jacques halbronn sur son décalage avec les courants judaiques réformés, libéraux et laïcs actuels.Rôle de l’astrologie et du plan divin.

Posté par nofim le 8 juin 2023

jacques  halbronn sur son décalage avec les courants judaiques réformés, libéraux et laïcs actuels.  Rôle de l’astrologie et du plan divin.

 

Notre long cheminement, depuis 1966,  nous aura conduit à fréquenter divers mouvements juifs, tant en France qu’en Israël et le plus souvent, nous éprouvâmes un certain état de frustration, de manque. (cf notre thèse sous la direction de Georges Vajda en Etudes hébraiques, EPHE Ve section, Paris III, 1979, parue en 1985 sous le titre « Le monde  juif  et l’astrologie. Histoire d’un vieux couple. Ed Arché Milan)

  Récemment, nous sommes  parvenus à établir un  certain diagnostic, grâce au développement d’une méthodologie critique permettant de remonter vers la sources des enseignements, ce qui nous évitait d’osciller entre l’acceptation et le rejet des structures existantes.(cf notre étude les trois échecs du judaisme contemporain). Il est certes  toujours présomptueux de prétendre proposer la création d’un nouveau courant judaique mais avec l’âge, nous pensons être en mesure d’avancer et de faire avancer dans la quéte d’un ressourcement authentique. En relisant nos textes de jeunesse (cf le MIPEPJ), nous observons chez  nous  une certaine aptitude à éviter certains piéges à commencer par la détermination de prétendues origines ou de prétendues traditions qui auraient été conservées intactes..

C’est ainsi que nous entendons explorer  des périodes antérieures, en quelque sorte préhistoriques. Nous n’adhérons pas automatiquement  à l’idée d’une Terre Promise,  se situant dans l’actuel Etat d’Israël pas plus d’ailleurs à l’idée que l’hébreu serait la langue d’origine des Juifs, du moins sous la forme qu’on lui connait et encore moins à une quelconque sacralisation de l’Ancien Testament (Livre de l’Exode et Psaumes entre autres) axée sur une « Sortie d’Egypte », célébrée à Pessah, au mois de Nissan. En fait, nous pensons qu’il est possible d’explorer le passé le plus éloigné par la voie du raisonnement, de la logique diachronique.

C’est ainsi que nous refusons carrément le mythe des 12 tribus, en contradiction avec la sécession survenue au lendemain de la mort de Salomon. Il est claire, pour nous, que le Royaume d’Israel n’a pu se constituer que parce qu’il comprenait une population différente de celle des Judéens et vassalisée par eux. Et une grande partie de ce qu’on appelle l’Ancien Testament serait en fait  l’oeuvre des tenants du dit Royaume, ce qu englobe les premiers Chrétiens, ces « brebis perdues de la Maison d’Israel » Il est temps de restructurer les relations entre Juifs et Chrétiens en signalant que l’Ancien Testament  aura été antidaté pour asseoir la mission de Jésus./

Nous n’acceptons pas qu’à la synagogue, l’on récit le « Shma Israel »  et que l’on présente les Dix Commandements comme l’acceptation d’un « Plan divin ». car ce texte n’a rien de transcendant, c’est une farce. Le plan divin concerne le respect d’un certain ordre cosmique et il est impensable d’en exclure l’astrologie et il ne s’agit certainement  pas d’un ne tueras/voleras point qui s’adresse aux gens du Royaume d’Israel. Ce Plan divin englobe également le respect d’une grammaire instaurant  un ordre social, politique, avec notamment le respect des dialectique du singulier et du pluriel comme du masculin et du féminin. Or, force est de constater qu’à un certain stade, les codes de lecture de l’hébreu ont été corrompus et le pire, c’est que nous nous  référons à « Dieu » en usant d’une grammaire devenue incohérente, confondant notamment  le masculin et le féminin comme dans la formule « Baroukh Ata Adonay »,-Béni sois tu Dieu », où baroukh reléve du masculin et Ata du féminin! Comment la renaissance de l’hébreu n’est-elle pas parvenue à corriger de telles aberrations qui se sont perpétuées dans tous les courants actuels. Piètres réformateurs qui n’ont toujours  pas été capables de « tikoun » , de corriger les textes!

Il nous apparait que la condition diasporique convient mieux  à la présence juive au monde et il s’en est fallu de peu que le sionisme n’accouche de l’élimination des Juifs de la surface du globe, les Arabes ayant eu l’intention de parachever la Solution Finale, lors de la création de l’Etat d’Israel. La notion de « concentration » sonne sinistrement dans la mémoire juive. Il n’a jamais été qiestion, dans le plan divin, de faire de ‘Humanité dans son ensemble le « peuple de Dieu » pas plus que le personnage d’Adam n’est censé incarner la dite Humanité; comme le proposent les traductions d’un texte qui de toute façon est éminemment suspect, puisque déterminé par l »idéologie du Royaume d’Israel (surnom de Jacob). Nous parlons ici d’un israélo-christianisme se substituant à un judaisme authentique. Le Shema Israel s’adresse d’ailleurs à cette mouvance – ce sont les Prophétes qui interpellaient ainsi les gens d’Israel. En ce sens,  ce Shema Israel c’est la mise en garde non pas des Juifs mais des Chrétiens, ce « nouvel Israel » (cf L’Église, encore « Nouvel Israël » ?  par Marie Vidal, Dans Pardès 2005/1 (N° 38), pages 213 à 224) dont on retrouve la trace jusque dans le Talmud (Ein Mazal le Israel).En ce sens, il est bon que dans les synagogues, des Chrétiens soient présents pour recevoir une telle mise en garde qui les concerne, eux!

 Ce serait donc autour d’une telle plateforme que nous proposons une rencontre avec les tenants du « Judaisme en mouvement » qui réunit plusieurs courants se démarquant de l’orthodoxie/orthopraxie mais il nous semble éminemment souhaitable de convier également les tenants du « judaisme laïc » -ayant fréquenté ces deux  lignes, tour à tour. En effet, l’idée de Dieu que nous préconisons ici n’a rien de commun avec celle du Christianisme, lequel aura impacté le judaisme au cours des siècles. Nous parlons en effet d’un plan divin, ce qui ne signifie aucunement que l’on ait à s’adresser à quelque Dieu mais à reconnaitre ce que nous devons à un Créateur non pas de l’univers mais plus humblement de notre monde terrestre, englobant tant  notre Terre que le Ciel qui l’entoure; Car c’est ainsi que nous comprenons le premier verset de la Genése, le Ciel ne renvoyant ici aucunement à la totalité de l’Univers mais à notre seul Systéme Solaire.  JHB   08 06 23

 

 

 

 

 

 

 

JHB 08 06 23

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Jacques Halbronn les Juifs et l’Ere du Verseau. Un texte datant de 1967.

Posté par nofim le 8 juin 2023

 

 Jacques  Halbronn   les  Juifs et l’Ere du Verseau. Un texte datant de 1967. 

 

A nos débuts en astrologie, à la veille de nos 20 ans, nous rédigeâmes le manifeste suivant:

 

 

 

Nous inaugurons cette recherche par une tentative de définition  du peuple juif en tant que Peuple du Verseau. ‘(…) Si l’on commence par l’analyse du  peuple du  Verseau, c’est que c’est  la plus facile et la plus caractéristique. Il est aisé de distinguer, au sein des peuples et de l’histoire, le peuple le plus original, le plus différent, le plus étranger aux autres peuples (..) ce peuple est le peuple Juif. (..) Le Verseau est le signe de la double essence. Il possède l’’essence commune à chaque signe, il possède en sus un message, un excédent, qu’il doit extraire de lui-même, qui est partie de l’essence universelle et qui, en conséquence s’intègre à elle, lorsqu’elle a l’opportunité de d’exprimer. Double essence  qui, au niveau du peuple, s’exprime par la dualité Peuple juif/individu juif. Non seulement, le peuple Juif possède cette continuité historique  des peuples, fondée sur la tradition, la langue, le territoire, il vit en chacun de ses membres. / Double essence qui est apparue clairement pendant les 2000 ans de l’ère des poissons, période négative pour le Juif mais fort utile pour le chercheur/ Le juif possède la continuité comme le Peuple Juif possède la continuité alors que les autres peuples ne la possèdent qu’au niveau du  cadre,  non de l’individu. C’est ce  qui sauva le peuple  juif de l’anéantissement – comme ce fut le cas pour tant de peuples car l’individu juif subsistant, le peuple juif, le  cadre juif, fut secouru : il est naïf de croire que ce fut le processus inverse qui se produisit, c’est-à-dire que le cadre aurait  secouru l’individu : en fait  il y a eu échange fécond entre les deux peuples juifs, l’un conservant une image de lui-même qui resterait valable, l’autre subsistant sans le support nécessaire du territoire « fermé » et de la langue. De même est-il absurde d’affirmer que le peuple juif est un résultat  des circonstances, une création artificielle ; les lois universelles s’opposent à cette explication existentielle : rien ne naît par accident, rien ne réagit, ne résulte, il s’agit chaque fois d’une expression, de l’épanouissement d’une essence. De même qu’il serait tentant, de la part d’un Juif, après la lecture de cette analyse de déclarer que les peuples non juifs  sont de faux peuples, vides de sens, créant artificiellement  ceux qui naissent en son sein un éphémère et illusoire sentiment de réalité historique   (…) Or l’ère des poissons est terminée, l’on entre dans l’ère du Verseau (.) Le peuple juif va-t-il se rendre compte que l’ère que depuis 2000 ans il attendait est en face de lui ? Tant d’obstacles, d’erreurs d’interprétation s’opposent à cette prise de conscience. Peur de trahir Dieu, peur de se trahir lui-même. Le peuple  existe avant son histoire. Il la crée, il la modifie, il en dispose ? Si l’on s’en tient à une Interprétation superficielle de la Bible, la naissance du Peuple Juif débute par l’accord de Dieu avec Abraham ou par le don de la Torah, au mont Sinaï, D’après la logique astrologique, cette hypothèse  est inacceptable car une existence dépend d’une essence et si le peuple juif a  été « choisi », c’est qu’il existait auparavant. (…) Sous l’ère des Poissons, le Juif a refusé la religion de Jésus de Nazareth, cela s’est terminé par le massacre de six millions de juifs, prix à payer pour avoir le droit à la rédemption mais aussi signal d’alarme, indiquant une transformation de l’attitude du Juif dans le monde. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les Juifs ont « vécu » la religion des Poissons et s’en sont fortement imprégnés : les Juifs des camps de concentration sont morts en Chrétiens. Beaucoup de Juifs croient qu’ils ne sont Juifs que parce qu’ils ont  accepté la religion juive, sans elle, le Juif n’est pas Juif. Tout d’abord plutôt que de parler de religion juive, est-il préférable d’employer le  terme de religion mosaïque, religion de Moïse. Car il y a des religions juives ou  plutôt des religions car l’heure est venue pour le peuple juif de redevenir universel, d’épanouir toutes les ressources de ses pouvoirs de Verseau. Le Juif  est juif par son essence et c’est la partie historique et non religieuse qui l’a attaché au judaïsme. La deuxième partie a  profité de la vie de la première. Le Juif doit se désaliéner, retrouver la pureté » de l’essence, prendre un bain de purification pour aborder son ère.  Le Juif doit se présenter nu, accepter une conception nouvelle et plus riche de Dieu, puis qu’avec l’ère du Verseau  l’homme va développer des capacités qu’il ne possédait pas sous l’ère du Bélier. Que le peuple juif ne trahisse pas Dieu par l’idolâtrie, c’est-à-dire une conception finie et limitée de Dieu. Si le peuple juif accepte la religion du Verseau, il  montrera, triomphalement que son contact avec son essence et avec l’essence de Dieu ne s’était que provisoirement interrompu !

 JHB  08 06 23

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jacques Halbronn Judaisme . le temps du MIPEPJ (1966-69)Correspondance avec sa soeur cadette. Vers un troisiéme temps réformateur.

Posté par nofim le 8 juin 2023

 jacques  Halbronn  Judaisme . le temps du MIPEPJ (1966-69) Correspondance avec sa soeur cadette. Vers un troisiéme temps.

 

A la veille de la Guerre des Six Jours, en 1966, nous avions déjà engagé un certain processus qui n’allait que se trouver enteriné alors.  Cela donné lieu à la création du Mouvement International pour l’Epanouissement du Peuple   Juif, dont nous fimes la promotion grâce à  une ronéo sur laquelle nous avions imprimé  un « Manifeste ». En 1978, ce fut le lancement du Cercle  d’Etude et de Recherche sur l’Identité Juive dont la devise était « ne nous soumettons pas aux modéles dominants que sont le sionisme et le religieux, à savoir deux espaces spécifiques dont on a pu observer qu’ils étaient la cible d’un certain antisémitisme: Israel, les synagogues. Actuellement,  c’est un temps de synthèse, qui passe  par une exigence réformatrice (cf notre texte  Le triple échec du judaisme contemporaine, 2023).et non par une mise à distance.  Ci dessous, une plongée dans le premier temps  Le second temps est accessible par la lecture des Cahiers du CERIJ (dépôt à la Bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle) Ne pas confondre avec le  Centre d’Etudes et de Recherches Interdisciplinaires sur les Jbala)

 

 

 

 

 

                Écrits de 1966 :

« J’annonce le destin des Juifs (.) Le  Juif est une puissance qui existe avant toute existence. Il n’est pas façonné par l’Histoire, c’est l’Histoire qui -construite par lui- est à présent mûre pour lui/ » « La solution finale. Qui sait, qui a dit, qui peut résoudre le problème de la présence des Juifs en ce monde ? Il ne fait aucun doute que le simple rassemblement d’une partie des Juifs en un seul point du globe, même si ce point est la terre qu’ils n’ont jamais abandonnée ne résout pas la question  juive. Il ne fait aucun doute que l’antisémitisme n’a pas vécu, n’est pas anéanti même s’il  a changé de voix et de héraut. Et comment n’y aurait-il pas une transformation de l’antisémitisme s’il y a une transformation de l’histoire, de la situation des Juifs ? Chacun sait que si les Juifs disparaissaient ou refusaient de travailler, l’humanité s’arrêterait, n’avancerait plus (.) Juifs du monde entier, adhérez au Mouvement International pour l’Épanouissement du peuple juif qui s’est donné pour mission de rendre les Juifs dignes d’Israël et Israël digne des Juifs « Le peuple juif a déjà renoncé à sa conviction millénaire. Il a suffi qu’une partie des Juifs se rassemblent et n’agissent pas miraculeusement/ Il est habituel à présent de considérer la question  juive comme historique et tout à fait élucidée. Les Juifs, dans et hors d’Israël, se persuadent qu’avec la fin de leurs croyances surgira la fin de leurs maux. ‘(…) ils devront se regrouper et vivre d’une manière que seuls ils pourront souhaiter. Un Juif qui vit comme un non Juif se rogne les ailes et se perd. Qu’est-ce qu’y Juif ? Un Juif  n’est ni l’adepte d’une religion, ni l’homme fortuit d’une nation/ Être Juif n’est pas un choix, c’est une différence avec la charge qu’elle exige d’assumer/  Un Juif est le descendant d’un peuple qui fut- de toute éternité – distinct. En  face de lui est le non Juif. Ils se sentent -et cela est normal- étrangers l’un  à l’autre. Ils en souffrent parfois et refusent cette évidence. Car on n’accepte pas ce qu’on ne comprend pas. La religion juive et l’antisémitisme sont les symboles de cette scission constante. La religion juive ne fait que représenter des convictions antérieures à elle-même, elle n’a pas créé le Juif. Elle n’est née et n’a  été adoptée que parce que le Juif ressentait sa différence par rapport aux hommes qui l’entourent, qui semblaient être ses pareils le Juif sublimait sa certitude en la supériorité de son destin. Le vrai Juif est la religion elle-même, il n’a pas besoin d’elle. L’antisémitisme est le sentiment des non Juifs de leur différence à l’égard des Juifs et il s’est manifesté de manières diverses

 Le peuple juif.

Mes idées lorsqu’on aura besoin d’elles et tant qu’on aura besoin d’elles. Il apparaît que ce qui distingue le peuple juif des autres peuples est que le lien est plus puissant entre le Juif qui naît et son peuple que pour tout autre peuple. Extrait «  Israël apparaissait à David comme la seule issue : former un peuple de génies, les Juifs Un chef  Les  Juifs se trouvent dans une situation exceptionnelle, celle où un chef est nécessaire/ (…) Cela demande  de sa ^part une aptitude à percevoir tout ce que ce peuple Juif a de profond, à extraire de chacun tout ce qu’il mérite de donner.    

   Lettre aux  Juifs d’Israël Ils ne doivent pas copier ce qui se passe autour d’eux.  (..) Israël est-il un peuple ? Pas si on le compare  avec les communautés qu’on appelle peuple. (..=) Qu’on le veuille ou non, c’est lui  (le Juif) qui provoque l’antisémitisme. Par sa conscience qu’il est différent.*

Genèse de ma  pensée J’avais préparé un  exposé (fin 65-début 66 à Assas)  sur la question juive (..) et j’avais soutenu que les Juifs étaient persécutés parce qu’il y avait en eux des caractères qui faisaient qu’ils devaient l’être, (…) Cette analyse était confirmée par mes analyses du  souffre-douleur. (…) L’antisémite ne créait point de Juifs, il en était la conséquence. Les Juifs ont toujours eu conscience de la différence. Différence qui n’était pas simplement  celle de l’étranger. Différence  mal déterminée, mise sur le compte de la religion, attitude encouragée en cela par une volonté de la part des non juifs d’apporter de même une raison à leur hostilité confuse.

 

 

05. 02. 66 Lettre  à un éditeur

 

« Les Juifs ont un passé qui progressivement les a  rendus  des « génies ». Les Juifs ne sont pas des hommes. L’Etat d’Israël peut devenir l’état le plus puissant du monde. L’antisémitisme et le racisme apparaissent fondamentalement différents. Opposés. L’antisémitisme est la conséquence de la mentalité juive. Le racisme est la conséquence de la mentalité blanche. Les peuples persécutés au nom d racisme n’ont pas acquis les facultés des Juifs. Il faut séparer fortement mentalité et capacités cérébrales. Les facultés des Juifs ne sont pas dues à l’antisémitisme mais à la dispersion. Elles ne disparaîtront donc qu’avec la dispersion. Qu’avec l’imitation par Israël des autres États classiques.  (..) Même si l’antisémitisme persiste. Le peuple juif doit apprendre à savoir ce qu’il peut attendre de lui-même. On peut comprendre la nature du peuple juif à trois niveaux différents. Soit le peuple juif n’est pas peuple, soit il n’est que Peuple, soit il est le Peuple. Certains considèrent le peuple juif comme une réalité artificielle et produite par une société malade : si cette société  guérit, le Juif disparaît. Certains se veulent à croire que le Peuple Juif est un peuple comme les autre et qui va,  à présent qu’il en a la possibilité, être accepté au sein des nations. Enfin, certains mettent le Peuple juif à part, peuple élu, qui sera  le guide des  hommes parce que Dieu lui a fixé cette mission. Ces trois conceptions sont à la fois exactes et incomplètes. Il est exact que le Juif a développé des traits, à certaines époques, en certains endroits, qui  sont ceux d’un persécuté, d’un souffre-douleur. L’exemple des camps de concentration nous montre, à l’extrême, ce qu’un homme peut devenir (.) Il est exact que le Juif peut se comporter,  à certaines époques, pendant un certain temps, comme tout être, quel qu’il soit sans qu’aucune différence ne soit perceptible. L’exemple de l’Etat d’Israël aujourd’hui nous le montre de même que  (..) sous David ou Salomon. Il est exact que le Juif a exercé sur les hommes une énorme influence, dans tous les domaines et surtout par sa religion qui est le fondement d’un grand nombre de civilisations. Mais ces trois conceptions sont incomplètes, elles ne sont pas suffisamment approfondies. Il  existe un autre conflit lorsque l’on tente de définir le peuple juif. Le juif est-il une réalité historique ou une réalité physique ? Les trois conceptions signalées considèrent le peuple juif comme réalité historique, soit causée par l’antisémitisme, soit, comme tout peuple, par les événements qui parcourent son histoire, soit comme  tribu sémitique transcendée et choisie par Dieu. Or, il est possible de considérer que le Juif est une réalité physique. Le Peuple Juif existe avant son Histoire, est cause et non produit de son Histoire. Il n’est pas plus absurde d’affirmer  qu’un peuple normal devient différent sous quelque influence que cela soit que de penser que s’il est différent, c’est qu’il a  toujours été différent, sinon consciemment, du moins physiquement. Expliquer par la force de l’habitude l’évolution historique n’est pas plus raisonnable que la supposition selon laquelle le Peuple Juif  n’a fait que  réagir ou fait réagir par sa nature différente  et qu’il n’est resté fidèle à sa religion que parce que cette religion était l’expression de lui-même.

 

 

 

Oxford  le 25 08  66 « Le Dieu  juif n’est pas le dieu Chrétien »

 

Chère sœur Il reste que je crois que j’aime les Juifs et qu’ils m’aiment et me respectent. Je ne te cacherai point que c’est en Israël que je désire passer mes jours car j’ai foi en la valeur et en l’avenir du peuple juif. Quant à Dieu, il me faut tout de suite te rappeler  que le Dieu juif n’est pas le Dieu chrétien et que je ne suis athée que pour le Dieu chrétien? Malheureusement, vivant dans une société chrétienne, le véritable esprit  de notre peuple et de notre  religion s’est effacé et nous  avons oublié  qui nous étions. Le Dieu Juif est le Dieu des Juifs; celui qui protège et conduit le peuple juif par l’intermédiaire du Messie. Ce n’est point un Dieu cosmopolite, pour tout le monde, c’est le Dieu du peuple juif, du peuple Juif réuni à nouveau et qui mènera un jour le peuple juif au-dessus des autres. (….) Je sens que le renouveau du peuple Juif est proche. Ralliez mon panache blanc! Chaque Juif est grand, non par son intelligence, mais par sa conscience de peuple, son socialisme et son acceptation d’obéir à celui en qui il croit. (…) Je pense que je ne me marierai pas, mes enfants seront le peuple Juif, la vanité du père, quand on y pense, est profondément  ridicule. Chaque Juif est grand, qui suit son chef.

     Décembre 66 Mon peuple d’Israël, je suis fou de ne pas aller vers toi. Je suis faible. Et pourtant, je vois en moi une force énorme.  (…) Que serai-je en Israël ? On  ne m’attend pas. Seul ? Non mais mieux qu’en France ? (.) Mes parents ne m’en empêcheraient pas. Mais je hais l’anonymat. (…) Mon peuple d’Israël, je serai dans ton sein avant que l’Hiver ne repasse deux fois »   

      11  mars  1967 La Bulgare Oh ; tu es  français. Oui. J’aime beaucoup la France. Est-ce que je parle bien français ? Oui. J’ai Lu beaucoup de livres sur la France. Louis XIV. Montjoie. Saint Denis. C’est cela. Bretagne, Corse, Normandie,  Bavière. Non. Non ? Provence, Savoie. C’est cela. Tu connais la Bulgarie ? Non, je ne connais pas du tout la Bulgarie, ni les Bulgares. Tu es dépaysé ? Pas tellement. Tu sais, je suis de ton  côté, d’Orient, moi aussi. Pas français. Juif   A ma sœur « Roch »   « Tant qu’Israël ne sera pas en mesure de guider le monde,  Israël attentivement recevra les leçons de ceux qui lui sont nécessaires. Tant que le MIPEPJ n’atteindra pas une ampleur internationale, il ne s’agira pas d’échafauder des entreprises hors de proportion. 

 

30 mars 1967 «Ce journal coïncide (…) avec ma déclaration d’indépendance. / Je me suis laissé un an avant de m’installer en Israël.

Un an pour construire. Je ne ressens pas de soulagement. La tension, la souffrance restent en moi. Il   faut trancher la question

  Juillet 67  Les Israéliens ont gagné la bataille militaire. La bataille politique est au moins aussi importante.  Les Juifs du monde  entier doivent savoir que leur rôle dans cette dernière bataille sera décisif à court et à long terme : ils gagneront la bataille politique. Que tous les  juifs qui ont tiré les leçons de l’histoire du peuple juif se rendent en Israël, permettent à Israël de conserver les territoires  acquis en les occupant, en les défendant si besoin est. Ceci est l’appel à une quatrième  Alyah.

 

 

Fin 67 ?  « peuple du Verseau » « ère des poissons »

Nous inaugurons cette recherche par une tentative de définition  du peuple juif en tant que Peuple du Verseau. ‘(…) Si l’on commence par l’analyse du  peuple du  Verseau, c’est que c’est  la plus facile et la plus caractéristique. Il est aisé de distinguer, au sein des peuples et de l’histoire, le peuple le plus original, le plus différent, le plus étranger aux autres peuples (..) ce peuple est le peuple Juif. (..) Le Verseau est le signe de la double essence. Il possède l’’essence commune à chaque signe, il possède en sus un message, un excédent, qu’il doit extraire de lui-même, qui est partie de l’essence universelle et qui, en conséquence s’intègre à elle, lorsqu’elle a l’opportunité de d’exprimer. Double essence  qui, au niveau du peuple, s’exprime par la dualité Peuple juif/individu juif. Non seulement, le peuple Juif possède cette continuité historique  des peuples, fondée sur la tradition, la langue, le territoire, il vit en chacun de ses membres. / Double essence qui est apparue clairement pendant les 2000 ans de l’ère des poissons, période négative pour le Juif mais fort utile pour le chercheur/ Le juif possède la continuité comme le Peuple Juif possède la continuité alors que les autres peuples ne la possèdent qu’au niveau du  cadre,  non de l’individu. C’est ce  qui sauva le peuple  juif de l’anéantissement – comme ce fut le cas pour tant de peuples car l’individu juif subsistant, le peuple juif, le  cadre juif, fut secouru : il est naïf de croire que ce fut le processus inverse qui se produisit, c’est-à-dire que le cadre aurait  secouru l’individu : en fait  il y a eu échange fécond entre les deux peuples juifs, l’un conservant une image de lui-même qui resterait valable, l’autre subsistant sans le support nécessaire du territoire « fermé » et de la langue. De même est-il absurde d’affirmer que le peuple juif est un résultat  des circonstances, une création artificielle ; les lois universelles s’opposent à cette explication existentielle : rien ne naît par accident, rien ne réagit, ne résulte, il s’agit chaque fois d’une expression, de l’épanouissement d’une essence. De même qu’il serait tentant, de la part d’un Juif, après la lecture de cette analyse de déclarer que les peuples non juifs  sont de faux peuples, vides de sens, créant artificiellement  ceux qui naissent en son sein un éphémère et illusoire sentiment de réalité historique   (…) Or l’ère des poissons est terminée, l’on entre dans l’ère du Verseau (.) Le peuple juif va-t-il se rendre compte que l’ère que depuis 2000 ans il attendait est en face de lui ? Tant d’obstacles, d’erreurs d’interprétation s’opposent à cette prise de conscience. Peur de trahir Dieu, peur de se trahir lui-même. Le peuple  existe avant son histoire. Il la crée, il la modifie, il en dispose ? Si l’on s’en tient à une Interprétation superficielle de la Bible, la naissance du Peuple Juif débute par l’accord de Dieu avec Abraham ou par le don de la Torah, au mont Sinaï, D’après la logique astrologique, cette hypothèse  est inacceptable car une existence dépend d’une essence et si le peuple juif a  été « choisi », c’est qu’il existait auparavant. (…) Sous l’ère des Poissons, le Juif a refusé la religion de Jésus de Nazareth, cela s’est terminé par le massacre de six millions de juifs, prix à payer pour avoir le droit à la rédemption mais aussi signal d’alarme, indiquant une transformation de l’attitude du Juif dans le monde. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les Juifs ont « vécu » la religion des Poissons et s’en sont fortement imprégnés : les Juifs des camps de concentration sont morts en Chrétiens. Beaucoup de Juifs croient qu’ils ne sont Juifs que parce qu’ils ont  accepté la religion juive, sans elle, le Juif n’est pas Juif. Tout d’abord plutôt que de parler de religion juive, est-il préférable d’employer le  terme de religion mosaïque, religion de Moïse. Car il y a des religions juives ou  plutôt des religions car l’heure est venue pour le peuple juif de redevenir universel, d’épanouir toutes les ressources de ses pouvoirs de Verseau. Le Juif  est juif par son essence et c’est la partie historique et non religieuse qui l’a attaché au judaïsme. La deuxième partie a  profité de la vie de la première. Le Juif doit se désaliéner, retrouver la pureté » de l’essence, prendre un bain de purification pour aborder son ère.  Le Juif doit se présenter nu, accepter une conception nouvelle et plus riche de Dieu, puis qu’avec l’ère du Verseau  l’homme va développer des capacités qu’il ne possédait pas sous l’ère du Bélier. Que le peuple juif ne trahisse pas Dieu par l’idolâtrie, c’est-à-dire une conception finie et limitée de Dieu. Si le peuple juif accepte la religion du Verseau, il  montrera, triomphalement que son contact avec son essence et avec l’essence de Dieu ne s’était que provisoirement interrompu !

 

 

Fin 67

Qu’a dit Dieu à Abraham? Dieu dit à Abraham: tu vas engendrer un fils. Abraham répond que les astres ne le prévoient pas. Alors Dieu répond: ce fils, Isaac, que tu vas engendrer ; aucun astre ne le laissait  présager, ce fils (…) n’a pas de naissance, pas d’origine, il n’aura pas non plus de mort, il sera éternel, alors que les autres peuples disparaîtront les uns après les autres car ils sont nés sous les astres et mourront lorsque le cycle de ces astres sera terminé/ Le peuple d’Israël n respecte pas les lois de la Nature (origine et fin) (…) Le peuple juif est immortel, pas le Juif. LE Juif peut être massacré, le peuple juif ne le sera jamais car il est d’une matière divine que seul Dieu peut reprendre (…) Israël est né après la « Création », il échappe au mécanisme universel. Israël est la Deuxième Création de Dieu. C’est donc un peuple jeune et c’est pourquoi il a jusqu’ici été le souffre-douleur des autres peuples, déjà arrivés. Dieu a donné la Torah au peuple juif pour l’encourager à subir les épreuves. (//) Que chaque Juif donne cette même force à son prochain que celle que Dieu a donné à Israël par la Torah. Que la carte  astrale de chacun soit sa propre (petite) Torah. ‘Qu’on ne voie rien de sacrilège dans cette déclaration. Non daté:   Je considère que l’on peut établir à l’heure actuelle un peuple composé de génies. Car l’histoire des peuples influe sur leurs capacités physiques et intellectuelles e peuple est celui qui a subi au cours de l’Histoire un sort si particulier: Israël. Ensuite, je considère que ce peuple, on peut lui faire prendre conscience de sa nature.   Israël apparaissait à David comme la seule issue : former un peuple de génies, les juifs Les autres génies avaient peu de chance d’acquérir une descendance de même nature Pour un peuple de génies signifie d’une part que je considère l’histoire comme l’œuvre des génies. d’autre part qu’un peuple doit prendre conscience de l’importance des génies en son sein et axer son action pour évite leur gâchis. Enfin, qu’il est un peuple ne comportant que des génies, c’est à dire des individus capables de créer, lorsque les circonstances sont favorables à cet effet. Israël. 

 

  Manifeste du Mouvement International pour l’épanouissement du peuple juif (MIPEPJ)

 

 

Extraits du Manifeste  (dans la foulée/folie de  la Guerre des Six  Jours) (..)

 

Au lendemain d’une grande victoire, l’erreur des Juifs serait  de penser que seule la dispersion était anormale et que la réunion est l’état naturel ‘ (.) (..) Il  n’y a pas de rupture au cours de l’Histoire juive entre avant et après l’acquisition de sa religion, il n’y a pas eu adoption. Le Juif conscient d’aujourd’hui n’accepte pas sa religion, sa Loi sous l’influence d’un prophète qui lui parla voilà trois ou quatre mille ans, pas plus que ne le fit le juif contemporain  ou d’Abraham. Sa religion est  partie (intégrante) de lui-même;  peu importe même qu’il admette cette religion (..) elle siège au  cœur de l’être (.) Mais l’étude de la religion juive  débouche sur d’autres horizons encore. Il reste en effet à tirer des conséquences du contenu de cette religion*. Non seulement, les Juifs ont pensé de même façon et avec la même constance la nature de ce contenu? Ils ont défendu  une  conviction millénaire : les Juifs sont le peuple élu  (…) sans en prendre directement   conscience, ce qui renforce la prédominance du naturel  sue la volonté. Non daté La  nature du  juif est plus profonde, plus naturelle, elle existe avant son Histoire et ne  fait que se teinter légèrement des influences diverses et successives qu’elle traverse et dont elle est souvent la cause. Il n’existe pas de transmission des caractères acquis au niveau d’un peuple vrai; le Juif transmet à son fils ce qu’il a reçu de ses ancêtres : son sang fécondateur, non ses habitudes. (…) Le peuple  juif est différent et supérieur aux autres peuples. Le terme Peuple en ce qui le concerne revêt un sens exclusif. Le Juif ne se sait pas Juif parce qu’il nait au sein d’un cadre qui lui impose de l’extérieur sa nature, le Juif se choisit  Juif parce qu’il est intérieurement Juif. Quant aux  conversions, elles n’ont point de signification par elles-mêmes : un non Juif se convertissant au judaïsme ne sera juif que si toutes les générations qui le suivent son  juives, Dans ce cas, cela indiquerait que lui-même descend de Juifs ; un Juif se convertissant à une autre religion ne perd pas sa nature de Juif car celle-ci réapparaît  irréductiblement dans les générations suivantes, sinon il n’était pas Juif originellement.  (..) Il apparaît que le peuple Juif doit être considéré comme un peuple de génies, comme le vrai peuple ; celui dont chaque membre arrive à la conscience nationale par’ son propre chemin (.) Le non Juif n’existe pas en lui-même mais s’intègre à une enveloppe appelée faussement peuple qui le colore illusoirement d’une nature superficielle et interchangeable qui, elle, justifie l’internationalisme. L’illusion tient à ce que le non -Juif possède l’avantage de la stabilité en temps de paix et qu’en temps de guerre, sa trace se perde immédiatement (quelques générations s’il doit quitter son enveloppe. Le Juif est cosmopolite parce qu’on a la possibilité de constater qu’il l’est. Seul le Juif n’est pas apte à l’internationalisme. (… ) Quant au peuple juif, sa source semble, (…) limitée au texte de l’Ancien Testament: mais les premières pages du livre ont une signification ésotérique et non historique : l’origine du peuple juif reste obscure. Dire qu’il s’agit d’une  quelconque tribu sémitique  est ne pas voir l’essence des faits : ce qui est différent a été différent : l’hypothèse la plus satisfaisante est que le peuple juif est un rameau indépendant de l’espèce humaine, que son origine ne doit donc point être greffée sur le tronc commun ou -si elle doit l’être- à une date extraordinairement antérieure à toute l’histoire connue de l’Humanité (…) Le Juif ne doit ni  chercher à s’assimiler individuellement ou collectivement, ni être livré uniquement à lui-même. Or paradoxalement,  la  tendance actuelle de l’État d’Israël va dans ces deux  directions à la fois. Sous l’influence des antisémites, l’État d’Israël veut montrer qu’il peut cultiver  la terre, remplir toutes les fonctions de la société,  (au risque) de créer un prolétariat juif gaspillant  le potentiel créateur de chaque Juif ;  par ailleurs, (on) veut que cet État soit composé  en majorité de Juifs, ce qui le condamne à  n’avoir qu’une envergure politique limitée par le nombre et par le territoire (…) Ainsi l’Etat présent d’Israël se comporte de manière incohérente au regard de son formidable patrimoine humain et ne veut voir que ce qu’il a sous les yeux et non ce qu’il pourrait construire, il tombe dans le mirage des « faits ». Deux phénomènes l’obsèdent : son territoire ‘historique », sa « religion ». Car il craint, en ne s’agrippant pas à ces deux idées  de ne plus être un État légitime. Comme si l’essence du peuple juif tenait uniquement à l’un ou à l’autre. (…) Le passé du peuple  juif ne  s’arrête pas à la Palestine, ni à la religion mosaïque. Il faut remonter beaucoup plus dans l’histoire. Aussi Israël n’a aucune raisons de se limiter  à  la Palestine ni  même de se concentrer autour d’elle.   Ainsi l’observateur sérieux qui revient d’un voyage en Israël  revient avec une série d’énigmes, de phénomènes, de questions – fécond ou non- à investiguer ? Mais il en devrait être de même pour n’importe quel voyage ; il n’y a pas davantage de  mystère juif que de mystère non juif car qui ignore l’un ignore l’autre. Ces interrogations qui sont loin de concerner uniquement la situation présente  en Israël puisque ce serait se condamner à ne rien pouvoir reconsidérer sont : pourquoi les Juifs ont-ils été dispersés, pourquoi sont-ils restés dispersés ;  pourquoi  les Juifs ont-ils  été persécutés, comment ont-ils  été persécutés, pourquoi les  Juifs possèdent-ils une religion originale, pourquoi l’ont-ils conservée- pourquoi existe-t-il un tel contraste entre la grandeur atteinte par certains Juifs  et le sort collectif Juif : est-ce que le sionisme est capable d’apporter une solution à la situation toujours provisoire  du Juif, l’installation en Israël doit-elle faire des Juifs des individus ordinaires ou du  moins  différents des Juifs de la Diaspora ou bien transcender les valeurs juives, comment ?  Que penser des prédictions bibliques quant à l’avenir des Juifs : peut-on employer le terme peuple dans le même sens pour les Juifs et les non –Juifs ; en fin de compte, le Juif se  distingue-t-il du non Juif ? S’agit-il d’une  « race » ou simplement  d’une  « religion » ou encore  d’un  « état social artificiel  et provisoire » ? Qu’est-ce que l’être non juif ? Pourquoi et comment a-t-on cinq millions de Juifs  au moins à l’époque du Troisième Reich ? Pourquoi aurait-on massacré l’ensemble de la population juive  du globe si les événements purement guerriers ne l’avaient empêché ? Quelle différence marquée par son histoire sépare le Juif de tous les êtres –hommes ou non –de cette planète ? Est-ce que le problème  juif est  un problème important ? On a répondu maintes  fois à chacune de ces questions : on a méconnu l’être juif d’une part, on a mal répondu  à chacune de ces questions d’autre part. Le grand tort des dirigeants  juifs-cela englobe l’ensemble de la population israélienne au moins, comme on l’a montré- n’est pas d’avoir échoué dans leur politique mais bien plutôt d’avoir trop bien réussi dans leurs objectifs, ceux d’une politique erronée : leur grand tort est d’essayer de faire progresser les Juifs : des êtres qu’ils ne connaissent pas, Il y  a constamment deux manières d’étudier les existants Juifs et les autres : l’une statique, l’autre dynamique. L’analyse dynamique non seulement complète l’analyse statique mais la détruit.

 

Chère sœur

17 09 68

L’hébreu, voilà deux ans même, ma pensée se serait-elle penchée sur cette éventualité : apprendre l’hébreu ?. J’étais à Oxford, voilà 2 ans, je réfléchissais sur le problème du Génie. Avais-je alors l’idée que mes conclusions sur cette question me conduiraient à prendre conscience du destin du peuple juif, de mon appartenance au peuple juif, de mon destin. L’hébreu, langue qui vous est encore totalement étrangère. Imaginez-vous aisément que cette langue, je la parle, je l’entends, je l’écris, je la lis tous les jours. Cet hébreu n’est-il pas, à lui seul, un symbole d’une différence ? Israël   est bien un mythe. C’est-à-dire qu’il n’y-a rien à y trouver. Sinon, à y chercher. Là existe précisément la dialectique de l’émigrant. (..) Je commence à comprendre quelle force est nécessaire pour un Français, un Européen (il y  en a bien peu qui restent). Pour croire en Israël, il faut des défauts terribles : orgueil, destruction, prophétisme, mépris, entêtement, intransigeance et intolérance.  (…) Comme tout révolutionnaire, j’attends la crise

22 08 68

Chère Sœur

Croire  au peuple  juif, ce n’est pas y croire par la Bible, ce n’est pas foi. C’est intuition, c’est-à-dire conscience des profondeurs réelles du mot Juif dans le passé et dans l’avenir. (..) Je pense pouvoir faire bientôt  un exposé dans une Yeshiva. J’ai rencontré en effet et convaincu des étudiants d’une Yeshiva et la semaine prochaine je dois rencontrer leur rabbin. (..) Sans les juifs, il n’y a pas d’USA.  Les USA sont l’Israël d’il y a 150 ans. Bien sûr que je leur conseille de s’installer en Israël mais ce qu’il faut bien comprendre c’est que sur un plan  négatif, il suffit qu’ils partent, arrêtant le progrès. Israël pourra ainsi les rattraper.   

26 01  69 Jérusalem Il faut comprendre qu’il est encore plus pénible d’étudier à Jérusalem qu’en France (.)  Hébreu en France et Français en Israël.

 19 05 69 Je tarde de rentrer à Paris. (..) Me voici en Israël. Pourquoi suis-je parti là-bas ? J’ai bien réfléchi,  je suis parti pour oublier, pour fuir.  (..) Je ne suis pas parti par idéal mais par désespoir.

 

Jérusalem, le  26 mai  69

 

Chère Sœur Après 14 mois (plus deux mois après la Guerre des Six Jours)  d’expérience israélienne ; ma conclusion est négative ?  Je ne crois pas en Israël ; je ne veux pas devenir citoyen israélien ; je ne crois pas  Israël  digne de représenter  le Peuple Juif. Mais à part cela  je continue à affirmer le peuple juif comme peuple différent et son avenir comme universel et crucial. Le Juif en Israël a son champ de vision restreint : un petit territoire , pas plus grand  que l’Alsace, deux millions et demi d’habitants , une histoire qui date de moins d’un siècle, une nécessité  de ne penser  qu’à court terme, pas le temps de méditer, de « souffler «, un pays pauvre. Si l’on veut comprendre la différence  le  Juif hors d’Israël et l’Israélien, il suffit d’accepter le principe que le fait de vivre  dans un univers  restreint dans tous les sens du terme supprime  toutes les facultés  d’abstraction : l’on ne raisonne pas sur des concepts , des nombres que l’imagination ne peut  saisir ; en Israël, tout est concret, limité, tangible, étroit. Donc la pensée de l’israélien  n’a pas l’habitude de raisonner dans l’abstrait. Alors que le « Juif  de l’Exil » est exactement à l’inverse : un mystère, un problème, une recherche, à chaque pas, le juif est frère de l’illimité : son territoire, son histoire, ses horizons, sa population. On dira : qu’est ce qui fait préférer l’illimité au limité ; qu’y a-t-il de si mauvais à avoir un cadre, une explication simple (iste) de ce qu’est un Juif (celui qui est Israélien, etc ? D’abord Israël, vu de ce point de vue est la forme la plus « efficace «  de l’assimilation, Israël n’est absolument pas une alternative à l’assimilation. Au contraire ! C’est en Israël  que le Juif perd sa judaïté. Le cadre est vital  quant au développement des peuples et le cadre israélien détermine  irréductiblement  (situation politico-socio- géographique) l’avenir d’Israël. Il ne faut pas se faire d’illusions. D’ailleurs, les Israéliens  sont les derniers à avoir honte de cet état de choses ; ils veulent être normaux, des ‘hommes’(cf. Friedman  Fin du peuple juif?) et, chose curieuse, au lieu de prendre pour modèle l’Occident, ils veulent se moquer du reste du monde (tout en étant, en réalité, totalement  sous la coupe de l’Occident) ; un nouveau  judaïsme est né : celui du ghetto combattant. Il est attristant  de voir, ainsi,  d’un côté , non pas  simplement par  la volonté  de l’Israélien  mais par la vie même  qu’il est forcé de mener  une assimilation  qu’aucun « Juif assimilé »  n’aurait osé rêver., d’un autre un nationalisme infantile  qui se moque du reste du monde (Juifs compris) et qui parce qu’Israël a gagné trois guerres (48, 56, 67,  n. d. l. r.) contre des Arabes incapables, se croit définitivement invincible Car il ne faut pas s’y tromper : Israël n’est pas une démocratie  Pour un Français qui vit sous la « dictature gaulliste » (??)  Israël est mille fois moins pluraliste, ouvert à la diversité des opinions. Si tu exprimes une opinion différente de la masse, on te demande « Qu’est-ce que tu fais  en Israël ? » parce que les 99% des Israéliens font bloc  et est traître celui qui n’est pas d’accord avec le gouvernement, Les causes : la sécurité (en hébreu un mot sacré BITARON)  Pour un pays  qui est censé favoriser l’immigration , on peut dire qu’il n’est certainement pas à la hauteur:  le Juif, l’immigrant,  doit s’intégrer, c’est à dire faire comme tout le monde, sentir comme tout le monde. Si tu émets une opinion, on te demande « Qu’as-tu  fait à la guerre ? » (Cela ne m’est pas arrivé à moi personnellement  et  je ne parle pas par  susceptibilité) On se croirait au fin fond du Brésil ou de l’Australie : pour être dans la tribu, il faut montrer son courage et sa force physique ! Une raison essentielle de ce comportement  avoué est l’Armée. Si le commandant dit ceci ou cela, on ne discute pas, on obéit Les Juifs d’Israël  croient  aux  décorations et moins à la pensée, plus aux coups de poing ou de feu et moins à la  discussion  Ils disent : pas de paix  sans dialogue direct avec les  Arabes. Mais le problème est bien plus profond ;  avec la paix, l’Israélien  est  égaré, il ne  sait plus  quoi  faire comme le soldat  américain  après la deuxième guerre mondiale   Si Israël  savait  ce que la  guerre  lui coûte en temps, en  énergie, il serait bien plus pressé à obtenir la paix à tout prix qu’il ne l’est. Le malheur est  que l’israélien  sent intérieurement   que son  héroïsme, en cas de paix,  serait bien maigre Imaginons, Agnès,  à Paris quelqu’un exprimant une opinion contraire au gouvernement et à qui l’on répondrait  « Si tu n’es pas content   va autre part ! Nous sommes en France, trop démocratiques d’instinct  pour imaginer cela  sauf chez le paysan auvergnat  et encore. Or Israël est  censé être le centre du Peuple juif. Je le dis franchement : Israël n’est pas à la hauteur et ne le sera jamais. Car, à présent,  venons-en à la définition du peuple juif.  C’est un peuple différent, qui peut vivre sans cadre, sans image stéréotypée de lui-même, c’est un peuple libre,  créateur (j’analyserai le problème un  autre jour) Or, lui donner un idéal de goye : un bon petit coin bien  tranquille, bien petit  bourgeois comme tout le monde, pour être bien normal, c’est une  trahison  Chaque peuple a ses  faiblesses, ses limites, de même le peuple Juif. On ne peut tout avoir sinon on ne récolte   qu’une médiocrité  générale. Le peuple juif est un peuple de penseurs, d’intellectuels, il en paie le prix, il dépend des autres comme les autres dépendent de lui. Ce n’est pas parce que Hitler  a fait tuer six millions de juifs que les Juifs  doivent avoir peur  et chercher à acquérir des qualités qui ne sont pas les leurs : il y  a des prix qu’il faut  accepter de payer ; C’est comme si, moi, je ne passais jamais mes examens à cause de  mes intérêts pour l’astrologie et que je me disais : allez, soyons raisonnable ! L’échec  est un ennemi, non pas par le mal qu’il nous fait  mais par la réaction qu’il provoque. Auschwitz: échec donc Israël. (réaction)  Double crime et double assassinat  du peuple Juif. Auschwitz  aurait dû encourager le peuple juif à rester ce qu’il  était car cela  vérifiait magnifiquement  sa différence, Israël est une mauvaise et simpliste réponse à Auschwitz. Voilà le constat : les Juifs sont différents et pour cela ils ne doivent pas vivre comme les autres, ils ont besoin d’espace et de liberté : pas de Juifs au kilo, pas de prolétariat juif !  J’en reparlerai plus tard de cet avenir du Peuple Juif dans l’exil qui, au demeurant, n’est pas l’exil mais l’état normal et naturel. Donc, je compte  rentrer à Paris, soit cette année, soit l’année d’après  J’irai peut être aux USA. Mais en tout cas Israël est une carte perdante à tous les coups. Je me suis honnêtement renseigné,  j’ai le droit de décider. J’ai perdu trois ans d’université à cause d’Israël, n’ai pas passé mon examen de deuxième année de Droit, suis parti en mars (1968) je suis une victime de la Guerre des Six Jours.   A bientôt  Yitshaq

 

Malgré ma décision de ne pas m’installer en Israël, je compte y terminer mes études (.) J’arriverai vers le 13 juillet à Paris et repartira vers le 15 septembre  pour Jérusalem (.) Jérusalem est un peu comme Aix en Provence ou Nantes une  ville de province propice à ma réflexion intellectuelle et à mon travail sinon à mon activité  sur les autres, qui n’a pas grand sens dans ce petit pays. J’ai remarqué que les jours passaient vite en Israël et un an de plus ne compte pas beaucoup. Mais soyons précis, c’est bien clair, je ne resterai pas davantage en Israël car penser et écrire est une chose, répandre ses idées et agir, créer des cadres en est  une autre. Or Israël est occupé par des  problèmes plus pressants hélas pour elle et sa population est trop peu nombreuse, surtout en ce qui concerne son élite intellectuelle presque inexistante.

7  juin 69

Je rentre définitivement en France (//= Je sais de quoi  je parle quand je parle d’Israël. Mon départ est la conclusion logique de tout Juif restant suffisamment de temps en Israël pour le connaître en profondeur. Les Juifs d’Israël ne sont pas des Juifs et construire un État au XXe siècle est impossible et dangereux. Je suis internationaliste (à ma façon) et je ne peux rester en Israël sans étouffer devant ce militarisme borné. Pourquoi n’ai-je pas reconnu les faits plus tôt ? Parce que mon analyse du Juif était fausse. Elle s’est modifiée et Israël ne présente plus aucun intérêt à mes yeux. De même  que le sens de ma nature de Juif s’est profondément transformé.

 

 

 

 

 

 

Publié dans judaîsme, Juifs, LINGUISTIQUE, RELIGION | Pas de Commentaire »

jacques halbronn Le triple échec du judaisme contemporain

Posté par nofim le 7 juin 2023

jacques  halbronn  Le triple échec du judaisme contemporain

 

 

En ce début de XXIe siècle, il est temps de souligner les divers échecs et les occasions manquées dont le judaisme  aura été victime  et qui auront  miné son processus de renaissance  (cf  notre ouvrage Le sionisme et ses avatars au tournant du XXe siècle Ed Ramkat 2002) et cela à plusieurs titres, linguistique, religieux, politique.  Selon nous, l’avenir du judaisme passe par une réforme structurelle, systémique et non par un rejet des traditions. Il semble que le mouvement libéral, notamment, que nous avons fréquenté, n’ait pas su prendre le train de la Réforme et est parvenu à une cote mal taillée.   I  La « renaissance de l’hébreu »   Ceux qui ont présidé à cette reprise de l’hébreu n’auront pas su  réformer une langue qui aura connu bien des avatars. Nous avons montré qu’il y avait eu une forme d’incurie  et une occasion manquée d’évacuer certaines scories. On pense notamment au marqueur de genre.  On n’aurait pas  dû raisonnablement laisser en circulation cette aberration du « At.Ata », où la forme « Ata » désigne un homme et non une femme!, ce qui va infecter l’imparfait bâti avec les pronoms personnels. Pourtant, on aurait pu croire que l’hébreu aurait pu/su être particulièrement  attentif aux marqueurs de genre quand on sait que la conjugaison du verbe varie selon le sexe de l’interlocuteur:(Tahshov (M), Tahshevi (F),  tu penseras)   Le fait d’avoir  voulu préserver l’alphabet hébraique au lieu d’adopter l’alphabet latin, comme a su le faire le  turc, ne convenait pas vraiment dans la perspective d’une immigration de masse en provenance de pays dont les ressortissants  européens pratiquaient l’alphabet latin ou le cyrillique. En tout état de cause, le français aurait été la meilleure solution en ce que cette langue aura su préserver une certaine intégrité dans son  rapport Ecrit/oral sans parler  de son influence sur l’anglais et l’allemand (comme nous l’avons montré dans notre travail sur l’Etat Juif d Herzl (cf le sionisme et ses avatars, Ibidem, op.cit).  On ne peut que regretter que l’on ait accordé le mandat sur la Palestine au Royaume Uni.(cf Déclaration Bafour, 1917, beaucoup trop dépendant du monde arabe et qui cédera in fin à leur pression pour limiter l’arrivée des juifs en Palestine..Par la suite, l’arrivée des juifs d’Afrique du Nord, de culture francophone ne fera que mettre en évidence  une telle attribution. Pour nous, d’ailleurs, le lien entre l’hébreu et le monde juif ne doit pas être exagéré. (cf infra)En tout état de cause, le français est une langue qui a à son actif une forme de diaspora, vu que les mots français se retrouvent au sein d’un grand nombre de langues (anglais, allemand, russe, arabe etc)       II  La « critique biblique » Un autre point à signaler concerne déjà en soi le choix du nom « Israel » pour désigner le nouvel Etat Hébreu. C’est bien là le symptome d’une méconnaissance de l’histoire juive du temps de Salomon et des Prophétes. La formule « Ecoute (Shma) Israel »  nous rappelait pourtant à quel point le monde israélite  était en rupture avec le monde juif. Le processus de réforme du judaisme – le mouvement dit libéral- aura perpétué une telle confusion dans sa liturgie hebdomadaire, un tel syncrétisme alors qu’il était censé  réformer. Ce judaisme n’aura pas su notamment prendre ses distances avec le Livre de l’Exode tout entier tourné vers le Monde israélite, les « Benay Israel ». Ce faisant, les rapports entre judaisme et christianisme n’ont pu trouver de références appropriées, étant entendu que le christianisme s’inscrit, selon nous, dans la continuité de l’israélisme d’où la formule attribuée à Jésus:: « Je suis venu pour les brebis perdues de la maison d’Israel » et son action dans la région correspondant au dit Royaume d’Israel, comme le Lac de Tibériade, la Galilée et la Samarie. En fait, la dénomination  » Ancien Testament » reléve d’une littérature largement antidaté,produite pour sous tendre le « Nouveau Testament ».  Le « Ecoute Israel » fait probléme  également en ce qui concerne la langue hébraique en ce qu’il utilise une forme possessive inversée (cf  supra) en ce que le possessif en hébreu  s’aligne sur le pronom personnel et donc on retrouve la finale « kha » associée au masculin « de tout ton coeur, bekhol  Levavkha (ata) au lieu de  Levavekh (at) En outre, l’usage du vav inversif dans le « Shma » (prononcer shma et non shéma  en tenant compte du sheva)  fait que le Vaahavta, est une forme passée transformée en futur/impératif.       III  Le  rassemblement des Juifs.   Quant à l’idée « sioniste » d’un rassemblement des juifs sur une seule et même terre. En tout état de cause, la création d’un Foyer Juif en Palestine n’aura pas empéché la mise en oeuvre de la Shoah , de la Solution Finale, alors que les Britanniques s’étaient engagés à protéger les Juifs.(cf Déclaration Balfour); Mais l’on sait que les Evangélistes américains tenaient absolument que les Juifs se retrouvent en Palestine pour que certaines prophéties puissent se réaliser. (cf Le sionisme chrétien : paroles de romantiques, épées de combattants, influence d’évangélistes Frédéric EncelDans Hérodote 2005/4 (no 119), pages 41 à 4)7  Lord  Balfour à Lord Rothschild, 1917 « J’ai le grand plaisir de vous transmettre, de la part du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante de sympathie avec les aspirations juives sionistes, qui a été soumise au cabinet et approuvée par lui. Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour les Juifs et fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politique dont les Juifs disposent dans tout autre pays. Je vous serais obligé de porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste ». Rappelons que la France aura été le pays de l’Emancipation des Juifs  d’Europe (cf Abbé Grégoire, Motion en faveur des Juifs, décembre 1789) On peut regretter que des puissances coloniales telles que la France et la Grande Bretagne ne soient parvenus à accueillir les juifs d’Euroe menacés  en leurs immenses terreitoires (cf le projet Madagascar et aussi l’affaire de l’Exodus) Rappelons que Herzl avait accepté en 1903 la proposition britannique sur l’Ouganda et que la création de l’Etat d’Israel  faillit bien conduire à une continuation du génocide de la part des Arabes.  Wikipedial Finalement «  le septième Congrès Sioniste, qui se réunit en 1905, rejette le projet dans son ensemble, à une forte majorité, se référant au fait que « toute tentative d’implantation en dehors de la Terre d’Israël va à l’encontre des principes décidés à Bâle Le projet Ouganda soulève une vive et amère opposition au sein du mouvement sioniste. Nombreux sont ceux qui le considèrent comme une trahison envers la terre d’Israël, unique patrie du peuple juif. L’« affaire Ouganda » provoque une scission au sein du mouvement sioniste. Certains des adeptes du projet quittent le Congrès et l’Organisation sioniste mondiale et fondent le mouvement territorialiste. » Encore une occasion manquée! On notera ce paradoxe à savoir que les Juifs arrivant en Palestine ne s’instalèrent pas sur leurs lieux saints tels que Hébron mais sur le littoral méditerranéen, ce qui fait que lors de la partition  voulue par l’ONU, les territoires affectés au nouvel Etat Juif, ne comprenaient pas les dits lieux saints,peu occupés par les juifs. Or, le critère d’attribution territorial était d’ordre démographique, d’où le drame des « implantations » en « Cisjordanie » avant et après 1967.         JHB  07 06 23

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Jacques halbronn La dimension révélée de l’Ecrit. Caractère profane de l’oral Le souffle du français

Posté par nofim le 5 juin 2023

Jacques  halbronn   La dimension révélée de l’Ecrit. Caractère profane de l’oral   

 

Nous avons abordé, à plusieurs reprises la dialectique Ecrit Oral et cette recherche comporte quelques piéges et nous souhaitons ici  clarifier un certain nombre de points quant au caractère sacré de l’Ecrit. On a généralement tendance à penser que l’oralité précédé l’écrit, lequel ne serait, somme toute, qu’une « transcription » d’une pratique orale préexistante. Dans le cas de l’hébreu, langue que nous avons pratiquée dès nos 20 ans, il nous apparaissait que l’oral était la clef de l’écrit, d’autant que l’écrit ne comporte pas, en son alphabet, de lettres pour les voyelles, lesquelles seraient la voie pour passer de l’écrit à l’oral à moins que l’écrit ne soit  finalement qu’un moyen mnémotechnique pour « enregistrer » l’oral/

Or, si l’on aborde la description du français, force est de constater que son oralité se conçoit mal sans le support de l’écrit , d’où la notion que nous avons produite de « codes de prononciation », lesquels exigent certes un apport extérieur à l’écrit, à la façon d’une clef fournie pour activer une serrure, ce qui constitue un mode d’emploi. L’alphabet et sa prononciation ne serait-il l’interface entre écrit et oral? Cela implique de considérer l’alphabet comme une sorte de pierre de Rosette si ce n’est que l’alphabet exigerait lui aussi un mode d’emploi. Ignorer, notamment, la fonction de la lettre « e » en français serait un bien mauvais départ, cette lettre servant à fixer la prononciation des consonnes en aval comme en amont

La question qui se pose ici  est donc la suivante!.peut-on concevoir que une telle codification autour du « e » pourrait-elle être née dans l’oralité, est ce que l’écrit aurait pu codifier ainsi une pratique orale?Cela nous semble bien improbable! Cela ne signifie évidemment pas que l’oral n’ait pus précéder l’écrit  mais qu’à une certain stade,  le processus se serait inversé. C’est toute la question de la Nature et de la Techno-culture laquelle emprunte certes à la Nature mais pour la transcender.

