל-רַגְלַיִן כֶּאֱנָשׁ הֳקִימַת, וּלְבַב אֱנָשׁ, יְהִיב לַהּ.
|
4 La première était semblable à un lion (Arié) et avait des ailes d’aigle (Nésher); tandis que je regardais, les ailes lui furent arrachées, elle fut soulevée de terre, redressée sur ses pieds comme un homme (Enash), et elle reçut un cœur d’homme.
|
Ezéchiel Ch. Ier
וּדְמוּת פְּנֵיהֶם, פְּנֵי אָדָם, וּפְנֵי אַרְיֵה אֶל-הַיָּמִין לְאַרְבַּעְתָּם, וּפְנֵי-שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאול לְאַרְבַּעְתָּן; וּפְנֵי-נֶשֶׁר, לְאַרְבַּעְתָּן.
|
10 Quant à la forme de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d’homme (Adam) et à droite une face de lion (Arié), toutes quatre une face de taureau (Shor) à gauche et toutes quatre une face d’aigle (nésher)
|
On est là dans un processus d’antidatation que nous avons bien étudié à propos des Centuries de Nostradamus (cf. . tome III) En effet, Cyrus le Perse, est envoyé vers le peuple hébreu à l’instar de Moïse l’Egyptien et il sera salué en tant que Messie
En effet, le statut particulier de Moise ne s’explique pas autrement qu’en revenant à la source non pas en amont mais en aval ! En fait, il est plus que probable que le personnage ait été calqué sur celui de Cyrus tout comme d’ailleurs celui de Jésus. A partir d’une matrice, l’on met ainsi en scène à la fois en amont et en aval des personnages de sauveurs qui ne sont en réalité que des calques virtuels ce qui produit un tissu historique fictif à l’instar de quelque sculpture élaborée à partir de quelque matériau.
Dieu à Moise Exode III
י וְעַתָּה לְכָה, וְאֶשְׁלָחֲךָ אֶל-פַּרְעֹה; וְהוֹצֵא אֶת-עַמִּי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם.
|
10 Et maintenant va, je te délègue vers Pharaon; et fais que mon peuple (et Ami), les enfants d’Israël, sortent de l’Égypte. »
|
Il ne dit pas « ton peuple » mais « mon peuple », même s’il y eut des interpolations pour estomper ce point problématique :
Dieu à Cyrus :
Isaïe ch. 45
ד לְמַעַן עַבְדִּי יַעֲקֹב, וְיִשְׂרָאֵל בְּחִירִי; וָאֶקְרָא לְךָ בִּשְׁמֶךָ, אֲכַנְּךָ וְלֹא יְדַעְתָּנִי.
|
4 C’est en faveur de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu (Behiri), que je t’ai appelé par ton nom, que je t’ai décerné un titre, bien que tu ne me connusses pas
|
Cette alliance (Brit), c’est celle qui se noue avec Dieu mais aussi entre ces deux communautés longtemps séparées. D’où la parabole des « bois » :
Jérémie ch. 50, 12 « En ces jours, en ce temps-là, dit l’Eternel, les enfants d’Israël et les enfants de Juda reviendront ensemble ; ils marcheront en pleurant, et ils chercheront l’Eternel, leur Dieu. Ils s’informeront du chemin de Sion, ils tourneront vers elle leurs regards, venez, attachez-vous à l’Eternel, par une alliance éternelle qui ne soit jamais oubliée ! » Ici le mot ‘alliance » désigne la réunion d’Israël et de Juda et non celle entre les Hébreux et leur dieu
Ezéchiel ch. XXXVII, 16-21: « Et toi, fils de l’homme ( Ben Adam), prends une pièce de bois, et écris dessus : Pour Juda et pour les enfants d’Israël qui lui sont associés. Prends une autre pièce de bois, et écris dessus : Pour Joseph, bois d’Ephraïm et de toute la maison d’Israël qui lui est associée. Rapproche-les l’une et l’autre pour en former une seule pièce, en sorte qu’elles soient unies dans ta main ; Et lorsque les enfants de ton peuple te diront : Ne nous expliqueras-tu pas ce que cela signifie ? Réponds-leur : Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel : Voici, je prendrai le bois de Joseph qui est dans la main d’Ephraïm, et les tribus d’Israël qui lui sont associées ; je les joindrai au bois de Juda, et j’en formerai un seul bois, en sorte qu’ils ne soient qu’un dans ma main… Et tu leur diras Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel : Voici, je prendrai les enfants d’Israël du milieu des nations où ils sont allés, je les rassemblerai de toutes parts, et je les ramènerai dans leur pays ».
On note que le terme « enfants d’Israël » (Benéi Israel) n’englobe pas les enfants de Juda (Benei yehouda » dans le Livre de l’Exode.
Jérémie XXXII, 30 :
כִּי-הָיוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל וּבְנֵי יְהוּדָה, אַךְ עֹשִׂים הָרַע בְּעֵינַי–מִנְּעֻרֹתֵיהֶם: כִּי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אַךְ מַכְעִסִים אֹתִי בְּמַעֲשֵׂה יְדֵיהֶם–נְאֻם-יְהוָה.
|
30 Car les enfants d’Israël et les enfants de Juda se sont plu, depuis leur jeune âge, à faire ce qui est mal à mes yeux; les enfants d’Israël n’ont su que m’offenser par l’œuvre de leurs mains, dit l’Eternel.
|
Livre des Juges ch. XIII
א וַיֹּסִיפוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לַעֲשׂוֹת הָרַע בְּעֵינֵי יְהוָה; וַיִּתְּנֵם יְהוָה בְּיַד-פְּלִשְׁתִּים, אַרְבָּעִים שָׁנָה. {פ}
|
1 Les enfants d’Israël recommencèrent à déplaire au Seigneur, et celui-ci les soumit aux Philistins durant quarante années.
|
Ezéchiel Ch. 22
כב וְעָשִׂיתִי אֹתָם לְגוֹי אֶחָד בָּאָרֶץ, בְּהָרֵי יִשְׂרָאֵל, וּמֶלֶךְ אֶחָד יִהְיֶה לְכֻלָּם, לְמֶלֶךְ; וְלֹא יהיה- (יִהְיוּ-) עוֹד לִשְׁנֵי גוֹיִם, וְלֹא יֵחָצוּ עוֹד לִשְׁתֵּי מַמְלָכוֹת עוֹד.
|
Je les constituerai en nation unie (Ehad) dans le pays, sur les montagnes d’Israël; un seul (Ehad) roi sera le roi d’eux tous: ils ne formeront plus deux (Shnéi) peuples et ils ne seront plus, plus jamais, fractionnés en deux (Shnéi) royaumes.
A rapprocher de la formule du « Shéma »
|
Shemâ, Israël, Adonaï Elo-henou, Ado-naï Ehad’
|
שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד
|
|
|
|
il y a en contrepartie le rejet du 2 (shéni) : on ne parlera plus, à l’avenir, de deux peuples, de deux royaumes. D’ailleurs, le Livre des Rois restitue aussi bien la série des rois d’Israel que celle des rois de Judah, notamment à patir du chapitre XIII. Il est vrai que cette rédaction se produit avec un décalage considérable dans le temps, puisqu’elle ne se serait opéré que durant l’exil de Babylone au Vie siècle avant JC, bien après la disparition du Royaume d’Israël. On se sert d’annales (Sefer Divrai Hayamim leMalkhey Israel):
Livre des Rois, I, chapitre XXII
לט וְיֶתֶר דִּבְרֵי אַחְאָב וְכָל-אֲשֶׁר עָשָׂה, וּבֵית הַשֵּׁן אֲשֶׁר בָּנָה, וְכָל-הֶעָרִים, אֲשֶׁר בָּנָה: הֲלוֹא-הֵם כְּתוּבִים, עַל-סֵפֶר דִּבְרֵי הַיָּמִים–לְמַלְכֵי יִשְׂרָאֵל.
|
39 Le reste de l’histoire d’Achab et tous les faits accomplis par lui, la construction du palais d’ivoire et des villes qu’il avait bâties, tout cela est consigné dans les annales des rois d’Israël. |
On note que le Shéma n’évoque même pas expressément cette dualité qui doit se changer en unité, ce qui fausse quelque peu le débat,- mais la présence du Ehad est paradoxalement le signe d’une volonté, d’une attente d’union à venir si ce n’est en combinant de façon assez confuse Yahvé et Elohim (cf la comparaison avec le texte du Livre d’Ezéchiel). En fait, le plus frappant tient à ce Elohénou, qui est décalé par rapport au contenu d’Exode III, où il est patent que Moïse ne s’identifie aucunement ni n’est identifié avec le peuple Hébreu et donc « notre Dieu » est en porte à faux.
Exode III
טו וַיֹּאמֶר עוֹד אֱלֹהִים אֶל-מֹשֶׁה, כֹּה-תֹאמַר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב, שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם; זֶה-שְּׁמִי לְעֹלָם, וְזֶה זִכְרִי לְדֹר דֹּר.
|
15 Dieu dit encore à Moïse: « Parle ainsi aux enfants d’Israël: ‘L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’envoie vers vous.’ Tel est mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges.
|
טז לֵךְ וְאָסַפְתָּ אֶת-זִקְנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם נִרְאָה אֵלַי, אֱלֹהֵי אַבְרָהָם יִצְחָק וְיַעֲקֹב, לֵאמֹר: פָּקֹד פָּקַדְתִּי אֶתְכֶם, וְאֶת-הֶעָשׂוּי לָכֶם בְּמִצְרָיִם.
|
16 Va rassembler les anciens d’Israël et dis-leur: ‘L’Éternel, Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’est apparu en disant: J’ai fixé mon attention sur vous et sur ce qu’on vous fait en Égypte
|
Certes, on aura voulu donner le change en interpolant le texte suivant : « la Divinité de ton père » alors que le verset suivant exclue Moïse « j’ai vu l’humiliation de mon peuple ».
וַיֹּאמֶר, אָנֹכִי אֱלֹהֵי אָבִיךָ, אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק, וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב; וַיַּסְתֵּר מֹשֶׁה, פָּנָיו, כִּי יָרֵא, מֵהַבִּיט אֶל-הָאֱלֹהִים.
|
6 Il ajouta: « Je suis la Divinité de ton père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob… » Moïse se couvrit le visage, craignant de regarder le Seigneur.
|
ז וַיֹּאמֶר יְהוָה, רָאֹה רָאִיתִי אֶת-עֳנִי עַמִּי אֲשֶׁר בְּמִצְרָיִם; וְאֶת-צַעֲקָתָם שָׁמַעְתִּי מִפְּנֵי נֹגְשָׂיו, כִּי יָדַעְתִּי אֶת-מַכְאֹבָיו.
|
7 L’Éternel poursuivit: « J’ai vu, j’ai vu l’humiliation de mon peuple qui est en Égypte; j’ai accueilli sa plainte contre ses oppresseurs, car je connais ses souffrances.
|
Pourquoi ce « Ehad » qui laisse entendre l’affirmation d’une unité, ce qui est toujours l’aveu d’une division que l’on prétend pouvoir dépasser ?Le monothéisme s’originerait dans des enjeux politiques plus que théologiques et ne serait donc guère exportable en dehors de la sphère hébraïque ! Il est à craindre que le monothéisme n’ait été récupéré, instrumentalisé par la philosophie grecque. Au bout du compte, la question du « dieu unique » ne serait pas si centrale que cela pour la théologie juive. Le judaïsme, selon nous, s’articule autour de la présence juive au monde, de sa centralité solaire –on préférera dire au centre qu’au milieu des nations-, bien plus qu’à celle d’un Dieu dont il faudrait célébrer l’unicité. Il convient de comprendre que tout système exige qu’il y ait un centre et tout indique que Dieu ne peut en changer, d’où le sens du message de Jérémie où il n’est nullement envisagé de changement d’alliance mais au contraire instauré son resserrement et donc son renforcement. Il y a là la manifestation d’une relation cyclique : on ne compte pas les passages où Dieu parle d’un retour (shouv, od), d’un futur qui ne fait sens que parce qu’il tranche avec le passé :
Zacharie, VIII
|
ג כֹּה, אָמַר יְהוָה, שַׁבְתִּי אֶל-צִיּוֹן, וְשָׁכַנְתִּי בְּתוֹךְ יְרוּשָׁלִָם; וְנִקְרְאָה יְרוּשָׁלִַם עִיר הָאֱמֶת, וְהַר-יְהוָה צְבָאוֹת הַר הַקֹּדֶשׁ. {ס} |
3 Ainsi parla Yahvé: « Je suis revenu (shavti) à Sion, et j’ai rétabli ma demeure au milieu de Jérusalem. Jérusalem « cité de la vérité » et la montagne de l’Eternel-Cebaot « la montagne sainte. » |
ד כֹּה אָמַר, יְהוָה צְבָאוֹת, עֹד יֵשְׁבוּ זְקֵנִים וּזְקֵנוֹת, בִּרְחֹבוֹת יְרוּשָׁלִָם; וְאִישׁ מִשְׁעַנְתּוֹ בְּיָדוֹ, מֵרֹב יָמִים. |
4 Ainsi parle l’Eternel-Cebaot: « De nouveau des vieux et des vieilles seront assis sur les places de Jérusalem, tous un bâton à la main à cause de leur grand âge. |
ה וּרְחֹבוֹת הָעִיר יִמָּלְאוּ, יְלָדִים וִילָדוֹת, מְשַׂחֲקִים, בִּרְחֹבֹתֶיהָ. {ס} |
5 Et les places de la cité seront pleines de jeunes garçons et de jeunes filles qui s’ébattront sur ces places. » |
Et c’est bien là justement que le christianisme commet un grave contresens d’ordre théologique ! L’alliance de Dieu – quelle qu’en soit la définition et la composition par delà toute idée dévoyée de monothéisme- avec l’humanité toute entière exige qu’il y ait un centre et une périphérie. En ce sens, toute tentative de remise en question d’un tel ordre des choses relève de la subversion, d’un refus démagogique de centralité. Affirmer que le judaïsme aurait donné le monothéisme au monde nous apparait paradoxalement comme une tentative de déni de son apport dans la mesure où l’idée d’un dieu universel échapperait ipso facto à tout apport spécifique du judaïsme. C’’est bien là le syndrome de l’emprunteur que d’être tenté d’objectiver l’emprunt aux fins de déposséder celui auquel il est emprunté. C’est réduire la transcendance à de l’immanence. Or, l’idée actuelle de monothéisme semble dérisoire et s’apparente à une forme de banal théisme. En attribuer la paternité au judaïsme est une escroquerie intellectuelle.
D’aucuns ont besoin d’un dieu omniprésent, omnipotent pour s’en servir de levier pour précariser le « centre », ce qui est suicidaire. On ne peut s’empêche de songer à la mère qui a perdu son enfant et qui voudrait bien que l’autre mère le perdît également ! (cf. le jugement de Salomon -Premier Livre des Rois (3, 16-28)) On ne saurait, en effet, faire – par le recours au déni- l’économie d’un centre (cf. notre tome II)
On notera que l’image du « pasteur » dans l’Évangile, gardien vigilant de son « troupeau », de ses « ouailles » (brebis, ovins) renvoie à la notion de maisonnée, comme celle de « peuple » dans le Livre de l’Exode, c’est à dire de demos, en grec, à distinguer d’ethnos : l’un s’oppose au chef, l’autre à un autre peuple. En hébreu, l’on trouve respectivement Am et Goy. Dans l’Évangile selon Jean (Ch. XIV, 2), il est dit « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. ». La notion de maisonnée implique, en effet, de savoir traiter de la diversité. Cela recoupe, jusqu’à un certain point, celle d’imperium, dans le Traité Politique de Spinoza. (cf. Ivan Segré Judaisme et Révolution, Ed La Fabrique, 2014, pp. 118 et seq)
Certes, l’écologie tend–elle, à bon droit, à nous sensibiliser à notre environnement « naturel », aux menaces sur le climat. Mais comment pourrait-on ignorer la problématique de la maisonnée, en rappelant que le mot écologie vient d’un mot grec qui signifie maison ? Force est de constater que l’humanité est confrontée à d’autres enjeux que ceux désignés par l’écologie officielle. En ce sens, l’écologie de la maisonnée se rapproche-t-elle assez évidemment du discours religieux. Il importe, en tout état de cause, de mettre en évidence des rapports entre des objets manifestement différents, sans se laisser dérouter par les inévitables différences qui ne manquent jamais de se produire, à partir d’une seule et même source..
Le mot maison fait songer au métier de maçon (que l’anglais a repris sous la forme « mason ») et bien entendu nous n’ignorons pas l’existence de la franc-maçonnerie, laquelle se réfère au Temple désigné en hébreu par le mot ‘Bayit » (que l’on retrouve dans Bethléem, la maison du pain) qui signifie « maison » -ce qui a donné la lettre grecque Bêta, ancêtre de notre « B » (on parle d’ailleurs d’un alphabet). La « maison » est bien évidemment partie de notre maisonnée ! Le terme « meuble » (et son complément immeuble (immobilier) d’où mobile et immobile, ce qui vaut pour distinguer planète et étoile (dite fixe), dans le ciel) appartient à ce même champ sémantique autour de la maisonnée : ne dit-on pas qu’Un tel « fait partie des meubles »
Mais n’est-ce pas l’homme lui-même qui construit la maison dans laquelle il va demeurer ? Cette maisonnée n’est-elle pas la création de l’homme. ? Cela vaut certainement pour tout son environnement technique qui n’existerait pas sans son génie, son ingéniosité, sa créativité. Ce qui tourne autour de l’homme nous semble bien en émaner, ou en tout cas avoir été repensé par lui (cf. Nature et Artifice. L’homme face à l’évolution de sa propre essence, dir . Edgardo D . Carosella, Paris, Ed. Hermann, 2014). A propos de technologie et notamment de biotechnologie, l’on se demandera si le problème n’est pas moins ce qui nous attend que ce qui s’est déjà engagé il y a déjà bien longtemps et qui marque notre Humanité actuelle. C’est notre passé qui est à découvrir et à assumer plutôt que notre avenir à construire. Les dieux (Elohim) ne seraient finalement qu’une humanité supérieure, un « Surhomme »- dotée d’une technologie extrêmement avancée- surtout si on la situe des millénaires en arrière– on pense au clonage qui est selon nous mis en scène, dès les premiers chapitres de la Genèse : »Le Seigneur Dieu fit tomber dans une torpeur l’homme qui s’endormit ; il prit l’une de ses côtes et referma les chairs à sa place. Le Seigneur Dieu (Yahvé-Elohim, sic) transforma la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena. L’homme s’écria « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair ; celle-ci, on l’appellera femme car c’est de l’homme qu’elle a été prise ». » (Genèse, 2, 21-24). On voit bien ici que l’on n’assiste pas à la création d’une femme, au sens où on l’entendra par la suite, mais d’un clone, issu d’Adam et donc avec lequel il n’est pas censé avoir de rapports sexuels. C’est une sorte de duplication d’Adam. Il faut comprendre que dans ce chapitre, on assiste à la mise en place de la maisonnée, c’est à dire de tout ce qui est voué à accompagner, à entourer Adam et dont la Isha n’est qu’un des éléments aux côtés des animaux « domestiques » et des machines, qui « sortent » d’Adam puisqu’il les fabrique, ce qui ne signifie nullement qu’elles soient de même nature que lui. Selon nous, il y aurait d’une part un être complet, adamique, à la fois mâle et femelle et de l’autre un être ne comportant qu’une partie femelle étant entendu que le facteur femelle de l’homme adamique n’est pas du même ordre, du fait même de son articulation sur le facteur mâle, que le facteur femelle de la « isha »lequel se développe sans sa contrepartie masculine, donc de façoo exacerbée… Rappelons que dans la mythologie grecque, Pandora aurait été créée par les dieux aux fins de troubler les hommes (cf Denis Lindon, Les dieux s’amusent, Paris, Flammarion)
Il convient de remarquer que le récit de la Création du chapitre premier de la Genèse ne mentionne aucune machine, aucun objet, on reste dans le domaine de la Science alors que le chapitre deuxième bascule dans la technologie, dans la « fabrication » (Yetsira), ce qui correspond à une sorte de création en second imparti à l’Homme – par un dieu qui peut être rebelle face au dieu primordial. Certes, ce dieu (qui porte le nom étrange de Yahvé Elohim) aide-t-il Adam à« accoucher » de la femme (Isha) mais cela n’en reste pas moins la première création d’Adam, issue de lui-même, et en ce sens il est erroné de dire que « Dieu créa la femme ». D’où l’expression « avec l’aide de Dieu (BeEzrat HaShem) qui équivaut chez les Juifs à l’Inshallah des Musulmans. Aide -toi, le ciel t’aidera. Il y a ce que Dieu a créé et ce que l’homme a façonné avec son aide, à savoir tout ce qui est fabriqué, manufacturé, et qui n’appartient pas au monde de la Briah mais de la Yetsira.
La Bible nous rapporte que David et Salomon furent victimes de leur trop grande écoute des femmes, notamment dans le domaine du religieux avec l’intrusion de nouveaux dieux.
.Que celui qui n’a jamais péché dans ce sens lui jette la première pierre. Elohim nous apparaît ainsi comme le grand tentateur et Adam aurait dû refuser ce cadeau empoisonné, c’est bien là son vrai péché originel qui parcourt toute l’Histoire de l’Humanité et dont le Shabbat nous enjoint de nous démarquer. La construction de la Tour de Babel (le XIe (et dernier, selon notre thèse)) chapitre de la Genèse s’achève là-dessus) correspond d’ailleurs à cette attirance pour les objets extérieurs et cela a conduit Élohim à vouloir diviser pour régner en chargeant son Fils de protéger le peuple hébreu et l’on ouvre alors le premier volet de l’Exode -du moins selon notre analyse- qui débute par la rencontre de Yahvé avec Abram -le futur Abraham). La critique biblique avait signalé l’usage alternatif d’Élohim et de Yahvé , mais en réalité, Élohim laisse bel et bien la place à Yahvé– ce qui correspond à ce que nous appelons la phase « yin » et cela correspond au passage du Père au Fils, terminologie malheureusement refusée par les Juifs qui assimilent purement et simplement l’un à l’autre tout comme d’ailleurs le font les Chrétiens qui voient dans Jésus le fils d’un Élohim/Yahvé qui aurait changé d’alliance alors que selon nous Jésus est le frère de Yahvé& d, tous deux fils d’Élohim, le Père. Ce n’est pas une Alliance Renouvelée mais une autre alliance émanant d’une autre entité. On regrettera que les Juifs quand ils s’adressent à« Dieu », font de Yahvé celui qui a créé tout l’Univers, confondant ainsi le père et le fils, la source et les fleuves qui en émanent car si l’on peut comprendre qu’un fils se soit rapproché d’un peuple, il serait scandaleux, théologiquement, que le Père eut pu agir ainsi. Tout se passe en fait comme si le début du Pentateuque traitait d’Elohim, de l’Univers, de l’Humanité toute entière alors que la suite du Pentateuque campe Yahvé. On notera que le Chéma (Ecoute) Israël n’emprunte aucun passage au Livre de la Genèse. Selon nous, il ne s’agit ni de revenir aux origines, ni de se projeter sur la « fin des temps » mais de s’en tenir à un « juste milieu » qui ne saurait être écrasé par ces deux « infinis ». C’est dans cet « entre-deux » que nous situons une approche saine du . Il en est de même (cf. infra) dans le domaine linguistique, il ne s’agit ni de remonter au Déluge, à une langue « première », ni de basculer dans une modernité pratiquant la fuite en avant mais de là encore se situer dans un temps moyen, ce qui est le cas du français, qui ne saurait se réduire ni au latin ni laisser sa place à l’anglais, comme le voudrait un certain discours identitaire en vogue chez les anglophones. Il semble qu’il faille des étrangers pour parvenir à changer un tel discours, si complaisant et dans le déni de la réalité Quand Jésus s’écrie « Père (Aba) pourquoi m’as-tu abandonné? » Que faut-il comprendre ? Rappelons tout de même que Jésus est né Juif et que le premier commandement enjoint de ne pas adorer d’autre(s) dieu(x) que Yahvé ce qui vise selon nous les frères du dit Yahvé. Mais ces frères sont-ils bien les enfants d’Elohim ? Nous penserions plutôt qu’ils appartiennent à un tout « autre monde », celui de l’astral, des « esprits » et l’expression Esprit Saint ou Saint Esprit (cf. l’hébreu Rouah haKodesh) irait assez dans ce sens. Yahvé aurait été instrumentalisé, « choisi » par les Hébreux parmi les autres esprits et »entités et instrumentalisé pour devenir leur « dieu ». Car une chose est de parler d’instrumentalisation, une autre en amont de déterminer ce qui a pu être ainsi instrumentalisé et qui peut avoir une existence propre tout comme les astres existent en dehors de l’astrologie..
Il est temps de réintégrer la dialectique entre le monde des vivants et celui des morts. Le Dieu du premier chapitre de la Genèse appartient au monde des vivants, de chair et d’os mais il ne nous semble pas en revanche que le Dieu qui se présente à Moise est une quelconque « incarnation ». Il ne saurait donc être le « fils des Elohim », car il est d’une autre nature. Il y a donc bien là un nœud théologique qu’il conviendrait de défaire.
Quant à Jésus, il est présenté à la fois comme roi des Juifs et comme fils de Dieu’(cf. Évangile Luc, I, 35) ce qui le place des deux côtés de la barrière ! On peut dire en tout cas que les Juifs qui adorent Jésus comme fils de Dieu ne respectent pas le premier commandement, dès lors que l’on admet que Yahvé et Jésus sont en concurrence, comme le seraient deux prétendants à un même trône, ce qui s’est présenté bien souvent dans l’Histoire des monarchies et des empires. Par cette plainte, Jésus ne reconnaît-il pas que le Père aurait préféré, en dernière instance, son frère Yahvé en ne le sauvant pas-du moins à cet instant – comme cela fut le cas pour Isaac- de la mort? A ce propos, l’on est tenté de considérer le chapitre IV de la Genèse comme mettant en scène une telle rivalité entre deux membres d’un même groupe, à savoir les « esprits »», : Caïn tue(crucifiant) Abel et ayant des comptes à rendre au Père, Élohim, (par erreur c’est le nom de Yahvé qui ici apparaît) qui les aurait engendrés en s’unissant à Eve à la place d’Adam. On pense immédiatement à la naissance de Jésus, Marie étant fécondée par un autre que Joseph, son fiancé prévu. Ce chapitre pourrait être calqué sur l’épisode de l’Exode, au cours duquel Moïse tue un Égyptien. (H II). On sait que les faussaires ne se fatiguent pas à inventer de toutes pièces mais sont souvent tentés de recycler des textes disponibles même dans des contextes très différents. On pourrait certes, tenir le raisonnement inverse et soutenir que c’est l’histoire de Moïse qui, ici, aurait emprunté à celle de Caïn au prétexte que l’une est plus tardive que l’autre mais il faudrait être bien naïf pour croire que le récit biblique s’écrit en temps réel.
Mais il arrive, comme nous l’avons montré dans notre thèse d’État, que ce qui est le plus ancien se révèle en réalité plus tardif. On parle alors de contrefaçons antidatées. Nous pensons que le chapitre IV du Livre de la Genèse est en fait calqué sur la naissance miraculeuse de Jésus et non l’inverse. Ce chapitre est un élément de ce que nous proposons d’appeler un Pentateuque christianisé, ce qui fait sens puisque sous le nom de Bible, les Chrétiens désignent bel et bien l’Ancien et le Nouveau Testament et qu’ils trouvent dans l’Ancien Testament des éléments qui viennent annoncer l’avènement de Jésus. On notera que la façon dont Élohim est désigné au chapitre IV est tout à fait décalée par rapport aux neuf premiers chapitres de la Genèse puisque Élohim y est remplacé par Yahvé alors que la forme Yahvé« tout court » n’apparaît qu’au XIe chapitre, avec la Tour de Babel.(au verset 8) Le problème, c’est que cette Bible chrétienne a été adoptée sans sourciller par le canon juif ! Bien évidemment, Caïn qui tue Abel fait référence à Jésus crucifié par ses « frères », les Juifs , lequel Caïn est maudit par ce Yahvé , comme le rappelle un Victor Hugo. Mais un exemple encore plus frappant d’antidatation éhontée , d’origine israélite, concerne le Livre de l’Exode (cf. Tome Ier) et l’invention de la Sortie d’Egypte des Fils d’Israël calquée sur celle des Judéens de Babylone, Moise l’Egyptien jouant ici le rôle d’un proto-Cyrus Perse. L’archéologie égyptienne ne semble guère au demeurant disposée à valider un tel subterfuge et les rares indices concordants semblent avoir été placés délibérément/ Il faut en effet comprendre que l’antidatation exige une certaine quantité et qualité d’informations susceptibles de conférer au document un certain cachet d’authenticité tant et si bien que le chercheur sera tout heureux de relever les traces qu’on aura servies et disposées complaisamment sur sa route. On pense à la fable du Petit Poucet. En fait, un tel procédé passe par une instrumentalisation : le prétendu récepteur devient en fait celui qui fixe les règles du jeu, à sa guise. Une autre erreur courante consiste à croire que parce qu’l’on se sert de tel ou tel référentiel, c’est que l’on adhère à ses fondements. Or, le recours à tel mode de calcul est le plus souvent parfaitement arbitraire, comme lorsque l’on célèbre le Nouvel An, à partir d’un comput chrétien
En ce qui concerne le Livre du prophète Isaïe -ou Isaïe-, la marque du christianisme est assez évidente, sauf pour ceux qui tiennent à y voir une anticipation. On pense au chapitre VII concernant la naissance d’un enfant, lequel portera le nom d’Emmanuel. Ce texte se retrouve dans l’Évangile de Mathieu, au premier chapitre lors de la naissance de Jésus. Mais dans ce cas, il peut ne s’agir que d’une citation. Examinons le passage de Mathieu I d’un peu plus près : l’on y fait alterner deux noms pour l’enfant à naitre, Jésus, dans le rêve de Joseph et Emmanuel dans la référence au « prophète », comme s’il n’y en avait qu’un, Isaïe et de fait dans les manuscrits de la Mer Morte (Qumran), il y a une surreprésentation du Livre d’Isaïe, ensemble qui englobera en fait toutes sortes de textes. On notera que les deux noms de Jésus et d’Emmanuel ne font sens qu’en hébreu et ils sont d’ailleurs tous les deux explicités étymologiquement dans le texte Jésus : « En effet, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » Le jeu de mots ne fait sens qu’en hébreu. Yehoshoua : Dieu (Ya, ce qui renvoie à Yahvé et non à Elohim) sauve. On notera que Josué s’appela d’abord Hosshéa .et sera renommé Josué ( Livre des Nombres XIII, 16, Deutéronome III, 21) par Moïse. On retrouve la même racine dans Hosanna.
Emmanuel (Imanou El) « Ce qui veut dire Dieu est avec nous (littéralement : avec nous est Dieu, El, ce qui renvoie à Elohim et non à Yahvé).Mais pourquoi ces deux noms pour un seul et même personnage ? Il y a là visiblement une interpolation, du fait d’une volonté de relier deux textes relatifs à la naissance.