Pour nous, les « tables de la Loi » présentées comme une révélation par le biais de l’écrit (cf le Livre de l’Exode) ont fort pu comporter  un alphabet. Rappelons que dans le Sefer Yetsira (Livre de la Création), l’on trouve en bonne place une classification des lettres de l’alphabet hébraique et notamment en ce qui concerne les lettre dites « doubles », qui nous indiquent une alternative  quant à la prononciation de certaines lettres. (cf notre étude in Clefs pour l’Astrologie. ed  Seghers 1976 et  Les Mathématiques Divinatoires. Ed Trédaniel, 1983) On trouve souvent le  verbe « écrire », « graver » comme dans le Ecoute Israel ou dans la Révélation à Moise sur le Mont  Sinai. (en arabe Mektoub, ce qui est écrit)

 Extrait du commentaire:

2-1 Vingt-deux lettres fondamentales : trois mères, sept doubles et douze simples. Les trois mères sont Aleph, Mem, Shin. Elles reposent sur le plateau du mérite et sur le plateau du devoir ; la langue du pacte est l’équilibre entre les deux. 

2-2 Vingt-deux lettres fondamentales : Il les a gravées, sculptées, permutées, pesées, transformées. Avec elles, il a représenté tout ce qui a été formé et tout ce qui sera formé.

2-3 Vingt-deux lettres fondamentales : Ils les a gravées avec la voix, les a sculptées avec le souffle, etc » On assiste donc ici à une inversion; de l’oral on passe à l’écrit  et de l’écrit on passe à l’oral.   

Nous dirons donc qu’il y a une façon « kasher » de parler en respectant certaines régles.- ce qui compte davantage que les lois alimentaires (kashrouth), les deux niveaux relevant de la bouche : parler et manger. Or, le français nous apparait comme la langue qui aura le mieux sauvegarder  les dites régles jusqu’à ce jour, comme nous avons pu le montrer en différentes études, notamment l’existence d’un niveau matriciel supérieur et d’un niveau dérivé, inférieur, donc marqué par un ajout, donc plus long. Dialectique entre le masculin et le singulier  d’une part et le féminin et le pluriel de l’autre.  La langue français quand elle est parlée correctement et non sous des formes abatardies que l’on trouve tant au nord qu’au sud de l’hexagone, posséde un souffle (rouah), un  verbe particulierq à nul autre pareil mais que seuls les initiés sont en mesure de capter.

 

 

 

 

 

 

 

 

  JHB 05 06 23

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jacques halbronn Quelle est la dimension « universelle » du judaisme et de la « Bible »

Posté par nofim le 28 mai 2023

Jacques  halbronn   Quelle est la dimension « universelle » du judaisme et de la « Bible » au prisme  de l’astrologie EXOLS   Selon nous, le judaisme a un rapport très particulier à l’universel qui n’ a rien à voir avec ce qu’entend le christianisme, c’est ce qui distingue en astrologie EXOLS  la phase équinoxiale et la phase solsticiale.  D’aucuns ont une lecture « universaliste  de la Bible  laquelle ils identifient avec le message (la Bonne Nouvelle) du judaisme.  Or nos travaux en critique biblique (cf nos Recherches théologiques, en ligne sur la plateforme SCRIBD) ont montré que le Pentateuque en particulier, mais pas seulement,  est surtout, dans la version qui nous en est parvenue, le fait du courant samaritain- galiléen et du Royaume d’Israel. Même le Talmud est impacté par un tel syncrétisme de par son usage même du mot Israel.K (Ein Mazal le Israel; cf notre ouvrage Le Monde Juif  et l’Astrologie, Ed Arché, 1985)  Certes, l’on peut comprendre qu’à certaines époques, il ait pu sembler de bonne stratégie d’opter chez les Juifs, d »un positionnement qui mette tout le monde sur le même pied mais de là à laisser entendre que le judaisme prone l’universalisme,cela ne fait sens qu’en ce qui concerne les non Juifs.  On entend ainsi sur Radio J (Fréquence juive) que dans le premier chapitre de la Genése,  il ne serait question que d’universalisme, d’unité de l’Humanité. Mais  précisément, ce texte est l’oeuvre d’adversaires du judaisme comme cela ressort  de nombreux passages de la partie centrale de l’Ancien Testament, contenant les livres prophétiques (Tanakh avec « na » pour Nabi) Cela dit, en phase solsticiale, l’universalisme est dans l’air, impacte le Zeitgeist, dans une ubris utopiste qui s’éloigne du principe de réalité, c’est une idéologie quantitative où les gens seraient interchangeables puisque égaux. Mais en phase équinoxiale, comme c’est actuellement le cas, on serait plus porté vers l’objectif plutot que vers le subjectif et le créatif/ C’est ainsi que pour nous le christianisme serait marqué par une créativité, une inventivité allant jusqu’à la mise en orbite d’un « Dieu », autour de la personne de Jésus  lequel n’existe en fait que par la volonté et le désir des fidéles d’une Eglise, une structure en quelque sorte mutualiste où chaque membre est partie prenante pour faire exister ce « dieu ». L’on peut rapprocher cette démarche de l’établissement des constitutions, de lois qu’une société se donne et auxquelles elles rendront un culte à chaque élection tout en sachant que les dites constitutions n’existent que par leur bon vouloir; (cf  Servitude volontaire : l’analyse philosophique peut-elle éclairer la recherche pratique du clinicien ?Éric Hamraoui Dans Travailler 2005/1 (n° 13), pages 35 à 52)

 

 

 

 

 

JHB  28 05 23

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jacques Halbronn Linguistique La dialectique consonnes/voyelles en français et en hébreu

Posté par nofim le 16 mai 2023

jacques  Halbronn  Linguistique  La dialectique consonnes/voyelles en français et en hébreu

 

Marc Alain Ouaknine rappelle (Les Essentiels)

« En hébreu (comme dans d’autres langues sémitiques telles que l’araméen ou l’arabe), les voyelles existent mais ne sont en général pas notées dans le texte écrit. On les rencontre dans les livres pour enfants ou les journaux pour débutants ou encore dans les livres de préparation à la lecture du texte liturgique. En fait, à l’origine, les voyelles étaient totalement absentes, l’écriture hébraïque ne notait que les consonnes et c’est le lecteur qui, par connaissance et reconnaissance des mots et des expressions, ajoutait la vocalisation adéquate ; ainsi, encore aujourd’hui dans l’hébreu moderne, le lecteur des textes hébraïques doit déjà connaître la langue pour la lire. ». En fait, le français  reléve également, à sa manière, d’une telle différenciation , notamment au regard de l’oral et de l’écrit. Cela nous conduit à penser que le français est l’héritier d’une tradition extrémement ancienne qui se sera perdue pour la plupart des langues européennes, comme nous l’avons déjà exposé en diverses occasions. Nous avons ainsi montré qu’une dizaine de consonnes de l’alphabet « latin » pouvaient s’accompagner d’apostrophes en lieu et place de la lettre « e ».(c, d, j, l; m, n, qu, r, s, t), ce qui est la marque d’une symbiose entre l’oral et l’écrit. Mais même sans apostrophe,  la lettre « e » ne se prononcera point même si ‘elle figure à l’écrit. Il ne nous semble pas que cet aspect de la prononciation de l’écrit français ait été correctement signalé jusqu’à présent et nous mêmes l’avions laissé de coté dans notre mémoire de 1989 à l’Université Paris V  ( Essai de description critique du systéme du français à la lumière des relations interlinguistiques).  La question que nous traiterons ici est d’ordre sociopolitique,  à savoir quelle est la portée d’une telle distinction entre consonnes et voyelles en français et en hébreu? Tout se passe en effet comme si les voyelles constituaient un apport subsidiaire et qu’il convenait, en quelque sorte, de les tenir à distance , sans se laisser envahir par elles, en maintenant la domination et l’entre soi des consonnes. Mais, en même temps, le français aura su préserver le trésor des combinatoires sonores  qui s’est largement perdu ailleurs, y compris en hébreu du moins tel qu’il nous est présenté et restitué.   Nous avons ainsi discerné deux niveaux, l’un matriciel et concentré (court), l’autre dérivé  et dilué (long), l’un supérieur, l’autre inférieur. Par exemple  huùain, et humaine; la diphtongue se dissolvant au féminin, tout comme  pour  un  et une.. En hébreu, l’on a aussi un changement pour les marqueurs de genre : gadol (court) donne au féminin  « guedola », avec un sheva qui doit donner à l’oral « gdola », ce qui n’est d’ailleurs pas respecté en hébreu moderne. Or, c »est précisément ces combinaisons de consonnes qui sont au coeur de la phonétique du français, comme c’est déjà en effet le cas avec l’apostrophe si ce n’est que l’apostrophe est utilisée devant une voyelle en français. Mais le français oral ne se réduit pas a l’apostrophe. On dire j’aime  mais aussi  j’t'aime, tout en écrivant  ‘je t’aime’. 

 Une telle procédure  permet au français de privilégier la phrase sur le mot  car les mots sont une décomposition de la phrase, c’est à dire le passage de l’un au multiple, qui correspond au rapport du chef au groupe. On dira comme au jeu d’échecs que les consonnes sont les pièces majeures (tour, cavalier, fou, reine (plus le roi qui quand il est pris marque la fin de la partie, le mat « Sheikh mat, » le roi est morte, qui  a doné le mot « échec ») et les voyelles les pions que l’on peut plus facilement sacrifier. On fera la même remarque pour les honneurs dans le jeu de cartes classique et les arcanes majeurs et mineurs au Tarot)

 

 

 

 

 

 

 

 

JHB  16 05 23

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jacques halbronn Linguistique. Le mode d’emploi de notre alphabet enfin décrypté

Posté par nofim le 7 mai 2023

Jacques halbronn Linguistique Le mode d’emploi de notre alphabet enfin décrypte : Les consonnes avec apostrophe
Si l’on considère l’alphabet comme une clef dont il fait retrouver le mode d’emploi, toute la question sera de savoir quelles sont les langues qui en maitrisent le mieux l’usage. En nous intéressant depuis les années 80 à la decsoription du français, nous avons finalement découvert qu’il importait de régler la quetion de la prononciation des lettres/(cf  notre  Essai de description du système du français à la lumière des relations interlinguistiques »  1989) C’est ainsi que nous avons isolé dix consonnes en français qui pouvaient s’accompagner d’une apostrophe, à savoir les lettres c, d, j, l, m; ne, q, r, s, t (ce, de, je, le, me,, ne, que, se, te. où le e est remplacé par une apostrophe

Exemples c »‘est, d’une, j’aime, je n’aime pas, il m’a vu, qu’est ce , il s’approche, il t’a vu. soit un ensemble de dix consonnes faisant pendant à dix autres consonnes n’accepetant pas, elles, l’aposytophe templaçant et attestant-  le « e ». à savoir b, f,g, h, k,p, v, w, x, y, z. Reppelons que l’alphabet hébreu se divise également en trois groupes: les lettres mère, les lettres doubles et les lettre simples (cf le Livre de la Création aui comporte une telle description (Sefer Yetsira) Le consonnes avec apostrophe sont celles qui pratiquent e « e muet » (le sheva en référence à a pratique hébraique. D’où en français, ces raccourcis comme dans « parce que « 
« est-ce que » et avec le « ne » on assiste à l’oral à son absence : « j’veux pas » pour j’n » veux pas ». Cela donne en anglais, du fait de l’emprunt I don’t, I can’t où l’apostrophe apparait exceptionnellement non pas à la place du » e » mais du « o’.avec, en outre, maintien de la diphongue ‘on » « an », là encore de façon ponctuelle. Même la pronom personnel « je » devient en anglais « I »!
Ces 10 consonnes permettent des comvinatoires consonnantiques qui font pendant au niveau des votalles, à la diphtongation laquelle disparait dans les formes dérivés : loin donne éloigner, humain donne humaine, humaniste etc

 

Annexe

 

Sur Internet Les  3 groupes  dans l’alphabet de 22 lettres, hébraïque (cf le Livre de la Création, Sefer Yetsira)

lettres hebraiques

L’hébreu comporte 22 lettres-nombres, chacune d’entre elles possède sa propre valeur numérique ce qui a induit des numérologies dérivées mais c’est un autre débat.

Parmi ces 22 lettres, on compte 3 lettres mères, 7 doubles et 12 simples.

Les lettres mères correspondent aux éléments air, eau et feu.

Les lettres dites doubles en raison d’une prononciation différente selon qu’elles soient au début ou à la fin d’un mot, sont en rapport avec les 7 planètes anciennes, les 7 jours, les directions dans l’espace, les conditions de l’être humain et les ouvertures anatomiques de la tête.

Les lettres simples quant à elles sont en rapport avec les signes zodiacaux, les maisons astrologiques, les 12 mois de l’année et les 12 organes du corps humain »

 

Notre commentaire: en fait, il n’y a  que six lettres doubles car Saturne a un statut  à part , et 4 lettres mères pour les 4 Eléments. On a voulu faire apparaitre le 7  en  passant de 4 à 3 lettres mères . 

 Le français a développé la question de la dualité de l’écrit : une même lettre en hébreu peut se prononcer diversement dans le cas des 6 lettres doubles ( bagadkaphat), et cette dualité respecte la dialectique entre la matrice et ses dérivés, ses déclinaisons.(cf les dix consonnes qui s’accompagnent d’une apostrophe tout comme en hébreu, on a le daguesh  et le sheva.

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie   Notre  grand mère maternelle   a laissé un ouvrage peu avant sa mort où elle insistait sur la nécessité d’appréhender un mot au sein de l’ensemble de ses dérivations

https://fr.scribd.com › document › Jacques-Halbonn-Dial…
 
 Clause Jonquière   ’L'orthographe d’usage rendue facile »(1956), 

  — Éloges de la souffrance, de l’erreur et du péché / J. Halbronn, [et al.], 1990. 

JHB 10. 05 23

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jacques Halbronn La question juive et la condition féminine au prisme de l’astrologie EXOLS

Posté par nofim le 3 mai 2023

jacques  Halbronn  La question  juive  et la condition féminine au prisme de l’astrologie EXOLS 

 

 

La meilleure façon de démontrer que tel groupe humain a sa spécificité consiste à tester le débat au prisme de notre Astrologie EXOLS On prendra deux exemples pour le XXe siècle : les femmes et la Première Guerre mondiale et les Juifs pour la Seconde Guerre Mondiale.

 

I  Première guerre Mondiale

 Phase solsticiale Saturne sur l’axe Gémeaux Sagittaire.

Sur Internet

  »Les femmes étaient déjà présentes dans les usines, dans les secteurs du luxe, du textile, dans les conserveries et à des postes d’emballage. Elles sont appelées dès la fin de l’année 1914 pour rejoindre les usines d’armement qui doivent alimenter le front ». 

Entendons qu’avec la baisse de productivité, l’on élargira le recrutement par l’importation des femmes dans le monde du travail, tout comme en 2015,un siècle plus tard, avec l’accueil massif d’immigrés en Allemagne, sous la houlette d’Angela Merkel, la chancelière en exercice, ce qui fait que la main d’oeuvre masculine perd alors de son exclusivité.

  II  Seconde guerre Mondiale   Phase solsticiale Saturne sur l’axe Gémeaux Sagittaire

 

 Wikipedia

« La conférence de Wannsee  réunit dans la villa Marlier de Berlin, le 20 janvier 1942, quinze hauts responsables du Troisième Reich, délégués des ministères, du parti ou de la SS, pour mettre au point l’organisation administrative, technique et économique de la « solution finale de la question juive », voulue par Adolf Hitler et ensuite mise en œuvre, sur ses instructions, par Hermann GöringHeinrich HimmlerReinhard Heydrich et l’un des collaborateurs de ce dernier, Adolf Eichmann. » 

Saturne passe sur l’axe solsticial  Gémeaux Sagittaire et l’Allemagne a décidé de se passer des Juifs sur toute la surface de son empire européen.. Cela enclenche la Shoah. 

 

 Dans les deux cas, une certaine population  est placée sous les projecteurs, et chaque fois, on est dans le cadre d’une dynamique de travail (Arbeit macht Frei au fronton des camps de concentration)..  Selon nous, de telles observations mettent en évidence l’existence de clivages majeurs au sein des sociétés humaines, ce qui signifie que l’on ne saurait, dans un cas comme dans l’autre, en nier la spécificité, quel que soit le point de vue d’où l’on se place.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JHB  03 05 23

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jacques Halbronn Etudes théologiques. La dialectique Adam – Esaü (Edom) versus Israel-Jacob

Posté par nofim le 6 avril 2023

 

jacques  Halbronn

TEXTOLOGIE & ANTHROPOLOGIE

Etudes  d’épistémologie

Tome I Critique biblique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous  observons la coexistence de trois  types de  théologies  au sein des religions dites du (même) Livre et nous nous efforcerons de les distinguer en dépit du mimétisme  qui les relie,  brouillant ainsi sensiblement les pistes et notamment.

Le premier verset de la Genèse serait fautif. On aurait dû trouver   : Vayivra beréshith Elohim Et Hashamaym ve EtHaaretz, ce qui placerait la lettre Vav en tête et non la lettre Beith de Beréshith. En effet, comme nous le montrerons, le judaïsme ne serait  pas la première mais la dernière formulation théologique des trois corpus, notamment,  en ce qu’il proteste contre le dogme de l’Homo Deus, de l’Homme –Dieu,  ce qui est selon nous le fondement du Christianisme.

Théologiquement parlant, il importe en effet d’étudier le contenu propre à chaque «       confession       » et non pas de se fier à cette «       encyclopédie       » que constituent les livres  de  la Bible. Et c’est alors que le véritable ordre des textes nous apparaît.

La théologie ne saurait en tout état de cause se réduire à l’observation ethnologique de telle ou telle communauté, de son «       en soi       », son accounting (Garfinkel), ce qu’elle raconte complaisamment d’elle-même à usage interne, car toute structure peut se corrompre et passer à un stade post-structurel, cristallisé, mimétisé.

C’est ainsi  que repenser les relations  judéo-chrétiennes exige  de  refonder  et  le  judaïsme  et  le  christianisme, au regard de leurs pratiques actuelles, de ce qu’ils sont devenus,  c’est à  dire ne pas  se contenter  des postures  et positions   en présence ici  et maintenant.  On notera que le terme même de christianisme ne fait sens que par rapport à une certaine lecture de l’Ancien Testament, puisque Christ (barbarisme venu du grec) signifie Messie (Mashiah) et c’est déjà en soi la marque d’un emprunt,  l’affirmation d’une filiation – dans toutes ses acceptions tant sur le plan théologique que culturel-  dont on peut penser qu’elle serait abusive.

Le théologique ne fait pas vraiment  bon ménage avec l’ethnologique et le sociologique.  Ce que les Juifs pensent aujourd’hui consensuellement ne saurait  faire autorité pas plus que ce qu’il en est des Chrétiens. Nous  nous  voulons décidément  nous situer en faveur d’une métaphysique, d’une  théologie « vivante » et non d’ une sorte d’ethnologie se contentant de décrire en vrac diverses  pratiques et  rituels rassemblés dans un seul et même espace,  propres  à  une population partageant un même contenant cristallisé, fossilisé sans que l’on sache séparer le bon grain de l’ivraie  alors qu’il est temps de dénoncer le syncrétisme  qui plombe les Ecritures, en mettant tout le monde dans le même sac, essayant de concilier  voire d’occulter ce  qui était auparavant un clivage majeur. Il nous importe de placer la Théologie au-delà de l’en soi des fidèles, des pratiquants des diverses obédiences.

On nous objectera, non  sans une certaine dose de cynisme  et  de fatalisme, qu’il serait bien utopique de vouloir  démêler l’écheveau  de l’Histoire, selon  quelle  méthodologie, nous demandera-t -on?

Il  ne s’agit  nullement  de favoriser un rapprochement au nom  de la Bible entre  tous ceux  qui  s’y référent mais bien au contraire de mettre fin à certains malentendus, à des méprises qui se sont pérennisés. C’est ainsi que les deux théologies en question s’opposent  radicalement et nous irons jusqu’à dire  que si les théologies différent, cela  vaut pour  les dieux concernés  lesquels suivent des voies  littéralement opposées  et qu’il serait vain de vouloir concilier au nom de quelque tradition primordiale, comme le  voudrait  un René Guénon.   Nous  aborderons d’une part la  question du clivage spatial  entre  Israélites  et Judéens  et de l’autre celle du clivage temporel, diachronique  entre la deuxième et la troisième théologies, l’une étant associée pour nous au christianisme et l’autre au  judaïsme,  ce  dernier  correspondant à un stade plus  tardif,  en dépit de certaines artefacts « historiques ». C’est le Pentateuque qui aura été cause de confusion et nous montrons, plus loin (Partie II)  qu’il aura été largement l’œuvre des Israélites et non des Judéens, à commencer par ses deux premiers livres, Genèse et Exode. Or, c’est bien ce Pentateuque qui est lu religieusement, chaque matin du shabbat, office par ailleurs marqué par une révérence appuyée  à l’Ecoute Israël  !

 

 

 

Le judaisme actuel est l’héritier d’un compromis historique mettant fin à une guerre civile de religion comme il y en eut en France, dans la seconde partie du XVIe siècle en France,. On connait l’édit de Nantes de 1598 visant à établir, selon Henri IV, un modus vivendi entre Catholiques et Protestants. Lors de la destruction du Royaume du Nord par les Assyriens  en -722, il y eut un reflux de sa population vers le Sud, à savoir le Royaume de Judée, dont la capitale était Jérusalem. Cela conduisit à des formulations et à des solutions d’apaisement.

La thèse que nous soutenons ici est celle d’un double visage du culte judaïque, celui du vendredi soir et celui du samedi matin, l’un se déroulant à la tombée de la nuit avec l’allumage des bougies ;, l’autre en plein jour.. D’ailleurs, le culte du vendredi soir ne pouvait commencer qu’au vu des premières étoiles du ciel, rendues visibles du fait de la tombée de la nuit qui était saluée expressément avec la prière du soir « Maariv » , abréviation  de  la bénédiction  » Béni sois tu Seigneur qui fait apparaitre la nuit » Hamaariv aravim », que l’on lit avant de réciterle « Shéma Israel ».

En fait, on prétend que le vendredi soir était le début du Shabbat mais pour nous le vendredi soir est lié au sixiéme jour et non au septième car la Création s’accomplit comme le note le premier Chapitre de la Genése en six et non en sept jours. Selon nous, l’office du samedi matin aura été un rajout tout comme la présentation du septiéme jour seulement au chapitre II de la Genése.. On notera que l’on ne sort et ne lit les rouleaux de la Tora que le samedi matin parce qu’il fait jour. La nuit, sans lumière, on ne peut lire, ce qui est le cas du vendredi soir, appelé « veille du Shabbat », le mot hébreu étant Erev : soir. Or, durant cette période, l’on n’est censé accomplir aucun travail ni même utiliser ce qui a été fabriqué, façonné de main d’homme. Il y a là un changement d’optique flagrant entre l’esprit du vendredi soir et celui du samedi matin. On passe de l’oralité à l’écriture et à la lecture du vendredi, sixième jour au samedi, septième jour. On notera que les Musulmans célébrent le sixième jour, probablement sous l’influence du judaisme davidien.

On voit donc que la synagogue est doublement un lieu de cohabitation  dans des temps et des espaces séparés: les Judéens le vendredi soir et les Israélites (Israel étant le nom du Royaume du Nord) le samedi matin mais aussi les hommes séparés spatialement des femmes.

Une grande partie du Pentateuque est l’oeuvre des Israélites du Nord et d’ailleurs tout le livre de l’Exode ne désigne -t-il pas, à longueur de page, le peuple comme les fils d’Israel (Beney Israel) ? Ce peuple sécessionniste qui va adorer le Veau d’Or, lequel va marquer le territoire du Nord. Quant au Livre des Prophétes, il interpelle les Israélites, notamment dans le « Ecoute Israel », formule de mise en garde, prise de ce Livre. Ce que- le plus fréquemment- l’on croit être adressé à l’encontre des Juifs (Judéens) l’était en réalité à l’encontre des Israélites, d’où toutes sortes de malentendus. Que dira Jésus ? Qu’il est venu pour les brebis perdues d’Israel/ Le grand projet de Jésus fut, du moins initialement, de mettre fin à ce clivage historique et c’est pour cela qu’il aura surtout préché et guéri, sauvé en Galilée, autour du Lac de Tibériade.

Le débat sur le 6 et le 7 n’est nullement anodin, d’un point de vue théologique, Au regard du système solaire, Le Six s’arrête à Jupiter ‘Lune, Soleil, Mercure, Vénus, Mars) alors que le Sept va jusqu’à Saturne, la dernière planète connue dans l’Antiquité.. On trouve dans le Livre de le Genèse et de l’Exode outre la durée de la Création, le 7 dans le Songe de Pharaon autour des vaches grasses et des vaches maigres ce qui conduit à des périodes de 7 années. Mais il y est aussi question des 12 (6×2) fils de Jacob et des 12 Tribus sans parler des 12 mois. Signalons aussi l’étoile à six branches (Maguen David)matin, la lecture du Pentateuque est essentiellement

centrée sur les Enfants d’Israel ce qui ne pouvait convenir aux Judéens. Le nom d’Istarael

y est repris constamment durant l’Office:

Nombres XV,: « L’Eternel parla en ces termes à Moïse: Parle aux enfants  d’Israel »

Exode XXXI : Les enfants d’Israel  observeront les Shabbat (.) Ce sera entre Moi et les

enfants d’Israel le signe d’une alliance éternelle »

Il ne faut donc pas s’étonner que les Juifs soient assimilés aux « enfants d’Israel »

par les « Nations » puisqu eux mêmes ont entériné , par ignorance, cette pratique.

Il est donc souhaitable de distinguer entre le temps des Juifs et celui des Israélites.

Comme dit l’Ecclésiaste, il y a un temps pour chaque chose.

Quand au Sefer Yetsira (Libre de la Formation), il associe les sept planètes aux sept lettres « doubles » si ce n’est qu’il est aisé de montrer qu’il s’agit d’un ajout , vu qu’e hébreu il n’y a que six lettres ayant une double prononciation (Bagadkaphat) la lettre Resh ayant été rajoutée, prise au groupe des 4 lettres mères qui ne seront plus que trois.(cf Carlo Suarés. Le sepher yetsira ; ed Mont Blanc, 1968, p. 126)/ A priori, il n’y avait pas de raison d’exclure Saturne au regard d’une religion de la Nature, puisque l’astronomie attestait le 7 en incluant les luminaires, soleil et lune mais pour une religion reconnaissant l’intervention d’un dieu, la Nature ne devait pas servir de référence obligée. On voit donc là un conflit idéologique et théologiques.

Sur la question du peuple élu, nous  dirons  que le peuple en question du fait du choix dont il aura fait l’objet aura été  ipso  facto voué à une transformation  en profondeur, lui conférant les compétences nécessaires à l’accomplissement de sa mission, du rôle qui lui aura été attribué; C’est donc un faux débat  que de parler d’injustice puisque le peuple ainsi élu diffère singulièrement de ce qu’il pouvait avoir  été à l’origine.

Selon nous,   le  dieu  qui  aura « élu »  un tel peuple, l’aura reformaté,  tout  comme  il  aura  reformaté  notre système solaire, l’aura  récréé, le mettant ainsi en mesure , lui  conférant les moyens, la  grâce – d’accomplir   une   charge    consistant  à  protester contre  ce que les  hommes   fabriquent, produisent et cela fait  écho à nos préoccupations écologiques actuelles.   Il s’agit avec la troisième création d’une divinité   toute relative- assignant à ce peuple  à reformater  la tâche  de réguler notre  humanité en formant  un «        peuple  de prêtres        ». (mamlekhet  Cohanim)  On peut parler d’une ère adamique, ce qui implique l’émergence d’une nouvelle  humanité, d’où tout un débat  autour la formule  «         fils d’Adam        » que d’aucuns entendent édulcorer en traduisant l’hébreu par «        fils de l’homme «        (cf infra)       : Or, dans l’Évangile de Luc, en son chapitre II, il est bien fils d’Adam        » et non «         fils de l’homme        ». Il est vrai que la formule «       fils d’Adam        »  est souvent occultée, notamment dans le livre de l’Exode, par celle de «       fils d’Israël        » tout au long de la Sortie d’Égypte  Quelle  approche  avoir du Livre  de la Genèse? Nous pensons qu’il est en grande partie sur la même ligne que celui de l’Exode  comme le montre l’impératif de la circoncision qui y est exposé et imposé comme signe de l’alliance alors qu’une telle opération  est en infraction  tout comme la fabrication d’idoles  avec les  valeurs  de la Troisième Création.

Tout comme nous pensons que le dieu du premier chapitre de la Genèse n’est pas le dieu de toute l’humanité,  de même Adam ne serait pas davantage le père d’un tel ensemble. Mais faut-il croire que ce chapitre II  suivait logiquement le chapitre I ou bien faut-il y voir une interpolation tardive         dictée par des enjeux  politiques.       ? En  fait, le premier  chapitre  semble marqué ,  au  premier  abord,  par la première  théologie, celle qui sera reprise par l’Islam mais débuche très vite vers la troisième avec la création d’Adam, cet Adam dont l’Islam  entend faire son «    premier prophète  »    !.

 

PREMIER    CHAPITRE

Le  Pentateuque

La marque de plusieurs rédacteurs,  qui plus  est, antagonistes donc de plusieurs  partis est manifeste  à nos  yeux. Et l’historien  de l’époque d’Henri IV (cf  Partie  II), marqué par les Guerres de religion, que nous sommes  est bien conscient de la  différence entre les camps en présence. On pense au bricolage de l’édit de Nantes (1598)

L’issue ne serait donc pas de tout chercher  à  concilier -textologie  apologétique) mais bien  de  faire le  tri et de rendre à chacun sa part., de rendre à César ce qui revient à César.

Écoutons Malachie dont le nom même signifie «        mon envoyé        » (Ch. III).        : le «        messager de l’Alliance        » (Malakh ha Brith) qui est attendu       : ce messager prépare la venue de Yahvé, lui-même         puisque c’est Yahvé qui parle et dit         »devant/avant moi        ». Le messager (celui qui est mandaté) n’est donc pas à confondre avec celui qui l’envoie.(expéditeur)  Celui qui est attendu n »est pas un nouveau messager mais Dieu lui-même. Il  y a là quelque abus de confiance.

 

א הִנְנִי שֹׁלֵחַ מַלְאָכִי, וּפִנָּה-דֶרֶךְ לְפָנָי; וּפִתְאֹם יָבוֹא אֶל-הֵיכָלוֹ הָאָדוֹן אֲשֶׁר-אַתֶּם מְבַקְשִׁים, וּמַלְאַךְ הַבְּרִית אֲשֶׁר-אַתֶּם חֲפֵצִים הִנֵּה-בָא–אָמַר, יְהוָה צְבָאוֹת.

1 Voici, je vais envoyer mon messager (Malakhi), pour qu’il déblaie la route devant moi.( Lefanay)  Soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Maître (haAdon) dont vous souhaitez la venue, le messager de l’alliance (Malakh haBrith) que vous appelez de vos vœux: le voici qui vient, dit Yahvé Tsevaot (des Armées).

 

 Encore conviendrait-il ,   en  effet, de ne pas confondre, comme le font les Chrétiens, le messager et le message, les Juifs sintéressant plus au message de Moise qu’à Moise et les Chrétiens plus à Jésus  qu’à sa «        Bonne Nouvelle ». Il y a ceux qui regardent le doigt et ceux qui observent ce quil désigne, ceux qui fixent larcher et ceux qui considèrent la cible. Ni lIslam ni le  judaisme  nauront divinisé  leurs envoyés, respectivement Mahomet et Moïse, ou tel ou tel prophète, même si ces personnages semblent avoir été dotés dune aptitude à servir dinterface. Mais, qui sait, peut- être Jésus nous renvoie-t-il  une image plus juste dun Moïse comme celle dun être dune autre nature que celle des hommes ordinaires, ce qui permet à ce dernier dapprocher Dieu, au Sinaï,  alors que cest interdit au vulgum pecus        ? Mais ce faisant, Jésus perdrait de son unicité et ne se différencierait-il plus guère dun Moïse voire de tel ou tel Prophète (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, notamment). Quant à Mahomet, son «        surnom        » de «         Loué        » (Mahmoud), ne le met-il pas sur le même pied quun dieu ou en tout cas dun «        fils de dieu         »    ? Le Coran fait ainsi dire à Jésus «         Je suis vraiment le messager de Dieu, qui vous est [envoyé] pour confirmer ce qui a été (révélé), avant ma venue, dans la Torah, et pour vous annoncer la bonne nouvelle d’un messager qui viendra après moi et dont le nom sera «Ahmed». (Sourate 61:6). Et de fait,  Jésus ne nous apparaît pas comme la touche finale mais comme un relais en vue dune échéance plus lointaine, donc à venir, doù lidée, dailleurs, de son «   retour    ». Un tel report est classique lorsquune prophétie semble devoir être reportée quant au temps de son «        accomplissement ». La question de savoir si une certaine prophétie est déjà accomplie ou est à accomplir  voire aura échoué (cf./  notre thèse d’Etat Le texte prophétique en France, 1999) est cruciale. D’aucuns cherchent à réactiver, à ranimer, à  ressusciter des textes qui ont fait leur temps ou long feu, ce qui est le cas des Livres prophétiques  dans le Premier Testament, pour conférer un fondement  à la réalité du moment, sans se rendre compte que ce faisant, c’est cette réalité même qui devient suspecte de n’être qu’une imitation, une réédition, une récupération.  C’est ainsi que Jésus à force d’être placé au carrefour de plusieurs textes vieux de plusieurs siècles  tend à devenir  un personnage  virtuel.  Le personnage de Jésus emprunte aux imageries des deux royaumes post-salomoniens        : il est fils d’une Vierge  mais Israël est appelé Vierge

Jérémie XXXI, 4
«        Je te rétablirai encore, et tu seras rétablie, Vierge d’Israël!                     »

Mais cela n’empêchera pas qu’il soit   aussi déclaré, (en même temps ) de la ligne  judéenne de David, né  lui-même à Bethléem

. Luc II,

« Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethlehem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David.
Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte. »

On est ici en face d’un corpus syncrétique auquel les  rédacteurs empruntent indifféremment, qu’il s’agisse de documents  authentiques ou de contrefaçons, de faux.  Le temps passant, tous ces clivages ne sont plus sensibles pour le lecteur. Or l’historien doit resituer les textes dans leurs contextes politiques respectifs. On en arrive d’ailleurs à mettre sur le même plan des données historiques avérées comme le schisme à la mort de Salomon  et  des récits miraculeux tels que ceux qui émaillent la vie de Jésus.

Quant à  lavènement  de Mahomet        , il  fut bel et bien  suivi dune expansion remarquable pour le peuple arabe alors que celle de Jésus (INRI), tout Messie que daucuns auraient voulu quil fût, ne parvint pas à instaurer un «        royaume        », du  moins en ce monde. Il y a loin de la coupe aux lèvres.  Etudions   Malachie III, 1        :

La   prophétie dictée par Yahhwé à Malachie semble bien annoncer Elie précurseur de Yahwé, libérant le chemin.  Or, elle est reprise dans les Evangiles au profit de Jésus, précédé par Jean (le Baptiste)

Jean I, 29-30

29 Le lendemain, il (Jean) vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.
-30 C’est celui dont j’ai dit : Après moi vient un homme qui m’a précédé, car il était avant moi.

 

Une trinité  dans la Genèse

En tout état de cause,  il nous semble abusif de parler  du Messie alors qu’il ne saurait s’agir au mieux que d’un messie, d’un Christ et non du Christ, de messies, de Christs        !  De la même façon,  il semble que le pluriel soit recommandé dans Daniel VII        : la formule «         comme un fils d’homme        », (Kebar Anach) montre bien  doublement- par le  «        comme »  et par  le «        un         » – qu’il en existe de nombreux, quel que soit le sens que l’on puisse/veuille donner au texte araméen.    C’est  un élémént  pris  dans un ensemble.

 

יג חָזֵה הֲוֵית, בְּחֶזְוֵי לֵילְיָא, וַאֲרוּ עִם-עֲנָנֵי שְׁמַיָּא, כְּבַר אֱנָשׁ אָתֵה הֲוָא; וְעַד-עַתִּיק יוֹמַיָּא מְטָה, וּקְדָמוֹהִי הַקְרְבוּהִי.

13 Je regardai encore dans la vision nocturne, et voilà qu’au sein des nuages célestes survint quelqu’un qui était comme un fils d’homme; il arriva jusqu’à l’ancien des jours, et on le mit en sa présence.

 

Selon nous,  le texte de Daniel est fautif vu que les autres occurrences en hébreu (notamment dans Ezéchiel) donnent toutes «        ben  Adam        », ce qui ne doit pas être automatiquement rendu en  araméen  par «        bar Anach         », mais par «        bar Adam         »      !  Les  traductions sont bien  souvent l’occasion   de biaiser un texte comme nous le verrons à propos de  la traductiion latine- à la fin  du XVIe siècle, de quatrains nostradamiques  Elles sont plus refoutables que des commentaires puisqu’elles dénaturent le texte de départ.

 Il est possible certes que Bar Adam ait été compris comme «        fils d’homme        » mais la  forme «        bar Anach        » modifie carrément la lettre du texte de départ, en hébreu, et aura fini par servir de référence (cf  D.. Boyarin,  Le Christ juif  / ; traduit de l’anglais  par Marc Rastoin ; avec la collaboration de Cécile Rastoin ; préface du cardinal Philippe Barbarin,        Paris : les Éditions du Cerf, DL 2019 , Mireille Hadas Lebel, Une histoire du Messie, Paris : A. Michel,. 2014 ) 

Or,  nous avons déjà signalé la présence  dans Luc III,  d’une formule  particulièrement heureuse         quant à la généalogie de Jésus laquelle se termine ainsi        : «        fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu ». . il n’est  pas  question ici de rendre Adam par  homme  ou fils d’Adam  par fils d’homme  et encore moins  «        fils de l’homme       »/  Dans la généalogie de Luc,        tous les personnages  qui s’intercalent  entre Jésus et Seth sont tout aussi bien «        fils d’Adam » Par ailleurs,  que signifie la formule «       fils de l’homme        » pour un Jésus né d’une vierge, sans intervention d’un homme                     ?

το νς, το Σθ, το δμ, το θεο. fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.

 

C’est Adam ici qui est dit fils de Dieu et non Jésus  présenté ainsi dans la formule  ICHTUS                     :

Θεοῦ  υἱός, (Ἰησοῦς, Iēsoûs Χριστός, Khristós Θεοῦ, theoû υἱός, uiós σωτήρ, sōtḗr)                     

On ne saurait pour autant sauter un chainon    :  la trinité est constituée selon nous de Dieu, d’Adam et de Seth, lesquels sont l’expression d’un seul et même modèle puisque Adam a été conçu à l’image de Dieu et Seth à l’image d’Adam donc de Dieu. Notre humanité ne commence qu’avec Enosh (le Anach araméen אֱנָשׁ), fils de Seth.  Il y a eu là confusion quand on a rendu Adam (Daniel VII)  par אֱנָשׁ .

 

 

א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם:                      בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.

1 Ceci est l’histoire des générations de l’humanité. Lorsque Dieu créa Adam il le fit à sa propre ressemblance.

ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.

2 Il le créa mâle et femelle, le bénit et l’ appela  Adam, le jour de sa création.

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3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.

6 Seth, ayant vécu cent cinq ans, engendra Énos.

On notera la tournure du verset 2          : il les appela (Vayikra) Adam. Autrement dit,  il s’agit là d’un nom propre. Selon nous,  Dieu ne pouvait créer directement  l’homme, il devait passer par un tel processus virtuel pour parvenir à Enoch, le premier humain à notre image.

Où se situe Jésus au sein d’un tel schéma         ?  On notera qu’Ezéchiel est  interpellé des dizaines de fois par Dieu en  tant que ‘fils d’Adam         » (Ben Adam),  Si Jésus se veut l’égal d’Ezéchiel, il doit revendiquer une telle appellation, ce qui le place en troisième position dans notre Trinité, au même niveau que Seth, le fils d’Adam, dont il serait une sorte d’avatar. Par ailleurs, Isaie se présente comme un Messie        sans qu’il se veuille, prétende,  être «        le»  Messie  attendu       :

Ésaïe 61, 1
«                     L’esprit du Seigneur, l’ةéternel (Adonay Yahvé), est sur moi (Alay), Car l’Eternel m’a oint (mashah)  pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la liberté, Et aux prisonniers la délivrance

et l’on sait qu’Esaïe est souvent mis à contribution dans les Evangiles, notamment pour  ce qui est des  chapitres 40 à 66 du Livre du Prophète lesquels sont une addition : le Deutéro Isaie (https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1594.html)

D’ailleurs, à Qumran,  on a retrouvé 18 exemplaires d’Isaïe (dont un rouleau complet), mais seulement 4 de Jérémie et 6 d’Ézéchiel. Selon nous, on est en face de deux messianismes, l’un pour le royaume de Juda, l’autre pour celui d’Israël. Le messie de Juda est à l’évidence Cyrus qui  permit aux Judéens de revenir  à Jérusalem, la capitale de leur Etat et l’on peut supposer que cela tenait aux origines mêmes des Judéens, plus proches ethniquement  des Perses que des populations sémitiques. Quant au messie d’Israël, cela pourrait bien être Jésus, en ce qu’il rassemble les «  brebis perdues    », «    errantes » et réprouvées, dans son Eglise, ce à quoi fait écho  le Livre d’Isaïe en son chapitre 53.  D’aucuns pourraient vouloir croire que ce sont les Judéens qui sont ainsi désignés, comme quoi le recours à telle dénomination est loin d’être innocent       !

Le Pentateuque, dont les emprunts divers – notamment dans le Livre de la Genèse- ont été largement répertoriés,  est,  selon nous, un tissu de références douteuses antidatées à commencer par l’affaire du péché originel  associée à Adam   et  le  nom  d’Israel  associé à celui de Jacob,   à la suite  de sa lutte// avec l’ange.. Quand un ouvrage est contrefait,  il ressort que les emprunts et les plagiats sont multiples car cela permet de gagner du temps ; pour les besoins du remplissage (cf.  nos travaux sur les Protocoles des Sages de Sion etc) C’est  ainsi que la traversée de la mer Rouge  serait calquée sur celle du Jourdain (par Josué, par Elie et Elisée) tout comme  le changement de Pharaon  serait calque sur le passage de Cyrus, le roi  qui sauve les  Juifs   à   son successeur Assuèrus qui les persécute (cf le Livre d’Esther)i

 Exode  Chapitre Ier

On est là face à une sorte de plagiat et  il est clair que l’épisode égyptien est antidaté par rapport à l’épisode persan                     :

ח וַיָּקָם מֶלֶךְ-חָדָשׁ, עַל-מִצְרָיִם, אֲשֶׁר לֹא-יָדַע, אֶת-יוֹסֵף. 8 Un roi nouveau s’יleva sur l’ֹEgypte, lequel n’avait point connu Joseph.
ט וַיֹּאמֶר, אֶל-עַמּוֹ:                      הִנֵּה, עַם בְּנֵי יִשְׂרָאֵל–רַב וְעָצוּם, מִמֶּנּוּ. 9 Il dit א son peuple: « Voyez, la population des enfants d’Israel surpasse et domine la  nôtre .
י הָבָה נִתְחַכְּמָה, לוֹ:                      פֶּן-יִרְבֶּה, וְהָיָה כִּי-תִקְרֶאנָה מִלְחָמָה וְנוֹסַף גַּם-הוּא עַל-שֹׂנְאֵינוּ, וְנִלְחַם-בָּנוּ, וְעָלָה מִן-הָאָרֶץ. 10 Eh bien! usons d’expédients contre elle; autrement, elle s’accroitra encore et alors, survienne une guerre, ils pourraient se joindre à nos ennemis, nous combattre et sortir de la province. »

 

 

Esther  Ch. III

ה וַיַּרְא הָמָן–כִּי-אֵין מָרְדֳּכַי, כֹּרֵעַ וּמִשְׁתַּחֲוֶה לוֹ; וַיִּמָּלֵא הָמָן, חֵמָה. 5 Aman, s’apercevant que Mardochיe ne s’agenouillait ni se prosternait devant lui, fut rempli d’une grande colère.
ו וַיִּבֶז בְּעֵינָיו, לִשְׁלֹחַ יָד בְּמָרְדֳּכַי לְבַדּוֹ–כִּי-הִגִּידוּ לוֹ, אֶת-עַם מָרְדֳּכָי; וַיְבַקֵּשׁ הָמָן, לְהַשְׁמִיד אֶת-כָּל-הַיְּהוּדִים אֲשֶׁר בְּכָל-מַלְכוּת אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ–עַם מָרְדֳּכָי. 6 Mais il jugea indigne de lui de s’en prendre au seul Mardochée, car on lui avait fait savoir de quelle nation il יtait. Aman résolut donc d’anéantir tous les juifs établis dans le royaume d’Assuèrus, la nation entière de Mardochèe.

Il y a là une crise de la conscience  familiale chez les membres  de la maisonnée qui ont le sentiment de ne pas avoir le même statut que les personnes qui ont un emploi «     à part entière       ». Noublions pas, cependant, quil y a ceux qui ont la grâce de pouvoir donner et ceux qui ont la grâce de pouvoir recevoir.  Là où il y a problème, cest  lorsque celui qui a reçu nie ce quil doit, ne reconnaît pas larbre dont il a consommé les fruits. Toutefois, pour nous la famille (contrairement à ce que prétend la doctrine de lUnification des christianismes fondée par  Moon) ne saurait être une unité centrale de la société, ce rôle devrait être dévolu à la «      tribu    », au «    clan    », à la communauté. En tout état de cause,  toute forme d’enseignement est régressif pour celui qui en a la charge en ce que cela le contraint à  amorcer un processus d’involution, de retour en arrière alors que l’acquisition d’automatismes  nous permet de dépasser la période d’apprentissage  !

pensik

Lidée même de religion se transforme lors du passage dune Alliance à lautre en ce que lon bascule de lextériorité à lintériorité, du culte collectif  à la manifestation personnelle de son rapport à Dieu, de lobéissance au commandement à laffirmation symbolique par le recours à des signes ostensibles- du lien, comme le propose le «      crédo          » israélite du Chéma Israël (reprenant des passages du Deutéronome, le cinquième et dernier livre du Pentateuque, celui quon lit donc à la fin de lannée  juive), lequel sinscrit, à l’évidence, dans lesprit de l’  «        Alliance Renouvelée        », sans mentionner aucunement le Décalogue                     :

Écoute, Israël, l’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est UN.
Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.
Tu aimeras l’éternel ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton
âme
et de tous tes moyens
Que les commandements que je te prescris aujourd’hui
soient grav
és dans ton cœur
tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras (constamment),
dans ta maison ou en voyage, en te couchant et en te levant.
Attache-les en signe sur ta main,
et porte-les comme un fronteau entre tes yeux
Écris-les sur les poteaux de ta maison et sur tes portes

 

 

Le  génie adamique est, selon nous, marqué par une certaine dualité intérieure, tout comme dailleurs le dieu de la Genèse à limage duquel Adam aurait été créé et dailleurs comme ce dieu, Adam est lui aussi créateur, se remettant constamment en question, donc capable de regarder son œuvre avec une certaine distance, comme un objet séparé de son sujet.

Rappelons les premiers versets  de Genèse I                     :

 

1Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.

 

2

La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.

3

Dieu dit:  » Que la lumière soit!  » et la lumière fut.

4

Et Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière et les ténèbres.

5

Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres Nuit. Et il y eut un soir, et il y eut un matin; ce fut le premier jour.

On notera que la formule «  l’Esprit de Dieu       » renvoie à ce qu’on appelle dans la Trinité Chrétienne, le Saint Esprit, ce qui correspond à notre sens (cf infra) à une interface, soit une position centrale, entre Dieu et sa Création, tout comme Jésus, d’ailleurs, est fils non pas de Dieu mais de l’Esprit Saint ayant  fécondé sa mère, Marie, tout comme l’esprit anime la matière (Mater)

ב וְהָאָרֶץ, הָיְתָה תֹהוּ וָבֹהוּ, וְחֹשֶׁךְ, עַל-פְּנֵי תְהוֹם; וְרוּחַ אֱלֹהִים, מְרַחֶפֶת עַל-פְּנֵי הַמָּיִם.

2 Or la terre n’était que solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le souffle (l’esprit) de Dieu (Rouah  Elohim) planait à la surface des eaux.

Mathieu, chapitre I

«                     Or la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’il eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit.                     »

 

Dans Isaïe XI, l’on trouve le mot ‘Rouach» repris  7 fois et l’on dit bien que l’esprit reposera (venaha alav) sur lui ‘(lignée de David), ce qui montre selon nous que le Saint Esprit est le deuxième personnage de la Trinité et non le troisième        :

א וְיָצָא חֹטֶר, מִגֵּזַע יִשָׁי; וְנֵצֶר, מִשָּׁרָשָׁיו יִפְרֶה.

1 Or, un rameau sortira de la souche (tige                     ; guéza) de Jessé, un rejeton poussera de ses racines.

ב וְנָחָה עָלָיו, רוּחַ יְהוָה–רוּחַ חָכְמָה וּבִינָה, רוּחַ עֵצָה וּגְבוּרָה, רוּחַ דַּעַת, וְיִרְאַת יְהוָה.

2 Et sur lui reposera l’esprit (Rouach) du Seigneur: esprit (Rouach) de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte de Dieu.

 

Il faut comprendre que lorsque Dieu  crée la lumière,  ce nest que dans un second temps quil pourra dire  que «         la lumière était bonne       » et de même pour les autres «          travaux        » de la Création. Nous verrons quAdam nest pas assimilable à lhomme ou  à la femme du commun (Ish-Isha, Genèse II, III)

Selon nous,  lidée dun Dieu Créateur concerne bien plus la Technique que la Nature         : on parlera dun dieu «      horloger    »,«     grand architecte de lUnivers   » (franc maçonnerie) et cette dialectique sera récurrente  tout au long de notre exposé..

 Nous utiliserons couramment ce terme d’élite que nous opposerons à celui de peuple mais plus largement à celui de maisonnée, en un temps où lon parle de taxer les robots.  La  maisonnée englobe la machine mais aussi lanimal et landroïde, l’humanoïde,  et bien évidemment tout humain connecté à un appareil qui le complète  et cela recoupe lusage du mot hébreu «     Bayit     », qui est utilisé dans Exode XX, 17 (ce mot se retrouve dans «          alphabet    »)

«      Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain    : (cest à dire que ) tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.         »

 

Dans d’autres textes,  la femme n’est pas citée dans la liste (cf.  le Commandement du Shabbat  ainsi que   Lévitique XXV,  6-7).

On aura compris tout l’intérêt de situer la femme au sein de la maisonnée, le passage par la femme n’étant pas la seule option pour l’homme qui entend se démultiplier. D’ailleurs, l’on notera que dans le Pentateuque, il est question pour Adam de se «         multiplier                     » et l’on peut se demander (Genèse I, 28) si cela ne vise pas le recours aux objets manufacturés et par la suite aux machines dont il est nullement question dans le récit de la Création, comme si ce domaine était réservé à l’homme et échappait  à Elohim, c’est-à-dire aux dieux, puisque Elohim  est un pluriel. (cf  Tobie Nathan,  Quand les dieux sont en guerre, Paris, Ed. La Découverte, 2015 ) Nous verrons à préciser cette différence (cf notre second  tome)  entre Elohim  et Yahwé: les Elohim  sont les créateurs de notre petit monde (la Terre et les étoiles qui jalonnent l’écliptique) alors que Yahwé est  leur instrument et correspond à la planète Jupiter, dont le nom se rapproche de celui de Yahwé,  ainsi pour l’adjectif  « jovial » (en espagnol, jeudi, le jour de Jupiter se dit Jueves et en italien, Giovedi)

.Cette multiplication ne serait pas selon nous seulement au regard de la procréation mais plus largement de la création technique. La femme est un élément de la maisonnée mais elle peut se trouver en concurrence avec les animaux domestiques, les machines et d’ailleurs, la femme peut être jalouse de l’intérêt que l’homme porte par exemple à sa voiture ou à son ordinateur, à son bétail ou à son chien, fidèle compagnon sans parler  de ses servantes. On pense aux imprimeries permettant de multiplier  un même texte à des milliers d’exemplaire, ce qui est une toute autre échelle que la seule procréation. D’ailleurs, en Égypte, les Hébreux  furent bel et bien affectés à la construction d’édifices. C’est bien ce à quoi se réfère le commandement de non convoitise sous le terme général de «       biens    » dont la femme,  à l’évidence, fait partie intégrante, de par l’utilité dont elle peut faire preuve au même titre que les autres membres, composantes  de la dite maisonnée.

En vérité, lon pourrait se demander si le Décalogue, à lorigine, ne concernait pas la seule caste des maîtres, et instaurait en fait  un certain ordre social dans le rapport avec les subalternes, tant mâle que femelle, tant homme quanimal,  comme cela ressort du récit de lArche de Noé                     :

Genèse VII, 1-4                     :

«                     Entre dans l’arche, toi et toute ta famille, car je t’ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. De tous les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et la femelle; des animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un couple, le mâle et la femelle et aussi des oiseaux du ciel, sept paires, le mâle et la femelle, pour perpétuer la race sur toute la terre. Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits et j’effacerai de la surface du sol tous les êtres que j’ai faits         »

Autrement dit, ce Déluge ne viserait pas Adam et ses fils,  mais les êtres qui composent sa maisonnée, que lon peut qualifier de prolétariat. On le voit en Europe, la communication se fait par le haut et non par le bas. Quand on s’attaque à la commission de Bruxelles,  c’est bien  les élites européennes, tous pays confondus,  que l’on a dans le collimateur.  Dieu se retire, remonte au Ciel et s’en désintéresse, ce qui peut conduire au Déluge. (cf. Genèse VI).  Mais encore conviendrait-il de souligner quune élite implique un processus de formation, elle nest un «   fait acquis   »,«       accompli   », quaprès coup et de la même façon, une élite peut se défaire, prendre conscience ou perdre conscience de sa nécessité dexister.

Limitation est  une des clefs du lien social. Tantôt c’est le peuple qui adopte le langage, le parler  de l’élite, de l’aristocratie c’est ainsi que le peuple anglo-saxon intégra le français de l’envahisseur  normand que les gens  s’appellent «      monsieur    », «       madame    », espagnol  señor,  señora, italien  signor, signora (mais aussi  pour les plus jeunes  signorino/signorina(notre demoiselle), sir etc.  sur le mode noble. Tantôt le peuple imite l’élite, tantôt cest l’élite qui fait appel au peuple pour sorienter. Encore convient-il de préciser quil y a des élites, à tous les niveaux de la hiérarchie sociale, ainsi des élites provinciales face à l’élite de la capitale nationale ou impériale. Lempire, quand il se constitue, conduit dailleurs des élites nationales à se provincialiser.

. . Selon nous, le christianisme aura été instrumentalisé par une révolution  sociale, Saint Paul jouant le rôle dun Spartacus    libérant, sauvant   de la servitude.  Gibran a bien rendu leffet de la présence de Jésus sur les esclaves des Juifs , dans son  «    Jésus fils de lhomme » (Paris, Albin Michel, 1990, p. 39)     , faisant ainsi parler Caïphe le Grand Prêtre        :: «     Après lavoir entendu parler sur la place du marché, mes propres esclaves, hommes et femmes,  devinrent moroses  et rebelles. Certains partirent de ma demeure etc                     ».

Attirons l’attention du lecteur sur le chapitre VIII de l’Évangile de Jean

 

31    Jésus dit donc aux Juifs qui avaient cru en lui: « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples;

32    Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »

33    Il lui répondirent: « Nous sommes la race d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne; comment dites-vous: Vous deviendrez libres?

34    Jésus leur répondit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque se livre au péché est esclave du péché.

35    Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison; mais le fils y demeure toujours.

36    Si donc le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres.

 

On voit bien là à quel point le message christique s’adressait, au sens propre et non au sens figuré-  aux esclaves et ne pouvait concerner les Juifs, sinon d’un point de vue ‘humanitaire » – comme le fera   le  Juif  Saul  (de Tarse) alias   Paul dans l’Épître aux Éphésiens – à l’égard  de leurs propres esclaves.  Il conviendrait donc  d’éviter de dire que les Hébreux étaient « esclaves » en Égypte puisque dans le texte de Jean, il est mis dans la bouche des Juifs) : « Nous sommes la race d’Abraham et nous n’avons jamais été esclaves de personne »/

D ‘ailleurs dans Exode III, il est question d’oppression  et non d’esclavage. Cela dit, lon peut aussi envisager une autre grille de lecture, à savoir que les populations du Royaume du Nord (Israël, Ephraïm, Jacob, Samarie etc.) auraient été en fait colonisées, soumises par le Royaume de Juda, la «    Maison de David     » et lon sait qu’à la mort de Salomon,  les gens du Nord feront sécession à la suite du refus du fils de Salomon de revoir leurs conditions.

En fait, sous le régne  du  roi  David,  la différence entre les tribus israélites et la maison de Juda  était déjà manifeste(cf les Livres  de Samuel  et  des  Rois)

Le psaume 78 est assez édifiant quand il est dit par David lui-même que Yahvé aura préféré Juda et Sion à Joseph et Ephraim. 

 

סז                                          וַיִּמְאַס, בְּאֹהֶל יוֹסֵף;                                            וּבְשֵׁבֶט אֶפְרַיִם, לֹא בָחָר.

67 Mais il (Yahvé) rejeta le tabernacle de Joseph, et cessa de préférer la tribu d’Ephraïm.

סח                                          וַיִּבְחַר, אֶת-שֵׁבֶט יְהוּדָה;                                            אֶת-הַר צִיּוֹן, אֲשֶׁר אָהֵב.

68 Il (Yahvé) porta son choix sur la tribu de Juda, sur le mont Sion, qu’il avait pris en affection;

סט                                          וַיִּבֶן כְּמוֹ-רָמִים, מִקְדָּשׁוֹ;                                            כְּאֶרֶץ, יְסָדָהּ לְעוֹלָם.

69 il bâtit son sanctuaire, [solide] comme les hauteurs célestes, comme la terre qu’il a fondée pour l’éternité.

ע                                          וַיִּבְחַר, בְּדָוִד עַבְדּוֹ;                                            וַיִּקָּחֵהוּ, מִמִּכְלְאֹת צֹאן.

70 Il élut David, son serviteur, et lui fit quitter les parcs des troupeaux.

עא                                          מֵאַחַר עָלוֹת, הֱבִיאוֹ:                                            לִרְעוֹת, בְּיַעֲקֹב עַמּוֹ; וּבְיִשְׂרָאֵל, נַחֲלָתוֹ.

71 Du milieu des brebis allaitant leurs petits, il l’amena pour être le pasteur de Jacob, son peuple, et d’Israël, son héritage.

עב                                          וַיִּרְעֵם, כְּתֹם לְבָבוֹ;                                            וּבִתְבוּנוֹת כַּפָּיו יַנְחֵם.

72 Et lui, [David], fut leur pasteur selon l’intégrité de son cœur, et les dirigea d’une main habile.

 

On peut même  y lire que les gens du   nord sont placés sous la coupe de ceux du Sud, la maison de David étant  désignée comme «       pasteur de Jacob et d’Israël    », en un statut de mineur                     ;

עא                                          , הֱבִיאוֹ:                                            לִרְעוֹת, בְּיַעֲקֹב עַמּוֹ; וּבְיִשְׂרָאֵל, נַחֲלָתוֹ.

71, il l’amena pour être le pasteur (berger) de Jacob, son peuple, et d’Israël, son héritage.

 

Dans les psaumes  114 et 115    l’on associe  Juda à la dimension religieuse, spirituelle et Israël à la dimension politique, temporelle En ce sens,  Juda serait désigné  en tant que  maison d’Aaron, celle des prêtres                     :

Psaume 114

א                                          בְּצֵאת יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם;                                            בֵּית יַעֲקֹב, מֵעַם לֹעֵז.

1 Quand Israël sortit de l’Egypte, la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare,

ב                                          הָיְתָה יְהוּדָה לְקָדְשׁוֹ;                                            יִשְׂרָאֵל, מַמְשְׁלוֹתָיו.

2 Juda devint son sanctuaire, Israël, le domaine de son empire.

 

 

Psaume 115  établit un rigoureux parallèle          (que l’on retrouve au psaume 118):

                                          יִשְׂרָאֵל, בְּטַח בַּיהוָה;                                            עֶזְרָם וּמָגִנָּם הוּא.

9 Israël, confie-toi à Dieu! Il est leur aide et leur bouclier.

י                                          בֵּית אַהֲרֹן, בִּטְחוּ בַיהוָה;                                            עֶזְרָם וּמָגִנָּם הוּא.

10 Maison d’Aaron, confie-toi à Dieu! Il est leur aide et leur bouclier

Psaume  118

ב                                          יֹאמַר-נָא יִשְׂרָאֵל:                                            כִּי לְעוֹלָם חַסְדּוֹ.

2 Qu’ainsi donc dise Israël, car sa grâce est éternelle;

ג                                          יֹאמְרוּ-נָא בֵית-אַהֲרֹן:                                            כִּי לְעוֹלָם חַסְדּוֹ.

3 qu’ainsi dise la maison d’Aaron, car sa grâce est éternelle;

 

Ici, le pouvoir politique est revendiqué pour Israël et  le pouvoir religieux laissé à Juda./

 

Dans Isaïe ch 2. 3,  l’on trouve la célébre formule                     : 

 

ג וְהָלְכוּ עַמִּים רַבִּים, וְאָמְרוּ לְכוּ וְנַעֲלֶה אֶל-הַר-יְהוָה אֶל-בֵּית אֱלֹהֵי יַעֲקֹב, וְיֹרֵנוּ מִדְּרָכָיו, וְנֵלְכָה בְּאֹרְחֹתָיו:                      כִּי מִצִּיּוֹן תֵּצֵא תוֹרָה, וּדְבַר-יְהוָה מִירוּשָׁלִָם.

3 Et nombre de peuples iront en disant: « Or çà, gravissons la montagne de Yahvé pour gagner la maison du Dieu de Jacob, afin qu’il nous enseigne ses voies et que nous puissions suivre ses sentiers, car c’est de Sion que sort la doctrine et de Jérusalem la parole de Yahvé . »

 

«                     C’est de Sion que sort la Torah et de Jérusalem la parole du Seigneur. » Mais en même temps, il est question   de «        la maison du Dieu de Jacob          », formule que l’on pourrait éventuellement entendre comme renvoyant  à un autre dieu que Yahvé et l’on comprend alors tout l’enjeu de l’affirmation d’unité, du Ehad, dans le Shéma Israel repris de Deutéronome VI, 4                     :

ד שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל:                      יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד.

4 Ecoute, Israël:  Yahvé est notre Dieu, l’Éternel est un!

Mais la formulation est ambigüe       : on y enjoint avec fermeté  Israël, c’est-à-dire les tribus du Nord,  de reconnaitre Yahvé comme le seul dieu possible pour tous les Hébreux. On ne dit pas que c’est le dieu  de toute l’Humanité                     !

Le même message figure comme on verra plus loin  dans Ezéchiel    au chapitre 37                     , 22

 

 

כב וְעָשִׂיתִי אֹתָם לְגוֹי אֶחָד בָּאָרֶץ, בְּהָרֵי יִשְׂרָאֵל, וּמֶלֶךְ אֶחָד יִהְיֶה לְכֻלָּם, לְמֶלֶךְ; וְלֹא יהיה- (יִהְיוּ-) עוֹד לִשְׁנֵי גוֹיִם, וְלֹא יֵחָצוּ עוֹד לִשְׁתֵּי מַמְלָכוֹת עוֹד.

Je les constituerai en nation unie (Ehad) dans le pays, sur les montagnes d’Israël; un seul (Ehad) roi sera le roi d’eux tous: ils ne formeront plus deux (Shnéi) peuples  et ils ne seront plus, plus jamais, fractionnés en deux (Shnéi) royaumes.

 

On oublie parfois que ces populations se sentent dominées par les gens du Sud, qu’ils attendent leur délivrance, ce qui aura lieu à la mort de Salomon, que l’on a pu assimiler à Pharaon et cela aura lieu puisqu’ils constitueront un nouveau Royaume. Nous pensons que l’idée du «          Sauveur         » peut être née chez les gens du Nord et non chez ceux du Sud. D’aucuns soutiendront que Jésus est venu pour «     sauver          », délivrer les tribus perdues du  Nord.

Quand on lit le psaume 22, comment ne pas observer que cela s’adresse aux gens du Nord, avant ou après le schisme    : «      descendants (Zéra, semence) de Jacob, «           postérité (Zéra) d’Israël     »         ?

 

כד                                          יִרְאֵי יְהוָה, הַלְלוּהוּ–                                            כָּל-זֶרַע יַעֲקֹב כַּבְּדוּהוּ;
וְגוּרוּ מִמֶּנּוּ,                                            כָּל-זֶרַע יִשְׂרָאֵל.

24 « Adorateurs de l’Eternel (Yahvé), louez-le vous tous, descendants de Jacob, honorez-le; révérez-le, vous tous, postérité d’Israël!

 

Dès lors, vu que lon sait que  les textes intégrés dans le canon vétérotestamentaire ont été en partie influencés par une sensibilité«                     israélite         » et pas seulement «          judéenne        », on est tenté de penser que circule, de façon plus ou moins subliminale, un discours de libération par rapport au joug imposé par le Sud et Jérusalem. Pourquoi, dans ce cas, ne pas lire la narration de la Sortie d’Égypte (reprise dans  le rituel de Pessah/Pâques)  comme une sorte de parabole liée à l’émancipation des peuplades septentrionales, avec lattente dun «           Messie           » qui viendrait délivrer  les dites peuplades soumises à la dynastie  méridionale         ? Et  qui sait si le christianisme naurait pas exploité, en son temps,  de telles attentes  existant dans  la classe  opprimée de l’empire judéen englobant des populations vassalisées            ? Même la formule «             Ecoute Israel, Yahwé est notre dieu         »             devrait être revisitée. D’une part, le «                     Ecoute Israël          » ne saurait s’adresser qu’à un monde  à la fois proche et  tenu à distance           et qui s’est approprié indument le nom d’Israël, lors du schisme du Xe siècle avant l’ère chrétienne  mais d’autre part «            ; Yahvé est notre dieu         »  rappelle que Yahvé n’est pas le dieu des autres, des gens de la maison d’Ephraïm et qu’il ne fait vraiment sens que pour les Judéens.

En fait,  le schisme était déjà latent sous le régne de David  et l’on trouve notamment la formule  «         à ses tentes, ô Israel          » au Livre de Samuel  II,  ch XX  On  y  voit  que «          tout Israel   (Kol Israel) abandonna le parti de David          »  Cela signifie que le clivage entre  Israélites et Judéens était fort ancien et que l’on tenta de l’occulter au nom d’une certaine «         unité        »  de façade, ce qui ressortira de nos théses autour du Aleph  (de Adam) et du Shin.(d’Israel)

 

א וְשָׁם נִקְרָא אִישׁ בְּלִיַּעַל, וּשְׁמוֹ שֶׁבַע בֶּן-בִּכְרִי–אִישׁ יְמִינִי; וַיִּתְקַע בַּשֹּׁפָר, וַיֹּאמֶר אֵין-לָנוּ חֵלֶק בְּדָוִד וְלֹא נַחֲלָה-לָנוּ בְּבֶן-יִשַׁי–אִישׁ לְאֹהָלָיו, יִשְׂרָאֵל. 1 Or, il se trouva lא un misטrable du nom de Chיba, fils de Bikhri, Benjamite; il sonna du cor et proclama: « Nous n’avons aucune part א David, aucune communautי א  revendiquer avec le fils de Jesséי; chacun א ses tentes, פ Israט! »
ב וַיַּעַל כָּל-אִישׁ יִשְׂרָאֵל, מֵאַחֲרֵי דָוִד, אַחֲרֵי, שֶׁבַע בֶּן-בִּכְרִי; וְאִישׁ יְהוּדָה דָּבְקוּ בְמַלְכָּם, מִן-הַיַּרְדֵּן וְעַד-יְרוּשָׁלִָם. 2 Et tout Israטl abandonna le parti de David pour suivre Chיba, tandis que les hommes de Juda, depuis le Jourdain jusqu’א Jיrusalem, restטrent attachיs à leur roi.

 

 Il importe en effet de distinguer  celui qui parle et celui à qui l’on parle, le nous et le vous. Ce nom d’Israël  désignait – parmi bien d’autres conquêtes-  une tribu de la région comme le montre la stèle dite de la Victoire        du pharaon  Mérenptah  ou Mineptah, datant du XIIIe siècle avant JC        et découverte tout à la fin  du  XIXe siècle                     : ce document ne prouve nullement  que le nom d’Israël désignait alors les Hébreux. Cela montre au contraire qu’il y a  eu interpolation dans le texte de la Genèse notamment quand  Jacob prend ou reçoit  le nom d’Israël. «           Ces  villes sont habitées de nouveau et celui qui laboure en vue de la moisson, c’est celui qui la mangera.
s’est tournéי vers l’Égypte, tandis qu’a   été  mis au monde, gràce au destin, son protecteur, le roi de Haute et de Basse-Égypte, Baenrê, le fils de Rך, Meיrenptah.
Les chefs tombent en disant          : Paix            ! Pas un seul ne relève la tete parmi les Neuf Arcs.
Défait est le pays des Tjehenou.
Le Ḫatti est paisible.
Kana`an est dיpouillי de tout ce qu’il avait de mauvais.
Ašqalon est emmenéי.
Gezer est saisie.
Yenoam        devient comme si elle n’avait jamais existéי.
Isra’el est dיtruit, sa semence mךme n’est plus.
Hourrou (la Syrie) est devenue une veuve pour l’ֹEgypte.
Tous les pays sont unis        ; ils sont en paix.
(Chacun de) ceux qui erraient sont maintenant liיs par le roi de Haute et Basse ֹEgypte, Baenrך, le fils de Raך, Mérenptah, douéי de vie, comme , chaque jour         »

En  tout état de cause,  la leçon «       Israel         » est remise en question        : (cf Joseph  Davidovits De cette fresque naquit la Bible  De cette fresque naquit la Bible, Paris, Jean-Cyrille Godefroy, 2009         ;  https://www.davidovits.info/falsification-de-la-stele-de-merneptah-dite-disrael/

 Notons  que  le nom de Joseph (radical        : hossef) indique un ajout et que celui de Jacob (radical Eqev) correspond à une suite (on talonne quelqu’un) Rappelons qu’une parabole met en  scène des  situations qui n’ont pas eu lieu ponctuellement ou qui sont la matrice de toute une série de cas.  On pense aux Fables de La Fontaine qui ont l’avantage de ne pas camper des humains mais des animaux, ce qui a le mérite d’éviter toute extrapolation à prétention historique. Or, l’on aura bien souvent  cru bon de situer de telles allégories dans un passé historique réel, ce qui génère un processus de contrefaçon antidatée. En fait, l’on passerait ainsi  d’une approche censée s’inscrire  dans  une chronologie à une approche sociologique intemporelle.

En ce qui concerne  le passage de Yahoud à Yahvé, on est quand même en droit de se demander si cela ne serait pas le fait des Israélites (les gens du Nord)  refusant de voir le nom de Dieu associé à la tribu de Juda (Yehouda). Rappelons que le nom « Yahvé » est récurrent dans tout le Pentateuque, avec des centaines d’occurrences! D’aucuns objecteront que la surreprésentation d’Israël dans le dit Pentateuque ainsi que  la disparition de telles références à Juda, auraient été dénoncées depuis belle lurette Or,  toute la question est de savoir à quelle date  l’Ancien Testament sous la forme que nous lui connaissons, qui nous est parvenue,, aura  été établi et fixé. Selon nous, cela se sera produit à une époque où le conflit en question était déjà fort lointain dans le temps tant et si bien que les esprits  n’auraient plus guère prêté attention à de tels « détails », leur mettant la puce à l’oreille. A n’en pas douter, les questions politiques auront interféré avec les questions religieuses et il nous semble inconcevable de traiter des Ecritures en faisant abstraction d’une telle grille de lecture. On rencontrera un cas assez semblable, lui aussi lié à la mort d’un souverain,  non plus Salomon mais  Henri IIII de Valois, ancien  roi de Pologne (en fait   de son frère le duc d’Alençon en 1584, laissant la place de prétendant à Henri de Bourbon, le futur  Henri IV)., cela donna naissance à la « Ligue ».. Comme au lendemain de la mort de Salomon,  la France se trouvera, en quelque sorte, coupée en deux, à l’instar du royaume hébraïque. Quand on a en mémoire cette scission l’on ne peut que trouver des allusions dans les Centuries attribuées à Nostradamus (cf. notre tome III). Mais si le lecteur n’a pas cela à l’esprit, persuadé qui est que les Centuries ont dû être rédigées trente ans avant l’émergence de la Ligue,  comment  serait-il dès lors en mesure d’effectuer un tel constat? Toute la question, on l’aura compris,  est liée au contexte de rédaction du corpus considéré mais aussi à la connaissance  et la conscience du dit contexte par la suite. L’anachronisme, c’est aussi fonction de  l’ignorance contextuelle. autrement dit,  le passage de Yahoud à Yahvé correspondrait à une déjudaïsation du Pentateuque par les sectateurs du Royaume du Nord à l’encontre du Royaume du Sud, que l’on ait tenté de faire passer le nom de Dieu -celui qu’on loue-  par un expédient lexical : Yahvé signifierait celui qui est – ne saurait faire illusion.  Nous dirons que pour nous, c’est souvent le texte qui nous aide à restituer le contexte et non le contexte à appréhender le texte car dans bien des cas, un texte aura été placé au sein d’un contexte qui n’était pas le sien au départ, soit en ce qu’il aura été antidaté soit au contraire qu’on l’aura recyclé à une date ultérieure. Il nous semble que Yahwé n’est nullement le nom de ce Dieu, mais le surnom qu’on lui donne pour lui rendre grâce meme si dans Exode XX,  il se présente ainsi. D’ailleurs, dans un des commandements (verset 6), il est dit « Tu n’invoqueras point le nom de Yahwé Eloheikha… »  traduit généralement par l’ « Eternel ton Dieu « Mais nous comprenons cette formule comme référant à un nom qui n’est pas fourni, la forme Yahwé Eloheikha étant des plus vagues d’autant que plus haut  au verset 2  il est indiqué de ne pas invoquer d’autres dieux en reprenant la même expression: Elohim aherim:

לֹא תִשָּׂא אֶת-שֵׁם-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, לַשָּׁוְא:  כִּי לֹא יְנַקֶּה יְהוָה, אֵת אֲשֶׁר-יִשָּׂא אֶת-שְׁמוֹ לַשָּׁוְא.  {פ} 6 (3) « Tu n’invoqueras point le nom de lYahwé Eloheikha à l’appui du mensonge; car l’Éternel ne laisse pas impuni celui qui invoque son nom pour le mensonge.

 

ב אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים:  לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי. 2 (1) « Je suis Yahwé Eloheikha  qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage. (2) « Tu n’auras point d’autres dieux (Elohim aherim) que moi

 

 La comparaison entre Jésus et Yahvé nous semble assez édifiante. Rappelons que Yahvé se sert de Moïse pour communiquer avec les Hébreux.  Quat à Jésus, il s’entoure d’apôtres au nombre de 12 ce qu’illustre la séquence de la Cène (selon Leonard de Vinci), à la veille de sa mort. Le problème, c’est que Jésus  est bien plus proche des gens que ne l’est Yahvé comme si ses disciples ne jouaient pas leur rôle d’interface, ce qui l’exposerait  singulièrement à moins que Jésus ne soit assimilable à Moïse mais il n’y a pas avec Jésus-  du moins en ce qu’on nous en relate dans les Evangiles canoniques, de scène du «                     Buisson Ardent                     ».

Que Jésus se dise «         Fils de Dieu         »  ne fait pas problème en soi, pour un familier de        la Mythologie gréco-romaine, puisque Jupiter est fils de Saturne (cf. notre tome III) mais on ne voit pas pourquoi  Yahvé serait assimilé à un «         père », lui dont le nom se rapproche sensiblement de Jove, de Jupiter. Le Père pour nous est lié à la « première Création        » alors que Yahvé est l’acteur/auteur de la «     seconde création    ». Il ne faudrait pas que les Juifs se fassent piéger par l’image d’un Yahvé en tant que «         père        » sous prétexte que leur religion serait antérieure à l’émergence du christianisme        !  Quid d’Adam, conçu à l’image d’Elohim        ?  Mais une autre grille  de lecture ferait de Jésus, le vecteur d’une Troisième Création, axée cette fois sur l’Homme,  l’anthropocéne. (cf  notre tome III).  D’où la forme «     Ecce Homo          » dans l’Evangile pour désigner Jésus. En ce sens, Jésus  ne serait-iil pas le fils se dressant devant le Père          en prenant le parti de l’homme         ?

Est-ce que cela n’en fait pas un «          fils        »   ? En  fait, Yahvé et Adam ne feraient qu’un, l’un et l’autre «         fils de dieu         », à son image et cela pourrait être le cas de Jésus lequel se substitue à Yahvé, dans l’interprétation de Malachie  III, Jean le Baptiste lui ouvrant la voie                     :

 

א הִנְנִי שֹׁלֵחַ מַלְאָכִי, וּפִנָּה-דֶרֶךְ לְפָנָי; וּפִתְאֹם יָבוֹא אֶל-הֵיכָלוֹ הָאָדוֹן אֲשֶׁר-אַתֶּם מְבַקְשִׁים, וּמַלְאַךְ הַבְּרִית אֲשֶׁר-אַתֶּם חֲפֵצִים הִנֵּה-בָא–אָמַר, יְהוָה צְבָאוֹת.

1 Voici, je vais envoyer mon mandataire, pour qu’il déblaie la route devant moi. Soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Maître dont vous souhaitez la venue, le messager de l’alliance que vous appelez de vos vœux: le voici qui vient, dit l’Eternel-Cebaot.

 

 

Mathieu  XI                      avec une référence littérale à Malachie III                     :

Jésus                     à propos de Jean                     :

«                     Alors, qu’êtes-vous allés voir         ? un prophète         ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.

10 C’est de lui qu’il est écrit         : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi        ».

Mais ici Jésus s’identifie à Yahvé. Si ce n’est toi, c’est donc ton  frère.

  

Un thème central du présent essai est bien le rapport du créateur à  sa création étant entendu que tout oppose ce qui est train de se créer  et ce qui a été créé, comme la vie à la mort, le passé  et le futur, la lecture et l’écriture. Étrangement, la mort peut apparaître comme le prolongement de la vie       ; tout comme l’interprète le prolongement de l’auteur alors qu’il n’en est finalement que la trace, l’empreinte. On notera que le mot même de création est ambivalent en français, en ce qu’il désigne indifféremment  la cause et l’effet, le sujet et l’objet,  lequel  objet échappe nécessairement au sujet dont il est issu.. Dès que l’objet est séparé de son sujet, ne lui est plus relié (par la main qui le tient ou le bagage ou l’espace (privé, la chambre/cambriolage)  qui le contiennent,, il devient autonome et n’appartient plus expressément à personne en particulier, jusqu’à preuve du contraire.. Cela vaut sur le plan juridique  quand il est stipulé que «          possession vaut titre.     »  .  Le passage de l’oral à l’écrit  correspond à la dialectique du sujet et de l’objet, et recoupe le clivage entre droit pénal et droit civil.

 Le créateur ne se reconnaît pas nécessairement dans sa création tout comme Dieu  se réserve de rejeter ce qu’il a créé (bara) ou formé (Yatsar) ou tel artiste telle œuvre de son cru. Mais  lon se demandera si le mot créer doit automatiquement signifier «           ex nihilo        ». Nous ne le pensons pas        : créer, cest transformer, transmuter, une matière «           première et finalement linstrumentaliser au risque de la dénaturer. Cela est source de conflits entre lamont et laval, entre la puissance et lacte lequel passe par des choix toujours arbitraires et discutables.. Tout ce qui est englobé sous un même terme  peut prendre des sens très divers, à commencer par le mot «homme    ».On peut dire alors que les singes et les hommes sont égaux puisqu’on les inclue au sein d’une même catégorie         ! Le fait que le langage puisse servir à désigner  des réalités extrêmement diverses ne doit pas être prétexte à un discours égalitaire de nivellement tant par le haut que par le bas. Nous serions tous très  grands ou très petits, à l’avenant                               !

 

 Selon nous, les premiers Chrétiens païens  n  ‘étaient autres que les esclaves des Hébreux, faisant partie intégrante de leur «      maisonnée   », et étaient notamment  visés  notamment dans les Dix Commandements                     :

 

«        Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui réside dans ta ville. (…)Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient    ».                    

On lira dans le Lévitique, un des livres du Pentateuque, ce texte hautement significatif     :

Ch. XXV 

«        44      Les esclaves, hommes ou femmes, qui vous appartiendront, proviendront des peuples étrangers qui vous entourent. C’est d’eux que vous pourrez acquérir des esclaves et des servantes. 45       De plus, vous pourrez acheter des étrangers résidant chez vous et des membres de leurs familles qui vivent parmi vous et qui sont nés dans votre pays, et ils deviendront votre propriété. 46     Vous pourrez les léguer en héritage à vos enfants pour qu’ils en aient la propriété. Ils seront vos esclaves à perpétuité; mais vous ne traiterez pas avec brutalité vos compatriotes, les Israélites.      »

 

Nous avons consacré de nombreux travaux à l’étude des recueils, ce qui s’apparente à des contenants dont l’unité offre nécessairement une dimension artificielle par-delà lapparence, voire l’illusion d’unité. Le cas des Centuries est emblématique en ce que la forme du quatrain aura permis d’intégrer au sein d’un seul et même ensemble des éléments au départ disparates. Il en est de même dailleurs pour la Bible, elle -même quadrillée en chapitres et versets comme les  Prophéties de Nostradamus le sont en centuries quatrains. Le piège est chaque fois le même    : on interprète un texte que l’on a sous les yeux, appartenant à un certain contexte historique que l’on connaît souvent très mal au prisme d’un contexte qui nous est familier. Insistons aussi sur le fait quil existe deux modes de (re)contextualisation     : situer un texte dans son temps mais aussi au sein dun continuum évolutif, en évitant dans tous les cas lanachronisme, étant entendu quune telle entreprise  nest pas à la portée du premier venu et exige énormément de travail dinvestigation et la constitution de corpus importants..

 Cest d’autant plus tentant lorsque les mêmes entités se sont perpétuées à travers les siècles.  Pourquoi, demande-t-on, l’Israël dont parle tel prophète de la Bible  ne serait pas concerné voire impliqué par les enjeux propres à l’État d’Israël actuel ou en tout cas par ceux d’un peuple Juif  qui est toujours présent    ? On fait ainsi le grand écart sur des siècles voire des millénaires     !

Tout se passe comme si l’événement Shoah ne collait pas avec lidée dun peuple Juif «     dominateur     » et la Guerre des Six Jours a pu faire douter de la Shoah tant elle semble bien en être le contre-exemple, un quart de siècle plus tard. Il fallait donc que la Shoah fût le résultat dune manœuvre victimaire de la part des Juifs  tout comme pour les Musulmans, au dire du Coran,  il ne fait pas sens que Jésus ait pu se laisser crucifier                     ! Cela dit, il est un fait que les critères utilisés par les nazis pour déterminer qui était Juif )peuvent être discutés et aient grossi le nombre de Juifs  déportés.  Bien des victimes ne seraient pas juives, selon la définition du judaisme  orthodoxe.(cf Yossef Mizrahi,)   qui naboutit qu’à un million de Juifs authentiques exterminés, les autres  «        Juifs »  layant été en quelque sorte par erreur). On notera les effets pervers de présenter Jésus comme « Dieu », d’où notamment la formule « Marie, mère (sic) de Dieu), car cela permet de se servir de l’Ancien Testament et notamment des Livres des Prophètes, quand Dieu reproche aux gens du Royaume du Nord (Israël) de ne pas le reconnaître, pour y voir la préfiguration du refus des Juifs  de reconnaître Jésus, puisque Dieu et Jésus c’est pareil!  Dans bien des cas, les enfants du catéchisme se persuadent que les Juifs ne croient pas en Dieu puisquils ne croient pas en Jésus. De la sorte, chaque fois qu’il est question de Dieu dans l’Ancien Testament, le Chrétien serait en droit de  comprendre  qu’il est question  de « Jésus »!

Osée V                     :
«                     …3Je connais Ephraïm, Et Israël ne m’est point caché; Car maintenant, Ephraïm, tu t’es prostitué, Et Israël s’est souillé. 4Leurs œuvres ne leur permettent pas de revenir à leur Dieu, Parce que l’esprit de prostitution est au milieu d’eux, Et parce qu’ils ne connaissent pas l’Éternel. 5L’orgueil d’Israël témoigne contre lui; Israël et Ephraïm tomberont par leur iniquité                     »

On aura compris que stricto sensu, ce texte certainement écrit post eventum -ne concerne pas la lignée de David, ni Jérusalem, ni donc les Judéens mais bien cette population spécifique du Royaume du Nord  qui naura pas la chance de se rétablir par la suite, à la différence du royaume de Judah et ce nest dailleurs probablement pas par hasard que Jésus  est dit le Galiléen, quil nest pas un habitant de Jérusalem mais de Nazareth.(le nom de cette ville est à rapprocher de Nagar, le menuisier-charpentier) Notons que Jésus  est censé  avoir été annoncé et conçu en Galilée, le lieu de sa naissance étant somme toute secondaire et aléatoire voire anecdotique                     :

Evangile de Luc,  Chapitre Ier                     :

26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

Ce premier  tome  -fait largement appel aux Ecritures «    Saintes   » autour de deux grands thèmes,   les femmes et les Juifs,  ce qui nous renvoie aux origines de lHumanité, bien mal connues il est vrai si ce nest par le biais des mythes et des religions, des récits de genèse. Y a-t-il un christianisme sans référence au judaïsme et les femmes font-elles sens sans passer par les hommes       ? Ces deux sujets, les femmes et les Juifs  sont de nos jours fort mal appréhendés et se trouvent relégués dans une sorte de «    no man’s land     »  alors que selon nous dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’enjeux capitaux.

La question de l’Amour est au cœur de notre problématique       : l’on rappellera que les Juifs insistent spécialement sur l’Amour qu’ils doivent à  leur dieu plutôt que sur l’amour de Dieu pour eux ou encore quant à l’amour que l’on est censé porté pour son prochain.( On s’expose à ne pas comprendre  ce qui est attendu des Hébreux par leur Dieu si l’on en reste à l’idée d’un «      peuple élu        »  tandis qu’il s’agirait bien plutôt d’un «    dieu élu      », d’où l’idée même d’Amour de Dieu ( cf.  Georges  Vajda,      L’Amour de Dieu dans la théologie juive du Moyen âge,       Paris : J. Vrin, 1957      ; pp/295 et seq ). Comme il est dit au début de la profession de foi judaïque, le Shéma Israël       : «      Tu aimeras Yahvé ton dieu de tout ton cœur         ». Il n’y est d’ailleurs pas question de l’amour de Dieu pour Israël ni d’ailleurs de l’amour de son prochain. Certes, Israël  semble bel et bien attendre que son Dieu le délivre de la servitude mais  nous verrons que la véritable servitude  est marquée par l’infidélité –plutôt que par la désobéissance, comme on l’entend trop souvent.  Il est clair que l’enjeu théologique crucial  est celui de ne pas servir d’autres dieux et non pas de respecter tel ou tel commandement. en dehors de celui exigeant la fidélité à ce dieu.  Il semble que les rabbins aient voulu avant tout renforcer la question  des mœurs – notamment après la destruction du Temple-  tout en affirmant que de toute façon, il n’existait pas d’autre dieu, dans l’absolu, que Yahwé assimilé à Elohim  En tout état de cause rendre Yahwé  ou Elohim par «       Dieu       » ou par «       L     »Eternel   », comme cela se pratique souvent  est  inadmissible et se prête à toutes les dérives et déviances.  Yahwé est un nom propre et ne saurait se rendre par quelque concept que ce soit, comme      l’aurait souhaité un Spinoza. Adorer  un dieu universel ce n’est certainement pas rester fidèle à Yahwé           et c’est donc ne pas respecter le  premier et principal  commandement     du  Décalogue:

 

 

א וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֵת כָּל-הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה לֵאמֹר.                      {ס}

1 Alors  Elohim  prononça toutes ces paroles, savoir:

ב אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים:                      לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי.

2 (1) « Je suis Yahwé ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage. (2) « Tu n’auras point d’autre dieu que moi.

 

On notera que d’un verset à l’autre, on est passé de Elohim à Yahwé                     !

Or, l’enjeu reste bel et bien la fidélité  à un certain dieu,  ayant pour nom  Yahvé – issu d’un «  père    » -Elohim. lequel pourrait d’ailleurs avoir eu d’autres fils. C’est d’ailleurs sur ce point que le débat a pu exister du temps de Jésus et la portée de la Nouvelle alliance au sens de Jérémie XXXI. (cf. sur les passages relatifs au  polythéisme dans la Bible https://bible.knowing-jesus.com)

Une question récurrente sera  celle du mode d’emploi    : nous sommes en présence de certains concepts mais savons-nous comment les manier  ? Que faut-il entendre par  «                      Dieu   », quel est la place de la femme dans la société    ?  Comment fonctionne le couple                     ? Nous dirons que les hommes sont des dieux pour les femmes, ce qui correspond à l’idée de Panthéon parisien     : Aux grands hommes la patrie reconnaissante.  Il n’y a d’élection que du bas vers le haut et ne ce sens, il est absurde de parler d’un peuple qui serait élu par Dieu. C’est bien plutôt un peuple qui choisit son dieu, ce qui implique un pluralisme des candidats.

Certes, l’on trouve dans le Décalogue des «      commandements «      qui concerne notre rapport à son prochain mais cela nous apparait comme une sorte d’ajout face au préambule du dit Décalogue                     :

                     «  Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude.

3                     Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.

4                     Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.

5                     Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point                     »

C’est après que l’on parle du prochain ( resh ayin Khaf) sans que l’on y trouve la formule «       tu aimeras ton prochain comme toi-même     »     laquelle figure, noyée parmi toutes sortes de commandements, dans Lévitique XIX, 18, donc nullement mise en exergue                     :                     

 

Exode 20

 

יג לֹא תַחְמֹד, בֵּית רֵעֶךָ;                      {ס}                      לֹא-תַחְמֹד אֵשֶׁת רֵעֶךָ, וְעַבְדּוֹ וַאֲמָתוֹ וְשׁוֹרוֹ וַחֲמֹרוֹ, וְכֹל, אֲשֶׁר לְרֵעֶךָ.                      {פ}

13 (10) »Ne convoite pas la maison de ton prochain (Rehekha); Ne convoite pas la femme de ton prochain, son esclave ni sa servante, son bœuf ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain. »

 

Lévitique  XIX

 

יח לֹא-תִקֹּם וְלֹא-תִטֹּר אֶת-בְּנֵי עַמֶּךָ, וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ:                     .

18 Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime (Veahavta) ton prochain comme toi-même:.

Exode XX (Décalogue)

ד כִּי אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֵל קַנָּא–פֹּקֵד עֲון אָבֹת עַל-בָּנִים עַל-שִׁלֵּשִׁים וְעַל-רִבֵּעִים, לְשֹׂנְאָי.

4 car moi, Yahvé,  ton Dieu, je suis un Dieu  (El) jaloux, qui poursuis le crime des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et aux quatrièmes générations, pour ceux qui m’offensent;

 

Il reste que la forme adoptée  est la même que dans le Shéma        si ce n’est que  le «                     Veahavta      » n’est plus destiné à Dieu mais au prochain. Lequel semble bien être celui qui appartient au même peuple                     :

Selin nous, on ne saurait mettre les deux  injonctions sur le même plan.  Le Dieu en question reprochera-t-il jamais aux Hébreux de ne pas s’aimer entre eux      ? Il se présente comme  un dieu (El)  jaloux (Kanaï).  On notera cette expression «      un dieu                     » . On est loin ici de la présentation d’un dieu unique, si ce n’est par rapport au seul  Israël.  Il ne s’agit donc pas ici du respect de tel ou tel commandement mais  bien de la seule chose importante, qui compte    : un amour exclusif exigé des Hébreux à l’égard de ce dieu qu’ils se sont choisi, ce qui est tout à fait applicable au couple homme-femme, la femme  étant placée ici dans la même position que le peuple hébreu par rapport à son dieu. Femme qu’il est toujours loisible de répudier et l’on sait le sort réservé à la femme adultère donc infidèle. (Evangile de Jean  VIII, 11) et au bâtard. Dans le Décalogue,  cela concerne le commandement sur  le fait de ne pas convoiter la femme de son prochain et cela s’adresse à l’homme, comme d’ailleurs tout le Décalogue.

Mais,  ne peut-on dire que croire en un dieu «     universel       »  ne saurait être assimilé au culte d’un dieu artisan de notre Humanité     ? En ce sens,  l’évolution du judaïsme vers l’idée d’un dieu «      maître de l’univers        »  nous apparait comme  bien problématique. Le mieux est l’ennemi du bien.  En voulant  encenser leur dieu, les Juifs n’auraient-ils pas forgé  une autre idée de Dieu     et donc  enclenché un culte  qui lui serait devenu étranger      ?

Mais, in fine, nous pencherons pour la thèse suivante, à savoir que le Décalogue serait  comme une sorte de règlement s’adressant à des délinquants et nullement à une population ayant un comportement «    normal     ». On ne recommande pas à des fidèles  de ne pas adorer un autre dieu, ni à  une communauté normalement constituée de ne pas voler ou de ne pas tuer. De tels propos visent une population pécheresse comme celle du Royaume d’Israël, d’où l’injonction «      Ecoute Israël    » et il est donc fâcheux que les Juifs récitent ce «       Shéma Israël   », confondant, ce faisant,  l’Israël   d’avant la Royauté et celui  du Schisme du Xe siècle                     !

Le Décalogue nous fait penser  à l’épisode de Sodome et Gomorrhe                     :

 

Genèse  XVIII

כ וַיֹּאמֶר יְהוָה, זַעֲקַת סְדֹם וַעֲמֹרָה כִּי-רָבָּה; וְחַטָּאתָם–כִּי כָבְדָה, מְאֹד.

20  Yahwé  dit: « Comme le décri de Sodome et de Gomorrhe est grand, comme leur perversité est excessive                     !

כא אֵרְדָה-נָּא וְאֶרְאֶה, הַכְּצַעֲקָתָהּ הַבָּאָה אֵלַי עָשׂוּ כָּלָה; וְאִם-לֹא, אֵדָעָה.

21 je veux y descendre; je veux voir si, comme la plainte en est venue jusqu’à moi, ils se sont livrés aux derniers excès; si cela n’est pas, j’aviserai. »

 

Pour nous, la dualité divine n’a strictement rien à voir avec le couple homme-femme  voulu par «      dieu     » au  chapitre suivant. Nous dirons que l’on aura voulu selon un procédé bien connu   évacuer l’addition, l’ajout dans un deuxième temps,  de la femme en laissant entendre, dans certains traductions biaisées, que l’homme et la femme avaient été créés de concert, simultanément.

 La dualité, ici, c’   est le doute     : l’allemand a zweifel, ce qui correspond au zwei, au deux. D’ailleurs, le récit de la Création est marqué en permanence par une telle attitude                     : Dieu veut créer  ceci  puis juge –dans un deuxieme temps- que ceci était bon, ce qui laisse entendre que ce n’est qu’après coup que l’on pourra dire que c’était « bon   » (tov) Tout se fait en deux temps!

 

Génése I

 

ג וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, יְהִי אוֹר; וַיְהִי-אוֹר.

3 Dieu dit: « Que la lumière soit! » Et la lumière fut.

ד וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת-הָאוֹר, כִּי-טוֹב; וַיַּבְדֵּל אֱלֹהִים, בֵּין הָאוֹר וּבֵין הַחֹשֶׁךְ.

4 Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres.

 

 

  Le Deus Faber. Théologie restreinte

 

Selon nous, le judaisme doit s’appréhender au prisme d’une idée limitée de la divinité                     : on pourrait parler d’une théologie du «      petit dieu   », c’est à dire qui se démarque d’un dieu universel, total,  initial, un dieu qui s’inscrit dans l’Histoire de l’Humanité et non dans une quelconque métaphysique. Laissons ce «     grand dieu     » aux Chrétiens et aux Musulmans.  Au fond,  ne  s’agirait-il pas d’un dieu «    à l’image de l’homme      » , pour retourner la formule    du premier chapitre du Livre de la Genèse      ?

Il est clair que le dieu d’Israël  se consacré à des objectifs  relativement restreints  : notre Terre, sur laquelle nous vivons, notre «  ciel »- celui que nous percevons depuis notre Terre       et ce qui est central plus particulièrement, à savoir un certain peuple que l’on désigne actuellement comme «       juif      » et qui n’a pas disparu, Une Alliance renouvelée  lie ce peuple à ce dieu  face  au «     grand dieu     », qui serait celui de toute l’Humanité et auquel adhère le christianisme, terme qui dépasse largement la personne du Christ, lequel correspond à une approche certainement plus modeste qui aura fini par basculer dans l’emphase. Il est vrai que le dieu d’Israël avait été déjà bien avant  le temps de Jésus   victime de la même dérive quand on s’adresse à lui comme «    seigneur de l’univers      » (Olam) et la tendance actuelle du judaïsme semble bien être aussi celle de la «   démesure    » et de la surenchère, ce contre quoi nous nous battons…

 Avouons que nous avons du mal à accepter une dualité qui ferait d’Esaü –la Chrétienté-  le père d’un autre «       peuple         » que Jacob pas plus d’ailleurs, à la générations précédente le processus qui ferait d’Ismaël la matrice d’un autre peuple (les arabes) qu’Isaac ! ( cf  Jacqueline Chabbi, Le Coran décrypté. Figures bibliques en Arabie, Paris, Fayard, 2008, pp. 49 et seq, et Le Seigneur des tribus      ; L’Islam de Mahomet,  CNRS Editions 2010) En fait,  Esaû  est Adam(Edom  s’écrit avec les mêmes consonnes qu’Adam)  tout comme  Jacob  est Israël, d’où les deux formules : fils d’Adam  et fils d’Israël Les Israélites  auraient selon nous mis en scéne dans le livre de la Genése la «      chute      » d’Adam et c’est une erreur que de rendre Adam par «   Homme     »  alors qu’il incarne une certaine «       humanité      «       , celles des «      fils d’Adam      » à ne pas confondre avec celles des  «fils d’Israël       »      qui sont soumis aux premiers. Notons que déjà sous le régne de David, l’on distinguait nettement entre ces deux lignages       ; ce qui ne fit que se confirmer à la mort de Salomon.(cf Livre des Rois)

Le  chapitre  XXV de la Genése est à ce titre incontournable     quant aux versets 25  et  30    (avec le «     plat de lentilles): on  y trouve d’abord l’adjectif «        Admoni      », dérivé de Adom

כד וַיִּמְלְאוּ יָמֶיהָ, לָלֶדֶת; וְהִנֵּה תוֹמִם, בְּבִטְנָהּ. 24 L’époque de sa dיlivrance arrivיe, il se trouva qu’elle portait des jumeaux.
כה וַיֵּצֵא הָרִאשׁוֹן אַדְמוֹנִי, כֻּלּוֹ כְּאַדֶּרֶת שֵׂעָר; וַיִּקְרְאוּ שְׁמוֹ, עֵשָׂו. 25 Le premier qui sortit יtait roux (admoni) et tout son corps pareil א une pelisse; on lui donna le nom d’Eֹsau.
כו וְאַחֲרֵי-כֵן יָצָא אָחִיו, וְיָדוֹ אֹחֶזֶת בַּעֲקֵב עֵשָׂו, וַיִּקְרָא שְׁמוֹ, יַעֲקֹב; וְיִצְחָק בֶּן-שִׁשִּׁים שָׁנָה, בְּלֶדֶת אֹתָם. 26 Ensuite naquit son frère tenant de la main le talon d’ֹEsau et on le nomma Jacob. Isaac avait soixante ans lors de leur naissance.
כז וַיִּגְדְּלוּ, הַנְּעָרִים, וַיְהִי עֵשָׂו אִישׁ יֹדֵעַ צַיִד, אִישׁ שָׂדֶה; וְיַעֲקֹב אִישׁ תָּם, יֹשֵׁב אֹהָלִים. 27 Les enfants ayant grandi, ֹsa devint un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob, homme inoffensif, vיcut sous la tente.
כח וַיֶּאֱהַב יִצְחָק אֶת-עֵשָׂו, כִּי-צַיִד בְּפִיו; וְרִבְקָה, אֹהֶבֶת אֶת-יַעֲקֹב. 28 lsaac préférait Esau parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche;Rebecca préférait Jacob.
כט וַיָּזֶד יַעֲקֹב, נָזִיד; וַיָּבֹא עֵשָׂו מִן-הַשָּׂדֶה, וְהוּא עָיֵף. 29 Un jour Jacob faisait cuire un potage quand ֹEsau revint des champs, fatiguי.
ל וַיֹּאמֶר עֵשָׂו אֶל-יַעֲקֹב, הַלְעִיטֵנִי נָא מִן-הָאָדֹם הָאָדֹם הַזֶּה–כִּי עָיֵף, אָנֹכִי; עַל-כֵּן קָרָא-שְׁמוֹ, אֱדוֹם. 30 ֹEsai dit à Jacob: « Laisse-moi avaler, je te prie, de ce roug (Adom), de ce mets rouge (Adom), car je suis fatiguéי. » C’est א ce propos qu’on le nomma Eֹdom.

 

Selon nous, les fils d’Adam étaient roux et c’est ainsi qu’on les reconnaissait. Comment comprendre autrement la formule «     il était semblable  à  un fils d’Adam    » que l’on trouve souvent rendu par erreur comme «      fils d’homme     » ou pis encore  «       fils de l’homme     »    ?

 Et l’on pourrait retrouver ce même clivage entre Abel et son aîné Caïn – d’où la formule «        Suis- je le gardien de mon frère    ?      » (cf. l’interprétation qu’en donne l’Eglise Unificationniste Moon). Le Livre de l’Exode (ch. III) entérine cette lecture en présentant Yahvé à Moise  comme «      le dieu d’Abraham, Isaac et Jacob     » On se demandera toutefois s’il ne convient pas de voir dans ces fratries divisées une influence due à la sécession du Royaume du Nord par rapport à celui du Sud.  On s’inscrit ici dans une approche anthropologique du texte biblique(cf Jacqueline Chabbi. Les trois piliers de l’Islam       ; Lecture anthropologique du Coran, Paris, Seuil, 2018)

 Rappelons que Jacob prendra le nom d’Israël, qui est aussi le nom du Royaume du Nord et nous y voyons une interpolation d’autant que par la suite, bien plus tard,  Jacob, quand il bénira ses fils (à la fin  du Livre de la Genèse) ne reprendra pas le nom d’Israël. Ce Jacob qui ravira à Ésaü son droit d’ainesse, tout comme le Royaume d’Israël s’en prendra au Royaume de Judée et à sa prétendue suprématie royale, à la mort de Salomon. Quant à Ismaël, revendiqué par les Arabo-musulmans, c’est encore une fois l’aîné qui perd ses droits (cf  Claudine  Korall  « La famille de Jacob à l’épreuve du pouvoir «  in  Pardès 2006/1-2 (N° 40-41) , ce qui annonce, au demeurant, la thèse selon laquelle le peuple hébreu, aux dires des Chrétiens, aurait lui aussi, à l’instar d’Ismaël et  d’Esaü, dû laisser la place, d’où cette affirmation chrétienne d’être le «      Nouvel Israël    ».. Rappelons que dans le Coran, c’est Ismaël qui est promis au sacrifice et non Isaac      (cf. la fête de lAïd al Ada, plus connu sous l’appellation Aïd el Khébir), On pourrait se demander si les tenants du Royaume d’Israël n’auraient pas inventé Isaac pour détrôner Ismaël de sa «      primauté      » en recourant à une intervention miraculeuse, ressemblant à un Deus ex machina..

Or,  une autre explication du nom d’Isaac peut être proposée à la lumière du chapitre XXI du Livre de la Genèse       :  Ismaël «   grandit et fut sevré   . Le jour où (son frère) Isaac fut sevré, Abraham prépara un grand festin. Mais Sarah voyait que le fils d’Agar, l’Egyptienne, fils qu’elle avait donné à Abraham, se moquait d’Isaac. Elle dit  donc à Abraham «    Chasse cette esclave et son fils car le fils de cette esclave ne va pas hériter avec mon fils, avec Isaac. Mais cette parole déplut beaucoup à Abraham     »

Or, l’original hébreu comporte à la fois le nom de Yitshaq (Iod  Tsadé Heith Qoph) et la forme verbale (temps «     présent) «    metsaheq      » (Mem tsadé, Heith, Qoph) pour désigner la «       moquerie        », la ‘   »raillerie     » d’Ismaël à l’encontre d’Isaac (Yitshaq)

טוַתֵּרֶא שָׂרָה אֶת-בֶּן-הָגָר הַמִּצְרִית, אֲשֶׁר-יָלְדָה לְאַבְרָהָם–מְצַחֵק.

9 Sara vit le fils d’Agar l’Egyptienne, que celle-ci avait enfanté à Abraham, se livrer à des railleries                     »

 

On notera bien des traductions inexactes de ce passage, ce qui rend le cours des choses incompréhensibles      ; C’est ainsi que dans l’article de Wikipédia      ; l’on résume la scène de la sorte     : «     Alors qu’on fête le sevrage  d’Isaac, Sarah demande à Abraham de chasser Ismaël    » ou encore on se contente de rendre le passage par «      il jouait       » au lieu de «       il se moquait  », mais André Chouraqui rend bien l’hébreu    (La Bible, Desclée de Brouwer, 1989, p     . 46) «       Sara voit rire le fils qu’Agar avait enfanté à Abraham.  Elle dit à Abraham «     Répudie cette servante et son fils       »        . Rappelons que le sevrage correspond au moment où l’enfant ne reçoit plus le lait maternel (de nos jours autour de l’âge de six mois), ce qui peut indisposer le dit enfant

Selon nous, on a là un exemple de  la «      chute  » du premier né, phénomène ô combien récurrent dans le Pentateuque. Le «       crime   » d’Ismaël aura donc été le «        rire         », ce qui provoquera son départ, tout comme cela avait été notamment le cas pour Adam, «        chassé du paradis terrestre     » et le nom d’Isaac ne viendrait pas de l’effet de surprise de l’annonce d’une nouvelle naissance mais bien de la conduite malencontreuse de l’aîné alors qu’au départ, il était bien indiqué «     fils qu’elle avait donné à Abraham  » en parlant d’Ismaël, sans oublier le bannissement de l’aîné Caïn face à son cadet Abel qu’il aura tué. Mais trop c’est trop, et l’on est conduit à penser que le Pentateuque est porteur d’une idéologie visant  à détrôner l’aîné, le prétendant légitime. Or, l’on ne peut s’empêcher de se demander  si Satan ne serait pas de la partie pour faire chuter le personnage gênant, dont on convoite de prendre la place, tant le dit Satan semble la cause des erreurs, des fautes  fatales, et à commencer avec Adam et  le serpent. (Genèse III)

 

 

10 Adam à Yahweh                     :«                     J’ai entendu ta voix, dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu; et je me suis caché. « 
11 Et Yahweh Dieu dit:  » Qui t’a appris que tu es nu? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger? « 
12 L’homme répondit:  » La femme que vous avez mise avec moi m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé.  » Yahweh Dieu dit à la femme:
13  » Pourquoi as-tu fait cela?  » La femme répondit:  » Le serpent m’a trompée, et j’en ai mangé. »
14 Yahweh Dieu dit au serpent:  » Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux domestiques et toutes les bêtes des champs; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie.
15 Et je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité; celle-ci te meurtrira à la tête, et tu la meurtriras au talon.                     »

 

 La grande tentation des opprimés n’est-elle pas de conclure quelque alliance faustienne avec le diable      ? N’est-ce pas là toute l’ambigüité de ceux qui spéculent sur la chute d’autrui        ? Que dire ainsi de cette exégèse  du chapitre XV de la Gènes(cf.  le commentaire de  Moon) qui voudrait qu’Abraham aurait ainsi faite en «    ratant  » son sacrifice, – il avait omis de  partager les oiseaux- ce qui aurait conduit à l’errance de ses descendants dans le désert       C’est ainsi qu’Ismaël sera banni pour avoir «  ri                  
7 L’Eternel lui dit encore ( à Abraham): «Je suis l’Eternel qui t’ai fait sortir d’Ur en Chaldée pour te donner ce pays en possession.» 8 Abram répondit: «Seigneur Eternel, à quoi reconnaîtrai-je que je le posséderai?» 9 L’Eternel lui dit: «Prends une génisse de 3 ans, une chèvre de 3 ans, un bélier de 3 ans, une tourterelle et une jeune colombe.» 10 Abram prit tous ces animaux, les coupa par le milieu et mit chaque morceau l’un vis-à-vis de l’autre, mais il ne partagea pas les oiseaux.


11 Les oiseaux de proie s’abattirent sur les cadavres, mais Abram les chassa.
12 Au coucher du soleil, un profond sommeil tomba sur Abram, et voici qu’il fut assailli par la terreur et une grande obscurité.
13 L’Eternel dit à Abram: «Sache que *tes descendants seront étrangers dans un pays qui ne sera pas à eux. On les réduira en esclavage et on les opprimera pendant 400 ans.

 

Ceux d’en haut semblent constamment guettés  par ceux d’en bas pout la moindre faute, le plus petit faux pas- qu’ils pourraient commette. Autrement dit, Satan serait l’allié objectif de tous ceux qui souffrent de leur condition subalterne.

 

 

 Autrement dit, le Pentateuque serait porteur littéralement d’antijudaïsme et se révélera aisément instrumentalisable, le temps venu, par le christianisme. Dès lors, quelle attitude les Juifs doivent-ils adopter par rapport à un tel texte      élaboré, «   trafiqué     » par les scribes du Royaume du Nord et comment se fait-il  que le dit texte n’ait pas été par la suite, expurgé, débarrassé     de telles interpolations, dont la plus marquante concerne selon nous le rapport Ismaël/Israël    ? Il nous semble qu’un tel syncrétisme aura fini par ne plus être perceptible, en raison même d’une sacralisation de la lettre du texte- tout comme bien des clivages finissent par ne plus être identifiés comme tels (cf. tome III  sur les Centuries de Nostradamus, marquées par les guerres de religion) Croire que le Pentateuque est d’un seul tenant serait  dès lors  bien naïf. Au bout du compte, la question se pose   : les Juifs –c’est-à-dire descendants des Judéens- sont-ils les fils d’Israël (alias Jacob)  ou d’Ismaël      ? Ne pourrait-on envisager un renouveau de a critiqué biblique, autour de l’idée d’un remaniement du texte d’origine, le cas d’Ismaël attestant, selon nous, de l’existence, d’une mouture plus ancienne du Pentateuque, antérieure à son «     israélisation    »   ?

Ce qui vient singulièrement consolider notre thèse tient au rôle de la vielle de Samarie dans l’histoire de Jacob.

Genèse XXXIII, 20: A son retour (…) Jacob arriva sans encombre à la  ville de Sichem, dans le pays de Canaan et il installa son camp devant cette ville. (..) Il construisit un autel  qu’il appela El-Elohei-Israel

 

וַיַּצֶּב-שָׁם, מִזְבֵּחַ; וַיִּקְרָא-לוֹ–אֵל, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל.                      {ס}

 

C’est là la toute première mention du nom d’Israel – nom qui sera adopté par le Royaume du Nord – et cela précéde de peu  le chapitre XXXV, 10 dans lequel  jacob se voit attribuer ce même nom, celui du dit autel  :

 

וַיֹּאמֶר-לוֹ אֱלֹהִים, שִׁמְךָ יַעֲקֹב:                      לֹא-יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב, כִּי אִם-יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, יִשְׂרָאֵל.

10 Dieu lui dit: « Tu te nommes Jacob; mais ton nom, désormais, ne sera plus Jacob, ton nom sera Israël »; il lui donna ainsi le nom d’Israël »

 

Or, Sichem comme Bethel  sont des lieux  religieux marquants pour le Royaume d’Israël, Bethel se trouvant à l’extrémité sud du dit Royaume, à peu de distance de Jérusalem. Bethel est même le lieu du songe de l’Echelle  où  Jacob aurait reçu le surnom d’Israël.

Quant à la formule «      El-Elohei Israel     », elle n’est pas sans évoquer la forme «       Elohim     » (cf. dans le Shéma Israël,  la forme Elohéinou associée d’ailleurs syncrétiquement à la présence de Yahvé. Il apparait donc que l’on aura voulu unifier les deux cultes, celui d’Elohim et celui de Yahvé, celui du Royaume d’Israël et celui du Royaume de Juda, comme il ressort de la prière de l’Ecoute  Israël, quand on proclame l’unité Yahvé-Elohim      On notera que le nom d’Israël apparait avant l’épisode de l’Echelle de Jacob et donc ne s’explique pas du fait de sa lutte avec l’ange. En outre,  un passage du Livre du prophète Osée nous interpelle       au verset 5  du Chapitre  XII

La forme  «        Yissar   » – futur qui devient passé du fait du vav conversif qui le précéde- est la même que pour Israel alors que le nom même d’Israel n’est pas fourni en tant que tel Dans Genése XXXII, on  trouve «    sarita     », tu  as lutté.

ה וַיָּשַׂר אֶל-מַלְאָךְ וַיֻּכָל, בָּכָה וַיִּתְחַנֶּן-לוֹ; בֵּית-אֵל, יִמְצָאֶנּוּ, וְשָׁם, יְדַבֵּר עִמָּנוּ.

5 Il (Jacob) lutta (VaYissar) contre un ange et fut vainqueur, et celui-ci pleura et demanda grâce: il devait le retrouver à Béthel, et là, il parla en notre faveur.

 

On comparera ce passage  d’Osée  XII   avec Genèse XXXII

 

כח וַיֹּאמֶר אֵלָיו, מַה-שְּׁמֶךָ; וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב.

28 Il lui dit alors: « Quel est ton nom? » Il répondit: « Jacob. »

כט וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ–כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל:                      כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל.

29 Il reprit: « Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; car tu as jouté  lutté  avec Elohim   et des  humains  et tu es resté fort. »

 

On peut se demander si le passage du Livre de la Genèse n’aurait pas été repris du Livre d’Osée, selon la thèse que nous défendons, celle d’une influence des Livres Prophétiques, marqués par le schisme  entre Israël et Juda sur la rédaction de livres du Pentateuque.