En fait, on a là un leitmotiv, celui d’un envoyé, d’un messager ayant pour tâche de « sauver » le peuple hébreu, et c’est encore une fois la raison pour laquelle le nom de Yehoshoua apparaît ici. De là à jouer sur les mots et parler de « sauver l’humanité », il y a là un glissement qui ne fait guère sens car si le peuple hébreu a besoin périodiquement que l’on vienne à sa rescousse, c’est bien à cause des autres peuples ! Dieu ne vient donc pas pour sauver toute l’Humanité mais bien pour protéger « son » peuple avec lequel il s’est uni, marié, le dit peuple étant représenté par une « vierge », une Bétoula (cf Jérémie XXXI) ou une Alma (Isaie VII)/ On notera que l’on trouve le mot « Bétoula »également dans Isaie, au chapitre 47, verset 1 pour désigner Babylone, « Vierge de Babel » (Bétoulat Bavel), ce qui montre bien que l’expression est à prendre au figuré et non au propre comme ont pu le croire les rédacteurs des Evangiles, au sujet de la naissance de Jésus.. On trouve aussi employée la forme « Bat Tsion », fille de Sion, qui représente non point une femme mais la cité même de Jérusalem. D’ailleurs, le ,nom même de Sion aura fini par ne plus désigner une cité précise, ce qui explique que Sion soit mentionnée quand il est question du Royaume du Nord, lequel n’englobe point Jérusalem. Ainsi, le « sionisme » ne vise-t-il pas nécessairement cette cité et l’on oublie trop souvent que les prophètes bibliques ne sont nullement polarisés sur le destin de « Judah », de la Judée, laquelle semble parfois n’être que la dernière roue du carrosse (cf Isaie VII), une quantité assez négligeable au demeurant, que l’on mentionne pour la forme. Evitons les anachronismes !
ォ Sion, nous rappelle-t-on, est utilis au sens figur pour désigner Israel en tant que peuple de Dieu ) et, dans le Nouveau Testament, avec le sens chrétien de royaume spirituel de Dieu, Jérusalem céleste 1). Pierre fait violence Christ comme la pierre angulaire de Sion : ォ Je mets dans Sion une pierre angulaire, choisie, périlleuse. Celui qui croit en elle n’en aura jamais honte. サ
Sans vouloir valider le subterfuge de ceux qui s’approprient l’identité judaïque, en se présentant comme un « Nouvel Israël », force est de constater que l’Etat Hébreu lui-même –du fait qu’il a adopté le nom d’Israël – joue sur cette ambiguïté dès que l’on parle d’Israël alors que ce terme ne désigne pas nécessairement le dit Etat Rappelons que la Vierge est une figure que l’on retrouve dans la mythologie et dans le Zodiaque, avec la constellation de la Vierge, dont l’étoile principale est Spica, l’épi, ce qui renvoie à Déméter-Cérès la déesse des moissons, mère de Perséphone/Proserpine, « vierge » promise à Hadès/Pluton. Il est également question d’une Vierge dans les Bucoliques de Virgile (, Livre IV, vers 1-30) « avec l’annonce d’un nouvel Age d’or.
Ultima Cumaei venit jam carminis aetas ;
Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo.
Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna ;
Jam nova progenies caelo demittitur alto.Les Temps sont révolus qu’a prédits la Sibylle :
Les siècles, dans leur course immuable et tranquille,
A leur point de départ sont enfin revenus,
Et le dernier de tous, l’Age de fer, n’est plus.
Déjà revient Saturne, et la Vierge immortelle
Abandonnant les cieux reparaît parmi nous ;
Et les dieux, des humains cessant d’être jaloux,
Envoient sur notre Terre une race nouvelle.
Tu modo nascenti puero, quo ferrea primum
Desinet, ac toto surget gens aurea mundo,
Casta, fave, Lucina : tuus jam regnat Apollo.
Un Enfant doit bientôt au jour ouvrir les yeux ;
Souris, chaste Lucine, à sa venue au monde :
L’Age d’or va renaître et sur terre et sur l’onde ;
Déjà règne Apollon, ton frère glorieux
Le temps des prophètes implique une intervention divine, par le biais de ces messagers que sont les dits prophètes et cela n’est pas sans évoquer une précédente intervention, lors de la Captivité égyptienne faisant pendant en quelque sorte à la Captivité babylonienne. Laquelle se terminera providentiellement par un Retour à la même terre que lors de la Sortie d’Egypte Le fait que le fils de Marie porte le nom de Yeoshoua plaiderait en faveur d’une nouvelle intervention d’en haut puisque ce prénom signifie que Dieu vient sauver (son peuple) Or, force est de constater que rien de comparable au cours de la vie de Jésus aux deux situations que nous venons de mentionner et Jésus ne parviendra pas à sauver « son » peuple, si ce n’est en interprétant l’idée de danger et de salut sur un plan spirituel , ce qui évidement dirons-nous, est plus facile à décréter.
Le nom de Jésus ajoute une dimension à celui d’Emmanuel, ce qui est une façon de reconnaître que la prophétie d’Isaïe doit être complétée et précisée et qu’elle ne comportait pas, au départ, la dimension que l’on voudrait apporter. De fait, chez Isaïe, il n’est nullement question qu’Emmanuel « sauve » qui que ce soit. Bien au contraire, cet Emmanuel n’apparait – il est qualifié de « signe » et donc de signal – que pour enclencher un compte à rebours puisque la prophétie indique que les jours des deux royaumes, celui de Juda et celui d’Israël sont comptés, puisqu’Emmanuel aura à peine le temps de parvenir à un ‘âge de raison », l’âge de 13 ans peut-on supposer- pour qu’ils soient voués l’un et l’autre à la disparition. Avec Mathieu, le personnage d’Emmanuel revêt une toute autre dimension : il y est dit que Jésus-Yehoshoua viendra « sauver son peuple »,( selon des termes qui ne sont pas sans évoquer des propos que l’on prête au dieu des Hébreux, lequel les sauvera du malheur égyptien, Exode III) on n’est plus là dans le registre de la menace mais dans celui de l’espérance. De tels récits de naissance se retrouvent dans celle d’Isaac dont le nom même témoigne de la surprise de ses parents et jusqu’à un certain point dans celle de Moise (cf. notre ouvrage Le monde Juif et l’astrologie). En ce qui concerne la naissance de cet Emmanuel, selon Isaie, c’est une naissance tout à fait ordinaire – comparée à celle d’Isaac dont on sait par ailleurs qu’il sera voué comme Jésus à la tentation du sacrifice- si ce n’est qu’elle aura été annoncée et qu’elle est porteuse d’une signification prophétique.. On ne sait d’ailleurs pas ce qu’il est advenu de cet Emmanuel si ce n’est que la prophétie est fausse car les deux royaumes n’auront pas disparu dans un même laps de temps, plus d’un siècle sépare la chute de l’un de celle de l’autre. En revanche, la naissance du « second »Emmanuel, c’est à dire Jésus, relèverait d’une toute autre dimension mais on a vu que le Josué de Moise avait déjà vu son nom changer. .Il faudrait donc parler non pas de préfiguration mais de transfiguration .
Par ailleurs, l’ on serait tout à fait en droit de penser que l’on a réalisé une mise en scène pour que la naissance de Jésus corresponde au discours d’Isaïe. De même, dans Isaïe (XI), il est question d’un roi de la famille de David, ce à quoi fait écho le même Évangile de Mathieu, en s’ouvrant par une telle généalogie. Il n’est nullement dit dans Isaïe que ce descendant de David (de Jesse) est l’Emmanuel dont il a été question dans Isaïe VII. Isaïe présente ce personnage comme celui qui rassemblera tous les peuples de la Terre. Ainsi, Jésus est-il référé au roi David, dès les premières lignes du Nouveau Testament. On notera que dans l’Épître à Henri II, placée au sein des éditions complètes des Centuries, la chronologie biblique donne David pour seul repère entre Moïse et Jésus. Mais n’oublions pas que l’alliance est annoncée déjà avec Avram qui, à cette occasion, devient Av (père) raham, Selon Brigitte d’Arx, on serait passé de Av Ram, le père de ce qui est en haut à Av Raham, le père d’une multitude.
Moïse venant à la fois pour sauver les Hébreux et pour leur délivrer le contenu de la dite Alliance, au Mont Sinaï. En ce sens, Abraham serait à rapprocher de Jérémie et Jésus de Moise, si ce n’est que Jésus n’aura ni délivré les Juifs ni inauguré l’ère de l’Alliance Renouvelée, stricto sensu.
Le fils de Jéssé sera comme un signal dressé pour les peuples de la Terre Ils viendront lui demander conseil et la gloire de Dieu brillera là où il habitera » On notera la similitude entre le nom de Jéssé (Yéshé), père de David, et celui de Jésus (Yéshoua). Les deux noms commencent par un Iod et un Shin comme d’ailleurs Isaïe (Yeshayahou)
Mais n’oublions pas le modèle représenté par la naissance de Moise (Livre de l’Exode, I
Le roi d’Égypte donne cet ordre à tout son peuple »Tous les garçons qui vont naître chez les Hébreux, jetez les dans le Nil) et l’on connaît l’histoire du berceau dans lequel l’enfant Moise est livré au fleuve. Quid de l’Évangile de Mathieu (ch. II), il nous parle de ces Rois Mages qui alertent le roi Hérode en demandant « où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile se lever à l’Est. Et nous sommes venus l’adorer » Hérode demande « A quel endroit est- ce que le Messie doit naître ? » Ils lui répondent « Le Messie doit naître à Bethléem en Judée » Mathieu cite en fait un passage du livre du prophète Michée « (V, 1) (tiré de l’Ancien Testament – où il est dit « celui qui doit gouverner tout Israël, je le ferai sortir de chez to » s’adressant à Bethléem. On note que toute une littérature qui date des VIIIe-VIIe siècles avant JC se voit ainsi recyclée pour le temps de Jésus(s et par la suite le sera à nouveau pour d’autres siècles. Michel Onfray, (in Cosmos,, pp. 59-60) tire argument de ces multiples emprunts pour laisser entendre qu’il n’y a pas de réalité dans tout ce qui est ainsi raconté. C’est aller un peu vite en besogne car l’on peut fort bien imaginer que l’on ait pu vouloir utiliser telle ou telle grille de lecture- et en principe, une grille est censée s’appliquer plus d’une fois -pour décrire tel ou tel événement. Si l’on devait suivre Onfray sur cette voie, toute référence à un cas de figure antérieur serait considérée comme suspecte et quand bien même la grille utilisée ne serait pas crédible, cela ne signifie nullement que ce qu’elle entend décrire ou expliquer ne se soit pas produit. On bascule avec Onfray dans l’hypercritique qui ne vaut guère mieux qu’une certaine apologétique complaisante. En principe, le fait de se servir d’un ^même outil de travail montre que la réalité n’est pas aussi complexe qu’il ne paraît sinon l’outil ne servirait qu’une fois, ce qui serait contraire à sa qualité d’outil de travail! Cela dit, d’aucuns recourent abusivement à un seul et même outil et ne sont pas en mesure d’en changer ou de le réformer. En tout état de cause, l’explication est de l’ordre du virtuel et qu’elle soit ou non recevable ne saurait remettre en question la réalité du fait concerné et inversement, une élégante grille de lecture, un bel habillage (l’habit ne fait pas le moine), appliqués à un fait ne sauraient suffire à le valider !.
Force est de constater que l’on a d’un côté ceux qui œuvrent en amont, en quête de quelque grille universelle s’efforçant de mettre en évidence des récurrences, à la fois dans le temps et dans l’espace, dans le passé et dans le futur et de l’autre ceux qui se situent en aval et qui accumulent d’énormes quantités de données, puisqu’ils travaillent avant tout sur la diversité des effets plutôt que sur un processus causal cyclique. Toute médaille ayant son revers, les premiers se satisfont d’une certaine abstraction, ce qui leur permet de généraliser à des terrains qu’ils ne connaissent pas mais dont ils préjugent qu’ils entreront, d’une façon ou d’une autre, dans leur(s) grille (s) alors que les seconds se complaisent dans la description de cas d’espèces, sans grand souci de les rapprocher ou de les opposer entre eux, donc sans recourir à quelque forme de dialectique de la présence et de l’absence. Il ne peut y avoir de mise en évidence d’une récurrence que si l’on est préalablement parvenu à décanter le matériau brut pour le réduire à une dualité du signifié tout comme il est indispensable que la grille de lecture, elle aussi, au niveau du signifiant, se limite à deux cas de figure et à deux seulement. Au nombre des grilles de lecture, nous mentionnerons celles qui recourent au « facteur = juif » avec d’une part, ceux qui voient dans la présence des Juifs un mal et ceux qui y voient un bien. La grille marxiste doit certainement être mentionnée et l’on peut certainement en trouver d’autres, d’ordre économique, écologique, démographique, cyclique avec l’idée qu’une civilisation nait et meurt comme tout être vivant (Toynbee) qui sont maniés avec plus ou moins de talent par les uns et par les autres. Bien pis, Onfray oppose Nature et Culture et nous conseille de rechercher la vérité non pas dans les traditions « livresques » mais dans le Grand Livre de la Nature, ce qui est une position anti-humaniste, an-historique. Il y a là un déni de la capacité créatrice de l’Humanité lui permettant de s’émanciper du diktat de la Nature en n’en prenant que le strict nécessaire. C’est en cela que comme si l’on en restait aux premières lignes du Livre de la Genèse! Or, ce n’est pas en observant la Nature mais la Société que l’on comprend qu’en aval de la Création, il y a des hypostases, et qu’il existe des dieux qui ne sont pas réductible au concept de « Dieu » tout comme il existe des cycles qui ne résument point à la succession des saisons, si ce n’est par une analogie symbolique qu’il ne faut pas prendre au premier degré! Ne se référer qu’à une Science immuable, pérenne, en quelque sorte atemporelle, c’est faire de nécessité vertu, en s’épargnant tout travail rétrospectif exigeant une archéologie du savoir, c’est refuser d’admettre notamment que certaines de nos représentations ont pu se corrompre et qu’on ne saurait les restituer en se contentant de noter ce qu’elles sont devenues. .C’est donc s’empêcher de penser le peuple Juif et son rapport particulier avec ses dieux, lesquels ne sauraient être confondus avec un Dieu primordial, premier moteur..
Nous avons suivi de près un tel recyclage du texte prophétique dans notre thèse d’État, depuis la Renaissance jusqu’à la Révolution Française, en particulier. (cf. aussi notre ouvrage Le Monde Juif et l’astrologie, op. Cit.)
Béatrice Beck, dans son roman Léon Morin Prêtre (Goncourt 1952), attire l’attention sur le psaume 22 attribué au roi David, lequel comporte de nombreux éléments qui semblent avoir été repris dans le récit de la Passion de Jésus, à commencer par cette célèbre complainte : Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? Nous reprenons ci-dessous des recoupements proposés sur Internet :
(Matthieu 27 : 31-48) …et ils l’emmenèrent pour le crucifier. 39 Ceux qui passaient par là lui lançaient des insultes en secouant la tête, 40 et criaient: —Hé, toi qui démolis le Temple et qui le reconstruis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix! 41 De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui, avec les spécialistes de la Loi et les responsables du peuple, en disant:
42 —Dire qu’il a sauvé les autres, et qu’il est incapable de se sauver lui-même! C’est ça le roi d’Israël? Qu’il descende donc de la croix, alors nous croirons en lui! 43 Il a mis sa confiance en Dieu. Eh bien, si Dieu trouve son plaisir en lui, qu’il le délivre! N’a-t-il pas dit: «Je suis le Fils de Dieu»?
44 Les brigands crucifiés avec lui l’insultaient, eux aussi, de la même manière. 45 A partir de midi, et jusqu’à trois heures de l’après-midi, le pays entier fut plongé dans l’obscurité. 46 Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte… « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m » as tu abandonné? »…48 L’un d’entre eux courut aussitôt prendre une éponge, qu’il imbiba de vinaigre et piqua au bout d’un roseau.
Marc 15 : 16 à 20
16 Les soldats emmenent Jésus dans la cour intérieure du palais 17 Alors ils le revtirent dunmanteau de couleur pourpre[ et lui posèrent une couronne tressée de rameaux épineux. 18 Puis ils le saluèrent en disant: Salut, roi des Juifs ! 19 Ils le frappaient la t黎e avec un roseau et crachaient sur lui, sagenouillaient et se prosternaient devant lui.20 Quand ils eurent fini de se moquer de lui, ils lui arrachèrent le manteau de couleur pourpre, lui remirent ses vetements et l’ emmenèrent hors de la ville pour le crucifier37 Mais Jésus poussa un grand cri et expira.(Jean 19 : 34)ils ne lui brisèrent pas les jambes34 lui enfonça sa lance dans le côté et aussitôt il en sortit du sang et de leau Cest l qu’ils le crucifient (Jean 19 : 18)
Jean 2O : 23 à25 Thomas) Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains,si je ne mets pas mon doigt à la place des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas… C’est là qu’ils le crucifièrent.Lorsque les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chacun d’eux. Restait la tunique qui était sans couture… Les soldats se dirent entre eux: « Au lieu de la déchirer, tirons au sort pour savoir qui l’aura »…
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Tu restes loin, tu ne viens pas me secourir malgré toutes mes plaintes.
3 Mon Dieu, le jour, j’appelle, mais tu ne réponds pas La nuit, je crie, sans trouver de repos…
7 Mais moi je suis un ver, je ne suis plus un homme, tout le monde m’insulte, le peuple me méprise,
8 ceux qui me voient se rient de moi. Tous, ils ricanent. On fait la moue en secouant la tête:
9 Il se confie en l’Eternel? Eh bien, que maintenant lノEternel le délivre! Puisquil trouve en lui son plaisir, quil le libère donc[
10 Oui, c’est bien toi qui, depuis ma naissance, m’as protégé. Tu m’as mis en sécurité sur le sein de ma mère.
11 Dès mon jeune âge, j’ai été placé sous ta garde. Dès avant ma naissance, tu es mon Dieu.
12 Ne reste pas si loin de moi car le danger est proche, et il n’y a personne qui vienne pour m’aider.
13 De nombreux taureaux m’environnent: ces fortes bêtes du Basan sont tout autour de moi.
14 Ils ouvrent largement leurs gueules contre moi, ils sont comme un lion qui rugit et déchire.
15 Je suis comme une eau qui s’écoule et tous mes os sont disloqués. Mon cœur est pareil à la cire,
16 Ma gorge est desséchée comme un tesson d’argile, ma langue colle à mon palais, tu me fais retourner à la poussière de la mort.
17 Des hordes de chiens m’environnent, la meute des méchants m’assaille. Ils ont percé mes mains, mes pieds,
18 je pourrais compter tous mes os; ils me regardent, ils me toisent,
19 ils se partagent mes habits et tirent au sort ma tunique.
Quant aux chapitres III et IV, ils appartiendraient, selon nous, à cette même Bible chrétienne ou christianisée -et c’est à ces conditions que l’Ancien Testament est admis à côtoyer le Nouveau- et là encore Elohim est désigné de façon totalement atypique et à aucun moment attesté dans tout le Pentateuque, à savoir Yahvé-Elohim, ce qui conduit les traducteurs, comme pour le Rabbinat, et avec diverses variantes ailleurs, à utiliser une forme duelle, du type l’Éternel Dieu. Ces deux chapitres mettent en scène une tentation( terme que l’on trouve à deux reprises dans le Chéma Israël) et l’on rappellera celle à laquelle fut confrontée Jésus. Dieu » avait voulu tenter Adam et on voit celui-ci succomber à la tentation de consommer du fruit défendu que lui tend cette femme elle-même générée par ce « Dieu », alors que Jésus parvient, quant à lui, à résister puisque c’est bien ce Dieu qui la fait naître à partir d’Adam (II, 21) « Dieu fit peser une torpeur sur Adam qui s’endormit, il prit une de ses cotes (..) Il la présenta à Adam » Dans l’Évangile de Mathieu (IV, v 1-11) on lit Alors l’Esprit de Dieu conduit Jésus dans le désert pour que l’esprit du mal le tente » Cette séquence se termine par le célèbre « Vade retro Satanas » . On retrouve là le Serpent du Jardin d’Éden dans cet épisode qui aura été interpolé dans le cadre de ce Pentateuque christianisé. (Genèse II, 16 et III).
On notera aussi qu’alors que la Genèse (I et V) désigne masculin et le féminin par Zakhar (d’où Zacharie, l’homme de Dieu,, racine qui signifie se souvenir, se rappeler) et Neqéva qui serait selon nous à rapprocher de Eqev, le talon (même racine que Jacob, Yaakov), c’est à dire ce qui fait suite , qui est la conséquence de (sur ses talons, talonner (talon d’Achille) on use dans ces deux chapitres de la forme Isha et chapitre V à Zakhar et Neqéva ! Par ailleurs, dans Genèse IV, on emploie le verbe « connaître » (iada- d’où l’expression « connaître au sens biblique »- pour dire qu’Adam féconde Eve alors que cet usage n’est pas attesté ailleurs dans ce Livre. Or, le lexique est révélateur des différences d’origine d’un texte. ((cf. Yves Simoens, Homme et Femme de la Genèse à l’Apocalypse. Paris, Ed. Facultés Jésuites de Paris, 2014, p. 77)
On comprend mal pourquoi cet Adam qui a déjà été fait mâle et femelle devrait, parce que Yahvé Élohim (sic) a trouvé qu’il était bien seul, se voir extraire une femme de ses os et de sa chair. D’autant que bien des traducteurs insistent sur le fait que dès le chapitre I, Élohim créa l’homme et la femme, soulignant à l’appui de leurs dires l’usage du pluriel, lequel est en effet attesté en hébreu Il les bénit (I, 28) (Barakh otam Élohim »). Mais quelque part cet génie adamique n’est-il pas un être double qui peut dire « nous »?
Rappel :
IV «Alors le Seigneur dit à Caïn ? (..) Le Seigneur contiinue ? J’entends la voix du sang de ton frère. Dans le sol, elle crie vers moi pour demander vengeance. Le sol s’est ouvert pour recevoir le sang de ton frère (…) Et le Seigneur met une marque sur Caïn. Alors celui qui le rencontrera ne pourra pas le tuer ». On notera l’importance accordé au sang, lequel sang joue le rôle que l’on sait dans l’eucharistie, où le vin est en quelque sorte changé en sang pour rappeler le sort de Jésus puisque le sang est question est celui d’Abel. Mais l’on pense aussi au sort des Juifs , peuple choisi par Yahvé, condamné à survivre à travers les siècles.
Il est intéressant de s’arrêter sur les formes grammaticales utilisées et notamment sur ce qu’on appelle le Vav conversif. Selon ce principe, dont on ignore d’ailleurs la raison d’être- quand on emploie le passé, on est au futur et quand on emploi le futur, on est au passé. Étrangement, la première phrase du Livre de la Genèse ne se sert pas du Vav conversif. Au commencement, Dieu avait créé etc. est la traduction de la forme « bara » qui est prétérit sans vav conversif. En fait, les deux premiers versets n’y recourent pas et l’usage n’apparaît qu’au verset 3. La terre était chaos correspond à une forme hébraïque au passé, à partir du verbe être Havta Tohu »
On est donc en droit de se demander si ces deux versets initiaux n’ont pas été introduits à une époque où cette règle n’était plus respectée.
Passons aux versets 23-24, à la fin- du chapitre II de la Genèse, donc un peu plus bas et là encore, on ne s’encombre plus de vav conversif : pour dire qu’« ‘on l’appellera (Yikreou) Isha parce qu’on l’a prise (lakhou) de ish » mais bien un passé quand c’est au passé et un futur quand c’est au futur. Même observation : un décalage dans la procédure grammaticale.
Quant au chapitre III de la Genèse, qui est celui du drame du Jardin d’Éden, les condamnations proférées par Dieu, ne pas introduites par un Vayomer mais par un Amar sans vav (racine que l’on retrouve en arabe et qui a donné l’émir) conversif et en fait, là encore le futur est rendu par le futur et le passé par le passé ! En ce qui concerne le Chapitre IV, mêmes discordance et maladresses avec une alternance anachronique d’un verset à l’autre de l’ancienne et de la nouvelle formulation mais nous en resterons là ; on retiendra surtout, à ce stade, la fin du chapitre III surtout si on la compare avec l’histoire de Noé (chapitre 6, 13) : là où l’on emploie « Vayomer Elohim, » on trouve dans la scène de l’expulsion du Jardin d’Éden « Amar Yahvé Elohim » (chapitre III, 17) avec qui plus est la forme barbare Yahvé Elohim au lieu d’Elohim ou de Yahvé. Tout cela, dira-t-on, n’a ni queue ni tête ! Il conviendrait donc de corrigere le premier verset du Livre de la Génèse:
On aurait dû avoir « Vayivra Elohim Et haShamym’ et non ‘bara’ tout comme au verset 2 nous trouvons : « Vayivra Elohim et haAdam »
א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.
|
1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
|
כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.
27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois.
|
|
Or, au verset 27, l’on a droit à un mélange stylistique puisque le verset se termine par deux fois « bara » ! On est donc tout à fait en droit de soupçonner quelque retouche tardive, avec un rédacteur qui ne respecte pas, qui méconnaît les codes de la première mouture. Le verset commence par la forme conversive puis passe à la forme du prétérit tout en disant la même chose ! Si ce n’est que d’une part on nous dit que Dieu créa Adam à son image et de l’autre que Dieu créa Adam « à l’image de Dieu » ! Mais quid de ce pluriel « Elohim » figurant dès le premier verset de la Genèse face à un verbe au singulier ? Il se pourrait que cela correspondit, pour les Israélites qui sont derrière la rédaction du Pentateuque, une formule trahissant un certain polythéisme.
Dans nos travaux, en histoire des textes, il nous a toujours intéressé de retrouver la source d’un texte et les contrefaçons font largement appel au plagiat (cf. notre étude sur les Protocoles des Sages de Sion, et leur emprunt à Maurice Joly, Ed Ramkat 2002, ou sur la prophétie de Malachie (Papes et prophéties Ed Axiome 2005) ou l’arbre séfirotique). C’est ainsi que nous avons montré que les quatrains des Centuries sont en fait la mise en vers totalement fantaisiste de textes de Nostradamus en prose (cf. infra dans le volume III). Les mots sont utilisés mais placés dans un autre ordre (cf. Giffré de Réchac et la naissance de la critique nostradamique au XVIIe siècle, post doctorat, EPHE Ve section, 2007, cf. aussi notre dossier in Revue Française d’Histoire du Livre, 2011). On peut parler du nettoyage d’un texte et il est étrange de voir des gens faire assaut de propreté vestimentaire et ménagère alors même qu’ils véhiculent des textes poussiéreux et rouillés. A la propreté du corps, doit correspondre celle de l’esprit. Mens sana in corpore sano.
Dans le cas des chapitres de la Genèse, l’on peut faire un constat assez comparable avec les mots des chapitres traitant de Noé repris pour constituer les chapitres précédents relatifs au Jardin d’Éden et à la naissance d’Abel et de Caïn. Alors que dans le récit relatif à Noé, on perçoit un enchaînement logique, il n’en est rien pour celui relatif à la « faute d’Adam ».
Nous verrons que notre approche de la linguistique déconstruit la phrase et met en avant les mots, lesquels peuvent se combiner, se comprendre, se traiter de toutes sortes de façons. Le cas des Centuries nous aura démontré qu’au bout du compte, les mots seuls importaient par- delà leur présence au sein d’une phrase donnée car chacun les réinterprète et les reconfigure, de par sa lecture, son commentaire, son interprétation.
Si l’on prend donc les chapitres II, III et IV du Livre de la Genèse, l’on observera l’ampleur des emprunts aux chapitres noachiques, tant au niveau des mots eux-mêmes que par le recours à des synonymes, à des calques.
I La nudité
Noé s’enivre en consommant du fruit de la vigne, il se dévêtit . Voilà un événement d’une grande banalité qui connaît une étonnante fortune dans un chapitre placé plus en amont- ce qui ne saurait surprendre car la contrefaçon vise dans bien des cas à réaménager le passé, ce qui fait qu’un texte prétendument postérieur est en fait antérieur. . Cet épisode donne lieu à un récit qui nous parle du fruit interdit d’un arbre dont la consommation fait prendre à ceux qui le mangent qu’ils sont nus et donc qu’il leur faut cacher cet état. Dieu s’aperçoit alors immédiatement que l’on n’a pas respecté la consigne.
II Les trois frères
Noé a trois fils, Shem, Cham et Yafé, Cham et banni
Adam a trois fils Abel, Caïn et Seth, Caïn est banni. (Genèse IV) 17
C’est le frère du milieu qui est exclu : Cham, Caïn (Genèse IX, 14 et seq)
Cham (et le fils de ce dernier Canaan) est maudit par son père pour avoir révélé la nudité de Noéà ses frères au lieu de la cacher.
Dieu châtie Caïn, pour avoir tué son frère Abel.
III Le signe-
Caïn : Et le Seigneur met une marque (Ot) sur Caïn (Genèse IV15)
Noé Dieu dit « L’arc en ciel est le signe de l’alliance (Ot haBrith) que je fais entre moi et tous les êtres vivants qui sont sur la terre » Genèse IX, 17)
C’est le même mot « Ot » (signe, mais aussi lettre de l’alphabet) qui sert dans les deux cas.
IV Le meurtre
Dieu dit au chapitre IX, 5 : « Si un animal ou une personne tue quelqu’un, je lui demanderai compte de sa vie
Or, ce thème du meurtre est décliné plus haut avec le meurtre d’Abel par Caïn/ (Genèse IV 10) Dieu interpelle Caïn : Qu’est-ce que tu as fait. J’entends la voix du sang de ton frère »
On notera que le commandement de ne pas tuer n’avait pas encore été énoncé au chapitre IV et qu’il ne le sera qu’au chapitre IX
!
V Les regrets de Dieu
L’expulsion du Jardin d’Éden est dans la même tonalité que la décision de Dieu de provoquer un Déluge.
Genèse VI 6 Dieu regrette d’avoir fait les humains sur la terre »
Genèse III « Dieu chasse l’homme du jardin d’Éden »
Il est clair que Dieu, ici, regrette d’être sorti de sa zone de confort en s’investissant dans cette Création. Cela illustre bien la phase yin de repli, de retrait (et de retraite), ce qui peut conduite à l’expulsion de ce qui a été accepté puis, dans un second temps, rejeté, expulsé.
On nous campe ici un dieu marqué comme l’homme par cette alternance au prisme de la cyclologie selon Saturne, de flux et de reflux. Comme on dit qu’est-il allé faire dans cette galère ?
VI
Le couple
La notion de couple est fortement marquée dans l’histoire de l’Arche de Noé et l’on y emploie les mots « ish », « isha » que l’on retrouve au chapitre III lorsque Dieu crée la femme (isha et pas encore Eve) pour accompagner Adam qui devient « ish ». (Genèse II). Ce sont exactement les mêmes mots de l’hébreu qui sont utilisés. Les traducteurs rendent généralement Ish et Isha, par homme et femme dans Genèse II et par mâle et femme dans Genèse VII alors que ces termes s’appliquent à tout animal. En fait, dans Genèse VII, on emploie pour les animaux tantôt Ish-Isha et tantôt Zakhar Neqéva, la forme Ish Isha étant utilisée pour Noé et sa « maisonnée » (Bayit).
Genèse VII
Dieu dit à Noé : Entre toi, et toute ta maisonnée ( Beytekha, rendu par famille in trad. du rabbinat) dans l’Arche (…)Noé entra avec ses fils et ta femme (Ishto) et les femmes (nashéi,, pluriel de isha) de tes fils avec toi (…) Tu devras faire entrer aussi dans le bateau un couple de chaque espèce vivante, un mâle (zakhar) et une femelle neqéva)»(formule que l’on retrouve dans Genèse I et « De tout quadrupède pur, tu prendras sept couples, le mâle et sa femelle (Ish Ishto) et des quadrupèdes non purs, deux, le mâle et sa femelle (Ish Ishto)» De même des oiseaux du ciel, respectivement sept, mâles et femelles (zakhar veneqéva) pour perpétuer les espèces sur terre »
Genèse II,22- 28
« Dieu a fait toutes sortes de bêtes sauvages et toutes sortes d’oiseaux (.) Le Seigneur fait une femme (Isha) et il l’amène à l’homme. (..;) On l’appellera femme de l’homme parce qu’elle vient de l’homme (Adam) (..) C’est pourquoi l’homme (Ish) abandonne son père et sa mère. L’homme s ‘unit à sa femme (Ishto), la femme (contraction de isha shélo) qui est à lui) et ils deviennent une seule chair. Or, ils étaient nus, l’homme (Adam) et sa femme (Ishto) »
Quand on étudie de près l’usage du mot Adam dans les deux premiers chapitres de la Genése, on note que le nom Adam apparait pour la première fois sans article défini alors que par la suite, il est toujours précédé du dit article « ha » (haAdam). Etrangement, dans deux versets successifs (I, 26-27), qui se répètent littéralement, l’on trouve d’abord Adam puis « Et haAdam »
26 Naassé Adam beTsalménou « Faisons Adam à notre image »
27 Vayvra Elohim Et haAdam beTsalmo « et Dieu créa l’Adam à son image »
Comment expliquer que cet Adam se trouve ravalé en quelques sorte au niveau de « Ish » ? Si l’on admet qu’Adam incarne, symbolise, un être supérieur, on ne saurait exclure qu’à un certain stade, des rédacteurs représentant les intérêts d’une population dominée – -l’on pense à ceux relevant du Royaume d’Israël – aient tenté d’ estomper voire d’ effacer un tel statut supérieur. Mais dans les Evangiles, c’est bien la lignée de David qui est privilégiée (cf. Mathieu I) et quant à Jésus, il se présente comme le « fils de l’homme », ce qui doit être compris comme « fils d’Adam », selon l’acception que l’on trouve notamment dans Ezéchiel
Ézéchiel 26 1 « La onzième année, le premier jour du mois, la parole de l’Eternel me fut adressée, en ces mots: 2 Fils de l’homme (Ben Adam), parce que Tyr a dit etc «
Ezéchiel 38. 2« Fils de l’homme (Ben Adam), tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, Vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal, Et prophétise contre lui! »
On peut d’ailleurs se demander à quelle version de l’Ancien Testament –une version disparue ? - s’appuyait alors le Nouveau Testament.
Nous pourrons observer et démontrer dans nos travaux sur les Centuries de Nostradamus (cf deuxième Partie) que le premier volet de quatrains favorisait le camp catholique de la Ligue alors que le second semblait bien plaider la cause du réformé Henri de Navarre, le futur Henri I IV. (cf. notre dossier dans la Revue Française d’Histoire du Livre, 2011). Il semble bien que le Pentateuque réunisse, de façon syncrétique, àl’instar des Centuries, des positions politiques difficilement compatibles. On pourrait ici utiliser une terminologie que nous avons développée dans notre thèse d’État (1999) concernant le chronéme et le choréme. Le chronéme permet de dater un texte alors que le choréme ( même racine que chorégraphie) permet de déterminer son appartenance, de le localiser. C’est la dialectique du quand et du où. Et ici le traitement de Jacob et de Juda constitue des chorémes qui nous conduisent à penser que -comme pour les Centuries, à la fin du XVIe siècle- le matériau rassemblé au sein d’un canon, tendait à unifier des courants contradictoires. En effet, la bénédiction de Jacob -Israël à Juda à l’égard de Juda (le lion), dans le Livre de la Genèse, n’a nullement disparu comme cela aurait été le cas si un seul parti avait tout dirigé. On notera d’ailleurs que Jacob est loin d’être systématiquement désigné sous le nom d’Israël et nous voyons dans ce changement de nom une interpolation au service du camp d’Israël. Le Livre de l’Exode ne se réfère jamais à Juda mais à Israël. Il semble donc qu’il ait été rédigé soit par les seuls ressortissants d’Israël, soit en un temps de syncrétisme, où de telles différences n’étaient plus comprises pleinement, comme c’est d’ailleurs le cas de nos jours où la plupart des Juifs ignorent totalement l’évènement majeur que fut la sécession. Ils célèbrent la destruction du Temple de Jérusalem (jeune du 9e jour du mois d’Ab) mais non une telle rupture que pourtant Isaïe décrit de façon dramatique (ch. VII) : « Il n’y pas eu de jours semblables depuis que le royaume d’Israël s’est séparé du royaume de Juda », ce qui se situe au Xe siècle avant notre ère. C’est un peu comme si l’Ecosse, au nord, faisait scission avec l’Angleterre, au sud et comme si Londres correspondait à Jérusalem, ne reconnaissant plus la primauté du souverain anglais. Mais de fait, dans Mathieu, l’on met en avant la « prophétie » de Jésus sur la prochaine destruction du Temple (en 70) mais l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit là d’une prédiction faite en quelque sorte « après coup » (Mathieu XXIV) « Jésus sort du temple et il s’en va. Alors, les disciples s’approchent de lui pour lui montrer les bâtiments du temple. Jésus leur dit « c’est la vérité, ici il ne restera pas une seule pierre sur une autre. Tout sera détruit ». Et n’en est-il pas de même quand Isaïe (VII) est dit avoir annoncé la destruction du royaume d’Israël avant qu’Emmanuel n’atteigne l’âge de raison ? Dans les deux cas, rien ne semble pouvoir prouver que de tels textes auraient été publiés avant les événements annoncés (cf. notre tome III sur Nostradamus, infra, à propos de l’annonce du couronnement d’Henri IV en 1594). Ce qui apparemment semble devoir prouver la valeur d’une prophétie peut tout aussi bien prouver qu’il ne s’agit rien d’autre que d’une contrefaçon visant à consolider l’image d’un « prophète ». Dans Mathieu, au demeurant, il est longuement traité des faux prophètes.(XXIV) « Ils feront des guérisons et des miracles pour tromper ». Or, pour bien des chrétiens, la divinité de Jésus, sa messianité tiendraient justement à ses « guérisons et miracles » !
Si le nom d’Israël est récurrent dans le Livre de l’Exode, il est rare dans le Livre de la Genèse puisque outre le récit de la lutte avec l’ange on ne le trouve plus que dans les deux derniers chapitres à savoir une fois lors de la bénédiction finale de Jacob à ses fils (ch. 49) et une autre en conclusion »Tous ceux- là sont les douze tribus d’Israël » (verset 28), ce qui fait la jonction avec le premier chapitre de l’Exode : « Voici les noms des fils d’Israël(…)Or les enfants d’Israël avaient augmenté etc « .Dans le Livre de l’Exode, Dieu va se référer régulièrement aux « Bnéi Israël », aux fils, aux enfants d’Israël ce qui va donner l’appellation israélite, en vigueur en France au XIXe siècle alors que l’expression « Judaïques » (ce qui renvoie à Juda l’emporte depuis quelques décennies), ce qui tend d’ailleurs à réserver le terme « israélien » pour les « Juifs » vivant en « Palestine ». La dualité Juda (Israël s’est comme réintroduite de nos jours en usant d’un terme pour les Juifs de la Diaspora et d’un autre pour ceux de l’État Hébreu. En optant pour le nom d’Israël, le Royaume du Nord se situait à la génération précédant celle de Juda préférant ainsi le père au fils Mais on soulignera que parmi les 12 apôtres, on trouve un Judas (Iscariote)– qui sera déconsidéré du fait de sa trahison - comme il y en a un parmi les fils de Jacob-Israël – ce qui débouchera sur les 12 tribus dont celle de Juda jouera un rôle central, notamment à la mort de Salomon et du fait du schisme avec ce qui deviendra le » Royaume d’Israël. / Initialement, il était question de la Monarchie unifiée d’Israël et Jura (un peu comme on parle de nos jours du Royaume Uni)
Les prophètes s’adressent à ces deux « maisons » :
Jérémie 3.18
En ces jours, La maison de Juda (peuple Juif) marchera avec la maison d’Israël (Ephraim); Elles viendront ensemble du pays du septentrion Au pays dont j’ai donné la possession à vos pères.
Zacharie 8.13
De même que vous avez été en malédiction parmi les nations, maison de Juda et maison d’Israël, de même je vous sauverai, et vous serez en bénédiction.
Décidément, on découvre de nombreux calques entre les deux « Testaments », qu’il s’agisse du doute qui enveloppe la naissance plus ou moins miraculeuse de Jésus comme d’Isaac ou du « sacrifice » que le père est conduit à accepter de son fils. Toutes ces ressemblances pourraient nous faire douter de la réalité historique qui enveloppe le personnage de Jésus, ce qui vaut aussi, par ailleurs, en amont, pour les patriarches dont le dit Jésus serait issu par le truchement d’un Joseph, dont il est dit qu’il n’est pas vraiment le fils mais au mieux un enfant adopté à moins bien entendu – comme nous le pensons- que l’on remette en question la dite naissance de Jésus telle qu’elle est relatée dans les Évangiles, sur le modèle de celle d’Isaac.. C’est ce que nous appelons un phénomène de référencement, quand un discours ne se comprend vraiment que dès lors que l’on sera parvenu à analyser son référencement, ses sources, ses emprunts. Dans le présent ouvrage, les exemples ne manquent certainement pas l’astrologie par rapport à l’astronomie, l’alimentation végétarienne par rapport à l’alimentation carnée, l’anglais moderne par rapport au français, la femme par référence à l’homme qu’elle entend « égaler ». Mais il nous faut revenir sur la naissance de Moise dont le « récit » nous semble être lacunaire dans le Livre de l’Exode tel du moins qu’il nous est parvenu nous serions tentés de dire que la princesse égyptienne aurait été fécondée « divinement » et aurait donné naissance à ce Moïse, à l’instar de Marie pour Jésus puisque tant Moise que Jésus ( à la suite de Jérémie) sont les véhicules, les porteurs, les missionnés d’une Alliance du même peuple avec le même Dieu, l’Ancienne et la Nouvelle, respectivement. (cf le Monde Juif et l’Astrologie, op. Cit). La disparition de certains éléments nuit, on le conçoit, à la mise en évidence de tous les parallèles, de tous les décalques au sein de l’ensemble « Bible ». Dès lors, ni Moise, ni Jésus ne sauraient être qualifiés d’ »Hébreux, puisqu’ils sont nés par l’opération du Saint Esprit, ce qui expliquerait l’étrange dialogue de Moise avec « Dieu », quand ce dernier déclare l’envoyer vers « ce peuple », sorte de « mission impossible » qui constitue d’une certaine manière une surprise pour l’intéressé, même si par la suite, l’on aura pris la peine de fausser les pistes en introduisant les signes d’une judéite initiale de Moïse !
Soulignons le fait que l’évangile de Mathieu- qui s’adresse tout particulièrement aux Juifs convertis et donc familiers avec ce qu’on appellera l’Ancien Testament, réaffirme le rôle du quatrième patriarche Juda ). « Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. ». On peut donc voir dans le « nouveau Testament » une protestation contre cette prise de pouvoir dans le Pentateuque (Torah) d’Israël, au point que l’Exode évacue jusqu’au nom de Juda dans le discours que Dieu adresse à Moïse.
On nous objectera que le Royaume d’Israël ayant disparu dès 722 avant JC, on voit mal comment ses tenants auraient pu intervenir ultérieurement dans la transmission du corpus « vétérotestamentaire ». Mais ce serait oublier la nature impériale du Royaume de Salomon, à savoir que les régions du Nord étaient en quelque sorte satellisées par celles du Sud et que nombre de ressortissants de la partie septentrionale de l’Empire étaient installées dans la « métropole judéenne (Chroniques précise en effet (X, 17) : « Seuls les Israélites qui habitent le territoire de Juda reconnaissent Roboam comme roi . En fait, selon nous, tout se passe comme si les territoires du Nord avaient le sentiment d’avoir été conquis par ceux du Nord et qu’ils se révoltaient contre ce pouvoir qui leur avait imposé sa religion, c’est dire que la Judaïsation des païens était bien antérieure à l’émergence du christianisme, cette judaïsation correspondant à une dynamique d’horizontalité. . On peut même se demander si la représentation des 12 tribus n’est pas une fiction visant à intégrer les populations conquises du Nord.
». De nos jours, on comprend aisément une telle situation comme dans le cas des immigrés algériens restés en métropole après l’indépendance de l’Algérie en 1962 voire ceux qui s’y installèrent par la suite, tout en conservant des liens avec leur pays d’origine. On peut donc supposer que les populations issues du Nord auront échappé à la destruction de leur Royaume et auraient pu élaborer une version du texte biblique comportant des retouches et des interpolations favorables à la cause d’Israël et minimisant celle de Juda. On peut aussi imaginer que le texte biblique qui aura été conservé n’est pas le texte officiel mais la version propre au courant lié à ce Royaume d’Israël. Ces « israélites » auraient pu se comporter peu ou prou comme le feront les Marranes en Espagne, sans parler du clivage en Islam entre Chiites et Sunnites. L’Histoire des textes est coutumière de tels aléas de transmission, via des traductions, des versions dissidentes, des attaques. En tout état de cause, l’Evangile selon Mathieu atteste du maintien d’une telle représentation tribale :
« Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! »
Nous avons ainsi pu observer et démontrer – pour le XVIe siècle- dans nos travaux sur les Centuries de Nostradamus que le premier volet de ses Prophéties – titre de l’ouvrage, les Centuries ne faisant que décrire une présentation des quatrains par tranche de cent- favorisait le camp catholique de la Ligue- et en fait en émanait- alors que le second semblait bien plaider la cause du réformé Henri de Navarre, le futur Henri I IV. (cf. notre dossier dans la Revue Française d’Histoire du Livre, 2011). On pense notamment à un quatrain retouché censé annoncer le couronnement en 1594 d’Henri de Navarre à Chartres, en changeant la ville de Chastres (ancien nom d’ Arpajon) en Chartres, le couronnement n’ayant pu avoir lieu à Reims, cité contrôlée par la Ligue catholique. Ce couronnement fait suite à la conversion au catholicisme (abjuration) et précède l’entrée du roi dans Paris. Quand Chantal Liaroutzos a repéré la piste de la Guide des Chemins de France, elle n’a pas songéà vérifier de quelle façon cette source avait été traitée et si des variantes significatives et révélatrices n’avaient pas été introduites. Or, le repérage des sources est d’autant plus intéressant quand cela fait apparaître des modifications et lorsqu’il est en outre possible de relier celles-ci à des données pouvant être circonscrites dans le temps.
Face à cette guide des Chemins de France qui est une incursion géographique, il importe de placer le Livre de l’Estat et Mutation des temps de Richard Roussat, notamment en ce qui concerne la rédaction du 16e quatrain de la centurie première. Brind’amour (cf son édition critique de 1996, Genève, Droz) cite certes le passage de Roussat correspondant mais sans en tirer toutes les conséquences, à savoir la dimension aléatoire et compilatoire des quatrains concernés. D’ailleurs, l’emprunt à Roussat est ici totalement aléatoire et discontinu, ce qui montre qu’il ne s’agit là que d’un collage, d’un remplissage – pour atteindre une certaine quantité de quatrains- au même titre que l’emprunt à la Guide des Chemins de France.
Or, il est clair que ce texte signalé est une exploration cette fois non plus géographique mais astronomique de la série des conjonctions Jupîter-Saturne dans la longue durée. Brind’amour nous indique que ce quatrain se réfère à une conjonction de 1641 mais il est clair que ce quatrain – recourant à un texte tronqué- ne saurait être l’œuvre de Michel de Nostredame pas plus que le quatrain relatif à Varennes (auquel Dumézil en 1984 consacra toute une étude) , alors qu’il est un emprunt à la dite Guide de Charles Estienne. Il en est bien entendu de même pour les quatrains qui se référent à des événements de la fin du XVIe siècle et qui ne sont nullement le fait de la prophétie nostradamienne mais des interpolations de circonstance mises sur le compte du prophète-astrologue. Soulignons que l’astrologie n’aura pas tant été victime des attaques proférées contre elle mais bien de la concurrence de la littérature prophétique et divinatoire laquelle prospérera alors même que la cote de l’astrologie déclinera, notamment aux XVIIIe et XIXe siècles.
Il semble bien que le Pentateuque réunisse, de façon syncrétique, à l’instar des Centuries, des positions politiques difficilement compatibles. On pourrait ici utiliser une terminologie que nous avons développé dans notre thèse d’État (1999) concernant le chronéme et le choréme. C’est la dialectique du quand et du où. Et ici le traitement de Jacob et de Juda constitue des chorémes qui nous conduisent à penser que -comme pour les Centuries, à la fin du XVIe siècle- le matériau rassemblé au sein d’un canon, tendait à unifier des courants contradictoires. En effet, la bénédiction de Jacob à Juda à l’égard de Juda (le lion), dans le Livre de la Genèse, n’a nullement disparu comme cela aurait été le cas si un seul parti avait tout dirigé. On notera d’ailleurs que Jacob est loin d’être systématiquement désigné sous le nom d’Israël et nous voyons dans ce changement de nom une interpolation au service du camp d’Israël. Dans le Livre de l’Exode, Dieu se réfère régulièrement aux « Bnéi Israël », aux fils, aux enfants d’Israël ce qui va donner l’appellation israélite, en vigueur en France au XIXe siècle alors que l’expression « Juifs » (contraction qui renvoie à Juda l’emporte depuis quelques décennies), ce qui tend d’ailleurs à réserver le terme « israélien » pour les « Juifs » vivant en « Palestine ». La dualité Juda -Israël s’est comme réintroduite de nos jours en usant d’un terme pour les Juifs de la Diaspora et d’un autre pour ceux de l’État Hébreu.
Soulignons le fait que l’Évangile de Mathieu réaffirme le rôle du quatrième patriarche Juda « Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda (), le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. ». On peut donc voir dans le « nouveau Testament » une protestation contre cette prise de pouvoir dans le Pentateuque (Torah) d’Israël, au point que l’Exode évacue jusqu’au nom de Juda dans le discours que Dieu adresse à Moïse.
Revenons sur la question de la création de la femme. On sait qu’au chapitre II, Dieu constate qu’Adam ne trouve pas de partenaire parmi tous les animaux existants, il lui faut donc créer quelque chose qui n’existe pas encore. C’est la « icha » dont le nom vient du fait qu’elle est issue, extraite de « ish ». Certes, ce clone a été fabriqué à partir de la « chair » d’Adam, comme il est dit mais peut-on dire pour autant qu’elle est pleinement « humaine » ? En tout cas, elle n’est pas son épouse mais plutôt sa « femme de ménage », sa « bonne à tout faire », et qu’elle est une sorte de clone, ce qui renvoie à l’idée qu’Élohim dispose d’une biotechnologie fort avancée.. Si Adam s’unit à cette Isha, on est dans une sorte d’inceste, entre le père et sa fille. Or, dans le Jardin d’Éden, il n’est nullement question d’union, d’enfantement. Ce n’est qu’à la suite de l’expulsion qu’Adam s’unit à celle qui désormais portera le nom d’Eve mais nous avons vu qu’elle n’enfantera pas avec Adam mais avec un être divin, comme cela se pratiquait. Autrement dit, il importera de distinguer le féminin intégré au sein de l’génie adamique du féminin incarné par la femme. On parlera donc du féminin androgynal (neqéva) dans le cas de l’homme ou mieux encore de l’anima qui ne fait sens que s’il cohabite avec l’animus, au sein de cet être génie adamique qu’est l’homme (par opposition ici à la femme laquelle correspond à la « isha », l’épouse de l’homme mais non pas le féminin en l’homme. Chez l’homme, l’animus et l’anima se dynamisent mutuellement alors que chez la femme, seule existerait l’anima, ce qui oblige la femme à rechercher le dialogue à l’extérieur d’elle-même. Or, pour nous, le génie adamique exige une telle dualité intérieure, ce qui lui permet de ne dépendre de personne quand il se trouve en terre inconnue alors que la femme aurait toujours besoin qu’on lui prenne la main pour avancer Nous ne suivrons pas Jung ( » Dialectique du moi et de l’inconscient, Gallimard, 1973, pp 179 et 181 quand il écrit
« L’anima est féminine ; elle est uniquement une formation de la psyché masculine et elle est une figure qui compense le conscient masculin. Chez la femme, à l’inverse, l’élément de compensation revêt un caractère masculin, et c’est pourquoi je l’ai appelé l’animus. Si, déjà, décrire ce qu’il faut entendre par anima ne constitue pas précisément une tâche aisée, il est certain que les difficultés augmentent quand il s’agit de décrire la psychologie de l’animus. (…) Pour décrire en bref ce qui fait la différence entre l’homme et la femme à ce point de vue, donc ce qui caractérise l’animus en face de l’anima, disons : alors que l’anima est la source d’humeurs et de caprices, l’animus, lui, est la source d’opinions ; et de même que les sautes d’humeur de l’homme procèdent d’arrière-plans obscurs, les opinions acerbes et magistrales de la femme reposent tout autant sur des préjugés inconscients et des a priori. »
En effet, pour nous, la dialectique animus-anima se joue au niveau du génie, ce qui renvoie au premier chapitre de la Genèse. Quant à la femme, elle ne serait point selon nous animée par une telle dialectique, ce qui ressort du deuxième chapitre de la Genèse. Elle correspondrait au genre neutre, au numéro 3.
Les deux maisonnées sont intimement en résonance : celui qui ne maîtrise pas ses pulsions (maisonnée intérieure (micro) ne parviendra pas à se faire respecter de sa maisonnée extérieure (macro), à savoir ceux qui le fréquentent et dépendent peu ou prou de lui Rappelons la formule d’Auguste dans la pièce de Corneille, Cinna ou la clémence d’Auguste (1641) : « je suis maître de moi comme de l’univers ». (Acte V) En tout cas, selon nous, l’élément féminin de l’homme ne saurait être confondu avec la femme. Ce qu’on appelle féminin dans la Genèse correspondrait à notre idée de la maisonnée (cf supra), à savoir les parties inférieures fonctionnant de façon plus ou moins automatiques, ce qui relève de notre corps. En revanche, la femme (qui ne figure pas au chapitre Ier de la Genèse) serait un élément extérieur, détachable, de la dite maisonnée, une pièce rajoutée et non vitale pas plus que ne l’est tel ou tel appareil technique(cf notre Volet III). D’une certaine façon, la femme serait l’interface, la médiation entre l’homme et la machine tout comme le messager (Moïse, Jésus, par exemple) est un intermédiaire-de par sa nature même- entre les hommes et les dieux. On peut d’ailleurs se demander si dans le tétramorphe, ce n’est pas la femme plutôt que l’homme qui se trouve représenté aux côtés du taureau, du lion et de l’aigle –selon nous bien plutôt le porc.
Au regard de la grammaire, on est en droit de se demander si le clone ne correspondrait au troisième genre, le neutre, si fortement marqué en allemand avec le das qui se distingue du der (masculin) et du die (féminin) et d’ailleurs on dit das Mädchen est un neutre pour désigner une fille. Cela vaut aussi pour le latin comme dans le cas de templum et son pluriel templa (us et a au masculin et au féminin, i et ae au pluriel) On notera qu’en français, on distingue deuxième et second, deuxième permettant un troisième facteur alors que second exclue un troisième facteur.
Selon nous, en effet – et c’est une pierre dans le jardin de l’évolution darwinienne – il pourrait bien y avoir eu des interférences entre plusieurs ‘évolutions » et non un processus évolutif unique. Nous proposerons ici une nouvelle lecture de la Table d’Émeraude qui met en vis à vis le haut et le bas, en disant que le seigneur (position dominante) est en haut et la maisonnée en bas (subalterne) On pourrait parler d’évolutions parallèles mais pouvant interférer dans le temps et dans l’espace, par le biais de la colonisation, de l’emprunt, de l’influence, de la fascination-aliénation- ce qui conduit à la corruption, sans parler du progrès technologique qui a sa propre dynamique lequel est tout à fait susceptible d’interagir, comme le pensait Rousseau, avec un développement « naturel », « normal » qu’il tendra à venir peu ou prou perturber. .S’aliéner, c’est se perdre et en ce sens, on ne saurait valider l’attirance pour ce qui est autre, y compris pour autrui, du fait d’un sentiment d’incomplétude qui n’est pas sans rapport avec cette « nudité » dont Adam et Eve ont eu honte et qu’ils entendirent recouvrir avec un objet extérieur, à savoir des feuilles de figuier. Cela ne signifie nullement qu’il ne faille créer des outils qui serviront à notre prochain mais ce faisant force est de constater que nous l’aliénons voire l’asservissons car le servant se reconnaît par les outils qu’il pratique et dont il n’est pas le concepteur mais seulement l’opérateur. Celui qui se sert des outils se signale comme esclave alors que celui qui les élabore est le maître car ces outils sont des chaînes dans lesquelles l’esclave se complait, y compris quand il s’agit de réciter telle prière, telle bénédiction, tel psaume, dans un espace religieux. L’outil le plus prégnant n’est-il pas celui qui asservit notre bouche ?
En bref, la maisonnée regroupe tous les outils, les fonctions tant internes qu’externes, ceux que nous portons en notre corps comme ceux que nous bâtissons et contrôlons de par nos membres extérieurs (pieds et mains). Reste la question de l’identité du « maître de la maisonnée » celui auquel s’adressent les Dix Commandements, comme on l’a vu. Ce n’est ni la femme, ni le serviteur, ni l’animal qui composent la dite maisonnée et dont le chapitre II de la Genèse nous donne la description. Le maître de la maisonnée, c’est Adam, fait à l’image de « Dieu » et cet Adam nous l’identifierions volontiers au « Surhomme » et non pas à l’humanité « courante » qui est voué à le servir et en ce sens ce serait commettre un grave contre sens, nous semble-t-il, que de croire que le Décalogue vaut pour le commun des mortels ou qu’Adam est de même nature que le monde de sa maisonnée pas plus que le soleil n’est assimilable et réductible aux planètes qui gravitent autour de lui.
Or, dans le Nouveau Testament, au début de l’Epitre aux Colossiens 1 15, on lit à propos de Jésus de Nazareth, « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. », ce qui vaut pour Adam, ses descendants étant créés à l’image d’Adam, ce sont les « fils d’Adam ». Or Jésus se décrit aussi comme « fils d’Adam », que l’on rend faussement par « fils d’homme ».
Quant à la Lune, elle ne saurait être- en dépit d’apparences trompeuses- le pendant du Soleil, elle qui n’est que le satellite de notre Terre. D’ailleurs, le couple homme -femme (Ish-Isha) de la Bible –à ne pas confondre avec l’Adam, fils, conçu à l’image de dieu et dont les descendants tels Jésus se diront justement « fils d’Adam »- n’est pas sans nous faire penser à celui de Vulcain-Héphaïstos et Vénus-Aphrodite. Vulcain c’est le forgeron, l’homo faber et Aphrodite pourrait être sa « création » (cf. Pygmalion), de sa « fabrication », ce qui nous renvoie au Décalogue : tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain ni tout ce qui relève de sa « maisonnée » (Bayit). Mais ce « prochain », ce n’est pas n’importe qui, cela ne vaut que pour ceux qui appartiennent à l’ensemble dont il est question, tout comme aucune règle sociale, religieuse, ne saurait revêtir une implication universelle mais ne vaut que pour ceux qui se sont engagés à la respecter, faute de quoi ils seraient excommuniés, c’est à dire bannis de la communauté concernée mais non de l’humanité toute entière !Selon nous, si l’on se réfère aux chapitres II et III du Livre de la Genèse, le Serpent serait l’outil, la machine, c’est-à-dire la tentation par excellence dont le Shabbat s’efforce de nous protéger en nous demandant de ne nous servir d’aucun appareil, du plus primitif au plus sophistiqué. Une autre piste consisterait à voir dans le serpent l’idée de divination puisque « nahash » désigne, en hébreu, aussi bien le serpent que l’acte de connaître l’avenir et ainsi le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal pourrait avoir un rapport avec une certaine science du futur.( cf. Francis Eustache Dir. La mémoire au futur, Paris, Le Pommier, 2018)
Le message principal du judaïsme ne renvoie pas à un savoir transmissible par les textes mais à une réalité biologique à savoir que l’on ne saurait mettre l’homme et la femme sur le même pied, qu’un homme ne peut ou en tout cas se changer en femme et vice versa pas plus d’ailleurs qu’un non juif peut devenir juif ou un Juif cesser de l’être, sous prétexte qu’il aurait suivi quelque rituel.
Le « Ish » est complété par la Isha, laquelle est dotée d’une mécanique physiologique, organique, lui permettant notamment de porter, et de produire une progéniture alors que le Serpent correspondrait à une mécanique externe, instrumentale
On observe le mode de formation du féminin : passage de Ich à icha par l’adjonction d’un Hé final Comment dès lors, certains noms masculins comportent-ils ce trait féminin comme pur judah, un des fils de Jacob avec Youd, Hé, vav, daleth, hé –tout comme sa sœur Dina (Daleth, youd, noun, hé) – et pourquoi le tu qui s’adresse à un homme comporte-t-il la forme « Ata », aleph, Thav, Hé, ce qui vaut aussi pour Yahvé, auquel l’on s’ adresse aussi avec ce tutoiement au féminin du Ata associé au masculin Baroukh (ou l’inverse) « Baroukh ata Yahvé « ? Et pourquoi Yahvé comporte-t-il ce même marqueur final en Hé, ce qui sera parfois rendu par Jéovah ?