On notera aussi que  si l’Exode est axé sur la Sortie d’Egypte, au sud de la Terre de Canaan, vers laquelle il faut monter, le livre de la Genèse, quant  à lui, correspond à une descente- une autre «      sortie     » depuis la Chaldée jusqu’à la dite terre, en passant par Harran.et d’ailleurs dans Exode III, Yahvé se réfère à ce qui est raconté dans la Genèse, instaurant ainsi un parallèle, la Sortie d’Egypte étant présentée en quelque sorte comme la réplique de celle  d’Ur (Genèse XI).

Genèse XII    1

«     Or l’Eternel avait dit à Abram : Sors de ton pays, et d’avec ta parenté, et de la maison de ton père, [et viens] au pays que je te montrerai.   »  le texte hébreu donne la forme Lekh Lekha, ce qui signifie «    pars»    , «     quitte littéralement «        va-t-en     !   »                    

Les patriarches sont marqués par le Nord et non par le Sud  et l’on peut penser que cela s’explique par une rédaction scripturaire liée au Royaume d’Israël     ; Ajoutons qu’aussi bien Isaac que Jacob seront conduits à remonter vers le Nord, en vue de trouver une épouse. (Genèse XXIV), ce qui renforce le tropisme septentrional.

Dès lors, comment aborder le texte du Pentateuque sans le relier aux enjeux plus tardifs faisant suite à la mort du roi Salomon      ? De la même façon (cf. notre tome III), il importera de mettre en perspective  les Centuries de Nostradamus, mort en 1566, avec la période plus tardive de la ligue et ce sont les événements les plus récents qui éclairent les plus anciens, du fait d’un processus d’antidatation.

On  en arrive ainsi à se demander si ce n’est pas un tel enjeu politique –ce qui correspond bel et bien à un schisme que l’on situe généralement autour de -928, soit au dixième siècle avant l’ère vulgaire – qui aurait conduit à l’idée de monothéisme, lequel ne ferait sens que du fait d’un déni de la réalité de ces deux dieux       ?   On aura considérablement  souligné l’importance de l’émergence du monothéisme. Selon nous, c’est bel et bien la reconnaissance de ce que notre Humanité doit à un certain dieu- Yahwé- qui est ici affirmée, ce qui est la base de ce que nous appelons pour notre part la deuxième théologie laquelle s’oppose à la première théologie, polythéiste. Et il est clair que ceux qui ne reconnaissent pas l’exclusivité d’ une telle alliance sont condamnés par le Décalogue. «    Tu n’aimeras point d’autres dieux que moi      »

On sait que toute affirmation unitaire(le «         Ehad     ») a pour corollaire la division tout comme une interdiction est révélatrice d’une pratique existante    Autrement dit, l’affirmation  unitaire ne ferait sens que par rapport à ce qu’il faut bien appeler un schisme et cela n’aurait qu’une portée théologique limitée à un enjeu politique, tout comme le messianisme prophétique se réduirait à l’attente d’une réunification, comme on peut l’observer avec Moon  et son Eglise de l’Unification, fondée en 1954 (à ne pas confondre avec le Président de la Corée du Sud) à propos de la Corée, le terme unification pouvant aussi bien revêtir une dimension politique que religieuse. On pense aussi, pour la France, au climat qui présida à l’Edit de Nantes de 1598 (cf.  notre tome III)  Il ne faudrait pas non plus oublier l’opposition à partir du XVIe siècle entre les gens du Nord, à majorité «     protestants     » – comme l’étaient les Hébreux du Royaume d’Ephraïm- et les gens du Sud, liés à Rome, nouvelle Jérusalem.

 On comprend que les tenants de la Trinité, aient été tentés

de se servir du Ehad du Shéma Israel, pour valider leur approche, à savoir que ce qui est divers est compatible avec l’idée d’unité. Or, nous avons montré qu’il s’agit là d’un empiétement du politique sur le théologique, à savoir les conflits entre les royaumes d’Israël et de Juda mais aussi le rôle de Cyrus le Perse pour ramener les Hébreux sur la terre dont ils avaient été arrachés quelque temps plus tôt, ce qui aura conduit à l’idée de Messie, d’un envoyé non  juif      , étranger, de Yahvé chargé de conduire le peuple hébreu, avec de façon emblématique une réécriture de la Sortie d’Egypte sous la guidance d’un Moïse, visiblement, à la lecture d’Exode III, censé  ne pas appartenir au dit peuple. On retrouve un tel scénario dans la saga «    Dune       » de Frank Herbert (cf. le film de David Lynch), quand Paul  Atreides (devenu  Muad dib) est chargé de libérer les «      Freemen     » , les habitants de la planète Dune, d’où est issu une précieuse épice  En fait,  le cas de Cyrus ressemble singulièrement à celui de Moïse et il est tout à fait concevable que le récit de l’Exode sur la Sortie d’Egypte et  le «       retour    » en Canaan ait été calqué sur le retour de l’exil de Babylone, lui-même ayant fait l’objet de prophéties.  On trouve dans le Livre d’Osée , au chapitre IX des références à la Sortie d’Egypte qui nous interpellent                    

 

01 Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance, et, pour le faire sortir d’Égypte, j’ai appelé mon fils.

Que faut-il comprendre       : que Moïse, l’envoyé de Yahvé  est son fils  ou bien que Yahvé aimait appeler Israël son fils     ? Nous penchons pour la seconde leçon                     :

 

: Yahvé désigne ici  selon nous  Israël mais aussi Ephraïm – une autre façon de désigner le Royaume du      Nord-  comme «    mon fils      »  Le texte hébreu  comporte une lacune                     ; קראתי לו בני,

 

Chapitre XII

 

א כִּי נַעַר יִשְׂרָאֵל, וָאֹהֲבֵהוּ; וּמִמִּצְרַיִם, קָרָאתִי לִבְנִי.

1 Quand Israël était jeune, je l’avais pris en affection; du fond de l’Egypte je l’ai appelé mon fils.  (Qarati (lo) Lebni)

ב קָרְאוּ, לָהֶם; כֵּן, הָלְכוּ מִפְּנֵיהֶם–לַבְּעָלִים יְזַבֵּחוּ, וְלַפְּסִלִים יְקַטֵּרוּן.

2 [D'autres] les ont appelés: aussitôt ils sont allés à eux, sacrifiant aux Baals, offrant de l’encens aux idoles.

ג וְאָנֹכִי תִרְגַּלְתִּי לְאֶפְרַיִם, קָחָם עַל-זְרוֹעֹתָיו; וְלֹא יָדְעוּ, כִּי רְפָאתִים.

3 Pourtant, c’est moi qui ai dirigé les pas d’Ephraïm. Je les ai pris sur les bras! Mais ils n’ont pas voulu savoir que je leur apportais la guérison.

 

Soulignions  que l’adoration des idoles fabriquées par l’homme n’’est nullement du même ordre que celles des astres ou même d’autres divinitésne relevant pas de la création par l’homme. Le chapitre VIII du prophéte Osée nous semble particulièrement éclairant à ce propos   tout comme le rapport d’Abraham  avec les idoles                     :

Osée, chapitre V III  s’adressant aux gens du Royaume d’Israël

ה זָנַח עֶגְלֵךְ שֹׁמְרוֹן, חָרָה אַפִּי בָּם; עַד-מָתַי, לֹא יוּכְלוּ נִקָּיֹן.

5 Ton veau (Eguelkha), ô Samarie, a cédé la place, ma colère s’est allumée contre eux: jusqu’à quand seront-ils incapables de pureté?

ו כִּי מִיִּשְׂרָאֵל, וְהוּא–חָרָשׁ עָשָׂהוּ, וְלֹא אֱלֹהִים הוּא:                      כִּי-שְׁבָבִים יִהְיֶה, עֵגֶל שֹׁמְרוֹן.

6 Il est bien l’œuvre d’Israël; un artisan l’a confectionné (Assahou), et il n’est pas un dieu (Elohim) certes, le veau (Eguel) de Samarie sera réduit en menus morceaux.

On pense aussi au Veau d’Or  du Livre de l’Exode, œuvre des scribes du Royaum d’Israel, culte qui apparait comme la tentation récurrente de la maison d’Israël

 

Abraham  et les idoles                     :

Midrash Bereshit Rabba 38:19
«                     Une femme vint un jour, avec un panier de farine. Elle dit: « Voici pour tes dieux. »Abraham prit un bâton, et fracassa toutes les idoles, à l’exception de la plus grande, dans la main de laquelle il mit le bâton.
Son père revint et demanda ce qui s’était passé. [Abraham] répondit: « Cacherais-je quoi que ce fût à mon père                     ? Une femme est venue avec un panier de farine et m’a demandé de les donner à ces dieux. » Lorsque je l’ai offerte, un dieu a dit       : »Moi d’abord       ! », un autre « Non, moi d’abord      ! » Alors, le plus grand s’est levé et a brisé toutes les autres.
[Son père] lui dit       : « Te moques-tu de moi      ? Comment pourraient-elles faire quoi que ce soit                     ? »

 

Mais une autre question se pose, à savoir l’hypothèse d’une appropriation  de la Sortie d’Egypte par le royaume d’Israël, d’où dans le Livre de l’Exode la formule récurrente des «          fils d’Israel        » (Beney Israel) et l’épisode du Veau d’Or va  dans ce sens. «       Le roi fondateur du royaume d’Israël, Jéroboam Ier, après le schisme politique qu’il a provoqué,  avait fait ériger à Dan et Béthel, aux deux extrémités de son nouveau royaume, des veaux d’or en tant que symboles de Dieu      » (Wikipedia)  Rappelons  la formule du préambule du Décalogue   qu’il faut comprendre  comme rédigé à l’adresse du Royaume d’Israël       et toute la mission de Jésus aura consisté, selon nous, à obtenir  un tel pardon de la part de ce Dieu vindicatif     , traitant différemment les deux Royaumes d’où l’émergence d’une protestation qui débouchera sur le christianisme, à savoir le passage d’un Dieu créateur et à un homme créateur, soit la transition de la Deuxiéme vers la Troisiéme Création, laquelle est manifestée dès le deuxiéme chapitre du Livre de la Genése.

5                     Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,

6                     et qui fais miséricorde jusqu’en mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

7                     Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.

 

 Selon nous, les rédacteurs à la solde du Royaume d’Ephraïm –Israël  voulurent  mettre en place  un récit  consacré  aux «       Israélites     »,  précédant celui concernant les Judéens,  rendus à leur terre par Cyrus     !  Signalons qu’il est probable qu’au temps présumé de la Sortie d’Egypte, la Palestine aurait été controlée par l’Egypte, ce qui aurait rendu l’entreprise assez vaine     !

                     Notons que dans Exode III, Episode du Buisson Ardent, Jacob n’est pas désigné sous le nom d’Israël alors même qu’il est dit «     Parle aux enfants d’Israël                     ». En revanche, on trouve la formule «    Elohei Israël     » dans le Deutéro Isaïe                     :

 

Exode III

טו וַיֹּאמֶר עוֹד אֱלֹהִים אֶל-מֹשֶׁה, כֹּה-תֹאמַר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב, שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם; זֶה-שְּׁמִי לְעֹלָם, וְזֶה זִכְרִי לְדֹר דֹּר.

15 Dieu dit encore à Moïse: « Parle ainsi aux enfants d’Israël (sic): ‘Yahwé, le Dieu (Elohei) de vos pères, le Dieu (Elohei) d’Abraham, Elohei d’Isaac et Elohei

 de Jacob, m’envoie vers vous.’ Tel est mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges.

 

Isaie  XLV

 

א כֹּה-אָמַר יְהוָה, לִמְשִׁיחוֹ לְכוֹרֶשׁ אֲשֶׁר-הֶחֱזַקְתִּי בִימִינוֹ לְרַד-לְפָנָיו גּוֹיִם, וּמָתְנֵי מְלָכִים, אֲפַתֵּחַ–לִפְתֹּחַ לְפָנָיו דְּלָתַיִם, וּשְׁעָרִים לֹא יִסָּגֵרוּ.

1 Ainsi parle l’Eternel à son Oint, à Cyrus je l’ai pris par la main pour mettre les nations à ses pieds et délier les ceintures des rois, pour ouvrir devant lui les battants et empêcher que les portes lui soient fermées :

ג וְנָתַתִּי לְךָ אוֹצְרוֹת חֹשֶׁךְ, וּמַטְמֻנֵי מִסְתָּרִים:                      לְמַעַן תֵּדַע, כִּי-אֲנִי יְהוָה הַקּוֹרֵא בְשִׁמְךָ–אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל.

3 Je te donnerai des trésors enfouis dans les ténèbres, des richesses cachées dans des lieux secrets, pour que tu saches que je suis Yahwé, le Dieu d’Israël (Elohei Israel), qui t’appelle par ton nom.

 

Au début du livre d’Esdras (chapitre I),  il  est clair que la cible de Cyrus est bien  Jérusalem et les Judéens (si ce n’est la présence tout à fait  incongrue de la référence au Dieu d’Israël, c’est-à-dire de Jacob, le royaume perdu du Nord,  au troisième verset                 

 

La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s’accomplît la parole de l’Éternel prononcée par la bouche de Jérémie, l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume:

2

Ainsi parle Cyrus, roi des Perses: L’Éternel, le Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la terre, et il m’a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda.

3

Qui d’entre vous est de son peuple? Que son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem en Juda et bâtisse la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël! C’est le Dieu qui est à Jérusalem.

4

Dans tout lieu où séjournent des restes du peuple de l’Éternel, les gens du lieu leur donneront de l’argent, de l’or, des effets, et du bétail, avec des offrandes volontaires pour la maison de Dieu qui est à Jérusalem.

5

Les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les sacrificateurs et les Lévites, tous ceux dont Dieu réveilla l’esprit, se levèrent pour aller bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem.

En fait, selon nous,  les tribus  du Royaume d’Israël étant soumises à la maison de David  ne comportaient pas des Hébreux mais des populations asservies, colonisées et éventuellement judaisées, supportant mal un tel  joug de la part de la «    maison de David         », au sein d’un empire pluriethnique. On  sait  que cela fut le cas de différents peuples  placés dans un état de dépendance, tributaires par rapport à un ensemble plus puissant.  A  certaines époques,  Edom  fut  vassal de Juda, Moab  fut vassal d’Israël  etc

                     En fait, selon nous, David   est  étranger aux dites populations et c’est d’ailleurs une condition nécessaire pour qu’il puise les guider, comme ce fut le cas d’un Joseph en Egypte, par la grâce du Pharaon  ou d’un Cyrus . Fondamentalement,  le chef   est censé être  (un) étranger au groupe qu’il va conduire, le terme étranger devant être prise au sens le plus large, à savoir éventuellement issu d’une autre classe, d’une autre caste ‘(cf notre tome II) En ce sens, l’alliance de Dieu ne peut exister qu’avec des individus et non avec un peuple

טו וַיֹּאמֶר עוֹד אֱלֹהִים אֶל-מֹשֶׁה, כֹּה-תֹאמַר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב, שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם; זֶה-שְּׁמִי לְעֹלָם, וְזֶה זִכְרִי לְדֹר דֹּר.

15 Elohim dit encore à Moïse: « Parle ainsi aux enfants d’Israël: ‘Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’envoie vers vous.’ Tel est mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges.

 

Le terme «   maison de David    » traite d’une question de dynastie     : on a d’un côté un peuple, relevant de la Troisiéme Création et  de l’autre, une famille de chefs,  relevant de la Deuxiéme Création, dont la mission est d’encadrer et de conduire  les peuples. L’on comprend que lors du Schisme, la masse du peuple se soit séparée de la maison de David. Mais dans l’Evangile de Mathieu, en son premier chapitre, la généalogie de Jésus est une série de personnage, ce qui nous montre la dimension individuelle des chefs, d’où le nombre de noms propres au début du Livre de la Genése.

Genése  chapitre  V

ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.

3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.

 

 

ו וַיְחִי-שֵׁת, חָמֵשׁ שָׁנִים וּמְאַת שָׁנָה; וַיּוֹלֶד, אֶת-אֱנוֹשׁ.

6 Seth, ayant vécu cent cinq ans, engendra ةnos.

ז וַיְחִי-שֵׁת, אַחֲרֵי הוֹלִידוֹ אֶת-אֱנוֹשׁ, שֶׁבַע שָׁנִים, וּשְׁמֹנֶה מֵאוֹת שָׁנָה; וַיּוֹלֶד בָּנִים, וּבָנוֹת.

7 Après avoir engendré ةnos, Seth vécut huit cent sept ans, engendrant des fils et des filles.

ח וַיִּהְיוּ, כָּל-יְמֵי-שֵׁת, שְׁתֵּים עֶשְׂרֵה שָׁנָה, וּתְשַׁע מֵאוֹת שָׁנָה; וַיָּמֹת.                      {ס}

8 Tous les jours de Seth furent de neuf cent douze ans, après quoi il mourut.

ט וַיְחִי אֱנוֹשׁ, תִּשְׁעִים שָׁנָה; וַיּוֹלֶד, אֶת-קֵינָן.

9 ةnos vécut quatre-vingt-dix ans, et engendra Kênân

 

 

Evangile  de JC selon Mathieu, Chapitre I

 

01 GENEALOGIE DE JESUS, CHRIST, fils de David, fils d’Abraham.

02 Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères,

03 Juda, de son union avec Thamar, engendra Pharès et Zara, Pharès engendra Esrom, Esrom engendra Aram,

04 Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassone engendra Salmone,

05 Salmone, de son union avec Rahab, engendra Booz, Booz, de son union avec Ruth, engendra Jobed, Jobed engendra Jessé,

06 Jessé engendra le roi David. David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon,  etc

 

II  Rois  XVII

וַיִּמְאַס יְהוָה בְּכָל-זֶרַע יִשְׂרָאֵל, וַיְעַנֵּם, וַיִּתְּנֵם, בְּיַד-שֹׁסִים–עַד אֲשֶׁר הִשְׁלִיכָם, מִפָּנָיו.

20 Voilà pourquoi Dieu rejeta toute la race d’Israël, qu’il rendit malheureuse et livra au pouvoir des pillards; il alla même jusqu’à les chasser de devant lui.

כא כִּי-קָרַע יִשְׂרָאֵל, מֵעַל בֵּית דָּוִד, וַיַּמְלִיכוּ, אֶת-יָרָבְעָם בֶּן-נְבָט; וידא (וַיַּדַּח) יָרָבְעָם אֶת-יִשְׂרָאֵל מֵאַחֲרֵי יְהוָה, וְהֶחֱטִיאָם חֲטָאָה גְדוֹלָה.

21 C’est qu’Israël avait déchiré le pacte qui l’unissait à la maison de David et pris pour roi Jéroboam, fils de Nebat. Celui-ci avait éloigné Israël de  Yahwé et lui avait fait commettre de grands péchés.

 

Allons plus loin, Il semble bien que le christianisme soit lié au Royaume d’Israël et que les Chrétiens se retrouvèrent peu ou prou dans la même situation, des siècles plus tard.  Dans l’Evangile de Luc (I, 33)     », qui nous semble le plus vraisemblable, il est dit que Jésus «     régnera sur la maison de Jacob      » c’est-à-dire celle qui  s’oppose à la maison de Juda.

Mathieu  XV, 24

 Jésus «      répondit: Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël                     »

 Jésus réunit  sur sa personne pas moins de trois messianismes , celui  virtuel de l’attente  du Messie fils de Joseph et du Messie fils de David  mais aussi celui bien réel  de l’intervention providentielle  de Cyrus ce qui générera l’histoire de Moïse, ce qui annihile les deux autres messianismes.

Isaïe 45, 1-4 ; 8

 

א כֹּה-אָמַר יְהוָה, לִמְשִׁיחוֹ לְכוֹרֶשׁ אֲשֶׁר-הֶחֱזַקְתִּי בִימִינוֹ לְרַד-לְפָנָיו גּוֹיִם, וּמָתְנֵי מְלָכִים, אֲפַתֵּחַ–לִפְתֹּחַ לְפָנָיו דְּלָתַיִם, וּשְׁעָרִים לֹא יִסָּגֵרוּ.

1 Ainsi parle Yahvé à son Messie, à Cyrus je l’ai pris par la main pour mettre les nations à ses pieds et délier les ceintures des rois, pour ouvrir devant lui les battants et empêcher que les portes lui soient fermées

 

On note que Moïse  dans Exode III   n’est pas présenté comme un Hébreu, pas plus que ne l’est  le roi de Perse Cyrus ou Joseph       et quant à Jésus, sa dimension divine, déjà attestée dans Mathieu I,  le place  en marge  du peuple  juif, ce qui  le fait correspondre virtuellement au modèle «     Cyrus        ».

 

 

Mais  pourquoi le Deutéro-Isaïe, en son chapitre 45,  où il est question du roi de Perse qui va reconduire les Judéens dans leur «   patrie     » fait-il référence à Israël     ? Il  y a là quelque forme d’anachronisme et on flaire une interpolation. Selon nous, ce serait la preuve que  les Livres Prophétiques auraient été  retouchés au profit du Royaume du Nord ou en tout cas  cela vaut pour les additions au Livre d’Isaïe à partir du chapitre 40.  En fait, tout indique que le Deutéro Isaie  est marqué par  le Royaume d’Ephraïm (un des fils de Joseph) et non par celui de Juda . Le Deutéro Isaie   met en orbite, selon nous, le «      Messie fils de Joseph     » et Jésus semble avoir voulu correspondre à un tel profil lié à la résurgence des «      tribus (brebis) perdues   »

Le Deutéro-Isaie –qui  vient se greffer sur les 39 premiers chapitres du Livre d’Isaie – comme le       Nouveau Testament sur le «       Premier     »-  nous apparait comme une clef essentielle pour circonscrire le personnage de Jésus.

Il  y est question de «     ramener Jacob et grouper Israël autour de lui (..) relever les tribus de Jacob et rétablir les ruines d’Israel     »  On devine que celui qui aura pour tâche de mener à bien une telle mission est un Messie/ Il s’agit de «      libérer Israël                     ».

Isaie  chapitre 49

 

ג וַיֹּאמֶר לִי, עַבְדִּי-אָתָּה–יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר-בְּךָ אֶתְפָּאָר.

3 Et il m’a dit: « Tu es mon serviteur; Israël, c’est par toi que je me couvre de gloire. »

ד וַאֲנִי אָמַרְתִּי לְרִיק יָגַעְתִּי, לְתֹהוּ וְהֶבֶל כֹּחִי כִלֵּיתִי; אָכֵן מִשְׁפָּטִי אֶת-יְהוָה, וּפְעֻלָּתִי אֶת-אֱלֹהָי.                      {ס}

4 Cependant moi je pensais: « En vain je me suis fatigué, c’est pour le vide et le néant que j’ai dépensé ma force. » Mais non, mon droit est auprès de l’Eternel, et ma récompense auprès de mon Dieu.(Elohay)

ה וְעַתָּה אָמַר יְהוָה, יוֹצְרִי מִבֶּטֶן לְעֶבֶד לוֹ, לְשׁוֹבֵב יַעֲקֹב אֵלָיו, וְיִשְׂרָאֵל לא (לוֹ) יֵאָסֵף; וְאֶכָּבֵד בְּעֵינֵי יְהוָה, וֵאלֹהַי הָיָה עֻזִּי.

5 Et maintenant, s’adressant à moi, l’Eternel qui m’a créé pour être son serviteur, pour lui ramener Jacob et grouper Israël autour de lui car grand est mon prix aux yeux de Yahwé et mon Dieu  (Elohei) est ma force,

ו וַיֹּאמֶר, נָקֵל מִהְיוֹתְךָ לִי עֶבֶד, לְהָקִים אֶת-שִׁבְטֵי יַעֲקֹב, ונצירי (וּנְצוּרֵי) יִשְׂרָאֵל לְהָשִׁיב; וּנְתַתִּיךָ לְאוֹר גּוֹיִם, לִהְיוֹת יְשׁוּעָתִי עַד-קְצֵה הָאָרֶץ.                      {ס}

6 (Yahwé) me dit: « C’est trop peu que tu sois mon serviteur, pour relever les tribus de Jacob et rétablir les ruines d’Israël; je veux faire de toi la lumière des nations, mon instrument de salut jusqu’aux confins de la terre. »

ז כֹּה אָמַר-יְהוָה גֹּאֵל יִשְׂרָאֵל קְדוֹשׁוֹ, לִבְזֹה-נֶפֶשׁ לִמְתָעֵב גּוֹי לְעֶבֶד מֹשְׁלִים, מְלָכִים יִרְאוּ וָקָמוּ, שָׂרִים וְיִשְׁתַּחֲווּ–לְמַעַן יְהוָה אֲשֶׁר נֶאֱמָן, קְדֹשׁ יִשְׂרָאֵל וַיִּבְחָרֶךָּ.                      {ס}

7 Ainsi parle Yahwé, le libérateur d’Israël, son Saint, à celui qui est un objet de mépris pour les hommes, de répulsion pour les peuples, à l’esclave des puissants: « Des rois, en le voyant, se lèveront, des princes se prosterneront, par égard pour Yahwé qui est fidèle à ses promesses, du Saint d’Israël qui t’a élu. »

 

 . En ce sens l’empire britannique  ferait pendant pour la maison d’Israel à l’empire perse pour les Judéens. En ce qu’il ramène les  Hébreux  -cf  la Déclaration Balgour comparable à l’édit de Cyrus- vers leur Terre à l’instar d’un Cyrus et de son calque Moïse.

Le Deutéro Isaie est à relier au Deutéronome tout comme au Nouveau Testament, qui ne  serait  en fait qu’un Deutéro-Testament.

N’est ce point  dans le Deutéronome que l’on trouve la formule «     Shéma Israel                     » au chapitre VI.                     ?

 

Deutéro Isaie  ch 41

ח וְאַתָּה יִשְׂרָאֵל עַבְדִּי, יַעֲקֹב אֲשֶׁר בְּחַרְתִּיךָ; זֶרַע, אַבְרָהָם אֹהֲבִי.

8 Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob, mon élu, postérité d’Abraham qui m’aimait,

Deutéronome  VI

ג וְשָׁמַעְתָּ יִשְׂרָאֵל, וְשָׁמַרְתָּ לַעֲשׂוֹת, אֲשֶׁר יִיטַב לְךָ, וַאֲשֶׁר תִּרְבּוּן מְאֹד:                      כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֶיךָ, לָךְ–אֶרֶץ זָבַת חָלָב, וּדְבָשׁ.                      {פ}

3 Tu écouteras( Veshemata) donc, Israël, et tu observeras avec soin, afin de prospérer et de multiplier sans mesure, ainsi que l’Éternel, Dieu de tes pères, te l’a promis, dans ce pays ruisselant de lait et de miel.

ד שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל:                      יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד.

4 Ecoute, Israël: (Shéma Israel) l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un (Ehad)!

 

Cette affirmation d’unité  vise selon nous à valider l’idée que le Dieu de Juda ne ferait qu’un avec celui d’Israël, ce qui annonce les revendications chrétiennes de l’Epitre de Paul  aux Ephésiens. En vérité, on ne trouve point dans les 39 premiers chapitres d’Isaïe de telles références à Israël     et c’est d’ailleurs, ce qui a conduit les historiens à parler d’un Deutéro-Isaïe. La question de l’alliance se pose donc à la fois au niveau diachronique –par le biais de la Nouvelle Alliance – mais aussi au niveau synchronique quant aux populations qui sont concernées. Or, selon nous, les populations d’Israël n’ont pas le même statut  que celles de Juda lesquelles ont été sauvées à la différence de celles d’Israël.

 

Mais revenons sur l’occurrence du  Livre de la Genèse, où Jacob  devient Israël

 

כח וַיֹּאמֶר אֵלָיו, מַה-שְּׁמֶךָ; וַיֹּאמֶר, יַעֲקֹב.

28 Il lui dit alors: « Quel est ton nom? » Il répondit: « Jacob. »

כט וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ–כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל:                      כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל.

29 Il reprit: « Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines et tu es resté fort. »

 

Or, l’on nous explique que ce surnom   est donné à Jacob  parce qu’il est «   resté fort     ». Le nom même d’Israël  correspond à une racine fort peu usitée. A contrario, le nom du prophète Ezéchiel   est constitué  du mot      » Hazak      » חזק qui signifie «   fort  » et de EL, Dieu. D’où  Iehezkiel, יְחֶזְקֵאל ; Or, le Livre d’Ezéchiel  annonce la restauration d’Israël

Chapitre XI d’Ezéchiel                     :

 

Ezéchiel

 

Ch. XXXVI

 

א וְאַתָּה בֶן-אָדָם, הִנָּבֵא אֶל-הָרֵי יִשְׂרָאֵל; וְאָמַרְתָּ–הָרֵי יִשְׂרָאֵל, שִׁמְעוּ דְּבַר-יְהוָה.

1 Or toi, fils de l’homme, prophétise sur les montagnes d’Israël (Harey  Israel) et dis-leur: Montagnes d’Israël, écoutez la parole de l’Eternel!

 

On retrouve ici le pluriel du  «     Shéma Israël       », Ecoute Israël. En fait, le personnage d’Ezéchiel  est missionné pour mettre en garde les gens du Royaume d’Israël  Un autre prophète porte le nom de «       El      », c’est Daniel., ce qui n’est le cas ni d’Isaïe, ni de Jérémie qui comportent  «      Iahou      » (Yahwé)

 

 Ch. XXXVII

 

יא וַיֹּאמֶר, אֵלַי, בֶּן-אָדָם, הָעֲצָמוֹת הָאֵלֶּה כָּל-בֵּית יִשְׂרָאֵל.

11 Alors il (Yahvé) me dit: « Fils de l’homme, (Ben Adam) ces ossements, c’est toute la maison d’Israël (Beyt Israël).

 

Or, on trouve des similitudes entre les deux livres, notamment à propos des «                     Hayoth    » au chapitre VII de Daniel (en araméen)       : on note que dans certaines bibles (cf.  Société Biblique de Genève), le livre de Daniel suit immédiatement celui d’Ezéchiel.

ג וְאַרְבַּע חֵיוָן רַבְרְבָן, סָלְקָן מִן-יַמָּא, שָׁנְיָן, דָּא מִן-דָּא.

3 Et quatre bêtes énormes surgirent du fond de la mer, différentes l’une de l’autre.

ד קַדְמָיְתָא כְאַרְיֵה, וְגַפִּין דִּי-נְשַׁר לַהּ; חָזֵה הֲוֵית עַד דִּי-מְּרִיטוּ גפיה (גַפַּהּ) וּנְטִילַת מִן-אַרְעָא, וְעַל-רַגְלַיִן כֶּאֱנָשׁ הֳקִימַת, וּלְבַב אֱנָשׁ, יְהִיב לַהּ.

4 La première était semblable à un lion (Arié) et avait des ailes d’aigle (Nésher); tandis que je regardais, les ailes lui furent arrachées, elle fut soulevée de terre, redressée sur ses pieds comme un homme (Enash), et elle reçut un cœur d’homme.

 

Ezéchiel  Ch. Ier

 

וּדְמוּת פְּנֵיהֶם, פְּנֵי אָדָם, וּפְנֵי אַרְיֵה אֶל-הַיָּמִין לְאַרְבַּעְתָּם, וּפְנֵי-שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאול לְאַרְבַּעְתָּן; וּפְנֵי-נֶשֶׁר, לְאַרְבַּעְתָּן.

10 Quant à la forme de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d’homme (Adam) et à droite une face de lion (Arié), toutes quatre une face de taureau (Shor) à gauche et toutes quatre une face d’aigle (nésher)

 

On est là dans un processus d’antidatation  que nous avons bien étudié à propos des Centuries de Nostradamus (cf. . tome III) En effet, Cyrus le Perse, est envoyé vers le peuple hébreu à l’instar de Moïse l’Egyptien et il sera salué en tant que Messie

 En effet, le statut particulier de Moise ne s’explique pas autrement     qu’en revenant à la source non pas en amont mais en aval       ! En fait, il est plus que probable que le personnage ait été calqué sur celui de Cyrus tout comme d’ailleurs celui de Jésus. A partir d’une matrice, l’on met ainsi en scène à la fois en amont et en aval  des personnages  de sauveurs qui ne sont en réalité  que des calques virtuels ce qui produit un tissu  historique fictif à l’instar de quelque sculpture élaborée à partir  de quelque  matériau.

 

 

 

Dieu à Moise   Exode III

 

י וְעַתָּה לְכָה, וְאֶשְׁלָחֲךָ אֶל-פַּרְעֹה; וְהוֹצֵא אֶת-עַמִּי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם.

10 Et maintenant va, je te délègue vers Pharaon; et fais que mon peuple (et Ami), les enfants d’Israël, sortent de l’Égypte. »

Il ne dit pas «                     ton peuple                     » mais «                     mon peuple                     », même s’il y eut des interpolations pour  estomper  ce point problématique                     :

Dieu à Cyrus                     :

Isaïe  ch.  45

ד לְמַעַן עַבְדִּי יַעֲקֹב, וְיִשְׂרָאֵל בְּחִירִי; וָאֶקְרָא לְךָ בִּשְׁמֶךָ, אֲכַנְּךָ וְלֹא יְדַעְתָּנִי.

4 C’est en faveur de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu (Behiri), que je t’ai appelé par ton nom, que je t’ai décerné un titre, bien que tu ne me connusses pas

 

Cette alliance (Brit), c’est celle qui se noue avec Dieu mais aussi entre ces deux communautés longtemps séparées.  D’où la parabole des «     bois     »                     :

Jérémie  ch. 50, 12 «        En ces jours, en ce temps-là, dit l’Eternel, les enfants d’Israël et les enfants de Juda reviendront ensemble       ; ils marcheront en pleurant, et ils chercheront l’Eternel, leur Dieu. Ils s’informeront du chemin de Sion, ils tourneront vers elle leurs regards, venez, attachez-vous à l’Eternel, par une alliance éternelle qui ne soit jamais oubliée     !    »  Ici le mot ‘alliance   » désigne la réunion d’Israël et de Juda et non celle entre les Hébreux et leur dieu

 

Ezéchiel  ch. XXXVII, 16-21: «       Et toi, fils de l’homme ( Ben Adam), prends une pièce de bois, et écris dessus        : Pour Juda et pour les enfants d’Israël qui lui sont associés. Prends une autre pièce de bois, et écris dessus       : Pour Joseph, bois d’Ephraïm et de toute la maison d’Israël qui lui est associée. Rapproche-les l’une et l’autre pour en former une seule pièce, en sorte qu’elles soient unies dans ta main      ; Et lorsque les enfants de ton peuple te diront       : Ne nous expliqueras-tu pas ce que cela signifie     ? Réponds-leur    : Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel       : Voici, je prendrai le bois de Joseph qui est dans la main d’Ephraïm, et les tribus d’Israël qui lui sont associées      ; je les joindrai au bois de Juda, et j’en formerai un seul bois, en sorte qu’ils ne soient qu’un dans ma main… Et tu leur diras     Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel      : Voici, je prendrai les enfants d’Israël du milieu des nations où ils sont allés, je les rassemblerai de toutes parts, et je les ramènerai dans leur pays                     ».

 

On note que le terme «      enfants d’Israël   » (Benéi Israel) n’englobe pas les enfants de Juda (Benei yehouda     » dans le Livre de l’Exode.

 

 Jérémie XXXII, 30 :

כִּי-הָיוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל וּבְנֵי יְהוּדָה, אַךְ עֹשִׂים הָרַע בְּעֵינַי–מִנְּעֻרֹתֵיהֶם:                      כִּי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אַךְ מַכְעִסִים אֹתִי בְּמַעֲשֵׂה יְדֵיהֶם–נְאֻם-יְהוָה.

30 Car les enfants d’Israël et les enfants de Juda se sont plu, depuis leur jeune âge, à faire ce qui est mal à mes yeux; les enfants d’Israël n’ont su que m’offenser par l’œuvre de leurs mains, dit l’Eternel.

 

 

Livre des Juges ch. XIII

א וַיֹּסִיפוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לַעֲשׂוֹת הָרַע בְּעֵינֵי יְהוָה; וַיִּתְּנֵם יְהוָה בְּיַד-פְּלִשְׁתִּים, אַרְבָּעִים שָׁנָה.                      {פ}

1 Les enfants d’Israël recommencèrent à déplaire au Seigneur, et celui-ci les soumit aux Philistins durant quarante années.

 

Ezéchiel  Ch.                      22

כב וְעָשִׂיתִי אֹתָם לְגוֹי אֶחָד בָּאָרֶץ, בְּהָרֵי יִשְׂרָאֵל, וּמֶלֶךְ אֶחָד יִהְיֶה לְכֻלָּם, לְמֶלֶךְ; וְלֹא יהיה- (יִהְיוּ-) עוֹד לִשְׁנֵי גוֹיִם, וְלֹא יֵחָצוּ עוֹד לִשְׁתֵּי מַמְלָכוֹת עוֹד.

Je les constituerai en nation unie (Ehad) dans le pays, sur les montagnes d’Israël; un seul (Ehad) roi sera le roi d’eux tous: ils ne formeront plus deux (Shnéi) peuples  et ils ne seront plus, plus jamais, fractionnés en deux (Shnéi) royaumes.

A rapprocher de la formule du «                     Shéma                     »

Shemâ, Israël, Adonaï Elo-henou, Ado-naï Ehad’

שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד

 

il y a en contrepartie le rejet du 2 (shéni)   : on ne parlera plus, à l’avenir, de  deux peuples, de deux royaumes.  D’ailleurs, le Livre des Rois restitue aussi bien la série des rois d’Israel que celle des rois de Judah, notamment à patir du chapitre XIII. Il est vrai que cette rédaction se produit avec un décalage considérable dans le temps, puisqu’elle ne se serait opéré que durant l’exil de Babylone au Vie siècle avant JC, bien après la disparition du Royaume d’Israël. On se sert d’annales (Sefer Divrai Hayamim leMalkhey Israel):

Livre des Rois, I,  chapitre XXII

לט וְיֶתֶר דִּבְרֵי אַחְאָב וְכָל-אֲשֶׁר עָשָׂה, וּבֵית הַשֵּׁן אֲשֶׁר בָּנָה, וְכָל-הֶעָרִים, אֲשֶׁר בָּנָה:                      הֲלוֹא-הֵם כְּתוּבִים, עַל-סֵפֶר דִּבְרֵי הַיָּמִים–לְמַלְכֵי יִשְׂרָאֵל.

39 Le reste de l’histoire d’Achab et tous les faits accomplis par lui, la construction du palais d’ivoire et des villes qu’il avait bâties, tout cela est consigné dans les annales des rois d’Israël.

 

On note que le Shéma  n’évoque même pas expressément  cette dualité qui doit se changer en unité, ce qui fausse quelque peu le débat,- mais la présence du Ehad  est paradoxalement le signe d’une volonté, d’une attente d’union à venir si ce n’est en combinant de façon assez confuse Yahvé et Elohim (cf la comparaison avec le texte du Livre d’Ezéchiel). En fait, le plus frappant tient à ce Elohénou, qui  est décalé par rapport au contenu d’Exode III, où il est patent que Moïse ne s’identifie aucunement ni n’est identifié avec le peuple Hébreu et donc  «      notre Dieu    »  est en porte à faux.

Exode III

טו וַיֹּאמֶר עוֹד אֱלֹהִים אֶל-מֹשֶׁה, כֹּה-תֹאמַר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב, שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם; זֶה-שְּׁמִי לְעֹלָם, וְזֶה זִכְרִי לְדֹר דֹּר.

15 Dieu dit encore à Moïse: « Parle ainsi aux enfants d’Israël: ‘L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’envoie vers vous.’ Tel est mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges.

טז לֵךְ וְאָסַפְתָּ אֶת-זִקְנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם נִרְאָה אֵלַי, אֱלֹהֵי אַבְרָהָם יִצְחָק וְיַעֲקֹב, לֵאמֹר:                      פָּקֹד פָּקַדְתִּי אֶתְכֶם, וְאֶת-הֶעָשׂוּי לָכֶם בְּמִצְרָיִם.

16 Va rassembler les anciens d’Israël et dis-leur: ‘L’Éternel, Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’est apparu en disant: J’ai fixé mon attention sur vous et sur ce qu’on vous fait en Égypte

 

Certes, on aura voulu donner le change en interpolant  le texte suivant                     : «                     la Divinité de ton père                     » alors que le verset suivant  exclue Moïse «                     j’ai vu l’humiliation de mon peuple                     ».

 

וַיֹּאמֶר, אָנֹכִי אֱלֹהֵי אָבִיךָ, אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אֱלֹהֵי יִצְחָק, וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב; וַיַּסְתֵּר מֹשֶׁה, פָּנָיו, כִּי יָרֵא, מֵהַבִּיט אֶל-הָאֱלֹהִים.

6 Il ajouta: « Je suis la Divinité de ton père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob… » Moïse se couvrit le visage, craignant de regarder le Seigneur.

ז וַיֹּאמֶר יְהוָה, רָאֹה רָאִיתִי אֶת-עֳנִי עַמִּי אֲשֶׁר בְּמִצְרָיִם; וְאֶת-צַעֲקָתָם שָׁמַעְתִּי מִפְּנֵי נֹגְשָׂיו, כִּי יָדַעְתִּי אֶת-מַכְאֹבָיו.

7 L’Éternel poursuivit: « J’ai vu, j’ai vu l’humiliation de mon peuple qui est en Égypte; j’ai accueilli sa plainte contre ses oppresseurs, car je connais ses souffrances.

 

Pourquoi ce «      Ehad       » qui laisse entendre l’affirmation d’une unité, ce qui est toujours l’aveu d’une division que l’on prétend pouvoir dépasser     ?Le monothéisme s’originerait dans des enjeux politiques plus que théologiques et ne serait donc guère exportable en dehors de la sphère hébraïque       ! Il est à craindre que le monothéisme n’ait été récupéré, instrumentalisé par la philosophie grecque. Au bout du compte, la question du «          dieu unique       » ne serait pas si centrale que cela  pour la théologie juive. Le judaïsme, selon nous, s’articule autour de la présence juive au monde, de sa centralité solaire –on préférera dire au centre qu’au milieu des nations-,  bien plus qu’à celle d’un Dieu dont il faudrait célébrer l’unicité.  Il convient de comprendre que tout système exige qu’il y ait un centre et tout indique que Dieu ne peut en changer, d’où le sens du message de Jérémie     où il n’est nullement envisagé de changement d’alliance mais au contraire instauré  son resserrement et donc son renforcement. Il y a là la manifestation d’une relation cyclique    : on ne compte pas les passages où Dieu parle d’un retour (shouv, od), d’un futur qui ne fait sens que parce qu’il tranche avec le passé                     :

 

Zacharie, VIII

 

ג כֹּה, אָמַר יְהוָה, שַׁבְתִּי אֶל-צִיּוֹן, וְשָׁכַנְתִּי בְּתוֹךְ יְרוּשָׁלִָם; וְנִקְרְאָה יְרוּשָׁלִַם עִיר הָאֱמֶת, וְהַר-יְהוָה צְבָאוֹת הַר הַקֹּדֶשׁ.                      {ס} 3 Ainsi parla Yahvé: « Je suis revenu (shavti) à Sion, et j’ai rétabli ma demeure au milieu de Jérusalem. Jérusalem  «                     cité de la vérité                     »  et la montagne de l’Eternel-Cebaot « la montagne sainte. »
ד כֹּה אָמַר, יְהוָה צְבָאוֹת, עֹד יֵשְׁבוּ זְקֵנִים וּזְקֵנוֹת, בִּרְחֹבוֹת יְרוּשָׁלִָם; וְאִישׁ מִשְׁעַנְתּוֹ בְּיָדוֹ, מֵרֹב יָמִים. 4 Ainsi parle l’Eternel-Cebaot: « De nouveau des vieux et des vieilles seront assis sur les places de Jérusalem, tous un bâton à la main à cause de leur grand âge.
ה וּרְחֹבוֹת הָעִיר יִמָּלְאוּ, יְלָדִים וִילָדוֹת, מְשַׂחֲקִים, בִּרְחֹבֹתֶיהָ.                      {ס} 5 Et les places de la cité seront pleines de jeunes garçons et de jeunes filles qui s’ébattront sur ces places. »

 

 Et c’est bien là justement  que le christianisme commet un grave contresens d’ordre théologique     !  L’alliance de Dieu – quelle qu’en soit la définition et la composition par delà toute idée dévoyée de  monothéisme-  avec l’humanité toute entière exige qu’il y ait un centre et une périphérie. En ce sens, toute  tentative de remise en question d’un tel ordre des choses relève de la subversion, d’un refus démagogique de centralité.  Affirmer que le judaïsme  aurait donné le monothéisme au monde  nous apparait paradoxalement comme  une tentative de déni de son apport  dans la mesure où  l’idée d’un dieu universel  échapperait ipso facto  à tout apport spécifique du judaïsme.  C’’est bien là le syndrome de l’emprunteur que d’être tenté  d’objectiver l’emprunt aux fins de déposséder celui auquel il est emprunté. C’est réduire la transcendance à de l’immanence. Or, l’idée actuelle de monothéisme  semble dérisoire et s’apparente à une forme de banal  théisme. En attribuer la paternité au judaïsme  est une escroquerie intellectuelle.

D’aucuns ont besoin d’un dieu omniprésent, omnipotent pour  s’en servir de levier pour précariser  le «     centre        », ce qui est suicidaire. On ne peut s’empêche de songer  à la mère qui a perdu son enfant et qui voudrait bien que l’autre mère le perdît également      ! (cf. le jugement de Salomon -Premier Livre des Rois (3, 16-28)) On ne saurait, en effet, faire – par le recours au déni- l’économie d’un centre (cf. notre tome II)

 

 

On notera que limage du «        pasteur     » dans l’Évangile, gardien vigilant de son «        troupeau     », de ses «      ouailles       » (brebis, ovins)  renvoie à la notion de maisonnée, comme celle de «         peuple    » dans le Livre de lExode, cest à dire de demos, en grec, à distinguer dethnos      : lun  soppose au chef, lautre à un autre peuple. En hébreu, lon trouve respectivement Am  et Goy.  Dans l’Évangile selon Jean (Ch. XIV, 2), il est dit    «       Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père.      ». La notion de maisonnée implique, en effet, de savoir traiter de la diversité. Cela recoupe, jusqu’à un certain point, celle d’imperium, dans le Traité Politique de Spinoza. (cf. Ivan Segré  Judaisme et Révolution, Ed La Fabrique, 2014, pp. 118 et seq)

Certes, l’écologie tend–elle, à bon droit,  à nous sensibiliser à notre environnement «                               naturel   »,  aux menaces sur le climat. Mais comment pourrait-on ignorer la problématique de la maisonnée, en rappelant que le mot écologie vient dun mot grec qui signifie maison       ? Force est de constater que lhumanité  est confrontée à dautres enjeux que ceux désignés par l’écologie officielle. En ce sens,  l’écologie de la maisonnée  se rapproche-t-elle assez évidemment du discours religieux. Il importe, en tout état de cause, de mettre en évidence des rapports entre des objets manifestement différents, sans se laisser dérouter par les inévitables différences qui ne manquent jamais de se produire, à partir d’une seule et même source..

Le mot maison fait songer au métier de maçon (que langlais a repris sous la forme «                               mason       ») et bien entendu  nous nignorons pas lexistence de la franc-maçonnerie, laquelle se réfère au Temple désigné en hébreu par le mot Bayit       » (que lon retrouve dans Bethléem, la maison du pain)  qui signifie «      maison      » -ce qui a donné la lettre grecque Bêta, ancêtre de notre «         B       » (on  parle dailleurs dun alphabet). La «       maison      » est bien évidemment partie de notre maisonnée      !  Le terme «       meuble       »  (et son complément immeuble      (immobilier)  doù mobile et immobile, ce qui vaut pour distinguer planète et étoile (dite fixe), dans le ciel) appartient à ce même champ sémantique autour de la maisonnée    : ne dit-on pas quUn tel «     fait partie des meubles    »                    

Mais n’est-ce pas l’homme lui-même qui construit la maison dans laquelle il va demeurer                               ? Cette maisonnée n’est-elle pas la création de l’homme.  ? Cela vaut certainement pour tout son environnement technique qui n’existerait pas sans son génie, son ingéniosité, sa créativité. Ce qui tourne autour de l’homme nous semble bien  en émaner, ou en tout cas avoir été repensé par lui  (cf. Nature et Artifice. L’homme face à l’évolution de sa propre essence,  dir . Edgardo  D  . Carosella,  Paris, Ed. Hermann, 2014). A propos de technologie et notamment de biotechnologie, l’on se demandera si  le problème n’est pas moins ce qui nous attend que ce qui s’est déjà engagé il y a déjà  bien longtemps et qui marque notre Humanité actuelle. C’est notre passé  qui est à découvrir et à assumer  plutôt que notre avenir à construire.  Les dieux  (Elohim) ne seraient finalement quune humanité supérieure, un «     Surhomme  »- dotée dune technologie extrêmement avancée- surtout si on la situe des millénaires en arrière– on pense au clonage qui est selon nous mis en scène, dès les premiers chapitres de la Genèse     : »Le Seigneur Dieu fit tomber dans une torpeur l’homme qui s’endormit  ; il prit l’une de ses côtes et referma les chairs à sa place. Le Seigneur Dieu (Yahvé-Elohim, sic) transforma la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena. L’homme s’écria    « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair     ; celle-ci, on l’appellera femme car c’est de l’homme qu’elle a été prise ». » (Genèse, 2, 21-24). On voit bien ici que lon nassiste pas à la création dune femme, au sens où on lentendra par la suite, mais dun clone, issu dAdam et donc avec    lequel il nest pas censé avoir de rapports sexuels.  Cest une sorte de duplication dAdam. Il faut comprendre que dans ce chapitre, on assiste à la mise en place de la maisonnée, cest à dire de tout ce qui est voué à accompagner, à entourer Adam et dont la Isha nest quun des éléments aux côtés des animaux «      domestiques  » et des machines, qui «   sortent   » dAdam puisquil les fabrique, ce qui ne signifie nullement quelles soient de même nature que lui. Selon nous,  il  y aurait d’une part un être complet, adamique, à la fois mâle et femelle et de l’autre un être  ne comportant qu’une partie femelle étant entendu que le facteur femelle de lhomme  adamique n’est pas du même ordre, du fait même de son articulation sur le facteur mâle, que le facteur femelle de la «  isha       »lequel se développe sans sa contrepartie masculine, donc de façoo exacerbée… Rappelons que dans la mythologie grecque, Pandora aurait été créée par les dieux aux fins de troubler les hommes (cf Denis Lindon, Les dieux s’amusent, Paris, Flammarion)

Il convient de remarquer que le récit de la  Création du chapitre premier de la Genèse ne mentionne aucune machine, aucun objet, on reste dans le domaine de la Science alors que le chapitre deuxième  bascule dans la technologie, dans la «   fabrication      » (Yetsira), ce qui correspond à une sorte de création en second imparti à l’Homme par un dieu qui peut être rebelle face au dieu primordial.  Certes, ce dieu (qui porte le nom étrange de Yahvé Elohim) aide-t-il Adam à« accoucher      » de la femme (Isha) mais cela n’en reste pas moins la première  création d’Adam, issue de lui-même,   et en ce sens il est erroné de dire que «    Dieu créa la femme    ». D’où l’expression «   avec l’aide de Dieu    (BeEzrat HaShem) qui équivaut chez les Juifs à l’Inshallah des Musulmans. Aide -toi, le ciel t’aidera. Il y a ce que Dieu a créé et ce que l’homme a façonné avec son aide, à savoir tout ce qui est fabriqué, manufacturé, et qui n’appartient pas au monde de la Briah mais de la Yetsira.

La Bible nous rapporte que David et Salomon furent victimes de leur trop grande écoute des femmes, notamment dans le domaine du religieux avec l’intrusion de nouveaux dieux.

.Que celui qui n’a jamais péché dans ce sens lui jette la première pierre. Elohim nous apparaît ainsi comme le grand tentateur et Adam aurait dû refuser ce cadeau empoisonné, c’est bien là son vrai péché originel qui parcourt toute l’Histoire de l’Humanité et dont le Shabbat nous enjoint       de nous démarquer. La construction de la Tour de Babel        (le XIe (et dernier, selon notre thèse)) chapitre de la Genèse s’achève là-dessus) correspond d’ailleurs à cette attirance pour les objets extérieurs et cela a conduit Élohim à vouloir diviser pour régner en chargeant son Fils de protéger le peuple hébreu et l’on ouvre alors le premier volet de l’Exode -du moins selon notre analyse- qui débute par la rencontre de Yahvé avec Abram -le futur Abraham). La critique biblique     avait signalé      l’usage alternatif   d’Élohim et de Yahvé , mais en réalité, Élohim laisse bel et bien la place à Yahvé– ce qui correspond à       ce que nous appelons la phase «       yin      » et        cela correspond au passage du Père au Fils, terminologie       malheureusement refusée par les Juifs qui assimilent purement et simplement       l’un à l’autre tout comme d’ailleurs le font les Chrétiens qui voient dans Jésus le fils d’un Élohim/Yahvé qui aurait      changé d’alliance alors que selon nous       Jésus est le frère de Yahvé& d, tous deux fils d’Élohim, le Père. Ce n’est pas une Alliance Renouvelée     mais une autre alliance émanant d’une autre entité. On regrettera que les Juifs     quand ils s’adressent à«      Dieu      »,      font de Yahvé celui qui a créé tout l’Univers, confondant ainsi le père et le fils, la source et les fleuves qui en émanent car si l’on peut comprendre qu’un fils se soit rapproché d’un peuple, il serait scandaleux, théologiquement, que le Père eut pu agir ainsi. Tout se passe en fait comme si le début du Pentateuque traitait d’Elohim, de l’Univers, de l’Humanité toute entière alors que la suite du Pentateuque campe Yahvé. On notera que le Chéma (Ecoute)      Israël n’emprunte aucun passage au Livre de la Genèse. Selon nous, il ne s’agit ni de revenir aux origines, ni de se projeter sur la «   fin des temps    » mais de s’en tenir à un «      juste milieu    » qui ne saurait être écrasé par ces deux «     infinis   ». C’est dans cet «     entre-deux     » que nous situons une approche saine du . Il en est de même (cf. infra) dans le domaine linguistique, il ne s’agit ni de remonter au Déluge, à une langue «     première     », ni de basculer dans une modernité pratiquant la fuite en avant      mais de là encore se situer dans un temps moyen, ce qui est le cas du français, qui ne saurait se réduire ni au latin ni      laisser sa place à l’anglais, comme le voudrait un certain discours identitaire en vogue chez les anglophones. Il semble qu’il faille     des étrangers pour parvenir à      changer un tel discours, si complaisant et dans le déni de la réalité   Quand Jésus s’écrie «      Père (Aba) pourquoi m’as-tu abandonné?      »   Que faut-il comprendre     ? Rappelons tout de même que Jésus est né Juif et que le premier commandement enjoint de ne pas adorer d’autre(s) dieu(x) que Yahvé ce qui vise selon nous les frères du dit Yahvé. Mais ces frères sont-ils bien les enfants d’Elohim    ?     Nous penserions plutôt qu’ils appartiennent à un tout «      autre monde     », celui de l’astral, des «     esprits    » et l’expression Esprit Saint ou Saint Esprit (cf.    l’hébreu Rouah  haKodesh) irait assez dans ce sens. Yahvé aurait été instrumentalisé, «     choisi       » par les Hébreux parmi les autres       esprits       et      »entités et instrumentalisé pour devenir leur «       dieu     ». Car une chose est de parler d’instrumentalisation, une autre en amont de déterminer ce qui a pu être ainsi instrumentalisé et qui peut avoir une existence propre tout comme les astres existent en dehors de l’astrologie..

Il est temps de réintégrer la dialectique entre le monde des vivants et celui des morts. Le Dieu du premier chapitre de la Genèse appartient au monde des vivants, de chair et d’os mais il ne nous semble pas en revanche que le Dieu qui se présente à Moise est une quelconque «                      incarnation       ». Il ne saurait donc être le «      fils des Elohim    », car il est d’une autre nature. Il y a donc bien là un nœud théologique qu’il conviendrait de défaire.

Quant à Jésus, il    est présenté à la fois comme roi des Juifs       et comme fils de Dieu’(cf.    Évangile Luc, I, 35) ce qui le place des deux côtés de la barrière     ! On peut dire en tout cas que les Juifs qui adorent Jésus comme fils de Dieu ne respectent pas le premier commandement, dès lors que l’on admet que Yahvé      et Jésus sont en concurrence, comme le seraient deux prétendants à un même trône, ce qui s’est présenté bien souvent dans l’Histoire des monarchies et des empires. Par cette plainte, Jésus ne reconnaît-il pas que le Père     aurait      préféré, en dernière instance, son frère Yahvé  en ne le sauvant pas-du moins à cet instant – comme cela fut le cas pour Isaac- de la mort? A ce propos, l’on est tenté de considérer le chapitre IV de la Genèse comme mettant en scène une telle rivalité entre deux    membres d’un même groupe, à savoir les «      esprits       »»,    : Caïn tue(crucifiant)   Abel et ayant des comptes à rendre au Père, Élohim, (par erreur c’est le nom de Yahvé qui ici apparaît) qui les aurait engendrés en s’unissant à Eve à la place d’Adam. On pense immédiatement à la naissance de Jésus, Marie étant fécondée par un autre que Joseph, son fiancé     prévu.       Ce chapitre pourrait être calqué sur l’épisode de l’Exode, au cours duquel Moïse        tue      un      Égyptien. (H II). On sait que les faussaires       ne se fatiguent pas à    inventer de toutes pièces mais sont souvent tentés de recycler des textes disponibles même dans des contextes très différents. On pourrait certes, tenir le raisonnement inverse et soutenir que c’est l’histoire de Moïse qui, ici, aurait emprunté à celle de Caïn au prétexte que l’une est plus tardive que l’autre mais il faudrait être bien naïf pour croire que le récit biblique s’écrit en temps réel.