Genése II, 23
כג וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת.
|
23 Et l’homme dit: « Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu’elle a été prise de Ich. »
|
Genése 49 :
ח יְהוּדָה, אַתָּה יוֹדוּךָ אַחֶיךָ–יָדְךָ, בְּעֹרֶף אֹיְבֶיךָ; יִשְׁתַּחֲווּ לְךָ, בְּנֵי אָבִיךָ.
|
8 Pour toi, Juda, tes frères te rendront hommage; ta main fera ployer le cou de tes ennemis; les enfants de ton père s’inclineront devant toi!
|
ט גּוּר אַרְיֵה יְהוּדָה, מִטֶּרֶף בְּנִי עָלִיתָ; כָּרַע רָבַץ כְּאַרְיֵה וּכְלָבִיא, מִי יְקִימֶנּוּ.
|
9 Tu es un jeune lion, Juda, quand tu reviens, ô mon fils, avec ta capture! Il se couche; c’est le repos du lion et du léopard; qui oserait le réveiller?
|
י לֹא-יָסוּר שֵׁבֶט מִיהוּדָה, וּמְחֹקֵק מִבֵּין רַגְלָיו, עַד כִּי-יָבֹא שִׁילֹה, וְלוֹ יִקְּהַת עַמִּים.
|
10 Le sceptre n’échappera point à Juda, ni l’autorité à sa descendance, jusqu’à l’avènement du Pacifique auquel obéiront les peuples
|
Bénédiction : בָּרוּךְ אתָּה ייְָ, אֶלֹהֵֽינוּ מֶֽלֶךְ הָעוֹלָם
Cette Isha nous interpelle en ce qu’elle renvoie au Ish dont il n’est que fort peu question dans le Pentateuque. Tout se passe comme si s’était produit un télescopage, un hiatus qui nous fait passer brusquement de Adam à Ish, ce qui aura été une grande source de confusion quand on traduit les deux mot par le même terme, en français homme! Or Adam n’est certainement pas Ish, il est le maître adamique et non l’esclave Ish, pendant de la Isha, la servante, et il est question d’ un tel couple à deux reprise dans le Décalogue si ce n’est que l’on a tendance à distinguer la Isha de la servante alors que selon nous cela ne fait qu’un. Il importe donc selon nous de dire que les Hébreux sont les descendants d’Adam et leurs esclaves ceux de Ish et Isha, la Isha servant à la fois à la perpétuation de la lignée des maîtres et des esclaves, selon l’identité de son partenaire sexuel. Pour nous, le christianisme aura été instrumentalisé par la société juive d’en bas, celle des esclaves, vivant aux côtés des Hébreux. Quand on parle des païens, il s’agit de se situer dans le contexte des tensions au sein du monde juif, lequel ne comportait pas que des Hébreux mais aussi leur « maisonnée » (ce qui correspond au Bayit du Décalogue), toute une population gravitant tout autour. « En ces jours-là, dix hommes de toute langue, de toute nation, saisiront le pan de l’habit d’un seul individu Juif en disant : Nous voulons aller avec vous car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous ! » (Zacharie 8:23) mais ces païens qui vivaient dans la proximité, la vicinité des Juifs, avaient-ils pour autant abandonné leurs croyances en devenant « Chrétiens », d’autant que le Christ , c’est-à-dire le Messie, l’oint (mashiah) – ce qui renvoie à la royauté – ce qui vaut notamment pour le sacre des rois de France ? On peut en douter face à ce syncrétisme qui finira par faire de ce personnage un « fils de Dieu » ? Or, au regard de la mythologie, la notion de fils de dieu est classique : Jupiter n’est-il pas un des fils de Saturne (cf. notre tome II) ? Tout se passe comme si l’on se trouvait en face d’un marranisme, avant la lettre aves des païens lesquels tout en se judaïsant par la voie du christianisme n’en auraient pas moins conservé certaines de leurs représentations, ci-dessous un tableau de Goya montant Saturne dévorant ses enfants, ce qui nous renvoie au demeurant à l’idée du sacrifice du fils avec la scène de la crucifixion. Jupiter est le dernier né, le seul qui échappe à ce sort, sauvé par sa mère Rhéa , recueilli par une chèvre : Notons que dans le Livre du Prophéte Osée, le chapitre XI commence ainsi :
א כִּי נַעַר יִשְׂרָאֵל, וָאֹהֲבֵהוּ; וּמִמִּצְרַיִם, קָרָאתִי לִבְנִי.
|
1 Quand Israël était jeune, je l’avais pris en affection; du fond de l’Egypte j’ai appelé mon fils
.
|
Mais le retour à l’hébreu nous fait préférer la traduction : » je l’ai appelé mon fils ». En tout état de cause, il est bien ici question d’un « fils de Dieu » tout comme Isaac est le fils d’Abraham, dans la scène du sacrifice du fils (ligature)
Kronos/Saturne dévorant ses enfants, à l’exception de Zeus/Jupiter . par Goya
En fait, tout dépend de ce que l’on entend par « Dieu » ? Il est clair que la notion de filiation ne fait guère sens pour un dieu universel ou métaphysique mais exige qu’il y ait un dieu en chair et en os, mais d’une autre origine que l’Homme, c’est ce que nous appelons le Deus Faber, un dieu qui ne serait pas inventé de toutes pièces par et pour les « besoins » et les fantasmes des humains mais qui se présente et s’offre à eux ; un dieu en quelque sorte intrusif, non attendu à la différence des autres dieux. L’occasion fait le larron : ce dieu qui est présent (d’où la Shekhina, la Présence) alors qu’on ne attendait pas, sera accueilli et élu par les Hébreux. Car pourquoi ce Dieu aurait-il a priori choisi tel ou tel peuple ? Dès lors, que ce Dieu – formule très générale- ait des « fils » -dont on parle d’ailleurs au début de la Genèse- ne saurait surprendre. Ce dieu ne serait devenu dieu que du fait de l’Alliance, il aura été divinisé et l’on perçoit avec le personnage de Jésus toute l’ambiguïté d’un tel statut, forcément double.
Décidément, on ne saurait confondre sous le terme « homme » les fils d’Adam et ceux de Ish et quand Jésus se présente, il ne faut surtout pas traduire par fils de l’homme mais bien par fils d’Adam et c’est également ainsi que Dieu s’adresse à ses prophètes (cf. notamment dans le Livre d’Ézéchiel et aussi dans le Livre de Daniel VII, 13) Adam d’ailleurs peut-il être traduit par « homme ». N’est ce pas plutôt un certain personnage, une certaine humanité ?
Les commentateurs veulent croire que l’Ancien des Jours (Atik Yomin) siégeant avec le Fils de l’Homme (Bar Enash) ne serait autre que Yahvé, ce qui viendrait conforter leur idée de la Trinité (cf. Daniel Boyarin). En réalité, cette idée de Trinité ne serait selon nous qu’une pure invention visant à attirer les Juifs en leur faisant croire que Yahvé et Jésus, c’est tout un, ce qui permettrait de contourner l’interdit central pour les Hébreux de ne servir qu’un seul dieu, et ce d’autant plus que ce ne sont pas les dieux qui manquent !En fait, ce qui compte à propos de Jésus en tant que ‘fils de l’homme » ne tient pas aux miracles qu’il aurait accomplis notamment en matière de guérison, par exemple, mais au miracle que constitue l’aptitude à retrouver le sens premier des savoirs, des traditions, ce qui implique quelque part de pouvoir voyager dans le passé ! Rappelons d’ailleurs que le personnage de Moïse s’était déjà vu attribuer toutes sortes de miracles dans le Livre de l’Exode, d’une toute autre ampleur au demeurant. (cf Jonas Croissant « 45 versets bibliques sur les miracles de Moïse » https://www.connaitrepourvivre.com / single-post/versets-bibliques-sur-les-miracles-de-moise
C’est là, à nos yeux, la meilleure définition du réformateur génial, lequel est marqué par une forme d’androgynie, en ce qu’il est capable de se corriger sans avoir besoin de l’aide de qui que ce soit, puisqu’il est lui-même marqué par une altérité intérieure, ce qui renvoie ipso facto à l’état adamique. Il est important pour une société d’être en mesure d’identifier les êtres adamiques en son sein en séparant le bon grain de l’ivraie, le fils d’Adam et Ish, l’époux de la Isha.
Nous verrons qu’une société a impérativement besoin d’un certain nombre de fonctions assumées par certains de ses membres. Quand, elle ne dispose des personnes adéquates, il convient qu’elle en fasse venir pour les postes clé, sauf à se condamner à dépérir et à se scléroser.
Le récit de la Genèse doit-il être pris à la lettre ? Nous pensons que ce n’est pas Dieu qui a créé la femme pas plus qu’il ne se sera servi d’Adam pour ce faire- mais l’homme –Ish (Enosh) qui a créé Isha dans le cadre de ce qu’il faut bien appeler une « seconde création » laquelle vient compléter la Première, celle du premier chapitre de la dite Genèse en fabriquant introduisant la « machine », l’engin, l’outil et ce sera Ish-Vulcain qui aura la charge d’une telle entreprise ; mission qu’il accomplira jusques à nos jours y compris. . Mais la femme est certainement sa création la plus sophistiquée en termes de robotique. Au demeurant, force est de constater que notre humanité actuelle serait bien incapable de créer la femme si elle n’existait déjà.. Bien des éléments laissent à penser que ce qui est structurel relève de toute façon d’automatismes. Encore conviendra-t-il de distinguer entre technologie et biotechnologie, ces deux voies étant peu ou prou en concurrence. Par ailleurs, la création de la femme ne remet nullement en cause le statut androgynal comme d’aucuns voudraient nous le faire accroire (cf. tome II) mais correspond à une augmentation temporaire comme lorsque l’on se sert d’un appareil.. Le masculin et le féminin de l’androgyne ne sauraient se confondre avec la dualité homme-femme.
Genése I
כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.
|
27 Dieu (Elohim) créa Adam à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le (Oto, singulier) créa. Mâle (Zakhar) et femelle (Neqéva) il les (sic Otam, pluriel) créa.
Genése II
|
כא וַיַּפֵּל יְהוָה אֱלֹהִים תַּרְדֵּמָה עַל-הָאָדָם, וַיִּישָׁן; וַיִּקַּח, אַחַת מִצַּלְעֹתָיו, וַיִּסְגֹּר בָּשָׂר, תַּחְתֶּנָּה.
|
21 L’Éternel-Dieu (Yahvé –Elohim) fit peser une torpeur sur Adam, qui s’endormit; il prit une de ses côtes (miTsalatav), et forma un tissu de chair à la place.
|
כב וַיִּבֶן יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הַצֵּלָע אֲשֶׁר-לָקַח מִן-הָאָדָם, לְאִשָּׁה; וַיְבִאֶהָ, אֶל-הָאָדָם.
|
22 L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise d’Adam, et il l’apporta à Adam
|
כג וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת.
|
23 Et Adam dit: « Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu’elle a été prise de Ich. »
|
|
|
|
Genèse V On n’y parle plus de la cote d’Adam. « Il (Adam) se reproduisit à son image » C’est Adam lui-même qui fabrique Seth, sans même passer par le ventre d’ une femme. Etrangement, il est dit que Dieu dès le départ désigne Adam comme un pluriel « il les appela Adam le jour de leur création mais cela ne désigne aucunement un homme et une femme mais bien un être double, androgyne, dénommé Adam.. En tout état de cause, Adam n’englobe pas la femme puisque la femme lui sera ajoutée dans un second temps. Si Adam est créé à la ressemblance de son Créateur (et cela ne concerne pas un dieu universel mais un dieu issu de cette divinité première, cela signifie selon nous qu’Adam –et ses descendants - seront capables plus que d’autres de comprendre son projet, de l’expliciter et éventuellement de le restituer si celui-ci a été corrompu et selon nous, les Juifs sont les véritables descendants d’Adam et en tout cas de Seth, le troisième fils, ce qui les prédispose à la gestion de la Deuxième Création :
א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם: בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.
|
1 Ceci est l’histoire des générations de l’humanité. Lorsque Dieu créa Adam, il le fit à sa propre ressemblance (Demouth, synonyme de Tselem employé plus bas).
|
ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.
|
2 Il les (pluriel) créa mâle (zakhar) et femelle (Neqéva), les bénit et les (pluriel) appela Adam, le jour de leur (pluriel) création.
|
ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.
|
3 Adam, ayant vécu cent trente ans, se reproduisit à son image (beTsalmo) et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.
|
L’esclavage dans le Pentateuque
Dès le deuxième chapitre du Livre de la Genèse, l’on trouve une justification de l’esclavage (Ezer, l’aide), de tout ce qui peut se mettre au service d’Adam. L’esclavage est intégré d’ailleurs dans les Dix Commandements, dans deux d’entre eux.(Exode et Deutéronome)
« Tu ne feras aucune besogne, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante »
« Tu ne convoiteras pas la maison de son prochain, ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf ni son âne » (Ex 20,17)
Genèse II…19
« L’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers Adam, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme. 20 Et Adam donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais, pour Adam, il ne trouva point d’aide semblable à lui. » L’esclave (Ish/Isha) doit être à l’image d’Adam, ou plutôt à la ressemblance, un peu à la façon dont nous cherchons à« humaniser » nos robots quant à leur apparence…
On voit ainsi que le choix même de tous les animaux qui défilent devant Adam ne visait nullement un accouplement. On est là en plein dans la dynamique de la maisonnée, c’est à dire des êtres qui pourraient servir Adam comme c’est le cas de tel ou tel animal « domestique », ce qui n’est pas sans évoquer précisément les « alliances » de l’homme avec par exemple le cheval « la plus belle conquête de l’homme ». Au cœur de cette maisonnée, on va poser un être issu d’Adam lui-même. En ce sens , cette femme serait la fille d’Adam, la chair de sa chair et nullement la femme telle que nous l’entendons de nos jours, avec le tabou de l’inceste.
Genèse II, 22
« Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. »
Mais à propos de cette « aide », n’est- ce pas de l’esclave qu’il s’agit ? Rappelons que le Décalogue témoigne de l’existence d’une population servile aux côtés des Hébreux, notamment à propos du respect du Shabbat lequel s’impose à toute la « maisonnée », ce qui englobe d’autre populations, animales et humaines que les mâles Juifs adultes, entrant dans le « minian », ceux qui seuls comptent pour la tenue de l’office.- soit un minimum de dix participants- principe qui n’est pas respecté par le « libéral ». D’ailleurs, nous verrons que le respect de ce jour (attribué à Saturne) est propre à une certaine caste et que les autres castes pourraient être liées à d’autres jours de la semaine et ce n’est peut- être pas par hasard si les Chrétiens (avec le Dimanche, étymologiquement le jour du seigneur) et les Musulmans ne célèbrent pas le Shabbat mais ont d’autres repères de temps.
Est-ce que le récit de la Genèse ne vient pas légitimer une certaine dichotomie au sein du monde juif, entre le Juif et le non Juif et n’est-ce pas chez ces non Juifs côtoyant les Juifs au quotidien que seront recrutés les « païens » désireux de se christianiser ? Le christianisme, en quelque sorte, serait le cheval de Troie des païens pour pénétrer dans la citadelle juive, en recourant à l’artifice magico-juridique du baptême censé être en mesure de transmuter miraculeusement un païen en juif. . Le judéo-christianisme refléterait au départ la dualité du monde juif, comme le montre d’ailleurs l’Épître de Saint Paul aux Éphésiens. Pour se sentir « en dehors », il faut en fait avoir été dans une proximité. Ne vaudrait-il pas mieux parler, d’ailleurs, d’un judéo-israélisme ?
Le texte nous décrit bien la situation frustrante de ces païens vivant au sein du monde juif tout en étant maintenus à sa marge :
Chapitre II :
11 Vous qui autrefois étiez païens, traités de « non-circoncis » par ceux qui se disent circoncis à cause d’une opération pratiquée dans la chair, souvenez-vous donc
12 qu’en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu.
Il serait illusoire de penser qu’un tel message ait pu s’adresser à des populations n’étant pas au contact des Juifs. Ce qui limite d’autant les enjeux du christianisme originel, lequel n’avait vraiment rien d’universel ! Or, force est de constater que le fait de reporter la « faute » sur Adam et Eve vise à minimiser les accusations plus spécifiques à l’encontre des seuls Israélites. On peut même penser qu’il y aurait là une tentative de renversement accusatoire en permutant les rôles entre Israelites et Judéens.
Le texte est clair, il ne s’adresse aucunement à des Juifs mais à des « incirconcis » lesquels côtoyaient constamment les Juifs. Cela vise les Israélites, qui se sont retirés de l’Alliance et donc de la circoncsion ; On connait la formule « faire de nécessité vertu ». Etrangement, le sang de Jésus serait salvateur pour les fautes des Israélites et en ce sens, la crucifixion s’apparenterait à une circoncision collective !
On peut toutefois se demander si ce marqueur de la circoncision n’impliquait pas une société de la nudité car les marqueurs d’appartenance sont généralement conçus comme comportant une dimension visuelle, comme un tatouage. Le décalage est saisissant entre cette circoncision cachée par le vêtement et, le chapeau pointu, la rouelle ou l’étoile que portèrent les Juifs au Moyen Age ou sous Vichy. Cela dit, il nous apparait que le processus de circoncision n’est pas compatible avec notre idée de la troisiéme théologie d’autant qu’il suffirait alors d’être circoncis pour devenir Juif ! Dailleurs, si le fait de couper les cheveux et la barbe obéit à un processus cyclique, en quelque sorte végétal, il n’en est pas de même de la corconcision dont les effets sont irreversibles et donc constituent une atteinte à l’oeuvre du « Créateur ».
Ces populations glorifiaient le dieu d’Israël tout en leur semblant inaccessible. C’est dire que le christianisme n’était pas une religion pour les Juifs mais par les Juifs et en fait une sorte de prosélytisme de la part des Juifs. Dans le débat autour d’un prosélytisme juif, l’on ferait bien de prendre en compte le christianisme lui-même comme en étant une expression remarquable. Mais il ne faudrait peut-être pas exagérer ce que promettait un tel prosélytisme, à savoir se mettre en orbite autour du noyau juif et non pas se fondre en lui !
Rappelons que- comme le rapporte le Nouveau Testament- le Juif n’était pas censé fréquenter le « non Juif » : Actes des Apôtres, ch. X, 28 Il leur dit : « Vous savez qu’un Juif n’est pas autorisé à fréquenter un étranger ni à entrer en contact avec lui », ce qui selon nous va au-delà de considérations strictement religieuses mais comporte une dimension « raciale ».
Ce qui nous interpelle à propos de la circoncision tient au fait qu’il s’agit d’une pratique que chacun, en principe, peut imiter, reproduire quelle que soit sa naissance, ce qui ressemble fort à un processus de conversion à l’instar du baptême. Quand Paul oppose Juifs et non Juifs plus ou moins judaïsés tout de même, de par leur proximité sinon de leur promiscuité, du fait de la circoncision, on a comme l’impression que les Juifs naitraient, en quelque sorte, circoncis ! Et comment se fait-il justement que le christianisme- à la différence de l’Islam par la suite- n’ait pas jugé bon d’ adopter la circoncision, signe de l’alliance depuis le temps d’Abraham, en dehors du fait que cela ne pouvait viser que les mâles . Tout se passe comme si ce rituel de la circoncision pratiquée au huitième jour restait un secret bien gardé que cela exigeait une technique particulière – un tour de main – non divulguée et que seule maîtrisait une certaine caste.(le « mohel »). Les musulmans reçurent-ils ce secret de la part des Juifs initiés ou bien procèdent-ils autrement, sans en respecter les règles établies, leur circoncision se pratiquant plus tardivement ? Est-ce que les dites règles furent fidèlement transmises jusqu’à nos jours dans le monde juif ? Il semble qu’il soit possible de distinguer entre les différentes formes de circoncision et il importe donc de préciser circoncision à la mode juive, ce qui signifie qu’elle n’est pas aisément imitable par les non-initiés/ En fait, le christianisme aura transposé le lien entre l’alliance et le sang de la circoncision vers la crucifixion, notamment avec l’eucharistie où il est question du « sang de l’alliance » On nous parle de la circoncision par le sang par opposition à celle par le cœur alors même que la crucifixion est bel et bien liée au sang !
La circoncision
Evangile de Jésus selon Marc XIV, 22-24
« Tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant : Prenez, ceci est mon Corps. Puis prenant une coupe, Il rendit grâces, la leur donna et ils en burent tous. Et Il leur dit : Ceci est mon Sang, le Sang de l’alliance qui va être répandu pour une multitude. »
Genèse XVII
ט וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים אֶל-אַבְרָהָם, וְאַתָּה אֶת-בְּרִיתִי תִשְׁמֹר–אַתָּה וְזַרְעֲךָ אַחֲרֶיךָ, לְדֹרֹתָם.
|
9 Dieu dit à Abraham: « Pour toi, sois fidèle à mon alliance (Brith), toi et ta postérité après toi dans tous les âges.
|
י זֹאת בְּרִיתִי אֲשֶׁר תִּשְׁמְרוּ, בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם, וּבֵין זַרְעֲךָ, אַחֲרֶיךָ: הִמּוֹל לָכֶם, כָּל-זָכָר.
|
10 Voici le pacte (Brith) que vous observerez, qui est entre moi et vous, jusqu’à ta dernière postérité: circoncire tout mâle d’entre vous.
|
יא וּנְמַלְתֶּם, אֵת בְּשַׂר עָרְלַתְכֶם; וְהָיָה לְאוֹת בְּרִית, בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם.
|
11 Vous retrancherez la chair de votre excroissance, et ce sera un symbole d’alliance (Brith) entre moi et vous.
|
יב וּבֶן-שְׁמֹנַת יָמִים, יִמּוֹל לָכֶם כָּל-זָכָר–לְדֹרֹתֵיכֶם:
|
12 A l’âge de huit jours, que tout mâle (zakhar), dans vos générations, soit circoncis par vous;
|
יג הִמּוֹל יִמּוֹל יְלִיד בֵּיתְךָ, וּמִקְנַת כַּסְפֶּךָ; וְהָיְתָה בְרִיתִי בִּבְשַׂרְכֶם, לִבְרִית עוֹלָם.
|
13 Oui, il sera circoncis, l’enfant de ta maison ou celui que tu auras acheté; et mon alliance (Brith), à perpétuité (Brith Olam), sera gravée dans votre chair.
|
Epître de Paul aux Ephésiens
Ch Ier
05 Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté,
06 à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé.
07 En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce
Ch 2
12 » qu’en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu.
13 Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. »
Autrement dit, il fallait d’une façon ou d’une autre que le sang vint sceller cette « nouvelle alliance ».
Mais selon nous, la circoncision était bel et bien prohibée pour ceux qui avaient démérité de l’alliance tout comme l’est la communion chrétienne. Le droit canonique écarte de la communion « les excommuniés et les interdits (…) et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste. » (cf. Canon 915) L’Epitre de Paul aux Ephésiens fait bel et bien a référence à une incapacité propre à une certaine population à revendiquer le droit à la circoncision. Ce ne sont évidemment pas les « païens » qui sont ici visés mais bien des « excommuniés », ceux qui ont été exclus de l’accès à une telle pratique libératrice puisque la circoncision est un acte qui libère, qui décharge. On pense à la formule chrétienne « Délivre-nous du mal », ce qui est la fonction même de la circoncision.
Pour nous, le judaïsme ne fait sens qu’au prisme du monde judéo-chrétien le juif est censé y jouer un rôle central – placé au milieu des nations (Goyim), non pas par un message que tout un chacun pourrait s’approprier mais par sa présence et sa « puissance ». Un Juif qui n’est pas en mesure d’assumer une certaine centralité, dans quelque domaine que ce soit, ne se réalise pas comme Juif et cela signifie qu’il soit reconnu de facto par les non-juifs quant à sa centralité, celle de chaque individu juif où qu’il se trouve et non au sein de quelque « Etat Juif ». Etre Juif, comme l’annonce Jérémie, dans le cadre de la Nouvelle Alliance, est une affaire personnelle et chaque Juif doit se demander en conscience s’il assume pleinement un destin juif dans le monde de par l’impact qu’il y exerce. La relation entre Juifs et Chrétiens ne saurait être symétrique : le Juif peut devenir Chrétien mais le Chrétien ne saurait devenir juif, car dans un cas l’on s’inscrit dans le registre de la surconscience et dans l’autre dans celui de la Subconscience. Or, la Surconscience (Ancienne Alliance) peut se transmettre par la culture alors que la Subconscience relève de la transmission héréditaire.(Nouvelle Alliance)
L’antisémite qui dénonce le pouvoir juif ne fait que mettre en évidence un état de fait qu’il serait aberrant de nier car si le Juif est souvent jugé responsable de ce qui se passe, de ce qui se trame, dans le monde, n’est-ce pas là le revers de la médaille ? C’est de bonne guerre. En ce sens, il est tentant d’instrumentaliser l’antisémite en tant que révélateur et observateur du fait juif plutôt que de vouloir le diaboliser. On peut même se demander si l’antisémite ne plaque pas sur le Juif une certaine idée de Dieu, omniscient, omnipotent et quelque part, cela n’est pas sans faire sens si l’on admet que les Juifs sont les « agents « d’une certaine forme de divinité. Au vrai, l’antisémite se rend parfois compte qu’il accorde trop de pouvoir aux Juifs, ce qui serait leur faire trop d’honneur.
Érotisme et religion
Dans « Lakshmi Tantra » La Grande Déesse dit: «Quand le yogi rencontre une belle femme avec un corps très harmonieux, il doit d’abord voir moi, Lakshmi dans cette femme. Il doit prendre en compte le souffle vital de la femme (prana) comme étant le soleil, et son âme comme étant le Soi Suprême. Sa beauté et le charme doit être vu comme étant le feu céleste. L’homme doit toujours voir la femme douée comme étant l’un avec moi, La Grande Déesse! «
D’ailleurs, nous verrons que selon nous le(s) dieu(x) d’es Hébreux est/sont une entité féminine qui exige de ses sectateurs d’être adorée, « bénie », « louée » comme le montre ce texte du Deutéronome qui marque le début de la prière juive par excellence du « Chéma Israël » . En fait, l’homme est l’entité qui transfigure le monde, qui transmute le plomb en or
Écoute, Israël, l’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est UN.Chmâ, Israël, Ado-nay Elohim, Ado-naï Ehad’
Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.
Baroukh chem kevod malkhouto le’olam vaed
Tu aimerasl’Éternel ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tous tes moyens
Vehaavata et Ado-naï Elo-hekha, bekhol levavekha,
ou bekhol nafchekha, ou bekhol meodekha
En fait, il conviendrait (cf infra) de traduire Eloheynou par « nos dieux » et Eloheykha par « tes dieux (» (à toi Israël). Quant à la mention de Yahvé, cela désigne le dieu de la Création du premier chapitre de la Genèse et non celui qui s’est adressé à Moise, dès lors que l’on aura pris la mesure des interpolations, des permutations et autres « incorporations » , comme on les qualifie chez les savants Musulmans, très conscients de ce que certains commentaires ont pu être considérés à tort comme faisant partie du texte commenté
Ce n’est pas l’amour du « prochain » qui est ici mis en avant mais celle du dieu (des dieux) des Hébreux les Commandements envers autrui ne viennent qu’après. Mais si on lit le Décalogue, on note que la femme n’y est présente qu’en un seul commandements, le dernier : tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ce qui fait écho au premier commandements : Dieu ne tolère pas l’infidélité, pas plus que la femme ne la pardonnera, tout en sachant qu’il est d’autres dieux et d’autres femmes. : ceux et celles du prochain. D’aucuns voudraient qu’il n’existât qu’un seul dieu mais cela ne vaut que pour l’amant qui a fait son choix et le mérite de l’homme Juif est de s’y tenir.
Exode XX, 2-17
I Tu n’auras pas d’autres dieux face à moi. Tu ne te prosterneras pas devant d’autres dieux que moi et tu ne les serviras point car moi l’’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux
X Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain »
Selon nous, ces Commandements ne s’adressent pas spécialement aux Juifs et ne sont donc pas fondateurs du : les Hébreux n’ont pas attendu le Décalogue pour exister en tant que peuple et bien avant Moïse, ils avaient leur propre culte. Ne pourrait-on penser que le Décalogue est une reprise du Deutéronome lequel comporte le même texte, à peu près littéralement ? Dans ce cas, il daterait d’une période initiée par David (cf. Daniel Boyarin, Le Christ juif. A la recherche des origines, Paris, Cerf, 2014), marquée par l’ouverture ‘horizontale » du aux « nations » et par un processus de colonisation des populations environnantes dont on n’a pas fini de subir les effets pervers, puisque cela a donné le christianisme paulinien. Encore convient-il de ne pas exagérer la portée d’une telle ouverture : le colonisé n’est pas pour autant placé sur le même pied que son colonisateur et il reste un citoyen de seconde zone.
Ajoutons qu’il existe également une sorte de « Décalogue », au demeurant plus complet et probablement moins tronqué au chapitre XIX du Lévitique, un des livres du Pentateuque avec celui de l’Exode. On peut même se demander si le dit Décalogue ne serait pas un résumé du dit chapitre du Lévitique : on pense au respect des parents et du Shabbat, à la prohibition du vol, du faux témoignage,
1 L’Éternel dit à Moïse: 2 «Transmets ces instructions à toute l’assemblée des Israélites: *Vous serez saints, car je suis saint, moi, l’éternel, votre Dieu. 3 Chacun de vous traitera sa mère et son père avec déférence et respectera mes sabbats. Je suis l’éternel, votre Dieu. 4 Vous ne vous tournerez pas vers les faux dieux, vous ne vous ferez pas des dieux en métal fondu. Je suis l’Éternel, votre Dieu.
5 »Quand vous offrirez à l’Éternel un sacrifice de communion, vous l’offrirez de sorte qu’il soit accepté. 6 On mangera la victime le jour où vous la sacrifierez ou le lendemain. On brûlera au feu ce qui restera jusqu’au troisième jour. 7 Si l’on en mange le troisième jour, ce sera une chose infecte: le sacrifice ne sera pas accepté. 8 Celui qui en mangera supportera les conséquences de sa faute, car il profane ce qui est consacré à l’Éternel: cette personne-là sera exclue de son peuple.
9 »Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu ne moissonneras pas ton champ jusqu’aux bords et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner. 10 Tu ne cueilleras pas non plus les grappes restées dans ta vigne et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu le laisseras au pauvre et à l’étranger. Je suis l’Éternel, votre Dieu.
11 »Vous ne commettrez pas de vol et vous ne recourrez ni au mensonge ni à la tromperie les uns envers les autres. 12 Vous ne jurerez pas faussement par mon nom, car ce serait déshonorer le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel.
13 »Tu n’exploiteras pas ton prochain et tu ne prendras rien par violence. Tu ne garderas pas chez toi jusqu’au lendemain la paie d’un salarié. 14 Tu ne maudiras pas un sourd et tu ne mettras devant un aveugle rien qui puisse le faire tomber, mais tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel.
15 »Tu ne commettras pas d’injustice dans tes jugements: tu n’avantageras pas le faible et tu ne favoriseras pas non plus le grand, mais tu jugeras ton prochain avec justice.
16 »Tu ne propageras pas de calomnies parmi ton peuple et tu ne t’attaqueras pas à la vie de ton prochain. Je suis l’Éternel. 17 Tu ne détesteras pas ton frère dans ton cœur, mais tu veilleras à reprendre ton prochain, ainsi tu ne te chargeras pas d’un péché à cause de lui. 18 Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune contre les membres de ton peuple. *Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Éternel.
19 »Vous respecterez mes prescriptions. Tu n’accoupleras pas deux bêtes d’espèces différentes. Tu n’ensemenceras pas ton champ de deux espèces de semences. Et tu ne porteras pas un vêtement tissé de deux espèces de fils.
20 »Lorsqu’un homme couchera avec une femme, si c’est une esclave fiancée à un autre homme et qui n’a pas été rachetée ou affranchie, ils seront punis, mais non de mort, parce qu’elle n’a pas été affranchie. 21 L’homme amènera un bélier à l’Éternel, à l’entrée de la tente de la rencontre, en sacrifice de culpabilité pour sa faute. 22 Le prêtre fera l’expiation pour lui devant l’Éternel avec le bélier offert en sacrifice de culpabilité pour le péché qu’il a commis, et le péché qu’il a commis lui sera pardonné.
23 »Quand vous serez entrés dans le pays et que vous y aurez planté toutes sortes d’arbres fruitiers, vous rejetterez leurs fruits comme étant impurs; pendant trois ans vous les considérerez comme impurs, on n’en mangera pas. 24 La quatrième année, tous leurs fruits seront consacrés à l’Éternel au milieu des réjouissances. 25 La cinquième année, vous mangerez leurs fruits et vous continuerez à les récolter. Je suis l’Éternel, votre Dieu.
26 »Vous ne mangerez rien avec du sang. Vous n’observerez ni les serpents ni les nuages pour en tirer des pronostics. 27 Vous ne couperez pas en rond les coins de votre chevelure et tu ne raseras pas les coins de ta barbe. 28 Vous ne ferez pas d’incisions sur votre corps pour un mort et vous ne vous ferez pas de tatouages. Je suis l’Éternel.
29 »Tu ne déshonoreras pas ta fille en la livrant à la prostitution, de peur que le pays ne se prostitue et ne se remplisse de crimes.
30 »Vous respecterez mes sabbats et vous traiterez mon sanctuaire avec déférence. Je suis l’Éternel. 31 Ne vous adressez pas à ceux qui invoquent les esprits et aux spirites, ne les recherchez pas, de peur de vous rendre impurs par eux. Je suis l’Éternel, votre Dieu.
32 »Tu te lèveras devant la personne aux cheveux blancs et tu traiteras le vieillard avec honneur. Tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel. 33 Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne le maltraiterez pas. 34 Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un Israélite, comme l’un de vous; vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers en Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu.
35 »Vous ne commettrez pas d’injustice ni dans les jugements, ni dans les mesures de dimension, ni dans les poids, ni dans les mesures de capacité. 36 Vous aurez des balances justes, des poids justes, des mesures de solides justes et des mesures de liquides justes. Je suis l’Éternel, votre Dieu, qui vous ai fait sortir d’Égypte. 37 Vous respecterez toutes mes prescriptions et toutes mes règles, vous les mettrez en pratique. Je suis l’Éternel.»