Mais il arrive, comme nous l’avons montré dans notre thèse d’État, que ce qui est le plus ancien se révèle en réalité plus tardif. On parle alors de contrefaçons antidatées. Nous pensons que le chapitre IV du Livre de la Genèse est en fait calqué sur la naissance miraculeuse de Jésus et non l’inverse. Ce chapitre est un élément de ce que nous proposons d’appeler un Pentateuque christianisé, ce qui fait sens puisque sous le nom de Bible, les Chrétiens désignent bel et bien l’Ancien et le Nouveau Testament et qu’ils trouvent dans l’Ancien Testament des éléments qui viennent annoncer l’avènement de Jésus. On notera que la façon dont Élohim est désigné au chapitre IV est tout à fait décalée par rapport aux      neuf premiers chapitres de la Genèse puisque Élohim y     est remplacé par Yahvé alors que la forme Yahvé«       tout court      » n’apparaît qu’au XIe chapitre, avec la Tour de Babel.(au verset 8)       Le problème, c’est que cette Bible chrétienne a été adoptée sans sourciller par le canon      juif   ! Bien évidemment, Caïn qui tue Abel     fait référence à Jésus crucifié par ses «    frères         », les Juifs   , lequel Caïn est maudit par ce Yahvé     , comme le rappelle un Victor Hugo. Mais   un exemple encore plus frappant d’antidatation        éhontée , d’origine israélite, concerne le       Livre de l’Exode (cf.       Tome Ier) et l’invention de la Sortie d’Egypte des     Fils d’Israël calquée sur celle    des Judéens de Babylone, Moise l’Egyptien       jouant ici le rôle d’un        proto-Cyrus Perse. L’archéologie égyptienne       ne semble guère au demeurant disposée à     valider un tel subterfuge et les rares indices concordants    semblent avoir été placés délibérément/   Il faut en effet comprendre que l’antidatation exige une certaine quantité et qualité d’informations susceptibles de conférer au document un certain cachet d’authenticité tant et si bien que le chercheur sera tout heureux de relever les traces qu’on aura servies et disposées       complaisamment sur sa route. On pense à la fable du Petit Poucet. En fait,     un tel procédé passe par une instrumentalisation      : le prétendu récepteur        devient en fait      celui qui fixe les règles du       jeu, à sa guise. Une autre erreur courante consiste à croire que parce qu’l’on se sert de tel ou tel référentiel, c’est que l’on adhère à ses fondements. Or,    le recours à tel mode de calcul   est le plus souvent parfaitement arbitraire, comme lorsque l’on célèbre le Nouvel An, à partir d’un comput chrétien

En ce qui concerne le Livre du prophète Isaïe -ou Isaïe-, la marque du christianisme est assez évidente, sauf pour ceux qui tiennent à y voir une anticipation. On pense au chapitre VII                       concernant la naissance d’un enfant, lequel     portera le nom d’Emmanuel. Ce texte se retrouve dans l’Évangile de Mathieu, au premier chapitre lors de la naissance de Jésus. Mais dans ce cas, il peut ne s’agir que d’une citation. Examinons le passage de Mathieu I    d’un peu plus près       : l’on y fait alterner deux noms pour l’enfant à naitre, Jésus, dans le rêve de Joseph et Emmanuel dans la référence au «       prophète    », comme s’il n’y en avait qu’un, Isaïe et de fait dans les manuscrits de la Mer Morte (Qumran), il y a une surreprésentation du Livre d’Isaïe, ensemble qui englobera en fait toutes sortes de textes. On notera que les deux noms     de Jésus et d’Emmanuel    ne font sens qu’en hébreu et ils sont d’ailleurs tous les deux explicités      étymologiquement dans le texte      Jésus       : «       En effet, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés    » Le jeu de mots ne fait sens qu’en hébreu. Yehoshoua        :    Dieu (Ya, ce qui renvoie à Yahvé et non à Elohim) sauve. On notera que Josué s’appela d’abord Hosshéa .et sera renommé       Josué (    Livre des Nombres XIII, 16, Deutéronome      III, 21)    par Moïse. On retrouve     la même racine dans Hosanna.

Emmanuel (Imanou El) «     Ce qui veut dire Dieu est avec nous    (littéralement     : avec nous est Dieu, El, ce qui renvoie à Elohim et non à Yahvé).Mais pourquoi ces deux noms pour un seul et même personnage     ? Il y a là visiblement une interpolation, du fait d’une volonté de relier       deux textes relatifs à la naissance.

En fait,      on     a là un leitmotiv, celui d’un envoyé, d’un messager ayant pour tâche de «      sauver      » le peuple hébreu, et c’est encore une fois la raison pour laquelle le nom de Yehoshoua   apparaît ici. De là à jouer sur les mots et parler de «   sauver l’humanité      », il y a là un glissement qui ne fait guère sens car si le peuple hébreu a besoin périodiquement que l’on vienne à sa rescousse, c’est bien       à cause des autres peuples     ! Dieu ne vient donc pas pour sauver toute l’Humanité mais bien pour protéger «     son      » peuple      avec lequel il s’est uni, marié, le dit peuple étant représenté par une «    vierge       », une Bétoula (cf Jérémie XXXI) ou une Alma     (Isaie VII)/ On notera que l’on trouve le mot «     Bétoula        »également      dans Isaie, au chapitre 47, verset 1    pour désigner Babylone, «      Vierge de Babel    » (Bétoulat Bavel), ce qui montre bien que l’expression est à prendre au figuré et non au propre comme ont pu le croire les rédacteurs des Evangiles, au sujet de la naissance de Jésus.. On trouve aussi employée la forme « Bat Tsion », fille de Sion, qui représente non point une femme mais      la cité même          de Jérusalem. D’ailleurs, le ,nom même de Sion      aura fini par ne plus désigner une cité précise, ce qui explique que Sion soit mentionnée quand il est question du Royaume du Nord, lequel n’englobe point Jérusalem.      Ainsi, le «      sionisme       »       ne     vise-t-il pas nécessairement cette cité     et     l’on oublie trop souvent que les prophètes bibliques        ne sont nullement polarisés sur le destin de      «     Judah    », de la Judée, laquelle semble parfois n’être que la dernière roue du carrosse (cf     Isaie VII), une quantité assez négligeable au demeurant, que l’on mentionne pour la forme. Evitons les anachronismes     !

ォ        Sion, nous rappelle-t-on,   est utilis au sens figur pour désigner Israel en tant que peuple de Dieu ) et, dans le Nouveau Testament, avec le sens chrétien de royaume spirituel de Dieu, Jérusalem céleste  1). Pierre fait  violence  Christ comme la pierre angulaire de Sion : ォ Je mets dans Sion une pierre angulaire, choisie, périlleuse. Celui qui croit en elle n’en aura jamais honte. サ

Sans vouloir valider le subterfuge de ceux qui s’approprient l’identité judaïque, en se présentant comme un «    Nouvel Israël  », force est de constater que l’Etat Hébreu lui-même –du fait qu’il a adopté le nom d’Israël        – joue sur cette ambiguïté dès que l’on parle d’Israël alors que ce terme ne désigne pas nécessairement le dit Etat   Rappelons que la Vierge est une figure que l’on retrouve dans la mythologie et dans le Zodiaque, avec la constellation de la Vierge, dont l’étoile principale est Spica, l’épi, ce qui renvoie à Déméter-Cérès la déesse des moissons, mère de Perséphone/Proserpine, «     vierge     » promise à Hadès/Pluton.     Il est également question d’une Vierge dans les Bucoliques de Virgile (, Livre IV, vers 1-30) «      avec l’annonce d’un nouvel Age d’or.

Ultima Cumaei venit jam carminis aetas ;
Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo.
Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna ;
Jam nova progenies caelo demittitur alto.Les Temps sont révolus qu’a prédits la Sibylle :
Les siècles, dans leur course immuable et tranquille,
A leur point de départ sont enfin revenus,
Et le dernier de tous, l’Age de fer, n’est plus.
Déjà revient Saturne, et la Vierge immortelle
Abandonnant les cieux reparaît parmi nous ;
Et les dieux, des humains cessant d’être jaloux,
Envoient sur notre Terre une race nouvelle.

Tu modo nascenti puero, quo ferrea primum
Desinet, ac toto surget gens aurea mundo,
Casta, fave, Lucina : tuus jam regnat Apollo.

Un Enfant doit bientôt au jour ouvrir les yeux ;
Souris, chaste Lucine, à sa venue au monde :
L’Age d’or va renaître et sur terre et sur l’onde ;
Déjà règne Apollon, ton frère glorieux

Le temps des prophètes implique une intervention divine, par le biais de ces messagers que sont les dits prophètes et cela n’est pas sans évoquer  une précédente intervention, lors de la Captivité égyptienne faisant pendant en quelque sorte à la Captivité babylonienne. Laquelle se terminera providentiellement par un Retour à la même terre que lors de la Sortie d’Egypte   Le fait que le fils de Marie porte le nom de Yeoshoua    plaiderait en faveur d’une nouvelle intervention d’en haut puisque ce prénom signifie que Dieu vient sauver (son peuple) Or, force est de constater que rien de comparable au cours de la vie de Jésus      aux deux situations que nous venons de mentionner et Jésus ne parviendra pas à sauver «    son   » peuple, si ce n’est en interprétant        l’idée de      danger et de salut sur un plan spirituel , ce qui évidement dirons-nous, est plus facile à décréter.

Le nom de Jésus ajoute une dimension à celui d’Emmanuel, ce qui est une façon de reconnaître que la prophétie d’Isaïe doit être complétée et précisée et qu’elle ne comportait pas, au départ, la dimension que l’on voudrait apporter. De fait, chez Isaïe, il n’est nullement question qu’Emmanuel «                      sauve     » qui que ce soit. Bien au contraire, cet Emmanuel n’apparait – il est qualifié de «     signe    » et donc de signal – que pour enclencher un compte à rebours puisque la prophétie indique que les jours des deux royaumes, celui de Juda et celui d’Israël sont comptés, puisqu’Emmanuel aura à peine le temps de parvenir à un ‘âge de raison     », l’âge de 13 ans      peut-on supposer- pour qu’ils soient voués l’un et l’autre à la disparition. Avec Mathieu, le personnage d’Emmanuel     revêt une toute autre dimension   : il y est dit que Jésus-Yehoshoua viendra «    sauver son peuple    »,( selon des termes qui ne sont pas sans évoquer des propos que l’on prête au dieu des Hébreux, lequel les sauvera du malheur égyptien, Exode III) on n’est plus là dans le registre de la menace mais dans celui de l’espérance. De tels récits de naissance se retrouvent dans celle d’Isaac dont le nom même témoigne de la surprise de ses parents et jusqu’à un certain point dans celle de Moise (cf.      notre ouvrage Le monde Juif et l’astrologie). En ce qui concerne la naissance de cet Emmanuel, selon Isaie, c’est une naissance tout à fait ordinaire – comparée à celle d’Isaac dont on sait par ailleurs qu’il sera voué comme Jésus à la tentation du sacrifice- si ce n’est qu’elle aura été annoncée et qu’elle est porteuse d’une signification prophétique.. On ne sait d’ailleurs pas ce qu’il est advenu de cet Emmanuel si ce n’est que la prophétie est fausse car les deux royaumes n’auront pas disparu dans un même laps de temps, plus d’un siècle sépare la chute de l’un de celle de l’autre. En revanche, la naissance du «    second   »Emmanuel, c’est à dire Jésus,     relèverait     d’une toute autre dimension mais on     a vu que le Josué de Moise avait déjà vu son nom changer. .Il faudrait donc parler non pas de préfiguration mais de transfiguration                      .

Par ailleurs, l’ on serait tout à fait en droit de penser que l’on a réalisé une mise en scène pour que la naissance de Jésus corresponde au discours d’Isaïe.      De même, dans Isaïe (XI), il est question d’un roi de la famille de David, ce à quoi fait écho le même Évangile de Mathieu, en s’ouvrant par une telle généalogie. Il n’est nullement dit dans Isaïe que ce descendant de David (de Jesse) est l’Emmanuel dont il a été question dans Isaïe VII. Isaïe présente ce personnage comme celui qui rassemblera tous les peuples de la Terre.   Ainsi, Jésus est-il référé au roi David, dès les premières lignes du Nouveau Testament. On notera que dans l’Épître à Henri II,    placée au sein des éditions complètes des Centuries, la chronologie biblique     donne David pour seul repère entre Moïse et Jésus. Mais n’oublions pas que l’alliance est annoncée déjà avec Avram qui, à cette occasion, devient Av (père) raham,      Selon       Brigitte d’Arx, on serait passé de Av Ram, le père de ce qui est en haut à Av Raham, le père d’une multitude.

Moïse venant à la fois pour sauver les Hébreux et pour leur délivrer le contenu de la dite Alliance, au Mont Sinaï. En ce sens, Abraham serait à rapprocher de Jérémie et Jésus de Moise, si ce n’est que Jésus n’aura ni délivré les Juifs      ni inauguré l’ère de l’Alliance Renouvelée, stricto sensu.

Le fils de Jéssé sera comme un signal dressé      pour les peuples de la Terre Ils viendront lui demander   conseil et la gloire de Dieu brillera là où il habitera      » On notera la similitude entre le nom de Jéssé (Yéshé), père de David,    et celui de Jésus (Yéshoua). Les deux noms commencent par un Iod et un Shin comme d’ailleurs Isaïe (Yeshayahou)

Mais n’oublions pas le modèle représenté par la naissance de Moise (Livre de l’Exode, I

Le roi d’Égypte donne      cet ordre      à tout son peuple    »Tous les garçons      qui vont       naître chez les Hébreux,   jetez les dans le Nil)       et l’on connaît l’histoire du berceau dans lequel          l’enfant Moise est livré au fleuve. Quid de l’Évangile de Mathieu (ch.    II), il nous parle de ces Rois Mages qui alertent le roi Hérode en demandant «    où est le roi des Juifs     qui vient de naître     ? Nous avons vu son étoile se lever à l’Est. Et nous sommes venus l’adorer        » Hérode demande «         A quel endroit     est- ce que le Messie doit naître   ?         » Ils lui répondent «     Le Messie doit naître à   Bethléem    en Judée      »        Mathieu cite en fait     un passage du livre du prophète Michée « (V, 1) (tiré de l’Ancien Testament – où il est       dit «       celui qui doit gouverner tout Israël, je le ferai sortir de chez to  » s’adressant à Bethléem.         On note que toute une littérature qui date des VIIIe-VIIe siècles avant JC se voit ainsi       recyclée pour le temps de Jésus(s et par la suite le sera à nouveau pour d’autres siècles.    Michel    Onfray, (in      Cosmos,, pp. 59-60) tire argument de ces multiples emprunts pour laisser entendre qu’il n’y a pas de réalité dans tout ce qui est   ainsi raconté.   C’est aller un peu vite en besogne car l’on peut fort bien imaginer      que l’on ait pu vouloir utiliser telle ou telle grille de lecture- et en principe, une grille est censée s’appliquer plus d’une fois -pour décrire tel ou tel événement. Si l’on devait suivre Onfray sur cette voie, toute référence      à un cas de figure antérieur serait considérée comme suspecte et quand bien même la grille utilisée ne serait pas crédible, cela ne signifie nullement que ce qu’elle entend décrire ou expliquer ne se soit pas produit. On bascule avec Onfray dans l’hypercritique qui ne vaut guère mieux qu’une certaine apologétique complaisante. En principe, le fait de se servir d’un ^même outil de travail montre que la réalité n’est pas aussi complexe qu’il ne paraît sinon l’outil ne servirait qu’une fois, ce qui serait contraire à sa qualité d’outil      de travail! Cela dit, d’aucuns recourent abusivement à un seul et même outil et      ne sont pas en mesure d’en changer ou de le réformer. En tout état de cause,   l’explication est de l’ordre du virtuel et qu’elle soit ou non recevable ne saurait remettre en question la réalité    du     fait concerné et inversement, une élégante grille de lecture, un bel habillage (l’habit ne fait pas le moine),     appliqués à un fait      ne sauraient suffire à le valider    !.

Force est de constater que l’on a      d’un côté ceux qui œuvrent en amont, en quête de quelque grille universelle s’efforçant de mettre en évidence des récurrences, à la fois dans le temps et dans l’espace, dans le passé et dans le futur et de l’autre ceux        qui se situent en aval        et       qui accumulent d’énormes quantités de données, puisqu’ils travaillent avant tout sur la diversité des effets plutôt que sur un processus causal     cyclique. Toute médaille ayant son revers, les premiers se satisfont d’une certaine abstraction, ce      qui leur permet de généraliser à des terrains       qu’ils ne connaissent pas mais dont ils préjugent qu’ils entreront, d’une façon ou d’une autre, dans leur(s) grille (s) alors que les seconds    se complaisent dans la      description de cas d’espèces, sans grand souci       de les rapprocher ou de les opposer entre eux, donc sans recourir      à quelque forme      de dialectique de la présence et de l’absence. Il ne peut y avoir de mise en évidence d’une récurrence que si l’on est préalablement parvenu à décanter le matériau brut pour le réduire à une dualité du signifié       tout comme il est indispensable que la grille de lecture, elle aussi, au niveau du signifiant, se limite à deux cas de figure et à deux seulement.  Au nombre des grilles de lecture, nous mentionnerons      celles qui recourent au « facteur  =   juif » avec d’une part, ceux qui voient dans la présence des Juifs    un mal       et ceux qui y voient un bien. La grille marxiste doit certainement être mentionnée et l’on peut certainement en trouver d’autres, d’ordre économique, écologique, démographique, cyclique avec l’idée qu’une civilisation nait et meurt comme       tout être vivant       (Toynbee) qui sont maniés avec plus ou moins de talent par les uns et par les autres. Bien pis, Onfray       oppose Nature et Culture et nous conseille de rechercher la vérité non pas dans les traditions         « livresques » mais dans le Grand Livre de la Nature, ce qui est une position anti-humaniste, an-historique. Il y        a là un déni de la capacité créatrice de l’Humanité lui permettant de s’émanciper du diktat de la Nature      en n’en prenant que le strict nécessaire. C’est en cela       que  comme si l’on en restait aux premières lignes du Livre de la Genèse! Or, ce n’est pas en observant la Nature mais la Société        que l’on comprend qu’en aval         de la Création,     il y a des hypostases, et qu’il existe des dieux qui ne sont pas réductible au concept        de « Dieu » tout comme il existe des cycles qui ne        résument point à la succession des saisons, si ce    n’est par une analogie symbolique qu’il ne faut pas prendre au premier degré! Ne se référer qu’à une Science immuable, pérenne, en quelque sorte atemporelle, c’est faire de nécessité vertu, en s’épargnant tout travail rétrospectif      exigeant une archéologie du savoir, c’est refuser d’admettre notamment que certaines    de nos représentations ont pu se corrompre et qu’on ne saurait les restituer en se contentant de noter ce qu’elles sont devenues. .C’est donc s’empêcher de penser le peuple Juif     et son rapport particulier avec ses dieux, lesquels ne sauraient être confondus avec un Dieu primordial, premier moteur..

Nous avons suivi de près un tel recyclage du texte prophétique dans notre thèse d’État, depuis la Renaissance jusqu’à la Révolution Française, en particulier. (cf. aussi notre ouvrage Le Monde Juif       et l’astrologie, op. Cit.)

Béatrice Beck, dans son roman Léon Morin Prêtre (Goncourt 1952), attire l’attention sur le psaume 22     attribué au roi David, lequel comporte de nombreux éléments qui semblent avoir été repris dans le récit de la Passion de Jésus, à commencer par cette célèbre complainte       : Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?  Nous reprenons ci-dessous des recoupements proposés sur Internet                                  :

(Matthieu 27 : 31-48) …et ils l’emmenèrent pour le crucifier.    39 Ceux qui passaient par là lui lançaient       des insultes en secouant la tête,       40 et criaient:     —Hé, toi qui démolis le Temple et qui le reconstruis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix! 41 De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui, avec les spécialistes de la Loi et les responsables du peuple, en disant:

42 —Dire qu’il a sauvé les autres, et qu’il est incapable de se sauver lui-même! C’est ça le roi d’Israël? Qu’il descende donc de la croix, alors nous croirons en lui! 43 Il a mis sa confiance en Dieu. Eh bien, si Dieu trouve son plaisir en lui, qu’il le délivre! N’a-t-il pas dit: «Je suis le Fils de Dieu»?

44 Les brigands crucifiés avec lui l’insultaient, eux aussi, de la même manière. 45 A partir de midi, et jusqu’à trois heures de l’après-midi, le pays entier fut plongé dans l’obscurité. 46 Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte… « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m » as  tu  abandonné?»…48 L’un d’entre eux courut aussitôt prendre une éponge, qu’il imbiba de vinaigre et piqua au bout d’un roseau.

Marc 15 : 16 à 20

16 Les soldats emmenent Jésus dans la cour intérieure du palais 17 Alors ils le revtirent dunmanteau de couleur pourpre[  et lui posèrent une couronne tressée de rameaux épineux. 18 Puis ils le saluèrent en disant:       Salut, roi des Juifs ! 19 Ils le frappaient  la t黎e avec un roseau et crachaient sur lui, sagenouillaient et se prosternaient devant lui.20 Quand ils eurent fini de se moquer de lui, ils lui arrachèrent le manteau de couleur pourpre, lui remirent ses vetements et l’  emmenèrent hors de la ville pour le crucifier37 Mais Jésus poussa un grand cri et expira.(Jean 19 : 34)ils ne lui brisèrent pas les jambes34 lui enfonça sa lance dans le côté et aussitôt il en sortit du sang et de leau Cest l qu’ils le crucifient (Jean 19 : 18)

Jean 2O : 23 à25   Thomas) Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains,si je ne mets pas mon doigt à la place des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas… C’est là qu’ils le crucifièrent.Lorsque les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chacun d’eux. Restait la tunique qui était sans couture… Les soldats se dirent entre eux: « Au lieu de la déchirer, tirons au sort pour savoir qui l’aura »…

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mas-tu abandonné?  Tu restes loin, tu ne viens pas me secourir malgré toutes mes plaintes.

3 Mon Dieu, le jour, j’appelle, mais tu ne réponds pas    La nuit, je crie, sans trouver de repos…

7 Mais moi je suis un ver, je ne suis plus un homme,   tout le monde m’insulte, le peuple me méprise,

8 ceux qui me voient se rient de moi.        Tous, ils ricanent. On fait la moue en secouant la tête:

9 Il se confie en l’Eternel?     Eh bien, que maintenant lノEternel le délivre!       Puisquil trouve en lui son plaisir, quil le libère donc[

10 Oui, c’est bien toi qui, depuis ma naissance, m’as protégé.    Tu m’as mis en sécurité sur le sein de ma mère.

11 Dès mon jeune âge, j’ai été placé sous ta garde.   Dès avant ma naissance, tu es mon Dieu.

12 Ne reste pas si loin de moi car le danger est proche,       et il n’y a personne qui vienne pour m’aider.

13 De nombreux taureaux m’environnent:     ces fortes bêtes du Basan sont tout autour de moi.

14 Ils ouvrent largement leurs gueules contre moi,         ils sont comme un lion qui rugit et déchire.

15 Je suis comme une eau qui s’écoule       et tous mes os sont disloqués.       Mon cœur est pareil à la cire,

16 Ma gorge est desséchée comme un tesson d’argile,      ma langue colle à mon palais,       tu me fais retourner à la poussière de la mort.

17 Des hordes de chiens m’environnent,       la meute des méchants m’assaille.        Ils ont percé mes mains, mes pieds,                     

18 je pourrais compter tous mes os;      ils me regardent, ils me toisent,

19 ils se partagent mes habits       et tirent au sort ma tunique.

Quant aux chapitres III et IV, ils appartiendraient, selon nous, à cette même Bible chrétienne ou christianisée -et c’est à ces conditions que l’Ancien Testament est admis à côtoyer le Nouveau- et là encore Elohim est désigné de façon totalement atypique et à aucun moment attesté dans tout le Pentateuque, à savoir Yahvé-Elohim, ce qui conduit les traducteurs, comme pour le Rabbinat, et avec diverses variantes ailleurs,      à      utiliser une forme duelle, du type    l’Éternel Dieu. Ces deux chapitres mettent en scène une tentation( terme que l’on trouve à deux reprises dans le Chéma Israël) et l’on rappellera celle à laquelle fut confrontée Jésus.   Dieu       » avait voulu tenter Adam et on voit celui-ci succomber à la tentation de consommer du fruit défendu    que lui tend    cette femme    elle-même générée  par ce «  Dieu    », alors que Jésus parvient, quant à lui, à résister puisque c’est bien ce Dieu qui la fait naître à partir d’Adam      (II,     21) «      Dieu     fit peser une torpeur sur Adam   qui s’endormit, il prit une de ses cotes      (..) Il la présenta à Adam    » Dans l’Évangile de Mathieu (IV, v 1-11) on lit       Alors l’Esprit de Dieu conduit Jésus dans le désert pour que l’esprit du mal le tente    » Cette séquence se termine par     le célèbre «      Vade retro Satanas     »     . On retrouve là le Serpent du Jardin d’Éden dans cet épisode qui aura été interpolé dans le cadre de ce Pentateuque christianisé. (Genèse II, 16 et III).

On notera aussi qu’alors que la Genèse (I et V) désigne masculin et le féminin par     Zakhar (d’où Zacharie, l’homme de Dieu,, racine qui signifie se souvenir, se rappeler)       et Neqéva qui serait selon nous à rapprocher de Eqev, le talon (même racine que Jacob, Yaakov), c’est à dire ce qui fait suite , qui est la conséquence de (sur ses talons,   talonner (talon d’Achille)     on use dans ces deux chapitres de la forme Isha et                       chapitre V à Zakhar et Neqéva    ! Par ailleurs, dans Genèse IV, on emploie le verbe «   connaître       » (iada- d’où l’expression «        connaître au sens biblique      »- pour dire qu’Adam féconde Eve alors que cet usage n’est pas attesté ailleurs dans ce Livre. Or,      le lexique est révélateur des différences d’origine d’un texte. ((cf. Yves Simoens,     Homme et        Femme de la Genèse à l’Apocalypse. Paris, Ed. Facultés Jésuites de Paris, 2014, p. 77)

On comprend mal pourquoi       cet Adam qui a déjà été fait mâle et femelle      devrait, parce que Yahvé Élohim (sic) a trouvé qu’il était bien seul, se voir extraire une femme de ses      os       et de     sa chair. D’autant que bien des traducteurs insistent sur le fait que dès le chapitre I,     Élohim créa l’homme et la femme, soulignant à l’appui de leurs dires l’usage du pluriel, lequel est en effet attesté en hébreu       Il les bénit (I, 28) (Barakh      otam Élohim       »). Mais quelque part cet génie adamique n’est-il pas un être double qui peut dire « nous »?

Rappel                 :

IV   «Alors le Seigneur dit à Caïn   ?    (..) Le Seigneur contiinue    ? J’entends la voix du sang de ton frère. Dans le sol, elle crie vers moi pour demander vengeance. Le sol s’est ouvert pour recevoir le sang de ton frère (…)     Et le Seigneur met une marque sur Caïn. Alors celui qui le rencontrera ne pourra pas le tuer    ». On notera l’importance accordé au sang, lequel sang joue le rôle que l’on sait dans l’eucharistie, où le vin est en quelque sorte changé en sang pour rappeler le sort de Jésus puisque le sang est question est celui d’Abel.      Mais l’on pense aussi au sort des Juifs , peuple choisi  par Yahvé, condamné à survivre à      travers les siècles.

Il est intéressant de s’arrêter sur les formes grammaticales utilisées et notamment sur ce qu’on appelle le Vav     conversif. Selon ce principe, dont on ignore d’ailleurs la raison d’être- quand on emploie le passé, on est au futur et quand on emploi le futur, on est au passé. Étrangement, la première phrase du Livre de la Genèse ne se sert pas du Vav conversif.    Au commencement, Dieu avait créé etc. est la traduction de la forme «    bara        » qui est prétérit sans vav conversif. En fait, les deux premiers versets n’y recourent pas et l’usage n’apparaît qu’au verset 3. La terre était chaos correspond à une forme hébraïque au passé, à partir du verbe être    Havta      Tohu    »

On est donc en droit de se demander si ces deux versets initiaux n’ont pas été introduits à une époque où cette règle n’était plus respectée.

Passons aux versets 23-24, à la fin- du chapitre II de la Genèse, donc un peu plus bas et là encore, on ne s’encombre        plus de vav conversif     : pour dire qu’«   ‘on l’appellera (Yikreou) Isha parce qu’on l’a prise (lakhou) de ish      » mais bien un passé     quand c’est au passé et un futur quand c’est au futur. Même observation       : un décalage dans la procédure grammaticale.

Quant au chapitre III        de la Genèse, qui est celui du drame du Jardin d’Éden, les condamnations proférées par Dieu, ne pas introduites par un Vayomer mais par un Amar sans vav (racine que l’on retrouve en arabe et qui a donné l’émir) conversif      et en fait, là encore le futur est rendu par le futur et le passé par le passé     !     En ce qui concerne le Chapitre IV, mêmes discordance et maladresses avec une alternance    anachronique     d’un verset à l’autre de l’ancienne et de la nouvelle formulation mais nous en resterons là     ; on retiendra surtout, à ce stade, la fin du chapitre III surtout si on la compare avec l’histoire de Noé (chapitre 6, 13)   : là où l’on emploie «       Vayomer Elohim,       » on trouve dans la scène de l’expulsion du Jardin d’Éden «       Amar Yahvé Elohim          » (chapitre III,        17) avec qui plus est         la forme barbare      Yahvé Elohim     au lieu d’Elohim ou de Yahvé. Tout cela, dira-t-on, n’a ni queue ni tête     ! Il conviendrait donc de corrigere le premier verset du Livre de la Génèse:

On aurait dû avoir «    Vayivra Elohim Et haShamym’ et non ‘bara’ tout comme au verset 2 nous trouvons    : «    Vayivra Elohim et haAdam   »

א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.

1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ:    זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.

27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois.

Or, au verset 27, l’on a droit à un mélange stylistique    puisque le verset se termine par deux fois «   bara    »   ! On est donc  tout à  fait  en droit de soupçonner quelque retouche tardive, avec un rédacteur qui ne respecte pas, qui méconnaît les codes de la première mouture. Le verset commence par la forme conversive puis passe à la forme du prétérit tout en disant la même chose   ! Si ce n’est que d’une part on nous dit que Dieu créa Adam à son image et de l’autre que Dieu créa Adam «   à l’image de Dieu   »    !  Mais quid de ce pluriel « Elohim » figurant dès le premier verset de la Genèse  face à un verbe au singulier ? Il se pourrait que cela correspondit, pour les Israélites qui sont derrière la rédaction du Pentateuque,  une formule trahissant un certain polythéisme.

 

Dans nos travaux, en histoire des textes,      il nous a toujours intéressé de retrouver la source d’un texte et les contrefaçons font        largement appel au plagiat (cf. notre étude sur les Protocoles des Sages de Sion,       et leur emprunt       à Maurice Joly, Ed Ramkat 2002, ou sur la prophétie de Malachie (Papes et prophéties Ed Axiome 2005) ou l’arbre séfirotique). C’est ainsi que nous avons montré que les quatrains des Centuries sont en fait la mise en vers totalement fantaisiste de textes de Nostradamus en prose (cf. infra dans le volume III). Les mots sont utilisés mais placés dans un autre ordre (cf. Giffré de Réchac et la naissance de la critique nostradamique au XVIIe siècle, post doctorat,     EPHE Ve section, 2007, cf. aussi notre dossier in Revue Française d’Histoire du Livre, 2011). On peut parler du nettoyage d’un texte et il est étrange de voir des gens     faire assaut de propreté vestimentaire et ménagère      alors même qu’ils véhiculent des textes poussiéreux et rouillés. A la propreté du corps, doit correspondre celle de l’esprit. Mens sana in corpore sano.

Dans le cas des    chapitres de la Genèse, l’on peut faire un constat assez comparable avec les mots des chapitres traitant de Noé    repris pour constituer les chapitres précédents relatifs au Jardin d’Éden et à la naissance d’Abel et de Caïn.        Alors que dans le récit relatif à Noé, on perçoit un enchaînement logique, il n’en est rien pour celui relatif       à la «      faute d’Adam    ».

Nous verrons que notre approche de la linguistique déconstruit la phrase et met en avant les mots, lesquels peuvent se combiner, se comprendre, se traiter de toutes sortes de façons. Le cas des Centuries nous aura démontré qu’au bout du compte, les mots seuls importaient par- delà leur présence au sein d’une phrase donnée car chacun les réinterprète et les reconfigure, de par sa lecture, son commentaire, son interprétation.

Si l’on prend donc les chapitres II, III et IV du Livre de la Genèse, l’on observera l’ampleur des emprunts aux chapitres noachiques, tant au niveau des mots eux-mêmes que par le recours à des synonymes, à des calques.

 

 

I                       La nudité

Noé s’enivre en consommant du fruit de la vigne, il se dévêtit .   Voilà un événement d’une grande banalité qui    connaît une étonnante fortune dans un chapitre placé plus en amont- ce qui ne saurait surprendre car la contrefaçon vise dans bien des cas à réaménager le passé, ce qui fait qu’un texte prétendument postérieur est en fait antérieur. .     Cet épisode donne lieu à un récit qui nous parle du fruit interdit d’un arbre dont la consommation fait prendre à ceux qui le mangent qu’ils sont nus et donc qu’il leur faut cacher cet état. Dieu s’aperçoit alors immédiatement que l’on n’a pas respecté la consigne.

II Les trois frères

Noé a trois fils, Shem, Cham et Yafé,       Cham et banni

Adam a trois fils        Abel, Caïn et Seth, Caïn est banni. (Genèse IV) 17

C’est le frère du milieu qui est exclu     : Cham, Caïn (Genèse IX, 14     et seq)

Cham (et le fils de ce dernier     Canaan) est maudit par son père pour avoir révélé la nudité de Noéà ses frères au lieu de la cacher.

Dieu châtie Caïn, pour avoir tué son frère Abel.

III Le signe-

Caïn      : Et le Seigneur met une marque         (Ot) sur Caïn (Genèse IV15)

Noé       Dieu dit «      L’arc en ciel    est le signe de l’alliance (Ot haBrith) que je fais entre moi et        tous les êtres vivants qui sont sur la terre    » Genèse       IX, 17)

C’est le même mot «       Ot      » (signe, mais aussi lettre de l’alphabet) qui sert dans les deux cas.

IV Le meurtre

Dieu       dit        au chapitre IX, 5         : «       Si un animal ou une personne tue quelqu’un, je lui demanderai compte de sa vie

Or, ce thème du meurtre est décliné     plus haut avec le meurtre d’Abel par Caïn/ (Genèse IV 10) Dieu          interpelle Caïn       : Qu’est-ce que tu as fait. J’entends la voix du sang de ton frère       »

On notera que le commandement de ne pas tuer n’avait pas encore été énoncé au chapitre IV et qu’il ne le sera qu’au chapitre IX

!

V                       Les regrets de Dieu

L’expulsion du Jardin d’Éden     est dans la même tonalité que la décision de Dieu de provoquer un Déluge.

Genèse VI        6           Dieu  regrette   d’avoir fait les humains sur la terre   »

Genèse III «        Dieu chasse l’homme du jardin       d’Éden     »

Il est clair que Dieu,  ici,       regrette d’être sorti de sa zone de confort en s’investissant dans cette Création. Cela illustre bien la phase yin de repli, de retrait (et de retraite), ce qui peut conduite à l’expulsion de ce qui a été accepté puis, dans un second temps, rejeté, expulsé.

On    nous campe ici un dieu marqué comme l’homme par cette alternance au prisme de la cyclologie    selon Saturne, de flux et de reflux. Comme on dit qu’est-il allé faire dans cette galère      ?

VI

 

Le couple

La notion de couple est fortement marquée dans l’histoire de l’Arche de Noé  et l’on y emploie les mots «     ish     », «     isha      » que l’on retrouve au chapitre III lorsque Dieu crée la femme (isha et pas encore Eve)       pour accompagner Adam qui devient «     ish     ». (Genèse II). Ce sont exactement les mêmes mots de l’hébreu qui sont utilisés. Les traducteurs rendent généralement Ish et Isha, par homme et femme dans Genèse       II et par mâle et femme dans       Genèse VII alors que ces termes s’appliquent à tout animal. En fait, dans Genèse VII, on emploie pour les animaux tantôt     Ish-Isha et tantôt Zakhar Neqéva, la forme Ish Isha étant utilisée pour Noé et sa «       maisonnée       » (Bayit).

Genèse VII

Dieu dit à Noé      : Entre toi, et toute ta maisonnée ( Beytekha,        rendu par famille                       in trad. du rabbinat) dans l’Arche (…)Noé     entra         avec          ses fils et ta femme     (Ishto) et les femmes (nashéi,, pluriel     de isha) de tes fils avec toi (…) Tu devras faire entrer aussi dans le bateau un couple de chaque espèce vivante, un mâle (zakhar)       et une femelle      neqéva)»(formule que l’on retrouve dans Genèse I     et   «    De tout quadrupède pur, tu prendras sept couples, le mâle et sa femelle (Ish     Ishto)     et des quadrupèdes    non purs, deux, le mâle et sa femelle      (Ish Ishto)» De même des oiseaux du ciel, respectivement sept, mâles et femelles (zakhar veneqéva) pour perpétuer       les espèces sur terre   »

Genèse II,22- 28

«        Dieu a fait       toutes sortes       de bêtes sauvages et toutes sortes d’oiseaux (.) Le Seigneur      fait une femme    (Isha) et il l’amène à       l’homme. (..;) On l’appellera femme de l’homme parce qu’elle vient de l’homme (Adam)    (..) C’est pourquoi l’homme (Ish) abandonne son père et sa mère. L’homme s      ‘unit à sa femme (Ishto), la femme       (contraction de isha shélo) qui est à lui)    et ils deviennent une seule chair. Or, ils étaient nus, l’homme (Adam) et      sa femme (Ishto)      »

Quand on étudie de près l’usage du mot Adam dans les deux premiers chapitres de la Genése, on note que le nom Adam apparait pour la première fois sans article défini alors que par la suite, il est toujours précédé du dit article «      ha      » (haAdam). Etrangement, dans deux versets successifs (I, 26-27), qui se répètent littéralement,      l’on trouve    d’abord Adam puis «        Et haAdam      »

26        Naassé Adam beTsalménou         «      Faisons Adam à notre image     »

27       Vayvra Elohim Et haAdam beTsalmo      «     et Dieu créa l’Adam à son image                      »

Comment expliquer que cet Adam se trouve ravalé en quelques sorte au niveau de «                      Ish     »     ? Si l’on admet qu’Adam      incarne, symbolise,    un être supérieur,    on ne saurait exclure qu’à un certain stade,       des rédacteurs    représentant les intérêts d’une population dominée – -l’on pense à ceux relevant du Royaume d’Israël – aient tenté d’ estomper voire d’ effacer un tel statut supérieur. Mais dans les Evangiles, c’est bien la lignée de David qui est privilégiée (cf.   Mathieu I) et quant à Jésus, il se présente comme le «    fils de l’homme      », ce qui doit être compris comme «      fils d’Adam       », selon l’acception que l’on trouve notamment dans Ezéchiel

Ézéchiel 26 1 «     La onzième année, le premier jour du mois, la parole de l’Eternel me fut adressée, en ces mots: 2 Fils de l’homme (Ben Adam), parce que Tyr a dit      etc «

Ezéchiel      38. 2«  Fils de l’homme (Ben Adam), tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, Vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal, Et prophétise contre lui!      »

On peut d’ailleurs se demander à quelle version de l’Ancien Testament –une version disparue                      ? -     s’appuyait alors le Nouveau Testament.

Nous pourrons       observer et démontrer      dans nos travaux sur les Centuries de Nostradamus (cf deuxième  Partie) que le premier volet de quatrains      favorisait le camp catholique de la Ligue alors que le second semblait bien plaider la cause du réformé Henri de Navarre, le futur Henri I IV. (cf.     notre dossier dans la Revue Française d’Histoire du Livre, 2011). Il semble bien que le Pentateuque réunisse, de façon syncrétique, àl’instar des Centuries, des positions politiques difficilement      compatibles.       On pourrait ici      utiliser une terminologie que nous avons développée dans notre thèse d’État (1999) concernant le chronéme et le choréme. Le chronéme permet de dater un texte alors que le choréme ( même racine que chorégraphie)       permet de déterminer son appartenance, de le localiser. C’est la dialectique du quand et du où. Et ici le traitement de Jacob et de Juda     constitue des chorémes qui nous conduisent à penser que -comme pour les Centuries, à la fin du XVIe siècle- le matériau    rassemblé au sein d’un canon, tendait à unifier des courants contradictoires. En effet,     la bénédiction de Jacob -Israël à Juda à l’égard de Juda       (le lion), dans le Livre de la Genèse, n’a nullement disparu comme cela aurait été le cas si un seul parti avait tout      dirigé. On notera d’ailleurs que Jacob est loin d’être systématiquement désigné sous le nom d’Israël et nous      voyons       dans ce changement de nom        une interpolation au service du camp d’Israël. Le Livre de l’Exode ne se réfère jamais à Juda mais à Israël. Il semble donc qu’il ait été rédigé soit par les seuls ressortissants d’Israël, soit en un temps de syncrétisme, où de telles différences n’étaient plus comprises pleinement, comme c’est d’ailleurs le cas de nos jours où la plupart des Juifs ignorent totalement l’évènement majeur que fut la sécession. Ils célèbrent la destruction du Temple de Jérusalem (jeune du 9e jour du mois d’Ab) mais non une telle rupture que pourtant Isaïe décrit de façon dramatique        (ch. VII)      : «     Il n’y pas eu de jours semblables depuis que le royaume d’Israël s’est séparé        du royaume de Juda      », ce qui se situe au Xe siècle avant notre ère. C’est un peu comme si l’Ecosse, au nord,      faisait scission avec l’Angleterre, au sud et comme si Londres correspondait     à Jérusalem, ne reconnaissant plus la primauté du souverain anglais. Mais de fait, dans Mathieu, l’on met en avant la «        prophétie        » de Jésus sur la prochaine destruction du Temple (en 70)         mais l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit là d’une prédiction faite en quelque sorte «      après coup       »       (Mathieu XXIV) «   Jésus sort du temple    et il s’en va. Alors, les disciples s’approchent de lui pour lui montrer les bâtiments du temple. Jésus leur dit «       c’est la vérité, ici il ne restera      pas une seule pierre sur une autre. Tout sera détruit      ». Et n’en est-il pas de même quand Isaïe (VII) est dit avoir annoncé la destruction du royaume d’Israël avant qu’Emmanuel n’atteigne l’âge de raison        ? Dans les deux cas, rien ne semble pouvoir prouver que de tels textes auraient été publiés avant les événements annoncés (cf.     notre tome III sur Nostradamus, infra, à propos de l’annonce du couronnement d’Henri IV en 1594). Ce qui apparemment semble devoir prouver la valeur d’une prophétie peut tout aussi bien prouver qu’il ne s’agit rien d’autre que d’une contrefaçon       visant à consolider l’image d’un «  prophète   ». Dans Mathieu, au demeurant, il est longuement     traité des faux prophètes.(XXIV)  «         Ils feront des guérisons et des miracles pour tromper      ». Or, pour bien des chrétiens, la divinité de Jésus, sa messianité tiendraient justement à ses «        guérisons et miracles     »       !

Si le nom d’Israël est récurrent dans le Livre de l’Exode, il est rare dans le Livre de la Genèse puisque outre le récit de la lutte avec l’ange on ne le trouve plus que dans les deux derniers chapitres     à savoir une fois lors de     la bénédiction finale de Jacob à ses fils (ch. 49) et       une autre      en conclusion  »Tous ceux- là sont les douze tribus d’Israël  » (verset 28), ce qui fait la jonction avec le premier chapitre de l’Exode        : «     Voici les noms des fils d’Israël(…)Or les enfants d’Israël avaient augmenté etc «       .Dans le Livre de l’Exode, Dieu va se référer    régulièrement aux «         Bnéi Israël       », aux fils, aux enfants     d’Israël    ce qui va donner l’appellation israélite, en vigueur en France au XIXe siècle alors que l’expression «    Judaïques     » (ce qui renvoie à Juda l’emporte depuis quelques décennies), ce qui tend d’ailleurs à réserver le terme «     israélien     » pour les « Juifs » vivant en «      Palestine     ». La dualité Juda (Israël s’est comme réintroduite de nos jours       en usant d’un terme pour les Juifs de la Diaspora et d’un autre pour ceux de l’État Hébreu. En optant pour le nom d’Israël, le Royaume du Nord se situait à la génération précédant celle de Juda préférant ainsi le père au fils Mais on soulignera que parmi     les 12 apôtres, on trouve un Judas (Iscariote)– qui sera déconsidéré du fait de sa trahison -    comme il y en a un parmi les fils de Jacob-Israël – ce qui débouchera sur les 12    tribus dont celle de Juda      jouera un rôle central, notamment à la mort de Salomon et du fait du schisme avec ce qui deviendra le     » Royaume d’Israël. / Initialement, il était question     de  la         Monarchie unifiée d’Israël et Jura (un peu comme on parle de nos jours du Royaume Uni)

Les prophètes s’adressent à ces deux «   maisons   »                             :

Jérémie 3.18
En ces jours, La maison de Juda  (peuple Juif) marchera avec la maison d’Israël (Ephraim); Elles viendront ensemble du pays du septentrion Au pays dont j’ai donné la possession à vos pères.

Zacharie 8.13
De même que vous avez été en malédiction parmi les nations, maison de Juda                       et    maison d’Israël, de même je vous sauverai, et vous serez en bénédiction.

Décidément, on découvre de nombreux calques entre les deux «    Testaments     », qu’il s’agisse du doute qui enveloppe la naissance plus ou moins miraculeuse        de Jésus comme d’Isaac ou du «      sacrifice    » que le père est conduit à accepter de son fils. Toutes ces ressemblances pourraient nous faire douter de la réalité historique qui enveloppe le personnage de Jésus, ce qui vaut aussi, par ailleurs, en amont, pour les patriarches dont le dit Jésus serait issu par le truchement d’un Joseph, dont il est dit qu’il n’est pas vraiment le fils mais au mieux un enfant adopté à moins bien entendu – comme nous le pensons- que l’on remette en question la dite   naissance de Jésus telle qu’elle est relatée dans les Évangiles, sur le modèle de celle d’Isaac.. C’est ce que nous appelons un phénomène de référencement, quand un discours ne se comprend vraiment que dès lors que l’on sera parvenu à analyser son référencement,  ses sources, ses emprunts. Dans le présent ouvrage, les exemples ne manquent certainement pas    l’astrologie par rapport à l’astronomie, l’alimentation végétarienne par rapport à l’alimentation carnée, l’anglais moderne par rapport au français, la femme par référence à l’homme qu’elle entend «     égaler    ». Mais il nous faut revenir sur la naissance de Moise dont le «       récit     » nous semble être lacunaire dans le Livre de l’Exode tel du moins qu’il nous est parvenu        nous      serions tentés de dire que la princesse égyptienne aurait été fécondée     «  divinement     » et aurait donné naissance à ce Moïse, à l’instar de Marie  pour Jésus puisque tant Moise que Jésus ( à la suite de Jérémie) sont les     véhicules,        les      porteurs, les missionnés       d’une Alliance du même peuple avec le même Dieu, l’Ancienne et la Nouvelle, respectivement. (cf le Monde Juif      et l’Astrologie, op. Cit). La disparition de certains éléments nuit, on le conçoit,     à la mise en évidence       de tous les parallèles, de tous les décalques au sein de l’ensemble «         Bible       ». Dès lors, ni Moise, ni Jésus ne sauraient être qualifiés d’       »Hébreux, puisqu’ils sont nés par l’opération du Saint Esprit, ce qui expliquerait      l’étrange dialogue de Moise avec «      Dieu      », quand ce dernier déclare l’envoyer vers «  ce peuple      », sorte de «     mission impossible       »     qui constitue d’une certaine manière une surprise pour l’intéressé, même si par la suite, l’on aura pris la peine de fausser les pistes en introduisant les signes d’une judéite initiale de Moïse   !

Soulignons le fait que l’évangile de Mathieu- qui s’adresse tout particulièrement aux                       Juifs        convertis et donc familiers avec ce qu’on appellera l’Ancien Testament, réaffirme le rôle du quatrième patriarche    Juda ). «   Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda       le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. ». On peut donc voir dans       le «    nouveau Testament        » une protestation     contre     cette prise de pouvoir dans le Pentateuque (Torah)        d’Israël, au point que l’Exode        évacue    jusqu’au nom de Juda      dans le discours que Dieu adresse à Moïse.

On nous objectera que le Royaume d’Israël ayant disparu dès 722 avant JC, on voit mal comment ses tenants auraient pu intervenir ultérieurement dans la transmission du corpus «                                vétérotestamentaire      ». Mais ce serait oublier la nature impériale du Royaume de Salomon, à savoir que les       régions du Nord étaient en quelque sorte satellisées par celles du Sud et que nombre de ressortissants de la partie septentrionale de l’Empire      étaient installées dans la «      métropole           judéenne     (Chroniques précise en        effet (X, 17)       : «      Seuls les Israélites qui habitent le territoire de Juda reconnaissent Roboam comme       roi      . En fait, selon nous, tout se passe comme si les territoires du Nord avaient le sentiment d’avoir été conquis par ceux du Nord et qu’ils se révoltaient contre ce pouvoir qui leur avait imposé sa religion, c’est dire que la Judaïsation des païens était bien antérieure à l’émergence du christianisme, cette judaïsation correspondant à une dynamique d’horizontalité. . On peut même se demander si la représentation des 12 tribus n’est pas une fiction visant à intégrer     les populations conquises    du Nord.

». De nos jours, on comprend aisément une telle situation comme dans le cas des immigrés algériens restés en métropole après l’indépendance de l’Algérie en 1962 voire    ceux qui s’y installèrent par la suite, tout en conservant des liens avec leur pays d’origine.    On peut donc supposer que les populations issues du Nord auront échappé à la destruction de leur Royaume et auraient pu élaborer une version     du texte biblique comportant des retouches et des interpolations favorables à la cause d’Israël et minimisant celle de Juda. On peut aussi imaginer que le texte biblique qui aura été conservé n’est pas le texte officiel mais la version propre au courant lié à ce Royaume d’Israël. Ces «     israélites    » auraient pu se comporter peu ou prou comme le feront les Marranes en Espagne, sans parler du clivage en Islam entre Chiites et Sunnites. L’Histoire des textes est coutumière de tels aléas de transmission, via des traductions, des versions dissidentes, des attaques. En tout état de cause,  l’Evangile selon Mathieu atteste du maintien d’une telle représentation tribale                      :

«        Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations !  »

Nous avons ainsi  pu observer et démontrer – pour le XVIe siècle-    dans nos travaux sur les Centuries de Nostradamus que le premier volet     de ses Prophéties – titre de l’ouvrage, les Centuries ne faisant que décrire une présentation des quatrains par tranche de cent- favorisait le camp catholique de la Ligue- et en fait en émanait-   alors que le second semblait bien plaider la cause du réformé Henri de Navarre, le futur Henri I IV. (cf.          notre dossier dans la Revue Française d’Histoire du Livre, 2011). On pense notamment à un quatrain retouché censé annoncer le couronnement en 1594   d’Henri de Navarre à Chartres, en changeant la ville de Chastres (ancien nom d’ Arpajon)     en Chartres, le couronnement n’ayant pu avoir lieu à Reims, cité contrôlée par la Ligue catholique. Ce couronnement      fait suite à la conversion au catholicisme (abjuration) et précède l’entrée du roi dans Paris. Quand     Chantal Liaroutzos a repéré     la piste de la Guide des Chemins de France, elle n’a pas songéà vérifier de quelle façon cette source avait été traitée et si des variantes significatives et révélatrices n’avaient pas été introduites. Or, le repérage des sources est d’autant plus intéressant quand cela fait apparaître des modifications et lorsqu’il est en outre possible de relier celles-ci à des données pouvant être circonscrites dans le temps.

Face à cette guide des Chemins de France qui est une incursion géographique, il importe de placer le Livre de l’Estat et Mutation des temps de Richard Roussat, notamment en ce qui concerne la rédaction du 16e quatrain de la centurie première. Brind’amour (cf son édition critique de 1996, Genève, Droz) cite certes le passage de Roussat correspondant mais sans en tirer toutes les conséquences, à savoir la dimension aléatoire et compilatoire des quatrains concernés. D’ailleurs, l’emprunt à Roussat est ici totalement aléatoire et discontinu, ce qui montre qu’il ne s’agit là que d’un collage, d’un remplissage – pour atteindre une certaine quantité de quatrains- au même titre que l’emprunt à la Guide des Chemins de France.

Or, il est clair que ce texte signalé est une exploration cette fois non plus géographique mais astronomique de la série des conjonctions Jupîter-Saturne dans la longue durée. Brind’amour nous indique que ce quatrain se réfère à une conjonction de 1641 mais il est clair que ce quatrain – recourant à un texte tronqué- ne saurait être l’œuvre de Michel de Nostredame      pas plus que le quatrain relatif à Varennes (auquel Dumézil en 1984 consacra toute une étude) , alors qu’il est un emprunt à la dite Guide de Charles Estienne. Il en est bien entendu de même pour les quatrains qui se référent à des événements de la fin du XVIe siècle et qui ne sont nullement le fait de la prophétie nostradamienne mais des interpolations        de circonstance mises sur le compte du prophète-astrologue. Soulignons que l’astrologie n’aura pas tant été victime des attaques proférées contre elle mais bien de la concurrence de la littérature prophétique et divinatoire laquelle prospérera alors même que la cote de l’astrologie déclinera, notamment aux XVIIIe et XIXe siècles.

Il semble bien que le Pentateuque réunisse, de façon syncrétique, à l’instar des Centuries, des positions politiques difficilement compatibles.    On pourrait ici         utiliser une terminologie que nous avons développé dans notre thèse d’État (1999) concernant le chronéme et le choréme.   C’est la dialectique du quand et du où. Et ici le traitement de Jacob et de Juda  constitue des chorémes qui nous conduisent à penser que -comme pour les Centuries, à la fin du XVIe siècle- le matériau    rassemblé au sein d’un canon, tendait à unifier des courants contradictoires. En effet,       la bénédiction de Jacob à Juda      à l’égard de Juda     (le lion), dans le Livre de la Genèse, n’a nullement disparu comme cela aurait été le cas si un seul parti avait tout   dirigé. On notera d’ailleurs que Jacob est loin d’être systématiquement désigné sous le nom d’Israël et nous         voyons       dans ce changement de nom    une interpolation au service du camp d’Israël. Dans le Livre de l’Exode, Dieu se réfère      régulièrement aux «         Bnéi Israël       », aux fils, aux enfants       d’Israël    ce qui va donner l’appellation israélite, en vigueur en France au XIXe siècle alors que l’expression «        Juifs        » (contraction        qui renvoie à Juda     l’emporte depuis quelques décennies), ce qui tend d’ailleurs à réserver le terme «       israélien   » pour les «       Juifs » vivant en «         Palestine    ». La dualité Juda -Israël s’est comme réintroduite de nos jours       en usant d’un terme pour les Juifs de la Diaspora et d’un autre pour ceux de l’État Hébreu.

Soulignons le fait que l’Évangile de Mathieu réaffirme le rôle du quatrième patriarche         Juda « Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda (), le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. ». On peut donc voir dans        le «     nouveau Testament     » une protestation      contre     cette prise de pouvoir dans le Pentateuque (Torah)       d’Israël, au point que l’Exode      évacue     jusqu’au nom de Juda      dans le discours que Dieu adresse à Moïse.

 

Revenons sur la question de la création de la femme. On sait qu’au chapitre II, Dieu constate qu’Adam ne trouve pas de partenaire parmi tous les animaux existants, il lui faut donc créer quelque chose qui n’existe pas encore. C’est la «        icha      » dont le nom vient du fait qu’elle est issue, extraite       de «   ish       ». Certes, ce clone a été fabriqué à partir de la «   chair      » d’Adam, comme il est dit mais      peut-on dire pour autant qu’elle est pleinement «        humaine      »      ?  En tout cas, elle     n’est pas son épouse mais plutôt sa «       femme de ménage        », sa «       bonne à tout faire     », et qu’elle est une sorte de clone, ce qui renvoie à l’idée qu’Élohim dispose d’une biotechnologie        fort avancée.. Si Adam s’unit à cette Isha, on est dans une sorte d’inceste, entre le père et sa fille. Or, dans le Jardin d’Éden, il n’est nullement question d’union, d’enfantement. Ce n’est qu’à la suite de l’expulsion qu’Adam s’unit à celle qui désormais portera le nom d’Eve mais nous avons vu qu’elle n’enfantera pas avec Adam mais avec un être divin, comme cela se pratiquait. Autrement dit,    il importera de distinguer       le féminin intégré au sein de l’génie adamique du féminin     incarné par la femme. On parlera donc du féminin androgynal     (neqéva) dans le cas de l’homme ou mieux encore de l’anima qui ne fait sens que s’il cohabite avec l’animus, au sein de cet être génie adamique qu’est l’homme (par opposition ici à la femme laquelle correspond à la «     isha     », l’épouse de l’homme mais non pas le féminin en l’homme. Chez l’homme, l’animus et l’anima se dynamisent mutuellement alors que chez la femme, seule existerait l’anima,      ce qui oblige la femme à rechercher le dialogue à l’extérieur d’elle-même. Or, pour nous, le génie adamique exige    une telle dualité intérieure, ce qui lui permet de ne dépendre de personne quand il se trouve en terre inconnue alors que la femme aurait toujours besoin qu’on lui prenne la main pour avancer  Nous ne suivrons pas Jung ( » Dialectique du moi et de l’inconscient, Gallimard, 1973, pp 179 et 181 quand il écrit

« L’anima est féminine ; elle est uniquement une formation de la psyché masculine et elle est une figure qui compense le conscient masculin. Chez la femme, à l’inverse, l’élément de compensation revêt un caractère masculin, et c’est pourquoi je l’ai appelé l’animus. Si, déjà, décrire ce qu’il faut entendre par anima ne constitue pas précisément une tâche aisée, il est certain que les difficultés augmentent quand il s’agit de décrire la psychologie de l’animus. ()    Pour décrire en bref ce qui fait la différence entre l’homme et la femme à ce point de vue, donc ce qui caractérise l’animus en face de l’anima, disons : alors que l’anima est la source d’humeurs et de caprices, l’animus, lui, est la source d’opinions ; et de même que les sautes d’humeur de l’homme procèdent d’arrière-plans obscurs, les opinions acerbes et magistrales de la femme reposent tout autant sur des préjugés inconscients et des a priori. »

En effet, pour nous, la dialectique animus-anima se joue au niveau du génie, ce qui renvoie au premier chapitre de la Genèse. Quant à la femme, elle ne serait point selon nous animée par une telle dialectique, ce qui ressort du deuxième chapitre de la Genèse. Elle correspondrait au genre neutre, au numéro 3.

Les deux maisonnées sont intimement en résonance     : celui qui ne maîtrise pas ses pulsions (maisonnée intérieure (micro) ne parviendra pas à se faire respecter de sa maisonnée extérieure (macro), à savoir ceux qui le fréquentent et dépendent peu ou prou de lui      Rappelons la formule d’Auguste dans la pièce de Corneille, Cinna ou la clémence d’Auguste (1641)    : «        je suis maître de moi comme de l’univers    ». (Acte V) En tout cas, selon nous,          l’élément féminin de l’homme ne saurait être confondu avec la femme. Ce qu’on appelle féminin dans la Genèse correspondrait à notre idée de la maisonnée (cf supra), à savoir les parties inférieures fonctionnant de façon plus ou moins automatiques, ce qui relève de notre corps. En revanche, la femme (qui ne figure pas au chapitre Ier de la Genèse)      serait un élément extérieur,     détachable, de la dite maisonnée, une pièce rajoutée et non vitale pas plus que ne l’est tel ou tel appareil technique(cf notre  Volet III). D’une certaine façon, la femme serait l’interface, la médiation entre l’homme et la machine tout comme le messager (Moïse, Jésus, par exemple) est un intermédiaire-de par sa nature même- entre les hommes et les dieux. On peut d’ailleurs se demander si dans le tétramorphe, ce n’est pas la femme plutôt que l’homme qui se trouve représenté aux côtés du taureau, du lion et de l’aigle –selon nous bien plutôt le porc.

Au regard de la grammaire,  on est en droit de se demander si le clone ne correspondrait au troisième genre, le neutre, si fortement marqué en allemand  avec le das qui se distingue du der (masculin) et du die (féminin) et d’ailleurs on dit das  Mädchen est un neutre pour désigner une fille. Cela vaut aussi pour le latin comme dans le cas de templum et son pluriel templa (us et a au masculin et au féminin, i et ae au pluriel)  On notera qu’en français, on distingue  deuxième  et second,  deuxième  permettant  un troisième  facteur alors que second  exclue un troisième   facteur.

 Selon nous, en effet et c’est une pierre dans le jardin de l’évolution darwinienne il pourrait bien y avoir eu des interférences  entre plusieurs ‘évolutions      »  et non un processus évolutif  unique.  Nous proposerons ici une nouvelle lecture de la Table d’Émeraude qui met en vis à vis le haut et le bas, en disant que le seigneur (position dominante) est en haut et la maisonnée en bas (subalterne) On pourrait parler d’évolutions parallèles mais pouvant interférer dans le temps et dans lespace, par le biais de la colonisation, de lemprunt, de linfluence, de la fascination-aliénation- ce qui conduit à la corruption, sans parler du progrès technologique qui a sa propre dynamique lequel est tout à fait susceptible dinteragir, comme le pensait Rousseau, avec un développement «        naturel        », «        normal        »  quil tendra à venir peu ou prou perturber.        .S’aliéner, c’est se perdre et en ce sens, on ne saurait  valider l’attirance pour ce qui est autre, y compris pour autrui, du fait d’un sentiment d’incomplétude qui n’est pas sans rapport avec cette «        nudité        » dont Adam et Eve  ont eu honte et qu’ils entendirent recouvrir avec un objet extérieur, à savoir des feuilles de figuier. Cela ne signifie nullement qu’il ne faille créer des outils qui serviront à notre prochain mais ce faisant force est de constater que nous laliénons voire l’asservissons car le servant se reconnaît par les outils qu’il pratique et dont il n’est pas le concepteur mais seulement l’opérateur. Celui qui se sert des outils se signale comme esclave alors que celui qui les élabore est le maître car ces outils sont des chaînes dans lesquelles l’esclave se complait, y compris quand il s’agit de réciter telle prière, telle bénédiction, tel  psaume, dans un espace religieux. L’outil le plus prégnant n’est-il pas celui qui asservit notre bouche ?

 En bref,  la maisonnée  regroupe tous les outils, les fonctions tant internes quexternes, ceux que nous portons en notre corps comme ceux que nous  bâtissons et contrôlons  de par nos membres extérieurs (pieds et mains). Reste la question de lidentité du «         maître de la maisonnée        » celui auquel sadressent les  Dix Commandements, comme on la vu. Ce nest ni la femme, ni le serviteur, ni lanimal qui composent la dite maisonnée        et dont le chapitre II de la Genèse nous donne la description. Le maître de la maisonnée, cest Adam, fait à limage de «        Dieu » et cet Adam nous lidentifierions volontiers au « Surhomme        » et non  pas à lhumanité «        courante       » qui est voué à le servir et en ce sens ce serait commettre un grave contre sens, nous semble-t-il, que de croire que le Décalogue vaut pour le commun des mortels ou quAdam est de même nature que le monde de sa maisonnée         pas plus que le soleil nest assimilable et réductible aux planètes qui gravitent autour de lui.

Or, dans le Nouveau Testament,  au début de l’Epitre aux Colossiens 1 15, on lit à propos de Jésus de Nazareth, «        Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.       », ce qui vaut pour Adam,  ses descendants étant  créés à l’image d’Adam, ce sont les «       fils d’Adam        ». Or Jésus se décrit aussi comme «        fils d’Adam        », que l’on rend faussement  par «       fils d’homme        ».

Quant à la Lune, elle ne saurait être- en dépit dapparences trompeuses-  le pendant du Soleil, elle qui nest que le satellite de notre Terre.  Dailleurs, le couple homme -femme (Ish-Isha) de la Bible –à ne pas confondre avec  lAdam, fils, conçà limage de dieu et dont les descendants tels Jésus se diront justement «      fils dAdam    »-  nest pas sans nous faire penser à celui de Vulcain-Héphaïstos et Vénus-Aphrodite. Vulcain cest le forgeron, lhomo faber et Aphrodite  pourrait être sa «   création                     » (cf.  Pygmalion), de sa «      fabrication     », ce qui nous renvoie au Décalogue     : tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain ni tout ce qui relève de sa «  maisonnée    » (Bayit). Mais ce «        prochain     », ce nest pas nimporte qui, cela ne vaut que pour ceux qui appartiennent à lensemble dont il est question, tout comme aucune règle  sociale, religieuse, ne saurait revêtir une implication universelle mais ne vaut que pour ceux qui se sont engagés à la respecter, faute de quoi ils seraient excommuniés, cest à dire bannis de la communauté concernée mais non de lhumanité toute entière     !Selon nous, si lon se réfère aux chapitres II  et III du Livre de la Genèse,  le Serpent  serait loutil, la machine, cest-à-dire la tentation par excellence dont le Shabbat sefforce de nous protéger en nous demandant de ne nous servir daucun appareil, du plus primitif au plus sophistiqué.  Une autre piste consisterait à voir dans le serpent lidée de divination puisque «     nahash      » désigne, en hébreu, aussi bien le serpent que lacte de connaître lavenir et ainsi le fruit de larbre de la connaissance du Bien et du Mal pourrait avoir un rapport avec une certaine science du futur.( cf. Francis Eustache Dir. La mémoire au futur, Paris, Le Pommier, 2018)

Le message principal du judaïsme ne renvoie pas à  un savoir transmissible par les textes mais à une réalité biologique   à savoir que l’on ne saurait mettre l’homme et la femme sur le même pied, qu’un homme ne peut ou en tout cas  se changer en femme et vice versa pas plus d’ailleurs qu’un non juif peut devenir juif  ou un Juif cesser de l’être, sous prétexte qu’il aurait suivi quelque rituel.

 

Le «       Ish        » est complété par la Isha, laquelle est dotée dune mécanique physiologique, organique, lui permettant notamment de porter, et  de  produire une progéniture alors que le Serpent correspondrait à une mécanique externe, instrumentale

On observe le mode de formation du féminin       : passage de  Ich à icha      par l’adjonction d’un Hé final      Comment dès lors, certains noms masculins comportent-ils ce trait féminin comme pur  judah, un des fils de  Jacob    avec Youd, Hé, vav, daleth, hé –tout comme sa sœur Dina (Daleth, youd, noun,  hé) – et pourquoi le tu qui s’adresse à un homme comporte-t-il la forme  «     Ata        », aleph, Thav, Hé, ce qui vaut aussi pour  Yahvé,  auquel l’on s’       adresse aussi avec ce tutoiement au féminin  du Ata associé au masculin  Baroukh (ou l’inverse) «       Baroukh ata Yahvé        «       ? Et pourquoi Yahvé comporte-t-il ce même marqueur final en Hé, ce qui sera parfois rendu par Jéovah       ?

 

Genése II,  23

 

כג וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת.

23 Et l’homme dit: « Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu’elle a été prise de Ich. »

 

Genése 49                     :

ח יְהוּדָה, אַתָּה יוֹדוּךָ אַחֶיךָ–יָדְךָ, בְּעֹרֶף אֹיְבֶיךָ; יִשְׁתַּחֲווּ לְךָ, בְּנֵי אָבִיךָ.

8 Pour toi, Juda, tes frères te rendront hommage; ta main fera ployer le cou de tes ennemis; les enfants de ton père s’inclineront devant toi!

ט גּוּר אַרְיֵה יְהוּדָה, מִטֶּרֶף בְּנִי עָלִיתָ; כָּרַע רָבַץ כְּאַרְיֵה וּכְלָבִיא, מִי יְקִימֶנּוּ.

9 Tu es un jeune lion, Juda, quand tu reviens, ô mon fils, avec ta capture! Il se couche; c’est le repos du lion et du léopard; qui oserait le réveiller?

י לֹא-יָסוּר שֵׁבֶט מִיהוּדָה, וּמְחֹקֵק מִבֵּין רַגְלָיו, עַד כִּי-יָבֹא שִׁילֹה, וְלוֹ יִקְּהַת עַמִּים.

10 Le sceptre n’échappera point à Juda, ni l’autorité à sa descendance, jusqu’à l’avènement du Pacifique auquel obéiront les peuples

 

Bénédiction                     : בָּרוּךְ אתָּה ייְָ, אֶלֹהֵֽינוּ מֶֽלֶךְ הָעוֹלָם

 

 Cette Isha  nous interpelle  en ce qu’elle renvoie au Ish dont il n’est que fort peu question dans le Pentateuque. Tout se passe comme si s’était produit un télescopage, un hiatus qui nous fait passer brusquement de Adam à Ish, ce qui aura été une grande source de confusion quand on traduit les deux mot par le même terme, en français homme! Or Adam n’est certainement pas Ish, il est le maître  adamique et non l’esclave Ish, pendant de la Isha, la servante, et il est question d’ un tel couple à deux reprise dans le Décalogue si ce n’est que l’on a tendance à distinguer la Isha de la servante alors que selon nous cela ne fait qu’un. Il importe donc selon nous de dire que les Hébreux sont les descendants d’Adam  et leurs esclaves ceux de Ish et Isha, la Isha  servant à la fois à la perpétuation de la lignée des maîtres et des esclaves, selon l’identité de son partenaire sexuel. Pour nous, le christianisme aura été instrumentalisé par la société juive d’en bas, celle des esclaves, vivant aux côtés des Hébreux.  Quand on parle des païens, il s’agit de se situer dans le contexte des tensions au sein du monde  juif, lequel ne comportait pas que des Hébreux mais aussi leur « maisonnée » (ce qui correspond au Bayit du Décalogue), toute une population gravitant tout autour.     «        En ces jours-là, dix hommes de toute langue, de toute nation, saisiront le pan de l’habit d’un seul individu Juif en disant                     : Nous voulons aller avec vous car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous                     !                     » (Zacharie 8:23) mais ces païens qui vivaient dans la proximité, la vicinité des Juifs, avaient-ils pour autant abandonné leurs croyances en devenant «                     Chrétiens      », d’autant que le Christ , c’est-à-dire le Messie, l’oint (mashiah) – ce qui renvoie à la royauté – ce qui vaut notamment pour le sacre des  rois de France                     ?  On peut en douter face à ce syncrétisme qui finira par  faire de ce personnage un «                     fils de Dieu     »     ? Or, au regard de la mythologie, la notion de fils de dieu est classique      : Jupiter n’est-il pas un des fils de Saturne     (cf. notre tome II)       ? Tout se passe comme si l’on se trouvait en face d’un marranisme, avant la lettre aves des païens lesquels tout en se judaïsant par la voie du christianisme n’en auraient pas moins conservé certaines de leurs représentations, ci-dessous un tableau de Goya montant Saturne dévorant ses enfants, ce qui nous renvoie au demeurant à l’idée du sacrifice du fils avec la scène de la crucifixion. Jupiter est le dernier né, le seul qui échappe à ce sort, sauvé par sa mère Rhéa        , recueilli par une chèvre : Notons  que dans le Livre du Prophéte Osée, le chapitre XI commence ainsi                     :

 

א כִּי נַעַר יִשְׂרָאֵל, וָאֹהֲבֵהוּ; וּמִמִּצְרַיִם, קָרָאתִי לִבְנִי.

1 Quand Israël était jeune, je l’avais pris en affection; du fond de l’Egypte j’ai appelé mon fils

.

Mais le retour à l’hébreu nous fait préférer la traduction      :     » je l’ai appelé mon fils       ». En tout état de cause, il est bien ici question d’un «       fils de Dieu   » tout comme Isaac est le fils d’Abraham, dans la scène du sacrifice du fils (ligature)

 

Kronos/Saturne dévorant ses enfants, à l’exception de Zeus/Jupiter . par Goya

En fait, tout dépend de ce que l’on entend par «       Dieu      »      ? Il est clair que la notion de filiation ne fait guère sens pour un dieu universel ou métaphysique mais exige qu’il y ait un dieu en chair et en os, mais d’une autre origine que l’Homme, c’est ce que nous appelons le Deus Faber, un dieu  qui ne  serait pas inventé de toutes pièces par et pour les «        besoins      » et les fantasmes des humains  mais qui  se présente et s’offre à eux      ; un dieu en quelque sorte intrusif, non attendu à la différence des autres dieux.  L’occasion fait le larron        : ce dieu qui est présent (d’où la Shekhina, la Présence) alors qu’on ne attendait pas, sera accueilli et élu par les Hébreux. Car pourquoi ce Dieu aurait-il a priori  choisi tel ou tel peuple       ? Dès lors, que ce Dieu – formule très générale- ait des «      fils       » -dont on parle d’ailleurs au début de la Genèse- ne saurait surprendre. Ce dieu ne serait devenu dieu que du fait de l’Alliance, il aura été divinisé et l’on perçoit avec le personnage de Jésus toute l’ambiguïté d’un tel statut, forcément double.

Décidément, on ne saurait confondre sous le terme «   homme   » les fils dAdam et ceux de Ish et quand Jésus se présente, il ne faut surtout pas traduire par fils de lhomme mais bien par fils dAdam et cest également ainsi que Dieu sadresse à ses prophètes (cf. notamment dans le Livre d’Ézéchiel et aussi dans le Livre de Daniel VII, 13)  Adam d’ailleurs peut-il être traduit par «     homme     ». N’est ce pas plutôt un certain personnage, une certaine humanité     ?

Les commentateurs  veulent croire que l’Ancien des Jours (Atik Yomin) siégeant avec le Fils de l’Homme (Bar Enash) ne serait  autre que Yahvé, ce qui viendrait conforter leur idée de la Trinité (cf. Daniel Boyarin). En réalité, cette idée de Trinité ne serait selon nous qu’une pure invention visant à attirer les Juifs  en leur faisant croire que Yahvé et Jésus, c’est tout un, ce qui  permettrait de contourner l’interdit central pour les Hébreux de ne servir qu’un seul dieu, et ce d’autant plus que ce ne sont pas les dieux qui manquent                     !En fait, ce qui compte à propos de Jésus en tant que fils de lhomme        » ne tient pas aux miracles quil aurait accomplis notamment en matière de guérison, par exemple, mais au miracle que constitue laptitude à retrouver le sens premier des savoirs, des traditions, ce qui implique quelque part de pouvoir voyager dans le passé      !  Rappelons  d’ailleurs que le personnage de Moïse s’était déjà vu attribuer toutes sortes de miracles dans le Livre de l’Exode, d’une toute autre ampleur au demeurant. (cf   Jonas Croissant «    45 versets bibliques sur les miracles de Moïse     » https://www.connaitrepourvivre.com / single-post/versets-bibliques-sur-les-miracles-de-moise

 

Cest là, à nos yeux, la meilleure définition du réformateur génial, lequel est marqué par une forme dandrogynie, en ce quil est capable de se corriger sans avoir besoin de laide de qui que ce soit, puisquil est lui-même marqué par une altérité intérieure, ce qui renvoie ipso facto à l’état adamique. Il est important pour une société d’être en mesure didentifier les êtres adamiques en son sein en séparant le bon grain de livraie, le fils dAdam  et Ish,  l’époux de la Isha.

Nous verrons qu’une société a impérativement besoin d’un certain nombre de fonctions assumées par certains de ses membres. Quand, elle ne dispose des personnes adéquates, il convient qu’elle en fasse  venir pour les postes clé, sauf à se condamner à dépérir et à se scléroser.

Le récit de la Genèse  doit-il être pris à la lettre      ? Nous pensons que ce nest pas Dieu qui a créé la femme pas plus quil ne se sera servi dAdam pour ce faire-  mais lhomme Ish (Enosh) qui a créé  Isha dans le cadre de ce quil faut bien appeler une «  seconde création         » laquelle vient compléter la Première, celle du premier chapitre de la dite Genèse en  fabriquant introduisant la «        machine    », lengin, loutil et ce sera Ish-Vulcain qui aura la charge dune telle entreprise    ; mission quil accomplira  jusques à nos jours y compris. . Mais la femme est certainement sa création la plus sophistiquée en termes de robotique. Au demeurant, force est de constater que notre humanité actuelle serait bien incapable de créer la femme si elle nexistait déjà.. Bien des éléments laissent à penser que ce qui est structurel  relève de toute façon dautomatismes. Encore conviendra-t-il de distinguer entre technologie et biotechnologie, ces deux voies  étant peu ou prou en concurrence. Par ailleurs,  la création de la femme ne remet nullement en cause le statut androgynal  comme d’aucuns voudraient nous le  faire accroire (cf.  tome II) mais correspond à une augmentation  temporaire comme lorsque l’on se sert d’un appareil.. Le masculin  et le féminin de l’androgyne  ne sauraient se confondre avec la dualité homme-femme.

 

Genése I

 

כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ:                      זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.

27 Dieu (Elohim) créa  Adam  à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le (Oto, singulier) créa. Mâle (Zakhar) et femelle (Neqéva) il les (sic  Otam, pluriel)  créa.

Genése  II

כא וַיַּפֵּל יְהוָה אֱלֹהִים תַּרְדֵּמָה עַל-הָאָדָם, וַיִּישָׁן; וַיִּקַּח, אַחַת מִצַּלְעֹתָיו, וַיִּסְגֹּר בָּשָׂר, תַּחְתֶּנָּה.

21 L’Éternel-Dieu (Yahvé –Elohim) fit peser une torpeur sur Adam, qui s’endormit; il prit une de ses côtes (miTsalatav), et forma un tissu de chair à la place.

כב וַיִּבֶן יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הַצֵּלָע אֲשֶׁר-לָקַח מִן-הָאָדָם, לְאִשָּׁה; וַיְבִאֶהָ, אֶל-הָאָדָם.

22 L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise  d’Adam, et il l’apporta à Adam

כג וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת.

23 Et Adam dit: « Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu’elle a été prise de Ich. »

 

Genèse  V        On n’y parle plus de la cote d’Adam. «    Il (Adam)  se     reproduisit  à son image      » C’est Adam lui-même qui fabrique  Seth, sans même passer par le ventre  d’ une femme. Etrangement,   il est dit que Dieu dès le départ  désigne Adam comme un pluriel «        il les appela Adam le jour de leur création       mais cela ne désigne aucunement un homme et une femme mais bien un être double, androgyne, dénommé Adam.. En tout état de cause, Adam n’englobe pas la femme puisque la femme lui sera ajoutée dans un second temps. Si Adam est créé à la ressemblance de son Créateur (et cela ne concerne pas un dieu universel mais un dieu issu de cette divinité première, cela signifie selon nous qu’Adam –et ses descendants -  seront  capables plus que d’autres  de comprendre son projet, de l’expliciter et éventuellement de le restituer si celui-ci a été corrompu   et selon nous, les Juifs sont les véritables descendants d’Adam  et en tout cas de Seth, le troisième fils, ce qui les prédispose à la gestion de la Deuxième Création                     :

 

א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם:                      בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.

1 Ceci est l’histoire des générations de l’humanité. Lorsque Dieu créa Adam, il le fit à sa propre ressemblance (Demouth, synonyme de Tselem employé plus bas).

ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.

2 Il les (pluriel) créa mâle (zakhar) et femelle  (Neqéva), les bénit et les (pluriel) appela Adam, le jour de leur (pluriel) création.

ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.

3 Adam, ayant vécu cent trente ans, se  reproduisit  à son image (beTsalmo) et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.

 

L’esclavage dans le Pentateuque

Dès le deuxième chapitre du Livre de la Genèse, l’on trouve une justification de l’esclavage (Ezer, l’aide), de tout ce qui peut se mettre au service d’Adam. L’esclavage est intégré d’ailleurs dans les Dix Commandements, dans deux d’entre eux.(Exode  et Deutéronome)

« Tu ne feras aucune besogne, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante »

« Tu ne convoiteras pas la maison de son prochain, ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf ni son âne » (Ex 20,17)

Genèse II19

« L’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers  Adam, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l’homme. 20 Et Adam  donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais, pour Adam, il ne trouva point d’aide semblable à lui. » L’esclave (Ish/Isha) doit être à l’image d’Adam, ou plutôt à la ressemblance, un peu à la façon dont nous cherchons à«     humaniser                     » nos robots quant à leur apparence…

On voit  ainsi  que le choix même de tous les animaux  qui défilent devant Adam ne visait nullement  un accouplement. On est là en plein dans la dynamique de la maisonnée, cest à dire des êtres qui pourraient servir Adam comme cest le cas de tel ou tel animal «                               domestique        », ce qui nest pas sans évoquer précisément les « alliances     » de lhomme avec par exemple le cheval «    la plus belle conquête de lhomme     ». Au cœur de cette maisonnée, on va poser un être issu dAdam lui-même. En ce sens   , cette femme serait la fille dAdam, la chair de sa chair et nullement la femme telle que nous lentendons de nos jours, avec le tabou de linceste. 

Genèse II, 22

«      Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. »

Mais à propos de  cette «       aide       », nest- ce pas de lesclave quil sagit     ? Rappelons que le Décalogue témoigne de lexistence dune population servile aux côtés des Hébreux, notamment à propos du  respect du Shabbat lequel simpose à toute la «   maisonnée      », ce qui englobe dautre populations, animales et humaines que les mâles Juifs adultes, entrant dans le «    minian      », ceux qui seuls comptent pour la tenue de loffice.- soit un minimum de dix participants- principe qui nest pas respecté par  le  «       libéral     ». Dailleurs, nous verrons que le respect de ce jour  (attribué à Saturne) est propre à une certaine caste et que les autres castes pourraient être liées à dautres jours de la semaine et ce nest peut- être pas par hasard si les Chrétiens (avec le Dimanche, étymologiquement  le jour du seigneur) et les Musulmans  ne célèbrent pas le Shabbat mais ont dautres repères de temps.

Est-ce que le récit de la Genèse ne vient pas légitimer une certaine dichotomie  au sein du monde juif, entre le Juif  et  le non Juif  et nest-ce pas chez ces non Juifs côtoyant les Juifs  au quotidien que seront recrutés les  «      païens    » désireux de se christianiser     ?  Le christianisme, en quelque sorte, serait le cheval de Troie des païens pour pénétrer dans la citadelle juive, en recourant à l’artifice  magico-juridique du baptême censé être en mesure de transmuter miraculeusement un païen en juif. . Le  judéo-christianisme refléterait au départ la dualité du monde juif,  comme le montre dailleurs l’Épître de Saint Paul aux Éphésiens.  Pour se sentir «      en dehors      », il faut en fait avoir été dans une proximité.      Ne vaudrait-il  pas mieux parler, d’ailleurs,      d’un judéo-israélisme      ?

Le texte nous décrit bien la situation frustrante   de ces païens vivant au sein du monde juif tout en étant maintenus à sa marge                     :

 

Chapitre II                     :

 

11 Vous qui autrefois étiez païens, traités de «    non-circoncis  » par ceux qui se disent circoncis à cause dune opération pratiquée dans la chair, souvenez-vous donc

12 quen ce temps-là vous naviez pas le Christ, vous naviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous naviez pas despérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu.

Il serait illusoire de penser quun tel message ait pu sadresser à des populations n’étant pas au contact des Juifs. Ce qui limite dautant les enjeux du christianisme originel, lequel navait vraiment rien duniversel       ! Or, force est de constater que le fait de reporter la «      faute    » sur  Adam et Eve vise à minimiser  les accusations plus spécifiques à l’encontre des seuls Israélites. On peut même penser qu’il y aurait là une tentative de renversement accusatoire    en permutant les rôles entre Israelites et Judéens.

Le texte est clair, il ne s’adresse aucunement à des Juifs mais à des      « incirconcis      » lesquels côtoyaient constamment les Juifs. Cela vise les Israélites, qui se sont retirés de l’Alliance et donc de la circoncsion    ;  On connait   la formule «       faire de nécessité vertu       ». Etrangement, le sang de Jésus serait salvateur pour les fautes des Israélites et en ce sens,  la crucifixion s’apparenterait à une circoncision collective                     !

 On peut toutefois se demander si ce marqueur de la circoncision n’impliquait pas une société de la nudité      car les marqueurs d’appartenance sont généralement conçus comme comportant une dimension visuelle, comme un tatouage. Le décalage est saisissant entre cette circoncision cachée par le vêtement et, le chapeau pointu, la rouelle ou l’étoile que portèrent les Juifs au Moyen Age  ou sous Vichy. Cela dit,  il nous apparait  que le processus  de circoncision n’est pas compatible  avec  notre idée de la troisiéme  théologie d’autant qu’il suffirait alors d’être circoncis pour devenir  Juif   ! Dailleurs, si le fait de couper les cheveux et la barbe obéit à un processus cyclique, en quelque sorte végétal, il n’en est pas de même de la corconcision dont les effets sont irreversibles et donc constituent une atteinte à l’oeuvre du « Créateur ».

 Ces populations glorifiaient le dieu d’Israël tout en leur semblant inaccessible.  C’est dire que le christianisme n’était pas une religion pour les Juifs mais par les Juifs et en fait une sorte de prosélytisme de la part des Juifs. Dans le débat autour d’un prosélytisme juif, l’on ferait bien de prendre en compte le christianisme lui-même comme en étant une expression remarquable. Mais il ne faudrait peut-être pas exagérer ce que promettait un tel prosélytisme, à savoir se mettre en orbite autour du noyau juif et non pas se fondre en lui                     !

Rappelons que- comme le rapporte le Nouveau Testament- le Juif n’était pas censé fréquenter le «       non Juif     »      : Actes des Apôtres,  ch. X, 28 Il leur dit       : «      Vous savez qu’un Juif n’est pas autorisé à fréquenter un étranger ni à entrer en contact avec lui    », ce qui selon nous va au-delà de considérations strictement religieuses mais comporte une dimension «   raciale  ».

Ce qui nous interpelle à propos de la  circoncision tient au fait  qu’il s’agit d’une pratique que chacun, en principe,  peut imiter,  reproduire quelle que soit sa naissance, ce qui ressemble fort à un processus de conversion à l’instar du baptême.  Quand  Paul oppose  Juifs et  non Juifs plus ou moins judaïsés tout de même, de par leur proximité sinon de leur promiscuité, du fait de la circoncision, on a  comme l’impression que les Juifs naitraient, en quelque sorte, circoncis     ! Et comment se fait-il justement que le christianisme- à la différence  de l’Islam par la suite-  n’ait pas jugé bon d’ adopter la circoncision, signe de l’alliance  depuis le temps d’Abraham,     en dehors du fait que cela ne pouvait viser que les mâles    .  Tout se passe comme si ce rituel de la circoncision pratiquée au huitième jour  restait un secret bien gardé que cela exigeait une technique particulière – un  tour de main – non divulguée et que seule maîtrisait une certaine caste.(le «     mohel     »). Les musulmans reçurent-ils ce secret de la part des Juifs  initiés ou bien procèdent-ils autrement, sans en respecter les règles établies, leur circoncision se pratiquant plus tardivement     ? Est-ce que les dites règles furent fidèlement transmises jusqu’à nos jours dans le monde juif    ? Il semble qu’il soit possible de distinguer entre les différentes formes de circoncision et il importe donc de préciser circoncision à la mode juive, ce qui signifie qu’elle n’est pas aisément imitable par les non-initiés/ En fait,  le christianisme aura transposé  le lien entre  l’alliance et le sang de la circoncision  vers la crucifixion, notamment  avec l’eucharistie       où  il est question  du «      sang de l’alliance   »  On nous parle de la circoncision par le sang par opposition à celle par le cœur alors même que la crucifixion  est bel et bien liée au sang  !

  La  circoncision

Evangile  de Jésus selon Marc  XIV, 22-24

« Tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant : Prenez, ceci est mon Corps. Puis prenant une coupe, Il rendit grâces, la leur donna et ils en burent tous. Et Il leur dit : Ceci est mon Sang, le Sang de l’alliance qui va être répandu pour une multitude. »

 

Genèse   XVII

ט וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים אֶל-אַבְרָהָם, וְאַתָּה אֶת-בְּרִיתִי תִשְׁמֹר–אַתָּה וְזַרְעֲךָ אַחֲרֶיךָ, לְדֹרֹתָם.

9 Dieu dit à Abraham: « Pour toi, sois fidèle à mon alliance (Brith), toi et ta postérité après toi dans tous les âges.

י זֹאת בְּרִיתִי אֲשֶׁר תִּשְׁמְרוּ, בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם, וּבֵין זַרְעֲךָ, אַחֲרֶיךָ:                      הִמּוֹל לָכֶם, כָּל-זָכָר.

10 Voici le pacte (Brith) que vous observerez, qui est entre moi et vous, jusqu’à ta dernière postérité: circoncire tout mâle d’entre vous.

יא וּנְמַלְתֶּם, אֵת בְּשַׂר עָרְלַתְכֶם; וְהָיָה לְאוֹת בְּרִית, בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם.

11 Vous retrancherez la chair de votre excroissance, et ce sera un symbole d’alliance (Brith) entre moi et vous.

יב וּבֶן-שְׁמֹנַת יָמִים, יִמּוֹל לָכֶם כָּל-זָכָר–לְדֹרֹתֵיכֶם:

12 A l’âge de huit jours, que tout mâle (zakhar), dans vos générations, soit circoncis par vous;

יג הִמּוֹל יִמּוֹל יְלִיד בֵּיתְךָ, וּמִקְנַת כַּסְפֶּךָ; וְהָיְתָה בְרִיתִי בִּבְשַׂרְכֶם, לִבְרִית עוֹלָם.

13 Oui, il sera circoncis, l’enfant de ta maison ou celui que tu auras acheté; et mon alliance  (Brith), à perpétuité  (Brith Olam), sera gravée dans votre chair.

 

Epître de  Paul  aux Ephésiens

 Ch Ier

05 Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté,

06 à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé.

07 En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce

Ch 2

12      » qu’en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu.

13 Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ.        »

 

Autrement dit,  il  fallait d’une façon ou d’une autre que le sang vint sceller cette «                     nouvelle alliance                     ».

Mais selon nous,  la circoncision  était bel et bien prohibée pour ceux qui avaient démérité de l’alliance tout comme l’est la communion chrétienne. Le  droit canonique  écarte de la communion « les excommuniés et les interdits (…) et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste. » (cf. Canon 915) L’Epitre de Paul aux Ephésiens  fait bel et bien a référence à une incapacité propre à une certaine population à revendiquer le droit à la circoncision. Ce ne sont évidemment pas les «    païens    » qui sont ici visés mais bien des «       excommuniés        », ceux  qui ont été exclus de l’accès à une telle pratique libératrice puisque la circoncision  est un acte qui libère, qui décharge. On pense à la formule   chrétienne «      Délivre-nous du mal     », ce qui est la fonction même de la circoncision.

Pour nous,  le judaïsme ne fait sens qu’au prisme du monde judéo-chrétien    le juif est censé y jouer un rôle central – placé au milieu des nations (Goyim), non pas par un message que tout un chacun pourrait s’approprier mais par sa présence et sa «                     puissance       ». Un Juif qui n’est pas en mesure d’assumer une certaine centralité, dans quelque domaine que ce soit, ne se réalise pas comme Juif et cela signifie qu’il soit reconnu  de facto par les non-juifs quant à sa centralité, celle de chaque individu juif où qu’il se trouve  et non  au sein de quelque «       Etat Juif     ». Etre Juif, comme l’annonce Jérémie, dans le cadre de la Nouvelle Alliance, est une affaire personnelle      et chaque Juif doit se demander en conscience s’il assume pleinement un destin juif dans le monde de par l’impact qu’il y exerce. La relation  entre Juifs et Chrétiens ne saurait être symétrique   : le  Juif peut devenir Chrétien mais le Chrétien ne saurait devenir juif, car dans un cas l’on s’inscrit dans le registre de la surconscience et dans l’autre dans celui de la Subconscience. Or, la Surconscience (Ancienne Alliance) peut se transmettre par la culture alors que la Subconscience  relève de la transmission héréditaire.(Nouvelle Alliance)

L’antisémite qui dénonce le pouvoir juif  ne fait que mettre en évidence  un état de fait qu’il serait aberrant de  nier car si  le Juif est souvent jugé responsable de ce qui se passe, de ce qui se trame,  dans le monde, n’est-ce pas là le revers de la médaille                     ? C’est de bonne guerre. En ce sens, il est tentant d’instrumentaliser l’antisémite en tant que révélateur et observateur du fait juif  plutôt que de vouloir le diaboliser. On peut même se demander si l’antisémite ne plaque pas sur le Juif une certaine idée de Dieu,  omniscient, omnipotent et quelque part, cela n’est pas sans faire sens si l’on admet que les Juifs sont les «       agents «     d’une certaine forme de divinité. Au vrai,  l’antisémite  se rend  parfois compte qu’il accorde trop de pouvoir aux Juifs,  ce qui serait leur faire trop d’honneur.

Érotisme et religion

Dans « Lakshmi Tantra » La Grande Déesse  dit: «Quand le yogi rencontre une belle femme avec un corps très harmonieux, il doit d’abord  voir moi, Lakshmi dans cette femme. Il doit prendre en compte le souffle vital de la femme (prana) comme étant le soleil, et son âme comme étant le Soi Suprême. Sa beauté et le charme doit être vu comme étant le feu céleste. L’homme doit toujours voir la femme douée comme étant l’un avec moi, La Grande Déesse! « 

Dailleurs, nous verrons que selon nous le(s) dieu(x)  d’es Hébreux  est/sont une entité féminine qui exige de ses sectateurs d’être adorée, «          bénie      », «       louée     » comme le montre ce texte du Deutéronome qui marque le début de la prière juive par excellence du «    Chéma Israël         »    .  En fait, lhomme est lentité qui transfigure le monde, qui transmute le plomb  en or

Écoute, Israël, l’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est UN.Chmâ, Israël, Ado-nay Elohim, Ado-naï Ehad’

 

Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.

Baroukh chem kevod malkhouto le’olam vaed

Tu aimerasl’Éternel ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton
âme et de tous tes moyens

Vehaavata et Ado-naï Elo-hekha, bekhol levavekha,
ou bekhol nafchekha, ou bekhol meodekha

 

En fait, il conviendrait (cf infra) de traduire  Eloheynou par «   nos dieux       » et Eloheykha par  «      tes dieux        (» (à toi Israël). Quant à la mention de Yahvé, cela désigne le dieu de la Création du premier chapitre de la Genèse et non celui qui s’est adressé à Moise, dès lors que l’on aura pris la mesure des interpolations, des permutations et  autres « incorporations » , comme on les qualifie  chez  les  savants Musulmans,  très conscients de ce  que certains commentaires ont pu  être considérés à  tort comme faisant partie du texte commenté

Ce nest pas lamour du «        prochain     » qui est ici mis en avant mais celle du dieu (des dieux) des Hébreux les Commandements envers autrui ne viennent quaprès. Mais si on lit le Décalogue, on note que la femme ny est présente quen un seul commandements, le dernier      : tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ce qui fait écho au premier commandements     :  Dieu ne tolère pas linfidélité, pas plus que la femme ne la pardonnera, tout en sachant quil est dautres dieux et dautres femmes.        : ceux et celles du prochain. Daucuns voudraient quil nexistât quun seul dieu mais cela ne vaut que pour lamant qui a fait son choix et le mérite de lhomme Juif est de sy tenir.

Exode XX, 2-17

I  Tu nauras pas dautres dieux face à moi. Tu ne te prosterneras pas devant dautres dieux que moi et tu ne les serviras point car moi l’’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux

X   Tu ne convoiteras point la  femme de ton prochain                     »

Selon nous, ces Commandements ne sadressent pas spécialement aux Juifs et ne sont donc pas fondateurs du      : les Hébreux nont pas attendu le Décalogue pour exister en tant que peuple et bien avant Moïse, ils avaient leur propre culte.    Ne pourrait-on penser que le Décalogue est une reprise du Deutéronome lequel comporte le même texte, à peu près littéralement      ? Dans ce cas, il daterait dune période initiée par David (cf. Daniel Boyarin, Le Christ juif. A la recherche des origines, Paris, Cerf, 2014), marquée par louverture ‘horizontale » du  aux «      nations    » et par un processus de colonisation des populations environnantes dont on na pas fini de subir les effets pervers, puisque cela a donné le christianisme paulinien. Encore convient-il de ne pas exagérer la portée dune telle ouverture       : le colonisé nest pas pour autant placé sur le même pied que son colonisateur et il reste un citoyen de seconde zone.

Ajoutons quil existe également  une sorte de «      Décalogue      », au demeurant plus complet et probablement moins tronqué  au chapitre XIX du Lévitique, un des livres du Pentateuque    avec celui de lExode. On peut même se demander si le dit Décalogue ne serait pas un résumé du dit chapitre du Lévitique     : on pense au respect des parents et du Shabbat, à la prohibition du vol, du  faux témoignage,

 

1 L’Éternel dit à Moïse: 2 «Transmets ces instructions à toute l’assemblée des Israélites: *Vous serez saints, car je suis saint, moi, l’éternel, votre Dieu. 3 Chacun de vous traitera sa mère et son père avec déférence et respectera mes sabbats. Je suis l’éternel, votre Dieu. 4 Vous ne vous tournerez pas vers les faux dieux, vous ne vous ferez pas des dieux en métal fondu. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

5 »Quand vous offrirez à l’Éternel un sacrifice de communion, vous l’offrirez de sorte qu’il soit accepté. 6 On mangera la victime le jour où vous la sacrifierez ou le lendemain. On brûlera au feu ce qui restera jusqu’au troisième jour. 7 Si l’on en mange le troisième jour, ce sera une chose infecte: le sacrifice ne sera pas accepté. 8 Celui qui en mangera supportera les conséquences de sa faute, car il profane ce qui est consacré à l’Éternel: cette personne-là sera exclue de son peuple.

9 »Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu ne moissonneras pas ton champ jusqu’aux bords et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner. 10 Tu ne cueilleras pas non plus les grappes restées dans ta vigne et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu le laisseras au pauvre et à l’étranger. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

11 »Vous ne commettrez pas de vol et vous ne recourrez ni au mensonge ni à la tromperie les uns envers les autres. 12 Vous ne jurerez pas faussement par mon nom, car ce serait déshonorer le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel.

13 »Tu n’exploiteras pas ton prochain et tu ne prendras rien par violence. Tu ne garderas pas chez toi jusqu’au lendemain la paie d’un salarié. 14 Tu ne maudiras pas un sourd et tu ne mettras devant un aveugle rien qui puisse le faire tomber, mais tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel.

15 »Tu ne commettras pas d’injustice dans tes jugements: tu n’avantageras pas le faible et tu ne favoriseras pas non plus le grand, mais tu jugeras ton prochain avec justice.

16 »Tu ne propageras pas de calomnies parmi ton peuple et tu ne t’attaqueras pas à la vie de ton prochain. Je suis l’Éternel. 17 Tu ne détesteras pas ton frère dans ton cœur, mais tu veilleras à reprendre ton prochain, ainsi tu ne te chargeras pas d’un péché à cause de lui. 18 Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune contre les membres de ton peuple. *Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Éternel.

19 »Vous respecterez mes prescriptions. Tu n’accoupleras pas deux bêtes d’espèces différentes. Tu n’ensemenceras pas ton champ de deux espèces de semences. Et tu ne porteras pas un vêtement tissé de deux espèces de fils.

20 »Lorsqu’un homme couchera avec une femme, si c’est une esclave fiancée à un autre homme et qui n’a pas été rachetée ou affranchie, ils seront punis, mais non de mort, parce qu’elle n’a pas été affranchie. 21 L’homme amènera un bélier à l’Éternel, à l’entrée de la tente de la rencontre, en sacrifice de culpabilité pour sa faute. 22 Le prêtre fera l’expiation pour lui devant l’Éternel avec le bélier offert en sacrifice de culpabilité pour le péché qu’il a commis, et le péché qu’il a commis lui sera pardonné.

23 »Quand vous serez entrés dans le pays et que vous y aurez planté toutes sortes d’arbres fruitiers, vous rejetterez leurs fruits comme étant impurs; pendant trois ans vous les considérerez comme impurs, on n’en mangera pas. 24 La quatrième année, tous leurs fruits seront consacrés à l’Éternel au milieu des réjouissances. 25 La cinquième année, vous mangerez leurs fruits et vous continuerez à les récolter. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

26 »Vous ne mangerez rien avec du sang. Vous n’observerez ni les serpents ni les nuages pour en tirer des pronostics. 27 Vous ne couperez pas en rond les coins de votre chevelure et tu ne raseras pas les coins de ta barbe. 28 Vous ne ferez pas d’incisions sur votre corps pour un mort et vous ne vous ferez pas de tatouages. Je suis l’Éternel.

29 »Tu ne déshonoreras pas ta fille en la livrant à la prostitution, de peur que le pays ne se prostitue et ne se remplisse de crimes.

30 »Vous respecterez mes sabbats et vous traiterez mon sanctuaire avec déférence. Je suis l’Éternel. 31 Ne vous adressez pas à ceux qui invoquent les esprits et aux spirites, ne les recherchez pas, de peur de vous rendre impurs par eux. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

32 »Tu te lèveras devant la personne aux cheveux blancs et tu traiteras le vieillard avec honneur. Tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel. 33 Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne le maltraiterez pas. 34 Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un Israélite, comme l’un de vous; vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers en Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

35 »Vous ne commettrez pas d’injustice ni dans les jugements, ni dans les mesures de dimension, ni dans les poids, ni dans les mesures de capacité. 36 Vous aurez des balances justes, des poids justes, des mesures de solides justes et des mesures de liquides justes. Je suis l’Éternel, votre Dieu, qui vous ai fait sortir d’Égypte. 37 Vous respecterez toutes mes prescriptions et toutes mes règles, vous les mettrez en pratique. Je suis l’Éternel.»

Or,  force est de constater que cette présence réitérée de la mention des Israélites, des Beney Israel,  lors de la Sortie d’Egypte a quelque chose de choquant, d’insolite et  nous montre à quel point le Pentateuque vise à  fausser la chronologie biblique, au moyen d’une réécriture de l’Histoire. Nous voudrions que l’on mit fin à une telle confusion en soulignant l’israélisme des Chrétiens, à savoir leur filiation –sur quelque plan que cela puisse être-.avec ces peuplades colonisées et dominées par les  Judéens, intégrées  artificiellement au sein du royaume davidien.

 

Économie de la maisonnée

On ne saurait, à notre sens, penser la laïcité si lon refuse la dualité de lhomme avec sa «                          maisonnée      », ce qui signifie de placer la femme, la isha  » au cœur de la dite maisonnée en compagnie de toute une domotique, qui va des objets au sens d’éléments extérieurs -comme dans le sens dobjectivement-  les plus anciens aux plus modernes. Il est clair, selon nous, que lon se sert des Écritures pour nier le réel car il est plus facile de pinailler sur le sens des mots  surtout quand il s’agit de traduction – que sur l’évidence des faits, d’où ces leçons biaisées du récit de la création d’Adam, au premier chapitre d’Adam. Étrangement,  la lecture des Écritures peut aussi bien nous aider à mieux appréhender le réel  qu’à nous en éloigner                         !

La façon dont une société masculine  «       traite        » sa «     maisonnée      » se situe au cœur de la diversité sociale telle quon est amené à lappréhender dans le temps et dans lespace. Quelles lois alimentaires se fixe tel groupe, quel statut le groupe confère aux femmes, tout cela est très relatif et la laïcité ne peut que sarticuler sur une telle relativité. On nous dit que la façon dont une société se comporte avec  les femmes quelle englobe ne saurait être laissée à la liberté de ladite société. Il nous semble quune telle attitude est excessivement intrusive et ce dautant que cette attitude est susceptible de varier cycliquement (cf infra). Cest la notion de variable dajustement qui est à la base de la créativité sociale. Quune société souhaite conférer un même statut à des éléments de la maisonnée (femmes, animaux domestiques) quaux hommes est tout à fait concevable, mais  de toute façon sera voué à des changements en cours de cycle. On notera -(avec le journal Libération)  que le principe de réalité aura fait plier les politiques ayant préconisé la parité, lors des récentes élections         : pas de femme comme premier ministre, ni comme chef  des députés de la République en marche à la présidence de lAssemblée Nationale, alors que ce mouvement a la majorité absolue.

Au sein de la maisonnée, il ne doit pas exister de rapports dargent. Ce qui appartient à la maisonnée se situe demblée dans le prolongement de son centre, à savoir lhomme ou ce qui en a le statut. Les Dix Commandements  révèlent un certain mode de fonctionnement impliquant une solidarité– cest à dire un sentiment dunité- la maisonnée marche comme «        un seul homme        »- entre ses membres, tant humains quanimaux ou  machines. Plus largement, la communauté qui est loctave supérieure de la maisonnée, ce qui suppose une proximité, un voisinage, devrait également ne point fonctionner sur la base don ne sait quel contrat de travail et cela explique quelque part le scandale des  «         emplois familiaux       » (cf. infra) La Révolution Française a voulu ne rien placer entre l’état et le citoyen en interdisant les corps intermédiaires, comme les corporations. Or, nous pensons que c’est précisément ce niveau qui doit jouer un rôle capital en ce qui concerne la politique de solidarité, d’entraide  et de proximité si ce n’est que dans certaines régions,  le lointain sera préféré au proche      : on ne souhaite pas que nos proches soient au courant de nos problèmes et nos proches préfèrent ne pas entendre parler de nos succès, ce qui conduit à défaire le lien social de proximité avec les conséquences économiques que l’on sait.  Un tel blocage doit être traité car il crée une dépendance par rapport au «       lointain     » en termes d’endettement, d’emprunt. Préférer le regard de celui qui nous est étranger est un syndrome qu’il faut traiter. Cela nous renvoie d’ailleurs à la question  juive et du «       bon usage    » des Juifs au sein d’une société qui dispose d’une certaine population juive sans parler de la possibilité d’en exporter ou d’en importer. Dès lors que l’on admet que les Juifs jouent un rôle spécifique au regard de la verticalité monarchique- davidienne – et rappelons que la ‘royauté     » de Jésus passait par une telle filiation- ne serait-ce pas une erreur, une faute, que de ne pas exploiter cet atout comme il le mérite                     ? C’est en fait toute la question du rapport au prochain, à notre prochain qui se pose ici au prisme d’une économie de la proximité.

Selon nous,   celui qui est doté de talent, qui a besoin de donner   s’inscrit dans une logique de gratuité alors que celui qui n’a pas reçu une telle grâce  s’enferme dans une logique d’argent et il se plie et se conforme à des exigences extérieures. Le pire, c’est que celui qui n’est pas doué ne pourra fournir qu’un travail médiocre – et que celui qui est doué  excellera dans ce qu’il accomplit. L’étranger est  la plupart du temps condamné à appartenir à cette «       seconde société        » mais tout particulièrement quand cela se caractérise par une différence visuelle (sexe, couleur de la peau, forme du visage etc)     immédiatement perceptible, repérable  à l’instar des signaux   er des icônes de circulation      ; Tout se passe comme si dans son rapport de la société avec la machine, l’on avait besoin d’une interface occupant un statut intermédiaire et susceptible d’être traitée en conséquence     ; Paradoxalement, l’outil – au sens large du terme et cela englobe le serviteur, le «      garçon de café      », la caissière – du fait qu’il  partage notre intimité, devra – pour que l’on tolère son intrusion – apparaître  comme neutre, en quelque sorte transparent, sinon insignifiant.

 

On ne saurait contester que tout ce qui constitue la maisonnée, relève, comme le souligne le commandement du décalogue sur la convoitise des biens, dune dynamique dacquisition, de possession   ; On ne peut sapproprier que lavoir pas l’être et ce que lon a acquis peut se perdre, se dérober. La femme, étant que composante de cette «             Bayit  » est elle aussi objet de désir, signe denrichissement,  à linstar de la maison, stricto sensu, elle-même et tout ce quelle contient et tout cela forme un tout, souvent symbolisé par lexistence et les moyens dexistence de la famille        ». Proudhon disait que la propriété c’était le vol, ce qui signifie, pour nous, que toute acquisition est une appropriation, le vol n’étant qu’une  désappropriation.

Que ce soit le respect du Shabbat simposant à toute la maisonnée, sans exception que la mise en garde contre toute interférence entre les membres de deux maisonnées distinctes (tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain  etc.), la maisonnée apparaît bien comme une entité économique à part entière qui doit, optimalement, jouir dune certaine autonomie. La notion de maisonnée rejoint dailleurs peu ou prou celle de famille  et souvent lon dit de telle personne quelle fait partie de la famille (amis, domestiques etc.). On note que dans certains cas,  l’on a isolé, par quelque artifice,  le commandement concernant la femme de ton prochain de celui sur la maison de ton prochain, probablement pour éviter que la femme soit considérée comme un élément de la maisonnée. Mais rappelons que le prochain est avant tout celui qui nous est semblable, qui appartient au même groupe que nous et non l’étranger, ce qui est souvent sous- entendu et allant de soi même si cela nest pas précisé explicitement. Il ne fait pas sens de distinguer ce qui ne se ressemble pas. Selon nous, le Shabbat est un devoir réservé aux hommes Juifs  c’    est donc un devoir fonction dun droit. Celui qui nest pas Juif na ni le droit, ni le devoir de respecter un tel commandement.

 Il importe de comprendre que le domestique est par définition quelqu’un qui n’appartient pas au milieu dans lequel il est accueilli sous certaines conditions mais cela vaut évidemment pour l’animal dit «   domestique    »  qui n’est reçu parmi les hommes qu’à un certain prix, qui peut être qu’il est voué à terme à être consommé.. La fable du Rat des villes et du Rat des champs (La Fontaine)  illustre bien, selon nous, une telle problématique    quant au prix à payer pour  vivre en dehors de son milieu naturel, avec les siens, non pas d’adoption mais de naissance                          :
Autrefois, le Rat de vill
e

Invita le Rat des champs,
D’une fa
çon fort civile,
A des reliefs d’Ortolans.

Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.

Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin                          ;
Mais quelqu’un troubla la f
ête
Pendant qu’ils
étaient en train.

A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit                          :
Le Rat de ville détale                          ;
Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire                          :
Rats en campagne aussitôt                          ;
Et le citadin de dire                          :
Achevons tout notre r
ôt.

- C’est assez, dit le rustique                          ;
Demain vous viendrez chez moi                          :
Ce n’est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi                          ;
Je mange tout à loisir.
Adieu donc     ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.    
»

—                         

Les choses nont guère changé depuis des millénaires     : il  a toujours existé des outils, et peu importe leur degré de sophistication. Ces outils, et notamment ceux qui contribuaient à marquer le temps auront accompagné lessor de la Science et lon ne peut poser la question du temps sans prendre la mesure de ce qui est mécanique dans le fonctionnement de lHumanité, à savoir la dimension cyclologique,  laquelle ne saurait être considérée comme «     naturelle    », mais bel et bien le fait dune «      création     ». En fait, le monothéisme ne serait nullement, selon nous, un hommage à la Nature mais bel et bien à un Deus Faber, à un Architecte non pas de lUnivers mais de notre monde, partie infime de lUnivers et même lhéliocentrisme ne traite en vérité que de notre monde et non du Monde          . Le Deus Faber  s’apparente à  l’ange, être intermédiaire entre le  Dieu primordial  et l’Humanité.

 D’ailleurs, dans le chapitre premier de la Genése, est-il jamais question d’une quelconque construction  comme c’est le cas pour un Arche, une Tour, un tabernacle, un Temple, des «    tables  » (de la Loi ) comportant une écriture      ?  Deux idées de dieu se succèdent dans le Pentateuque, celle d’un dieu  de la Nature et celle d’un dieu de la Culture encore que ce soient les humains qui construisent la Tour de Babel ou l’Arche de Noé.

Il semble d’ailleurs qu’il y ait une contradiction entre les deux entreprises     d’un côté, Noé se voit encouragé à construire alors que dans l’autre, les bâtisseurs de la Tour  ne sont pas bien vus. Mais dans les deux cas,  l’on est bel et bien sorti du plan de la Nature, celui qui caractérise le chapitre premier lequel ne prévoit aucune forme de bâtiment      ! Dans un cas, la construction fait suite à la destruction et dans l’’autre, c’est la destruction qui succède à la construction                     :

Genèse  VI

13 Dieu dit à Noé      : «     Je l’ai décidé, c’est la fin de tout être de chair       ! À cause des hommes, la terre est remplie de violence. Eh bien  ! je vais les détruire et la terre avec eux.

14 Fais-toi une arche en bois de cyprès. Tu la diviseras en cellules et tu l’enduiras de bitume à l’intérieur et à l’extérieur.

15 Tu la feras ainsi     : trois cents coudées de long, cinquante de large et trente de haut.

16 Tu feras à l’arche un toit à pignon que tu fixeras une coudée au-dessus d’elle. Tu mettras l’entrée de l’arche sur le côté, puis tu lui feras un étage inférieur, un deuxième étage et un troisième.

Genése XI

«                     1 Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots.
2 Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s’y établirent.
3 Ils se dirent l’un à l’autre      : “ Allons      ! Faisons des briques et cuisons-les au feu         !      ” La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier.
4 Ils dirent    : “        Allons       ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux    ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre     !        ”
5 Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties.
6 Et Yahvé dit        : “ Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises        ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux.
7 Allons       ! Descendons       ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres.                     ”
8 Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
9 Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre.                     »

Nous parlerons  d’épistémologie projective quand il s’agira de restituer un projet  initial  dans sa formulation première  et d’épistémologie non projective  quand  on  s’intéresse  au résultat final sans d’ailleurs supposer nécessairement que  cela corresponde à  un quelconque aboutissement d’un plan  de départ./

 Il est vrai cependant que la robotisation croissante semble devoir mettre en péril la maisonnée traditionnelle. Lautomobile a chassé lhippomobilr;  lordinateur/ l’informatique a fait de la sténodactylo voire de la correctrice un personnage assez archaïque tout comme le chauffeur de maître ou le barbier. Le seigneur  de la maisonnée a acquis une autonomie de plus en plus grande. au point que lon puisse dire comme pour le dieu des philosophes quil est un premier moteur et non une cause seconde. On pense aussi au garçon d’ascenseur (au groom, souvent représenté de race noire), à la standardiste quand il fallait lui annoncer le numéro demandé, aux agents de la circulation remplacés par des feu de signalisation, aux poinçonneurs du métro, immortalisés par Gainsbourg,  et plus globalement à la désanimalisation (animaux et humains confondus) qui correspond à une nouvelle ère de l’assistanat avec le triomphe des mots en ‘auto et en self dont la vraie signification  est en fait que l’homme peut se débrouiller tout seul, le serveur  robot  remplaçant la serveuse ou la liseuse. Même les parents sont remplacés auprès de l’enfant par des  consoles et bien évidemment les enregistrements remplacent les spectacles en temps réel avec évidemment des coûts bien moindres et une plus grande fiabilité…..Mais il importe de se méfier des faux outils qui n’existent que  par leur utilisateur, sans lequel les dits outils seraient bien peu opérants. Comment distinguer un faux d’un vrai outil      ?  Nous dirons que le faux outil est alambiqué, genre usine à gaz mais que miraculeusement il va quand même fonctionner par la grâce du praticien qui, c’est le cas de le dire, y donne «      du sien        ». Il est clair que telle machine  qui ne comporte pas la fonctionnalité voulue et qui néanmoins produit des résultats, ne peut le faire qu’au prix de quelque stratagème si ce n’est que tout le monde n’a pas un sens spécialement aiguisé des rapports de cause à effet, ne capte pas assez puissamment  les hiatus, les décalages et peut ainsi être berné et mené en bateau.

 Le charlatan, c’est celui qui vend un outil en laissant croire que le dit outil est «                     à la portée de tous       », du «    premier venu     » alors qu’en réalité, il ne donne un semblant de résultat que par le biais de celui qui s’en sert./ Cest notamment le cas du «         thème astral   » qui est le type même du faux outil qui doit tout à l’entregent de l’astrologue, ce qui n’empêche pas le dit astrologue de chercher à faire croire que l’outil en question serait autonome tant il est flatteur de pouvoir prétendre avoir créé un outil dépassant l’équation personnelle de son concepteur.. Même dans le cas de l’interprétation passant par l’ordinateur, il faudrait prouver  que le texte proposé  correspond réellement aux possibilités du savoir astrologique  et non du talent du rédacteur du dit programme.(cf. infra)

 Nous verrons qu’au bout du compte, la femme garde le pouvoir subconscient, à son corps défendant et ce encore pour longtemps- de capter  et d’enregistrer  certains signaux cosmiques qui structurent  la cyclicité sociale depuis des millénaires. Cela expliquerait notamment l’engouement des femmes pour tout ce qui touche à l’astrologie. La femme garde par ailleurs le pouvoir des sirènes dont Ulysse cherchait à se prémunir et nous verrons que cette tentation reste un enjeu moral majeur en ce XXIe siècle.