Or, force est de constater que cette présence réitérée de la mention des Israélites, des Beney Israel, lors de la Sortie d’Egypte a quelque chose de choquant, d’insolite et nous montre à quel point le Pentateuque vise à fausser la chronologie biblique, au moyen d’une réécriture de l’Histoire. Nous voudrions que l’on mit fin à une telle confusion en soulignant l’israélisme des Chrétiens, à savoir leur filiation –sur quelque plan que cela puisse être-.avec ces peuplades colonisées et dominées par les Judéens, intégrées artificiellement au sein du royaume davidien.
Économie de la maisonnée
On ne saurait, à notre sens, penser la laïcité si l’on refuse la dualité de l’homme avec sa « maisonnée », ce qui signifie de placer la femme, la isha » au cœur de la dite maisonnée en compagnie de toute une domotique, qui va des objets – au sens d’éléments extérieurs -comme dans le sens d’objectivement- les plus anciens aux plus modernes. Il est clair, selon nous, que l’on se sert des Écritures pour nier le réel car il est plus facile de pinailler sur le sens des mots surtout quand il s’agit de traduction – que sur l’évidence des faits, d’où ces leçons biaisées du récit de la création d’Adam, au premier chapitre d’Adam. Étrangement, la lecture des Écritures peut aussi bien nous aider à mieux appréhender le réel qu’à nous en éloigner !
La façon dont une société masculine « traite » sa « maisonnée » se situe au cœur de la diversité sociale telle qu’on est amené à l’appréhender dans le temps et dans l’espace. Quelles lois alimentaires se fixe tel groupe, quel statut le groupe confère aux femmes, tout cela est très relatif et la laïcité ne peut que s’articuler sur une telle relativité. On nous dit que la façon dont une société se comporte avec les femmes qu’elle englobe ne saurait être laissée à la liberté de ladite société. Il nous semble qu’une telle attitude est excessivement intrusive et ce d’autant que cette attitude est susceptible de varier cycliquement (cf infra). C’est la notion de variable d’ajustement qui est à la base de la créativité sociale. Qu’une société souhaite conférer un même statut à des éléments de la maisonnée (femmes, animaux domestiques) qu’aux hommes est tout à fait concevable, mais de toute façon sera voué à des changements en cours de cycle. On notera -(avec le journal Libération) que le principe de réalité aura fait plier les politiques ayant préconisé la parité, lors des récentes élections : pas de femme comme premier ministre, ni comme chef des députés de la République en marche à la présidence de l’Assemblée Nationale, alors que ce mouvement a la majorité absolue.
Au sein de la maisonnée, il ne doit pas exister de rapports d’argent. Ce qui appartient à la maisonnée se situe d’emblée dans le prolongement de son centre, à savoir l’homme ou ce qui en a le statut. Les Dix Commandements révèlent un certain mode de fonctionnement impliquant une solidarité– c’est à dire un sentiment d’unité- la maisonnée marche comme « un seul homme »- entre ses membres, tant humains qu’animaux ou machines. Plus largement, la communauté qui est l’octave supérieure de la maisonnée, ce qui suppose une proximité, un voisinage, devrait également ne point fonctionner sur la base d’on ne sait quel contrat de travail et cela explique quelque part le scandale des « emplois familiaux » (cf. infra) La Révolution Française a voulu ne rien placer entre l’état et le citoyen en interdisant les corps intermédiaires, comme les corporations. Or, nous pensons que c’est précisément ce niveau qui doit jouer un rôle capital en ce qui concerne la politique de solidarité, d’entraide et de proximité si ce n’est que dans certaines régions, le lointain sera préféré au proche : on ne souhaite pas que nos proches soient au courant de nos problèmes et nos proches préfèrent ne pas entendre parler de nos succès, ce qui conduit à défaire le lien social de proximité avec les conséquences économiques que l’on sait. Un tel blocage doit être traité car il crée une dépendance par rapport au « lointain » en termes d’endettement, d’emprunt. Préférer le regard de celui qui nous est étranger est un syndrome qu’il faut traiter. Cela nous renvoie d’ailleurs à la question juive et du « bon usage » des Juifs au sein d’une société qui dispose d’une certaine population juive sans parler de la possibilité d’en exporter ou d’en importer. Dès lors que l’on admet que les Juifs jouent un rôle spécifique au regard de la verticalité monarchique- davidienne – et rappelons que la ‘royauté » de Jésus passait par une telle filiation- ne serait-ce pas une erreur, une faute, que de ne pas exploiter cet atout comme il le mérite ? C’est en fait toute la question du rapport au prochain, à notre prochain qui se pose ici au prisme d’une économie de la proximité.
Selon nous, celui qui est doté de talent, qui a besoin de donner s’inscrit dans une logique de gratuité alors que celui qui n’a pas reçu une telle grâce s’enferme dans une logique d’argent et il se plie et se conforme à des exigences extérieures. Le pire, c’est que celui qui n’est pas doué ne pourra fournir qu’un travail médiocre – et que celui qui est doué excellera dans ce qu’il accomplit. L’étranger est la plupart du temps condamné à appartenir à cette « seconde société » mais tout particulièrement quand cela se caractérise par une différence visuelle (sexe, couleur de la peau, forme du visage etc) immédiatement perceptible, repérable à l’instar des signaux er des icônes de circulation ; Tout se passe comme si dans son rapport de la société avec la machine, l’on avait besoin d’une interface occupant un statut intermédiaire et susceptible d’être traitée en conséquence ; Paradoxalement, l’outil – au sens large du terme et cela englobe le serviteur, le « garçon de café », la caissière – du fait qu’il partage notre intimité, devra – pour que l’on tolère son intrusion – apparaître comme neutre, en quelque sorte transparent, sinon insignifiant.
On ne saurait contester que tout ce qui constitue la maisonnée, relève, comme le souligne le commandement du décalogue sur la convoitise des biens, d’une dynamique d’acquisition, de possession ; On ne peut s’approprier que l’avoir pas l’être et ce que l’on a acquis peut se perdre, se dérober. La femme, étant que composante de cette « Bayit » est elle aussi objet de désir, signe d’enrichissement, à l’instar de la maison, stricto sensu, elle-même et tout ce qu’elle contient et tout cela forme un tout, souvent symbolisé par l’existence et les moyens d’existence de la ‘famille ». Proudhon disait que la propriété c’était le vol, ce qui signifie, pour nous, que toute acquisition est une appropriation, le vol n’étant qu’une désappropriation.
Que ce soit le respect du Shabbat s’imposant à toute la maisonnée, sans exception que la mise en garde contre toute interférence entre les membres de deux maisonnées distinctes (tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain etc.), la maisonnée apparaît bien comme une entité économique à part entière qui doit, optimalement, jouir d’une certaine autonomie. La notion de maisonnée rejoint d’ailleurs peu ou prou celle de famille et souvent l’on dit de telle personne qu’elle fait partie de la famille (amis, domestiques etc.). On note que dans certains cas, l’on a isolé, par quelque artifice, le commandement concernant la femme de ton prochain de celui sur la maison de ton prochain, probablement pour éviter que la femme soit considérée comme un élément de la maisonnée. Mais rappelons que le prochain est avant tout celui qui nous est semblable, qui appartient au même groupe que nous et non l’étranger, ce qui est souvent sous- entendu et allant de soi même si cela n’est pas précisé explicitement. Il ne fait pas sens de distinguer ce qui ne se ressemble pas. Selon nous, le Shabbat est un devoir réservé aux hommes Juifs c’ est donc un devoir fonction d’un droit. Celui qui n’est pas Juif n’a ni le droit, ni le devoir de respecter un tel commandement.
Il importe de comprendre que le domestique est par définition quelqu’un qui n’appartient pas au milieu dans lequel il est accueilli sous certaines conditions mais cela vaut évidemment pour l’animal dit « domestique » qui n’est reçu parmi les hommes qu’à un certain prix, qui peut être qu’il est voué à terme à être consommé.. La fable du Rat des villes et du Rat des champs (La Fontaine) illustre bien, selon nous, une telle problématique quant au prix à payer pour vivre en dehors de son milieu naturel, avec les siens, non pas d’adoption mais de naissance :
Autrefois, le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D’une façon fort civile,
A des reliefs d’Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu’un troubla la fête
Pendant qu’ils étaient en train.
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.
- C’est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n’est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre. »
—
Les choses n’ont guère changé depuis des millénaires : il a toujours existé des outils, et peu importe leur degré de sophistication. Ces outils, et notamment ceux qui contribuaient à marquer le temps auront accompagné l’essor de la Science et l’on ne peut poser la question du temps sans prendre la mesure de ce qui est mécanique dans le fonctionnement de l’Humanité, à savoir la dimension cyclologique, laquelle ne saurait être considérée comme « naturelle », mais bel et bien le fait d’une « création ». En fait, le monothéisme ne serait nullement, selon nous, un hommage à la Nature mais bel et bien à un Deus Faber, à un Architecte non pas de l’Univers mais de notre monde, partie infime de l’Univers et même l’héliocentrisme ne traite en vérité que de notre monde et non du Monde . Le Deus Faber s’apparente à l’ange, être intermédiaire entre le Dieu primordial et l’Humanité.
D’ailleurs, dans le chapitre premier de la Genése, est-il jamais question d’une quelconque construction comme c’est le cas pour un Arche, une Tour, un tabernacle, un Temple, des « tables » (de la Loi ) comportant une écriture ? Deux idées de dieu se succèdent dans le Pentateuque, celle d’un dieu de la Nature et celle d’un dieu de la Culture encore que ce soient les humains qui construisent la Tour de Babel ou l’Arche de Noé.
Il semble d’ailleurs qu’il y ait une contradiction entre les deux entreprises d’un côté, Noé se voit encouragé à construire alors que dans l’autre, les bâtisseurs de la Tour ne sont pas bien vus. Mais dans les deux cas, l’on est bel et bien sorti du plan de la Nature, celui qui caractérise le chapitre premier lequel ne prévoit aucune forme de bâtiment ! Dans un cas, la construction fait suite à la destruction et dans l’’autre, c’est la destruction qui succède à la construction :
Genèse VI
13 Dieu dit à Noé : « Je l’ai décidé, c’est la fin de tout être de chair ! À cause des hommes, la terre est remplie de violence. Eh bien ! je vais les détruire et la terre avec eux.
14 Fais-toi une arche en bois de cyprès. Tu la diviseras en cellules et tu l’enduiras de bitume à l’intérieur et à l’extérieur.
15 Tu la feras ainsi : trois cents coudées de long, cinquante de large et trente de haut.
16 Tu feras à l’arche un toit à pignon que tu fixeras une coudée au-dessus d’elle. Tu mettras l’entrée de l’arche sur le côté, puis tu lui feras un étage inférieur, un deuxième étage et un troisième.
Genése XI
« 1 Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots.
2 Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s’y établirent.
3 Ils se dirent l’un à l’autre : “ Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! ” La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier.
4 Ils dirent : “ Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! ”
5 Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties.
6 Et Yahvé dit : “ Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux.
7 Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres. ”
8 Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
9 Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre. »
Nous parlerons d’épistémologie projective quand il s’agira de restituer un projet initial dans sa formulation première et d’épistémologie non projective quand on s’intéresse au résultat final sans d’ailleurs supposer nécessairement que cela corresponde à un quelconque aboutissement d’un plan de départ./
Il est vrai cependant que la robotisation croissante semble devoir mettre en péril la maisonnée traditionnelle. L’automobile a chassé l’hippomobilr; l’ordinateur/ l’informatique a fait de la sténodactylo voire de la correctrice un personnage assez archaïque tout comme le chauffeur de maître ou le barbier. Le seigneur de la maisonnée a acquis une autonomie de plus en plus grande. au point que l’on puisse dire comme pour le dieu des philosophes qu’il est un premier moteur et non une cause seconde. On pense aussi au garçon d’ascenseur (au groom, souvent représenté de race noire), à la standardiste quand il fallait lui annoncer le numéro demandé, aux agents de la circulation remplacés par des feu de signalisation, aux poinçonneurs du métro, immortalisés par Gainsbourg, et plus globalement à la désanimalisation (animaux et humains confondus) qui correspond à une nouvelle ère de l’assistanat avec le triomphe des mots en ‘auto” et en “self” dont la vraie signification est en fait que l’homme peut se débrouiller tout seul, le serveur robot remplaçant la serveuse ou la liseuse. Même les parents sont remplacés auprès de l’enfant par des consoles et bien évidemment les enregistrements remplacent les spectacles en temps réel avec évidemment des coûts bien moindres et une plus grande fiabilité…..Mais il importe de se méfier des faux outils qui n’existent que par leur utilisateur, sans lequel les dits outils seraient bien peu opérants. Comment distinguer un faux d’un vrai outil ? Nous dirons que le faux outil est alambiqué, genre usine à gaz mais que miraculeusement il va quand même fonctionner par la grâce du praticien qui, c’est le cas de le dire, y donne « du sien ». Il est clair que telle machine qui ne comporte pas la fonctionnalité voulue et qui néanmoins produit des résultats, ne peut le faire qu’au prix de quelque stratagème si ce n’est que tout le monde n’a pas un sens spécialement aiguisé des rapports de cause à effet, ne capte pas assez puissamment les hiatus, les décalages et peut ainsi être berné et mené en bateau.
Le charlatan, c’est celui qui vend un outil en laissant croire que le dit outil est « ‘à la portée de tous », du « premier venu » alors qu’en réalité, il ne donne un semblant de résultat que par le biais de celui qui s’en sert./ C’est notamment le cas du « thème astral » qui est le type même du faux outil qui doit tout à l’entregent de l’astrologue, ce qui n’empêche pas le dit astrologue de chercher à faire croire que l’outil en question serait autonome tant il est flatteur de pouvoir prétendre avoir créé un outil dépassant l’équation personnelle de son concepteur.. Même dans le cas de l’interprétation passant par l’ordinateur, il faudrait prouver que le texte proposé correspond réellement aux possibilités du savoir astrologique et non du talent du rédacteur du dit programme.(cf. infra)
Nous verrons qu’au bout du compte, la femme garde le pouvoir subconscient, à son corps défendant – et ce encore pour longtemps- de capter et d’enregistrer certains signaux cosmiques qui structurent la cyclicité sociale depuis des millénaires. Cela expliquerait notamment l’engouement des femmes pour tout ce qui touche à l’astrologie. La femme garde par ailleurs le pouvoir des sirènes dont Ulysse cherchait à se prémunir et nous verrons que cette tentation reste un enjeu moral majeur en ce XXIe siècle.
Mais pour l’heure, on n’en est pas encore là et on observe une confusion des genres qui ne permet pas clairement une division et une répartition du travail entre les deux sexes. La femme doit continuer à assumer son rôle d’interface entre l’homme et la machin, statut qui fait de la femme un stade intermédiaire entre l’homme et la machine. Trop souvent, les hommes négligent de se décharger sur les femmes des tâches ancillaires. On pense notamment à tout ce qui relève du passage de l’écrit à l’oral. Il n’est pas admissible qu’un homme lise à haute voix un texte écrit, il doit se réserver et se cantonner aux prises de parole spontanées et en phase avec la situation immédiate et cela vaut évidemment aussi dans le domaine musical. (cf. infra). Il y a donc un modus vivendi à repenser et à redéfinir entre les deux sexes . Selon nous, l’écrit relève d’un acte de conservation, de momification, ce qui constitue une provision en vue d’une pénurie, d’une disparition, d’une destruction annoncées. Une société qui a confiance en ses sources vives a-t-elle besoin de procéder ainsi ? A l’approche de l’hiver, l’on assiste à un processus de stockage, de conservation (confitures, charcuterie (chair cuite) etc., ce qui passe par l’abattage d’animaux, la récolte. L’on retrouve la dialectique de la Subconscience et de la Surconscience, du masculin vers le féminin, au sens de la Genése I, 27 :
כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.
27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois.
|
|
La part féminine d’Elohim, c’est sa création et cela vaut pour tout créateur inséparable de sa création, d’où une double contrainte : cette création encombre son créateur et en même temps en est inséparable.
La « création » de la femme.
Tout le récit de la création (qui n’est jamais ex nihilo) -ou plutôt de la « formation » (selon le verbe hébraïque employé) de la femme, au chapitre III de la Genèse nous semble sonner faux mais il est de la plus grande importance. Toute la question est de savoir dans quel ordre les choses se sont faites. Le chapitre V nous interpelle puisqu’il annonce un retour à l’androgynat avec la naissance de Seth alors que ses frères, Abel et Caïn, nés avant lui, seraient nés d’un homme et d’une femme et non d’un être à la fois mâle et femelle… Adam n’a pas besoin d’une femme pour générer Seth qu’il crée comme l’a fait Dieu pour lui « à sa ressemblance », « à son image ». En revanche, Seth tout comme ses descendants devront passer par le truchement d’une femme. C’est par erreur d’ailleurs que l’on traduit Adam par homme alors que c’est bel et bien le Saint Esprit dont l’homme est issu, ce qui donne sens à la formule « fils d’Adam », pour désigner l’homme alors que « fils d’homme » ne fait pas sens. Selon nous, Jésus ne dit pas qui’il est le fils de l’homme mais qu’il est le fils d’Adam c’est à dire du Rouach haKodesh, du Saint Esprit (cf Mathieu I) Autrement dit, le chapitre Ier de la Genése ne traite pas de la création de l’homme mais seulement de celle de l’Esprit Saint et ce n’est qu’au chapitre V qu’est relatée la création du premier homme à partir d’Adam., soit un fils d’Adam et non un fils d’homme, comme le rendent de fausses traductions qui rendent Adam par homme !.
Seth serait seul « fils d’Adam »- il est l’ancêtre notamment d’Enoch (nom qui signifie homme en araméen, équivalent d’Adam) et de Noé- alors que Caïn et Abel seraient les descendants de Ish et de Isha, Ish (Aleph Shin) étant la forme contractée de Enosh. (Aleph Noun Shin) Cela dit, si « Ish » est Enosh, cela fait plus sens que s’il s’agissait d’Adam dans les scénes du Jardin d’Eden car pour nous Adam n’a pas besoin d’une femme étant à la fois masculin et féminin à l’instar du Dieu de la Genése.(chapitre Ier)
Eve est aussi mère de Seth mais non pas du fait d’Adam mais, tout comme Marie, du fait d’une intervention, « opération » de l’esprit saint, à l’instar de Sarah, ultérieurement et c’est ainsi du moins que l’on peut comprendre la fin du chapitre IV de la Genèse. Ajoutons qu’un autre nom est utilisé pour désigner l’homme, à savoir Guéver (ce qui a donné Gabriel) Ce qui nous conduit à penser qu’Adam n’incarne pas toute l’humanité mais une humanité particulière.
טז וַיַּעַשׂ אֱלֹהִים, אֶת-שְׁנֵי הַמְּאֹרֹת הַגְּדֹלִים: אֶת-הַמָּאוֹר הַגָּדֹל, לְמֶמְשֶׁלֶת הַיּוֹם, וְאֶת-הַמָּאוֹר הַקָּטֹן לְמֶמְשֶׁלֶת הַלַּיְלָה, וְאֵת הַכּוֹכָבִים.
|
16 Dieu (Elohim) fit les deux grands luminaires (méoroth): le plus grand luminaire pour la royauté du jour (Soleil), le plus petit luminaire pour la royauté de la nuit (Lune), et aussi les étoiles. |
יז וַיִּתֵּן אֹתָם אֱלֹהִים, בִּרְקִיעַ הַשָּׁמָיִם, לְהָאִיר, עַל-הָאָרֶץ.
|
17 Et Dieu les plaça dans l’espace céleste (raqiya hashamayim) pour rayonner sur la terre (haAretz) |
יח וְלִמְשֹׁל, בַּיּוֹם וּבַלַּיְלָה, וּלְהַבְדִּיל, בֵּין הָאוֹר וּבֵין הַחֹשֶׁךְ; וַיַּרְא אֱלֹהִים, כִּי-טוֹב.
|
18 pour régner le jour et la nuit, et pour séparer la lumière (haOr) des ténèbres. Dieu considéra que c’était bien. |
ח שֵׁשֶׁת יָמִים תַּעֲבֹד, וְעָשִׂיתָ כָּל-מְלַאכְתֶּךָ.
|
8 Durant six jours tu travailleras et tu feras (veAssita) toutes tes tâches (Melakhtekha), |
ט וְיוֹם, הַשְּׁבִיעִי–שַׁבָּת, לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ: לֹא-תַעֲשֶׂה כָל-מְלָאכָה אַתָּה וּבִנְךָ וּבִתֶּךָ, עַבְדְּךָ וַאֲמָתְךָ וּבְהֶמְתֶּךָ, וְגֵרְךָ, אֲשֶׁר בִּשְׁעָרֶיךָ.
|
9 mais le septième jour est la trêve de Yahvé ton Dieu: tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs. |
י כִּי שֵׁשֶׁת-יָמִים עָשָׂה יְהוָה אֶת-הַשָּׁמַיִם וְאֶת-הָאָרֶץ, אֶת-הַיָּם וְאֶת-כָּל-אֲשֶׁר-בָּם, וַיָּנַח, בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי; עַל-כֵּן, בֵּרַךְ יְהוָה אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת–וַיְקַדְּשֵׁהוּ. {ס}
10 Car en six jours l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment et il s’est reposé le septième jour; c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du Sabbat et l’a sanctifié.
|
|
Si l’on s’en tient à une lecture non critique des premiers chapitres de le Genèse, Dieu aurait changé d’avis à propos d’Adam, mettant fin à l’androgynat du premier chapitre en adjoignant à Adam, non pas une femme mais un clone (isha, c’est Eve qui est mère de Caïn). Mais il existe d’étranges similitudes entre ces premiers chapitres et le chapitre VI, où Dieu déclare vouloir mettre fin à l’Humanité existante, ce qui recoupe peu ou prou le climat de l’expulsion du Jardin d’Éden.
Genèse VI, 9 : « Dieu dit à Noé : « le terme de toutes les créatures est arrivé, à mes yeux, (…) et je vais les ‘créatures) détruire avec la terre » Suit l’instruction pour bâtir une « arche » (.) Tu entreras dans l’arche, toi et tes fils et ta femme « . Le mot femme utilisé est le même mot qu’au chapitre II, Isa (Ishtekha, avec le suffixe du possessif).
Genèse chapitre VI
יג וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְנֹחַ, קֵץ כָּל-בָּשָׂר בָּא לְפָנַי–כִּי-מָלְאָה הָאָרֶץ חָמָס, מִפְּנֵיהֶם; וְהִנְנִי מַשְׁחִיתָם, אֶת-הָאָרֶץ.
|
13 Et Dieu dit à Noé: « Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux, parce que la terre, à cause d’elles, est remplie d’iniquité; et je vais les détruire avec la terre. |
יד עֲשֵׂה לְךָ תֵּבַת עֲצֵי-גֹפֶר, קִנִּים תַּעֲשֶׂה אֶת-הַתֵּבָה; וְכָפַרְתָּ אֹתָהּ מִבַּיִת וּמִחוּץ, בַּכֹּפֶר.
|
14 Fais-toi une arche de bois de gôfèr; tu distribueras cette arche en cellules, et tu l’enduiras, en dedans et en dehors, de poix. |
Autrement dit, Dieu met ainsi fin en effet à l’androgynat lors de la décision de tout recommencer. L’argument avancé au chapitre II semble d’ailleurs assez spécieux : «
Genèse II, 18 : »L’Éternel Dieu dit « il n’est pas bon que l’homme soit isolé, je lui ferai une aide digne de lui « (trad. Rabbinat)
On notera que la question de la nudité est également présente dans l’Histoire de Noé :
Genèse III ; 12 : »
L’Éternel Dieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu. Il répondit (…) J’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. Alors (Dieu) dit : Qui t’a appris que tu étais nu Cet arbre ont je t’avais défendu de manger, tu en as donc mangé «
Signalons en passant, une certaine invraisemblance dans le texte (Genèse, III) car le couple avait déjà couvert sa nudité au moyen de feuilles de figuier quand Dieu l’interpelle. Il n’avait donc plus de raison de se cacher. Par la suite, Dieu leur taillera des tuniques de peau de bête.
Genèse X, 21 : « Noé (.) planta une vigne. Il but de son vin et s’enivra et il se mit à nu au milieu de sa tente. Cham (..) vit la nudité de son père et alla dehors l’annoncer à ses deux frères. Sem et Japhet prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père mais ne la virent point, leur visage étant retourné. Noé réveillé de son ivresse connut ce que lui avait fait son plus jeune fils et il dit « Maudit soit Canaan etc. »Il s’agit ici d’une vigne dont Noé boit le fruit et cela conduira à la malédiction à l’encontre de l’un de ses fils, du fait de la question de la nudité, laquelle se retrouve à propos d’Adam.
Mais cela vaut aussi plus tard pour Loth. (Genèse XIX, 36) et en fait c’est dans cet épisode qui figure dans ce que nous avons appelé le premier volet de l’Exode, au-delà du chapitre XI, que la dimension scandaleuse est la plus marquante à telle enseigne que ce qui est dit ; en comparaison, à propos de Noé et d’Adam ne faisait pas sens en soi car il s’agit bien d’un cas d’inceste :
« Nous allons faire boire du vin à notre père. Ensuite nous coucherons avec lui. Alors grâce à nous, des enfants et des petits enfants naîtront de mon père ».
Si l’on confronte ces trois récits, l’on assiste à une déperdition de sens, en passant du cas de Loth à celui de Noé puis du cas de Noé à celui d’Adam.
En fait, Dieu le Père renonce à faire de Noé, le nouvel Adam, un être génial, à part, au sein des créatures terrestres et il décide donc de partir sur de nouvelles bases, ce qui fait de Noé en quelque sorte le premier homme « normal » doté d’une femelle, comme toutes les autres créatures qui vivent en couple. Il désigne le mâle et la femme : Ish et Ishto, (VII, 2) termes repris au chapitre II 22, pour désigner l’homme et sa femme mais qui ne désignent aucunement l’homme et la femme en particulier, comme les traducteurs le rendent, mais n’importe quel couple animal, ce qu’il convient de distinguer de zakhar/neqéva, (cf la création d’Adam Genèse I, 27 la naissance de Seth, Genèse V, 2). En fait, il existe deux récits, celui du premier et celui du second chapitre, pour nous placé entre le chapitre I et le chapitre V de la Genèse.
L’astuce des faussaires aura consisté à faire de la version originale la formulation finale en interpolant un récit d’échec avec Abel et Caïn , mettant ainsi en scène le tout premier meurtre, ce qui n’est pas sans évoquer la crucifixion, dans un chapitre qui traite du sacrifice. Eve déclare (fin ch. IV) « Dieu m’a donné une autre semence à la place d’Abel . » Le terme « Aher » pour autre est le mot clef ici. Seth devient ainsi le nouveau fils et l’on ne sera pas surpris de voir que les généalogies évangéliques ignorent Caïn et Abel et mentionnent le seul Seth, la descendance de Caïn étant maudite alors que paradoxalement, c’est le seul Seth qui figurait, selon nous, dans la version première. Tour de passe-passe Selon nous (cf. infra), ces premiers chapitres empruntent à une littérature édifiante illustrent en quelque sorte les Dix Commandements (cf. La Décade prodigieuse, film de Claude Chabrol, 1971) ; On y retrouve peu ou prou la tonalité des Fables de La Fontaine (avec sa « morale » de l’histoire ainsi contée comme tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, pour le Corbeau et le Renard) et la lecture de la Bible si souvent conseillée s’expliquerait par cette dimension sapientiale(plusieurs pièces y portent d’ailleurs le nom de « sagesse » ) dont elle semble être truffée et à laquelle ses rédacteurs ont dû emprunter pour étoffer leurs propos. Il s’agit d’une littérature dite « moraliste » décrivant les mœurs en vigueur, notamment durant la seconde moitié du XVIIe siècle.(cf. Paul Bénichou, Morales du Grand Siècle, Gallimard, 1948 )
On retrouvera un procédé assez comparable pour la composition des Centuries de Nostradamus et à ce propos l’on notera le parallélisme formel entre le repérage par chapitres et versets dans un cas et celui par centurie (ensemble de 100 éléments) et quatrains dans l’autre… Le contrecoup d’un tel procédé littéraire, dans la constitution du récit biblique serait alors t de nous présenter des personnages en train de commettre des actes moralement répréhensible, ce qui tend à développer l’idée de péché originel, de faute, de domination du mal etc. On pense ainsi que la relation entre deux autres frères, Jacob et Esaü, les deux fils d’Isaac, est marquée par de tels exemples à ne pas suivre plutôt que par une quelconque réalité historique, subvertie par des enjeux d’ordre éthique…
Selon nous, l’idée même de péché originel est à rechercher chez les Israélites (issus du Royaume d’Israël), eux-mêmes, peu ou prou rejetés par le royaume de Juda, le décalogue étant en fait un catalogue, un réquisitoire de tous les points qui leur sont reprochés. L’Epitre de Paul aux Ephésiens dans le Nouveau Testament témoigne de ce sentiment d’exclusion. On aura compris qu’il y a une différence majeure entre le païen, l’étranger et l’excommunié, le condamné.
Ephésiens chapitre II
« Vous étiez mort à cause de vos fautes et de vos péchés (…) Dieu nous a rendu vie avec Christ (..) Vous n’êtes plus des étrangers » entendons par là des exclus, des acteurs de seconde zone, des « brebis perdues », des brebis galeuses, des moutons noirs. On comprend ainsi pourquoi les Chrétiens ont voulu, à plusieurs reprises, « chasser » les Juifs en ce sens qu’eux-mêmes descendent de ceux qui furent bannis par les Juifs. / On voit bien que ce qui se passe dans la Bible concerne l’histoire interne des Juifs – on s’inscrit ici dans une dynamique de guerre civile – et de ceux qui gravitent autour d’eux et non des populations lointaines, « paiennes », qui auraient épousé des querelles qui ne sont point les leurs. On pense aux Africains et aux Asiatiques. Quand les Juifs parlent de Yahvé comme étant leur dieu (« notre dieu » Elohénou) cela signifie que ce n’est pas un dieu pour ceux qui n’appartiennent pas à leur monde.
L’histoire d’Elie (en hébreu Elyahou – on retrouve le nom de Yahwé- comme chez Isaie et Jérémie- illustre bien le regard porté sur le Royaume du Nord lequel a « abandonné » les lois de Yahvé, notamment avec le couple Achab-Jézabel. – forcément avant la chute du Royaume en 722 avant JC.. On voit bien ici –le doute n’est plus permis- que l’appellation d’Israël désigne ici le seul Royaume du Nord, ce qui peut choquer : pourquoi les gens du Royaume de Juda ont-ils fait leur deuil du nom d’Israël si ce nom les avait antérieurement englobés ? On devine ici l’existence d’un clivage remontant loin dans le temps et que l’e nom d’Israël n’aurait fait que recouvrir :
Livre des Rois I,
יז וַיְהִי כִּרְאוֹת אַחְאָב, אֶת-אֵלִיָּהוּ; וַיֹּאמֶר אַחְאָב אֵלָיו, הַאַתָּה זֶה עֹכֵר יִשְׂרָאֵל.
|
17 En apercevant Elie, Achab (le roi d’Israël) lui dit: « Te voilà donc, perturbateur d’Israël? »
|
יח וַיֹּאמֶר, לֹא עָכַרְתִּי אֶת-יִשְׂרָאֵל, כִּי אִם-אַתָּה, וּבֵית אָבִיךָ–בַּעֲזָבְכֶם אֶת-מִצְות יְהוָה, וַתֵּלֶךְ אַחֲרֵי הַבְּעָלִים.
|
18 Il répondit: « Ce n’est pas moi qui ai jeté le trouble en Israël, c’est toi et la maison (Bayit) de ton père, puisque vous avez abandonné (BeAzavkhem) les lois (Mitzwoth)de Yahwé, puisque tu es allé vers les Baalim (les prêtres de Baal)!
|
Dans l’Evangile de Luc, l’on revient sur le personnage d’Elie, au chapitre 4 et cela montre bien que le nom d’Israël renvoyait au royaume du Nord, encore du temps de Jésus :
Jésus ajouta: «Amen, je vous le dis: aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare: Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël; pourtant Élie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël; pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien.»