Mais pour lheure, on nen est pas encore là et  on observe une confusion des genres qui ne permet pas clairement une division et une répartition du travail entre les deux sexes. La femme doit continuer à assumer son rôle  dinterface entre lhomme et la machin, statut qui fait de la femme un stade intermédiaire entre lhomme et la machine.  Trop souvent, les hommes  négligent de se décharger sur les femmes des tâches ancillaires. On pense notamment à tout ce qui relève du passage de l’écrit à loral. Il nest pas admissible quun homme lise à haute voix un texte écrit, il doit se réserver et se cantonner  aux prises de parole  spontanées et en phase avec la situation immédiate et cela vaut évidemment aussi dans le domaine musical. (cf. infra). Il y a donc un modus  vivendi à repenser et à redéfinir entre les deux sexes      . Selon nous, l’écrit relève d’un acte de conservation, de momification, ce qui  constitue une provision en vue d’une pénurie, d’une disparition, d’une destruction  annoncées. Une société qui a confiance en ses sources vives a-t-elle besoin de procéder ainsi     ? A l’approche de l’hiver,  l’on assiste à un processus de stockage, de  conservation (confitures, charcuterie (chair cuite) etc., ce qui passe par l’abattage d’animaux, la récolte.  L’on retrouve la dialectique de la Subconscience et de la Surconscience, du masculin  vers le féminin, au sens de la Genése      I, 27                     :

 

כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ:                      זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.

27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois.

 

La part féminine d’Elohim, c’est sa création et cela vaut pour tout créateur inséparable de sa création, d’où une double  contrainte : cette création  encombre son créateur et en même temps en est inséparable.

 

La  «         création    » de la femme.

Tout le récit de la création (qui nest jamais ex nihilo) -ou plutôt de la «    formation     » (selon le verbe hébraïque employé) de la femme, au chapitre III  de la Genèse  nous semble sonner faux mais il est de la plus grande importance.  Toute la question est de savoir dans quel ordre les choses se sont faites. Le chapitre V nous interpelle puisqu’il annonce un retour à l’androgynat avec la naissance de Seth alors que ses frères, Abel et Caïn, nés avant lui, seraient nés d’un homme et d’une femme et non d’un être à la fois mâle et femelle… Adam n’a pas besoin d’une femme pour générer Seth qu’il crée comme l’a fait Dieu pour lui «     à sa ressemblance       », «     à son image       ». En revanche, Seth  tout comme ses descendants devront passer par le truchement d’une femme.  C’est par erreur d’ailleurs que l’on traduit Adam par homme alors que c’est bel et bien le Saint Esprit dont l’homme est issu, ce qui donne sens à la formule «       fils d’Adam    », pour désigner l’homme alors que «       fils d’homme     » ne fait pas sens. Selon nous, Jésus ne dit pas qui’il est le fils de l’homme mais qu’il est le fils d’Adam c’est à dire  du Rouach haKodesh, du  Saint Esprit (cf Mathieu I) Autrement dit,  le chapitre Ier de la Genése ne traite pas de la création de l’homme mais seulement de celle de l’Esprit Saint et ce n’est qu’au chapitre V  qu’est relatée la  création du  premier homme à partir d’Adam., soit un fils d’Adam et non un fils d’homme, comme le rendent de fausses traductions qui rendent Adam par homme                     !.

 Seth  serait seul «        fils dAdam      »- il  est l’ancêtre notamment d’Enoch (nom qui signifie homme en araméen, équivalent d’Adam)  et de Noé- alors que Caïn et Abel seraient les descendants de Ish et de Isha, Ish  (Aleph Shin) étant la forme contractée de Enosh. (Aleph Noun Shin)  Cela dit,  si «          Ish         » est Enosh,  cela fait plus sens que s’il s’agissait d’Adam     dans les scénes du Jardin d’Eden car pour nous Adam n’a pas besoin d’une femme     étant à la fois masculin et féminin à l’instar du Dieu de la Genése.(chapitre Ier)

 

 Eve est aussi mère de Seth mais non pas du  fait dAdam mais, tout comme Marie, du  fait dune intervention, «       opération        »  de l’esprit saint, à linstar de Sarah, ultérieurement et cest ainsi du moins que l’on peut comprendre la fin du chapitre IV de la Genèse. Ajoutons qu’un autre nom est utilisé pour désigner l’homme, à savoir Guéver (ce qui a donné Gabriel) Ce qui nous conduit à penser qu’Adam n’incarne pas toute l’humanité mais une humanité particulière.

 

 

טז וַיַּעַשׂ אֱלֹהִים, אֶת-שְׁנֵי הַמְּאֹרֹת הַגְּדֹלִים:                                אֶת-הַמָּאוֹר הַגָּדֹל, לְמֶמְשֶׁלֶת הַיּוֹם, וְאֶת-הַמָּאוֹר הַקָּטֹן לְמֶמְשֶׁלֶת הַלַּיְלָה, וְאֵת הַכּוֹכָבִים.

16 Dieu (Elohim) fit les deux grands luminaires (méoroth): le plus grand luminaire pour la royauté du jour (Soleil), le plus petit luminaire pour la royauté de la nuit (Lune), et aussi les étoiles.

יז וַיִּתֵּן אֹתָם אֱלֹהִים, בִּרְקִיעַ הַשָּׁמָיִם, לְהָאִיר, עַל-הָאָרֶץ.

17 Et Dieu les plaça dans l’espace céleste (raqiya hashamayim) pour rayonner sur la terre (haAretz)

יח וְלִמְשֹׁל, בַּיּוֹם וּבַלַּיְלָה, וּלְהַבְדִּיל, בֵּין הָאוֹר וּבֵין הַחֹשֶׁךְ; וַיַּרְא אֱלֹהִים, כִּי-טוֹב.

18 pour régner le jour et la nuit, et pour séparer la lumière (haOr) des ténèbres. Dieu considéra que c’était bien.

 

 

ח שֵׁשֶׁת יָמִים תַּעֲבֹד, וְעָשִׂיתָ כָּל-מְלַאכְתֶּךָ.

8 Durant six jours tu travailleras et tu feras (veAssita) toutes tes tâches (Melakhtekha),

ט וְיוֹם, הַשְּׁבִיעִי–שַׁבָּת, לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ:                                לֹא-תַעֲשֶׂה כָל-מְלָאכָה אַתָּה וּבִנְךָ וּבִתֶּךָ, עַבְדְּךָ וַאֲמָתְךָ וּבְהֶמְתֶּךָ, וְגֵרְךָ, אֲשֶׁר בִּשְׁעָרֶיךָ.

9 mais le septième jour est la trêve de Yahvé ton Dieu: tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs.

י כִּי שֵׁשֶׁת-יָמִים עָשָׂה יְהוָה אֶת-הַשָּׁמַיִם וְאֶת-הָאָרֶץ, אֶת-הַיָּם וְאֶת-כָּל-אֲשֶׁר-בָּם, וַיָּנַח, בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי; עַל-כֵּן, בֵּרַךְ יְהוָה אֶת-יוֹם הַשַּׁבָּת–וַיְקַדְּשֵׁהוּ.                                {ס}

10 Car en six jours l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment et il s’est reposé le septième jour; c’est pourquoi  l’Eternel a béni le jour du Sabbat et l’a sanctifié.

 

 

Si l’on s’en tient à une lecture non critique des premiers chapitres de le Genèse,  Dieu aurait changé d’avis à propos d’Adam, mettant fin à  l’androgynat du premier chapitre en adjoignant à Adam, non pas une femme mais un clone (isha, cest Eve qui est mère de Caïn). Mais il existe d’étranges similitudes entre ces premiers chapitres  et le chapitre VI, où Dieu déclare vouloir mettre fin à l’Humanité existante, ce qui  recoupe peu ou prou le climat de l’expulsion du Jardin d’Éden.

Genèse VI,  9        : «        Dieu  dit à Noé      : «  le terme de toutes les créatures est arrivé, à mes yeux, () et  je vais  les ‘créatures) détruire avec la terre       » Suit l’instruction pour bâtir une «       arche        » (.)   Tu entreras dans l’arche, toi et tes fils  et ta femme «    . Le mot femme utilisé est  le même mot qu’au chapitre II, Isa (Ishtekha, avec le suffixe du possessif).

Genèse chapitre VI

 

יג וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְנֹחַ, קֵץ כָּל-בָּשָׂר בָּא לְפָנַי–כִּי-מָלְאָה הָאָרֶץ חָמָס, מִפְּנֵיהֶם; וְהִנְנִי מַשְׁחִיתָם, אֶת-הָאָרֶץ.

13 Et Dieu dit à Noé: « Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux, parce que la terre, à cause d’elles, est remplie d’iniquité; et je vais les détruire avec la terre.

יד עֲשֵׂה לְךָ תֵּבַת עֲצֵי-גֹפֶר, קִנִּים תַּעֲשֶׂה אֶת-הַתֵּבָה; וְכָפַרְתָּ אֹתָהּ מִבַּיִת וּמִחוּץ, בַּכֹּפֶר.

14 Fais-toi une arche de bois de gôfèr; tu distribueras cette arche en cellules, et tu l’enduiras, en dedans et en dehors, de poix.

 

 

 Autrement dit, Dieu met ainsi fin en effet à l’androgynat lors de la décision de tout recommencer. L’argument avancé au chapitre II  semble d’ailleurs assez spécieux                               : «                    

Genèse II,  18        :     »L’Éternel Dieu dit «     il n’est pas bon  que l’homme soit isolé, je lui ferai une aide digne de lui «    (trad. Rabbinat)

On notera que la question de la nudité  est également présente dans l’Histoire de Noé                               :

Genèse III         ;  12      :        »

L’Éternel  Dieu   appela  l’homme  et lui dit       : Où es-tu. Il répondit       () J’ai  eu peur  parce que je suis nu et je me suis caché. Alors (Dieu) dit    : Qui t’a appris que tu étais nu Cet arbre ont je tavais  défendu de manger,  tu en as donc mangé    «                    

Signalons en passant, une certaine invraisemblance dans le texte (Genèse, III)                                car le couple  avait déjà couvert sa nudité au moyen de feuilles de figuier quand Dieu linterpelle. Il navait donc plus de raison de se cacher. Par la suite, Dieu leur taillera des tuniques de peau de bête.

Genèse X,  21       : «      Noé (.) planta une vigne. Il but de son vin et s’enivra et il se mit  à  nu au milieu de sa tente. Cham (..) vit la nudité de son père et alla  dehors l’annoncer à  ses deux  frères. Sem et Japhet prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père  mais ne la virent point, leur  visage  étant  retourné. Noé  réveillé de son ivresse  connut ce que lui avait  fait son plus  jeune fils et il dit «     Maudit soit Canaan       etc.     »Il  s’agit ici d’une vigne dont Noé boit le fruit et cela conduira à la malédiction  à l’encontre de l’un de ses fils, du fait de la question de la nudité, laquelle se retrouve à propos d’Adam.

Mais cela vaut aussi plus tard pour  Loth. (Genèse  XIX, 36) et en fait c’est dans cet épisode qui  figure dans ce que nous avons appelé le premier volet de l’Exode, au-delà  du chapitre XI, que la dimension scandaleuse est la plus marquante  à telle enseigne  que ce qui est dit          ; en comparaison,  à propos de Noé et d’Adam ne faisait pas sens en soi car il s’agit bien d’un cas d’inceste                               :

«                               Nous allons faire boire du  vin à notre père. Ensuite nous coucherons avec lui. Alors grâce à nous,  des enfants et des petits enfants  naîtront de mon père                     ».

Si l’on confronte ces trois récits, l’on assiste à une déperdition de sens, en passant du cas de Loth à celui de Noé  puis du cas de Noé à celui d’Adam.

 

En fait,  Dieu le Père   renonce à faire de Noé, le nouvel Adam,  un être  génial,  à part,  au sein des créatures  terrestres et il décide donc de partir sur de nouvelles bases, ce qui fait de Noé en quelque sorte le premier homme «          normal      » doté d’une femelle, comme toutes les autres créatures qui vivent en couple. Il désigne le mâle et la femme          : Ish  et Ishto, (VII, 2)  termes repris au chapitre II  22, pour désigner l’homme et sa femme mais qui ne désignent aucunement l’homme et la femme en particulier, comme les traducteurs le rendent, mais n’importe quel couple animal, ce qu’il convient de distinguer de zakhar/neqéva, (cf  la création d’Adam   Genèse I, 27  la naissance de Seth,   Genèse V, 2). En fait, il existe deux récits, celui du premier et celui du second chapitre, pour nous  placé entre le chapitre I et le chapitre V de la Genèse.

L’astuce des  faussaires  aura consisté à faire de la version originale la formulation finale en interpolant un récit d’échec avec Abel et Caïn      ,  mettant ainsi en scène le tout premier meurtre, ce qui n’est  pas sans évoquer la crucifixion, dans un chapitre qui traite du sacrifice.   Eve déclare (fin ch. IV) «        Dieu m’a donné     une autre semence  à la place d’Abel      .       »  Le terme «          Aher      »  pour autre est le mot clef ici. Seth  devient ainsi le nouveau fils et l’on ne sera pas surpris de voir que les généalogies évangéliques ignorent Caïn et Abel et mentionnent le seul Seth, la descendance de Caïn étant maudite alors que paradoxalement, c’est le seul Seth qui figurait, selon nous, dans la version première. Tour de passe-passe    Selon nous (cf. infra), ces premiers chapitres empruntent à une littérature édifiante  illustrent en quelque sorte les Dix Commandements (cf.  La Décade prodigieuse, film de Claude Chabrol, 1971)     ; On y retrouve peu ou prou la tonalité des Fables de La Fontaine (avec sa «          morale      » de l’histoire ainsi contée comme tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute,  pour le Corbeau et le Renard)  et la lecture de la Bible  si souvent conseillée s’expliquerait par cette dimension sapientiale(plusieurs pièces y portent d’ailleurs le nom de «                     sagesse    »        ) dont elle semble être truffée et à laquelle ses rédacteurs ont dû emprunter pour étoffer leurs propos.  Il s’agit d’une littérature dite «    moraliste   »      décrivant les mœurs en vigueur, notamment durant  la seconde moitié du XVIIe siècle.(cf.  Paul Bénichou, Morales du Grand Siècle, Gallimard, 1948 )

 On retrouvera un procédé assez comparable pour la composition des Centuries de Nostradamus et à ce propos l’on notera le parallélisme formel entre le repérage par chapitres et versets dans un cas et celui par centurie  (ensemble de 100 éléments) et quatrains  dans lautre… Le contrecoup d’un tel procédé littéraire, dans la constitution du récit biblique serait alors t de nous présenter des personnages en train  de commettre des actes moralement répréhensible, ce qui tend à développer l’idée de péché originel, de faute, de domination du mal etc. On pense ainsi que la relation entre deux autres frères,  Jacob et Esaü,  les deux fils d’Isaac,  est marquée par de tels exemples à ne pas suivre plutôt que par une quelconque réalité historique, subvertie par des enjeux d’ordre éthique…

Selon nous, l’idée même de péché originel est à rechercher chez les Israélites (issus du Royaume d’Israël), eux-mêmes, peu ou prou rejetés par le royaume de Juda, le décalogue étant en fait un catalogue, un réquisitoire de tous les points qui leur sont reprochés. L’Epitre de Paul aux Ephésiens dans le Nouveau Testament témoigne de ce sentiment d’exclusion. On aura compris qu’il y a une différence majeure entre le païen, l’étranger  et l’excommunié, le condamné.

Ephésiens   chapitre II

«                     Vous étiez mort à cause de vos fautes et de vos péchés (…) Dieu nous a rendu vie avec Christ (..)  Vous  n’êtes plus  des  étrangers         » entendons par là des exclus, des  acteurs de seconde zone, des «       brebis perdues     », des brebis galeuses, des moutons noirs.  On comprend ainsi pourquoi les Chrétiens ont  voulu, à plusieurs reprises, «     chasser          » les Juifs en ce sens qu’eux-mêmes descendent de ceux qui furent  bannis par les  Juifs. / On voit bien que ce qui se passe dans la Bible  concerne l’histoire interne des Juifs – on s’inscrit ici dans une dynamique de guerre civile – et de ceux qui gravitent autour d’eux et non des populations lointaines, «        paiennes   », qui auraient  épousé des querelles qui ne sont point les leurs. On pense aux Africains et aux Asiatiques. Quand les Juifs parlent de Yahvé comme étant leur dieu («     notre dieu  » Elohénou) cela signifie que ce n’est pas un dieu pour ceux qui n’appartiennent pas à leur monde.

L’histoire d’Elie (en hébreu Elyahou – on retrouve le nom de Yahwé- comme chez Isaie et Jérémie- illustre  bien  le regard porté sur le Royaume du Nord    lequel a  « abandonné       » les lois de Yahvé, notamment avec le couple Achab-Jézabel. – forcément avant la chute du Royaume en  722  avant JC.. On voit bien ici –le doute n’est plus permis- que l’appellation  d’Israël désigne ici le seul Royaume du Nord, ce qui peut choquer     : pourquoi les gens du Royaume de Juda ont-ils fait leur deuil  du nom d’Israël      si ce nom les avait antérieurement englobés  ? On devine ici l’existence d’un clivage remontant loin dans le temps et que l’e nom d’Israël n’aurait fait que recouvrir                     :

 

Livre des Rois I,

יז וַיְהִי כִּרְאוֹת אַחְאָב, אֶת-אֵלִיָּהוּ; וַיֹּאמֶר אַחְאָב אֵלָיו, הַאַתָּה זֶה עֹכֵר יִשְׂרָאֵל.

17 En apercevant Elie, Achab (le roi d’Israël) lui dit: « Te voilà donc, perturbateur d’Israël? »

יח וַיֹּאמֶר, לֹא עָכַרְתִּי אֶת-יִשְׂרָאֵל, כִּי אִם-אַתָּה, וּבֵית אָבִיךָ–בַּעֲזָבְכֶם אֶת-מִצְות יְהוָה, וַתֵּלֶךְ אַחֲרֵי הַבְּעָלִים.

18 Il répondit: « Ce n’est pas moi qui ai jeté le trouble en Israël, c’est toi et la maison (Bayit) de ton père, puisque vous avez abandonné (BeAzavkhem) les lois  (Mitzwoth)de  Yahwé, puisque  tu  es  allé  vers  les  Baalim (les prêtres de Baal)!

 

Dans l’Evangile de Luc,  l’on revient  sur le personnage d’Elie, au chapitre 4 et cela montre bien que le nom d’Israël renvoyait au royaume du Nord, encore du temps de Jésus                     :

Jésus ajouta: «Amen, je vous le dis: aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare: Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël; pourtant Élie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël; pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien.»

Mais le parallèle qui nous semble le plus flagrant concerne la construction du personnage de Jésus, éclairée par celle, quinze siècles plus tard, par celle du personnage de Nostradamus. Il existe dailleurs une Vie (Vita) de Nostradamus (dans le Janus François de 1594) qui se présente, peu ou prou, comme une Vie de Jésus.  Dans les deux cas, on  a affaire à une œuvre collective, étalée dans le temps dans sa composition et bien plus encore au prisme de son exégèse. S’il n’est pas question de contester qu’il exista un astrologue du nom de Michel de Nostredame  pas plus qu’on ne saurait le faire,  toutes proportions gardées, le dossier Nostradamus, bien plus récent,  étant, on s’en doute, beaucoup mieux documenté et renseigné- pour un « prophète » surnommé Jésus, l’on n’en reste pas moins en droit de se demander  quelle aura été la part de leur instrumentalisation, pour l’un comme pour l’autre. On a fait de l’astrologue Michel de Nostredame besogneux auteur d’almanachs astrologiques annuels  le poète de quatrains prophétiques débordant largement en portée  -quelle ubris! -  le cadre de son temps -il meurt e 1566 tout comme on aura fait d’un Jésus d’abord centré sur le seul peuple hébreu,   un « fils de dieu » venu « sauver » l’humanité toute entière.  A plus d’un titre, nous pensons que l’histoire de Jésus emprunte fortement à celle de Moïse, du moins dans la mouture d’origine -perdue- du récit traitant du dit Moïse, tout comme  les personnages de Moïse et de Jésus voire de Jean-Baptiste   doivent beaucoup à Isaac voire à Ismaël (selon le Coran)  Nul ne conteste quil ait  existé un certain Jésus qui aura fait parler de lui mais  aucun témoignage ne saurait fournir autre chose que des propos tenus par lintéressé ou son entourage.

Dans les deux cas de Jésus et de Nostradamus (d’ascendance juive,  rappelons-le) , il y a un évident changement d’échelle. De même, le personnage  de Jésus va nous renseigner sur celui bien antérieur de Moïse et nous permettre de rétablir, avec une vraisemblance raisonnable, des aspects de la narration  concernant le dit Moïse qui ont pu être gommés, comme en ce qui concerne le fait que tout comme Jésus il ne  serait pas un humain ordinaire et comme lui serait apparu tel un être à mi-chemin entre l’état de dieu et celui d’homme…Ce n’est pas toujours ce qui est antérieur qui éclaire sur ce qui se présente ultérieurement, cela peut en effet être l’inverse comme dans le cas de la chronologie des éditions des « Centuries » (cf infra)

 

Seth, le vrai «    fils dAdam                     »

     On notera que dans l’Ecclésiaste, le nom  Abel (Hevel) signifie buée, souvent  rendu par vanité. (Vanité des vanités, tout est vanité!),  étrange nom  au demeurant  pour le fils d’Adam    ! Seth en fait remplace à la fois Abel (et qui naura pas de descendance)  qui a été tué et Caïn qui a été maudit mais qui nen est pas moins «       fils d’Élohim       et dEve, tout comme le sera, nous dit-on, dans l’Évangile de Mathieu, Jésus,  le fils de Marie et dune divinité. Mais il y  a un évident hiatus entre les naissances de Caïn et dAbel et celle de Seth (et ce malgré les aménagements de la fin du chapitre IV). Seth est né d Adam  qui na nul besoin dun partenaire sexuel alors que  les deux frères seraient nés dune femme fécondée par un homme  Ish.  A moins qu’à linstar dun Isaac ou dun Jésus, Seth  ne soit né dune femme, Eve,  et dune entité divine sans passer par un père.  Cain et Abel seraient nés par un processus ordinaire, conséquence de la relation  de Ish et de Isha alors que Seth annoncerait une autre forme de naissance, celle des «      fils dAdam       ».. Notons que les deux frères, Caïn et Abel,  sont à rapprocher des dieux égyptiens, Horus et Seth, ce dernier étant maudit à linstar de Caïn. Par ailleurs, lanimal de Seth est le porc,  lequel serait donc lui aussi maudit, doù linterdit concernant la consommation de cet animal, chez les Hébreux. Signalons  toutefois la présence de porcs  du temps de Jésus lors d’un exorcisme:

Evangile  selon Luc   VIII

 » Or, il y avait là un important troupeau de porcs, qui cherchaient leur nourriture sur la colline. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d’entrer dans ces porcs, et il le leur permit. Ils sortirent de l’homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans le lac, et il s’y étouffa. »

 

 

Aussi,  le chapitre IV ne peut qu’être plus tardif que le chapitre V. CQFD. Selon nous, ces chapitres n’étaient en fait pas censés se trouver  à cet endroit. Ils y ont été placés malencontreusement ou délibérément et sans grand souci de continuité chronologique pour faire écho à la naissance de Jésus, faisant dEve  une sorte de Marie, lAncien Testament faisant ainsi écho au Nouveau, étant entendu que les relations compliquées entre frères ne sont pas sans nous faire songer à celles entre  les jumeaux Jacob et Esaü, lequel Esaü était sur le point de tuer son frère surnommé Israël. (Genèse XXXII-XXXIII)

 

Qu’est-ce que l’homme        ?

Les frontières ne sont pas  claires       : l’on nous parle d’un homme «      perfectible  » qui le serait par le biais d’un appareillage et se pose alors la question du trans-humanisme. Mais sommes-nous  si différents des animaux      ? La femme se caractériserait- par-delà la question  des organes génitaux qui intéressa Freud avec une situation en quelque sorte inverse– par sa possession d’objets extérieurs alors que l’homme  s’affirmerait par la possession de facultés intérieures. Ce qui distingue le c’est à moi et le c’est de moi.

 D’où cette notion de maisonnée que nous empruntons au , dans les Dix Commandements et qui inclut les animaux, domestiques,  la progéniture, l’épouse. Pour notre part, nous pensons quil est préférable de  recourir à une nouvelle polarité, celle de lgénie adamique et de landroïde car la Isha de la Bible, tirée de la cote dAdam correspond bien selon nous à la signification littérale du mot androïde, à savoir en grec ce qui est fils dAdam (en grec Anthropos)       .  Cependant,  la formule  «         Et Dieu créa la femme     » ne doit pas faire penser que c’est le verbe «      bara      » du premier chapitre qui est employé à son intention.  Si le verbe  bara est utilisé pour la «   création du génie adamique » (désigné d’ailleurs au  pluriel)  et plus généralement de toute la Création, c’est, en revanche,  le verbe  yatsar (d’où le Sefer Yetsira en kabbale)  qui sert pour la «      formation       » de l’androïde (l’être qui est  fabriqué à l’image de l’homme, Isha tirée de Ish).  La lecture  parfois proposée  de «      tirée du côté dAdam     » voire «   à côté dAdam    »à la place de la «       côte dAdam    » ne change rien à laffaire puisquil est dit, par ailleurs, que Isha est tirée de Ish.

Selon nous, dailleurs,  lidée de création devrait en fait signifier une transformation et certainement un processus généré ex nihilo                     !

Essayons d’y voir clair  au regard du texte biblique: on notera d’abord (chapitre I) que ce sont des adjectifs (zakhar et neqéva) et pas des noms communs  qui sont utilisés pour désigner la dualité adamique, la traduction homme et femme n’étant pas recevable. Le fait que le texte désigne Adam tantôt au singulier, tantôt au pluriel  tient à cette nature duelle. Qu’il soit demandé à Adam de se multiplier  ne prouve nullement qu’il ait besoin d’une aide extérieure. Rappelons qu’Adam est créé après les animaux qui eux sont sexués, il fonctionne autrement. Passons au séjour dans le Jardin d’Éden (ch. II-III), il n’y est pas question d’enfantement. On notera que ce n’est pas Adam et son épouse qui sont chassés du Jardin d’Éden mais seulement Adam  car c’est à Adam qu’il avait été prescrit de ne pas manger du fruit défendu et à la fin, il est  dit Voici Adam  devenu comme un de nous () Ayant chassé Adam  etc.. Là encore, pas question d’une autre personne. Autrement dit, l’existence de la Isha  n’a pas à ce stade de fonction précise et seul Adam importe Cette Isha, qui est une sorte d’appendice,  dhypostase, ne fait que suivre Adam mais elle n’est pas visée directement et compte pour du beurre. Au début du chapitre II, on rappelle qu’Adam a été créé par Élohim mais Élohim  entend lui associer une aide mais Adam est parfaitement viable sans la dite aide qui est d’abord recherchée parmi les êtres déjà crées avant qu’Élohim se résolve à explorer une autre voie, que nous qualifierons de technologique. Au regard de la mythologie grecque,  en revanche, la Isha serait, selon nous, Proserpine (Perséphone),  la fille de Cérès  (Démeter), qui mangea les pépins de la grenade  lenchaînant fatalement  à Pluton (Hadés).(cf.  infra). Elle quitte le paradis pour lenfer.

Il y a un passage particulièrement étrange à Genèse II, 15, bien souvent ignoré:

Je ferai régner la haine  entre toi et ta femme, entre ta postérité (Zéra) et la sienne.  Ceux  qui naîtront d’elle t’écraseront à la tête et  toi tu les blesseras au talon. C’est bien d’une guerre des sexes qu’il est ici question! Rien à voir avec le serpent!

. On a tendance à vouloir comprendre qu »Elohim s’adresse là au serpent puisque c’est de cela qu’il s’agit au verset précédent mais nous pensons que cela traite bel  et bien des rapports à venir entre Adam et cette Isha, dérivée du Ish qu’est Adam.

Ce passage nous semble très éclairant au regard de l’Histoire de l’Humanité, à savoir qu’à chaque génération jusqu’à nos jours, les deux postérités sont confrontées, celle d’Adam  et celle de cette Isha, au service d’Adam, un peu comme dans les plantations du Sud des États Unis,  se perpétuent les enfants des maîtres et ceux des servants.

 

«        YahvéÉlohim  façonna (Yatsar, ce qui donnera le Sefer Yetsira en kabbale) Adam        » ni sa ressemblance avec le Créateur        ! Tout se passe comme si tout le discours sur l’androgynat était gommé par le nouveau chapitre, si ce n’est que la solitude d’Adam ne se conçoit que du fait de l’androgynat à moins qu’il ne s’agisse de la découverte par l’homme de l’outil, ce contre quoi un Jean-Jacques  Rousseau nous met en garde (cf. supra) au milieu du XVIIIe siècle.

 Selon nous, ce qui importe ce n’est pas la façon dont le  parle de Dieu, c’est à dire d’Elohim  mais bien  dont le  parle de «         son        » Dieu (Yahvé). Il ne s’agit pas de noyer  Yahvé dans l’océan  élohique, mais bien de l’en extraire, en quelque sorte, tout en reconnaissant la dimension élohique partagée mais qui n’est pas spécifiquement juive. Ajoutons que le  n’est pas une religion de la conscience individuelle   mais de la conscience collective, du «        nôtre     » et non pas du «       mon     » (ce que lon retrouve dailleurs , en héritage, dans le christianisme       : Notre Dame, Notre Père etc)  ce qui n’exclue nullement notamment la prise en compte de la question de l’androgynat et celle de la cyclicité, qui n’ont rien de proprement «       yahvique    ». Pour le judaisme , les enjeux collectifs priment, et pour les années 40 du  Xxe siècle, tout à fait déterminantes, cela aura valu tant pour ce qui est de la Shoah  que de la création de l’État d’Israël. Dans un cas comme dans l’autre, l’on aura été témoin des mirages de la Praxis, lorsque la théorie se mue en idéologie nazie ou sioniste  et passe le relais à une pratique aveugle et rigidifiée..

Or,  selon nous, les Hébreux ne savent plus prier leurs dieux, confondant  le dieu  de la création  et leurs dieux providentiels car les textes ont été frelatés et c’est pour cette raison que ces dieux ne les ont point protégés. Mais ce fut déjà le cas après la mort de Salomon, qui fut suivie de la Captivité de Babylone car c’est sous David et Salomon (encore que l’existence même de Salomon ne soit pas attestée),  que l’on avait voulu faire des dieux d’Israël et de Juda  le dieu universel.

Soulignons que depuis des siècles, la part de la conversion au judaïsme  est restée résiduelle et que le judaisme   a bien montré qu’il pouvait exister sans un tel apport. En tout état de cause,  le christianisme reste  bel et bien la voie par excellence de la conversion au sens de reconnaissance du fait matriciel hébraïque. En ce sens, il est absurde d’attendre une conversion de la part  des Juifs au christianisme dans la mesure où une telle  conversion viserait à permettre aux non Juifs – ce qui renvoie quelque part à l’Épître aux Éphésiens-  de devenir Juifs  ou en tout cas d’ acquérir une statut équivalent au regard de lAlliance Renouvelée, telle que définie par Jérémie au chapitre XXXI (cf infra). Au fond, demander à des Juifs de se convertir  serait du même ordre que de demander à des citoyens français de suivre une procédure de naturalisation. C’est le monde à l’envers.

Pourtant, dans lApocalypse de Jean, laccent est bien mis sur la filiation des 12 tribus                     :

Chapitre VII        :    »Jentendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau. Ils étaient cent  quarante- quatre mille de toutes les tribus des fils dIsraël. De la tribu  de Juda douze mille  marqués du sceau, de la tribu de Ruben, douze mille  etc                     »

Cela montre que le projet  du        Nouveau Testament était bien  de réaffirmer l’existence des 12 tribus   dont les noms sont repris  de la bénédiction de Jacob à ses fils, à la fin du Livre de la Genèse, lequel se prolonge dans celui de l’Exode                     .

En vérité, une telle conversion des païens à la judéité ( terme utilisé par les Juifs  laïcs) plutôt qu’au   (Ancienne Alliance) relèverait bel et bien du miracle!  Nous dirons que les païens passent par une double conversion en ce quils doivent davoir devenir Juifs (puis assumer l’Alliance Renouvelée alors que les Juifs  qui entendent  rejoindre cette Alliance Renouvelée nont évidemment pas à devenir Juifs  puisquils le sont déjà. Quand on parle de Chrétiens, il importe de préciser Juifs  chrétiens-Juifs  étant sous-entendu- puisque l Alliance Renouvelée est réservée aux Juifs, quitte à devenir Juifs  au moyen de quelque rituel, ce qui vaut plus selon nous pour les femmes que pour les hommes étrangers et dans lhistoire juive, et ce nest pas par hasard, que lon parle de conversions de femmes et non dhommes.  Les Chrétiens dorigine païenne sont de «      nouveaux Juifs (» comme lon désignera les Juifs  espagnols convertis au christianisme (à partir de la fin du XVe siècle),  en tant que «        nouveaux Chrétiens    » (appelés aussi par dérision marranes). Il importe de comprendre que la société juive du temps de Jésus  était marquée, comme bien dautres sociétés, par la cohabitation avec des populations asservies mais nen partageant pas moins, au quotidien, les mêmes conditions de vie avec les tensions, oppressions  et frustrations qui en découlent. On le sent bien à la lecture de l’Épître démagogique de Paul aux Éphésiens      ! Proposer l’égalité  fait surtout sens pour ceux dont le sort est précisément marqué par linégalité. Le païen, du temps de Jésus, ce nest pas le Romain mais lesclave non Juif, non pas le dominant mais le dominé      ! Et ce dominé nest pas taillé pour incarner une Alliance Renouvelée propre aux maîtres     ! Or, les Chrétiens semblent vouloir- selon une logique dinterface- ignorer et les Juifs et les païens non christianisés

En fait la conversion des païens correspond à une deuxième vague de conversion     : la première venait des Juifs   désireux dadhérer à une «     Alliance Renouvelée    » qui allait être suivie dun afflux de non Juifs  ne comprenant pas les  conditions dune telle conversion, laquelle passait au départ nécessairement par le fait d’être né«     juif     ».  Nous avons noté que tout processus dimmigration changeait de nature quand  à une première vague succédait une seconde. Cela vaut notamment pour limmigration issue dAfrique du Nord     : les premiers arrivants navaient certainement pas la même conscience des enjeux que ceux qui les suivirent, à commencer par leurs enfants, nés en France et qui constituent bel et bien une nouvelle vague migratoire dun autre type risquant fort de sauter certaines  étapes de lintégration. On ajoutera quil existe aussi une immigration de type linguistique comme ce fut le cas des Kabyles algériens victimes de larabisation de lenseignement en lieu et place du français lequel se perpétua bien après lIndépendance de 1962. A la différence des algériens non kabyles, cette population ne pratiquait pas larabe en famille et elle fut donc vouée à immigrer vers la France ou en tout cas vers un pays francophone. D’une façon générale, la deuxième vague tout comme la deuxième génération posent plus de problèmes que la première du fait que la deuxième vague se sert de la première vague comme interface au lieu d’être en contact direct avec la population locale.

 De même quand on parle de «         planètes   », rappelons que planète  est un adjectif  apposé à étoile, en ce que lon distingue étoiles fixes et étoiles errantes (planète  étant un barbarisme dérivant du grec, signifiant errant)

D’aucuns contestent que les païens se convertissant ne pensaient pas pour autant devenir Juifs. Or, dans l’Épître aux Romains (II, 28), tout est clairement exposé : il s’agit bien de  « se faire juif »:

« Ce n’est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ni la marque visible dans la chair qui fait la circoncision, mais ce qui fait le Juif c’est ce qui est intérieur, et la vraie circoncision est celle que l’Esprit opère dans le cœur et non celle que l’on pratique en obéissant à la lettre de la Loi. Tel est le Juif   qui reçoit sa louange, non des hommes, mais de Dieu. »

Face à l’Épître aux Hébreux qui rappelle ce qu’est cette judéité,  le Nouveau Testament place l’Épître aux Éphésiens qui annonce qu’il sera  désormais  possible de franchir la frontière entre Juifs  et non Juifs.  Or, à l’arrière-plan d’une telle proposition, il ressort que c’est alors un honneur que de devenir Juifs pour les « non Juifs « , ce qui sous-tend une certaine forme de jalousie, de convoitise pour  le bien d’autrui chez  ces derniers. Le paradoxe, c’est que la conversion ne fait sens que dans le cadre de l’Ancienne Alliance laquelle passe par un enseignement alors que l’accès à lAlliance Renouvelée est conditionné  par une appartenance, une descendance, à un héritage qui serait réservé au «         peuple saint        » (Épître aux Colossiens). Il reste que Paul qualifie Pierre d’        »apôtre des Juifs (         » alors que lui-même serait devenu, bien que né Juif, lapôtre des païens. (Galates, II) et lon retrouve cette dualité quand on compare l’Épître aux Hébreux et celle adressée par Paul aux Éphésiens.

 Le baptême ne fait sens que pour les Juifs  désireux de déclarer que le temps de la Alliance Renouvelée est advenu, il relève certes  d’une prise de conscience, de l’entrée dans une « Église » réunissant  ceux qui sont « partants »  mais il ne saurait transformer un non Juif  en Juif du moins sur la base de la dite Alliance Renouvelée!…Cela nous fait penser à ce qui s’est passé  en France sous la Révolution, laquelle s’adressait à  tous les  « anciens » Français  tout comme l’Émancipation  des Juifs , à l’époque, ne pouvait viser que les « anciens » Juifs  En fait, l’esprit de l’Alliance Renouvelée  n’est pas censé impliquer une quelconque prise de décision  de la part des intéressés, cela relève, peut-on dire, de la grâce et  non de la volonté. Paul (Épître aux Galates, notamment) oppose la Loi de lAncienne Alliance  à la Foi qui serait propre à la Nouvelle, lesclavage à la liberté,  Ismaël (fils dune servante, Agar) à Isaac (né dans des conditions merveilleuses). Les Juifs  sont convertis- s’il faut employer ce terme- de l’intérieur, malgré eux, car cela entraîne un changement de leurs facultés. Lon bascule du  vers la judéité, de l’orthopraxie surconsciente vers une orthopraxie subconsciente. Nous dirons  que le christianisme aura servi d’interface aux païens pour devenir Juifs   si ce n’est qu’il aura outrepassé ce statut au point que la conversion aura fini par s’effectuer non plus vers les Juifs  mais vers les Chrétiens. Sur un autre plan, pour mieux nous faire comprendre, les Juifs arrivés en France de Pologne ou du Maghreb  ont-ils rejoint leurs « frères »  Juifs  de souche, installés en France de longue date  ou bien plutôt  la France?

 A la différence de l’Islam, les Juifs  ne se sont pas confondus -ou si peu- avec ceux qui entendaient les suivre et en cela, il faut se réjouir de l’existence même du christianisme car cela permet de ne pas tout mélanger, à moins de considérer le chiisme (qui revendique une filiation, une descendance) dans son rapport avec le sunnisme comme équivalent au  face  au christianisme. L’Islam tout comme le christianisme ont renoncé à tout enracinement géographique et ethnique à la différence du judaïsme, ce qui aura eu pour avantage de favoriser la conversion. Or, nous pensons que le rejet de  la dimension «    raciale      » , génétique, ne peut aboutir qu’à un retour du refoulé.

 Les théologiens chrétiens se sont divisés autour de la notion de consubstantialité (cf. l’hérésie d’Arius). Mais la question se pose en effet, quant à ce qui distingue l’homme de la femme. La plupart des commentateurs   ne semblent pas avoir pris la mesure de l’enjeu et concluent  un peu vite que la femme (Neqéva)  de Genèse II est identique à celle de Genèse I. Or, ce n’est pas du tout notre avis           :  pour nous, la femme-épouse  (Isha) est un être à part, né de lhomme et non de Dieu  que l’on pourrait assimiler à une machine, laquelle comporte certes des similitudes avec l’homme mais présente des particularités qui lui sont propres.  Or, la dimension «        féminine        » d’Adam est inséparable de sa dimension masculine ces deux dimensions étant  inséparables  et consubstantielles  l’une par rapport à  l’autre. Au fond, la Trinité Chrétienne  ne met elle-pas en scène trois personnages et non deux         ?. En tout état de cause, le judaïsme   tel quil est devenu a beaucoup à apprendre du christianisme lequel  réactive  des sources fort anciennes et parfois oubliées en cours de route par le dit  mais cette «        trinité     » que lon retrouve dans la mythologie et dans une astrologie renouvelée(cf notre tome III) sancre sur un savoir lui aussi passé par -dessus bord.

Nous dirons que lhumanité dAdam diffère singulièrement de celle de lhomme ordinaire (ish) même si dans tous les cas de figure, cela passe par le truchement dune femme si bien que lors de laccouchement,  lon peut se demander sil est possible de faire, voir la différence sous une apparence si semblable au premier abord. Le fils dAdam ne saurait être confondu, à terme, avec le fils de lhomme-Ish et bien entendu lon sen doute-le nombre de fils dAdam est bien inférieur à celui des fils de Ish. Mais il est vrai que la traduction grecque rend Adam par Anthropos, ce qui prête à confusion. Il vaudrait mieux ne pas traduire Adam.

Mais il nous semble que le personnage de la Vierge Marie serait une comparaison plus heureuse dautant qu’elle sert avant tout de réceptacle. (Mathieu, I) Tout se passe comme si le Père -on sait qu’il est dans la dualité sujet-objet (cf Genèse I, il créa la lumière et vit que c’était une bonne chose)  puisque Adam  a été crééà sa ressemblance-  s’était  servi de Marie pour faire naître son  Fils       ; Jésus. De même les femmes serviront  mécaniquement  aux hommes à enfanter leur progéniture.                    

Il convient de rappeler dans quelles conditions «          Isha         » est apparue car c’est un point trop souvent occulté         :   Yahvé-Elohim (sic), une fois qu’il a observé qu’Adam devait être «        aidé    »    commence par à«     amener         «        toutes sortes d’animaux  mais  Adam  «        ll ne trouva pas de compagne qui lui fut assortie         »   (Genèse II  trad. Rabbinat)) Et c ‘est alors que  l’Éternel Dieu  décida de créer un être en passant par Adam.(c’est lhistoire de la «         cote         » d’Adam)  Mais cette  traduction ne rend pas bien l’hébreu Ezer ke negdo, Ezer étant le même mot utilisé quelques versets plus  haut, dans le même  chapitre        et cette fois on avait traduit  «      une aide digne de lui    » (Genèse II,  18 et  21).  Ainsi,  on est passé  de «          aide digne de lui «        à«        compagne qui lui fut assortie       »          ! pour  traduire les mêmes termes         ! D’autres traductions  ne prennent pas une telle liberté et rendent dans les deux cas par «         une aide qui lui convienne parfaitement        » ( Parole de Vie, Société Biblique Française, 2000) Quel est ici l’enjeu      ?  Reprenons la chronologie       :   On traduira  Ezer Kenegdo, comme une aide, une assistance, externe, comme lorsque l’on parle d’un disque dur externe venant soulager le disque dur interne. Neged signifie ce qui est en face de soi (neged    contre, opposé, en face, versus)., ce dont on se sert ou pas, à  sa propre  convenance (cf. infra, la dialectique   de la cyclologie selon Saturne, Jupiter et Mars ), sachant que l’idée de se faire aider, de complément, d’ajout,   est en soi éthiquement problématique d’un point de vue ontologique. Néged (qui en hébreu renvoie à Nigoud, contradiction, à opposition), c’est aussi, tout simplement, l’idée de Négation (le nicht allemand), en s’en tenant à la similitude formelle, c’est à dire à l’altérité, à la conscience qui est une contre-science, à la rencontre (ce qui va à l’encontre), ce qui répond, réplique, l’antithèse.  Mais cette dualité, elle  se trouve déjà  dans le génie adamique, en son neqéva et par conséquent,  la isha, ne fait que soulager le ish de sa tension, de son altérité intérieure : on voit que l’on ne se focalise pas ici sur le sexe.  On nous dit que l’homme n’est pas adamique parce qu’il ne peut à lui seul procréer mais en revanche, il  est en pleine possession de l’acte  créatif;  ce qui implique une  remise en question permanente (cf Bachelard)., un dialogue intime en soi-même (comme le préconisait Platon), ce  qui exige un regard critique, un retour sur soi, une réflexion, Le maître se questionne lui-même, de lintérieur, alors que le servant a besoin d’être sollicité pour fonctionner, comme si la question devait venir dun autre espace-temps, dun avant, dun en-haut.

En fait, la création de la femme serait liée à ce que nous appelons la Seconde Création, celle du «    Deus Faber      » et cela commence avec la perte de la «   nudité     », mise en scéne dans le Jardin d’Eden.  Cette nudité conduit à recourir à toutes sortes de prothèses.

Genése II

כה וַיִּהְיוּ שְׁנֵיהֶם עֲרוּמִּים, הָאָדָם וְאִשְׁתּוֹ; וְלֹא, יִתְבֹּשָׁשׁוּ.

25 Or ils étaient tous deux nus (Aroumim), l’homme et sa femme, et ils n’en éprouvaient point de honte

Genése III

כא וַיַּעַשׂ יְהוָה אֱלֹהִים לְאָדָם וּלְאִשְׁתּוֹ, כָּתְנוֹת עוֹר–וַיַּלְבִּשֵׁם.                      {פ}

21 L’Éternel-Dieu fit pour l’homme et pour sa (sic) femme des tuniques de peau, et les en vêtit.

 

On note qu’il n’est pas écrit «     pour la femme     », mais bien «       pour sa femme       ». Il semble qu’en français, il y ait là une ambiguité qui n’existe pas dans  toutes les langues  mais qui se retrouve  également en hébreu      : la isha, c’est à la fois la femme par rapport à l’homme mais aussi l’épouse.

Or, dans le même chapitre III,  on se sert du même terme «       Isha         » sans préciser dans quel sens il faut entendre  la formule         ! Autrement dit, on sera passé en quelques versets, de «     la femme     » à  «     sa femme       »         ! En anglais, on aurait dit d’abord «        the woman      » et ensuite «   the wife     »    comme cea peut se constater dans la Bible de King James où les deux expressons se croisent.

 

ד וַיֹּאמֶר הַנָּחָשׁ, אֶל-הָאִשָּׁה:                      לֹא-מוֹת, תְּמֻתוּן.

4 Le serpent dit à la femme: « Non, vous ne mourrez point;

 

On  n’est plus  le monde de la Briah, de la Création,  Dieu (Elohim)  «      fit    » (Veyaassé) , fabriqua       , c’est le monde de la Technique. La femme incarne  un tel passage. Quand Sarag propose son esclave Agar à Abraham, elle indique en cela qu’elle est remplaçable  tout comme un objet peut en remplacer  un autre, ce qui renvoie à la gestation pour autrui.

Nous voyons dans la femme le prolongement de l’homme et en ce sens elle peut lui être supérieure tout comme  une cathédrale peut dominer son archictecte, lui survivre. Décidément le temps de l’homme n’est pas celui de la femme, celui de l’homme, on l’aura compris, tient à un fil et pourrait passer inaperçu.  Le temps de l’homme est dans la discontinuité et nous dirons qu’il est cyclique,  avec des passages à vide, par à coups, ce qui implique une forme d’attente d’un retour d’une forme d’euphorie (le euréka                      d’Archiméde).

Voilà  qui pose la question du rapport entre le créateur et sa création  et renvoie selon nous à la dialectique du masculin et du féminin telle qu’évoquée dans le premier chapitre du Livre de la Génèse       :  est masculin le processus de création et féminin  le fait ainsi accompli, le passage de la puissance à l’acte. On notera toutefois,  une certaine confusion dans le texte puisque au début du verset 27,  il est question d’Adam face à Elohim,  «        oto          », lui  et dans la suite du même verset, l’on passe subrepticement au pluriel de «         oto       », à savoir «     otam       », les, eux. Ce  que ne rendent pas certaines traductions lesquelles éludent le paralléle du singulier et du pluriel

 

כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ:                      זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.

27 Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le (oto) créa.  Mâle et femelle, il les (otam) créa.

 

27 «          Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois     » ( https://www.mechon-mamre.org/f/ft/ft0101.htm)

 

Quant à la traduction Segond, la forme «       les      » ne figure qu’au verset  28 suivant       : «      Dieu les bénit       ».

27 Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.

28

Dieu les (otam) bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre

 

Il importe de bien comprendre ce qui distingue les deux facettes  de la Création. D’un côté, nous avons un acte ponctuel, ce que l’on pourrait comparer à ce qui se passe pour la procréation. De l’autre, une continuation, avec la grossesse de 9 mois    ; pour poursuive dans le même sens. On aura compris que le temps n’est pas le même dans les deux phases. La première phase est fugace, c’est l’affaire d’un instant tandis que  la seconde est bien plus tangible de par sa durée, son étendue, ce qui conduit à dire que c’est la femme qui «       donne la vie    », tant le rôle masculin est  comme un clignement de l’œil (en allemand Augenblick), Et pourtant, sans cet enclenchement, rien ne se fera      ! Il y a réaction en chaîne. Le rôle de l’Historien est d’établir la genèse, donc le point de départ (Beréshit, de rosh, la tête), d’où la première phrase de l’Ancien Testament      : Genèse 1     où le créateur  est désigné        comme étant le centre autour duquel  le monde s’organisera, gravitera ou d’où tout découlera.

 

א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.

1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

 

La femme  serait  une  doublure; au regard de l’Histoire et de la Sociologie, les femmes nous apparaissent comme les doubles, les miroirs voire les sosies (à s’y tromper) de l’homme, capables de le représenter, de l’incarner, de le remplacer c’est à dire de le rendre présent dans l’absence et bien sûr au-delà de la mort., .On pense aux films doublés (en version française) ainsi qu’aux comédiens qui sont doublés pour certaines scènes ainsi au fait de doubler quelqu’un.(il s’est fait doubler). Pour nous cet être façonné” (et non crée, si l’on s’en tient au verbe hébreu utilisé, yatsor), représente l’entrée dans une  ère technologique, et la Isha serait une fabrication due à l’homme, avec l’aide de Dieu et non plus une création de Dieu. Cette isha préfigure toute l’histoire de l’homo faber. La Chute d’Adam tiendrait au fait qu’Adam n’aura pas su résister à la tentation de cette assistance (on parle de publication assistée par ordinateur, PAO), et cela a tenu au fait qu’il se soit perçu comme nu. Or le fait qu’Adam se confectionne un pagne, avec des feuilles de figuier, relève déjà d’un processus de fabrication d’objets puisque seul l’homme est capable d’en produire. A aucun moment il n’est dit qu’Élohim a fabriqué des outils, en dehors du seul cas de la Isha. On bascule de la Science, domaine de Dieu  vers  la Technique domaine de l’Homme (cf. infra). On notera qu’Élohim ne s’est résolu à créer l’Homme que tout à la fin de la Création, tout comme il ne se  sera  décidé à inviter Adam à “accoucher de la Isha, qu’après avoir présenté à Adam tous les animaux dont il avait été question auparavant.

Que signifie ce passage en revue des animaux      que Dieu propose à Adam (cf Genèse II)                     ?

18 Le Seigneur Dieu dit        : «      Il nest pas bon que lhomme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra.                     »

19 Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers lhomme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et lhomme donna un nom à chacun.

20 Lhomme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde.

21 Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et lhomme sendormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place

 

Ce passage est assez obscur car lon sait bien que lhomme a su faire travailler toutes sortes danimaux lesquels sauront laider        ! Selon nous,  il sagirait plus spécifiquement de  la façon dont Adam se reproduira et il semble donc quAdam nait pas souhaité que cela se fasse au travers de tel ou tel animal «     modelé       » par Dieu mais par un être spécial plus proche de lui, issu de lui., On notera que les langues sémitiques  ont remplacé en quelque sorte le no par le lo, pour dire non, ce N que l’on retrouve dans les langues latines, germaniques et slaves. La trace du N en hébreu se retrouve donc dans ce Négued et il serait bon  d’y  rétablir ce phonème, même si en anglais et en allemand,  le less/los signifie ce qui manque. (useless, ce qui est  inutile, hopeless, désespéré, heimatlos, sans patrie etc. ).

.Au fond,  ne pourrait-on voir dans la femme une interface entre l’homme et le monde extérieur à la façon de notre main qui serait aussi une «         ezer kenegdo                     », laquelle nous relie à la machine. L’homme sans la femme serait comme l’homme sans mains et il est des moments, où l’homme est prisonnier de ses  femmes et de ses mains et par là même de  tout ce qui le met en contact avec le monde extérieur et d’autres où il s’en affranchit.. Il importe en tout cas de distinguer entre l’outil que l’on me propose et celui dont je suis l’auteur, et qui sera pour autrui tout autre chose que ce qu’il est à mes yeux tout comme on ne se voit pas de la même façon que les autres nous voient.

 Rappelons que la formule n’est pas utilisée au départ-comme on voudrait nous le faire croire au prix dun raccourci  complaisant pour désigner la femme mais toute forme d’être vivant puisqu’elle précède la présentation d’animaux existants avant que Dieu ne se résolve à procéder à une opération d’un nouveau genre, à savoir -à la différence de ce tout ce qu’il avait créé jusque-là, de faire d’Adam un créateur, puisque la femme est tirée de lui. La femme est à lhomme ce que lhomme est à Dieu, un partenaire, ce qui renforce la ressemblance entre l’homme et Dieu, déjà semblables de par leur androgynat. Interne. Selon nous,  Adam, à l’image de son créateur est androgyne, à  la fois masculin et féminin, ce qui n’a rien à voir avec la création d’un homme et d’une femme. Mais même au niveau du fils d’Adam, Seth (Genése V, 3), il y a encore androgynat puisque Seth est formé à l’image d’Adam. C’est avec le fils de Seth que disparait l’androgynat, du moins pour ce qui est de la procréation mais pas nécessairement  de la création «       géniale       ».(cf  infra)

 

א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם:                      בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.

1 Ceci est l’histoire des générations de l’humanité.  (1) Lorsque Dieu créa Adam, il le fit à sa propre ressemblance.(2)

ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.

2 Il les créa mâle et femelle, les bénit et les appela l’homme, le jour de leur création.

ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.

3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit (3) un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.

 

Selon nous, Adam  est un nom «         propre       » et ne désigne pas l’homme, en général tout comme le nom de son fils  est réservé à ce dernier. C’est un contre sens de traduire Adam par «       être humain     »      !

Notons que la création d’Adam  se situe à la fin du récit de la Création alors qu’Élohim  en est la manifestation primordiale. Or ce même Adam est censé avoir été créé à limage d’Élohim et l’on voit qu’au chapitre II,  ce n’est  plus Élohim  qui est créateur mais Adam, et c’est de lui que sorte la Isha et  sortir ici veut dire avoir été engendré, crée. Le chapitre II  débute  de la sorte         : «        Ainsi Dieu finit de créer le ciel et la terre et tout ce  qu’il y a dedans. Il ne peut plus intervenir, il doit passer le relais. Quand il se met en tête de trouver une aide à Adam, il lui propose ce qui a déjà été créé et ce n’est que du fait de linsatisfaction exprimée par Adam  qu’Élohim se résout à révéler à Adam qu’il peut lui aussi créer. Contrairement à ce que l’on dit le plus souvent avec cette formule «     Et Dieu créa la femme     », cela n’était plus possible puisque le processus divin était parvenu à son terme, à la fin du chapitre I de la Genèse, on  peut tout au plus dire qu’Élohim aida  Adam à accoucher de la Isha, en puisant en lui-même, tout comme Élohim avait puisé en lui-même pour accomplir «    sa    »Création Élohim se repose après avoir créé  Adam à sa ressemblance, ce qui signifie doté d’une faculté créatrice qui se manifestera par  la «formation »  (Yetsira et non Bria)  de la Isha..

Il est possible que le Saint Esprit      , troisième personnage de la Trinité  corresponde à la Isha car le verbe «    aider   » lui est souvent associé                     :

«          De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières      » (Épître aux Romains VIII        ; 26). Dans l’Évangile de Jean on trouve ce même verbe «     Jésus a dit que le Saint-Esprit nous aiderait et nous guiderait   » (Chapitres 15, 26-27  et Ch. 16, 12-15)  De même         la femme est-elle censée-on la vu- «     aider       » lhomme. On connaît la formule appliquée notamment à la naissance de Jésus- «        par lopération du Saint Esprit        », ce qui équivaut à lidée daide. Aide-toi, le Ciel taidera.

Il faudrait donc lire tel  passage des Évangiles comme le chapitre Ier de Mathieu ou celui de Luc, versets 34   :        » Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme? 35L’ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu     » comme indiquant que Marie- et plus largement la femme- correspond à la dimension du Saint Esprit (Rouah haKadosh), de la Trinité, à côté du Fils et du Père.(cf infra) Rappelons, toutefois, qu’il serait plus à propos de parler du père au singulier et des fils au pluriel (même si en français, dans ce cas on ne distingue pas entre singulier et pluriel, ni à l’écrit ni à l’oral)et c’est éventuellement un fils «     élu      » parmi d’autres, au sein d’une fratrie.

 

Récapitulons                               :

 Dieu  se dit qu’Adam est seul et qu’il lui faut  une aide qui lui soit attachée (une sorte d’aide de camp, d’assistant). Il n’est pas question ici d’un élément féminin  et l’on a trop vite tiré de alors qu’Adam est selon le premier chapitre androgyne, à la fois mâle et femelle. Il serait donc  double à linstar des équinoxes et des «      demi-lunes                     » alors que par ailleurs, on a droit à une véritable dualité au niveau des solstices et du couple nouvelle lune-pleine lune.

 Pour éviter tout amalgame, il vaudrait mieux éviter certaines analogies -comparaison n’est pas raison- avec le règne animal, ce qui est le défaut du terme «       génie adamique     » (qui étymologiquement signifie  homme-femme, ce qui peut prêter à confusion)     ; il vaudrait mieux parler d’un être mixte (positif et négatif ) par opposition à  un être neutre que serait la «      isha     ». Un certain féminisme, conscient de la naissance tardive de la femme (Isha) s’intéressa à Lilith , laquelle .      »aurait été formée à partir dargile comme Adam et serait donc son «    égale      ». (cf Wikipedia)

  Une fois effectué ce constat quant à l’isolement dAdam, il est  dit  «    Avec de la terre, Dieu fait  toutes sortes de bêtes  sauvages et toutes sortes d’oiseaux et les amena devant l’homme        »      

 Adam  n’est pas satisfait de ces «        aides    ». Cela nous rappelle la vision d’Ézéchiel (Ch. I  et   ), où apparaissent  un lion, un aigle, un veuf et un être à forme humaine, ce qui constitue le tétramorphe,  associé au 4 Évangélistes, comme  Marc et le Lion (à Venise) ou Jean et l’aigle. On peut y voir la marque du Livre d’Ezéchiel –parmi tant d’autres- sur l’imagerie biblique. On notera  qu’il  est  question  d’une apparence, on est dans le «    comme        », expression que l’on retrouve dans  le Livre  de Daniel  au chapitre VII  ainsi que dans le Livre d’Hénoch.                     :

Ezekiel chapitre  I verset 10

«                     Un  de leurs  visages  ressemblait à celui des hommes                     »

 

י וּדְמוּת פְּנֵיהֶם, פְּנֵי אָדָם, וּפְנֵי אַרְיֵה אֶל-הַיָּמִין לְאַרְבַּעְתָּם, וּפְנֵי-שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאול לְאַרְבַּעְתָּן; וּפְנֵי-נֶשֶׁר, לְאַרְבַּעְתָּן. 10 Quant à la ressemblance (Demouth, semblable) de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d’homme (Adam) et à droite une face de lion, toutes quatre une face de taureau à gauche et toutes quatre une face d’aigle.

 

  Daniel  VII, 13  On note qu’Adam  a été rendu en araméen par Enosh au lieu de conserver  le nom d’Adam, ce qui est causse d’erreur    : en tout état de cause, il n’est pas questiion ici du fils mais d’un fils, ce qu’il faut entendre comme  appartenant à la lignée d’Adam comme dans l’expression «     fils d’Israël        » dans le Livre de l’Exode. On notera qe dans la généalogie de l’Evangile de Luc, (ch . III) il est question de Seth fils d’Adam  et non  pas «     fils de l’homme’      !et Jésus appartient donc à la  lignée d’Adam et non à celle d’IsraËl.qui n’est pas  cité. Jésus  est  un  Judée  qui a décidé de s’occuper des Israelites.

יג חָזֵה הֲוֵית, בְּחֶזְוֵי לֵילְיָא, וַאֲרוּ עִם-עֲנָנֵי שְׁמַיָּא, כְּבַר אֱנָשׁ אָתֵה הֲוָא; וְעַד-עַתִּיק יוֹמַיָּא מְטָה, וּקְדָמוֹהִי הַקְרְבוּהִי. 13 Je regardai encore dans la vision nocturne, et voilà qu’au sein des nuages célestes survint quelqu’un qui ressemblait à un fils de l’homme;  (Ke Bar Enosh) il arriva jusqu’à l’ancien des jours, et on le mit en sa présence.

 

On notera qu’à l’origine,  la forme « United Nations »- en 1941, sous Roosevelt, -  désignait exclusivement 4 puissances- les  « quatre gardiens de la paix »-: les États Unis, le Royaume Uni , l’URSS  et la Chine, cela ne comprenait pas la France.

Cela dit,  nous proposerons une autre  grille de lecture, basée sur les noms  hébraïques du  tétramorphe (cf déjà en 1976 notre étude in Clefs pour l’Astrologie, Paris,  1976)  On distinguera donc d’une part, l’axe «     Shin   » avec  Shor, le bœuf  et      Nesher, l’aigle  et l’axe «          Aleph      »  avec  Adam  et Arié, le lion. On notera  que le nom même d’Israël (Iod,  Shin Resh, Aleph Lamed) s’organise autour de «     Shor    », le bœuf (Shin-Resh)  Tout ce qui comporte la lettre «      Shin   »  serait-il  relié à  Israël comme le Shabbat, dont Moshé (Moïse) voire comme Satan    ?  Selon nous,  pour les  Adamites,  ce qui passe par la lettre Shin  est  négatif et cela vaut pour le Messie (Mashiah) et pour Jésus (Yéoshoua). Notons que l’usage du mot Mashiash  figure dans  Isaïe  45  où il est en fait question d’un «     messie       pour la maison de Jacob        ; L’on sait qu’à partir du chapitre 40 d’Isaie, il s’agit d’une addition  et d’ailleurs le nom même d’Isaie comporte la lettre Shin. Inversement, pour les Israélites, tout ce qui comporte le Shin est favorable. Cela vaut pour le Shabbat, mis en évidence dans la Genése  et l’Exode, œuvre des Israélites et c’est dans le Livre d’ Ezékiel, qiui traite du retour des Israélites qu’il est fortement insisté sur cette pratique. Jésus est un Adamite, fils d’Adam, venu sauver les Israélites ce qui  sera considéré comme une  trahison                     !

Le texte biblique serait ainsi marqué par la mise en place d’une forme de morphosémantique. Ce ne serait pas par hasard que la capitale du Royaume d’Israel  serait  Schem (Samarie), le nom même de ce Royaume comportant carrément le nom de «       Shor         », d’où le culte du «      veau       », avec un Shin. De même Avram (Abraham) commence par aleph alors que Sarah débute par un Shin. Cela dit, il y a matière à réflexion       :  à propos de la nouvelle année «      Rosh Hashana    » lors du mois de Tishri sans parler  de Jérusalem (Yéroushalayim)  et de Salomon (Shlomo/ Shalom) lequel  aurait bâti le Premier  Temple alors même que Yahwé avait montré son hostilité envers les constructions humaines. (cf la  Tour de Babel)  mais l’on nous présente Salomon comme s’étant prêté à toutes sortes de cultes et d’idoles. Par ailleurs,  Amen  commence par un Aleph.

En fait, la forme «       qui ressemble à un homme    »  que l’on retrouve, entre autres, dans l’Apocalypse,  nous apparait empruntée au tétramorphe ezéchielien qui  recourt à  la même présentation assez étrange     : ressemblant à un aigle, ressemblant à un lion, ressemblant à un taureau – ce qui n’est pas sans évoquer l’expression «    à l’image de «  que l’on trouve aux chapitres I et V du  Livre de la Genése dans le rapport d’Adam  à Elohim.

Le récit de Genèse II semble un abrégé d’Ézéchiel et nous avons souligné que dans ce chapitre, Dieu est désigné de façon tout à fait inhabituelle par la forme Yahvé Élohim. Il manque le bœuf dans les propositions faites successivement à Adam. Il ne s’agit donc nullement ici au départ de trouver «          femme    »à Adam quand il est question d’oiseaux et de bêtes sauvages. Et pas plus d’ailleurs, quand la Isha est formée à partit non plus de la terre mais d’Adam lui-même. Et Adam déclare préférer cette dernière formule car il s’agit là d’un être  né en quelque sorte de lui -même «     chair de ma chair  ». Et là encore, cela n’a rien à voir avec une femme. Nous nous  portons  en faux contre la lecture la plus répandue qui voit dans ce chapitre la fin de l’androgynat d’Adam. En réalité, Adam maintient son androgynat mais se voit doté d’un être plus ou moins avisé  d’ailleurs (un peu comme Don Quichotte  avec Sancho Pansa) comme le montrera l’épisode qui fait suite du fruit défendu offert par la «     Isha      ».Cet être, non prévu dans le premier plan de la Création, serait en fait la machine dont la femme serait une sorte de préfiguration, un être ayant une vision à court terme des conséquences de ses actes.

 Selon nous, il y a d’une part le génie adamique,  qui est la fois, alternativement  sujet et objet et de l’autre landroïde, qui est uniquement féminin mais il faut comprendre que le féminin du génie adamique n’est pas réductible au féminin de landroïde, puisqu’il coexiste en permanence avec son masculin. On dira que le masculin correspond à la subconscience et le féminin à la surconscience, c’est à dire à la réalité virtuelle, celle qui  relève du langage et dont traite Lacan. Tout créateur est confronté à une telle dualité entre lui et sa création laquelle le prolonge voire se substitue à lui, ce qui constitue la part féminine qui ne saurait être confondu avec la femme (isha). L’œuvre de tout créateur, de tout auteur, constitue sa face féminine, le passage de la Subconscience à la Surconscience, de la puissance à l’acte, de l’oral à l’écrit.

 Mais le masculin n’est pas l’homme pas plus que le féminin n’est la femme. L’homme est à la fois masculin et féminin, ce qui fait qu’il n’est  prisonnier ni de l’un ni de l’autre, du fait d’un équilibre entre la réalité et la fiction alors que la femme  est possédée par le virtuel puisqu’elle ne peut le contrebalancer par un «    vrai    » réel., elle vit dans un monde de mots qui ont pris une dimension monstrueuse et qui pour elles sont en quelque sorte vivants et ne peuvent , ne doivent être utilisés avec désinvolture tant ils sont chargés d’affect.. En fait, le féminin, est un prolongement, le passage du Créateur à sa création.

Un  texte nous vient à lesprit,  ce n’est plus le tétramorphe mais le décalogue                               : on se limitera ici au commandement relatif à la convoitise                               :

«     Ne convoite pas la maison de ton prochain. Ne convoite pas la femme de ton prochain, son servant, ni sa servante, son bœuf ni son âne ni rien de ce qui est à ton prochain     » On y trouve cette fois le bœuf (shor)- à rapprocher de la divinité égyptienne à tête de taureau Hathor) de la vision d’Ézéchiel, qui manquait dans Genèse II.  Mais l’on notera surtout que cest la maison qui est mise en avant et que la femme ne fait qu’y être mentionnée au même titre que les autres possessions de ce prochain qui ne peut ici, d’après le contexte, qu’être un homme. En fait,  Dieu en  voulant permettre à l’homme d’être entouré met à son service toute une maisonnée. Adam ne refuse pas ce que Dieu a commencé à lui proposer mais laisse entendre que cela ne lui suffira pas. Étrangement, on notera que ce n’est pas Adam qui s’est plaint d’être seul mais Dieu qui le lui a suggéré tout comme au chapitre suivant,  la Isha suggérera (sous l’influence du serpent) de goûter du fruit «     défendu      ». Dans les deux cas, Adam  a  suivi de tels conseils mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Au fond,  Dieu n’aurait-il pas tenté Adam en lui proposant cette maisonnée sur laquelle il aura tout pouvoir,  et dont il devra se porter responsable comme pour le respect du Shabbat autre commandement-   dont la femme est le fleuron, tout comme Satan cherchera à suborner Jésus      ?(«L’esprit du mal  il  lui montre tous les  royaumes du monde  avec  leur richesse et lui dire ‘Mets-toi à genoux devant moi  pour m »adorer et je vais te donner tout cela      »  Mathieu,  IV)  On notera que l’Apocalypse de Jean se réfère (XII, 9) explicitement  au serpent de la Genèse, ce qui confirme que ces chapitres (II et III) de la Genèse constituent un socle important pour le christianisme     : «          Ce dragon c’est le serpent des premiers jours      ».   A contrario, pas un mot sur Adam et Eve ou sur Caïn et Abel en dehors des premiers chapitres de la Genèse, dans tout le Pentateuque,  alors que ces chapitres sinspirent quant à eux du Décalogue, ce qui montre quils en sont le commentaire et non linverse. On ajoutera que lon est en droit de se demander en quoi consistaient les coutumes  des Hébreux avant la Révélation du Mont Sinaï. Comme dans le cas de la Genèse en ses premiers chapitres, on a limpression que le passé est télescopé, occulté. Est-ce que le Décalogue apparut comme radicalement nouveau pour les Hébreux, on est en droit den douter.. De même, cette «       isha    » ne remet-elle pas en question un état antérieur       à la Création     qui ne serait en fait quun réaménagement         ?

En fait, le seul argument  qui puisse être mis en avant est le fait que «      isha     » a fini par prendre le sens de «        femme    » mais cela tient simplement à ce que Adam se servira de cet être pour porter sa progéniture, ce qui est déjà par anticipation une «    gestation pour autrui       tout comme d’autres animaux lui serviront  par exemple pour  tirer la charrue. On dit ainsi  que le cheval est «      la plus belle conquête de l’homme      ».En tout état de cause,  on a d’un côté Adam  à la fois mâle et femelle et de l’autre un être qui  convient  si l’on veut à l’accomplissement de certaines tâches ancillaires, au fond une «  bonne à tout faire     », un domestique, un serviteur (ce qui correspond grammaticalement au genre neutre). D’aucuns soutiennent que cette femme est comme l’homme à la fois mâle et femelle, ce qui est un contre-sens. Elle est tout au plus dotée de la seule dimension femelle d’Adam, sans accéder à  la dialectique mâle-femelle. En ce sens, la femme serait la «         moitié      » de l’homme, selon la formule consacrée. Nous verrons que tantôt l’homme fait appel à la femme et tantôt il la maintient à distance et n’en veut pas ou plus dans sa vie. (cf. infra)

Au demeurant,  il importe dobserver le monde et de ne pas éliminer ce que lon ne peut pas expliquer. De nos jours, on assiste à la mode dun déni scientiste: ce qui ne pourrait être explicité naurait pas àêtre pris en considération.  Si lon ne sait pas distinguer le cerveau dun génie de celui qui ne lest pas, cela voudrait dire que les génies    »  nexistent pas. On connait un tel raisonnement     : si lon ne sait pas distinguer « scientifiquement »   les personnes de telle « race » de telle autre, cest que les races nexistent pas. Si lon ne peut expliquer pourquoi certaines personnes sont capables d’être des maîtres, des  maîtres, cest que cette catégorie nexiste pas. Si les femmes peuvent remplacer les hommes les imiter c’est   à dire les suivre, leur obéir- c’est quelles  sont comme lui, comme si l’emprunteur  devenait ipso facto semblable à celui  auquel il emprunte  alors qu’il ne s’agit que d’un ajout. Nous sommes ici face à un -une double contrainte-       il y a fascination pour tel être et en même temps, volonté de lui ressembler, de devenir «      comme lui    ». Dans les faits, la fascination empêche de parvenir à un tel but  tout comme on ne peut être à la fois au four et au moulin    : en même temps  moudre le blé et cuire le pain. En revanche,  il est possible de cueillir les fruits de l’arbre et de s’en contenter. Cela dit,  le chercheur doit  se prémunir contre un tel clivage, un tel déchirement comme le montre bien la révolution copernicienne laquelle réfute l’impression première de géocentrisme au profit d’un héliocentrisme. Il reste que le philosophe – et l’on pense à Socrate-  peut être perçu comme un pervers narcissique, un sadique,  générateur de conflits intérieurs.

 

 Langlais emprunte au français mais conserve néanmoins  des éléments qui lui sont propres, ce qui conduira à un résultat hybride,   typique de  tout processus de mimétisme propre aux couches inférieures, subalternes de la société.. Le danger écologique est nécessairement le fait du mimétisme chez ceux qui entendent  égaler ceux qui sont en  haut. Alors que ceux d’en haut , ceux qui  sont à l »intérieur , au centre n’ont pas besoin de  recourir à des trucages, à des béquilles, en revanche ceux d’en bas, ceux qui sont à l’extérieur n à la périphérie, sont préts à  recourir  à n’importe quel  procédé pour les rejoindre, ce qui évoque le Cheval  de Troie. Toute forme de mimétisme générera  de l’endettement , qu’il soit matériel, intellectuel ou spirituel.  On emprunte souvent par référence à un certain modèle jugé à tort ou à raison idéal mais est-ce que lon parvient à recycler pleinement un tel modèle, sans en omettre certaines composantes       ? Cela vaut notamment sur le plan économique quand les Français se réfèrent à tel ou tel «                     exemple    » (Suède, Danemark, Allemagne) en négligeant certaines particularités de l’écosystème  que lon entend copier, reproduire

Les êtres humains- au cours des âges se sont montrés capables de capter bien des informations sans que cela ait  pu être « rationalisé», cest à dire sans « raison ». On pense à tout ce qui est « subconscient », tant au niveau de notre corps quau niveau de notre relation à autrui. Bien des choses nous échappent  au niveau conscient mais dont néanmoins  nous savons tenir compte dans la pratique. Par exemple,  on peut savoir siffler sans savoir comment on sy prend. Et cela vaut aussi pour savoir parler même si lintelligence artificielle (IA) a fait des progrès

 

Une   Trinité première

D’aucuns arguent du fait que lorsque  Élohim «      crée   » Adam, le pluriel est employé         : «        Il les créa mâle et femelle    ; Il les bénit en leur disant «        Croissez etc      ». Cela suffirait, à les entendre, à adhérer à l ‘idée qu    »Élohim aurait créé deux êtres distincts et non pas un génie adamique, ce qui vise, à l’évidence, à minimiser le récit propre au chapitre suivant de la Genèse, où l’on voit Dieu  craindre qu’Adam ne soit «        seul       », ce qui ne fait sens que s’il n’existe pas deux êtres distincts comme on voudrait nous le faire croire.  La phrase est d’ailleurs étrangement construite puisqu’    ’il est dit «       Dieu créa Adam mâle et femelle (..) à l’image de Dieu    ». au lieu de «      à sa propre image                     »

 D’ailleurs, dans le dit chapitre II, Dieu s’adresse à Adam à la deuxième personne du singulier..                     »Tous les arbres du jardin, tu pourras en manger etc                     »  En revanche, quand le serpent s’adresse à la Isha, celui-ci s’exprime ainsi                          : «               Est-il vrai que  Dieu a dit «          vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin       » On notre que le Serpent n’est pas vraiment au courant des termes du commandement et c’est la femme qui en précise les conditions. Cette fois, le Serpent a employé la seconde personne du pluriel tout comme Élohim à la fin de Genèse I «    croissez  et multipliez        »

On est donc bien obligé de se demander ce que signifie ce pluriel à l’intention du seul Adam. D’aucuns disent qu’Adam ne peut enfanter seul, ce qui va à l’encontre du chapitre V de la Genèse        «  Adam (..) produisit un être à son image et selon sa forme et  lui donna pour nom Seth        ». Il n’est pas question ici d’une intervention extérieure comme pour la naissance de Caïn et d’Abel.(voire d’un premier récit de la naissance de Seth à la fin de Genèse IV) On nous objectera que l’on voit mal pourquoi Adam aurait procédé autrement que pour ses précédents enfants mais selon nous,  nous sommes ici en face d’interpolations (Genèse  II et III), ce qui ressort d’une dénomination inhabituelle de Dieu «      YahvéÉlohim        » au lieu d’Élohim (Genèse I  et V)

Il semble donc que Dieu s’adresse à Adam, en tant que génie adamique, tantôt  au singulier tantôt au pluriel. Cela dit,  en ce qui concerne la façon dont Dieu est présenté, lui qui est également à la fois mâle et femelle, le pluriel est récurrent( déjà dans le terme Élohim, im étant une finale plurielle, tout comme d’ailleurs Adonaï qui signifie littéralement «        mes seigneurs     », pour ne pas prononcer le  tétragramme) et nul n’irait soutenir qu’il existe deux entités séparées, un dieu masculin et un dieu féminin même si au début du Décalogue, Dieu parle à la première personne du singulier.(Exode XX, 2)      ;      » Je suis  Yahvé Eloheikha etc       ». Cela tient au fait que Yahvé (le Fils) est un singulier, que l’on ne saurait d’ailleurs qualifier de génie adamique,  alors qu’Elohim est un être pluriel et génie adamique quoique  le verbe qui l’accompagne soit au singulier.  Cela dit, le culte de Yahwé  fut parfois  associé à celui de la déesse Achéra/

En fait,  il nous apparait qu’il convient d’appliquer une approche trinitaire aux premiers versets de Gensés V      lesquels sont pour nous le  vrai début du Pentateuque, intitulé Livre des générations d’Adam

 

א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם:                      בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.

1 Ceci est le Livre des générations d’Adam Lorsque Elohim  créa Adam  il le fit à sa propre ressemblance.(bedemouto)

ב זָכָר וּנְקֵבָה, בְּרָאָם; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמָם אָדָם, בְּיוֹם, הִבָּרְאָם.

2 Il les créa (baraam) mâle  (zakhar) et femelle (neqéva), les bénit et les (otam) appela Adam, le jour de leur création.

ג וַיְחִי אָדָם, שְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה, וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ, כְּצַלְמוֹ; וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ, שֵׁת.

3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à sa ressemblance (bedemouto) et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth.

 

A comparer avec Genèse I où les formules se retrouvent    et sont manifestement redondantes                     :

 

כו וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, נַעֲשֶׂה אָדָם בְּצַלְמֵנוּ כִּדְמוּתֵנוּ; וְיִרְדּוּ בִדְגַת הַיָּם וּבְעוֹף הַשָּׁמַיִם, וּבַבְּהֵמָה וּבְכָל-הָאָרֶץ, וּבְכָל-הָרֶמֶשׂ, הָרֹמֵשׂ עַל-הָאָרֶץ.

26 Elohim  dit: « Faisons Adam  à notre image, à notre ressemblance (kedémouténou), et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s’y meuvent. »

כז וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ:                      זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם.

27 Elohim créa  Adam  à son image; c’est à l’image d’Elohim  qu’il le (oto) créa. Mâle (Zakhar)  et femelle (Neqéva) furent créés à la fois

 

Traduire Adam par «      homme       »  constitue, chaque fois, une grave erreur. Adam n’est pas l’homme mais l’Esprit qui fait interface entre Dieu et l’homme et c’est pourquoi les hommes sont désignés comme les «     fils d’Adam      » Autrement dit, l’ordre de la Trinité Chrétienne, du moins telle que nous la  connaissons, nous semble erroné, l’esprit doit se trouver en position médiane et le Fils (l’homme, mais surement pas Adam)  ne saurait être conjoint immédiatement au Père (Dieu)

On note que dans Genèse I il est écrit «      à l’image d’Elohim, il le créa    » alors que dans Genèse V, on lit  «      baraam    », il les créa .  A  vrai dire, dans  Genèse V, la formule est moins heureuse que dans Genèse I  car l’on y  passe du singulier au pluriel d’un verset à l’autre.

  Il est absurde de dire que l’homme est le fils de l’homme, il est généré par Adam, l’esprit si bien que le récit du Jardin d’Eden où l’on campe Adam est irrecevable. A  un autre niveau, l’on dira que le «      génie    »-celui qui est inspiré (ce qui renvoie à l’esprit) est l’interface entre  le monde d’en haut et le monde d’en bas.  

On notera que dans la généalogie de Jésus telle que présentée dans Luc  III,  le point de départ est bel et bien Seth                     :

23 Quand il commença, Jésus avait environ trente ans     ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, fils d’Éli,

24 fils de Matthate, fils de Lévi, fils de Melki, fils de Jannaï, fils de Joseph, (…)

37 fils de Mathusalem, fils de Hénok (Hanokh) , fils de Jareth, fils de Maléléel, fils de Kaïnam,

38 fils d’Énos (Enosh), fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.

pensik

Original  grec de  Luc III     : το δάμ  fils dAdam  et non fils de l’homme                     !

λδʹ. τοῦ Ἰακώϐ, 34. fils de Jacob,

τοῦ Ἰσαάκ, τοῦ Ἀϐραάμ, fils d’Isaac, fils d’Abraham,

τοῦ Θάρα, τοῦ Ναχώρ, fils de Thar・, fils de Nachor,

λεʹ. τοῦ Σερούχ, 35. fils de Sarug,

τοῦ Ῥαγαύ, τοῦ Φάλεκ, fils de Rhaga・, fils de Phaleg,

τοῦ Ἔϐερ, τοῦ Σαλά, fils d’ Heber, fils de Sal・,

λϛʹ. τοῦ Καϊνάμ, 36. fils de Cain,

τοῦ Ἀρφαξάδ, τοῦ Σήμ, fils d’Arphaxad, fils de Sem,

τοῦ Νῶε, τοῦ Λάμεχ, fils de Noé・, fils de Lamech,

λζʹ. τοῦ Μαθουσαλά, 37. fils de Mathusalem,

τοῦ Ἑνώχ, τοῦ Ἰάρεδ, fils d’Enos, fils de Jared,

τοῦ Μαλελεήλ, τοῦ Καϊνάμ, fils de Malael, fils de Cain,

ληʹ. τοῦ Ἐνώς, τοῦ Σήθ, 38. fils d’Enos, fils de Seth,

το δάμ, το Θεο. fils dAdam, fils de Dieu.

On note que les traducteurs ont ici évité de rendre Adam par homme, ce qui aurait été assez ridicule, au demeurant. On retrouve donc à la fin de cette généalogie à rebours la  Trinité telle que nous l’avons reprécisée        : Dieu, Adam, Seth prolongée par Enos, ce qui en hébreu signifie «    homme      »      ; bien plus valablement qu’Adam, terme qui  figure également en araméen en ce sens (cf Daniel VII)

 

Venons-en au premier  chapitre du Livre d’Ezékiel, où l’on trouve «     demouth  »

 

ה וּמִתּוֹכָהּ–דְּמוּת, אַרְבַּע חַיּוֹת; וְזֶה, מַרְאֵיהֶן–דְּמוּת אָדָם, לָהֵנָּה. 5 Et au milieu l’image de quatre Haןot ; et voici leur aspect, elles avaient  l’apparence d’Adam (demouth Adalm)
ו וְאַרְבָּעָה פָנִים, לְאֶחָת; וְאַרְבַּע כְּנָפַיִם, לְאַחַת לָהֶם. 6 Chacune avait quatre visages et chacune quatre ailes.
ז וְרַגְלֵיהֶם, רֶגֶל יְשָׁרָה; וְכַף רַגְלֵיהֶם, כְּכַף רֶגֶל עֵגֶל, וְנֹצְצִים, כְּעֵין נְחֹשֶׁת קָלָל. 7 Leurs pieds יtaient des pieds droits; la plante de leurs pieds יtait comme celle d’un veau et ils יtincelaient comme de l’airain poli.
ח וידו (וִידֵי) אָדָם, מִתַּחַת כַּנְפֵיהֶם, עַל, אַרְבַּעַת רִבְעֵיהֶם; וּפְנֵיהֶם וְכַנְפֵיהֶם, לְאַרְבַּעְתָּם. 8 Et des mains d’hommes (adam) apparaissaient sous leurs ailes des quatre cפtיs; et les quatre avaient leurs visages et leurs ailes.
ט חֹבְרֹת אִשָּׁה אֶל-אֲחוֹתָהּ, כַּנְפֵיהֶם:                      לֹא-יִסַּבּוּ בְלֶכְתָּן, אִישׁ אֶל-עֵבֶר פָּנָיו יֵלֵכוּ. 9 Joignant leurs ailes l’une א l’autre, elles ne se retournaient pas dans leur marche, chacune allait droit devant elle.
י וּדְמוּת פְּנֵיהֶם, פְּנֵי אָדָם, וּפְנֵי אַרְיֵה אֶל-הַיָּמִין לְאַרְבַּעְתָּם, וּפְנֵי-שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאול לְאַרְבַּעְתָּן; וּפְנֵי-נֶשֶׁר, לְאַרְבַּעְתָּן. 10 Quant א l’image (demouth) de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d’homme (adam) et א droite une face de lion, toutes quatre une face de taureau א gauche et toutes quatre une face d’aigle. 

 

 

 

 

Selon nous,  la Trinité  qui ressort, au bout du compte, de notre exégèse  serait la suivante    Elohim, Yahvé, Adam.

Elohim,  un  pluriel,  englobe tous les possibles, c’est le Dieu primordiale, originel. Puis nous avons Yahvé – un des fils des Elohim, qui s’occupe de notre humanité, à la façon d’un Prométhée et enfin nous avons Adam, que nous qualifierons de «   génie       », doté  non pas du  Pouvoir mais de pouvoirs./. Et en dessous,  l’humanité ordinaire., celle des fils d’Adam. Pour nous, dans notre théologie,  les Juifs  correspondraient au stade adamique.

On connait la formule   : regarder le doigt au lieu de la Lune.  Le doigt, ce sont les textes, la lettre et la Lune, c’est l’esprit des textes/ D’aucuns se permettent d’interpréter les textes à leur guise du moment que l’on ne touche pas à la lettre et d’autres, comme nous,  s’accordent un certain droit d’inventaire des dits textes du moment qu’ils en respectent l’esprit (le Saint Esprit). En ce sens,  Adam serait l’ancêtre des Hébreux et  serait donc un élément constitutif de leur présence  qui viendrait justifier  que le Pentateuque ne commence pas avec Abraham..

 

 

Les  Juifs  laïcs

L’on notera que nombreux sont les Juifs  qui ne se référent pas   au niveau religieux. On les appelle des  «     Juifs  laïcs    ». (secular Judaism)  lesquels s’interrogent sur ce qu’ils sont vraiment par-delà ce que leurs aïeux ont pu avoir à véhiculer. Il serait bon, toutefois, que lon acceptât lidée que toute forme de pouvoir soit susceptible dentretenir quelque forme dhostilité et que celle-ci soit, par contrecoup, révélatrice de la réalité du pouvoir.

On notera que dans l’esprit de beaucoup de Juifs et d’antisémites,  le judaïsme passe par la transmission religieuse. En refusant de prendre en compte l’apport des Juifs à la modernité, en se limitant à l’Antiquité, l’on se forge une image très réductrice de leur apport civilisationnel et de leur présence au monde moderne, ce qui conduit d’ailleurs à une vision assez pessimiste de l’avenir des Juifs, jugé à la seule aune du religieux stricto sensu.

 De même les femmes peuvent parfaitement ne pas s’identifier à ce qu’elles ont eu  historiquement la charge de transporter même si elles sont flattées qu’on dise d’elles qu’elles «          donnent la vie    » tout comme les Juifs  le sont d’avoir reçu la parole divine. Mais tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.  En ce début de XXIe siècle,  les  Juifs ( (ceux qui  sont confrontés à d’autres images d’eux-mêmes, plus existentielles, et l’antisémitisme -avec l’antisionisme prend le relais   ou vient compléter ou prolonger ce dernier. Celui-ci peut se manifester aussi bien par une sorte d’exil géographique en ghettoïsant les Juifs (en Israël que par un autre exil, cette fois historique, en reléguant les Juifs  dans un passé obsolète et révolu, voué à la portion congrue et minimale  d’un peuple parmi d’autres, définitivement rentré dans le rang et n’étant plus dès lors  qu’une entité parmi tant d’autres. On ne doit au demeurant ne pas négliger un antisémitisme consistant à amalgamer  les Juifs et l’Etat d’Israël et ici la question n’est pas de porter un jugement sur le sionisme mais de constater l’instrumentalisation  d’un antisionisme  et /ou  d’un sionisme lesquels  peuvent  en  en soi se justifier pour s’en prendre aux Juifs notamment dans la diaspora. En fait,  ne serait-on pas de nos jours en train de confondre comme par le passé  les judéens et les Israélites       ? Autrement dit,  l’Etat d’Israël ne concernerait-il pas au premier chef les Israélites alors que la diaspora serait  avant tout le fait des Judéens        ? Il se pourrait, selon  nous, que les Judéens constituent un corps étranger au Proche Orient et qu’ils soient retournés, il y a  2000 ans vers leur terre d’origine   alors que les Israélites seraient une population locale colonisée par les Judéens, ce qui aurait conduit au schisme du Xe siècle avant notre ère, la dite population vouée  à se retrouver au sein de l’Etat d’Israël. En tout cas, de plus en plus,  force est de constater que ce qui se passe autour du dit Etat a des conséquences sur la diaspora judéenne du fait d’un certain amalgame. En tout état de cause,  l’élite juive  n’a pas vocation à  vivre en un espace concentré et force est de constater que le XXe siècle aura été le témoin de  concentrations  dramatiques de toutes sortes. Nous ajouterons que le sionisme aura produit chez les Juifs une double contrainte        en ce que le prétendu rapatriment implique inévitablement une expatriation ne serait-ce que par rapport à la patrie d’adoption, ce qui représente nécessairement un coût.

 Rappelons (cf. notre ouvrage le sionisme et ses avatars) que l’antisémitisme aura servi à la fin du siècle dernier à affirmer que tel ou tel groupe était constitué d’agents du judaïsme mondial, on pense à l’antimaçonnisme entre autres. L’image diabolisée du Juif  aura ainsi servi à stigmatiser d’autres groupes tout comme l’image diabolisée d’Israël  ara servi à stigmatiser  les Juifs non israéliens comme un Alain Finkielkraut. Selon nous, le sionisme moderne naitrait d’un prétendu constat d’échec de la diaspora et ferait de nécessité vertu en se repliant sur la «     norme      » nationale, celles des Gentils dont ils avaient si souvent voulu se démarquer. Au lieu de repenser les conditions de la Diaspora, ils auront jeté le bébé avec l’eau du bain. Mais l’on peut se demander si le sionisme n’aura pas contribué à fragiliser le processus judéo-diasporique, comme cela aura été le cas pour la diaspora séfarade – au sein du monde  musulman – laquelle n’aura guère survécu à l’émergence de l’Etat d’Israël alors que la diaspora ashkénaze –au sein du monde chrétien-, en dépit du drame de la Shoah, aura tenu bon       encore que désormais le conflit  israélo-palestinien imprime ses marques dans la société française, notamment du fait de la présence maghrébine, suscitant une forme d’alya        et débat autour de l’antisionisme, étant entendu que la diabolisation d’Israël  permet  de s’en prendre allégrement aux Juifs de la diaspora. Cela dit, on notera un parallèle entre le passage de l’antijudaïsme à l’antisionisme en passant par l’antisémitisme  tout comme  dans la dualité entre musulman et islamiste, avec le débat autour de ce qui est réellement visé par ces différents termes. Notons que le seul fait de mettre ensemble, sous le terme Sémites, Juifs et Arabes est déjà en soi la manifestation d’un certain antijudaisme qui aura conduit à vouloir inscrire  l’Etat des Juifs au sein du monde arabe.

Il reste une dimension élitique justifiant une diaspora juive au sein des cultures les plus diverses et réunir celle-ci au sein d’un même État  nous apparaît comme un contre-sens. La diaspora s’apparente pour nous à des semailles et il ne fait pas sens de renoncer à semer en conservant les semences en un seul et même espace confiné. De même, il vient toujours un temps où ce qui était concentré  est voué à se disperser, à se répandre      : on pense aux élèves de Polytechnique ou de l’ENA ou encore à l’exogamie des princesses .On retrouve d’ailleurs cette idée dans la Bible                     :

 

Genése  chapitre II

 

Evangile  selon Matthieu  Chapitre 19
…. 29Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle.

 

כד עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד.

24 C’est pourquoi l’homme abandonne son père et sa mère; il s’unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.

 

 Nous pensons qu’il faut laisser les Juifs libres de leurs mouvements, en évitant toute surdétermination qui fausserait les choses et ferait dire que le judaïsme se rééditait à une orthopraxie collective, quitte à observer, dans la pratique, qu’un grand nombre de Juifs suivent des voies assez semblables, sans s’être pour autant donné le mot. On pense à la proportion de Juifs ayant obtenu le prix Nobel sur un siècle. Tout ce qui fige l’identité juive contribue à la niveler. Le judaïsme  est trop souvent associé à une idée d’espace                      -celui de la synagogue, celui de la Terre d’Israël  alors que, selon nous,  il a vocation à s’affirmer dans le Temps et la loi  juive  devrait  d’abord s’inscrire dans une adéquation de temps plutôt que d’espace et cette prise de conscience est nécessaire à sa survie en ce que l’espace se partage alors que le temps est toujours en devenir et ne saurait donc être confisqué, approprié par ceux qui n’en sont pas les tenants authentiques.

 En fait, nous pensons que le sionisme correspond à la face féminine de la condition  juive, celle qui spécule sur la fin de l’Histoire, sur un accouchement, un aboutissement ultime alors que la réalité diasporique  correspondrait à la face masculine, celle qui assume une centralité immergée au sein des «      nations      » (goyim), se manifestant dans les domaines les plus variés et certainement pas sous la forme de stéréotypes que chacun reprendrait à son compte «        comme un seul homme    ». Nous verrons que l’Alliance entre Israël et «        son        » dieu, exige une vigilance  constante afin d’éviter toute cristallisation, toute aliénation par rapport aux créations mêmes des humains- et tout ce qui peut en résulter au niveau écologique  En ce sens, les Juifs ont un rôle de vigie à  jouer au cours des prochaines siècles, ce qui exigera de leur part qu’ils continuent à faire leurs preuves, ne serait-ce que pour montrer qu’ils ne sont pas des imposteurs revendiquant une alliance dont ils ne seraient pas les véritables héritiers et titulaires. Pour les Juifs qui seraient incapables de relever de tels défis,  ils auront toujours le loisir de rejoindre l’Etat d’Israël. Nous pensons qu’Israël faute de constituer un milieu favorable au génie juif – lequel a besoin d’un environnement non  juif pour prospérer- pourrait toujours devenir exportateur de sperme juif, à l’instar de l’épice de la planète Arrakis  dans le roman Dune de Frank Herbert 

Rappelons cette promesse  faite à Abraham dans Genése XII    qui avait été précédée par un «    Croissez et multipliez     »

 

א וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-אַבְרָם, לֶךְ-לְךָ מֵאַרְצְךָ וּמִמּוֹלַדְתְּךָ וּמִבֵּית אָבִיךָ, אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אַרְאֶךָּ.

1 L’Éternel avait dit à Abram: « Éloigne-toi de ton pays, de ton lieu  (Artzekha) natal et de la maison paternelle, et va au pays (HaArets) que je t’indiquerai.

ב וְאֶעֶשְׂךָ, לְגוֹי גָּדוֹל, וַאֲבָרֶכְךָ, וַאֲגַדְּלָה שְׁמֶךָ; וֶהְיֵה, בְּרָכָה.

2 Je te ferai devenir une grande nation (goy gadol); je te bénirai, je rendrai ton nom glorieux, et tu seras un type de bénédiction.

ג וַאֲבָרְכָה, מְבָרְכֶיךָ, וּמְקַלֶּלְךָ, אָאֹר; וְנִבְרְכוּ בְךָ, כֹּל מִשְׁפְּחֹת הָאֲדָמָה.

3 Je bénirai ceux qui te béniront, et qui t’outragera je le maudirai; et par toi seront heureuses toutes les races de la terre (mishpahot haAdama). »

 

 On ne saurait exclure une multiplication considérable du nombre de  Juifs, dans les prochaines décennies, dès lors que l’on admet qu’un Juif s’unissant (connaissant) une femme, quelle que soit l’origine de celle-ci donne naissance à un enfant juif et dès lors que l’on sort du contexte du «       mariage       » pour œuvrer à une toute autre échelle. En fait, nous envisageons un certain eugénisme qui dissocierait le mariage de la procréation, laquelle passerait par le recours aux gènes d’une population masculine  autorisée à procréer, le choix de la femme important peu. Il est évident que  la présence juive au monde  exigera à terme  d’adopter une telle stratégie passant par les femmes «                     non juives         »

Selon nous, une chose est l’élan, l’envie à raviver à réinventer, à recréer constamment et inlassablement,  une autre d’en  prolonger indéfiniment les  effets. 0n pense aux couples qui se forment et qui tentent de se pérenniser, à grands renforts d’expédients juridiques, ce qui ne fait sens que par un processus incessant de séparation et de retrouvaille

 Désormais  l’on ne se demande pas si Marx, Freud ou Einstein sont  des Juifs  pratiquants ou si leur œuvre doit  tant que cela au «  judaisme  » et l’on sait que la Shoah  exprime bien, de façon  monstrueuse,  le dépassement du référentiel religieux pour appréhender la «    question  juive » encore que selon nous, le monde juif soit amené à passer périodiquement par des phases de concentration et de rassemblement en contrepoint de phases de dispersion, où le Juif se vit  individuellement.

. Un nouvel antisémitisme se manifeste actuellement, consistant à nier les «    mérites    » de ces trois personnages   ; ce sont là des polémiques dordre chronologique dans le cas dEinstein que daucuns ne craignent pas de le qualifier de «    plagiaire  » aux dépens du français Henri Poincaré, le problème n’étant pas tant  d’ailleurs la formule elle-même que son interprétation ( cf. Alexandre Moati,  Einstein, un siècle contre lui,  Paris, ed. Odile Jacob, 2007). Et quant à Marx, lon déclare l’échec de sa théorie ou quant à Freud, le caractère illusoire de sa pratique thérapeutiqueLe complotisme nest pas loin et lon parle de complaisance  coupable envers ces personnages «     surfaits.  Il est vrai que lenjeu est dimportance car cette émergence des Juifs  à l’époque moderne rappelle que ceux-ci pourraient avoir été dotés, du fait de quelque grâce divine, de capacités individuelles  remarquables, dans le cadre de ce que le prophète Jérémie appelle l’«    Alliance Renouvelée   », bien de siècles avant Jésus    !(cf. infra).  Mais rappelons  que l’alliance de Dieu avec Abraham  vaut pour la postérité de ce dernier, littéralement pour ta semence (Zéra). C’est dire qu’une telle  alliance passe par le sang de la génération, de la génétique  et non par quelque héritage spirituel, comme le prétendent  tant  de  Chrétiens.                     :

 

ז וַהֲקִמֹתִי אֶת-בְּרִיתִי בֵּינִי וּבֵינֶךָ, וּבֵין זַרְעֲךָ אַחֲרֶיךָ לְדֹרֹתָם–לִבְרִית עוֹלָם:                      לִהְיוֹת לְךָ לֵאלֹהִים, וּלְזַרְעֲךָ אַחֲרֶיךָ.

7 Cette alliance (Brith), établie entre moi et entre toi et ta postérité (Zraekha) à  ta suite , je l’érigerai en alliance perpétuelle (Brith Olam), devenant ainsi  un Dieu (Elohim) pour toi comme pour ta postérité(Zraekha) après toi.

 

Le texte de Jérémie préfigure et annonce le temps de  cette «      Nouvelle Alliance                     »à laquelle se réfère Jésus mais cette Alliance reste bel et bien celle scellée  entre les dieux des Pères et les Hébreux, ce qui est réitéré dans l’Épître aux Hébreux, une des pièces maîtresses du «  Nouveau Testament     » (cf. infra). Notons que cette formule «     Nouveau Testament  » – en français par exemple – est rarement comprise comme signifiant «      Nouvelle Alliance       ». Or, en hébreu, de nos jours, c’est bien en tant que «      Brith Hadasha     » que le «      Nouveau Testament   » est rendu. Selon nous, la diaspora est le champ d’expérience de la Nouvelle Alliance alors que la présence en Israël nous apparait comme une sorte d’aboutissement. Autrement dit, le judaïsme masculin serait diasporique et le judaïsme féminin serait israélien.  En fait,  l’image d’Israël serait double et donc plutôt brouillée  : à la fois  retour vers une «     patrie       » plus ou moins mythique mais bel et bien ancrée dans une géographie et à la fois  manifestation d’une volonté de changement  de vie de la part des immigrés juifs se rendant en Israël, Israël représentant non plus le passé mais l’avenir..

D’ailleurs, le nom du cinquième livre du Pentateuque-Deutéronome selon l’intitulé figurant dans la Septante, la traduction grecque d’Alexandrie, au Ive siècle avant notre ère, ne signifie-t-il pas en vérité «      Nouvelle Alliance     » et donc «      Nouveau Testament      »       ? N’est-ce pas d’ailleurs dans le dit Deutéronome  lié au règne d’Ezéchias (fin VIIe-début Vie siècle avant notre ère), que l’on trouve des éléments repris dans le Shéma Israël inspirés de Jérémie XXXI, avec notamment l’idée de Dieu commandant, branché directement au cœur, à l’esprit des Hébreux      ? Jésus n’aurait donc fait que reprendre l’idée deutéronomique, quelques siècles plus tard.

Emmanuel Kant dira   : « Deux  choses  remplissent le cœur  d’une admiration  et d’une  vénération  toujours  nouvelles   et toujours croissantes, à mesure  que la réflexion  s’y  attache et  s’y  applique:  le ciel  étoilé » au-dessus  de moi  et la loi morale  en  moi » (Critique  de la  raison pratique)

 On parlera dailleurs, pour notre part, dalliance jérémienne. Précisons immédiatement que ce nest pas parce que les Chrétiens ont pu semparer de cette idée que les Juifs doivent se croire obligés de renoncer à sy référer et de même ce nest pas parce que les Chrétiens ont instrumentalisé le personnage historique de Jésus pour en faire le «                     fils de Dieu       », que les Juifs  se verraient contraints  de leur abandonner le dit Jésus. Pour notre part, nous préférons Yahoo comme dans Jérémie ou Isaïe en hébreu, prophètes qui ont introduit  le rapport très discutable entre tétragramme et  Elohim)-, tout à fait extérieur au  alors que Jésus fait partie intégrante de lhistoire du , en sinscrivant notamment dans la lignée de Moïse et de Jérémie. Ce qu’il faut souligner, c’est que le facteur  «      J    » ( Juif)  est utilisé par certains pour expliquer ce qui se passe dans le monde comme l’a bien montré Sartre dans ses Réflexions sur la Question Juive (1946). Il serait selon nous lié à une carence des grilles de lecture – à commencer par celle que pourrait proposer la recherche cyclologique. Il y a un lien entre occultisme et antisémitisme en ce que ce dernier est perçu comme une clef pour comprendre le monde. Il ne suffit pas de dénoncer un tel phénomène mais de prendre conscience d’une absence de pédagogie au prisme de la science politique, historique. Cest ainsi que les gouvernants donnent limpression quils sont les maîtres des horloges et donc quils seraient en mesure de reconfigurer le temps à leur guise, sils le voulaient bien. Dès lors, le peuple peut simaginer pouvoir influer sur les dits gouvernants alors quen réalité, il existe une structure cyclologique sur laquelle ces derniers nont pas prise. Si le peuple comprenait que le calendrier ne dépend pas de la  seule volonté des gouvernants, les choses se passeraient autrement. Il est vrai que dans le cadre de lUnion Européenne et de la zone euro,  le peuple sait que ses gouvernants nationaux connaissent des limites. Mais il faut aller plus loin dans la prise de conscience de ce qui sous-tend  la réalité politique.(cf infra)

Nous dirons que lon ne saurait ignorer lexistence dune structure mentale propre à lesclave, lequel tend à  expliquer tout ce qui lui arrive du fait de la volonté dun maître tout puissant.  L’esclave  a besoin d’avoir un consensus derrière lui  alors  que le maître s’en passe  très bien.  L’esclave  refoule  sa subjectivité ce  qui importe n’est pas    ce qu’il est capable de faire mais ce qu’il   a le droit de faire.  L’esclave a des certitudes que n’a pas le maître     : celui qui maîtrise son sujet est conscient de ses tenants et aboutissants alors que celui qui ne fait que recevoir des ordres les ressent comme faisant un tout indissociable. Le maître sera en mesure de négocier, fera preuve de flexibilité alors que l’esclave  sera dans le tout ou rien    . l’un saura quelles sont les priorités et les données aléatoires alors que l’autre mettra tout sur le même plan                     ;

 Autrement dit, lantisémite est obligé de placer les Juifs  tout en haut (au «    top          ») du système pour pouvoir les accuser de tous les maux, ce qui lui évite de sinterroger sur  sa propre responsabilité, voir sa propre volonté. Cest ainsi que limmigration ne pourrait, selon les dires de ses acteurs, être due au refus du peuple de se consacrer à certaines activités mais dépendrait de la volonté des «     patrons      » de se procurer une main dœuvre à bon marché. A ce jeu, lon en arrive à penser que  le peuple est purement et simplement à la merci de l’élite et quil na pas de colonne vertébrale      ! Quant  aux femmes, elles ne sauraient évidemment, à entendre certains, avoir de spécificité propre et seraient modelées par la société (théorie du genre) qui en ferait ce quelle voudrait.  On comprend toute linstrumentalisation qui est ainsi opérée du discours sociologique qui tend à vider de toute «      essence    » lindividu ou de considérer toute différence entre les gens comme de simples artefacts !

L’androgynat

Ce  n’est pas seulement Dieu qui serait mort mais le génie  auquel on ne veut plus croire car ce «      génie       », c’est la bête noire des femmes, le démon qui n’a de cesse de les humilier, de les rabaisser.  Les femmes nhésiteront pas à traiter de  «  paranoïaque     » toute velléité daffirmation dune quelconque supériorité inacceptable parce qu’inexplicable. Selon nous,  le génie correspond à l’esprit face à la matière, il est en mesure de l’organiser, de l’ordonner comme dans le cas de la Trinité, la matière étant son troisième terme, le Fils. Ceux qui entendent placer le Saint Esprit en troisième position  tendraient selon nous à faire primer la matière sur l’esprit alors que l’on nous dit, par ailleurs que Jésus serait  né donc issu  du Saint Esprit (Mathieu I) Le  génie est foncièrement un maître

Nous dénoncerons également un comportement   visant – ce qui conduit à un nivellement par le bas- à imposer à un groupe de personnes des valeurs féminines pour son mode de fonctionnement, par exemple en permettant aux personnes de lire des textes ou des partitions au lieu dimproviser ou encore une interdiction de mener de vrais débats, de sinterpeller au cours dune réunion, ce qui conduit à un nivellement par le bas. En quelque sorte, l’élitophobie serait sous -tendue par une certaine volonté de castration. On coupe les têtes qui dépassent, les gens trop brillants qui «       humilient     » les moins doués. Quelque part, l’élitophobie rejoindrait (cf. infra) la judéophobie. En fait, le débat fait souvent prendre conscience aux participants de ce quils tiennent en eux -mêmes des positions contradictoires. On a parfois reproché à Socrate de n’être intéressé qu’à obtenir l’avantage sur ses interlocuteurs. En tout état de cause,  la joute verbale est une valeur clef de la culture européenne, qui met en avant la peur du ridicule plutôt que celle de la menace physique.

Mais il importe d’insister sur le fait qu’un texte écrit doit être lu avec attention et non déclamé, il exige un temps bien plus long  que la parole directe si bien que celui qui lit à haute voix ce qui devrait être médité ne fait qu’agiter des signifiants sans que l’on ait vraiment accès aux signifiés. C’est ainsi que notre rapport personnel à  notre écrit diffèrera singulièrement de nos prises de parole car nous attendons de notre lecteur une progression au sein de notre ouvrage  bien plus minutieuse   que de  la part  de notre auditeur, ne serait-ce que parce qu’à l’oral, nous perdons déjà beaucoup d’énergie à identifier les signifiants, ce dont nous dispense l’écrit. Lon notera que jusqu’à ce jour du moins les moteurs de recherche répertorient ce qui est écrit et non ce qui est oral. L’on sait à quel point, par exemple, il est difficile de suivre le cours d’un texte chanté. .Dans le cas des quatrains centuriques nostradamiques, le mot l’emporte sur la phrase (cf. Volet II) Le texte écrit suppose des relectures alors que la parole qui s’écoule se situe dans la linéarité et privilégie le «     mot de la fin      ». Rien n’est pire en définitive que de lire à voix haute un texte conçu pour être  appréhendé à tête reposée         ! On ajoutera que lexercice du «        résumé         », dans les concours, est assez salutaire en ce quil permet dobserver si un candidat est capable  ou non de sextraire de la fascination pour le texte en «      osant         » le modifier, le réduire . Autrement dit,  le quatrain  transmute, transcende la réalité du texte en prose, passant de la réalité féminine où le sujet témoigne dun vécu sensible  à labstraction masculine dont le sens dépend, in fine, de celui qui la découvre, le lecteur, lauditeur. Soulignons qu’une chose est de savoir lire, une autre de savoir écrire, dès lors que l’on ne réduit pas l’écriture à un simple codage. Le décalage est grand entre l’auteur et le lecteur de son œuvre.

Mais l’on pourrait aussi parler d’androgynophobie à savoir  le déni d’un être  qui serait à la fois mâle et femelle, au sens de Genèse I. L’androgynophobe affirme que cette grâce accordée à Adam lui aurait été ôtée lorsque Elohim aurait retiré la «      femme   » de son corps et cela nous conduit à préciser le caractère suspect du chapitre II de la Genèse si l’on admet comme cela est dailleurs généralement admis- qu’il correspond- et ce en dépit de  sa position en tête- à une addition tardive marquée par une autre approche  théologique et téléologique (cf. infra). On a l’occasion de  devoir entendre toutes sortes de propos à ce sujet où l’on passe allégrement l’androgynat  par pertes et profits comme annonçant en quelque sorte le couple homme-femme. C’est un leurre de faire croire à la femme que par le biais du couple, elle pourra vivre une situation androgynale laquelle exige une intimité de l’être qui n’a rien de commun avec  celle qui peut exister dans un rapport d’extériorité, même si lors du coït, l’on peut avoir l’illusion de ne faire qu’un avec son partenaire. La période androgynale correspond à une verticalité antérieure au temps de la mise en place d’un couple (préexistante dans le régné animal) Il ne faut surtout pas croire que le chapitre I de la Genèse traite de l’homme et de la femme car il s’agit de l’androgyne à la fois mâle et femelle.  C’est «      Ish      » qui est le premier impliqué dans cette nouvelle ère, c’est-à-dire  Enosh, dont il est l’abréviation, fils de Seth, créé à l’image d’Elohim et d’Adam       :En fait, selon nous, l’androgynat s’est perpétué parallèlement à la formule du couple et c’est pourquoi il sera question dans la Bible de «       fils d’Adam     », pour Ezéchiel et pour Jésus, notamment.

Dans les trois premiers chapitres de la Genèse on nous invite à distinguer entre Adam.  un personnage singulier et «       haAdam   », avec un article défini précédé de «      Et     »i  (comme  dans Genèse  I, 1  pour la terre et le ciel)et enfin «       ish     » (Genèse II)

 

Genèse  I

כו וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, נַעֲשֶׂה אָדָם בְּצַלְמֵנוּ כִּדְמוּתֵנוּ; וְיִרְדּוּ בִדְגַת הַיָּם וּבְעוֹף הַשָּׁמַיִם, וּבַבְּהֵמָה וּבְכָל-הָאָרֶץ, וּבְכָל-הָרֶמֶשׂ, הָרֹמֵשׂ עַל-הָאָרֶץ.

26 Dieu dit: « Faisons Adam à notre image, à notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s’y meuvent. »

 

ז וַיִּיצֶר יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם, עָפָר מִן-הָאֲדָמָה, וַיִּפַּח בְּאַפָּיו, נִשְׁמַת חַיִּים; וַיְהִי הָאָדָם, לְנֶפֶשׁ חַיָּה.

7 L’Éternel-Dieu façonna (Et haAdam)  l’Adam, – poussière détachée du sol, – fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.

 

Genèse  II

 

כד עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד.

24 C’est pourquoi l’homme (Ish) abandonne son père et sa mère; il s’unit à sa femme (beIshto), et ils deviennent une seule chair.

 

 

Genèse  V

 

א זֶה סֵפֶר, תּוֹלְדֹת אָדָם:                      בְּיוֹם, בְּרֹא אֱלֹהִים אָדָם, בִּדְמוּת אֱלֹהִים, עָשָׂה אֹתוֹ.

1 Ceci est l’histoire des générations  (Elé Toldoth) d’Adam. Lorsque Dieu créa  Adam, il le fit à sa propre ressemblance.

 

Les  traductions laissent à désirer        : il faut comprendre l’histoire des générations (Elé  Toldoth) à partir d’Adam et non  des  «       générations de l’humanité         », comme on le trouve dans la traduction du rabbinat. Dans Génèse  VI, 9,  la même formule  «        Ele Toldoth     » vise la descendance de Noé.

 

ט אֵלֶּה, תּוֹלְדֹת נֹחַ–נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו:                      אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ.

9 Ceci est l’histoire (Elé Toldoth) de Noé. Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains; il se conduisit selon Dieu.

י וַיּוֹלֶד נֹחַ, שְׁלֹשָׁה בָנִים–אֶת-שֵׁם, אֶת-חָם וְאֶת-יָפֶת.

10 Noé engendra trois fils: Sem, Cham et Japhet

 

En bref, la forme  Adam est nominative  et ne saurait en aucun cas être traduit par «                     l’homme     » ou «       l     »humanité     »        !

Il n’en reste pas moins que de nos jours, une telle représentation des choses   risque fort de rencontrer des résistances.  Or, en hébreu, les termes employés diffèrent                               : la partie féminine d’Adam est appelée du moins si  lon sen tient à la lettre du texte-Neqéva (à rapprocher éventuellement du Niqab, un des noms du voile féminin dans le monde musulman), alors que la partie additionnelle est appelée Isha, terme qui est d’ailleurs utilisée en hébreu moderne pour désigner la femme. Pour notre part, nous nous opposons vivement à  l’idée que neqéva et isha puissent vouloir dire la même chose.  Zakhar et Neqéva  correspondent à l’androgynat du Père et du Saint Esprit, les deux premiers termes de la Trinité (cf Genése V) alors qu’à partir d’Enos, le fils de Seth, le petit fils d’Adam, les naissances se feront non plus à l’intérieur mais à l’extérieur c’est-à-dire entre un homme et une femme et non plus entre un facteur masculin et un facteur féminin, ce qui correspond au passage de Seth à Enos                     ;

. Il convient de lire la Bible au prisme dune certaine anthropologie sur laquelle nous avons prise et de ne pas lui faire dire nimporte quoi        !

Il est bon que chaque groupe assume pleinement et sereinement sa spécificité au lieu de tenter de la fuir.  Cela implique une  certaine quête ontologique. Le monde a besoin non pas de déni et de confusion mais de définitions archétypales bien  circonscrites, de repères. Contrairement à un certain discours «     existentiel      », nous dirons que l’existence précédé l’essence, c’est à dire que rejoindre l’essence est un objectif à atteindre et non ce dont il faudrait se départir. Accéder à la conscience de l’essence est en effet un travail bien plus ardu que de se contenter de ce qui peut, de façon contingente,  constituer une personnalité au commencement de la vie, vouée à toutes sortes d’influences et de représentations plus ou moins fluctuantes.

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