Mais le parallèle qui nous semble le plus flagrant concerne la construction du personnage de Jésus, éclairée par celle, quinze siècles plus tard, par celle du personnage de Nostradamus. Il existe d’ailleurs une Vie (Vita) de Nostradamus (dans le Janus François de 1594) qui se présente, peu ou prou, comme une Vie de Jésus. Dans les deux cas, on a affaire à une œuvre collective, étalée dans le temps dans sa composition et bien plus encore au prisme de son exégèse. S’il n’est pas question de contester qu’il exista un astrologue du nom de Michel de Nostredame pas plus qu’on ne saurait le faire, toutes proportions gardées, le dossier Nostradamus, bien plus récent, étant, on s’en doute, beaucoup mieux documenté et renseigné- pour un « prophète » surnommé Jésus, l’on n’en reste pas moins en droit de se demander quelle aura été la part de leur instrumentalisation, pour l’un comme pour l’autre. On a fait de l’astrologue Michel de Nostredame besogneux auteur d’almanachs astrologiques annuels le poète de quatrains prophétiques débordant largement en portée -quelle ubris! - le cadre de son temps -il meurt e 1566 tout comme on aura fait d’un Jésus d’abord centré sur le seul peuple hébreu, un « fils de dieu » venu « sauver » l’humanité toute entière. A plus d’un titre, nous pensons que l’histoire de Jésus emprunte fortement à celle de Moïse, du moins dans la mouture d’origine -perdue- du récit traitant du dit Moïse, tout comme les personnages de Moïse et de Jésus voire de Jean-Baptiste doivent beaucoup à Isaac voire à Ismaël (selon le Coran) Nul ne conteste qu’il ait existé un certain Jésus qui aura fait parler de lui mais aucun témoignage ne saurait fournir autre chose que des propos tenus par l’intéressé ou son entourage.
Dans les deux cas de Jésus et de Nostradamus (d’ascendance juive, rappelons-le) , il y a un évident changement d’échelle. De même, le personnage de Jésus va nous renseigner sur celui bien antérieur de Moïse et nous permettre de rétablir, avec une vraisemblance raisonnable, des aspects de la narration concernant le dit Moïse qui ont pu être gommés, comme en ce qui concerne le fait que tout comme Jésus il ne serait pas un humain ordinaire et comme lui serait apparu tel un être à mi-chemin entre l’état de dieu et celui d’homme…Ce n’est pas toujours ce qui est antérieur qui éclaire sur ce qui se présente ultérieurement, cela peut en effet être l’inverse comme dans le cas de la chronologie des éditions des « Centuries » (cf infra)
Seth, le vrai « fils d’Adam »
On notera que dans l’Ecclésiaste, le nom Abel (Hevel) signifie buée, souvent rendu par vanité. (Vanité des vanités, tout est vanité!), étrange nom au demeurant pour le fils d’Adam ! Seth en fait remplace à la fois Abel (et qui n’aura pas de descendance) qui a été tué et Caïn qui a été maudit mais qui n’en est pas moins « fils d’Élohim et d’Eve, tout comme le sera, nous dit-on, dans l’Évangile de Mathieu, Jésus, le fils de Marie et d’une divinité. Mais il y a un évident hiatus entre les naissances de Caïn et d’Abel et celle de Seth (et ce malgré les aménagements de la fin du chapitre IV). Seth est né d’ Adam qui n’a nul besoin d’un partenaire sexuel alors que les deux frères seraient nés d’une femme fécondée par un homme Ish. A moins qu’à l’instar d’un Isaac ou d’un Jésus, Seth ne soit né d’une femme, Eve, et d’une entité divine sans passer par un père. Cain et Abel seraient nés par un processus ordinaire, conséquence de la relation de Ish et de Isha alors que Seth annoncerait une autre forme de naissance, celle des « fils d’Adam ».. Notons que les deux frères, Caïn et Abel, sont à rapprocher des dieux égyptiens, Horus et Seth, ce dernier étant maudit à l’instar de Caïn. Par ailleurs, l’animal de Seth est le porc, lequel serait donc lui aussi maudit, d’où l’interdit concernant la consommation de cet animal, chez les Hébreux. Signalons toutefois la présence de porcs du temps de Jésus lors d’un exorcisme:
Evangile selon Luc VIII
» Or, il y avait là un important troupeau de porcs, qui cherchaient leur nourriture sur la colline. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d’entrer dans ces porcs, et il le leur permit. Ils sortirent de l’homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans le lac, et il s’y étouffa. »
Aussi, le chapitre IV ne peut qu’être plus tardif que le chapitre V. CQFD. Selon nous, ces chapitres n’étaient en fait pas censés se trouver à cet endroit. Ils y ont été placés malencontreusement ou délibérément et sans grand souci de continuité chronologique pour faire écho à la naissance de Jésus, faisant d’Eve une sorte de Marie, l’Ancien Testament faisant ainsi écho au Nouveau, étant entendu que les relations compliquées entre frères ne sont pas sans nous faire songer à celles entre les jumeaux Jacob et Esaü, lequel Esaü était sur le point de tuer son frère surnommé Israël. (Genèse XXXII-XXXIII)
Qu’est-ce que l’homme ?
Les frontières ne sont pas claires : l’on nous parle d’un homme « perfectible » qui le serait par le biais d’un appareillage et se pose alors la question du trans-humanisme. Mais sommes-nous si différents des animaux ? La femme se caractériserait- par-delà la question des organes génitaux qui intéressa Freud avec une situation en quelque sorte inverse– par sa possession d’objets extérieurs alors que l’homme s’affirmerait par la possession de facultés intérieures. Ce qui distingue le c’est à moi et le c’est de moi.
D’où cette notion de maisonnée que nous empruntons au , dans les Dix Commandements et qui inclut les animaux, domestiques, la progéniture, l’épouse. Pour notre part, nous pensons qu’il est préférable de recourir à une nouvelle polarité, celle de l’génie adamique et de l’androïde car la Isha de la Bible, tirée de la cote d’Adam correspond bien selon nous à la signification littérale du mot androïde, à savoir en grec ce qui est fils d’Adam (en grec Anthropos) . Cependant, la formule « Et Dieu créa la femme » ne doit pas faire penser que c’est le verbe « bara » du premier chapitre qui est employé à son intention. Si le verbe bara est utilisé pour la « création du génie adamique » (désigné d’ailleurs au pluriel) et plus généralement de toute la Création, c’est, en revanche, le verbe yatsar (d’où le Sefer Yetsira en kabbale) qui sert pour la « formation » de l’androïde (l’être qui est fabriqué à l’image de l’homme, Isha tirée de Ish). La lecture parfois proposée de « tirée du côté d’Adam » voire « à côté d’Adam », à la place de la « côte d’Adam » ne change rien à l’affaire puisqu’il est dit, par ailleurs, que Isha est tirée de Ish.
Selon nous, d’ailleurs, l’idée de création devrait en fait signifier une transformation et certainement un processus généré ex nihilo !
Essayons d’y voir clair au regard du texte biblique: on notera d’abord (chapitre I) que ce sont des adjectifs (zakhar et neqéva) et pas des noms communs qui sont utilisés pour désigner la dualité adamique, la traduction homme et femme n’étant pas recevable. Le fait que le texte désigne Adam tantôt au singulier, tantôt au pluriel tient à cette nature duelle. Qu’il soit demandé à Adam de se multiplier ne prouve nullement qu’il ait besoin d’une “aide” extérieure. Rappelons qu’Adam est créé après les animaux qui eux sont sexués, il fonctionne autrement. Passons au séjour dans le Jardin d’Éden (ch. II-III), il n’y est pas question d’enfantement. On notera que ce n’est pas Adam et son épouse qui sont chassés du Jardin d’Éden mais seulement Adam car c’est à Adam qu’il avait été prescrit de ne pas manger du fruit “défendu” et à la fin, il est dit “Voici Adam devenu comme un de nous (…) Ayant chassé Adam etc.”. Là encore, pas question d’une autre personne. Autrement dit, l’existence de la Isha n’a pas à ce stade de fonction précise et seul Adam importe Cette Isha, qui est une sorte d’appendice, d’hypostase, ne fait que suivre Adam mais elle n’est pas visée directement et compte “pour du beurre”. Au début du chapitre II, on rappelle qu’Adam a été créé par Élohim mais Élohim entend lui associer une aide mais Adam est parfaitement viable sans la dite aide qui est d’abord recherchée parmi les êtres déjà crées avant qu’Élohim se résolve à explorer une autre voie, que nous qualifierons de technologique. Au regard de la mythologie grecque, en revanche, la Isha serait, selon nous, Proserpine (Perséphone), la fille de Cérès (Démeter), qui mangea les pépins de la grenade l’enchaînant fatalement à Pluton (Hadés).(cf. infra). Elle quitte le paradis pour l’enfer.
Il y a un passage particulièrement étrange à Genèse II, 15, bien souvent ignoré:
“Je ferai régner la haine entre toi et ta femme, entre ta postérité (Zéra) et la sienne. Ceux qui naîtront d’elle t’écraseront à la tête et toi tu les blesseras au talon”. C’est bien d’une guerre des sexes qu’il est ici question! Rien à voir avec le serpent!
. On a tendance à vouloir comprendre qu »Elohim s’adresse là au serpent puisque c’est de cela qu’il s’agit au verset précédent mais nous pensons que cela traite bel et bien des rapports à venir entre Adam et cette Isha, dérivée du Ish qu’est Adam.
Ce passage nous semble très éclairant au regard de l’Histoire de l’Humanité, à savoir qu’à chaque génération jusqu’à nos jours, les deux postérités sont confrontées, celle d’Adam et celle de cette Isha, au service d’Adam, un peu comme dans les plantations du Sud des États Unis, se perpétuent les enfants des maîtres et ceux des servants.
« YahvéÉlohim façonna (Yatsar, ce qui donnera le Sefer Yetsira en kabbale) Adam » ni sa ressemblance avec le Créateur ! Tout se passe comme si tout le discours sur l’androgynat était gommé par le nouveau chapitre, si ce n’est que la solitude d’Adam ne se conçoit que du fait de l’androgynat à moins qu’il ne s’agisse de la découverte par l’homme de l’outil, ce contre quoi un Jean-Jacques Rousseau nous met en garde (cf. supra) au milieu du XVIIIe siècle.
Selon nous, ce qui importe ce n’est pas la façon dont le parle de Dieu, c’est à dire d’Elohim mais bien dont le parle de « son » Dieu (Yahvé). Il ne s’agit pas de noyer Yahvé dans l’océan élohique, mais bien de l’en extraire, en quelque sorte, tout en reconnaissant la dimension élohique partagée mais qui n’est pas spécifiquement juive. Ajoutons que le n’est pas une religion de la conscience individuelle mais de la conscience collective, du « nôtre » et non pas du « mon » (ce que l’on retrouve d’ailleurs , en héritage, dans le christianisme : Notre Dame, Notre Père etc) ce qui n’exclue nullement notamment la prise en compte de la question de l’androgynat et celle de la cyclicité, qui n’ont rien de proprement « yahvique ». Pour le judaisme , les enjeux collectifs priment, et pour les années 40 du Xxe siècle, tout à fait déterminantes, cela aura valu tant pour ce qui est de la Shoah que de la création de l’État d’Israël. Dans un cas comme dans l’autre, l’on aura été témoin des mirages de la Praxis, lorsque la théorie se mue en idéologie nazie ou sioniste et passe le relais à une pratique aveugle et rigidifiée..
Or, selon nous, les Hébreux ne savent plus prier leurs dieux, confondant le dieu de la création et leurs dieux providentiels car les textes ont été frelatés et c’est pour cette raison que ces dieux ne les ont point protégés. Mais ce fut déjà le cas après la mort de Salomon, qui fut suivie de la Captivité de Babylone car c’est sous David et Salomon (encore que l’existence même de Salomon ne soit pas attestée), que l’on avait voulu faire des dieux d’Israël et de Juda le dieu universel.
Soulignons que depuis des siècles, la part de la conversion au judaïsme est restée résiduelle et que le judaisme a bien montré qu’il pouvait exister sans un tel apport. En tout état de cause, le christianisme reste bel et bien la voie par excellence de la conversion au sens de reconnaissance du fait matriciel hébraïque. En ce sens, il est absurde d’attendre une conversion de la part des Juifs au christianisme dans la mesure où une telle conversion viserait à permettre aux non Juifs – ce qui renvoie quelque part à l’Épître aux Éphésiens- de devenir Juifs ou en tout cas d’ acquérir une statut équivalent au regard de l’Alliance Renouvelée, telle que définie par Jérémie au chapitre XXXI (cf infra). Au fond, demander à des Juifs de se convertir serait du même ordre que de demander à des citoyens français de suivre une procédure de naturalisation. C’est le monde à l’envers.
Pourtant, dans l’Apocalypse de Jean, l’accent est bien mis sur la filiation des 12 tribus :
Chapitre VII : »J’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau. Ils étaient cent quarante- quatre mille de toutes les tribus des fils d’Israël. De la tribu de Juda douze mille marqués du sceau, de la tribu de Ruben, douze mille etc »
Cela montre que le projet du Nouveau Testament était bien de réaffirmer l’existence des 12 tribus dont les noms sont repris de la bénédiction de Jacob à ses fils, à la fin du Livre de la Genèse, lequel se prolonge dans celui de l’Exode .
En vérité, une telle conversion des païens à la judéité ( terme utilisé par les Juifs laïcs) plutôt qu’au (Ancienne Alliance) relèverait bel et bien du miracle! Nous dirons que les païens passent par une double conversion en ce qu’ils doivent d’avoir devenir Juifs (puis assumer l’Alliance Renouvelée alors que les Juifs qui entendent rejoindre cette Alliance Renouvelée n’ont évidemment pas à devenir Juifs puisqu’ils le sont déjà. Quand on parle de Chrétiens, il importe de préciser Juifs chrétiens-Juifs étant sous-entendu- puisque l’ Alliance Renouvelée est réservée aux Juifs, quitte à devenir Juifs au moyen de quelque rituel, ce qui vaut plus selon nous pour les femmes que pour les hommes étrangers et dans l’histoire juive, et ce n’est pas par hasard, que l’on parle de conversions de femmes et non d’hommes. Les Chrétiens d’origine païenne sont de « nouveaux Juifs (» comme l’on désignera les Juifs espagnols convertis au christianisme (à partir de la fin du XVe siècle), en tant que « nouveaux Chrétiens » (appelés aussi par dérision marranes). Il importe de comprendre que la société juive du temps de Jésus était marquée, comme bien d’autres sociétés, par la cohabitation avec des populations asservies mais n’en partageant pas moins, au quotidien, les mêmes conditions de vie avec les tensions, oppressions et frustrations qui en découlent. On le sent bien à la lecture de l’Épître démagogique de Paul aux Éphésiens ! Proposer l’égalité fait surtout sens pour ceux dont le sort est précisément marqué par l’inégalité. Le païen, du temps de Jésus, ce n’est pas le Romain mais l’esclave non Juif, non pas le dominant mais le dominé ! Et ce dominé n’est pas taillé pour incarner une Alliance Renouvelée propre aux maîtres ! Or, les Chrétiens semblent vouloir- selon une logique d’interface- ignorer et les Juifs et les païens non christianisés
En fait la conversion des païens correspond à une deuxième vague de conversion : la première venait des Juifs désireux d’adhérer à une « Alliance Renouvelée » qui allait être suivie d’un afflux de non Juifs ne comprenant pas les conditions d’une telle conversion, laquelle passait au départ nécessairement par le fait d’être né« juif ». Nous avons noté que tout processus d’immigration changeait de nature quand à une première vague succédait une seconde. Cela vaut notamment pour l’immigration issue d’Afrique du Nord : les premiers arrivants n’avaient certainement pas la même conscience des enjeux que ceux qui les suivirent, à commencer par leurs enfants, nés en France et qui constituent bel et bien une nouvelle vague migratoire d’un autre type risquant fort de sauter certaines étapes de l’intégration. On ajoutera qu’il existe aussi une immigration de type linguistique comme ce fut le cas des Kabyles algériens victimes de l’arabisation de l’enseignement en lieu et place du français lequel se perpétua bien après l’Indépendance de 1962. A la différence des algériens non kabyles, cette population ne pratiquait pas l’arabe en famille et elle fut donc vouée à immigrer vers la France ou en tout cas vers un pays francophone. D’une façon générale, la deuxième vague tout comme la deuxième génération posent plus de problèmes que la première du fait que la deuxième vague se sert de la première vague comme interface au lieu d’être en contact direct avec la population locale.
De même quand on parle de « planètes », rappelons que planète est un adjectif apposé à étoile, en ce que l’on distingue étoiles fixes et étoiles errantes (planète étant un barbarisme dérivant du grec, signifiant errant)
D’aucuns contestent que les païens se convertissant ne pensaient pas pour autant devenir Juifs. Or, dans l’Épître aux Romains (II, 28), tout est clairement exposé : il s’agit bien de « se faire juif »:
« Ce n’est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ni la marque visible dans la chair qui fait la circoncision, mais ce qui fait le Juif c’est ce qui est intérieur, et la vraie circoncision est celle que l’Esprit opère dans le cœur et non celle que l’on pratique en obéissant à la lettre de la Loi. Tel est le Juif qui reçoit sa louange, non des hommes, mais de Dieu. »
Face à l’Épître aux Hébreux qui rappelle ce qu’est cette judéité, le Nouveau Testament place l’Épître aux Éphésiens qui annonce qu’il sera désormais possible de franchir la frontière entre Juifs et non Juifs. Or, à l’arrière-plan d’une telle proposition, il ressort que c’est alors un honneur que de devenir Juifs pour les « non Juifs « , ce qui sous-tend une certaine forme de jalousie, de convoitise pour le bien d’autrui chez ces derniers. Le paradoxe, c’est que la conversion ne fait sens que dans le cadre de l’Ancienne Alliance laquelle passe par un enseignement alors que l’accès à l’Alliance Renouvelée est conditionné par une appartenance, une descendance, à un héritage qui serait réservé au « peuple saint » (Épître aux Colossiens). Il reste que Paul qualifie Pierre d’ »apôtre des Juifs ( » alors que lui-même serait devenu, bien que né Juif, l’apôtre des païens. (Galates, II) et l’on retrouve cette dualité quand on compare l’Épître aux Hébreux et celle adressée par Paul aux Éphésiens.
Le baptême ne fait sens que pour les Juifs désireux de déclarer que le temps de la Alliance Renouvelée est advenu, il relève certes d’une prise de conscience, de l’entrée dans une « Église » réunissant ceux qui sont « partants » mais il ne saurait transformer un non Juif en Juif du moins sur la base de la dite Alliance Renouvelée!…Cela nous fait penser à ce qui s’est passé en France sous la Révolution, laquelle s’adressait à tous les « anciens » Français tout comme l’Émancipation des Juifs , à l’époque, ne pouvait viser que les « anciens » Juifs En fait, l’esprit de l’Alliance Renouvelée n’est pas censé impliquer une quelconque prise de décision de la part des intéressés, cela relève, peut-on dire, de la grâce et non de la volonté. Paul (Épître aux Galates, notamment) oppose la Loi de l’Ancienne Alliance à la Foi qui serait propre à la Nouvelle, l’esclavage à la liberté, Ismaël (fils d’une servante, Agar) à Isaac (né dans des conditions merveilleuses). Les Juifs sont convertis- s’il faut employer ce terme- de l’intérieur, malgré eux, car cela entraîne un changement de leurs facultés. L’on bascule du vers la judéité, de l’orthopraxie surconsciente vers une orthopraxie subconsciente. Nous dirons que le christianisme aura servi d’interface aux païens pour devenir Juifs si ce n’est qu’il aura outrepassé ce statut au point que la conversion aura fini par s’effectuer non plus vers les Juifs mais vers les Chrétiens. Sur un autre plan, pour mieux nous faire comprendre, les Juifs arrivés en France de Pologne ou du Maghreb ont-ils rejoint leurs « frères » Juifs de souche, installés en France de longue date ou bien plutôt la France?
A la différence de l’Islam, les Juifs ne se sont pas confondus -ou si peu- avec ceux qui entendaient les suivre et en cela, il faut se réjouir de l’existence même du christianisme car cela permet de ne pas tout mélanger, à moins de considérer le chiisme (qui revendique une filiation, une descendance) dans son rapport avec le sunnisme comme équivalent au face au christianisme. L’Islam tout comme le christianisme ont renoncé à tout enracinement géographique et ethnique à la différence du judaïsme, ce qui aura eu pour avantage de favoriser la conversion. Or, nous pensons que le rejet de la dimension « raciale » , génétique, ne peut aboutir qu’à un retour du refoulé.
Les théologiens chrétiens se sont divisés autour de la notion de consubstantialité (cf. l’hérésie d’Arius). Mais la question se pose en effet, quant à ce qui distingue l’homme de la femme. La plupart des commentateurs ne semblent pas avoir pris la mesure de l’enjeu et concluent un peu vite que la femme (Neqéva) de Genèse II est identique à celle de Genèse I. Or, ce n’est pas du tout notre avis : pour nous, la femme-épouse (Isha) est un être à part, né de l’homme et non de Dieu que l’on pourrait assimiler à une machine, laquelle comporte certes des similitudes avec l’homme mais présente des particularités qui lui sont propres. Or, la dimension « féminine » d’Adam est inséparable de sa dimension masculine ces deux dimensions étant inséparables et consubstantielles l’une par rapport à l’autre. Au fond, la Trinité Chrétienne ne met elle-pas en scène trois personnages et non deux ?. En tout état de cause, le judaïsme tel qu’il est devenu a beaucoup à apprendre du christianisme lequel réactive des sources fort anciennes et parfois oubliées en cours de route par le dit mais cette « trinité » que l’on retrouve dans la mythologie et dans une astrologie renouvelée(cf notre tome III) s’ancre sur un savoir lui aussi passé par -dessus bord.
Nous dirons que l’humanité d’Adam diffère singulièrement de celle de l’homme ordinaire (ish) même si dans tous les cas de figure, cela passe par le truchement d’une femme si bien que lors de l’accouchement, l’on peut se demander s’il est possible de faire, voir la différence sous une apparence si semblable au premier abord. Le fils d’Adam ne saurait être confondu, à terme, avec le fils de l’homme-Ish et bien entendu –l’on s’en doute-le nombre de fils d’Adam est bien inférieur à celui des fils de Ish. Mais il est vrai que la traduction grecque rend Adam par Anthropos, ce qui prête à confusion. Il vaudrait mieux ne pas traduire Adam.
Mais il nous semble que le personnage de la Vierge Marie serait une comparaison plus heureuse d’autant qu’elle sert avant tout de réceptacle. (Mathieu, I) Tout se passe comme si le Père -on sait qu’il est dans la dualité sujet-objet (cf Genèse I, il créa la lumière et vit que c’était une bonne chose) puisque Adam a été crééà sa ressemblance- s’était servi de Marie pour faire naître son Fils ; Jésus. De même les femmes serviront mécaniquement aux hommes à enfanter leur progéniture.
Il convient de rappeler dans quelles conditions « Isha » est apparue car c’est un point trop souvent occulté : Yahvé-Elohim (sic), une fois qu’il a observé qu’Adam devait être « aidé » commence par à« amener « toutes sortes d’animaux mais Adam « ll ne trouva pas de compagne qui lui fut assortie » (Genèse II trad. Rabbinat)) Et c ‘est alors que l’Éternel Dieu décida de créer un être en passant par Adam.(c’est l’histoire de la « cote » d’Adam) Mais cette traduction ne rend pas bien l’hébreu Ezer ke negdo, Ezer étant le même mot utilisé quelques versets plus haut, dans le même chapitre et cette fois on avait traduit « une aide digne de lui » (Genèse II, 18 et 21). Ainsi, on est passé de « aide digne de lui « à« compagne qui lui fut assortie » ! pour traduire les mêmes termes ! D’autres traductions ne prennent pas une telle liberté et rendent dans les deux cas par « une aide qui lui convienne parfaitement » ( Parole de Vie, Société Biblique Française, 2000) Quel est ici l’enjeu ? Reprenons la chronologie : On traduira Ezer Kenegdo, comme une aide, une assistance, externe, comme lorsque l’on parle d’un disque dur externe venant soulager le disque dur interne. Neged signifie ce qui est en face de soi (neged contre, opposé, en face, versus)., ce dont on se sert ou pas, à sa propre convenance (cf. infra, la dialectique de la cyclologie selon Saturne, Jupiter et Mars ), sachant que l’idée de se faire aider, de complément, d’ajout, est en soi éthiquement problématique d’un point de vue ontologique. Néged (qui en hébreu renvoie à Nigoud, contradiction, à opposition), c’est aussi, tout simplement, l’idée de Négation (le nicht allemand), en s’en tenant à la similitude formelle, c’est à dire à l’altérité, à la conscience qui est une contre-science, à la rencontre (ce qui va à l’encontre), ce qui répond, réplique, l’antithèse. Mais cette dualité, elle se trouve déjà dans le génie adamique, en son “neqéva” et par conséquent, la isha, ne fait que soulager le ish de sa tension, de son altérité intérieure : on voit que l’on ne se focalise pas ici sur le sexe. On nous dit que l’homme n’est pas adamique parce qu’il ne peut à lui seul procréer mais en revanche, il est en pleine possession de l’acte créatif; ce qui implique une remise en question permanente (cf Bachelard)., un dialogue intime en soi-même (comme le préconisait Platon), ce qui exige un regard critique, un retour sur soi, une réflexion, Le maître se questionne lui-même, de l’intérieur, alors que le servant a besoin d’être sollicité pour fonctionner, comme si la question devait venir d’un autre espace-temps, d’un avant, d’un en-haut.
En fait, la création de la femme serait liée à ce que nous appelons la Seconde Création, celle du « Deus Faber » et cela commence avec la perte de la « nudité », mise en scéne dans le Jardin d’Eden. Cette nudité conduit à recourir à toutes sortes de prothèses.
Genése II
כה וַיִּהְיוּ שְׁנֵיהֶם עֲרוּמִּים, הָאָדָם וְאִשְׁתּוֹ; וְלֹא, יִתְבֹּשָׁשׁוּ.
|
25 Or ils étaient tous deux nus (Aroumim), l’homme et sa femme, et ils n’en éprouvaient point de honte
|
Genése III
כא וַיַּעַשׂ יְהוָה אֱלֹהִים לְאָדָם וּלְאִשְׁתּוֹ, כָּתְנוֹת עוֹר–וַיַּלְבִּשֵׁם. {פ}
|
21 L’Éternel-Dieu fit pour l’homme et pour sa (sic) femme des tuniques de peau, et les en vêtit.
|
On note qu’il n’est pas écrit « pour la femme », mais bien « pour sa femme ». Il semble qu’en français, il y ait là une ambiguité qui n’existe pas dans toutes les langues mais qui se retrouve également en hébreu : la isha, c’est à la fois la femme par rapport à l’homme mais aussi l’épouse.
Or, dans le même chapitre III, on se sert du même terme « Isha » sans préciser dans quel sens il faut entendre la formule ! Autrement dit, on sera passé en quelques versets, de « la femme » à « sa femme » ! En anglais, on aurait dit d’abord « the woman » et ensuite « the wife » comme cea peut se constater dans la Bible de King James où les deux expressons se croisent.
ד וַיֹּאמֶר הַנָּחָשׁ, אֶל-הָאִשָּׁה: לֹא-מוֹת, תְּמֻתוּן.
|
4 Le serpent dit à la femme: « Non, vous ne mourrez point;
|
On n’est plus le monde de la Briah, de la Création, Dieu (Elohim) « fit » (Veyaassé) , fabriqua , c’est le monde de la Technique. La femme incarne un tel passage. Quand Sarag propose son esclave Agar à Abraham, elle indique en cela qu’elle est remplaçable tout comme un objet peut en remplacer un autre, ce qui renvoie à la gestation pour autrui.
Nous voyons dans la femme le prolongement de l’homme et en ce sens elle peut lui être supérieure tout comme une cathédrale peut dominer son archictecte, lui survivre. Décidément le temps de l’homme n’est pas celui de la femme, celui de l’homme, on l’aura compris, tient à un fil et pourrait passer inaperçu. Le temps de l’homme est dans la discontinuité et nous dirons qu’il est cyclique, avec des passages à vide, par à coups, ce qui implique une forme d’attente d’un retour d’une forme d’euphorie (le euréka d’Archiméde).
Voilà qui pose la question du rapport entre le créateur et sa création et renvoie selon nous à la dialectique du masculin et du féminin telle qu’évoquée dans le premier chapitre du Livre de la Génèse : est masculin le processus de création et féminin le fait ainsi accompli, le passage de la puissance à l’acte. On notera toutefois, une certaine confusion dans le texte puisque au début du verset 27, il est question d’Adam face à Elohim, « oto », lui et dans la suite du même verset, l’on passe subrepticement au pluriel de « oto », à savoir « otam », les, eux. Ce que ne rendent pas certaines traductions lesquelles éludent le paralléle du singulier et du pluriel
כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.
|
27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le (oto) créa. Mâle et femelle, il les (otam) créa.
|
27 « Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois » ( https://www.mechon-mamre.org/f/ft/ft0101.htm)
Quant à la traduction Segond, la forme « les » ne figure qu’au verset 28 suivant : « Dieu les bénit ».
27 Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.
28
Dieu les (otam) bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre
Il importe de bien comprendre ce qui distingue les deux facettes de la Création. D’un côté, nous avons un acte ponctuel, ce que l’on pourrait comparer à ce qui se passe pour la procréation. De l’autre, une continuation, avec la grossesse de 9 mois ; pour poursuive dans le même sens. On aura compris que le temps n’est pas le même dans les deux phases. La première phase est fugace, c’est l’affaire d’un instant tandis que la seconde est bien plus tangible de par sa durée, son étendue, ce qui conduit à dire que c’est la femme qui « donne la vie », tant le rôle masculin est comme un clignement de l’œil (en allemand Augenblick), Et pourtant, sans cet enclenchement, rien ne se fera ! Il y a réaction en chaîne. Le rôle de l’Historien est d’établir la genèse, donc le point de départ (Beréshit, de rosh, la tête), d’où la première phrase de l’Ancien Testament : Genèse 1 où le créateur est désigné comme étant le centre autour duquel le monde s’organisera, gravitera ou d’où tout découlera.
א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.
|
1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
|
La femme serait une “doublure”; au regard de l’Histoire et de la Sociologie, les femmes nous apparaissent comme les “doubles”, les miroirs voire les sosies (à s’y tromper) de l’homme, capables de le représenter, de l’incarner, de le remplacer c’est à dire de le rendre présent dans l’absence et bien sûr au-delà de la mort., .On pense aux films doublés (en version française) ainsi qu’aux comédiens qui sont doublés pour certaines scènes ainsi au fait de doubler quelqu’un.(“il s’est fait doubler”). Pour nous cet être “façonné” (et non crée, si l’on s’en tient au verbe hébreu utilisé, yatsor), représente l’entrée dans une ère technologique, et la Isha serait une fabrication due à l’homme, avec l’aide de Dieu et non plus une création de Dieu. Cette isha préfigure toute l’histoire de l’homo faber. La Chute d’Adam tiendrait au fait qu’Adam n’aura pas su résister à la tentation de cette assistance (on parle de publication assistée par ordinateur, PAO), et cela a tenu au fait qu’il se soit perçu comme nu. Or le fait qu’Adam se confectionne un pagne, avec des feuilles de figuier, relève déjà d’un processus de fabrication d’objets puisque seul l’homme est capable d’en produire. A aucun moment il n’est dit qu’Élohim a fabriqué des outils, en dehors du seul cas de la Isha. On bascule de la Science, domaine de Dieu vers la Technique domaine de l’Homme (cf. infra). On notera qu’Élohim ne s’est résolu à créer l’Homme que tout à la fin de la Création, tout comme il ne se sera décidé à inviter Adam à “accoucher” de la Isha, qu’après avoir présenté à Adam tous les animaux dont il avait été question auparavant.
Que signifie ce passage en revue des animaux que Dieu propose à Adam (cf Genèse II) ?
18 Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. »
19 Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun.
20 L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde.
21 Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place
Ce passage est assez obscur car l’on sait bien que l’homme a su faire travailler toutes sortes d’animaux lesquels sauront l’aider ! Selon nous, il s’agirait plus spécifiquement de la façon dont Adam se reproduira et il semble donc qu’Adam n’ait pas souhaité que cela se fasse au travers de tel ou tel animal « modelé » par Dieu mais par un être spécial plus proche de lui, issu de lui., On notera que les langues sémitiques ont remplacé en quelque sorte le “no” par le “lo”, pour dire non, ce N que l’on retrouve dans les langues latines, germaniques et slaves. La trace du N en hébreu se retrouve donc dans ce Négued et il serait bon d’y rétablir ce phonème, même si en anglais et en allemand, le “less”/los signifie ce qui manque. (useless, ce qui est inutile, hopeless, désespéré, heimatlos, sans patrie etc. ).
.Au fond, ne pourrait-on voir dans la femme une interface entre l’homme et le monde extérieur à la façon de notre main qui serait aussi une « ezer kenegdo », laquelle nous relie à la machine. L’homme sans la femme serait comme l’homme sans mains et il est des moments, où l’homme est prisonnier de ses femmes et de ses mains et par là même de tout ce qui le met en contact avec le monde extérieur et d’autres où il s’en affranchit.. Il importe en tout cas de distinguer entre l’outil que l’on me propose et celui dont je suis l’auteur, et qui sera pour autrui tout autre chose que ce qu’il est à mes yeux tout comme on ne se voit pas de la même façon que les autres nous voient.
Rappelons que la formule n’est pas utilisée au départ-comme on voudrait nous le faire croire au prix d’un raccourci complaisant pour désigner la femme mais toute forme d’être vivant puisqu’elle précède la présentation d’animaux existants avant que Dieu ne se résolve à procéder à une opération d’un nouveau genre, à savoir -à la différence de ce tout ce qu’il avait créé jusque-là, de faire d’Adam un créateur, puisque la femme est tirée de lui. La femme est à l’homme ce que l’homme est à Dieu, un partenaire, ce qui renforce la ressemblance entre l’homme et Dieu, déjà semblables de par leur androgynat. Interne. Selon nous, Adam, à l’image de son créateur est androgyne, à la fois masculin et féminin, ce qui n’a rien à voir avec la création d’un homme et d’une femme. Mais même au niveau du fils d’Adam, Seth (Genése V, 3), il y a encore androgynat puisque Seth est formé à l’image d’Adam. C’est avec le fils de Seth que disparait l’androgynat, du moins pour ce qui est de la procréation mais pas nécessairement de la création « géniale ».(cf infra)
א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם: בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.
|
1 Ceci est l’histoire des générations de l’humanité. (1) Lorsque Dieu créa Adam, il le fit à sa propre ressemblance.(2)
|
ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.
|
2 Il les créa mâle et femelle, les bénit et les appela l’homme, le jour de leur création.
|
ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.
|
3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit (3) un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.
|
Selon nous, Adam est un nom « propre » et ne désigne pas l’homme, en général tout comme le nom de son fils est réservé à ce dernier. C’est un contre sens de traduire Adam par « être humain » !
Notons que la création d’Adam se situe à la fin du récit de la Création alors qu’Élohim en est la manifestation primordiale. Or ce même Adam est censé avoir été créé à l’image d’Élohim et l’on voit qu’au chapitre II, ce n’est plus Élohim qui est créateur mais Adam, et c’est de lui que sorte la Isha et sortir ici veut dire avoir été engendré, crée. Le chapitre II débute de la sorte : « Ainsi Dieu finit de créer le ciel et la terre et tout ce qu’il y a dedans. Il ne peut plus intervenir, il doit passer le relais. Quand il se met en tête de trouver une aide à Adam, il lui propose ce qui a déjà été créé et ce n’est que du fait de l’insatisfaction exprimée par Adam qu’Élohim se résout à révéler à Adam qu’il peut lui aussi créer. Contrairement à ce que l’on dit le plus souvent avec cette formule « Et Dieu créa la femme », cela n’était plus possible puisque le processus divin était parvenu à son terme, à la fin du chapitre I de la Genèse, on peut tout au plus dire qu’Élohim aida Adam à accoucher de la Isha, en puisant en lui-même, tout comme Élohim avait puisé en lui-même pour accomplir « sa »Création Élohim se repose après avoir créé Adam à sa ressemblance, ce qui signifie doté d’une faculté créatrice qui se manifestera par la «formation » (Yetsira et non Bria) de la Isha..
Il est possible que le Saint Esprit , troisième personnage de la Trinité corresponde à la Isha car le verbe « aider » lui est souvent associé :
« De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières » (Épître aux Romains VIII ; 26). Dans l’Évangile de Jean on trouve ce même verbe « Jésus a dit que le Saint-Esprit nous aiderait et nous guiderait » (Chapitres 15, 26-27 et Ch. 16, 12-15) De même la femme est-elle censée-on l’a vu- « aider » l’homme. On connaît la formule –appliquée notamment à la naissance de Jésus- « par l’opération du Saint Esprit », ce qui équivaut à l’idée d’aide. Aide-toi, le Ciel t’aidera.
Il faudrait donc lire tel passage des Évangiles comme le chapitre Ier de Mathieu ou celui de Luc, versets 34 : » Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme? 35L’ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » comme indiquant que Marie- et plus largement la femme- correspond à la dimension du Saint Esprit (Rouah haKadosh), de la Trinité, à côté du Fils et du Père.(cf infra) Rappelons, toutefois, qu’il serait plus à propos de parler du père au singulier et des fils au pluriel (même si en français, dans ce cas on ne distingue pas entre singulier et pluriel, ni à l’écrit ni à l’oral)et c’est éventuellement un fils « élu » parmi d’autres, au sein d’une fratrie.
Récapitulons :
Dieu se dit qu’Adam est seul et qu’il lui faut une aide qui lui soit attachée (une sorte d’aide de camp, d’assistant). Il n’est pas question ici d’un élément féminin et l’on a trop vite tiré de alors qu’Adam est selon le premier chapitre androgyne, à la fois mâle et femelle. Il serait donc double à l’instar des équinoxes et des « demi-lunes » alors que par ailleurs, on a droit à une véritable dualité au niveau des solstices et du couple nouvelle lune-pleine lune.
Pour éviter tout amalgame, il vaudrait mieux éviter certaines analogies -comparaison n’est pas raison- avec le règne animal, ce qui est le défaut du terme « génie adamique » (qui étymologiquement signifie homme-femme, ce qui peut prêter à confusion) ; il vaudrait mieux parler d’un être mixte (positif et négatif ) par opposition à un être neutre que serait la « isha ». Un certain féminisme, conscient de la naissance tardive de la femme (Isha) s’intéressa à Lilith , laquelle . »aurait été formée à partir d’argile comme Adam et serait donc son « égale ». (cf Wikipedia)
Une fois effectué ce constat quant à l’isolement d’Adam, il est dit « Avec de la terre, Dieu fait toutes sortes de bêtes sauvages et toutes sortes d’oiseaux et les amena devant l’homme »
Adam n’est pas satisfait de ces « aides ». Cela nous rappelle la vision d’Ézéchiel (Ch. I et ), où apparaissent un lion, un aigle, un veuf et un être à forme humaine, ce qui constitue le tétramorphe, associé au 4 Évangélistes, comme Marc et le Lion (à Venise) ou Jean et l’aigle. On peut y voir la marque du Livre d’Ezéchiel –parmi tant d’autres- sur l’imagerie biblique. On notera qu’il est question d’une apparence, on est dans le « comme », expression que l’on retrouve dans le Livre de Daniel au chapitre VII ainsi que dans le Livre d’Hénoch. :
Ezekiel chapitre I verset 10
« Un de leurs visages ressemblait à celui des hommes »
י וּדְמוּת פְּנֵיהֶם, פְּנֵי אָדָם, וּפְנֵי אַרְיֵה אֶל-הַיָּמִין לְאַרְבַּעְתָּם, וּפְנֵי-שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאול לְאַרְבַּעְתָּן; וּפְנֵי-נֶשֶׁר, לְאַרְבַּעְתָּן. |
10 Quant à la ressemblance (Demouth, semblable) de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d’homme (Adam) et à droite une face de lion, toutes quatre une face de taureau à gauche et toutes quatre une face d’aigle. |
Daniel VII, 13 On note qu’Adam a été rendu en araméen par Enosh au lieu de conserver le nom d’Adam, ce qui est causse d’erreur : en tout état de cause, il n’est pas questiion ici du fils mais d’un fils, ce qu’il faut entendre comme appartenant à la lignée d’Adam comme dans l’expression « fils d’Israël » dans le Livre de l’Exode. On notera qe dans la généalogie de l’Evangile de Luc, (ch . III) il est question de Seth fils d’Adam et non pas « fils de l’homme’ !et Jésus appartient donc à la lignée d’Adam et non à celle d’IsraËl.qui n’est pas cité. Jésus est un Judée qui a décidé de s’occuper des Israelites.
|
|
יג חָזֵה הֲוֵית, בְּחֶזְוֵי לֵילְיָא, וַאֲרוּ עִם-עֲנָנֵי שְׁמַיָּא, כְּבַר אֱנָשׁ אָתֵה הֲוָא; וְעַד-עַתִּיק יוֹמַיָּא מְטָה, וּקְדָמוֹהִי הַקְרְבוּהִי. |
13 Je regardai encore dans la vision nocturne, et voilà qu’au sein des nuages célestes survint quelqu’un qui ressemblait à un fils de l’homme; (Ke Bar Enosh) il arriva jusqu’à l’ancien des jours, et on le mit en sa présence. |
On notera qu’à l’origine, la forme « United Nations »- en 1941, sous Roosevelt, - désignait exclusivement 4 puissances- les « quatre gardiens de la paix »-: les États Unis, le Royaume Uni , l’URSS et la Chine, cela ne comprenait pas la France.
Cela dit, nous proposerons une autre grille de lecture, basée sur les noms hébraïques du tétramorphe (cf déjà en 1976 notre étude in Clefs pour l’Astrologie, Paris, 1976) On distinguera donc d’une part, l’axe « Shin » avec Shor, le bœuf et Nesher, l’aigle et l’axe « Aleph » avec Adam et Arié, le lion. On notera que le nom même d’Israël (Iod, Shin Resh, Aleph Lamed) s’organise autour de « Shor », le bœuf (Shin-Resh) Tout ce qui comporte la lettre « Shin » serait-il relié à Israël comme le Shabbat, dont Moshé (Moïse) voire comme Satan ? Selon nous, pour les Adamites, ce qui passe par la lettre Shin est négatif et cela vaut pour le Messie (Mashiah) et pour Jésus (Yéoshoua). Notons que l’usage du mot Mashiash figure dans Isaïe 45 où il est en fait question d’un « messie pour la maison de Jacob ; L’on sait qu’à partir du chapitre 40 d’Isaie, il s’agit d’une addition et d’ailleurs le nom même d’Isaie comporte la lettre Shin. Inversement, pour les Israélites, tout ce qui comporte le Shin est favorable. Cela vaut pour le Shabbat, mis en évidence dans la Genése et l’Exode, œuvre des Israélites et c’est dans le Livre d’ Ezékiel, qiui traite du retour des Israélites qu’il est fortement insisté sur cette pratique. Jésus est un Adamite, fils d’Adam, venu sauver les Israélites ce qui sera considéré comme une trahison !
Le texte biblique serait ainsi marqué par la mise en place d’une forme de morphosémantique. Ce ne serait pas par hasard que la capitale du Royaume d’Israel serait Schem (Samarie), le nom même de ce Royaume comportant carrément le nom de « Shor », d’où le culte du « veau », avec un Shin. De même Avram (Abraham) commence par aleph alors que Sarah débute par un Shin. Cela dit, il y a matière à réflexion : à propos de la nouvelle année « Rosh Hashana » lors du mois de Tishri sans parler de Jérusalem (Yéroushalayim) et de Salomon (Shlomo/ Shalom) lequel aurait bâti le Premier Temple alors même que Yahwé avait montré son hostilité envers les constructions humaines. (cf la Tour de Babel) mais l’on nous présente Salomon comme s’étant prêté à toutes sortes de cultes et d’idoles. Par ailleurs, Amen commence par un Aleph.
En fait, la forme « qui ressemble à un homme » que l’on retrouve, entre autres, dans l’Apocalypse, nous apparait empruntée au tétramorphe ezéchielien qui recourt à la même présentation assez étrange : ressemblant à un aigle, ressemblant à un lion, ressemblant à un taureau – ce qui n’est pas sans évoquer l’expression « à l’image de « que l’on trouve aux chapitres I et V du Livre de la Genése dans le rapport d’Adam à Elohim.
Le récit de Genèse II semble un abrégé d’Ézéchiel et nous avons souligné que dans ce chapitre, Dieu est désigné de façon tout à fait inhabituelle par la forme Yahvé Élohim. Il manque le bœuf dans les propositions faites successivement à Adam. Il ne s’agit donc nullement ici au départ de trouver « femme »à Adam quand il est question d’oiseaux et de bêtes sauvages. Et pas plus d’ailleurs, quand la Isha est formée à partit non plus de la terre mais d’Adam lui-même. Et Adam déclare préférer cette dernière formule car il s’agit là d’un être né en quelque sorte de lui -même « chair de ma chair ». Et là encore, cela n’a rien à voir avec une femme. Nous nous portons en faux contre la lecture la plus répandue qui voit dans ce chapitre la fin de l’androgynat d’Adam. En réalité, Adam maintient son androgynat mais se voit doté d’un être plus ou moins avisé d’ailleurs (un peu comme Don Quichotte avec Sancho Pansa) comme le montrera l’épisode qui fait suite du fruit défendu offert par la « Isha ».Cet être, non prévu dans le premier plan de la Création, serait en fait la machine dont la femme serait une sorte de préfiguration, un être ayant une vision à court terme des conséquences de ses actes.
Selon nous, il y a d’une part le génie adamique, qui est la fois, alternativement sujet et objet et de l’autre l’androïde, qui est uniquement féminin mais il faut comprendre que le féminin du génie adamique n’est pas réductible au féminin de l’androïde, puisqu’il coexiste en permanence avec son masculin. On dira que le masculin correspond à la subconscience et le féminin à la surconscience, c’est à dire à la réalité virtuelle, celle qui relève du langage et dont traite Lacan. Tout créateur est confronté à une telle dualité entre lui et sa création laquelle le prolonge voire se substitue à lui, ce qui constitue la part féminine qui ne saurait être confondu avec la femme (isha). L’œuvre de tout créateur, de tout auteur, constitue sa face féminine, le passage de la Subconscience à la Surconscience, de la puissance à l’acte, de l’oral à l’écrit.
Mais le masculin n’est pas l’homme pas plus que le féminin n’est la femme. L’homme est à la fois masculin et féminin, ce qui fait qu’il n’est prisonnier ni de l’un ni de l’autre, du fait d’un équilibre entre la réalité et la fiction alors que la femme est possédée par le virtuel puisqu’elle ne peut le contrebalancer par un « vrai » réel., elle vit dans un monde de mots qui ont pris une dimension monstrueuse et qui pour elles sont en quelque sorte vivants et ne peuvent , ne doivent être utilisés avec désinvolture tant ils sont chargés d’affect.. En fait, le féminin, est un prolongement, le passage du Créateur à sa création.
Un texte nous vient à l’esprit, ce n’est plus le tétramorphe mais le décalogue : on se limitera ici au commandement relatif à la convoitise :
« Ne convoite pas la maison de ton prochain. Ne convoite pas la femme de ton prochain, son servant, ni sa servante, son bœuf ni son âne ni rien de ce qui est à ton prochain » On y trouve cette fois le bœuf (shor)- à rapprocher de la divinité égyptienne à tête de taureau Hathor) de la vision d’Ézéchiel, qui manquait dans Genèse II. Mais l’on notera surtout que c’est la maison qui est mise en avant et que la femme ne fait qu’y être mentionnée au même titre que les autres possessions de ce prochain qui ne peut ici, d’après le contexte, qu’être un homme. En fait, Dieu en voulant permettre à l’homme d’être entouré met à son service toute une maisonnée. Adam ne refuse pas ce que Dieu a commencé à lui proposer mais laisse entendre que cela ne lui suffira pas. Étrangement, on notera que ce n’est pas Adam qui s’est plaint d’être seul mais Dieu qui le lui a suggéré tout comme au chapitre suivant, la Isha suggérera (sous l’influence du serpent) de goûter du fruit « défendu ». Dans les deux cas, Adam a suivi de tels conseils mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Au fond, Dieu n’aurait-il pas tenté Adam en lui proposant cette maisonnée sur laquelle il aura tout pouvoir, et dont il devra se porter responsable comme pour le respect du Shabbat – autre commandement- dont la femme est le fleuron, tout comme Satan cherchera à suborner Jésus ?(«L’esprit du mal il lui montre tous les royaumes du monde avec leur richesse et lui dire ‘Mets-toi à genoux devant moi pour m »adorer et je vais te donner tout cela » Mathieu, IV) On notera que l’Apocalypse de Jean se réfère (XII, 9) explicitement au serpent de la Genèse, ce qui confirme que ces chapitres (II et III) de la Genèse constituent un socle important pour le christianisme : « Ce dragon c’est le serpent des premiers jours ». A contrario, pas un mot sur Adam et Eve ou sur Caïn et Abel en dehors des premiers chapitres de la Genèse, dans tout le Pentateuque, alors que ces chapitres s’inspirent quant à eux du Décalogue, ce qui montre qu’ils en sont le commentaire et non l’inverse. On ajoutera que l’on est en droit de se demander en quoi consistaient les coutumes des Hébreux avant la Révélation du Mont Sinaï. Comme dans le cas de la Genèse en ses premiers chapitres, on a l’impression que le passé est télescopé, occulté. Est-ce que le Décalogue apparut comme radicalement nouveau pour les Hébreux, on est en droit d’en douter.. De même, cette « isha » ne remet-elle pas en question un état antérieur à la Création qui ne serait en fait qu’un réaménagement ?
En fait, le seul argument qui puisse être mis en avant est le fait que « isha » a fini par prendre le sens de « femme » mais cela tient simplement à ce que Adam se servira de cet être pour porter sa progéniture, ce qui est déjà par anticipation une « gestation pour autrui tout comme d’autres animaux lui serviront par exemple pour tirer la charrue. On dit ainsi que le cheval est « la plus belle conquête de l’homme ».En tout état de cause, on a d’un côté Adam à la fois mâle et femelle et de l’autre un être qui convient si l’on veut à l’accomplissement de certaines tâches ancillaires, au fond une « bonne à tout faire », un domestique, un serviteur (ce qui correspond grammaticalement au genre neutre). D’aucuns soutiennent que cette femme est comme l’homme à la fois mâle et femelle, ce qui est un contre-sens. Elle est tout au plus dotée de la seule dimension femelle d’Adam, sans accéder à la dialectique mâle-femelle. En ce sens, la femme serait la « moitié » de l’homme, selon la formule consacrée. Nous verrons que tantôt l’homme fait appel à la femme et tantôt il la maintient à distance et n’en veut pas ou plus dans sa vie. (cf. infra)
Au demeurant, il importe d’observer le monde et de ne pas éliminer ce que l’on ne peut pas expliquer. De nos jours, on assiste à la mode d’un déni scientiste: ce qui ne pourrait être explicité n’aurait pas àêtre pris en considération. Si l’on ne sait pas distinguer le cerveau d’un génie de celui qui ne l’est pas, cela voudrait dire que les génies » n’existent pas. On connait un tel raisonnement : si l’on ne sait pas distinguer « scientifiquement » les personnes de telle « race » de telle autre, c’est que les races n’existent pas. Si l’on ne peut expliquer pourquoi certaines personnes sont capables d’être des maîtres, des maîtres, c’est que cette catégorie n’existe pas. Si les femmes peuvent remplacer les hommes – les imiter c’est à dire les suivre, leur obéir- c’est qu’elles sont comme lui, comme si l’emprunteur devenait ipso facto semblable à celui auquel il emprunte alors qu’il ne s’agit que d’un ajout. Nous sommes ici face à un -une double contrainte- il y a fascination pour tel être et en même temps, volonté de lui ressembler, de devenir « comme lui ». Dans les faits, la fascination empêche de parvenir à un tel but tout comme on ne peut être à la fois au four et au moulin : en même temps moudre le blé et cuire le pain. En revanche, il est possible de cueillir les fruits de l’arbre et de s’en contenter. Cela dit, le chercheur doit se prémunir contre un tel clivage, un tel déchirement comme le montre bien la révolution copernicienne laquelle réfute l’impression première de géocentrisme au profit d’un héliocentrisme. Il reste que le philosophe – et l’on pense à Socrate- peut être perçu comme un pervers narcissique, un sadique, générateur de conflits intérieurs.
L’anglais emprunte au français mais conserve néanmoins des éléments qui lui sont propres, ce qui conduira à un résultat hybride, typique de tout processus de mimétisme propre aux couches inférieures, subalternes de la société.. Le danger écologique est nécessairement le fait du mimétisme chez ceux qui entendent égaler ceux qui sont en haut. Alors que ceux d’en haut , ceux qui sont à l »intérieur , au centre n’ont pas besoin de recourir à des trucages, à des béquilles, en revanche ceux d’en bas, ceux qui sont à l’extérieur n à la périphérie, sont préts à recourir à n’importe quel procédé pour les rejoindre, ce qui évoque le Cheval de Troie. Toute forme de mimétisme générera de l’endettement , qu’il soit matériel, intellectuel ou spirituel. On emprunte souvent par référence à un certain modèle jugé à tort ou à raison idéal mais est-ce que l’on parvient à recycler pleinement un tel modèle, sans en omettre certaines composantes ? Cela vaut notamment sur le plan économique quand les Français se réfèrent à tel ou tel « exemple » (Suède, Danemark, Allemagne) en négligeant certaines particularités de l’écosystème que l’on entend copier, reproduire
Les êtres humains- au cours des âges – se sont montrés capables de capter bien des informations sans que cela ait pu être « rationalisé», c’est à dire sans « raison ». On pense à tout ce qui est « subconscient », tant au niveau de notre corps qu’au niveau de notre relation à autrui. Bien des choses nous échappent au niveau conscient mais dont néanmoins nous savons tenir compte dans la pratique. Par exemple, on peut savoir siffler sans savoir comment on s’y prend. Et cela vaut aussi pour savoir parler même si l’intelligence artificielle (IA) a fait des progrès
Une Trinité première
D’aucuns arguent du fait que lorsque Élohim « crée » Adam, le pluriel est employé : « Il les créa mâle et femelle ; Il les bénit en leur disant « Croissez etc ». Cela suffirait, à les entendre, à adhérer à l ‘idée qu »‘Élohim aurait créé deux êtres distincts et non pas un génie adamique, ce qui vise, à l’évidence, à minimiser le récit propre au chapitre suivant de la Genèse, où l’on voit Dieu craindre qu’Adam ne soit « seul », ce qui ne fait sens que s’il n’existe pas deux êtres distincts comme on voudrait nous le faire croire. La phrase est d’ailleurs étrangement construite puisqu’ ’il est dit « Dieu créa Adam mâle et femelle (..) à l’image de Dieu ». au lieu de « à sa propre image »
D’ailleurs, dans le dit chapitre II, Dieu s’adresse à Adam à la deuxième personne du singulier.. »Tous les arbres du jardin, tu pourras en manger etc » En revanche, quand le serpent s’adresse à la Isha, celui-ci s’exprime ainsi : « Est-il vrai que Dieu a dit « vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin » On notre que le Serpent n’est pas vraiment au courant des termes du commandement et c’est la femme qui en précise les conditions. Cette fois, le Serpent a employé la seconde personne du pluriel tout comme Élohim à la fin de Genèse I « croissez et multipliez »
On est donc bien obligé de se demander ce que signifie ce pluriel à l’intention du seul Adam. D’aucuns disent qu’Adam ne peut enfanter seul, ce qui va à l’encontre du chapitre V de la Genèse « Adam (..) produisit un être à son image et selon sa forme et lui donna pour nom Seth ». Il n’est pas question ici d’une intervention extérieure comme pour la naissance de Caïn et d’Abel.(voire d’un premier récit de la naissance de Seth à la fin de Genèse IV) On nous objectera que l’on voit mal pourquoi Adam aurait procédé autrement que pour ses précédents enfants mais selon nous, nous sommes ici en face d’interpolations (Genèse II et III), ce qui ressort d’une dénomination inhabituelle de Dieu « YahvéÉlohim » au lieu d’Élohim (Genèse I et V)
Il semble donc que Dieu s’adresse à Adam, en tant que génie adamique, tantôt au singulier tantôt au pluriel. Cela dit, en ce qui concerne la façon dont Dieu est présenté, lui qui est également à la fois mâle et femelle, le pluriel est récurrent( déjà dans le terme Élohim, im étant une finale plurielle, tout comme d’ailleurs Adonaï qui signifie littéralement « mes seigneurs », pour ne pas prononcer le tétragramme) et nul n’irait soutenir qu’il existe deux entités séparées, un dieu masculin et un dieu féminin même si au début du Décalogue, Dieu parle à la première personne du singulier.(Exode XX, 2) ; » Je suis Yahvé Eloheikha etc ». Cela tient au fait que Yahvé (le Fils) est un singulier, que l’on ne saurait d’ailleurs qualifier de génie adamique, alors qu’Elohim est un être pluriel et génie adamique quoique le verbe qui l’accompagne soit au singulier. Cela dit, le culte de Yahwé fut parfois associé à celui de la déesse Achéra/
En fait, il nous apparait qu’il convient d’appliquer une approche trinitaire aux premiers versets de Gensés V lesquels sont pour nous le vrai début du Pentateuque, intitulé Livre des générations d’Adam
א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם: בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.
|
1 Ceci est le Livre des générations d’Adam Lorsque Elohim créa Adam il le fit à sa propre ressemblance.(bedemouto)
|
ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.
|
2 Il les créa (baraam) mâle (zakhar) et femelle (neqéva), les bénit et les (otam) appela Adam, le jour de leur création.
|
ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.
|
3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à sa ressemblance (bedemouto) et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.
|
|
|
|
|
A comparer avec Genèse I où les formules se retrouvent et sont manifestement redondantes :
כו וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, נַעֲשֶׂה אָדָם בְּצַלְמֵנוּ כִּדְמוּתֵנוּ; וְיִרְדּוּ בִדְגַת הַיָּם וּבְעוֹף הַשָּׁמַיִם, וּבַבְּהֵמָה וּבְכָל-הָאָרֶץ, וּבְכָל-הָרֶמֶשׂ, הָרֹמֵשׂ עַל-הָאָרֶץ.
|
26 Elohim dit: « Faisons Adam à notre image, à notre ressemblance (kedémouténou), et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s’y meuvent. »
|
כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.
|
27 Elohim créa Adam à son image; c’est à l’image d’Elohim qu’il le (oto) créa. Mâle (Zakhar) et femelle (Neqéva) furent créés à la fois
|
Traduire Adam par « homme » constitue, chaque fois, une grave erreur. Adam n’est pas l’homme mais l’Esprit qui fait interface entre Dieu et l’homme et c’est pourquoi les hommes sont désignés comme les « fils d’Adam » Autrement dit, l’ordre de la Trinité Chrétienne, du moins telle que nous la connaissons, nous semble erroné, l’esprit doit se trouver en position médiane et le Fils (l’homme, mais surement pas Adam) ne saurait être conjoint immédiatement au Père (Dieu)
On note que dans Genèse I il est écrit « à l’image d’Elohim, il le créa » alors que dans Genèse V, on lit « baraam », il les créa . A vrai dire, dans Genèse V, la formule est moins heureuse que dans Genèse I car l’on y passe du singulier au pluriel d’un verset à l’autre.
Il est absurde de dire que l’homme est le fils de l’homme, il est généré par Adam, l’esprit si bien que le récit du Jardin d’Eden où l’on campe Adam est irrecevable. A un autre niveau, l’on dira que le « génie »-celui qui est inspiré (ce qui renvoie à l’esprit) est l’interface entre le monde d’en haut et le monde d’en bas.
On notera que dans la généalogie de Jésus telle que présentée dans Luc III, le point de départ est bel et bien Seth :
23 Quand il commença, Jésus avait environ trente ans ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, fils d’Éli,
24 fils de Matthate, fils de Lévi, fils de Melki, fils de Jannaï, fils de Joseph, (…)
37 fils de Mathusalem, fils de Hénok (Hanokh) , fils de Jareth, fils de Maléléel, fils de Kaïnam,
38 fils d’Énos (Enosh), fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.
pensik
Original grec de Luc III : τοῦ Ἀδάμ fils dAdam et non fils de l’homme !
λδʹ. τοῦ Ἰακώϐ, 34. fils de Jacob,
τοῦ Ἰσαάκ, τοῦ Ἀϐραάμ, fils d’Isaac, fils d’Abraham,
τοῦ Θάρα, τοῦ Ναχώρ, fils de Thar・, fils de Nachor,
λεʹ. τοῦ Σερούχ, 35. fils de Sarug,
τοῦ Ῥαγαύ, τοῦ Φάλεκ, fils de Rhaga・, fils de Phaleg,
τοῦ Ἔϐερ, τοῦ Σαλά, fils d’ Heber, fils de Sal・,
λϛʹ. τοῦ Καϊνάμ, 36. fils de Cain,
τοῦ Ἀρφαξάδ, τοῦ Σήμ, fils d’Arphaxad, fils de Sem,
τοῦ Νῶε, τοῦ Λάμεχ, fils de Noé・, fils de Lamech,
λζʹ. τοῦ Μαθουσαλά, 37. fils de Mathusalem,
τοῦ Ἑνώχ, τοῦ Ἰάρεδ, fils d’Enos, fils de Jared,
τοῦ Μαλελεήλ, τοῦ Καϊνάμ, fils de Malael, fils de Cain,
ληʹ. τοῦ Ἐνώς, τοῦ Σήθ, 38. fils d’Enos, fils de Seth,
τοῦ Ἀδάμ, τοῦ Θεοῦ. fils d’Adam, fils de Dieu.
On note que les traducteurs ont ici évité de rendre Adam par homme, ce qui aurait été assez ridicule, au demeurant. On retrouve donc à la fin de cette généalogie à rebours la Trinité telle que nous l’avons reprécisée : Dieu, Adam, Seth prolongée par Enos, ce qui en hébreu signifie « homme » ; bien plus valablement qu’Adam, terme qui figure également en araméen en ce sens (cf Daniel VII)
Venons-en au premier chapitre du Livre d’Ezékiel, où l’on trouve « demouth »
ה וּמִתּוֹכָהּ–דְּמוּת, אַרְבַּע חַיּוֹת; וְזֶה, מַרְאֵיהֶן–דְּמוּת אָדָם, לָהֵנָּה. |
5 Et au milieu l’image de quatre Haןot ; et voici leur aspect, elles avaient l’apparence d’Adam (demouth Adalm) |
ו וְאַרְבָּעָה פָנִים, לְאֶחָת; וְאַרְבַּע כְּנָפַיִם, לְאַחַת לָהֶם. |
6 Chacune avait quatre visages et chacune quatre ailes. |
ז וְרַגְלֵיהֶם, רֶגֶל יְשָׁרָה; וְכַף רַגְלֵיהֶם, כְּכַף רֶגֶל עֵגֶל, וְנֹצְצִים, כְּעֵין נְחֹשֶׁת קָלָל. |
7 Leurs pieds יtaient des pieds droits; la plante de leurs pieds יtait comme celle d’un veau et ils יtincelaient comme de l’airain poli. |
ח וידו (וִידֵי) אָדָם, מִתַּחַת כַּנְפֵיהֶם, עַל, אַרְבַּעַת רִבְעֵיהֶם; וּפְנֵיהֶם וְכַנְפֵיהֶם, לְאַרְבַּעְתָּם. |
8 Et des mains d’hommes (adam) apparaissaient sous leurs ailes des quatre cפtיs; et les quatre avaient leurs visages et leurs ailes. |
ט חֹבְרֹת אִשָּׁה אֶל-אֲחוֹתָהּ, כַּנְפֵיהֶם: לֹא-יִסַּבּוּ בְלֶכְתָּן, אִישׁ אֶל-עֵבֶר פָּנָיו יֵלֵכוּ. |
9 Joignant leurs ailes l’une א l’autre, elles ne se retournaient pas dans leur marche, chacune allait droit devant elle. |
י וּדְמוּת פְּנֵיהֶם, פְּנֵי אָדָם, וּפְנֵי אַרְיֵה אֶל-הַיָּמִין לְאַרְבַּעְתָּם, וּפְנֵי-שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאול לְאַרְבַּעְתָּן; וּפְנֵי-נֶשֶׁר, לְאַרְבַּעְתָּן. |
10 Quant א l’image (demouth) de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d’homme (adam) et א droite une face de lion, toutes quatre une face de taureau א gauche et toutes quatre une face d’aigle.
|
Selon nous, la Trinité qui ressort, au bout du compte, de notre exégèse serait la suivante Elohim, Yahvé, Adam.
Elohim, un pluriel, englobe tous les possibles, c’est le Dieu primordiale, originel. Puis nous avons Yahvé – un des fils des Elohim, qui s’occupe de notre humanité, à la façon d’un Prométhée et enfin nous avons Adam, que nous qualifierons de « génie », doté non pas du Pouvoir mais de pouvoirs./. Et en dessous, l’humanité ordinaire., celle des fils d’Adam. Pour nous, dans notre théologie, les Juifs correspondraient au stade adamique.
On connait la formule : regarder le doigt au lieu de la Lune. Le doigt, ce sont les textes, la lettre et la Lune, c’est l’esprit des textes/ D’aucuns se permettent d’interpréter les textes à leur guise du moment que l’on ne touche pas à la lettre et d’autres, comme nous, s’accordent un certain droit d’inventaire des dits textes du moment qu’ils en respectent l’esprit (le Saint Esprit). En ce sens, Adam serait l’ancêtre des Hébreux et serait donc un élément constitutif de leur présence qui viendrait justifier que le Pentateuque ne commence pas avec Abraham..
Les Juifs laïcs
L’on notera que nombreux sont les Juifs qui ne se référent pas au niveau religieux. On les appelle des « Juifs laïcs ». (secular Judaism) lesquels s’interrogent sur ce qu’ils sont vraiment par-delà ce que leurs aïeux ont pu avoir à véhiculer. Il serait bon, toutefois, que l’on acceptât l’idée que toute forme de pouvoir soit susceptible d’entretenir quelque forme d’hostilité et que celle-ci soit, par contrecoup, révélatrice de la réalité du pouvoir.
On notera que dans l’esprit de beaucoup de Juifs et d’antisémites, le judaïsme passe par la transmission religieuse. En refusant de prendre en compte l’apport des Juifs à la modernité, en se limitant à l’Antiquité, l’on se forge une image très réductrice de leur apport civilisationnel et de leur présence au monde moderne, ce qui conduit d’ailleurs à une vision assez pessimiste de l’avenir des Juifs, jugé à la seule aune du religieux stricto sensu.
De même les femmes peuvent parfaitement ne pas s’identifier à ce qu’elles ont eu historiquement la charge de transporter même si elles sont flattées qu’on dise d’elles qu’elles « donnent la vie » tout comme les Juifs le sont d’avoir reçu la parole divine. Mais tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. En ce début de XXIe siècle, les Juifs ( (ceux qui sont confrontés à d’autres images d’eux-mêmes, plus existentielles, et l’antisémitisme -avec l’antisionisme – prend le relais ou vient compléter ou prolonger ce dernier. Celui-ci peut se manifester aussi bien par une sorte d’exil géographique en ghettoïsant les Juifs (en Israël que par un autre exil, cette fois historique, en reléguant les Juifs dans un passé obsolète et révolu, voué à la portion congrue et minimale d’un peuple parmi d’autres, définitivement rentré dans le rang et n’étant plus dès lors qu’une entité parmi tant d’autres. On ne doit au demeurant ne pas négliger un antisémitisme consistant à amalgamer les Juifs et l’Etat d’Israël et ici la question n’est pas de porter un jugement sur le sionisme mais de constater l’instrumentalisation d’un antisionisme et /ou d’un sionisme lesquels peuvent en en soi se justifier pour s’en prendre aux Juifs notamment dans la diaspora. En fait, ne serait-on pas de nos jours en train de confondre comme par le passé les judéens et les Israélites ? Autrement dit, l’Etat d’Israël ne concernerait-il pas au premier chef les Israélites alors que la diaspora serait avant tout le fait des Judéens ? Il se pourrait, selon nous, que les Judéens constituent un corps étranger au Proche Orient et qu’ils soient retournés, il y a 2000 ans vers leur terre d’origine alors que les Israélites seraient une population locale colonisée par les Judéens, ce qui aurait conduit au schisme du Xe siècle avant notre ère, la dite population vouée à se retrouver au sein de l’Etat d’Israël. En tout cas, de plus en plus, force est de constater que ce qui se passe autour du dit Etat a des conséquences sur la diaspora judéenne du fait d’un certain amalgame. En tout état de cause, l’élite juive n’a pas vocation à vivre en un espace concentré et force est de constater que le XXe siècle aura été le témoin de concentrations dramatiques de toutes sortes. Nous ajouterons que le sionisme aura produit chez les Juifs une double contrainte en ce que le prétendu rapatriment implique inévitablement une expatriation ne serait-ce que par rapport à la patrie d’adoption, ce qui représente nécessairement un coût.
Rappelons (cf. notre ouvrage le sionisme et ses avatars) que l’antisémitisme aura servi à la fin du siècle dernier à affirmer que tel ou tel groupe était constitué d’agents du judaïsme mondial, on pense à l’antimaçonnisme entre autres. L’image diabolisée du Juif aura ainsi servi à stigmatiser d’autres groupes tout comme l’image diabolisée d’Israël ara servi à stigmatiser les Juifs non israéliens comme un Alain Finkielkraut. Selon nous, le sionisme moderne naitrait d’un prétendu constat d’échec de la diaspora et ferait de nécessité vertu en se repliant sur la « norme » nationale, celles des Gentils dont ils avaient si souvent voulu se démarquer. Au lieu de repenser les conditions de la Diaspora, ils auront jeté le bébé avec l’eau du bain. Mais l’on peut se demander si le sionisme n’aura pas contribué à fragiliser le processus judéo-diasporique, comme cela aura été le cas pour la diaspora séfarade – au sein du monde musulman – laquelle n’aura guère survécu à l’émergence de l’Etat d’Israël alors que la diaspora ashkénaze –au sein du monde chrétien-, en dépit du drame de la Shoah, aura tenu bon encore que désormais le conflit israélo-palestinien imprime ses marques dans la société française, notamment du fait de la présence maghrébine, suscitant une forme d’alya et débat autour de l’antisionisme, étant entendu que la diabolisation d’Israël permet de s’en prendre allégrement aux Juifs de la diaspora. Cela dit, on notera un parallèle entre le passage de l’antijudaïsme à l’antisionisme en passant par l’antisémitisme tout comme dans la dualité entre musulman et islamiste, avec le débat autour de ce qui est réellement visé par ces différents termes. Notons que le seul fait de mettre ensemble, sous le terme Sémites, Juifs et Arabes est déjà en soi la manifestation d’un certain antijudaisme qui aura conduit à vouloir inscrire l’Etat des Juifs au sein du monde arabe.
Il reste une dimension élitique justifiant une diaspora juive au sein des cultures les plus diverses et réunir celle-ci au sein d’un même État nous apparaît comme un contre-sens. La diaspora s’apparente pour nous à des semailles et il ne fait pas sens de renoncer à semer en conservant les semences en un seul et même espace confiné. De même, il vient toujours un temps où ce qui était concentré est voué à se disperser, à se répandre : on pense aux élèves de Polytechnique ou de l’ENA ou encore à l’exogamie des princesses .On retrouve d’ailleurs cette idée dans la Bible :
Genése chapitre II
Evangile selon Matthieu Chapitre 19
…. 29Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle.
כד עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד.
|
24 C’est pourquoi l’homme abandonne son père et sa mère; il s’unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair. |
Nous pensons qu’il faut laisser les Juifs libres de leurs mouvements, en évitant toute surdétermination qui fausserait les choses et ferait dire que le judaïsme se rééditait à une orthopraxie collective, quitte à observer, dans la pratique, qu’un grand nombre de Juifs suivent des voies assez semblables, sans s’être pour autant donné le mot. On pense à la proportion de Juifs ayant obtenu le prix Nobel sur un siècle. Tout ce qui fige l’identité juive contribue à la niveler. Le judaïsme est trop souvent associé à une idée d’espace -celui de la synagogue, celui de la Terre d’Israël alors que, selon nous, il a vocation à s’affirmer dans le Temps et la loi juive devrait d’abord s’inscrire dans une adéquation de temps plutôt que d’espace et cette prise de conscience est nécessaire à sa survie en ce que l’espace se partage alors que le temps est toujours en devenir et ne saurait donc être confisqué, approprié par ceux qui n’en sont pas les tenants authentiques.
En fait, nous pensons que le sionisme correspond à la face féminine de la condition juive, celle qui spécule sur la fin de l’Histoire, sur un accouchement, un aboutissement ultime alors que la réalité diasporique correspondrait à la face masculine, celle qui assume une centralité immergée au sein des « nations » (goyim), se manifestant dans les domaines les plus variés et certainement pas sous la forme de stéréotypes que chacun reprendrait à son compte « comme un seul homme ». Nous verrons que l’Alliance entre Israël et « son » dieu, exige une vigilance constante afin d’éviter toute cristallisation, toute aliénation par rapport aux créations mêmes des humains- et tout ce qui peut en résulter au niveau écologique En ce sens, les Juifs ont un rôle de vigie à jouer au cours des prochaines siècles, ce qui exigera de leur part qu’ils continuent à faire leurs preuves, ne serait-ce que pour montrer qu’ils ne sont pas des imposteurs revendiquant une alliance dont ils ne seraient pas les véritables héritiers et titulaires. Pour les Juifs qui seraient incapables de relever de tels défis, ils auront toujours le loisir de rejoindre l’Etat d’Israël. Nous pensons qu’Israël faute de constituer un milieu favorable au génie juif – lequel a besoin d’un environnement non juif pour prospérer- pourrait toujours devenir exportateur de sperme juif, à l’instar de l’épice de la planète Arrakis dans le roman Dune de Frank Herbert
Rappelons cette promesse faite à Abraham dans Genése XII qui avait été précédée par un « Croissez et multipliez »
א וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-אַבְרָם, לֶךְ-לְךָ מֵאַרְצְךָ וּמִמּוֹלַדְתְּךָ וּמִבֵּית אָבִיךָ, אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אַרְאֶךָּ.
|
1 L’Éternel avait dit à Abram: « Éloigne-toi de ton pays, de ton lieu (Artzekha) natal et de la maison paternelle, et va au pays (HaArets) que je t’indiquerai.
|
ב וְאֶעֶשְׂךָ, לְגוֹי גָּדוֹל, וַאֲבָרֶכְךָ, וַאֲגַדְּלָה שְׁמֶךָ; וֶהְיֵה, בְּרָכָה.
|
2 Je te ferai devenir une grande nation (goy gadol); je te bénirai, je rendrai ton nom glorieux, et tu seras un type de bénédiction.
|
ג וַאֲבָרְכָה, מְבָרְכֶיךָ, וּמְקַלֶּלְךָ, אָאֹר; וְנִבְרְכוּ בְךָ, כֹּל מִשְׁפְּחֹת הָאֲדָמָה.
|
3 Je bénirai ceux qui te béniront, et qui t’outragera je le maudirai; et par toi seront heureuses toutes les races de la terre (mishpahot haAdama). »
|
On ne saurait exclure une multiplication considérable du nombre de Juifs, dans les prochaines décennies, dès lors que l’on admet qu’un Juif s’unissant (connaissant) une femme, quelle que soit l’origine de celle-ci donne naissance à un enfant juif et dès lors que l’on sort du contexte du « mariage » pour œuvrer à une toute autre échelle. En fait, nous envisageons un certain eugénisme qui dissocierait le mariage de la procréation, laquelle passerait par le recours aux gènes d’une population masculine autorisée à procréer, le choix de la femme important peu. Il est évident que la présence juive au monde exigera à terme d’adopter une telle stratégie passant par les femmes « non juives »
Selon nous, une chose est l’élan, l’envie à raviver à réinventer, à recréer constamment et inlassablement, une autre d’en prolonger indéfiniment les effets. 0n pense aux couples qui se forment et qui tentent de se pérenniser, à grands renforts d’expédients juridiques, ce qui ne fait sens que par un processus incessant de séparation et de retrouvaille
Désormais l’on ne se demande pas si Marx, Freud ou Einstein sont des Juifs pratiquants ou si leur œuvre doit tant que cela au « judaisme » et l’on sait que la Shoah exprime bien, de façon monstrueuse, le dépassement du référentiel religieux pour appréhender la « question juive » encore que selon nous, le monde juif soit amené à passer périodiquement par des phases de concentration et de rassemblement en contrepoint de phases de dispersion, où le Juif se vit individuellement.
. Un nouvel antisémitisme se manifeste actuellement, consistant à nier les « mérites » de ces trois personnages ; ce sont là des polémiques d’ordre chronologique dans le cas d’Einstein que d’aucuns ne craignent pas de le qualifier de « plagiaire » aux dépens du français Henri Poincaré, le problème n’étant pas tant d’ailleurs la formule elle-même que son interprétation ( cf. Alexandre Moati, Einstein, un siècle contre lui, Paris, ed. Odile Jacob, 2007). Et quant à Marx, l’on déclare l’échec de sa théorie ou quant à Freud, le caractère illusoire de sa pratique thérapeutique…Le complotisme n’est pas loin et l’on parle de complaisance coupable envers ces personnages « surfaits. Il est vrai que l’enjeu est d’importance car cette émergence des Juifs à l’époque moderne rappelle que ceux-ci pourraient avoir été dotés, du fait de quelque grâce divine, de capacités individuelles remarquables, dans le cadre de ce que le prophète Jérémie appelle l’« Alliance Renouvelée », bien de siècles avant Jésus !(cf. infra). Mais rappelons que l’alliance de Dieu avec Abraham vaut pour la postérité de ce dernier, littéralement pour ta semence (Zéra). C’est dire qu’une telle alliance passe par le sang de la génération, de la génétique et non par quelque héritage spirituel, comme le prétendent tant de Chrétiens. :
ז וַהֲקִמֹתִי אֶת-בְּרִיתִי בֵּינִי וּבֵינֶךָ, וּבֵין זַרְעֲךָ אַחֲרֶיךָ לְדֹרֹתָם–לִבְרִית עוֹלָם: לִהְיוֹת לְךָ לֵאלֹהִים, וּלְזַרְעֲךָ אַחֲרֶיךָ.
|
7 Cette alliance (Brith), établie entre moi et entre toi et ta postérité (Zraekha) à ta suite , je l’érigerai en alliance perpétuelle (Brith Olam), devenant ainsi un Dieu (Elohim) pour toi comme pour ta postérité(Zraekha) après toi.
|
Le texte de Jérémie préfigure et annonce le temps de cette « Nouvelle Alliance »à laquelle se réfère Jésus mais cette Alliance reste bel et bien celle scellée entre les dieux des Pères et les Hébreux, ce qui est réitéré dans l’Épître aux Hébreux, une des pièces maîtresses du « Nouveau Testament » (cf. infra). Notons que cette formule « Nouveau Testament » – en français par exemple – est rarement comprise comme signifiant « Nouvelle Alliance ». Or, en hébreu, de nos jours, c’est bien en tant que « Brith Hadasha » que le « Nouveau Testament » est rendu. Selon nous, la diaspora est le champ d’expérience de la Nouvelle Alliance alors que la présence en Israël nous apparait comme une sorte d’aboutissement. Autrement dit, le judaïsme masculin serait diasporique et le judaïsme féminin serait israélien. En fait, l’image d’Israël serait double et donc plutôt brouillée : à la fois retour vers une « patrie » plus ou moins mythique mais bel et bien ancrée dans une géographie et à la fois manifestation d’une volonté de changement de vie de la part des immigrés juifs se rendant en Israël, Israël représentant non plus le passé mais l’avenir..
D’ailleurs, le nom du cinquième livre du Pentateuque-Deutéronome selon l’intitulé figurant dans la Septante, la traduction grecque d’Alexandrie, au Ive siècle avant notre ère, ne signifie-t-il pas en vérité « Nouvelle Alliance » et donc « Nouveau Testament » ? N’est-ce pas d’ailleurs dans le dit Deutéronome lié au règne d’Ezéchias (fin VIIe-début Vie siècle avant notre ère), que l’on trouve des éléments repris dans le Shéma Israël inspirés de Jérémie XXXI, avec notamment l’idée de Dieu commandant, branché directement au cœur, à l’esprit des Hébreux ? Jésus n’aurait donc fait que reprendre l’idée deutéronomique, quelques siècles plus tard.
Emmanuel Kant dira : « Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique: le ciel étoilé » au-dessus de moi et la loi morale en moi » (Critique de la raison pratique)
On parlera d’ailleurs, pour notre part, d’alliance jérémienne. Précisons immédiatement que ce n’est pas parce que les Chrétiens ont pu s’emparer de cette idée que les Juifs doivent se croire obligés de renoncer à s’y référer et de même ce n’est pas parce que les Chrétiens ont instrumentalisé le personnage historique de Jésus pour en faire le « fils de Dieu », que les Juifs se verraient contraints de leur abandonner le dit Jésus. Pour notre part, nous préférons Yahoo comme dans Jérémie ou Isaïe en hébreu, prophètes qui ont introduit le rapport très discutable entre tétragramme et Elohim)-, tout à fait extérieur au alors que Jésus fait partie intégrante de l’histoire du , en s’inscrivant notamment dans la lignée de Moïse et de Jérémie. Ce qu’il faut souligner, c’est que le facteur « J » ( Juif) est utilisé par certains pour expliquer ce qui se passe dans le monde comme l’a bien montré Sartre dans ses Réflexions sur la Question Juive (1946). Il serait selon nous lié à une carence des grilles de lecture – à commencer par celle que pourrait proposer la recherche cyclologique. Il y a un lien entre occultisme et antisémitisme en ce que ce dernier est perçu comme une clef pour comprendre le monde. Il ne suffit pas de dénoncer un tel phénomène mais de prendre conscience d’une absence de pédagogie au prisme de la science politique, historique. C’est ainsi que les gouvernants donnent l’impression qu’ils sont les maîtres des horloges et donc qu’ils seraient en mesure de reconfigurer le temps à leur guise, s’ils le voulaient bien. Dès lors, le peuple peut s’imaginer pouvoir influer sur les dits gouvernants alors qu’en réalité, il existe une structure cyclologique sur laquelle ces derniers n’ont pas prise. Si le peuple comprenait que le calendrier ne dépend pas de la seule volonté des gouvernants, les choses se passeraient autrement. Il est vrai que dans le cadre de l’Union Européenne et de la zone euro, le peuple sait que ses gouvernants nationaux connaissent des limites. Mais il faut aller plus loin dans la prise de conscience de ce qui sous-tend la réalité politique.(cf infra)
Nous dirons que l’on ne saurait ignorer l’existence d’une structure mentale propre à l’esclave, lequel tend à expliquer tout ce qui lui arrive du fait de la volonté d’un maître tout puissant. L’esclave a besoin d’avoir un consensus derrière lui alors que le maître s’en passe très bien. L’esclave refoule sa subjectivité ce qui importe n’est pas ce qu’il est capable de faire mais ce qu’il a le droit de faire. L’esclave a des certitudes que n’a pas le maître : celui qui maîtrise son sujet est conscient de ses tenants et aboutissants alors que celui qui ne fait que recevoir des ordres les ressent comme faisant un tout indissociable. Le maître sera en mesure de négocier, fera preuve de flexibilité alors que l’esclave sera dans le tout ou rien . l’un saura quelles sont les priorités et les données aléatoires alors que l’autre mettra tout sur le même plan ;
Autrement dit, l’antisémite est obligé de placer les Juifs tout en haut (au « top ») du système pour pouvoir les accuser de tous les maux, ce qui lui évite de s’interroger sur sa propre responsabilité, voir sa propre volonté. C’est ainsi que l’immigration ne pourrait, selon les dires de ses acteurs, être due au refus du peuple de se consacrer à certaines activités mais dépendrait de la volonté des « patrons » de se procurer une main d’œuvre à bon marché. A ce jeu, l’on en arrive à penser que le peuple est purement et simplement à la merci de l’élite et qu’il n’a pas de colonne vertébrale ! Quant aux femmes, elles ne sauraient évidemment, à entendre certains, avoir de spécificité propre et seraient modelées par la société (théorie du genre) qui en ferait ce qu’elle voudrait. On comprend toute l’instrumentalisation qui est ainsi opérée du discours sociologique qui tend à vider de toute « essence » l’individu ou de considérer toute différence entre les gens comme de simples artefacts !
L’androgynat
Ce n’est pas seulement Dieu qui serait mort mais le génie auquel on ne veut plus croire car ce « génie », c’est la bête noire des femmes, le démon qui n’a de cesse de les humilier, de les rabaisser. Les femmes n’hésiteront pas à traiter de « paranoïaque » toute velléité d’affirmation d’une quelconque supériorité inacceptable parce qu’inexplicable. Selon nous, le génie correspond à l’esprit face à la matière, il est en mesure de l’organiser, de l’ordonner comme dans le cas de la Trinité, la matière étant son troisième terme, le Fils. Ceux qui entendent placer le Saint Esprit en troisième position tendraient selon nous à faire primer la matière sur l’esprit alors que l’on nous dit, par ailleurs que Jésus serait né donc issu du Saint Esprit (Mathieu I) Le génie est foncièrement un maître
Nous dénoncerons également un comportement visant – ce qui conduit à un nivellement par le bas- à imposer à un groupe de personnes des valeurs féminines pour son mode de fonctionnement, par exemple en permettant aux personnes de lire des textes ou des partitions au lieu d’improviser ou encore une interdiction de mener de vrais débats, de s’interpeller au cours d’une réunion, ce qui conduit à un nivellement par le bas. En quelque sorte, l’élitophobie serait sous -tendue par une certaine volonté de castration. On coupe les têtes qui dépassent, les gens trop brillants qui « humilient » les moins doués. Quelque part, l’élitophobie rejoindrait (cf. infra) la judéophobie. En fait, le débat fait souvent prendre conscience aux participants de ce qu’ils tiennent en eux -mêmes des positions contradictoires. On a parfois reproché à Socrate de n’être intéressé qu’à obtenir l’avantage sur ses interlocuteurs. En tout état de cause, la joute verbale est une valeur clef de la culture européenne, qui met en avant la peur du ridicule plutôt que celle de la menace physique.
Mais il importe d’insister sur le fait qu’un texte écrit doit être lu avec attention et non déclamé, il exige un temps bien plus long que la parole directe si bien que celui qui lit à haute voix ce qui devrait être médité ne fait qu’agiter des signifiants sans que l’on ait vraiment accès aux signifiés. C’est ainsi que notre rapport personnel à notre écrit diffèrera singulièrement de nos prises de parole car nous attendons de notre lecteur une progression au sein de notre ouvrage bien plus minutieuse que de la part de notre auditeur, ne serait-ce que parce qu’à l’oral, nous perdons déjà beaucoup d’énergie à identifier les signifiants, ce dont nous dispense l’écrit. L’on notera que jusqu’à ce jour du moins les moteurs de recherche répertorient ce qui est écrit et non ce qui est oral. L’on sait à quel point, par exemple, il est difficile de suivre le cours d’un texte chanté. .Dans le cas des quatrains centuriques nostradamiques, le mot l’emporte sur la phrase (cf. Volet II) Le texte écrit suppose des relectures alors que la parole qui s’écoule se situe dans la linéarité et privilégie le « mot de la fin ». Rien n’est pire en définitive que de lire à voix haute un texte conçu pour être appréhendé à tête reposée ! On ajoutera que l’exercice du « résumé », dans les concours, est assez salutaire en ce qu’il permet d’observer si un candidat est capable ou non de s’extraire de la fascination pour le texte en « osant » le modifier, le réduire . Autrement dit, le quatrain transmute, transcende la réalité du texte en prose, passant de la réalité féminine où le sujet témoigne d’un vécu sensible à l’abstraction masculine dont le sens dépend, in fine, de celui qui la découvre, le lecteur, l’auditeur. Soulignons qu’une chose est de savoir lire, une autre de savoir écrire, dès lors que l’on ne réduit pas l’écriture à un simple codage. Le décalage est grand entre l’auteur et le lecteur de son œuvre.
Mais l’on pourrait aussi parler d’androgynophobie à savoir le déni d’un être qui serait à la fois mâle et femelle, au sens de Genèse I. L’androgynophobe affirme que cette grâce accordée à Adam lui aurait été ôtée lorsque Elohim aurait retiré la « femme » de son corps et cela nous conduit à préciser le caractère suspect du chapitre II de la Genèse si l’on admet –comme cela est d’ailleurs généralement admis- qu’il correspond- et ce en dépit de sa position en tête- à une addition tardive marquée par une autre approche théologique et téléologique (cf. infra). On a l’occasion de devoir entendre toutes sortes de propos à ce sujet où l’on passe allégrement l’androgynat par pertes et profits comme annonçant en quelque sorte le couple homme-femme. C’est un leurre de faire croire à la femme que par le biais du couple, elle pourra vivre une situation androgynale laquelle exige une intimité de l’être qui n’a rien de commun avec celle qui peut exister dans un rapport d’extériorité, même si lors du coït, l’on peut avoir l’illusion de ne faire qu’un avec son partenaire. La période androgynale correspond à une verticalité antérieure au temps de la mise en place d’un couple (préexistante dans le régné animal) Il ne faut surtout pas croire que le chapitre I de la Genèse traite de l’homme et de la femme car il s’agit de l’androgyne à la fois mâle et femelle. C’est « Ish » qui est le premier impliqué dans cette nouvelle ère, c’est-à-dire Enosh, dont il est l’abréviation, fils de Seth, créé à l’image d’Elohim et d’Adam :En fait, selon nous, l’androgynat s’est perpétué parallèlement à la formule du couple et c’est pourquoi il sera question dans la Bible de « fils d’Adam », pour Ezéchiel et pour Jésus, notamment.
Dans les trois premiers chapitres de la Genèse on nous invite à distinguer entre Adam. un personnage singulier et « haAdam », avec un article défini précédé de « Et »i (comme dans Genèse I, 1 pour la terre et le ciel)et enfin « ish » (Genèse II)
Genèse I
כו וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, נַעֲשֶׂה אָדָם בְּצַלְמֵנוּ כִּדְמוּתֵנוּ; וְיִרְדּוּ בִדְגַת הַיָּם וּבְעוֹף הַשָּׁמַיִם, וּבַבְּהֵמָה וּבְכָל-הָאָרֶץ, וּבְכָל-הָרֶמֶשׂ, הָרֹמֵשׂ עַל-הָאָרֶץ.
|
26 Dieu dit: « Faisons Adam à notre image, à notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s’y meuvent. »
|
ז וַיִּיצֶר יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם, עָפָר מִן-הָאֲדָמָה, וַיִּפַּח בְּאַפָּיו, נִשְׁמַת חַיִּים; וַיְהִי הָאָדָם, לְנֶפֶשׁ חַיָּה.
|
7 L’Éternel-Dieu façonna (Et haAdam) l’Adam, – poussière détachée du sol, – fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.
|
Genèse II
כד עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד.
|
24 C’est pourquoi l’homme (Ish) abandonne son père et sa mère; il s’unit à sa femme (beIshto), et ils deviennent une seule chair.
|
Genèse V
א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם: בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.
|
1 Ceci est l’histoire des générations (Elé Toldoth) d’Adam. Lorsque Dieu créa Adam, il le fit à sa propre ressemblance.
|
Les traductions laissent à désirer : il faut comprendre l’histoire des générations (Elé Toldoth) à partir d’Adam et non des « générations de l’humanité », comme on le trouve dans la traduction du rabbinat. Dans Génèse VI, 9, la même formule « Ele Toldoth » vise la descendance de Noé.
ט אֵלֶּה, תּוֹלְדֹת נֹחַ–נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו: אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ.
|
9 Ceci est l’histoire (Elé Toldoth) de Noé. Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains; il se conduisit selon Dieu.
|
י וַיּוֹלֶד נֹחַ, שְׁלֹשָׁה בָנִים–אֶת-שֵׁם, אֶת-חָם וְאֶת-יָפֶת.
|
10 Noé engendra trois fils: Sem, Cham et Japhet
|
En bref, la forme Adam est nominative et ne saurait en aucun cas être traduit par « l’homme » ou « l »humanité » !
Il n’en reste pas moins que de nos jours, une telle représentation des choses risque fort de rencontrer des résistances. Or, en hébreu, les termes employés diffèrent : la partie féminine d’Adam est appelée – du moins si l’on s’en tient à la lettre du texte-Neqéva (à rapprocher éventuellement du Niqab, un des noms du voile féminin dans le monde musulman), alors que la partie additionnelle est appelée Isha, terme qui est d’ailleurs utilisée en hébreu moderne pour désigner la femme. Pour notre part, nous nous opposons vivement à l’idée que neqéva et isha puissent vouloir dire la même chose. Zakhar et Neqéva correspondent à l’androgynat du Père et du Saint Esprit, les deux premiers termes de la Trinité (cf Genése V) alors qu’à partir d’Enos, le fils de Seth, le petit fils d’Adam, les naissances se feront non plus à l’intérieur mais à l’extérieur c’est-à-dire entre un homme et une femme et non plus entre un facteur masculin et un facteur féminin, ce qui correspond au passage de Seth à Enos ;
. Il convient de lire la Bible au prisme d’une certaine anthropologie sur laquelle nous avons prise et de ne pas lui faire dire n’importe quoi !
Il est bon que chaque groupe assume pleinement et sereinement sa spécificité au lieu de tenter de la fuir. Cela implique une certaine quête ontologique. Le monde a besoin non pas de déni et de confusion mais de définitions archétypales bien circonscrites, de repères. Contrairement à un certain discours « existentiel », nous dirons que l’existence précédé l’essence, c’est à dire que rejoindre l’essence est un objectif à atteindre et non ce dont il faudrait se départir. Accéder à la conscience de l’essence est en effet un travail bien plus ardu que de se contenter de ce qui peut, de façon contingente, constituer une personnalité au commencement de la vie, vouée à toutes sortes d’influences et de représentations plus ou moins fluctuantes.